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Française,venue d’ailleurs
DirectriceconseilenCommunica-
tion d’influence, auteure du livre
« Française venue d’ailleurs», Madi
SEYDI est engagée pour la cause du
leadership féminin et le développe-
ment en Afrique.
Anciennement, attachée parlemen-
taire au Sénat, mais aussi porte-pa-
role du mouvement des jeunes du
parti de Nicolas Sarkozy.
Femme de double culture, elle ra-
conte son parcours…
MADI SEYDI
Qui est Madi SEYDI ? Quel est son
parcours
Je suis Madi Seydi, directrice conseil
en communication d’influence. Je suis
franco-sénégalaise, née à Paris, j’ai grandi
en banlieue parisienne avant d’aller vivre
à Dakar avec l’ensemble de ma famille où
mesparentsavaientdécidéderentrervivre.
J’ai donc eu l’opportunité de faire mon
lycée à Dakar puis de revenir en France
poursuivre mes études supérieures. Je suis
diplômée en droit public et d’un Master 2
du CELSA spécialisé en communication
15
INSPIRANTE
des entreprises et des institutions.
Mon parcours est plutôt axé affaires publiques,
ce qui m’a amené à travailler en ministère, à
être collaboratrice de cabinet en collectivité
locale, à être attachée parlementaire au Sénat
puis de faire du conseil auprès de dirigeants.
À côté de cela, j’ai toujours été engagée pour
différentes causes et également en politique.
Par ailleurs, j’ai été le porte-parole du
mouvement des jeunes du parti de Nicolas
Sarkozy qui alors était le plus grand de France
avec un parti jeune de 37 000 adhérents. Au
Sénégal également j’ai toujours été engagé en
politique, le premier parti politique auprès
duquel je me suis engagée était le PDS (Parti
Libéral Sénégalais). Depuis de l’eau a coulé
sous les ponts néanmoins je poursuis mon
engagement politique au service du Sénégal,
ici en France, avec la Diaspora Sénégalaise.
Si aujourd’hui, j’ai pris du recul quant à la
politique française, je me consacre surtout
à des causes comme l’égalité des chances,
le leadership féminin, l’autonomisation
des femmes en Afrique ou encore pour
une meilleure représentativité des
femmes dans la Tech et le numérique.
Vous avez écrit récemment un livre :
Française, venue d’ailleurs, un livre que
je qualifie de mémoire ! Qu’est-ce qui
vous a donné envie d’écrire ce livre ?
Effectivement mon 1er ouvrage intitulé «
Française, venue d’ailleurs » est sorti aux
Éditions Stock en mai dernier. Vous le qualifiez
de mémoire ? Je dirai plus qu’il s’agit d’une
autobiographie dont il reste tellement à écrire
😉.  Je  considère  que  je  suis  e ncore  un  pe u  je une 
pour parler de mémoire. Et franchement, il
me reste tellement à réaliser, à accomplir donc
mes mémoires ce ne sera pas pour maintenant.
Ce qui m’a donné envie d’écrire ? En réalité, j’ai
toujours écrit, je suis de la génération des «
cahiers intimes », ces cahiers sur lesquels on
couchait notre quotidien, ces cahiers où l’on
écrivait nos secrets, nos histoires, nos craintes,
nos espoirs mais aussi nos ambitions. Donc
l’écriture a toujours eu une place particulière
dans ma vie. L’envie d’écrire, je la tiens des
auteurs qui tout au long de ma vie m’ont inspiré,
accompagné, je pense aux grands auteurs de la
littérature française voire occidentale comme
Albert Camus, Hannah Arendt, Simone de
Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Romain Gary,
Ferdinand Céline et tant d’autres … Mais aussi
aux grands auteurs de la littérature négro-
africaine : Leopold Sédar Senghor, Mariama
Ba, Aimé Césaire, Birago Diop, Edouard
Glissant, Amadou Hampaté Ba, Cheikh Anta
Diop, Chinua Achebe, Amadou Kourouma …
Ces derniers m’ont permis d’avoir un autre
regard sur l’Afrique et me rendent toujours plus
fière de ma double culture. Enfin, j’ai toujours
considéré que si le préalable à l’écriture était
l’action, je considère qu’un patrimoine quand
bien même il est familial, il doit être contè
pour survivre à l’action. C’était donc une
manière pour moi de rendre un hommage à
mes parents, de partager mon histoire avec
mes frères de partie aussi bien français que
sénégalais. Ce livre intervient à un moment
particulier en France, où l’on sortait d’une
campagne politique particulièrement
nauséabonde notamment sur la question de
l’identité, de l’immigration et du fait religieux.
J’avais envie de partager une autre lecture, une
autrehistoiredecequenoussommes,ensemble,
tous français parfois venus d’ailleurs. Bien
que je sois née en France, à Paris, l’histoire
de ma famille commence bien ailleurs.
Vous avez parlé de votre enfance, de
vos parents mais aussi de votre vie
entre le Sénégal et la France, Com-
ment vivez- vous le fait d’avoir une
double culture ?
J’ai cette chance d’être née en France et
d’avoir pu par la suite vivre au Sénégal.
Je suis née à Paris, j’ai grandi en banlieue
parisienne et j’ai débarqué au Sénégal je
n’avais pas 15 ans où je suis allée au lycée. Et
je crois que c’est l’une des plus jolies choses
qui m’est arrivée dans ma vie. Évidemment
ce n’est jamais simple de débarquer dans
un pays que l’on connaît qu’à travers les
dires de ses parents et la télévision, qui
plus est lorsque l’on est adolescente. Mais
paradoxalement, je considère que s’eût été
le voyage de ma vie, celui qui fera de moi la
femme que je suis aujourd’hui. Ma double
culture a toujours été intrinsèquement
ancrée en moi, très tôt mes parents me l’ont
enseigné, me l’ont transmise avec fierté.
Elle a toujours été pour moi un objet de
fierté, d’ailleurs j’ai toujours considéré que
j’avais quelque chose de plus de mes petits
camarades français car moi je pouvais me
targuer de connaître « L’enfant noir » de
Camara Laye et pas eux. Que je parlais une
autre langue qu’ils ne seront probablement
jamais capables de parler, que j’avais une
histoire merveilleuse car descendante du
Grand Empire mandingue. Alors ma double
culture est tout simplement une des facettes
de mon identité que j’assume complétement
et dont je suis particulièrement fière.
Aujourd’hui vous êtes un miroir
pour beaucoup de jeune binationaux
qui se cherchent encore, qu’est ce
vous aimeriez leur dites ?
Et bien voyez-vous c’est aussi une mission
que j’assigne à mon livre. Parfois, malgré
soi, on a une responsabilité dans la société.
Je dis malgré soi car n’est pas recherché
mais ça arrive comme une charge, un
sacerdoce que j’accepte volontiers. À travers
ce livre, je souhaite également transmettre
ce message à mes semblables qu’il s’agisse
des Français dit « de souche » qu’a ceux qui
comme moi ont une histoire familiale qui
commence ailleurs. La France, ce pays est
le leur, le nôtre. Que l’on peut être tout à fait
français sans avoir à renier ses origines.
Qu’être français c’est d’abord une volonté
de faire famille, de regarder ensemble
dans la même direction pour construire
un avenir commun fondé sur nos valeurs
communes. Je veux leur dire que comme
moi, ils peuvent avoir un drapeau dans
une main, une autre dans l’autre sans avoir
à se justifier. Qu’ils ont le droit d’aimer la
France car c’est leur pays et que le Sénégal
ou le pays d’origine de leurs parents l’est
tout autant. Qu’importe leurs origines,
ils ont une place en France et que c’est le
pays de tous les possibles pour eux aussi.
16 17
Vous êtes une femme engagée, en poli-
tique, dans l’associatif, mais aussi pour
la cause des femmes, comment est né
cet engagement ?
Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été
une personne engagée. Engagée pour aider
ceux que je considérai « plus faibles » dans la
cour de récréation, ceux qui étaient plus jeunes
que moi pour les aider à faire leurs devoirs par
exemple. Mes premiers engagements formels
sont associatifs et deviendront plus tard
politiques. Ils ont d’ailleurs débuté au Sénégal
où mes parents avaient alors décidé de rentrer
s’installer. Vous savez lors que vous êtes née en
France, que vous n’avez jamais mis les pieds
en Afrique, le premier contact avec la réalité
du Sénégal peut être brutal, marquant. Quand
vous allez à l’école dans des conditions plutôt
privilégiées, le fait de voir des petits talibés
mendier dans les rues de Dakar, tôt le matin
et pieds nus, ça vous fait forcément réfléchir.
Moi, ça m’a révolté et donné envie d’agir, de
faire quelque chose pour faire cesser cette
injustice. C’est là que sont nés mes premiers
engagements en faveur des enfants de la rue.
Très vite j’ai basculé vers la politique en ayant
conscience que l’associatif avait ses limites et
que les politiques avaient une responsabilité
à l’égard de la situation de ces enfants. Il
m’appartenait de les interpeler sur le sujet.
Quant à la cause des femmes elle a toujours
sommeillée en moi, j’ai toujours défendu l’idée
que j’étais aussi forte que les garçons (si ce n'est
plus forte d’ailleurs 😉),  que  je  pouvais  réaliser 
tout ce qu’ils faisaient. Ce sont les femmes
sénégalaises qui ont inspiré mon engagement
féministe. En effet, ma rencontre avec ces
femmescourage,quimalgréladifficultédeleur
situationsocialeoufamilialenebaissentjamais
lesbrasaforgémonadmirationpourelles.Elles
sont toujours debout, dignes, elles façonnent
leur destin et ne se plaignent jamais. Je leur
dois mon engagement en faveur de l’égalité
et pour l’autonomisation des femmes. Et la
suite vous la connaissez, ce sont des décennies
d’engagement politiques mais aussi associatif
pour l’égalité des chances, le leadership
féminin, pour une meilleure représentativité
de la diversité au sens large dans la politique,
dans la Tech aussi et plus récemment
(ces 5 dernières années) pour davantage
de femmes dans la tech et le numérique.
Vous considérez-vous comme une
féministe ?
Si être féministe c’est être convaincue de la
nécessaire égalité entre l’homme et la femme
alors oui je suis féministe. Si être féministe c’est
être gardienne de l’héritage de nos ainées, de
leurs combats (je pense notamment à Simone
Veil,ElisabethBadinter…)ouijesuisféministe.
Si être féministe c’est être résolument engagée
pour faire de cette égalité une réalité, alors
oui à nouveau je suis féministe. Néanmoins,
je dois dire que je ne suis pas en accord avec
cette nouvelle génération de féministes qui
considèrent l’homme comme un « ennemi de
classe ». Pour moi, les hommes sont nos alter
ego et je mène le combat de l’égalité avec eux.
Je défends un féminisme éclairé, pacifiste.
Avez-vous été victime de sexisme dans
le milieu de la politique ?
La question est de savoir si j’ai été victime ? Je
n’aimepasbeaucouplestatutdevictimeetencore
moins y être associée. Mais malheureusement
comme beaucoup de femmes j’ai déjà été
confrontée à une situation de sexisme.
D’ailleurs dans mon ouvrage, je relate ce à
quoi j’ai été confrontée au sein de mon parti
politique. Ça peut être dure si l’on n’y est pas
préparée, ça peut même être violent mais ce
n’est pas une fatalité. Tout cela n’a fait que
m’endurcir et renforcer ma détermination.
Pour moi, c’est très simple : il ne faut
jamais laisser passer ! Il faut dénoncer
immédiatement les propos ou la situation
et parfois même se préparer à entamer
un rapport de force avec l’organisation ou
l’auteur du sexisme. J’ai conscience que ce
n’est pas toujours simple mais c’est dans
ce type de situation qu’il faut prendre
son courage à deux mains et rappeler le
caractère illégal des propos en cause. La
politique c’est tout simplement le reflet
de la société donc bien évidemment on
y retrouve les travers de notre société
mais il est de ma responsabilité, de notre
responsabilité de dénoncer, d’agir afin
que ces situations ne se reproduisent plus.
Comment inclure les hommes dans
le combat féministe ?
Comme je le disais précédemment
les hommes sont nos alter ego et
potentiellement des alliés. Je pense que
tout dépend de la manière dont on vit son
féminisme et comment on le défend. Pour
ma part, je suis davantage dans le dialogue,
l’échange, la volonté d’amener l’autre
vers soi, d’en faire un allié pour la cause
plutôt que de m’opposer dans un combat
stérile. Il faut associer les hommes à nos
échanges, nos réunions, nos manifestations
éventuelles tout en réalisant un travail de
pédagogie sur la question de l’égalité. Je
pense que c’est ainsi qu’on obtiendra leur
adhésion et qu’ils deviendront par la suite
des chantres du féminisme comme nombre
d’entre eux le sont déjà et accompagnent
ma démarche et mes combats.
Quelle est l'avancée en matière de
droits des femmes que vous attendez
toujours ?
Le chemin vers l’égalité réelle est encore
long néanmoins il y a des droits qu’il est
urgent de conquérir telle l’égalité salariale.
Il n’est pas acceptable qu’en France avec les
mêmes compétences et les mêmes diplômes
qu’une femme ait un salaire inférieur à celui
d’un homme. Donc oui j’ai hâte que l’égalité
salariale soit une réalité. Dans la même
optique, on la représentativité des femmes
dans les CA des sociétés du CAC qui reste
un véritable défi. Le combat continue …
Quels conseils donneriez-vous aux
femmes qui souhaiteraient s’inspirer
de votre parcours professionnel ?
Ça c’est une question difficile. Les conseils
que je pourrai donner en toute humilité
aux jeunes filles ou aux femmes que je
pourrai inspirer ? Le premier c’est de croire
profondémentenelles!Ellessontbelles,elles
sont fortes, elles sont puissantes et peuvent
faire tout ce qu’elles souhaitent à condition
de s’en donner les moyens. Le second : ne
jamais laisser quiconque les dévaloriser ou
les dénigrer. Croire en soi, en ses projets
et toujours faire preuve de bienveillance à
l’égard des autres car on s’inspire des autres,
on se construit et on grandit avec les autres.
Faire de chaque rencontre, de chaque
circonstance une opportunité pour s’élever.
Des obstacles, il y en aura, des échecs sans
doute aussi mais il faut en tirer les leçons
et avancer. Enfin, soyez fières de vous, soyez
exemplaires, entourez-vous de gens sincères
et prenez conseil auprès des meilleurs.
18 19

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  • 1. Française,venue d’ailleurs DirectriceconseilenCommunica- tion d’influence, auteure du livre « Française venue d’ailleurs», Madi SEYDI est engagée pour la cause du leadership féminin et le développe- ment en Afrique. Anciennement, attachée parlemen- taire au Sénat, mais aussi porte-pa- role du mouvement des jeunes du parti de Nicolas Sarkozy. Femme de double culture, elle ra- conte son parcours… MADI SEYDI Qui est Madi SEYDI ? Quel est son parcours Je suis Madi Seydi, directrice conseil en communication d’influence. Je suis franco-sénégalaise, née à Paris, j’ai grandi en banlieue parisienne avant d’aller vivre à Dakar avec l’ensemble de ma famille où mesparentsavaientdécidéderentrervivre. J’ai donc eu l’opportunité de faire mon lycée à Dakar puis de revenir en France poursuivre mes études supérieures. Je suis diplômée en droit public et d’un Master 2 du CELSA spécialisé en communication 15 INSPIRANTE
  • 2. des entreprises et des institutions. Mon parcours est plutôt axé affaires publiques, ce qui m’a amené à travailler en ministère, à être collaboratrice de cabinet en collectivité locale, à être attachée parlementaire au Sénat puis de faire du conseil auprès de dirigeants. À côté de cela, j’ai toujours été engagée pour différentes causes et également en politique. Par ailleurs, j’ai été le porte-parole du mouvement des jeunes du parti de Nicolas Sarkozy qui alors était le plus grand de France avec un parti jeune de 37 000 adhérents. Au Sénégal également j’ai toujours été engagé en politique, le premier parti politique auprès duquel je me suis engagée était le PDS (Parti Libéral Sénégalais). Depuis de l’eau a coulé sous les ponts néanmoins je poursuis mon engagement politique au service du Sénégal, ici en France, avec la Diaspora Sénégalaise. Si aujourd’hui, j’ai pris du recul quant à la politique française, je me consacre surtout à des causes comme l’égalité des chances, le leadership féminin, l’autonomisation des femmes en Afrique ou encore pour une meilleure représentativité des femmes dans la Tech et le numérique. Vous avez écrit récemment un livre : Française, venue d’ailleurs, un livre que je qualifie de mémoire ! Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? Effectivement mon 1er ouvrage intitulé « Française, venue d’ailleurs » est sorti aux Éditions Stock en mai dernier. Vous le qualifiez de mémoire ? Je dirai plus qu’il s’agit d’une autobiographie dont il reste tellement à écrire 😉. Je considère que je suis e ncore un pe u je une pour parler de mémoire. Et franchement, il me reste tellement à réaliser, à accomplir donc mes mémoires ce ne sera pas pour maintenant. Ce qui m’a donné envie d’écrire ? En réalité, j’ai toujours écrit, je suis de la génération des « cahiers intimes », ces cahiers sur lesquels on couchait notre quotidien, ces cahiers où l’on écrivait nos secrets, nos histoires, nos craintes, nos espoirs mais aussi nos ambitions. Donc l’écriture a toujours eu une place particulière dans ma vie. L’envie d’écrire, je la tiens des auteurs qui tout au long de ma vie m’ont inspiré, accompagné, je pense aux grands auteurs de la littérature française voire occidentale comme Albert Camus, Hannah Arendt, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Romain Gary, Ferdinand Céline et tant d’autres … Mais aussi aux grands auteurs de la littérature négro- africaine : Leopold Sédar Senghor, Mariama Ba, Aimé Césaire, Birago Diop, Edouard Glissant, Amadou Hampaté Ba, Cheikh Anta Diop, Chinua Achebe, Amadou Kourouma … Ces derniers m’ont permis d’avoir un autre regard sur l’Afrique et me rendent toujours plus fière de ma double culture. Enfin, j’ai toujours considéré que si le préalable à l’écriture était l’action, je considère qu’un patrimoine quand bien même il est familial, il doit être contè pour survivre à l’action. C’était donc une manière pour moi de rendre un hommage à mes parents, de partager mon histoire avec mes frères de partie aussi bien français que sénégalais. Ce livre intervient à un moment particulier en France, où l’on sortait d’une campagne politique particulièrement nauséabonde notamment sur la question de l’identité, de l’immigration et du fait religieux. J’avais envie de partager une autre lecture, une autrehistoiredecequenoussommes,ensemble, tous français parfois venus d’ailleurs. Bien que je sois née en France, à Paris, l’histoire de ma famille commence bien ailleurs. Vous avez parlé de votre enfance, de vos parents mais aussi de votre vie entre le Sénégal et la France, Com- ment vivez- vous le fait d’avoir une double culture ? J’ai cette chance d’être née en France et d’avoir pu par la suite vivre au Sénégal. Je suis née à Paris, j’ai grandi en banlieue parisienne et j’ai débarqué au Sénégal je n’avais pas 15 ans où je suis allée au lycée. Et je crois que c’est l’une des plus jolies choses qui m’est arrivée dans ma vie. Évidemment ce n’est jamais simple de débarquer dans un pays que l’on connaît qu’à travers les dires de ses parents et la télévision, qui plus est lorsque l’on est adolescente. Mais paradoxalement, je considère que s’eût été le voyage de ma vie, celui qui fera de moi la femme que je suis aujourd’hui. Ma double culture a toujours été intrinsèquement ancrée en moi, très tôt mes parents me l’ont enseigné, me l’ont transmise avec fierté. Elle a toujours été pour moi un objet de fierté, d’ailleurs j’ai toujours considéré que j’avais quelque chose de plus de mes petits camarades français car moi je pouvais me targuer de connaître « L’enfant noir » de Camara Laye et pas eux. Que je parlais une autre langue qu’ils ne seront probablement jamais capables de parler, que j’avais une histoire merveilleuse car descendante du Grand Empire mandingue. Alors ma double culture est tout simplement une des facettes de mon identité que j’assume complétement et dont je suis particulièrement fière. Aujourd’hui vous êtes un miroir pour beaucoup de jeune binationaux qui se cherchent encore, qu’est ce vous aimeriez leur dites ? Et bien voyez-vous c’est aussi une mission que j’assigne à mon livre. Parfois, malgré soi, on a une responsabilité dans la société. Je dis malgré soi car n’est pas recherché mais ça arrive comme une charge, un sacerdoce que j’accepte volontiers. À travers ce livre, je souhaite également transmettre ce message à mes semblables qu’il s’agisse des Français dit « de souche » qu’a ceux qui comme moi ont une histoire familiale qui commence ailleurs. La France, ce pays est le leur, le nôtre. Que l’on peut être tout à fait français sans avoir à renier ses origines. Qu’être français c’est d’abord une volonté de faire famille, de regarder ensemble dans la même direction pour construire un avenir commun fondé sur nos valeurs communes. Je veux leur dire que comme moi, ils peuvent avoir un drapeau dans une main, une autre dans l’autre sans avoir à se justifier. Qu’ils ont le droit d’aimer la France car c’est leur pays et que le Sénégal ou le pays d’origine de leurs parents l’est tout autant. Qu’importe leurs origines, ils ont une place en France et que c’est le pays de tous les possibles pour eux aussi. 16 17
  • 3. Vous êtes une femme engagée, en poli- tique, dans l’associatif, mais aussi pour la cause des femmes, comment est né cet engagement ? Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été une personne engagée. Engagée pour aider ceux que je considérai « plus faibles » dans la cour de récréation, ceux qui étaient plus jeunes que moi pour les aider à faire leurs devoirs par exemple. Mes premiers engagements formels sont associatifs et deviendront plus tard politiques. Ils ont d’ailleurs débuté au Sénégal où mes parents avaient alors décidé de rentrer s’installer. Vous savez lors que vous êtes née en France, que vous n’avez jamais mis les pieds en Afrique, le premier contact avec la réalité du Sénégal peut être brutal, marquant. Quand vous allez à l’école dans des conditions plutôt privilégiées, le fait de voir des petits talibés mendier dans les rues de Dakar, tôt le matin et pieds nus, ça vous fait forcément réfléchir. Moi, ça m’a révolté et donné envie d’agir, de faire quelque chose pour faire cesser cette injustice. C’est là que sont nés mes premiers engagements en faveur des enfants de la rue. Très vite j’ai basculé vers la politique en ayant conscience que l’associatif avait ses limites et que les politiques avaient une responsabilité à l’égard de la situation de ces enfants. Il m’appartenait de les interpeler sur le sujet. Quant à la cause des femmes elle a toujours sommeillée en moi, j’ai toujours défendu l’idée que j’étais aussi forte que les garçons (si ce n'est plus forte d’ailleurs 😉), que je pouvais réaliser tout ce qu’ils faisaient. Ce sont les femmes sénégalaises qui ont inspiré mon engagement féministe. En effet, ma rencontre avec ces femmescourage,quimalgréladifficultédeleur situationsocialeoufamilialenebaissentjamais lesbrasaforgémonadmirationpourelles.Elles sont toujours debout, dignes, elles façonnent leur destin et ne se plaignent jamais. Je leur dois mon engagement en faveur de l’égalité et pour l’autonomisation des femmes. Et la suite vous la connaissez, ce sont des décennies d’engagement politiques mais aussi associatif pour l’égalité des chances, le leadership féminin, pour une meilleure représentativité de la diversité au sens large dans la politique, dans la Tech aussi et plus récemment (ces 5 dernières années) pour davantage de femmes dans la tech et le numérique. Vous considérez-vous comme une féministe ? Si être féministe c’est être convaincue de la nécessaire égalité entre l’homme et la femme alors oui je suis féministe. Si être féministe c’est être gardienne de l’héritage de nos ainées, de leurs combats (je pense notamment à Simone Veil,ElisabethBadinter…)ouijesuisféministe. Si être féministe c’est être résolument engagée pour faire de cette égalité une réalité, alors oui à nouveau je suis féministe. Néanmoins, je dois dire que je ne suis pas en accord avec cette nouvelle génération de féministes qui considèrent l’homme comme un « ennemi de classe ». Pour moi, les hommes sont nos alter ego et je mène le combat de l’égalité avec eux. Je défends un féminisme éclairé, pacifiste. Avez-vous été victime de sexisme dans le milieu de la politique ? La question est de savoir si j’ai été victime ? Je n’aimepasbeaucouplestatutdevictimeetencore moins y être associée. Mais malheureusement comme beaucoup de femmes j’ai déjà été confrontée à une situation de sexisme. D’ailleurs dans mon ouvrage, je relate ce à quoi j’ai été confrontée au sein de mon parti politique. Ça peut être dure si l’on n’y est pas préparée, ça peut même être violent mais ce n’est pas une fatalité. Tout cela n’a fait que m’endurcir et renforcer ma détermination. Pour moi, c’est très simple : il ne faut jamais laisser passer ! Il faut dénoncer immédiatement les propos ou la situation et parfois même se préparer à entamer un rapport de force avec l’organisation ou l’auteur du sexisme. J’ai conscience que ce n’est pas toujours simple mais c’est dans ce type de situation qu’il faut prendre son courage à deux mains et rappeler le caractère illégal des propos en cause. La politique c’est tout simplement le reflet de la société donc bien évidemment on y retrouve les travers de notre société mais il est de ma responsabilité, de notre responsabilité de dénoncer, d’agir afin que ces situations ne se reproduisent plus. Comment inclure les hommes dans le combat féministe ? Comme je le disais précédemment les hommes sont nos alter ego et potentiellement des alliés. Je pense que tout dépend de la manière dont on vit son féminisme et comment on le défend. Pour ma part, je suis davantage dans le dialogue, l’échange, la volonté d’amener l’autre vers soi, d’en faire un allié pour la cause plutôt que de m’opposer dans un combat stérile. Il faut associer les hommes à nos échanges, nos réunions, nos manifestations éventuelles tout en réalisant un travail de pédagogie sur la question de l’égalité. Je pense que c’est ainsi qu’on obtiendra leur adhésion et qu’ils deviendront par la suite des chantres du féminisme comme nombre d’entre eux le sont déjà et accompagnent ma démarche et mes combats. Quelle est l'avancée en matière de droits des femmes que vous attendez toujours ? Le chemin vers l’égalité réelle est encore long néanmoins il y a des droits qu’il est urgent de conquérir telle l’égalité salariale. Il n’est pas acceptable qu’en France avec les mêmes compétences et les mêmes diplômes qu’une femme ait un salaire inférieur à celui d’un homme. Donc oui j’ai hâte que l’égalité salariale soit une réalité. Dans la même optique, on la représentativité des femmes dans les CA des sociétés du CAC qui reste un véritable défi. Le combat continue … Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaiteraient s’inspirer de votre parcours professionnel ? Ça c’est une question difficile. Les conseils que je pourrai donner en toute humilité aux jeunes filles ou aux femmes que je pourrai inspirer ? Le premier c’est de croire profondémentenelles!Ellessontbelles,elles sont fortes, elles sont puissantes et peuvent faire tout ce qu’elles souhaitent à condition de s’en donner les moyens. Le second : ne jamais laisser quiconque les dévaloriser ou les dénigrer. Croire en soi, en ses projets et toujours faire preuve de bienveillance à l’égard des autres car on s’inspire des autres, on se construit et on grandit avec les autres. Faire de chaque rencontre, de chaque circonstance une opportunité pour s’élever. Des obstacles, il y en aura, des échecs sans doute aussi mais il faut en tirer les leçons et avancer. Enfin, soyez fières de vous, soyez exemplaires, entourez-vous de gens sincères et prenez conseil auprès des meilleurs. 18 19