Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
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1. Jean DÉNÈS
Yvette LE GOUILL
L’année 1793 dans le canton de Fouesnant
1793 : « L’année terrible »… Elle débute par l’exécution de Louis XVI le 21 janvier, qui
déclenche la formation de la première coalition européenne contre la France. A l’intérieur, la
rupture est définitive entre la France révolutionnaire et la France monarchique, avec comme
conséquences l’émigration des nobles, la réaction du clergé, la chouannerie…
Comment cette situation est-elle vécue dans notre canton, c’est ce que propose d’exposer le
texte que nous soumettons ci-après à vos réflexions.
La levée de 300 000 hommes
Après la tragique révolte de 1792, Fouesnant a retrouvé la paix. La nation est en
guerre et a besoin d’hommes.
Par un décret du 24 février, la Convention Nationale prescrit la levée de 300 000
hommes sur l'ensemble du territoire. Tous les célibataires et veufs sans enfants, âgés de 18
ans à moins de 40 ans, sont portés au rôle de leur municipalité.
Les contingents du canton
Le contingent que doit fournir Fouesnant s'élève à 24 hommes, celui des autres
communes du canton à 6 chacune. Le recrutement se fait par tirage au sort ou par voie de
scrutin.
Le mercredi 13 mars, les 171 fouesnantais portés au rôle sont convoqués en l'église pour
procéder aux opérations de désignation des recrues. Avant l'arrivée des intéressés et des
curieux, le citoyen Durun, administrateur délégué par le district pour assurer la bonne tenue
de l'assemblée, en accord avec le conseil municipal présent, fait fermer les auberges du bourg
et interdit la vente de boissons.
Une fois les hommes réunis dans l’église, Durun leur donne lecture du décret de la
Convention Nationale et, pour les rassurer sur leur prochaine destination, les informe, sans
toutefois l’assurer avec certitude, que le directoire du district a adressé une requête au ministre
de la guerre pour que les recrues soient affectées à la défense des côtes bretonnes. Il fait
ensuite un appel aux volontaires, qui reste sans effet. A la question du choix du mode de
recrutement, les intéressés optent pour le tirage au sort et promettent que ceux sur qui le sort
tombera l’accepteront.
Satisfait de cette bonne entente, le délégué appelle le premier de la liste. L’homme
s'avance vers la boîte, prend un temps de réflexion et refuse de prendre un billet.
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2. « Alors a commencé l'orage » écrira Charles Eléonore Durun dans son rapport.
L'homme explique qu'il accepte le tirage au sort, mais pas la manière d'opérer. Dans le
temps ancien, on restait sur le placître, on formait deux rangs et on passait de rang en rang
avec les billets. L’assemblée confirme.
Le délégué n’y voit aucun inconvénient et invite donc les intéressés à se ranger selon
l’habitude.
Une heure et demie plus tard, seuls huit fouesnantais ont accepté de rester alignés. Au
neuvième, la situation se dégrade à nouveau et tourne à l’empoignade.
Quelques temps plus tard le calme revient enfin, mais, comme dira Durun, « autant
que l'on a pu en voir dans une assemblée influencée par des gens qui n'y avaient aucune
affaire et qui paraissaient même jouir de la vue d'un désordre qui sûrement était occasionné
par le venin aristocratique dont ils empoisonnent le plus qu'ils peuvent les citoyens qui sont
assez faibles pour se laisser darder par les serpents. »
L'administrateur propose alors une troisième solution ; il fait l'appel à la porte de l'église
et chaque nommé prend un billet, en sa présence et celle des officiers
municipaux, et entre
dans l’édifice. Les hommes refusent. Le ton monte a nouveau. Les fouesnantais mariés, et
donc exempts, venus en curieux, sont pris à partie ; les officiers municipaux qui tentent
d'intervenir sont agressés et menacés et Durun, la loi à la main, s'évertue en vain à vouloir
ramener le calme.
Les officiers municipaux, qui connaissent leurs concitoyens, savent que seul leur
renoncement ramènera le calme. Ils en font part à 1’administrateur qui, dépité, se voit
contraint, comme l'an passé, de battre en retraite. Durun conclut: « J'ai cru devoir le faire
d'après 1’avis des personnes qui connaissent mieux que moi le caractère de leurs
concitoyens; et ce sont les faits qui ont empêché la levée des 24 hommes ».
Le lendemain, c’est au tour d’Alain Clorennec, agent national de Pleuven, délégué pour
sa commune et celles de Clohars et Perguet, de tenter de former des contingents de six
hommes chacun. Les citoyens concernés et leurs officiers municipaux ont été convoqués à
huit heures du matin en la cour du château de Cheffontaines.
Vers huit heures et quart, Clorennec et quelques pleuvennois venus en sa compagnie se
présentent. Vers neuf heures et demie, plusieurs groupes les rejoignent. A dix heures,
considérant l’assemblée suffisamment fournie, le délégué ouvre la séance et invite les maires
à aligner leurs concitoyens. Comme à Fouesnant, les hommes sont assez réticents à ce
commandement ; sitôt rangés, sitôt sortis du rang.
Une fois à peu près alignés, Clorennec leur fait lecture du décret, puis énumère les
récompenses que la Nation accorde à ses défenseurs, rappelle les succès que leurs « braves
frères d’armes » remportent tous les jours sur les ennemis de la liberté, et leur laisse entendre
que, sans ce petit effort, le régime féodal risque de reparaître. Comme Durun, il leur fait part
de la requête adressée au ministère de la guerre pour qu’ils restent servir la France en
Bretagne.
Son exposé terminé, le délégué s’attend, non pas à une réaction enthousiaste de son
auditoire, mais au moins à une acceptation de ses devoirs. Mais la réponse est tout autre :
« Puisque que Fouesnant, qui est le chef-lieu du canton et qui forme plus de la moitié de la
population cantonale n’a rien fait, nous n’en ferons pas davantage »
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3. Alors Clorennec, comptant sur la sagesse des élus, leur propose de s’isoler quelques
instants avec leurs concitoyens pour débattre de la question. Les décisions de Clohars et de
Perguet ne tardent pas : « On suit l’exemple de Fouesnant ! » Pleuven, par contre, accepte le
tirage au sort. Certains ajoutent même que « la loi est faite pour être suivie… »
Le délégué tente une nouvelle fois de convaincre les opposants, les conjure de ne pas
suivre l’exemple de Fouesnant et rappelle « les funestes effets de leur révolte » ; rien n’y fait.
Une petite bruine commence à tomber. Clorennec en profite pour entraîner les gens de
Pleuven de l’autre côté de la cour, vers une petite maison où, à l’abri de la pluie, ils pourront
procéder au tirage au sort. Durant ce court trajet, on lui rapporte qu’un officier municipal de
Clohars et quelques individus promettent que si les gars de Pleuven tirent au sort, « les bâtons
rouleront bientôt ». Le délégué fait demi-tour, interpelle l’élu et lui intime de répéter ses
menaces. Ce dernier nie toute menace personnelle et assure qu’il n’a rien dit ou fait de plus
que les autres.
Dans la maison, Clorennec prépare les billets. Dehors, les hommes de Clohars et de
Perguet sont rassemblés, crient leur refus, malaxent de la boue dont ils bombardent la fenêtre,
insultent les gars de Pleuven et jurent que le premier qui franchira la porte après avoir tiré au
sort « perdra la vie ». Ces menaces amènent les pleuvennois à réfléchir sur leurs devoirs de
citoyens. Clorennec les comprend et, comme Durun à Fouesnant, clôt l’assemblée
Les contingents doivent être levés
De nouvelles assemblées sont imposées par le directoire du District : à Gouesnac’h le
dimanche 17 mars, Fouesnant le mardi 19, Pleuven le jeudi 21, Clohars et Perguet le vendredi
22.
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4. A Gouesnac’h, les hommes se réunissent dans la cour du presbytère. Thomas Le
Dizet, du Stang, et Vincent Coré, de Penfrat, manquent à l’appel. Le maire interroge les
présents sur la manière de statuer sur le cas de ces absents. Une aubaine que les présents
s’empressent de saisir : d’un commun accord, ils sont d’avis que les absents soient désignés
d’office. Joachim Berrou et Guillaume Déniel sont ensuite volontaires. Pour désigner les deux
dernières recrues, les hommes de Gouesnac’h optent pour le scrutin : Louis Cotten, de
Kergoreden et Yves Drolès, de Botgarvan, recueillent le plus de suffrages. On ne sait s’ils ont
remercié leurs électeurs…
A Fouesnant, avant la tenue de l’assemblée, quelques élus se sont rendus à Quimper
auprès des administrateurs, pour solliciter la présence de quatre gendarmes ce mardi 19 mars.
D’autre part, Toussaint Silguy, officier municipal, a rencontré les citoyens concernés le
dimanche 17, à la sortie des messes de La Forêt et de Fouesnant. Il leur a expliqué qu’il est de
leur intérêt de respecter la loi, surtout que maintenant ils ont l’assurance d’être affectés à la
défense des côtes bretonnes.
Le mardi 19 au matin, le citoyen Durun se présente au bourg de Fouesnant escorté,
non pas de quatre gendarmes, mais de cent hommes de troupe ! La levée des 24 recrues
fouesnantaises s’effectue sans incident, et l’administrateur présente la note : 614 livres 12
sols, à régler avant son départ. C’est le prix à payer pour une réunion paisible, les élus
commencent à en prendre l’habitude…
A Pleuven, fidèles à leur ligne de conduite, les hommes ont tiré au sort. Yves Lahuec,
tisserand, de Prataré Bras ; Yves Guillou, domestique à Kerourin ; Jacob Cotten, du Rest
Bras ; Jean Nédélec, domestique à Penhoat Saint-Thomas ; Jacob Le Gac, tisserand à
Kercadic , au bourg ; Jean Caradec, apprenti maréchal à Brest sont appelés à « marcher ».
A Clohars, Pierre Prigent, domestique à Bodinio ; François le Calvez, domestique, et
Jean Berrou, domestique au Minven se portent volontaires. Jacques Guillou, meunier à
Kergoat, Louis Lahuec, domestique à Kerstrad et Jean Hascoet, domestique à Cheffontaines,
sont désignés par le sort.
A Perguet, Mathurin Le Rhun, de Pleuven ; Tanguy Le Faou, domestique à Kerler en
Fouesnant ; Jean Baloin, tisserand, de Gouelet-Guériven, en Clohars ; Guillaume Le Du,
domestique au moulin de Bodinio, aussi en Clohars, se portent volontaires ; Perguet ne fournit
donc que deux hommes : Pierre Bourgot et Joseph Gourmelen, domestique à Kerconan.
A Saint-Évarzec, commune appelée à être rattachée au canton de Fouesnant, les
hommes choisissent le tirage au sort : le citoyen Kerliézec, commissaire délégué, dépose dans
un chapeau un nombre de billets égal à celui des hommes ; six de ces billets sont noirs. Pierre
Le Guivanac’h, du moulin du Treff ; Laurent Gourlay, du Moustoir Coat ; Corentin Le
Branquet, de Neisvran ; Pierre-Louis Mahé, Louis Le Bec, de Guilvinec et Jean Forte, de
Keriou, les ont tirés.
Toutes ces recrues sont dirigées sur Quimper, accompagnées de citoyens désignés par
leurs municipalités pour les remettre aux autorités militaires. Un commissaire de guerre juge
de leur aptitude ; en cas de réforme, la commune concernée doit fournir un remplaçant, en
suivant les mêmes méthodes.
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5. Les comités de surveillance révolutionnaires
Le 21 mars, la Convention instaure des « comités de surveillance révolutionnaires »
dans chaque commune ou section.
A Fouesnant, le 26 du mois, les citoyens Quirmeur, Petit Henry, La Caille et Bacon
s’occupent particulièrement de surveillance côtière ( nous sommes en guerre ) et de la bande
de brigands qui profitent des lacunes dans la mise en place progressive des nouvelles
institutions pour commettre de nombreux vols. Quirmeur et Petit Henri, qui doivent avoir une
jonction journalière, ont prévu de se retrouver le mercredi 27 chez la veuve Besançon,
débitante au bourg de Fouesnant. Leur prochain contact devrait se faire le samedi suivant.
Mais le dimanche 31, c’est Pâques. Quirmeur et Petit Henri pensent « qu’il y a imprudence à
se joindre pendant les fêtes de Pâques parce que les paroissiens de Fouesnant, étant dans
l’habitude de se trouver ces jours là au bourg et de s’y enivrer, ils pourraient avoir avec eux
quelque querelle ». Ce qu’ils veulent éviter. Quimeur ajoute : « Je suis certain que les justes
peines que les gens de Fouesnant ont encourues sont dans le cas de retenir plusieurs d’entre
eux. Mais il existe malheureusement parmi eux, je pense, plusieurs qui ont la rancune dans le
cœur, et qui dans un moment d’ivresse pourraient exciter les autres à nous insulter et peutêtre même à nous maltraiter. Et que peuvent deux hommes vis à vis d’une populace effrénée !
Leur unique ressource serait dans la fuite pour éviter les malheurs que leur résistance
pourrait occasionner. »
Cependant, ce 27 mars, Quirmeur rend visite à Jean Saouzanet, curé constitutionnel et
officier d’état civil. Les deux hommes se sont connus au collège. Au cours de leur
conversation, Quirmeur évoque les problèmes d’insécurité dans la commune. Saouzanet lui
confirme « qu’il y a plusieurs voleurs qui exercent leurs brigandages dans la paroisse, et
qu’il y a peu de temps, ils ont enlevé à la veuve Guillermou, au bourg de Fouesnant, une
quantité considérable de linge ».
De leur côté, La Caille et Bacon ont appris de la bouche de Pierre Choquet, marchand
mercier au bourg, que « le nommé Alain Calvez, 32 ans, mesurant 5 pieds 5 pouces, cheveux
noirs, figure pleine, homme sans aveu et très suspect, ayant subi plusieurs emprisonnements à
Quimper et à Concarneau, est le chef de bande ; il a pour associé un nommé Hervé,
cordonnier de profession, 30 ans, d’une taille de 5 pieds, cheveux presque noirs, figure
blanche et marquée de petite vérole, demeurant au bas du bourg de Locamand. »
Les batteries côtières
Dès 1791, le ministre de la guerre avait ordonné la remise en état de tous les corps de
garde, poudrières et guérites en pierres.
Début 1793, seuls les postes d’observation de Mousterlin et le corps de garde de
Bénodet sont dans un état convenable. Celui de Beg Meil et le fort Cigogne des Glénan sont
pour ainsi dire à l’abandon. Les événements nationaux vont précipiter leur réfection. En
avril1793 le directoire du district nomme Toussaint Silguy, du Mesmeur, en La Forêt,
commissaire pour l’armement des côtes du canton de Fouesnant. Il établit un état des lieux,
note les réparations à effectuer, prévoit l’équipement et les effectifs nécessaires à ces postes.
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6. Le corps de garde et la batterie de Beg Meil
C’est une bâtisse de 5m 30 sur 4m 85, sans porte ni fenêtre, avec une cheminée au
pignon ouest. Adossée au pignon Est, la poudrière, réduit de 1m sur 0m 80.
Travaux à réaliser : au sud, face à la mer, enlever les gonds rouillés, en fixer quatre
nouveaux scellés au plomb, poser une porte en châtaignier. A l’arrière, changer les gonds et
poser une fenêtre. La poudrière n’a besoin que d’une porte.
D’après Toussaint Silguy, la batterie est mal implantée, en contrebas du corps de
garde : il suggère de la relever de 1m50 ou de l’installer près de la bâtisse sur une aire en terre
battue comme les aires à blé.
L’équipement : Deux pièces de 24 avec affûts marins. Un mât d’une quinzaine de
mètres pour correspondre par signaux avec les autres corps de garde ou postes d’observation.
Il n’est pas prévu de lunette de vue. Toussaint Silguy suggère de rechercher cet instrument
d’optique parmi les biens saisis aux émigrés.
16 hommes seront affectés à cette batterie.
Le poste de Mousterlin
C’est un simple poste d’observation qui sera tenu par 7 hommes. Il est doté du même
équipement que celui de Beg Meil en signaux, mais n’est pas armé de canon, les nombreux
rochers suffisant pour décourager d’éventuels envahisseurs.
Le poste est estimé en état convenable, mais Clorennec, second de Toussaint Silguy,
n’est pas de cet avis : il manque une porte, des serrures, un chassis de fenêtre, un petit lit de
camp et un râtelier pour les armes.
Le corps de garde et la batterie de Bénodet
« La batterie de Bénodet, située sur la rive gauche de la rivière de Quimper, à son
embouchure, est armée de deux pièces de huit avec affûts de côte. Elle est de forme circulaire,
fermée à la gorge par un mur très peu élevé et qui ne peut servir de défense. L’objet de la
batterie est uniquement de défendre l’entrée de la rivière à son embouchure. Cet objet est
parfaitement rempli avec le calibre de huit dont elle est armée. Mais nous pensons qu’elle
aurait été mieux placée à la pointe du Groasguen qui est éloignée de Bénodet d’environ 200
toises. Cette pointe, armée de deux pièces de gros calibre aurait rempli le même but en
défendant l’entrée de la rivière, et de plus ses feux auraient croisé avec ceux de la batterie de
Combrit sur le mouillage en avant de cette entrée.
Cette batterie renferme un corps de garde couvert d’ardoises. La couverture a besoin
d’être réparée. La poudrière, éloignée de quelques pas, est en très bon état.
Cette batterie était en embrasures. On en a fermé quelques unes, mais sans soin. Elles
demandent toutes à être comblées et revêtues, ainsi que l’épaulement. Les pièces doivent être
visitées et peintes, ainsi que les affûts.
Il est convenu que le service de cette batterie sera fait par un garde d’artillerie, un
caporal et six hommes. »
Le fort Cigogne, aux îles Glénan
La remise en état de ce fort destiné à recevoir une garnison de 60 hommes nécessite
des travaux importants, concernant essentiellement les structures de
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7. logement : 9 portes et 7 fenêtres à replacer ( elles sont à Concarneau dans les magasins de
l’artillerie ), deux croisées à faire à neuf. A faire aussi à neuf : le plancher de la poudrière ; les
charniers et plate-forme pour les salaisons et boissons, pour les biscuits et provisions fraîches
dans le magasin des vivres ; le lit de camp du corps de garde ; le plancher de la chambre des
officiers ; 30 lits pour la garnison ; les bancs, tables et râteliers d’armes ; deux guérites ; les
sièges et toits des latrines ; le pont-levis de neuf pieds sur six.
Il resterait en outre 7 grands corps d’appartement non occupés, et qui au besoin
pourraient être réparés, l’un pour le four, bois à four et boulangerie, un autre pour chambre et
cuisine d’officier, quatre pour casernes de dix lits chacune, un pour prison et basse-fosse. Le
toit et les portes du donjon sont à refaire.
L’enrôlement des volontaires
Dans le même temps, les administrateurs du district, par l’intermédiaire des
municipalités concernées, procèdent à l’enrôlement des volontaires qui armeront ces postes.
La solde est de 15 sous par jour pour un simple canonnier, égale à celle d’un garde
national. Le chef de poste a la solde de sergent. Environ deux mois plus tard, suite à un
mouvement d’humeur de certains volontaires du Département qui réclament une véritable
égalité avec les gardes nationaux qui, en campagne, sont nourris, les administrateurs leur
allouent 13 sous d’augmentation par jour, ainsi décomptés : 7 sous pour le pain ; 5 pour la
viande ; un pour le riz ou les deux livres de légumes secs qui sont dues « gratis ».
Les volontaires du poste de Beg Meil :
- François Le Séhédic, de Lantécost, chef de poste ;
- François Tessier, de Lespont, canonnier ;
- Louis Bernard, de Kerlosquen ;
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8. -
Jean Guillou, de La Forêt ;
Tanguy Hélias, de Rosnabat ;
Guilaume Le Dréau, du bourg de Locamand ;
Jean Le Marc, de Rospiec ;
Jean Fidelle, du Petit Rospiec ;
Jean Guillou, dit Ninquin, du bourg de La Forêt ;
Pierre Conan, de Lantécost ;
François Berrou, du bourg de La Forêt ;
Laurent Le Reun, du bourg de Pleuven ;
François Le Reun, du bourg de Pleuven ;
Jean Clément, de Perguet ;
Germain Lancien, de Kerveil en Perguet ;
Louis Le Calvé, de Kerlosquen.
Un des rôles du chef de poste est de consigner sur un registre les faits journaliers.
François Séhédic ne sait ni lire, ni écrire. Les administrateurs, avertis, décident de le
remplacer.
Ducret, lieutenant des douanes, et Joseph Jauréguy, 30 ans, marin à La Forêt sont
postulants. Ducret est éconduit par les administrateurs qui nomment Jauréguy. Bien que celuici soit fouesnantais depuis une douzaine d’années, et marié à une demoiselle L’Héretère de La
Forêt, les élus ne sont pas « d’avis de conférer le poste de chef de batterie de Beg Meil à
Joseph Jauréguy ci-devant nommé par le directoire du district à cette place, attendu qu’il est
originaire d’Espagne et que nous avons guerre avec eux ». ( Jauréguy est effectivement
originaire de la province de Ferrol, en Espagne ). On revient donc à François Séhédic. Le
directoire demande cependant à la municipalité de lui soumettre les noms d’autres postulants
éventuels ; réponse de Parker, le secrétaire : « Les citoyens sachant lire et écrire, dans ce
pays, sont rares, surtout parmi ceux voulant s’enrôler pour les batteries ».
Finalement, le directoire détache La Caille, ancien militaire en poste à Mousterlin, et
nomme chef de poste François Tessier, de Lespont, canonnier à la batterie de Beg Meil.
Début juin, la défense côtière est en place. La batterie de Beg Meil est dotée de 131
boulets et 536 livres de poudre, mais les hommes n’ont pas encore d’armement individuel.
Toussaint Silguy se démène pour essayer de récupérer quelques fusils auprès de la population,
mais les chefs de ménage , qui tous en possèdent un, ne veulent pas s’en dessaisir ; ils font
valoir qu’après l’affrontement du 10 juillet, l’an passé, les forces armées en avaient saisi un
grand nombre. Le commissaire à l’armement réussira à dénicher seulement 8 fusils pour
armer les 16 volontaires.
Au poste de Mousterlin, le confort laisse à désirer. Clorennec, responsable de
l’aménagement, se plaint « du peu de respect que l’administration fouesnantaise porte à ses
volontaires » : la paille fournie pour les trois couettes suffit à peine pour une, les hommes
n’ont pas de couvertures, ne disposent pas de table, si bien qu’au moment des repas ils sont
obligés de poser leur gamelle à même le sol ou de la maintenir sur leurs genoux.
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9. A fort Cigogne, la garnison est également en place : un officier, un sergent, deux
caporaux, 12 canonniers, 28 fusiliers, 3 artilleurs et 2 enfants « admis à la solde ». 26 ouvriers
terminent les travaux.
On s’accorde à trouver la boulangerie superbe. La réserve de farine est suffisante pour
tenir cinq à six mois. Pour l’ordinaire, en plus du pain, la garnison dispose d’un petit
approvisionnement de viande salée, de biscuits, de légumes secs, cinq barriques de vin et 200
pintes d’eau de vie ( environ 180 litres ).
Pour défendre la position, l’armement se compose de huit pièces de 18, un mortier de
10 pouces, 290 boulets, 30 bombes et 2 200livres de poudre.
Les renforts pour Brest
Début août, les commandants de la Marine et des troupes de Brest réclament au
département un renfort de 9 372 hommes, 3 372 pour le service des batteries côtières et 6 000
cantonnés aux environs de Brest. Lever plus de 9 000 hommes à l’époque de la moisson n’est
pas très indiqué. C’est pourquoi les administrateurs proposent de n’enrôler que les 3 372
affectés au service des batteries, e t de demander à la Nation et surtout aux départements
limitrophes de se charger des 6 000 autres défenseurs réclamés par les autorités militaires
brestoises. Suggestion acceptée : le contingent du district de Quimper est fixé à 419 hommes.
Fouesnant devra fournir 20 défenseurs et chacune des autres communes du canton 5. Il sera
d’abord fait appel au volontariat, complété si besoin est par désignation d’office. La solde est
de 15 sous par jour, l’engagement de trois mois renouvelables.
Le dimanche 19 août, Louis Le Lagadec, maire de Fouesnant, fait annoncer au prône
de la messe que le conseil général de la commune recevra les volontaires le mercredi 22. Ce
jour, 14 citoyens font acte de candidature :
- François Marie Ansquer, 33 ans, du bourg de La Forêt ;
- Gaspard Louis Longchamp, 44 ans, du bourg de La Forêt ;
- Melchior Marie Longchamp, 39 ans, du bourg de La Forêt ;
- Guillaume Le Dréau, originaire de Rosporden, domicilié à La Forêt ;
- Yves Bertholom, 42 ans, Valet laboureur à Lanjulien, section de La Forêt ;
- Louis Crédou, 25 ans,
id°
- Hervé Branquet, 20 ans,
id°
- Jean Le Berre, 21 ans, valet tisserand au bourg de La Forêt ;
- Jean Guillou, 22 ans, valet à Pleuven ;
- Yves Rica, 21 ans, valet laboureur, section de Fouesnant ;
- François Le Calvez, 55 ans, veuf, journalier laboureur, section de Fouesnant ;
- Corentin Bourhis, 18 ans, valet laboureur id°
- Louis Dumoulin, 21 ans,
id°
- Thomas Bourgot, 25 ans,
id°
Six hommes nommés par le maire complètent ce contingent, affecté à la Compagnie
de l’Est, à l’Ile Longue. Le détachement quitte Quimper le samedi 25 août, aux ordres de
François Marie Ansquer, capitaine, et de Melchior Marie Longchamp, sergent-major.
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10. La réquisition générale
Le 23 août 1793, la Convention Nationale décrète :
« Dès ce moment, jusqu’à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la
République, tous les français sont en réquisition permanente pour le service des armées.
Les jeunes iront au combat ; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront
les subsistances ; les femmes feront des tentes, des habits, et serviront dans les hôpitaux ; les
enfants mettront le vieux linge en charpie ; les vieillards se feront transporter sur les places
publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l’unité de la
République.
La levée sera générale. Les citoyens non mariés ou veufs sans enfant, de 18 à 25 ans,
marcheront les premiers. Ils se réuniront sans délai au chef-lieu de leur district où ils
s’exerceront, tous les jours, au maniement des armes, en attendant l’heure du départ. »
En fait, la réquisition est effective début novembre. Le 4 de ce mois, le conseil général
de la commune de Fouesnant arrête le rôle.
- Fouesnant : 125 jeunes dont 23 réformés et 2 qui fournissent un remplaçant ;
- Pleuven : 20 jeunes dont un réformé et un renvoyé ;
- Clohars : 30 jeunes ;
- Perguet : 21 jeunes dont 2 renvoyés.
- Le rôle de Gouesnac’h est illisible.
Rendus à Quimper, les appelés restent groupés par cantons et reçoivent une instruction
militaire. Ainsi, du 11 au 23 novembre, les recrues du canton de Fouesnant font leurs classes
dans le quartier Saint-François. Suivant les besoins, elles seront affectées à l’armée de Brest,
revêtues « autant que possible » de l’uniforme national. Leur paquetage comprend : un
pantalon de drap garni de peau entre les cuisses, une veste de drap « à la marseillaise » de
quelque couleur que ce soit, un gilet doublé, un bonnet de police, deux paires de souliers,
deux paires de bas, trois chemises, trois cols, trois brosses, deux peignes, un sac de peau ou de
toile cirée, un sabre avec ceinturon.
Les premières désertions
Les jeunes soldats savent que, même incorporés dans l’armée de Brest, ils n’ont pas
l’assurance, comme le contingent de mars dernier, de rester en Bretagne. Alors bon nombre
renonce.
Fin novembre, 35 fouesnantais sont portés déserteurs du cantonnement de Quimper ; 6
de Perguet, plusieurs de Clohars et de Pleuven, un de Gouesnac’h et huit de Saint-Évarzec.
Face à ces désertions, les administrateurs du district interviennent auprès des municipalités,
leur rappellent qu’il est de leur devoir d’intervenir afin que les réfractaires regagnent leur
cantonnement et les avisent qu’un détachement de la Garde Nationale, ayant pour mission de
ramener ces jeunes soldats, se présentera à leur maison commune à une date qui leur sera
communiquée ultérieurement.
Le citoyen André Ponsard, négociant à Quimper, l’un des chefs de détachement, a la
charge du canton de Fouesnant. Il organise sa tournée, en avise les maires des différentes
communes et les invite à faire en sorte que les déserteurs soient à sa disposition les jours et
heures prévus.
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11. Le 1er décembre, vers neuf heures du matin, Ponsard et ses sept « frères d’armes »
mettent pied à terre devant la maison commune de Saint-Évarzec où ils sont reçus par
Francès, maire, et Jean Daniel, officier municipal. Le chef du détachement leur renouvelle
l’objet de sa mission et leur demande s’ils ont eu connaissance de l’arrêté du district. Les deux
représentants du corps municipal répondent par l’affirmative et ajoutent : « Comme cet arrêté
ne comporte aucune injonction, nous n’avons rien fait. » Ils acceptent cependant de piloter le
détachement, et pour montrer leurs bonnes dispositions, les deux hommes, ceints de leur
écharpe, se portent en tête du groupe. Ponsard, flatté de cette soumission, leur témoigne sa
satisfaction, mais comme la municipalité n’a rien fait pour rechercher les déserteurs, elle est
donc en faute : il inflige au maire une amende de 100 livres à payer sur le champ, le laissant
libre de se retourner vers les parents des réfractaires.
Le détachement se rend chez la veuve Lénard dont le fils est recherché. La perquisition
est infructueuse. Au village de Kerambesc, le père de Lucas Le Coz ne sait où se trouve son
fils. Ponsard le fait saisir, et l’homme, en plein désarroi, promet que « son fils sera demain
matin à Quimper ». A Kerilis, Yves Riou est introuvable. Au Mur Huella, on leur dit que
Alain Le Dizet est peut-être chez sa mère au Guern Glas : ils ne l’y trouvent pas, mais mettent
la main sur Louis Le Bars et François Le Branquec. A Lanveron, chez Noël Chiquet, les
recherches ne donnent rien, non plus qu’à Touaru pour Alain Riou. A Keralec, le père de
Louis Daniel jure que son fils a rejoint Quimper le matin même. A Kerarzul, dernier lieu
visité, la mère d’Olivier Lozac’h ignore où est son fils. Ponsard a l’impression que la femme
lui ment, et lui inflige 80 livres d’amende. La femme paie, mais ne sait toujours pas où est son
fils. Peu convaincu, avant de quitter les lieux, le chef de détachement lui lance que si son fils
n’a pas rejoint le cantonnement dans deux jours, il reviendra et lui appliquera une amende
plus forte.
Mission terminée, le
groupe revient au bourg de
Saint-Évarzec. Le maire et
l’officier municipal « libérés »,
les déserteurs sous bonne garde,
Ponsard se retire pour rédiger
son rapport.
Le 6 décembre, dans les
mêmes
formes,
Ponsard
s’attaque
au
canton
de
Fouesnant.
Volontaire de retour de l’armée du Rhin
11/15
12. Il arrive vers trois heures de l’après-midi à Pleuven où aucun élu ne l’attend. Par un
exprès (messager), il convoque le conseil municipal pour huit heures du soir et fait prévenir la
municipalité de Fouesnant de sa prochaine arrivée. A huit heures du soir, seuls deux
conseillers se présentent. Ponsard leur demande s’ils ont connaissance des réquisitions
relatives à sa mission. Comme à Saint-Évarzec, les deux hommes reconnaissent « n’avoir
point agi vis à vis des jeunes gens pour les punir de leur insubordination ». L’amende tombe :
100 livres. Malgré l’heure tardive, il les somme de le conduire à Penhoat Salaun, chez Jean
Conan, dont le fils est l’un des déserteurs. Jean Conan, ancien partisan d’Alain Nédélec, se
montre rétif à toute collaboration : Ponsard le fait saisir. Embarrassé par son prisonnier, le
chef de détachement décide d’interrompre sa mission sur Pleuven pour se rendre à Fouesnant
et remettre Jean Conan entre les mains des douaniers du Cap Coz repliés depuis quelque
temps au bourg, avec ordre de le conduire à la prison de Quimper. Il est minuit. Ponsard se
rend à la maison commune, mais trouve porte close. Il réveille alors plusieurs fouesnantais et
les charge, dans cette nuit de décembre, de se rendre au domicile des officiers municipaux,
par les chemins impraticables que l’on sait, pour exiger leur présence immédiate à la maison
commune.
Ponsard et ses frères d’armes, « exposés à la dureté de la saison », attendent les élus le
reste de la nuit. Le matin, à huit heures, comme s’ils s’étaient concertés, le maire et les
conseillers municipaux se présentent à la maison commune. Sans perdre un instant, le chef de
détachement leur remet l’arrêté du district et la liste des 35 déserteurs. En fait, tous ne sont
pas déserteurs : certains ne se sont jamais présentés à Quimper ! Ponsard demande aux
élus « quelles sont les causes qui les ont déterminés à être indociles aux injonctions qui leur
avaient été faites par l’autorité supérieure de Quimper, il y a quinze jours, de faire rejoindre
les jeunes citoyens désertés et même ceux qui n’avaient jamais paru ». Avant de prendre leur
décision, les élus veulent en délibérer. Ponsard y consent et se retire.
Trois heures plus tard, vers onze heures, les élus annoncent : « Nous ne vous
fournirons pas les jeunes citoyens que vous demandez ! » La réaction est immédiate : 500
livres d’amende, et la menace d’être saisis… Après ce moment d’énervement, Ponsard
s’attache à les dissuader de persévérer dans leur résolution contraire aux lois de la Nation, et
que leur devoir est justement de les faire appliquer, même si, en la circonstance, leurs
sentiments les poussent à comprendre ces jeunes déserteurs. Convaincus, les élus reviennent
sur leur décision, paient les 500 livres et acceptent de ramener à Quimper, sous trois jours, les
35 déserteurs de la commune.
Ponsard se rend ensuite à Perguet, et là aussi on le fait attendre. Enfin on le prévient
que les conseillers municipaux sont partis à sa rencontre à Clohars, pensant qu’il visiterait
d’abord cette commune. Sur place, les élus de Perguet reconnaissent leur lenteur et promettent
que dans trois jours les six déserteurs de la commune seront de nouveau à leur cantonnement
à Quimper. Ponsard est surpris « d’une telle loyauté dont il est peu d’exemple » ; néanmoins,
pour punir les parents et assurer les frais de son détachement, il condamne les élus à lui verser
immédiatement 100 livres, tout en leur laissant un droit de recours.
Les élus de Clohars et Demizit, le curé, s’entretiennent du sujet à la sacristie, qui fait
office de maison commune. Ponsard les rejoint et leur rappelle sa mission. « Ils l’écoutent
avec douceur et promettent d’être dociles à sa demande », mais désirent en discuter encore
quelques instants.
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13. Le chef de détachement ne s’y oppose pas et se retire. Dehors, il attend, longtemps… Lassé,
mais soucieux de ne pas contrarier les élus, il se renseigne auprès de quelques habitants. On
lui dit que la réunion est terminée depuis un bon moment, et que Yves Nédélec, le maire, et
Guillaume Bolloré, procureur de la commune, se sont rendus dans une maison proche et
conversent avec quelques citoyens. Outré d’un tel comportement à l’égard d’un représentant
du district, Ponsard pénètre dans la maison, somme le maire de lui fournir les déserteurs et lui
inflige une amende de 150 livres. La réponse est brutale : « Vous n’aurez ni les hommes, ni
l’argent ».Ponsard tente de ramener le maire à des sentiments plus civiques et demande à
Demizit de l’aider à le raisonner ; Yves Nédélec ne veut rien entendre. Cet affrontement
verbal a poussé les habitants du bourg et probablement les familles et amis des déserteurs à
s’assembler devant la maison. Ponsard s’en aperçoit, et craignant un mouvement d’humeur
ordonne à ses hommes de dégainer leur sabre, de prendre leur pistolet et de saisir Yves
Nédélec et Guillaume Bolloré. Cette démonstration de force surprend. Dehors, on s’écarte. Le
détachement monte à cheval, entoure les prisonniers et s’éloigne du bourg de Clohars. Le
maire et le procureur de la commune, ce dernier n’ayant rien dit ni fait, marchent vers la
prison de Quimper.
A Gouesnac’h, un seul jeune a déserté. Ponsard, gêné avec ses deux prisonniers,
décide de ne pas s’y rendre. En chemin, il requiert un citoyen, lui remet une livre 10 sols, et le
charge de porter au maire de Gouesnac’h une lettre par laquelle il l’enjoint de ramener à
Quimper, sous trois jours, le déserteur de sa commune.
La mission de Ponsard dans le canton de Fouesnant, à Beuzec, Trégunc, Ergué-Armel,
a duré neuf jours. Les dépenses « de bouche » du détachement, des prisonniers et des chevaux
se sont élevées à 745 livres. Ponsard et ses hommes ont reçu 8 livres par jour, soit 648 livres ;
ce qui fait au total 1493 livres, dépense couverte par les amendes infligées : la Nation a
retrouvé ses défenseurs à peu de frais !
La levée des chevaux
Comme il se fait une levée d’hommes, il se fait aussi une levée de chevaux : chaque
canton doit mettre à la disposition du service des armées 6 chevaux de 5 ans et plus, mesurant
au garrot au moins 4 pieds 6 pouces (1,46 m). En fait, la nation impose cette réquisition, mais
achète les animaux.
En Pays fouesnantais, si les travaux agricoles sont en général effectués à l’aide de
bœufs, les chevaux sont tout de même bien présents : environ 600 dans le canton. Mais ils
sont de petite taille, et bien des cultivateurs, informés des critères de sélection, n’ont pas jugé
utile de présenter leurs bêtes. D’ailleurs, aucun des chevaux présentés n’atteint la taille
requise, ce qui n’empêche pas les propriétaires d’en demander un bon prix. Finalement, 6
chevaux sont tout de même retenus.
Les bêtes doivent être présentées à Quimper, harnachées. Mais les cultivateurs n’ont
pas de harnais. Quelques notables veulent bien en céder, moyennant finance, naturellement :
Coroller, de Cheffontaines, cède une selle pour 50 francs et une bride 9 francs ; Ansquer
demande 100 francs pour une selle, 9 francs pour une bride. Demizit, curé de Clohars, brade
une selle 40 francs, et Clorennec une selle 36 francs plus une paire de bottes 15 francs.
Toussaint Silguy et Parker se rendent à Quimper pour faire confectionner rapidement six
selles..
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14. Louis Renault et Quintin sont les seuls selliers de la ville. Le premier est seul, malade et
manque du cuir nécessaire ; le second a un aide, mais surchargé de commandes, ne peut
accepter le travail. Mais finalement, tout se passe bien, car les administrateurs, prévoyant cette
insuffisance d’équipements en avaient fait confectionner en nombre !
L’armement des jeunes recrues
Les soldats manquent d’armes. La Convention demande aux citoyens de prêter celles
dont ils disposent aux jeunes soldats, le temps que les ouvriers des manufactures en fabriquent
suffisamment.
Les dépôts se font sous la responsabilité des municipalités. A Fouesnant, 81 fusils sont
ainsi récupérés. Jean Saouzanet, curé constitutionnel, a remis le sien ; le citoyen Parker, du
bourg, a fourni un fusil simple, sans plaque, plus « deux fusils a lui laissés en dépôt lors de la
guerre de Fouesnant ».
Ces dépôts ne se sont pas faits dans un grand élan patriotique. Ils se sont échelonnés,
sans que cela semble avoir gêné les autorités. Les administrateurs du district ont avisé les
communes le 30 novembre. Le 30 décembre, les officiers municipaux clôturent leur procèsverbal de remise des armes au district.
Les habitants de Gouesnac’h ont déposé 27 fusils. Nous n’avons pas trouvé les états
des autres communes.
En fait, cet appel au patriotisme est un leurre. Les édiles ne l’apprendront que plus
d’un an plus tard ; la véritable raison est que la crainte de troubles intérieurs a déterminé les
autorités à désarmer la population des cantons à risque, et Fouesnant est dans cette
catégorie…
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15. Les émigrés
Nous n’aborderons que superficiellement ce sujet. Il a fait l’objet d’une étude dans
« Aspects de la Révolution en Pays Fouesnantais », de Foen Izella. (1)
Pour éviter des redites, nous ne citons que les émigrés qui étaient domiciliés dans le canton :
- Cheffontaines Jonathas
Clohars
er
- Cheffontaines
Fils 1 cadet
id°
ème
- Cheffontaines
Fils 2 cadet
id°
ème
- Cheffontaines
Fils 3 cadet
id°
- Cheffontaines Julie Fille 11 ans
id°
- Madame Vieux-Châtel,
épouse Cheffontaines
id°
- Cheffontaines
oncle, ingénieur
id°
- Cheffontaines
oncle, officier de marine
id°
- Cheffontaines François
oncle, officier de marine
id°
- Cheffontaines
oncle, ex-officier de Malte
id°
- Sizun Olivier
ex-vicaire de Fouesnant
- David François Marie
ex-prêtre de Fouesnant
- Quéré Henri
ex-curé de Pleuven
- Pellerin Guillaume
ex-curé de Perguet
- L’Haridon Jacques
ex-vicaire de Perguet
Ces quinze personnes figurent sur l’état récapitulatif des émigrés, établi par le directoire du
district, en avril 1795.
En conclusion, on peut s’étonner de constater à quel point la population du canton de
Fouesnant a semblé indifférente aux événements tragiques qui secouaient la France et
l’Europe entière pendant cette période cruciale de la Révolution.
Le comte de Castellane – provençal – qui fut préfet du Finistère en 1827, porte sur ses
administrés ce jugement qui constitue peut-être une explication :
« Les habitants du Finistère doivent être divisés en deux peuples, celui des campagnes
et celui des villes. Le premier forme à peu près les 6 / 7 de la population générale. Son
caractère apathique et insouciant le rend indifférent aux améliorations qui, sur tous les points
du royaume, ont changé la situation des classes analogues ; il a conservé les usages, les
mœurs et les routines de ses pères. »
(1) : « Aspects de la Révolution en Pays Fouesnantais » : Un
ouvrage de 192 pages sous couverture en quadrichromie.
Quelques exemplaires disponibles au prix de 12 €.
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