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02 LE FAIT DU JOUR Aujourd’hui en France
Samedi 26 décembre 2015
D
ans un hôpital
qui se veut
une référence
européenne, il est
des maladies aussi
graves en termes de
gestion humaine que
les pathologies les plus
lourdes qu’il est censé
soigner dans ses blocs
opératoires. Lorsqu’un
éminent médecin
choisit de mettre
fin à sa vie en se
défenestrant sur son
lieu de travail alors
que des alertes ont été
faites, par écrit, jusqu’à
un an auparavant,
personne ne peut
plaider la simple faute
à pas de chance
ou se réfugier derrière
la seule fracture
personnelle d’un
homme. Notre enquête
montre, a minima, un
climat malsain, fait
de vexations et
d’humiliations, qui sont
de nature à casser
définitivement l’estime
que porte sur lui-même
un salarié, qu’il soit
petit ou grand.
DONAT VIDAL REVEL
@donatvidalrevel
n L’ÉDITO
Nœud
devipères
MARIÉ, PÈRE DE 5 ENFANTS,
dont trois sont encore mineurs,
Jean-Louis Megnien était âgé de
54 ans. Cardiologue reconnu, il
était un « très grand pro »,
souligne un confrère qui témoigne
lui avoir régulièrement adressé
des proches.
Ses études de médecine menée à
la Pitié-Salpêtrière, terminées en
1989, il avait rejoint le centre de
médecine préventive
cardiovasculaire à l’hôpital
Broussais en 1990, avant que ce
centre ne soit absorbé, avec
l’ensemble de ses services de
pointe en cardiologie, dans le
tout nouvel HEGP (Hôpital
européen Georges-Pompidou), en
2001. A l’HEGP depuis son
ouverture, il a continué à exercer
dans ce même service, sous la
direction du professeur Alain
Simon.
Professeur à la fac de
médecine Paris-Descartes
Maître de conférence-praticien
hospitalier en 1999, il a accédé à
son tour au rang de professeur
(PU-PH) en 2011, à l’âge de
49 ans. Un titre qui ne s’obtient
qu’à la condition de remplir un
certain nombre de critères, de
publications et de reconnaissance
professionnelle, non seulement
dans son métier, mais aussi en
tant qu’enseignant. A ce titre,
tout en tenant à poursuivre son
activité de soins et de recherche
clinique à l’hôpital Georges-
Pompidou, il s’était beaucoup
investi dans le projet
pédagogique de numérisation de
l’enseignement à la faculté de
médecine Paris-Descartes.
C.P.
Uncardiologue
reconnu
« Quand il a été arrêté, j’étais soula-
gé. Je me suis dit : il est sorti d’affai-
re », confie l’un de ses « amis », des
sanglots dans la voix.
« Le lundi 14 décembre au matin
quand il est revenu après de longs
mois d’arrêt maladie, c’était la pani-
que. J’ai vu face à moi un homme
brisé, se souvient un confrère. Il ne
pouvait pas entrer dans son bu-
reau : le verrou avait été changé.
Après neuf mois, tout recommen-
çait donc exactement comme
avant, avec l’omerta du 7e
étage…
alors qu’il devait réactiver ses
consultations. » Le soutien de ses
proches n’y a pas suffi. Le jeudi
après-midi, Jean-Louis Megnien
préférait en finir.
CLAUDINE PROUST
martèle : « Marié, père de cinq en-
fants, Jean-Louis Megnien n’avait
pas de problèmes personnels,
n’était pas dépressif et des coups,
pour être devenus professeur de
médecine, croyez bien qu’il en avait
déjà reçu. Mais là, c’était trop. »
n« Il ne pouvait pas entrer
dans son bureau,
le verrou avait été changé »
La direction de l’AP-HP et le profes-
seur Loïc Capron, président de la
commission médicale d’établisse-
ment, qui affirment pourtant dans
leurs courriers, rendus publics à la
veille de Noël, « n’être pas restés
inactifs » pour répondre à la souf-
france professionnelle du cardiolo-
gue, ne les convaincront pas. « Du
moment où il est tombé en disgrâce
dans le service dont il avait été l’ad-
joint, il fallait l’en évincer. Il s’est
trouvé progressivement isolé. »
Il a été prié de quitter le septième
étage — d’où il a fini par se jeter —
où il avait un bureau, ses consulta-
tions, accès à l’hôpital de jour,
puis de faire avec « un bout
de secrétariat seule-
ment » et de « trouver
une porte de sortie…
Mais sortir de quoi,
se demandait-il. Il
n’a été ni entendu
n i é c o u t é » .
cards, à l’hôpital Georges-Pompi-
dou, expliquent-ils, on s’expose… à
« être puni ». En clair, à compter
dans les rangs de ceux qui sont
« contre », pour peu qu’ils critiquent
la cogestion de la direction de l’éta-
blissement avec certains médecins,
dans ce que l’un des témoins quali-
fie carrément de « cabinet secret ».
« En gros, c’est adhésion ou éjec-
tion », résume ce spécialiste.
Punition signifie ne plus être en
grâce, mais aussi privation de
moyens (secrétariat, bureau, lits…),
chicanes, voire être doublé par un
autre le jour où l’on espère succéder
à son chef de service. « Les succes-
sions doivent en principe se faire
par appel d’offres, mais ils sont ré-
gulièrement pipés », confie un mé-
decin, avouant au passage avoir re-
noncé de longue date à échanger
avec ses collègues par mails profes-
sionnels « par crainte de piratage
des boîtes aux lettres ».
n« Tout a été fait
pour le détruire »
Dans ce décor — où nul ne sait ex-
pliquer pourquoi les ego profession-
nels s’affronteraient davantage ici
que dans un autre hôpital —, le ma-
nagement, « couvert par la direction
de l’AP-HP », porte une lourde res-
ponsabilité, estiment ceux qui ont
côtoyé Jean-Louis Megnien au plus
près depuis un an et demi. « Imagi-
nez que le lendemain de son suici-
de, la direction parlait de décès ac-
cidentel ! » s’indigne l’un d’eux qui
affirme : « Tout a été fait pour le
détruire. »
« Ils ne pouvaient pas ignorer com-
ment cela finirait : ils ont été plus
qu’informés du risque », renchérit
un autre, tandis qu’un troisième
APRÈS LE CHOC, LA COLÈRE.
Huit jours après la mort de Jean-
Louis Megnien, professeur de car-
diologie, qui s’est suicidé par défe-
nestration dans la cour de l’Hôpital
européen Georges-Pompidou
(HEGP) à Paris (XVe
), dans l’après-
midi du jeudi 17 décembre, les lan-
gues se délient.
La direction générale de l’Assis-
tance publique-Hôpitaux de Paris
(AP-HP) vient d’annoncer la créa-
tion d’une « commission extérieu-
re », chargée à partir du mois de
janvier de mettre à plat « les sujets
conflictuels dans l’établissement ».
Un euphémisme, à écouter ceux,
parmi les confrères du docteur
Megnien, qui se livrent, racontant,
le cœur lourd, un hôpital qui ne
brille pas que par ses prouesses
médicales.
Sous les verrières de ce navire ami-
ral, dernier-né des 39 établisse-
ments de l’AP-HP, des « affaires »
aux accents de règlements de
comptes émergent régulièrement
depuis deux ans. L’atmosphère est
poisseuse, l’ambiance de travail re-
lève de l’univers impitoyable.
« Avec la mort de Jean-Louis, cela a
pris une tournure dramatique. On
ne pourra pas continuer à faire tour-
ner cet hôpital coûte que coûte, à
refermer le couvercle de la cocotte-
minute et à passer à autre chose si
l’on n’en tire pas les conséquences.
Le dossier de cet hôpital est acca-
blant », s’emporte, bouleversé, l’un
des confrères du docteur Megnien.
nLes « punitions »
de l’hôpital Pompidou
Comme plusieurs autres, il accepte
de témoigner mais tient, comme
eux, à ce que son nom n’apparaisse
pas. On peine à l’entendre s’agis-
sant de médecins établis, de « pon-
tes » qui ont aussi rang de profes-
seurs, rompus à batailler contre la
mort : mais à ruer dans les bran-
DRAME.LescollèguesdudocteurJean-LouisMegnien,quis’estsuicidéàl’hôpital
Pompidou,estimentqu’ilaétévictimedemaltraitanceetdénoncentununiversimpitoyable.
«J’aivu,faceàmoi,
La réputation de l’Hôpital européen
Georges-Pompidou dépasse les frontières
pour ce qui est de la médecine.
Mais, paradoxe, l’ambiance de travail
n’y serait pas des plus sereines.
(LP/OlivierBoitet.)
Aujourd’hui en France
Samedi 26 décembre 2015
LE FAIT DU JOUR 03
sement n’a rien proposé de mieux —
comme les mails que m’a adressés
Jean-Louis Megnien en attestent —
qu’une place à l’écart de son service,
qui le privait de conditions de travail
normales et décentes pour exercer
ses activités cliniques de consulta-
tion. Il ne pouvait pas l’accepter.
Le problème de l’hôpital
Georges-Pompidou dépasse-t-il
ce seul drame ?
La direction générale de l’AP-HP ne
découvre pas aujourd’hui ce qu’elle
appelait déjà lors d’une réunion de
CME en avril 2014 « les spécificités
désagréables » de cet hôpital. Je l’ai
alertée de façon explicite sur la situa-
tion de Pompidou où les affaires
troubles s’enchaînent, en lui deman-
dant de calmer le jeu : ce qui signi-
fiait ne plus soutenir à tout prix et de
manière entêtée la gouvernance de
l’HEGP. La mort de Jean-Louis Me-
gnien est l’aboutissement d’un pro-
cessus qu’il faut analyser pour que
cela ne se reproduise plus.
Propos recueillis par C.P.
bres de l’administra-
tion, sinon de harcèle-
m e n t m o r a l . D e s
preuves, il y en a. Il a
appelé plusieurs fois au
secours. La direction de
l’hôpital et celle de l’AP-
HP ont été alertées à
plusieurs reprises, com-
me en atteste par exem-
ple un mail adressé par
un de ses confrères
(voir document ci-des-
sus) : cet appel est resté sans réponse.
Un employeur est responsable péna-
lement de la maltraitance au travail
lorsqu’il en a connaissance et qu’il n’a
rien fait pour y mettre un terme et
pour protéger celui qui en est victime.
Rien n’a été fait pour l’entendre ?
Aucune mesure efficace et adaptée
n’a réellement été prise pour régler
l’antagonisme violent qui opposait
certains médecins de l’hôpital à
Jean-Louis Megnien et pour faire
cesser cette maltraitance. La média-
tion mise en place par la présidence
de la commission médicale d’établis-
RESPONSABLE de l’uni-
té psychiatrique de l’hôpi-
tal Tarnier (Paris VIe
), le
professeur Bernard Gran-
ger est membre de la
commission médicale
d’établissement (CME) de
l’AP-HP. Il a eu connais-
sance des maltraitances
dont se plaignait Jean-
Louis Megnien. Il a tiré
plusieurs fois la sonnette
d’alarme sur « l’ambiance
délétère » régnant à l’hôpital Pompi-
dou et s’indigne : « Les responsables
médicaux et administratifs de ce dra-
me devront rendre des comptes. »
Le suicide de Jean-Louis Megnien
suscite votre colère. Pourquoi ?
BERNARD GRANGER. Je suis hor-
rifié. Je sais que de multiples causes
peuvent conduire à un suicide sur le
lieu de travail. Mais, s’agissant de
Jean-Louis Megnien, de nombreux
documents et témoignages montrent
qu’il a été victime d’un comporte-
ment maltraitant de la part de cer-
tains de ses pairs et de certains mem-
«Ilaétévictime
d’uncomportementmaltraitant»
Bernard Granger, membre de la commission médicale de l’AP-HP
nQui fera la lumière sur le
suicide du docteur Jean-Louis
Megnien sur son lieu de travail et
sur ce que sa mort tragique révèle
de dysfonctionnements cruels à
l’hôpital Georges-Pompidou ? Trois
procédures sont amorcées alors que
la famille envisage de porter plainte
pour harcèlement moral.
nUne enquête de police, pour
l’instant aux mains du commissariat
du XVe
arrondissement, a été
ouverte le 17 décembre. Plusieurs
des confrères de Jean-Louis
Megnien ont déjà été entendus
et certains ont témoigné
du harcèlement moral dont
il était victime.
nLa commission d’analyse des
suicides a été saisie comme l’a
annoncé le 18 décembre Martin
Hirsch, directeur général de
l’Assistance publique-Hôpitaux de
Paris (AP-HP). Il s’agit d’une
instance centrale de l’AP-HP créée
en 2013, sous l’ancienne présidence,
pour évaluer les « risques
psychosociaux » et étoffer la
prévention du risque suicidaire
dans ses établissements.
Elle se réunit systématiquement
après chaque drame. Cette
commission paritaire doit procéder
à des auditions en interne pour
« analyser l’environnement
professionnel » et « déterminer
s’il existe des éléments qui peuvent
avoir contribué à la situation
de détresse ».
nLa création d’une commission
extérieure à l’hôpital a été
annoncée par Martin Hirsch dans
son courrier adressé mercredi au
personnel, en amorce duquel il
évoque « l’échec des tentatives
diverses de ces dernières années
pour répondre à des situations
conflictuelles ». Elle doit « procéder
à une mise à plat des sujets
conflictuels dans l’établissement ».
Elle est composée de trois membres
qui appartiennent au sérail de
l’AP-HP : le professeur Didier
Houssin (ancien directeur général
de la santé), le professeur Patrick
Hardy (psychiatre à l’hôpital Bicêtre
qui pilote déjà une mission sur
les risques psychosociaux dans
le milieu médical) et Marie-Sophie
Desaulle (qui a « exercé des
fonctions de direction à l’AP-HP
jusqu’en 2004 »). Ils mèneront
des auditions en janvier et février.
nEt l’Igas ? Pour le professeur
Granger (lire l’interview ci-contre)
et nombre de confrères de Jean-
Louis Megnien, seule l’inspection
générale des affaires sociales (Igas)
serait aujourd’hui à même de
soulever une fois pour toutes le
couvercle de la cocotte-minute de
Pompidou. Réellement extérieure,
elle dispose de moyens d’enquête
(accès aux documents, notamment)
supérieurs à de simples auditions.
Elle peut s’autosaisir ou être saisie
par un ministère. Cela est
« plus long à déclencher que la
commission qui sera à pied d’œuvre
dès le début janvier », fait-on
observer à l’AP-HP. La ministre
de la Santé n’a pour l’instant pas
jugé utile de le faire, mais attend
de pied ferme un premier bilan
d’étape de la commission
extérieure pour la mi-janvier.
C.P.
Une enquête et des auditions
nAu bord de la Seine, dans le
XVe
arrondissement de la capitale, l’Hôpital
européen Georges-Pompidou (HEGP) est le vaisseau
amiral de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de
Paris) qui navigue dans des eaux très agitées depuis
son inauguration en 2000. Dernier-né ultramoderne
des grands établissements de soins parisiens, il a
ouvert ses chambres et ses blocs opératoires avec
deux ans de retard et une addition bien plus salée
que prévu. Dès les premières semaines de
fonctionnement, il est le théâtre d’une interminable
épidémie de légionellose, une bactérie qui s’est
développée dans les tuyaux sanitaires. Une dizaine
de patients sont infectés, cinq en meurent.
En 2012, l’arrivée au poste de patron des urgences
de Philippe Juvin, secrétaire national de l’UMP,
député européen et maire de La Garenne-Colombes
(Hauts-de-Seine), suscite la polémique, des voix
dénonçant une nomination très politique. En 2014,
plusieurs affaires témoignent d’une ambiance
délétère. Une enquête est diligentée par l’inspection
générale des affaires sociales (Igas) après la mise en
cause par un patient d’un chirurgien soupçonné
d’avoir été payé au noir pour une intervention, sans
pour autant qu’il n’y ait de « preuve formelle ». Au
tout début de l’année, la directrice, Anne Costa,
porte plainte en diffamation à la suite de mails
anonymes injurieux. Au printemps, des grands
pontes déposent plainte contre X, eux, pour
utilisation illégale de fichiers informatiques. Ils
s’appuient sur un courriel de la directrice ayant
circulé dans l’établissement, dans lequel figurait le
nombre d’opérations effectuées par un chirurgien et
où elle avait souligné en bleu ceux qui lui
« paraissent corrects », en jaune ceux qui lui
« paraissent faiblards ».
Une référence mondiale
en chirurgie cardiaque
Quand il ne défraie pas la chronique, le mastodonte
tout de verre et d’acier s’impose comme un fleuron
de la médecine. C’est une référence mondiale de la
chirurgie cardiaque grâce à son Pôle du cœur.
Le 18 décembre 2013, c’est dans ses murs qu’un
cœur artificiel Carmat est implanté pour la première
fois au monde. Cette vitrine de l’AP-HP s’illustre
aussi par son service extrêmement performant
d’urologie, qui a participé en juin à un exploit réalisé
à l’hôpital Necker à Paris : la sixième greffe rénale
sur une même patiente, une première en France.
L’HEGP est enfin très en pointe, pour ne pas dire le
meilleur, en matière de chirurgie digestive. V.MD.
Un hôpital réputé… mais chahuté
De : GRANGER Bernard
Envoyé : mercredi 23 décembre 2015 09:22À : HIRSCH Martin
Objet : Jean-Louis MegnienObjet : Jean-Louis Megnien
Monsieur le directeur général, cher Martin Hirsch,
(...)
Un message prémonitoire vous avait été envoyé par un chirurgien de l’HEGP il y a plus d'un an sans que
vous y répondiez. Ce mél daté du 27 novembre 2014 et intitulé
« risque suicidaire » était adressé à la directrice du groupe hospitalier Pompidou, vous étant en copie, et
disait ceci : « (...) Vous allez recevoir aujourd'hui le Pr Jean-Louis Megnien. Sachez, Madame la Directrice,
qu'il est actuellement en très grande soufrance. Vous en connaissez la cause (harcèlement moral…) mais
vous en ignorez son degré d'aliction! Le Pr Megnien a une vision très noire de son avenir immédiat et à
moyen terme. Il a clairement exprimé son "envie d'en inir"; il "s'est renseigné " m'a-t-il annoncé ce matin,
en pleurs! Seul son amour pour sa femme et ses 5 enfants l'ont empêché de commettre l'irréparable.
Prendre une décision, aujourd'hui, qui irait contre son souhait ou ses intérêts risquerait de le pousser au
fond du précipice (...). J'espère que vous saurez lui tendre la main et lui apporter tout l'aide qu'il mérite. » Il
faut regretter que l’aide demandée n’ait pas été apportée.
unhommebrisé»
(DR.)
Bernard Granger a envoyé ce courriel au directeur général de l’AP-HP rappelant le mail d’alerte qui lui avait été adressé il y a un an.

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  • 1. 02 LE FAIT DU JOUR Aujourd’hui en France Samedi 26 décembre 2015 D ans un hôpital qui se veut une référence européenne, il est des maladies aussi graves en termes de gestion humaine que les pathologies les plus lourdes qu’il est censé soigner dans ses blocs opératoires. Lorsqu’un éminent médecin choisit de mettre fin à sa vie en se défenestrant sur son lieu de travail alors que des alertes ont été faites, par écrit, jusqu’à un an auparavant, personne ne peut plaider la simple faute à pas de chance ou se réfugier derrière la seule fracture personnelle d’un homme. Notre enquête montre, a minima, un climat malsain, fait de vexations et d’humiliations, qui sont de nature à casser définitivement l’estime que porte sur lui-même un salarié, qu’il soit petit ou grand. DONAT VIDAL REVEL @donatvidalrevel n L’ÉDITO Nœud devipères MARIÉ, PÈRE DE 5 ENFANTS, dont trois sont encore mineurs, Jean-Louis Megnien était âgé de 54 ans. Cardiologue reconnu, il était un « très grand pro », souligne un confrère qui témoigne lui avoir régulièrement adressé des proches. Ses études de médecine menée à la Pitié-Salpêtrière, terminées en 1989, il avait rejoint le centre de médecine préventive cardiovasculaire à l’hôpital Broussais en 1990, avant que ce centre ne soit absorbé, avec l’ensemble de ses services de pointe en cardiologie, dans le tout nouvel HEGP (Hôpital européen Georges-Pompidou), en 2001. A l’HEGP depuis son ouverture, il a continué à exercer dans ce même service, sous la direction du professeur Alain Simon. Professeur à la fac de médecine Paris-Descartes Maître de conférence-praticien hospitalier en 1999, il a accédé à son tour au rang de professeur (PU-PH) en 2011, à l’âge de 49 ans. Un titre qui ne s’obtient qu’à la condition de remplir un certain nombre de critères, de publications et de reconnaissance professionnelle, non seulement dans son métier, mais aussi en tant qu’enseignant. A ce titre, tout en tenant à poursuivre son activité de soins et de recherche clinique à l’hôpital Georges- Pompidou, il s’était beaucoup investi dans le projet pédagogique de numérisation de l’enseignement à la faculté de médecine Paris-Descartes. C.P. Uncardiologue reconnu « Quand il a été arrêté, j’étais soula- gé. Je me suis dit : il est sorti d’affai- re », confie l’un de ses « amis », des sanglots dans la voix. « Le lundi 14 décembre au matin quand il est revenu après de longs mois d’arrêt maladie, c’était la pani- que. J’ai vu face à moi un homme brisé, se souvient un confrère. Il ne pouvait pas entrer dans son bu- reau : le verrou avait été changé. Après neuf mois, tout recommen- çait donc exactement comme avant, avec l’omerta du 7e étage… alors qu’il devait réactiver ses consultations. » Le soutien de ses proches n’y a pas suffi. Le jeudi après-midi, Jean-Louis Megnien préférait en finir. CLAUDINE PROUST martèle : « Marié, père de cinq en- fants, Jean-Louis Megnien n’avait pas de problèmes personnels, n’était pas dépressif et des coups, pour être devenus professeur de médecine, croyez bien qu’il en avait déjà reçu. Mais là, c’était trop. » n« Il ne pouvait pas entrer dans son bureau, le verrou avait été changé » La direction de l’AP-HP et le profes- seur Loïc Capron, président de la commission médicale d’établisse- ment, qui affirment pourtant dans leurs courriers, rendus publics à la veille de Noël, « n’être pas restés inactifs » pour répondre à la souf- france professionnelle du cardiolo- gue, ne les convaincront pas. « Du moment où il est tombé en disgrâce dans le service dont il avait été l’ad- joint, il fallait l’en évincer. Il s’est trouvé progressivement isolé. » Il a été prié de quitter le septième étage — d’où il a fini par se jeter — où il avait un bureau, ses consulta- tions, accès à l’hôpital de jour, puis de faire avec « un bout de secrétariat seule- ment » et de « trouver une porte de sortie… Mais sortir de quoi, se demandait-il. Il n’a été ni entendu n i é c o u t é » . cards, à l’hôpital Georges-Pompi- dou, expliquent-ils, on s’expose… à « être puni ». En clair, à compter dans les rangs de ceux qui sont « contre », pour peu qu’ils critiquent la cogestion de la direction de l’éta- blissement avec certains médecins, dans ce que l’un des témoins quali- fie carrément de « cabinet secret ». « En gros, c’est adhésion ou éjec- tion », résume ce spécialiste. Punition signifie ne plus être en grâce, mais aussi privation de moyens (secrétariat, bureau, lits…), chicanes, voire être doublé par un autre le jour où l’on espère succéder à son chef de service. « Les succes- sions doivent en principe se faire par appel d’offres, mais ils sont ré- gulièrement pipés », confie un mé- decin, avouant au passage avoir re- noncé de longue date à échanger avec ses collègues par mails profes- sionnels « par crainte de piratage des boîtes aux lettres ». n« Tout a été fait pour le détruire » Dans ce décor — où nul ne sait ex- pliquer pourquoi les ego profession- nels s’affronteraient davantage ici que dans un autre hôpital —, le ma- nagement, « couvert par la direction de l’AP-HP », porte une lourde res- ponsabilité, estiment ceux qui ont côtoyé Jean-Louis Megnien au plus près depuis un an et demi. « Imagi- nez que le lendemain de son suici- de, la direction parlait de décès ac- cidentel ! » s’indigne l’un d’eux qui affirme : « Tout a été fait pour le détruire. » « Ils ne pouvaient pas ignorer com- ment cela finirait : ils ont été plus qu’informés du risque », renchérit un autre, tandis qu’un troisième APRÈS LE CHOC, LA COLÈRE. Huit jours après la mort de Jean- Louis Megnien, professeur de car- diologie, qui s’est suicidé par défe- nestration dans la cour de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) à Paris (XVe ), dans l’après- midi du jeudi 17 décembre, les lan- gues se délient. La direction générale de l’Assis- tance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient d’annoncer la créa- tion d’une « commission extérieu- re », chargée à partir du mois de janvier de mettre à plat « les sujets conflictuels dans l’établissement ». Un euphémisme, à écouter ceux, parmi les confrères du docteur Megnien, qui se livrent, racontant, le cœur lourd, un hôpital qui ne brille pas que par ses prouesses médicales. Sous les verrières de ce navire ami- ral, dernier-né des 39 établisse- ments de l’AP-HP, des « affaires » aux accents de règlements de comptes émergent régulièrement depuis deux ans. L’atmosphère est poisseuse, l’ambiance de travail re- lève de l’univers impitoyable. « Avec la mort de Jean-Louis, cela a pris une tournure dramatique. On ne pourra pas continuer à faire tour- ner cet hôpital coûte que coûte, à refermer le couvercle de la cocotte- minute et à passer à autre chose si l’on n’en tire pas les conséquences. Le dossier de cet hôpital est acca- blant », s’emporte, bouleversé, l’un des confrères du docteur Megnien. nLes « punitions » de l’hôpital Pompidou Comme plusieurs autres, il accepte de témoigner mais tient, comme eux, à ce que son nom n’apparaisse pas. On peine à l’entendre s’agis- sant de médecins établis, de « pon- tes » qui ont aussi rang de profes- seurs, rompus à batailler contre la mort : mais à ruer dans les bran- DRAME.LescollèguesdudocteurJean-LouisMegnien,quis’estsuicidéàl’hôpital Pompidou,estimentqu’ilaétévictimedemaltraitanceetdénoncentununiversimpitoyable. «J’aivu,faceàmoi, La réputation de l’Hôpital européen Georges-Pompidou dépasse les frontières pour ce qui est de la médecine. Mais, paradoxe, l’ambiance de travail n’y serait pas des plus sereines. (LP/OlivierBoitet.) Aujourd’hui en France Samedi 26 décembre 2015 LE FAIT DU JOUR 03 sement n’a rien proposé de mieux — comme les mails que m’a adressés Jean-Louis Megnien en attestent — qu’une place à l’écart de son service, qui le privait de conditions de travail normales et décentes pour exercer ses activités cliniques de consulta- tion. Il ne pouvait pas l’accepter. Le problème de l’hôpital Georges-Pompidou dépasse-t-il ce seul drame ? La direction générale de l’AP-HP ne découvre pas aujourd’hui ce qu’elle appelait déjà lors d’une réunion de CME en avril 2014 « les spécificités désagréables » de cet hôpital. Je l’ai alertée de façon explicite sur la situa- tion de Pompidou où les affaires troubles s’enchaînent, en lui deman- dant de calmer le jeu : ce qui signi- fiait ne plus soutenir à tout prix et de manière entêtée la gouvernance de l’HEGP. La mort de Jean-Louis Me- gnien est l’aboutissement d’un pro- cessus qu’il faut analyser pour que cela ne se reproduise plus. Propos recueillis par C.P. bres de l’administra- tion, sinon de harcèle- m e n t m o r a l . D e s preuves, il y en a. Il a appelé plusieurs fois au secours. La direction de l’hôpital et celle de l’AP- HP ont été alertées à plusieurs reprises, com- me en atteste par exem- ple un mail adressé par un de ses confrères (voir document ci-des- sus) : cet appel est resté sans réponse. Un employeur est responsable péna- lement de la maltraitance au travail lorsqu’il en a connaissance et qu’il n’a rien fait pour y mettre un terme et pour protéger celui qui en est victime. Rien n’a été fait pour l’entendre ? Aucune mesure efficace et adaptée n’a réellement été prise pour régler l’antagonisme violent qui opposait certains médecins de l’hôpital à Jean-Louis Megnien et pour faire cesser cette maltraitance. La média- tion mise en place par la présidence de la commission médicale d’établis- RESPONSABLE de l’uni- té psychiatrique de l’hôpi- tal Tarnier (Paris VIe ), le professeur Bernard Gran- ger est membre de la commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP. Il a eu connais- sance des maltraitances dont se plaignait Jean- Louis Megnien. Il a tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme sur « l’ambiance délétère » régnant à l’hôpital Pompi- dou et s’indigne : « Les responsables médicaux et administratifs de ce dra- me devront rendre des comptes. » Le suicide de Jean-Louis Megnien suscite votre colère. Pourquoi ? BERNARD GRANGER. Je suis hor- rifié. Je sais que de multiples causes peuvent conduire à un suicide sur le lieu de travail. Mais, s’agissant de Jean-Louis Megnien, de nombreux documents et témoignages montrent qu’il a été victime d’un comporte- ment maltraitant de la part de cer- tains de ses pairs et de certains mem- «Ilaétévictime d’uncomportementmaltraitant» Bernard Granger, membre de la commission médicale de l’AP-HP nQui fera la lumière sur le suicide du docteur Jean-Louis Megnien sur son lieu de travail et sur ce que sa mort tragique révèle de dysfonctionnements cruels à l’hôpital Georges-Pompidou ? Trois procédures sont amorcées alors que la famille envisage de porter plainte pour harcèlement moral. nUne enquête de police, pour l’instant aux mains du commissariat du XVe arrondissement, a été ouverte le 17 décembre. Plusieurs des confrères de Jean-Louis Megnien ont déjà été entendus et certains ont témoigné du harcèlement moral dont il était victime. nLa commission d’analyse des suicides a été saisie comme l’a annoncé le 18 décembre Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Il s’agit d’une instance centrale de l’AP-HP créée en 2013, sous l’ancienne présidence, pour évaluer les « risques psychosociaux » et étoffer la prévention du risque suicidaire dans ses établissements. Elle se réunit systématiquement après chaque drame. Cette commission paritaire doit procéder à des auditions en interne pour « analyser l’environnement professionnel » et « déterminer s’il existe des éléments qui peuvent avoir contribué à la situation de détresse ». nLa création d’une commission extérieure à l’hôpital a été annoncée par Martin Hirsch dans son courrier adressé mercredi au personnel, en amorce duquel il évoque « l’échec des tentatives diverses de ces dernières années pour répondre à des situations conflictuelles ». Elle doit « procéder à une mise à plat des sujets conflictuels dans l’établissement ». Elle est composée de trois membres qui appartiennent au sérail de l’AP-HP : le professeur Didier Houssin (ancien directeur général de la santé), le professeur Patrick Hardy (psychiatre à l’hôpital Bicêtre qui pilote déjà une mission sur les risques psychosociaux dans le milieu médical) et Marie-Sophie Desaulle (qui a « exercé des fonctions de direction à l’AP-HP jusqu’en 2004 »). Ils mèneront des auditions en janvier et février. nEt l’Igas ? Pour le professeur Granger (lire l’interview ci-contre) et nombre de confrères de Jean- Louis Megnien, seule l’inspection générale des affaires sociales (Igas) serait aujourd’hui à même de soulever une fois pour toutes le couvercle de la cocotte-minute de Pompidou. Réellement extérieure, elle dispose de moyens d’enquête (accès aux documents, notamment) supérieurs à de simples auditions. Elle peut s’autosaisir ou être saisie par un ministère. Cela est « plus long à déclencher que la commission qui sera à pied d’œuvre dès le début janvier », fait-on observer à l’AP-HP. La ministre de la Santé n’a pour l’instant pas jugé utile de le faire, mais attend de pied ferme un premier bilan d’étape de la commission extérieure pour la mi-janvier. C.P. Une enquête et des auditions nAu bord de la Seine, dans le XVe arrondissement de la capitale, l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) est le vaisseau amiral de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) qui navigue dans des eaux très agitées depuis son inauguration en 2000. Dernier-né ultramoderne des grands établissements de soins parisiens, il a ouvert ses chambres et ses blocs opératoires avec deux ans de retard et une addition bien plus salée que prévu. Dès les premières semaines de fonctionnement, il est le théâtre d’une interminable épidémie de légionellose, une bactérie qui s’est développée dans les tuyaux sanitaires. Une dizaine de patients sont infectés, cinq en meurent. En 2012, l’arrivée au poste de patron des urgences de Philippe Juvin, secrétaire national de l’UMP, député européen et maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), suscite la polémique, des voix dénonçant une nomination très politique. En 2014, plusieurs affaires témoignent d’une ambiance délétère. Une enquête est diligentée par l’inspection générale des affaires sociales (Igas) après la mise en cause par un patient d’un chirurgien soupçonné d’avoir été payé au noir pour une intervention, sans pour autant qu’il n’y ait de « preuve formelle ». Au tout début de l’année, la directrice, Anne Costa, porte plainte en diffamation à la suite de mails anonymes injurieux. Au printemps, des grands pontes déposent plainte contre X, eux, pour utilisation illégale de fichiers informatiques. Ils s’appuient sur un courriel de la directrice ayant circulé dans l’établissement, dans lequel figurait le nombre d’opérations effectuées par un chirurgien et où elle avait souligné en bleu ceux qui lui « paraissent corrects », en jaune ceux qui lui « paraissent faiblards ». Une référence mondiale en chirurgie cardiaque Quand il ne défraie pas la chronique, le mastodonte tout de verre et d’acier s’impose comme un fleuron de la médecine. C’est une référence mondiale de la chirurgie cardiaque grâce à son Pôle du cœur. Le 18 décembre 2013, c’est dans ses murs qu’un cœur artificiel Carmat est implanté pour la première fois au monde. Cette vitrine de l’AP-HP s’illustre aussi par son service extrêmement performant d’urologie, qui a participé en juin à un exploit réalisé à l’hôpital Necker à Paris : la sixième greffe rénale sur une même patiente, une première en France. L’HEGP est enfin très en pointe, pour ne pas dire le meilleur, en matière de chirurgie digestive. V.MD. Un hôpital réputé… mais chahuté De : GRANGER Bernard Envoyé : mercredi 23 décembre 2015 09:22À : HIRSCH Martin Objet : Jean-Louis MegnienObjet : Jean-Louis Megnien Monsieur le directeur général, cher Martin Hirsch, (...) Un message prémonitoire vous avait été envoyé par un chirurgien de l’HEGP il y a plus d'un an sans que vous y répondiez. Ce mél daté du 27 novembre 2014 et intitulé « risque suicidaire » était adressé à la directrice du groupe hospitalier Pompidou, vous étant en copie, et disait ceci : « (...) Vous allez recevoir aujourd'hui le Pr Jean-Louis Megnien. Sachez, Madame la Directrice, qu'il est actuellement en très grande soufrance. Vous en connaissez la cause (harcèlement moral…) mais vous en ignorez son degré d'aliction! Le Pr Megnien a une vision très noire de son avenir immédiat et à moyen terme. Il a clairement exprimé son "envie d'en inir"; il "s'est renseigné " m'a-t-il annoncé ce matin, en pleurs! Seul son amour pour sa femme et ses 5 enfants l'ont empêché de commettre l'irréparable. Prendre une décision, aujourd'hui, qui irait contre son souhait ou ses intérêts risquerait de le pousser au fond du précipice (...). J'espère que vous saurez lui tendre la main et lui apporter tout l'aide qu'il mérite. » Il faut regretter que l’aide demandée n’ait pas été apportée. unhommebrisé» (DR.) Bernard Granger a envoyé ce courriel au directeur général de l’AP-HP rappelant le mail d’alerte qui lui avait été adressé il y a un an.