#THERAPIE #ANTI_DOULEURS #DIGITAL
Soulager les #douleurs chroniques par la #thérapie digitale. Telle est la promesse de Lucine fondée par Maryne Cotty-Eslous.
Le marché est immense car l'enjeu est double : réduire les prescriptions à risques d’opioïdes et proposer une solution à de nombreux patients en souffrance continue
"L’ambition est d’avoir un produit digital au moins aussi efficace qu’un #médicament et de le mettre sur le marché en 2025" précise-t-elle ️
"Il faudra lever des freins culturels, changer le regard sur les thérapies digitales"... et "choisir le bon business model"
❤️ "Mon obsession aujourd’hui est que notre produit soit accessible au plus grand nombre"
#entrepreneure #solidarité #prevention #sante #serenite #innovation #healthcare #businessmodel
Bpifrance #medtech #dtx #ESS
1. SudOuestéco
Jeudi19novembre2020 SUD OUEST
NicolasCésar
n.cesar@sudouest.fr
C
inqmillionsetdemid’euros.
Lemontantlevéparlajeune
poussebordelaiseLucineen
dit long sur l’espoir que suscitent
ses promesses de soulager ceux
qui souffrent de douleurs chroni-
ques. Des douleurs qui touchent
25 %delapopulationmondiale.Sa
dirigeante, Maryne Cotty-Eslous,
31 ans, atteinte d’endométriose et
du syndrome d’Ehlers-Danlos, en
faitpartie.« Cesdouleurssontsou-
ventméconnues.Et,seulement3 %
des gens ont une solution médi-
cale.Or,ellesempêchentparfoisde
travailler et créent de l’isolement.
Jel’aivécu… »,témoigne-t-elle.
Alternativeauxmédicaments
Lemarchéestimmense. Surtout,
que la prise en charge médicale
« se traduit souvent par la pres-
cription d’opioïdes (dérivé de
l’opium), dont l’abus est respon-
sable de plus de 500 000 décès
par an dans le monde selon
l’OMS », souligne Philippe Pel-
tier, de Kurma Partners, l’un
des investisseurs conquis par
Lucine. Pour tenter d’offrir une
alternative, Maryne Cotty-Eslous
a d’abord mis toute son énergie
danslesétudesetestressortiede
l’Université de Bordeaux avec
quatre licences et trois masters.
Et avec une vision multidiscipli-
naire du problème, qui fait au-
jourd’hui la force de Lucine. En
croisant les apports des neuro-
sciences, de la psychologie, des
technologies numériques… son
entrepriseamisaupointuneap-
plication mobile et personnali-
sée, capable de mesurer la dou-
leur (via la reconnaissance fa-
ciale) et de la soulager.
Ilsuffitjustequel’utilisateurse
connecte à la
plateforme de-
puis son
smartphone ou
sa tablette et ré-
ponde à un
questionnaire
médical. Le logi-
ciel lui envoie
ensuite des sti-
muli sonores et
visuels, qui
créent des en-
dorphines solli-
citant son cer-
veauetdiminuantladouleurim-
médiatement. Une thérapie
digitale prometteuse, qui lui a
permis de soulager ses propres
douleurset...decréer36emplois
en trois ans.
Avec cette levée de fonds de
5,5 millions d’euros – l’une des
plus importantes du secteur en
2020–,Lucinevapouvoirpartirà
la conquête des marchés inter-
nationaux(lasociétéestdéjàim-
plantéeauQuébec).Maisaussiet
surtout accélérer ses études
scientifiques et cliniques avec
deslogicielsdotésd’intelligences
artificiellesquipersonnalisentau
mieux les solutions aux dou-
leurs. « L’ambition est d’avoir un
produitdigitalaumoinsaussief-
ficace qu’un médicament et de
le mettre sur le marché en
E-SANTÉ Cette pépite bordelaise vient de
lever 5,5 millions d’euros. Avec la promesse
d’une innovation majeure : celle de soigner
la douleur par des outils digitaux, aussi bien,
sinon mieux, que par des médicaments.
Explications
Lucine,l’anti-dou
Lelogiciel
envoiedes
stimuli
sonoreset
visuelsqui
créentdes
endorphines
sollicitant
lecerveauet
diminuant
ladouleur
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2. SUD OUEST Jeudi19novembre2020
2025 », avance Maryne Cotty-Es-
lous.
Desfreinsculturels
Le chemin ne sera pas simple,
comme tout pionnier. Il faudra
lever des freins culturels, chan-
ger le regard sur les thérapies di-
gitales, qui commencent à pren-
dre leur envol aux États-Unis.
Maisaussichoisirlebonbusiness
model.« Nousvendronssoitaux
laboratoires pharmaceutiques,
soit en B to C, soit aux assu-
reurs », précise-t-elle. En fait,
« mes investisseurs, qui sont
100 % français, ont beaucoup
de courage. Ils ont investi sur
l’une des rares techs du pays
dirigées par une femme et sur
la douleur chronique, où nom-
bre de sociétés ont échoué »,
souligne cette chercheuse.
Pour l’heure, sa société n’affi-
che qu’1,3 million d’euros de
chiffre d’affaires. Mais son po-
tentiel est réel.
« Lucine apporte une appro-
che nouvelle avec son équipe
pluridisciplinaire et a de soli-
des fondamentaux scientifi-
ques, contrairement aux au-
tres digital therapeutics », es-
time le Dr
Serge Marchand,
chercheur à l’Université de mé-
decine de Sherbrooke au Qué-
bec. D’ailleurs, « c’est en enten-
dant le témoignage éloquent
d’une patiente que nous avons
eu envie de nous engager »,
confie Camille Le Roux, direc-
trice de participation du fonds
régional Aquiti Gestion. Grégo-
ry Lefort, son mentor à Hemera,
accélérateur bordelais de start-
up, qui la suit depuis le début,
a été, quant à lui, séduit par la
personnalité de Maryne, sa pu-
gnacité, « sa capacité à écouter,
à apprendre vite ». Une pugna-
cité, qui sera précieuse pour re-
lever le défi de concrétiser tou-
tes ces promesses. « Maryne a
aussi une capacité hors du
commun à fédérer des talents
issus de divers horizons », met
en avant Sophie Pierrin Lepi-
nard de BNP Paribas Dévelop-
pement. En tout cas, « mon ob-
session aujourd’hui est que no-
tre produit soit accessible au
plus grand nombre », insiste
Maryne, fille d’ouvrier, altruiste
dans l’âme.
leur numérique
Maryne Cotty-Eslous,fondatrice de Lucine,a levé 5,5 millions
auprès de Kurma Partners,Bpifrance,BNP Paribas
Développement,Aquiti Gestion et Irdi Soridec.PHOTO FABIEN COTTEREAU
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