La 28e
édition du Festival de la Communication Santé a récompensé les meilleures opérations de communication santé des institutions, des associations et des entreprises, destinées à l’ensemble des professions de santé, des patients et du grand public. Une place importante était accordée à l’expérience patient.
Festival de la Communication Santé 2013 : conférence Médias sociaux, santé mo...
Article paru dans Pharmaceutiques : Les patients mis à l'honneur au Festival de la Communication Sante
1. Industrie Communication
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pharmaceutiques - février 2018
C
omme chaque année, la
présidente du Festival,
Dominique Noël, et son
équipe ont tenu à placer
les patients au cœur de la program-
mation. C’était le cas, par exemple,
avec les “speed visions”, des formats
courts et percutants, où des patients
et leur famille font entendre leur voix
sur les épreuves de leur quotidien, les
difficultés à traverser, mais aussi les
moments plus joyeux.
Ainsi, le père de Noé, Frédéric Lemos
– en campagne avec Gustave Roussy
pour lever des fonds et développer la
recherche pour guérir les cancers des
enfants – a témoigné du parcours de
son fils, décédé à sept ans d’un cancer
rare du cerveau. Athénaïs de Truchis de
Lays, greffée trois fois du foie, a raconté
son expérience dans l’émission Secret
Story, une incursion dans la télé-réalité
destinée à sensibiliser le grand public
au don d’organes. Aujourd’hui, elle
s’investit dans l’association des mala-
dies du foie de l’enfant (AMFE), dont
l’objectif est de soutenir la création de
chambres mère-enfant. Alice Rivières,
pour sa part, s’implique dans la plate-
forme Ding Ding Dong, un « institut de
coproduction de savoir sur la maladie de
Huntington ». Un support inédit pour
faire connaître cette maladie neuro-
évolutive rare et héréditaire, qui touche
8 000 personnes en France et pour
laquelle il n’existe pas de traitement.
Diffuser une information fiable
Outre la voix des patients, cette édi-
tion 2017 a également permis d’abor-
der les conséquences dues à une dif-
fusion rapide de l’information auprès
du grand public, que ce soit lors de
dérives médiatiques, d’infodémies
(épidémies de rumeurs) ou encore
dans la relation médecin-patient.
Ainsi, Stéphanie Chevrel, directrice
de Capital Image et fondatrice de
l’Observatoire de l’information san-
té, qu’elle a créé avec le soutien de la
Chaire Santé de Sciences Po, a analysé
les conséquences d’une dérive média-
tique intervenue après la publication
d’une étude scientifique dans la revue
Science, expliquant pourquoi certains
organes sont plus susceptibles que
d’autres de développer une tumeur.
En 48 heures, l’étude va être défor-
mée par les médias, avec des titres du
type « Le cancer : c’est la faute à pas
de chance »… « Ce modèle d’informa-
tion tronquée et spectaculaire, reprise
instantanément dans le monde entier
et sans vérification, est de plus en plus
fréquent », estime-t-elle. Avec l’émer-
gence des nouveaux médias et des
réseaux sociaux, il est donc important
de réfléchir aux moyens de contrer ces
emballements. « Le journaliste doit
remonter à la source, mais aussi plus
que jamais distinguer la vraie infor-
mation de ses nombreux reflets pour
demeurer le garant d’une information
scientifique, authentique et fiable »,
rappelle Stéphanie Chevrel.
Le Dr Sylvie Briand, directrice de
Festival de la Communication Santé 2017
Les patients mis
à l’honneur
La 28e
édition du Festival de la Communication Santé a récompensé les
meilleures opérations de communication santé des institutions, des associations
et des entreprises, destinées à l’ensemble des professions de santé, des patients et
du grand public. Une place importante était accordée à l’expérience patient.
La 28e
édition du
Festival de
la Com-
munication
Santé a réuni
plus de 500
participants,
à Deauville,
les 24 et 25
novembre
derniers.
DR
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février 2018 - pharmaceutiques
la gestion des risques infectieux à
l’OMS, mais aussi du programme
de gestion des situations d’urgence
sanitaire porté par l’organisation, a
ensuite indiqué la conduite à tenir
pour lutter contre les infodémies.
Ces dernières sont tout aussi nuisibles
pour la santé que les épidémies, avec
leurs dérives de communication et
leurs lots de “fake news”. D’où l’im-
portance d’adopter des comporte-
ments qui vont permettre de stopper
la transmission de ces rumeurs. Enfin,
Philippe Denormandie, chirurgien
et directeur des relations santé à la
MNH, a pointé du doigt la difficulté
des relations soignants/soignés due
à la rapidité d’accès à l’information.
Une évolution radicale qu’il faut « très
vite intégrer pour repenser notre sys-
tème de soins et la formation des pra-
ticiens ».
Des tables rondes
de haut niveau
Plusieurs tables rondes ont permis
d’échanger sur des sujets de société
comme la transparence de l’informa-
tion santé, la prévention du stress,
le choix des mots pour parler du
bien vieillir. Trois thématiques qui
peuvent concerner tout un chacun.
La table ronde sur « la transparence
et ses limites », animée par Eric de
Branche, directeur de la communica-
tion du Leem, a été fort appréciée de
l’auditoire. Il en ressort que le public
plaide globalement pour une plus
grande transparence, que ce soit dans
l’information médicale donnée par le
médecin au patient ou celle délivrée
par les autorités de santé. S’agissant
de l’information médicale du patient,
Magali Leo, responsable du plaidoyer
Renaloo, invite les autorités et les pro-
fessionnels de santé à « se pencher sur
les réseaux sociaux qui permettent de
remonter des signaux avant qu’une
crise ne se déclare et à mieux infor-
mer les patients ». Et de regretter « la
tétanie des autorités sanitaires » dans
l’affaire du Lévothyrox®. Autre ques-
tion soulevée : jusqu’où aller dans
l’information médicale à délivrer au
patient, en cas de maladie grave ?
Doit-on tout dire ? « Il faut toujours
dire la vérité, mais en rassurant le
patient, et non de manière brutale »,
répond le Dr Fabien Guez, cardio-
logue et journaliste à BFM Business,
qui prône une transparence « positive
et porteuse d’espoir pour le malade ».
La table ronde sur la prévention du
stress, animée par Nicolas Bohuon, et
réalisée en partenariat avec Pharma-
ceutiques et la FNIM, a présenté les
résultats d’une étude Opinion Way –
Fondation Ramsay Générale de Santé
– #FCSanté – FNIM. Elle montre
que 9 Français sur 10 éprouvent du
stress, à la source d’un certain nombre
de pathologies. Les jeunes générations
sont plus stressées qu’autrefois. 46 %
des 25-34 ans disent que leur niveau
de stress a augmenté ces dernières
années, contre 30 % chez les plus de
65 ans. S’agissant des personnes at-
teintes de maladies dermatologiques
(psoriasis, dermatite atopique), 55 %
des personnes interrogés déclarent que
le stress a augmenté au cours des trois
dernières années. 8 personnes sur 10
estiment que ce stress peut avoir des
conséquences à long terme sur leur
santé. Dans le détail, 70 % des son-
dés pensent que le stress engendre des
problèmes de sommeil à long terme,
57 % des problèmes psychologiques
et 51 % des problèmes cardiaques.
Pour lutter contre ce stress, 39 %
font du sport, 15 % du yoga ou de la
méditation, tandis que 28 % ne font
rien. La Fondation Ramsay Générale
de Santé, avec Kap Code, a également
analysé les publications scientifiques
de ces dix dernières années en lien
avec le stress. Il en ressort que 24 %
des recherches sur le stress traitent de
ses impacts sur la santé mentale (in-
somnie, souffrance émotionnelle…),
20 % sur les maladies métaboliques
(diabète, surpoids…) et 14 % sur les
affections cardiovasculaires.
La troisième table ronde, intitu-
lée « Les bons mots pour le dire »,
était organisée en partenariat avec
la Fondation Korian. Animée par
Eric Phélippeau, président de By
Agency Group, elle s’est focalisée sur
la manière de s’adresser aux seniors.
L’enquête « Changeons les mots pour
transformer le regard sur les aînés »,
pilotée par la Fondation Korian, a
permis d’identifier les champs sé-
mantiques utilisés pour parler des
personnes âgées. De cette étude, on
retient que les mots utilisés se révèlent
souvent techniques et inappropriés,
voire parfois blessants. Un guide pra-
tique précise ainsi les mots à bannir
et ceux à privilégier pour parler posi-
tivement du grand-âge, de la dépen-
dance, de la maladie et des maisons
de retraite. Le « guide des mots du
bien vieillir » veut ainsi sensibiliser et
convaincre les professionnels de santé,
les institutionnels et la société fran-
çaise dans son ensemble de l’intérêt
de changer les mots et les regards sur
le vieillissement.
Leo Pharma et Merck
à l’honneur
Comme chaque année, des prix ont
été décernés. Parmi les gagnants, le
Grand Prix du Festival est revenu
à Leo Pharma pour sa campagne
#31cestTrop (Agence Plan.net/Capi-
tal Image). Cette étude, basée sur les
résultats de l’enquête Pso Happy, a
été menée par le Happiness Research
Institute et Leo Innovation Lab, en
partenariat avec les associations de
patients française et belge. Elle avait
pour but d’évaluer l’impact du psoria-
sis sur le bonheur. Résultat : les pa-
tients atteints de psoriasis sévère ont
31 % de bonheur en moins par rap-
port à la population générale. Cette
approche d’une maladie affichante,
évaluant les conséquences d’une
maladie chronique sur ceux qui en
souffrent, a séduit l’ensemble du jury,
car elle propose une représentation
plus sensible et concrète des attentes
des patients.
Le coup de cœur du Festival a salué le
lancement par les laboratoires Merck
du programme connecté On StEPs,
dédié au sport et au bien-être (Agence
Capital Image). Outre ces deux cham-
pions, le Festival compte plusieurs ga-
gnants dans dix catégories. Parmi les
projets primés qui ont reçu un coup
de cœur dans la catégorie commu-
nication santé publique, figurent les
sessions organisées par MSD en pré-
sence d’un mentaliste auprès de mé-
decins généralistes et de pharmaciens
d’officine, destinées à permettre à ces
professionnels de mieux détecter les
réticences et mensonges des patients
à propos de l’observance. n
Brigitte Postel
L’ensemble du palmarès est à retrouver
sur le site du Festival :
www.festivalcommunicationsante.fr