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L’Ipamed est une initiative euro-méditerranéenne pour recenser le patrimoine archéologique. La Tunisie
a été le pays pilote. Où l’on vérifie que la technique peut, mais qu’il faut de la volonté et des moyens pour
que de vrais changements aient lieu.
pour le patrimoine tunisien. Certes, 15 % des sites ainsi
recensés sont menacés par des phénomènes naturels
comme l’érosion des sols, mais ce n’est rien comparé au
42 % de sites mis en danger par la main de l’Homme. Les
pratiques agricoles constituent, et de loin, le plus grave
problème, puisqu’il affecte la moitié des sites concernés,
suivi par l’explosion urbaine (28 %), la réutilisation du site
(14 %) et l’archéologie sauvage, donc illégale (11 %).
En 1995, à Barcelone, les pays riverains de la Méditerranée Une fois ce diagnostic réalisé, les données collectées
ont affirmé dans une déclaration commune que « les par Ipamed peuvent être un bon outil d’aide à la décision
traditions de cultures et de civilisations de part et d’autre pour les archéologues. En les aidant à choisir où fouiller,
de la Méditerranée, le dialogue entre ces cultures et les il en résulte un gain de temps considérable, qui rend leur
échanges humains, scientifiques et technologiques sont travail plus efficace. Il fournit aussi aux collectivités locales
une composante essentielle du rapprochement et de et à tous les responsables compétents les informations
la compréhension entre leurs peuples et d’amélioration nécessaires pour mettre en place une politique du
de la perception mutuelle ». Encore faut-il connaître sa patrimoine qui soit plus efficace.
culture et être en mesure d’inventorier le patrimoine de tout
un chacun, une première étape pour ensuite pouvoir le Un diagnostic pour agir ?
protéger. Cependant, le programme pilote rappelle aussi une cruelle
Lancé en 1988, dans le but de sauvegarder le patrimoine réalité : une fois les problèmes identifiés et quantifiés, leur
culturel de ses 27 pays partenaires, Euromed Heritage, résolution passe par la mobilisation de moyens. Or, les
soutenu par l’Union européenne a ainsi retenu seize projets pays de la Méditerranée du Sud manque de professionnels
pour un budget total initial de 17 millions d’euros. possédant les qualifications et l’expérience nécessaire pour
L’IPMAED – Inventaire du Patrimoine Méditerranéen – est conserver le patrimoine. Ce n’est pas l’équipe internationale
l’un de ces projets : il montre comment les nouvelles de 25 personnes constituée lors de la phase test qui
technologies peuvent aider à la préservation du patrimoine inversera la tendance, même si cela fait partie des réussites
archéologique. Réunissant la France, l’Algérie, l’Autorité du programme. Conscient de ce problème qui reflète la
palestinienne, la Tunisie, la France et l’Italie, ce programme prise en compte finalement assez récente de la question du
vise à créer un système d’information géographique, en patrimoine, Euromed Heritage entend désormais donner la
utilisant à la fois le système de positionnement mondial priorité aux questions de formation.
(GPS) et la photographie satellite aérienne. Une plate-forme Un repositionnement de cette initiative d’autant plus
spécifique, un middleware comme le veut le jargon, permet nécessaire que les pays du Maghreb possèdent quelques-
ensuite d’accéder à la documentation attachée au site uns des joyaux du patrimoine méditerranéen, joyaux qui
sélectionné. Cette alliance permet, selon les promoteurs du ont été dégradés par une urbanisation qui trop souvent les
projet, de repérer les sites archéologiques et, surtout, les a ignorés. La technique a montré qu’elle pouvait aider à les
dangers immédiats qu’ils encourent. Sous l’égide de l’Institut repérer et à identifier les dangers qui les menacent. Restent
National du Patrimoine, un organisme français, les premiers à mobiliser des moyens pour les préserver. Il en va « du
travaux ont été réalisés en Tunisie. Ce pays a, en effet été rapprochement et de la compréhension entre leurs peuples
retenu pour la phase pilote, en raison de la richesse de son et d’amélioration de la perception mutuelle ».
patrimoine archéologique. La richesse se conjugue avec un Khaled Koubaa
éparpillement des sites. Cette configuration rend l’inventaire
particulièrement délicat à réaliser avec des moyens
classiques.
La technique pour pointer les errements humains
À l’issue de l’examen réalisé par les équipes en place, il
apparaît que l’action de l’Homme est la principale menace
La Tunisie possède un riche patrimoine archéologique