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Uber à la conquête du continent Africain : Diane Lawson pour Forbes Afrique
1. 106 | FORBES AFRIQUE FÉVRIER 2016
Uberàlaconquêteducontinent
Uber ?C’estl’entreprisetechnologiquecaliforniennequiadéveloppé
etexploitedesapplicationssursmartphonesquipermettentdemettre
enrelationdesclientsetdesconducteursdevoitures,offrant unservice
alternatifdetaxi.L’AfriqueduSudestlepremierpaysafricaindanslequel
s’estdéveloppéceservice. Mais au-delà de JohannesburgouduCap,
UberestdéjàprésentàLagos,Nairobi,auCaire...
PROPOS RECUEILLIS PAR DIANE LAWSON
FORBES AFRIQUE
TRANSPORT
ENQUÊTE
A
lon Lits est un jeune Sud-
Africain qui a rejoint Uber en
août 2013, dès le lancement
africain de cette application
mobile. Il a débuté sa carrière
dans le département Leveraged Finance de la
banque d’investissement Investec, en Afrique
du Sud. Diplômé de l’Insead, Alon Lits a
effectué un stage au cours de son MBA dans
le fonds de Private Equity LeapFrog dédié aux
marchés émergents.
Il est récemment devenu directeur général
d’Uber pour l’Afrique subsaharienne et a
la charge de six villes : Le Cap, Durban,
Johannesburg, Pretoria, Lagos et Nairobi. Il
nous explique comment Uber s’y prend pour
pénétrer le continent.
FORBES AFRIQUE : Comment Uber
décide-t-il de s’implanter dans une ville et
comment s’y prend-il?
ALON LITS : L’équipe de lancement
étudie en amont le marché dans lequel Uber
compte pénétrer. Elle commence par étudier
des éléments macroéconomiques du pays :
le nombre d’habitants, le niveau du PIB, la
croissance, la stabilité politique ainsi que le
taux de pénétration des smartphones et des
cartes de crédit. Elle cherche ensuite à bien
comprendre l’environnement réglementaire
en matière de transports.
Puis, elle estime l’appétit des habitants pour
son service : une question cruciale est de savoir
s’il y a une demande pour un service comme
celui d’Uber. Notre promesse est de fournir un
service de transport fiable à un prix abordable.
En Afrique du Sud, nous avons quasiment créé
une solution de transport public, car, avant
notre arrivée, les habitants devaient compter
uniquement sur leurs propres voitures. Le
corollaire de cette question est de déterminer
si une offre suffisante existe c’est-à-dire : y-a-t-
il assez de chauffeurs pour lesquels l’utilisation
de l’application Uber présente un intérêt
économique?
Ensuite quand la décision de pénétrer une
ville donnée est prise, une équipe restreinte
locale, composée d’un General Manager, d’une
personne en charge de la demande (acquisition
des utilisateurs) et d’une en charge de l’offre
(flotte des chauffeurs), lance Uber dans la ville.
Quels sont les challenges auxquels Uber
est confronté lorsqu’il lance son service
dans une ville?
A. L. : Etablir la confiance est le challenge
principal. En effet, nous devons amener les
utilisateurs à utiliser leur smartphone dans le
domaine des transports – expérience à laquelle
ils ne sont pas nécessairement habitués à avoir
au départ – et à transmettre leurs coordonnées
bancaires.
Nous nous assurons en premier lieu que le
message communiqué autour de la confiance
est vrai. A cette fin, nous appliquons des
procédures de sécurité strictes et faisons
effectuer par une tierce partie une vérification
approfondie des antécédents et des références
Chez Uber, pas
de vieilles voitures,
mais des véhicules
qui correspondent à
un certain standing!
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ENQUÊTETRANSPORT
d’Afrique, nous utiliserons également cette
opportunité.
Nous ne pouvons pas toujours nous appuyer
sur les autorités locales pour la vérification
des antécédents des chauffeurs. Par exemple,
en Afrique du Sud, les empreintes digitales
des chauffeurs sont prises et comparées à une
base de données de la police. Les chauffeurs
doivent également fournir leur permis de
conduire professionnel. Nous nous sommes
rendu compte que 10 à 15 % des détenteurs de
cette accréditation ont un casier judiciaire,
alors que ces derniers sont censés avoir un
casier judiciaire vierge pour détenir un tel
permis… Nous avons donc mis en place un test
psychométrique pour évaluer la personnalité
des chauffeurs, car la police n’a pas toujours
des données fiables. Par ailleurs, un entretien
préalable a lieu et des références sont exigées
pour nos chauffeurs. Les trois piliers de
vérification que nous utilisons sont l’examen
du casier judiciaire, le test psychométrique et
les références du chauffeur.
Comment devient-on un chauffeur
Uber?
A. L. : Ceux qui souhaitent travailler avec
nous font face à quelques difficultés. Elles
résultent des barrières à l’entrée, pour s’établir
à son compte et devenir auto-entrepreneur.
Les chauffeurs n’ont souvent pas connaissance
de l’aide que nous pouvons leur apporter. Par
exemple, nombre d’entre eux possèdent de
vieilles voitures qui ne sont pas au standard
d’Uber. Ainsi, nous avons conclu un accord
avec des compagnies de location de voitures à
court terme pour que les chauffeurs puissent
avoir accès à des voitures de qualité quels que
soient leurs dossiers de crédits. En novembre
2015, en Afrique du Sud, Uber a également
noué un partenariat avec la WesBank, une
banq ue qui accorde des crédits pour la
maintenance d’un véhicule, pour offrir à ses
chauffeurs ce service à des tarifs préférentiels.
Autre frein : beaucoup de chauffeurs
utilisaient un smartphone pour la première
fois. La première étape du programme de
formation d’Uber est donc d’apprendre aux
chauffeurs comment utiliser leur smartphone.
Par ailleurs, Uber est confronté à
un problème d’adresses. En Afrique
« Dans
beaucoup de
cas, il n’y a pas
véritablement
d’autre
solution que
le service
rendu par
Uber, le besoin
est réel. »
Pour Alon Lits, directeur
général d’Uber pour
l’Afrique subsaharienne,
le gage de sa société est
d’offrir un transport en
voiture sûr, abordable et
fiable!
subsaharienne, la plupart des rues n’ont
pas de nom, d’où une difficulté à indiquer
précisément sa localisation. Grâce à la
géolocalisation, nos chauffeurs se dirigent non
vers une adresse précise, mais vers un point
épinglé sur une carte. Ainsi Uber a noué un
partenariat avec OkHi, à Nairobi, une start-up
kényane qui permet de fournir aux personnes
qui n’en disposent pas, une adresse fixe à
partir de coordonnées GPS et d’une photo.
Parfois la connectivité à Internet est
médiocre. Uber encourage donc ses chauffeurs
à avoir deux cartes Sim. Par ailleurs, Uber
travaille à élaborer des produits ne nécessitant
pas une forte connexion réseau.
Qu’est-ce qui explique le succès d’Uber?
A. L. : Plusieurs raisons expliquent notre
succès. Nous créons une nouvelle façon de
voyager. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas
véritablement d’autre solution que le service
rendu par Uber, le besoin est réel.
Nous offrons aux chauffeurs l’opportunité
de développer leur activité pour la faire
changer d’envergure. Pas besoin d’avoir
une flotte importante de voitures, d’investir
massivement en marketing pour acquérir des