1. PourlaChronique,lepatrondelaGrande
Boucle évoque ce Tour 2015, les étapes bre-
tonnes et plus particulièrement celle de
Fougères, mais aussi le potentiel des cou-
reurs tricolores.
Quelle est la spécificité, l’ADN de ce Tour
2015 ?
Ce sera la première fois depuis 2006 que nous
avons dix jours en plaine. Par ailleurs, ce sont les
40 ans du maillot à pois de meilleur grimpeur
et nous avons une génération de grimpeurs
exceptionnels. Ces deux choses-là se retrou-
vent dans le tracé du Tour de France
puisqu’il y a deux parties très distinctes.
Le Grand départ se fera des Pays-Bas à
Utrecht et nous avions la volonté d’aller
jusqu’enBretagne.Lamanièredeconce-
voir les parcours, de regarder les épreu-
ves a beaucoup changé ces dernières an-
nées. Et puis il y a la géographie de la
France et les régions de France qui aiment
le plus le vélo et le Tour. Dans celles-ci, il
y a naturellement la Bretagne. Nous
n’envisagions pas de ne pas aller en
Bretagne en 2015. Et, puisque nous
partions des Pays-Bas, il y a forcément
dix jours de plaine ! (rire)
Dans ces dix premiers jours de
plaine, nous avons essayé de met-
tre tous les ingrédients qui font le
sel de la compétition. Jouer avec
des arrivées en bosse : c’est vrai
que le mur de Huy, théâtre de
l’arrivée de la Flèche wal-
lonne depuis 30 ans, sera la
première fois dans l’his-
toire du Tour de France ;
Mûr-de-Bretagne, qui
avait été un succès for-
midable en 2011 avec la
victoire de Cadel Evan
qui avait gagné le Tour
de France ensuite. Il y
auralespavéspourla
deuxième année
c o n s é c u t i v e .
Depuis 2010, on
remet régulière-
ment les pavés de
manière forte. Et
puis on joue aussi
avec le vent, pour
une arrivée inédite
en Zeland sur une di-
gue avec la mer, le ciel
partout et, au milieu, des coureurs, mais
aussi en Seine-Maritime avec l’étape le
long des falaises d’Etretat notamment
avant d’arriver au Havre.
Et la Bretagne ?
Ilyavraimentunweek-endbretonou-
vertàtouslestypesdecoureurs,dessprin-
teurs pour l’arrivée à Fougères, les
puncheurs et les favoris du Tour de
France sur l’étape qui va s’élancer de
Rennes et se terminer à Mûr-de-
Bretagne et puis les rouleurs natu-
rellement de Vannes à Plumelec sur le contre-
la-montre par équipes qui sera atypique, lui-
aussi, à l’image de la première semaine, c’est-à-
dire qu’il y aura une arrivée en bosse à Plumelec
par Cadoudal. Donc des vrais questions tacti-
ques pour les équipes : est ce qu’on préserve
dans l’essentiel du parcours un coureur qui va
aiderpourlesdeuxdernierskilomètresd’ascen-
sion, préfère- t-on parier sur les rouleurs quitte
à perdre un grimpeur qui pourrait être utile sur
la fin ?
La 2e
partie du Tour sera très
concentrée « montagne ». Il
n’y a pas plus de montagne
que les autres années. En
revanche, elle est concen-
trée sur les derniers jours
avec à la fois des som-
mets emblématiques
comme le plateau de
Beille ou l’Alpe-d’Huez
placée pour la première
fois la veille de l’arrivée à
Paris, mais aussi avec de
nouvelles ascensions
comme le final à la
pierre Saint-Martin ou
les somptueux lacets de
Montvernier.
S u r l ’ é t a p e L i v a ro t
Fougères, aura-t-on forcément
une arrivée au sprint ?
(Rires) Ça je n’en sais rien, mais il
y a quand même de fortes probabi-
lité pour que cela se termine
commeçapuisqu’ilyaurapeu
d’occasions pour les
s p r i n -
teurs, type
Marcel Kittel ou
Mark Cavendish, de s’imposer
dans la première semaine alors
qu’en se disant ‘’il y a dix jours de plaine, on va
gagner chacun trois fois’’. Cela ne va certaine-
ment pas être le cas ! Ils ont une possibilité en
Zéland si le vent ne s’en mêle pas, mais aussi à
Amiens et une autre à Fougères. Les équipes de
sprinteurs, assurément, feront tout pour qu’il y
ait un sprint massif. Maintenant, tout est tou-
jours possible.
Livarot- Fougères, je trouve que cela sonne
bien. Cela fleure bon le terroir. Livarot évidem-
ment et son fromage. Fougères et son château
magnifique. Ce sont des sites qui ont de l’allure.
Pour nous, Livarot, c’est aussi François
Lemarchand,notrecollaborateurquiacouru10
Tour s de France et a été équipier ô combien ap-
précié de Greg Lemond, et salarié ô combien
apprécié d’ASO. Et Fougères : c’est rare que l’on
revienne avec un intervalle si court dans une
ville.C’étaitFougèrespourundépartd’étape
vers Tours en 2013 pour la 100e édition. Si
nousrevenonsdeuxansaprèsavecunear-
rivée, c’est que clairement que cela s’était
très bien passé en 2013.
Justement, pourquoi deux res
D’une part, il y a le parcours qui fait que,
bien sûr. Et puis ensuite, comme je viens
de vous le dire, des relations de confiance
se sont tissées à tous les niveaux avec les
élus, Louis Feuvrier, avec les équipes tech-
niques entre elles. Si vous me voyiez tra-
cer une étape, vous verriez que je mets
ma main au-dessus de ma tête pour simu-
ler une sorte d’hélicoptère. Il y a l’aspect
sportif et qu’est-ce que cela donne pour
les millions de gens qui sont dans leur ca-
napé et qui regardent le Tour de France
à la télé. C’est ça le plus important. La vé-
rité du Tour, c’est ce que voient les gens à
la télé.
Le château de Fougères, cela a une sacrée
belle allure. Jean-Maurice Ooghe (le réalisateur
du Tour à France Télévisions) va évidemment
s’en délecter. A vol d’oiseau, la distance entre
l’arrivéeetlechâteauestde1,1kmetentrel’ar-
rivée et le centre-ville 700 m. Donc, pour l’héli-
coptère, ce n’est évidemment rien ! Pour les
gens, l’arrivée d’étape sera au pied du château.
Ce sont des images qui comptent évidemment
pour nous. Le Tour de France est la plus grande
compétition cycliste mondiale. C’est aussi un
moyenabsolumentexceptionneldemontrerles
richesses de notre pays
et de notre territoire :
nos châteaux, nos égli-
ses, la montagne, la mer,
la campagne. Le tourisme
a un rôle absolument fon-
damental pour la France et
quelmeilleurmoyendemettre
en lumière nos beautés que par
une retransmission du Tour de
France !
L’étape de Fougères n’arrivera pas
tout à fait au pied du château (mais
dans le boulevard des Déportés). C’était
trop difficile d’arriver à côté du château ?
Là où arrivera l’étape, c’était le seul endroit
dans la ville où nous puissions arriver. On prend
de la place ! Maintenant, vous savez, pour les
millions de gens à la télé, on sera clairement au
piedduchâteau.Souvenez-vousd’uneétapeau
CapFréhelen2011,onn’étaitpasauCapFréhel
mais à 3,5 km. Mais, par la magie des hélicop-
tèresetdel’image,nousyétions!EtàFougères,
ce sera exactement la même chose, on sera très
clairementaupiedduchâteaupourlestéléspec-
tateurs, qu’ils soient en France, aux Pays-Bas, au
Royaume-Uni, en Australie...
Sur ce Tour 2015, un Français peut-il ga-
gner ?
Ecoutez, je ne le sais pas. Ce qui est certain,
c’est que l’année dernière à la même époque,
je vous aurais répondu non. La 2e
et 3e
place de
Jean-Christophe Péraud et de Thibault Pinot, la
6e
de Romain Bardet et la 11e
de Pierre Rolland,
après sa 4e
place au Tour d’Italie, Waren Barguil,
grand espoir, a coché assurément Mûr-de-
Bretagne sur la liste de ses ambitions et de ses
rêves. Je pense qu’ils seront là. De là à gagner
le Tour, je ne sais pas. Il faut aussi des circons-
tances favorables. Ce qui est certain, c’est que
les dix premiers jours du Tour seront détermi-
nants parce que tout est possible. Sur les jour-
nées de pavés, avec le vent, il peut y avoir des
surprises énormes. L’un des favoris peut être re-
légué à plusieurs minutes. Bref, ce seront pour
les favoris dix jours où il faudra éviter les piè-
ges. Et pour ceux qui sont au deuxième rang,
comme nos Français de talent, il y a l’occasion
de faire un coup absolument formidable.
L’histoire est n’est pas écrite. Il n’y a pas de rai-
sondecroirequelesFrançaisneserontpasaussi
bons que l’année dernière.
Recueilli par Benoît FOUQUE
Interview Christian Prud’homme, directeur du Tour de France
Près de 4500 personnes
oeuvrent sur le Tour de
France pendant trois semai-
nes.Outrelescoureurs,lepu-
blic vient aussi pour assister
àlaparadedelacaravanepu-
blicitaireetses14millionsde
cadeaux distribués.
L’ensemble de la caravane du
Tour de France représente envi-
ron 4500 personnes. Des 200
coureurs aux staff des équipes,
enpassantparlesjournalistes,le
personnel qui monte et dé-
monte les décors aux départs et
aux arrivées, ainsi que les mem-
bre de la caravane publicitaire...
LaGrandebouclereprésenteun
impressionnantballetquidanse
de ville en ville pendant trois se-
maines.
La caravane publicitaire du
Tour de France, créée en 1930,
concentre plus de 180 véhicules
actuellement. De nombreuses
marquesetsponsorssontrepré-
sentés.
Le défilé douverture, qui pré-
cèdedequelquesheureslescou-
reurs, fait le bonheur des spec-
tateurs et surtout des enfants,
très friands des objets, cadeaux
etgadgetsdistribuésparlesmar-
queslelongdelaroute.S’étirant
surenvirondouzekilomètres,la
caravanedistribuepasmoinsde
14 millions de cadeaux.
D’ailleurs, le public ne vient
pas seulement sur le Tour pour
voir passer les coureurs, mais
aussi la caravane. D’après une
étude, 47 % des spectateurs
viennent en priorité pour la ca-
ravane,préciseleTourdeFrance.
L’Armada de la caravane du Tour
La caravane du Tour fait
le bonheur des petits et
des grands, comme ici
a u d é p a r t d e l ’ é t a p e
de Fougères en 2013
« Livarot-Fougères, cela fleure bon le terroir »
Mercredi 8 juillet 2015 • 35
Christian Prud’homme, ici à
Fougères en 2013 : « Pour les mil-
lions de gens à la télé, on sera
clairement au pied du château de
Fougères »