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L3 Culture et Médias 
Année universitaire 2012-2013 
Université Charles de Gaulle – Lille 3 
UE – Régulation des échanges médiatiques 
Enseignant référent CM : Cédric TERZI 
Enseignant référent TD : Nozha SMATI 
A l'aube du "réveil arabe", l'affaire Persepolis 
sous une perspective médiatique : 
comment la diffusion d'un film en Tunisie peut-elle 
mettre le feu aux poudres dans un contexte de 
transition démocratique ?
Groupe 3 - Étudiants 
Guillaume BARONNA 
Valentin BRASSAC 
Justine CAILLET 
Laetitia CORNIERE 
Sophie DE BERNY 
Charlotte HOORELBEKE 
Marine JENICOT 
Adriana LEVET 
Joris NAESSENS 
Carole PERASTE 
Carmen ROUCHET 
Josselin ROBIEZ 
Marie SAAB 
Bertille SIMON 
Marion TINOCO 
Yasemin TOPRAK 
Amandine VERMARE 
Marion VIAIRON 
Mélodie VLAMYNCK 
Margaux WANHAM
SOMMAIRE 
Introduction 
1. L'affaire médiatique Persepolis 
1.1 Définition d'une affaire médiatique 
1.2 Le contexte : la Révolution tunisienne 
1.3. Discours médiatiques sur l’affaire Persepolis 
1.4 Les conséquences de la diffusion du film 
1.5. Acteurs et points de vue 
2. Le combat démocratique et libertaire sous l’oeil de la politique 
2.1. L'organisation des élections et le ressenti populaire 
2.2. Ennahda et la montée de l’extrémisme religieux 
2.3. L'appropriation de l'affaire Persepolis et son utilisation politique 
3. Les enjeux consécutifs à l'affaire Persepolis 
3.1. La division d'un peuple au lendemain d'une unité : une identité à rebâtir 
3.2. L'apprentissage de la démocratie: l'espace public, lieu de débat en construction 
3.3. Un flou médiatique : comment définir et utiliser la liberté d'expression ? 
Conclusion 
Bibliographie 
Annexes 
Index 
Table des matières
INTRODUCTION 
Persepolis est au premier abord un film d'animation franco-iranien sorti en 2007, de Vincent 
Paronnaud et Marjane Satrapi, s'inspirant de la bande dessinée de cette dernière et portant le même 
titre. L'histoire prend place dans le Téhéran (Iran) de 1978, et traite de la chute du Shah et de la 
montée de l’extrémisme religieux qui s'en est suivit, au travers les yeux d'une petite-fille, Marjane. 
Une petite-fille que l'on va suivre à travers son évolution, ses ambitions, ses pertes. Ce film 
autobiographique, en noir et blanc quasiment durant toute sa durée, rend compte d'une société 
iranienne en mouvement et en tension. Il dresse le paysage d'une situation complexe entre chute 
d'un dictateur, pression religieuse, attaques militaires, oppositions, révoltes... 
Ce film relatant un contexte particulier, violent et en confrontation est lui-même, en tant que 
support, l'élément d'une controverse. Cette controverse s'inscrit au coeur d'un pays du Maghreb au 
contexte politique, social et sociétal spécifique : la Tunisie. La diffusion de Persepolis le 7 octobre 
2011 par la chaîne privée Nessma TV, en dialecte tunisien, entraîne le pays dans un état de 
confrontation et d'expression de positions, un état en écho avec la révolution que le pays vient de 
vivre. Au lendemain de la Révolution de Jasmin, du 14 janvier 2011, les Tunisiens ont mis fin à la 
dictature de Ben Ali, libérant une nouvelle répartition de l'espace public, un espace public ouvert à 
son peuple : une nouvelle citoyenneté. Cependant, l'enthousiasme lié à cet événement laisse vite 
place à un certain désenchantement, lorsque la population se pensant si « parfaitement » unie, prend 
conscience de toute sa multiplicité et diversité. Les Tunisiens se découvrent et apprennent à 
s'identifier à un nouvel ordre social et politique, celui d'une démocratie. 
Persepolis arrive donc dans une période particulièrement sensible, et va faire en sorte d'interroger 
de nouvelles problématiques, qui n'avaient pas lieu d'être sous le régime d'un dictateur : la liberté 
d'expression, les croyances religieuses, la diversité du peuple, le rôle des médias et des 
journalistes... 
En fait, Persepolis avait déjà été diffusé entre 2007 et 2009 dans les salles de cinéma de Tunisie, et 
n'avait provoqué ni questionnements, ni revendications. Le contexte semble donc bien être un 
élément fondamental dans la réception qu'en ont faite les Tunisiens en 2011. 
C'est cette rediffusion du film en 2011, par la chaîne Nessma TV, dans le dialecte tunisien, à la suite 
d'une union puis d'une prise de conscience d'une multiplicité, dans un contexte de redéfinition de 
repères et d'identité, qui a créé la controverse. 
Persepolis va peu à peu se constituer en tant qu'affaire en se construisant et en prenant du sens dans 
la durée, dans le temps au travers d'acteurs se mobilisant et d'énonciations médiatiques. Autrement 
dit des protagonistes précis vont prendre part à la formation de cette controverse en tant qu'affaire, 
en se mobilisant, mais aussi en créant du discours autour de cet événement. Un événement qui doit 
1
être considéré hors d'un instant t mais bien en tant qu'une suite d'opérations, d'actions, sur un temps 
long et agissant au travers de différents domaines (social, politique, économique...). Cette affaire se 
constitue aussi à travers les discours médiatiques véhiculés. Afin de se rendre compte de cette 
affaire, les documents médiatiques vont donc jouer un rôle important, dans le sens où ils offrent 
une description d'un monde possible. Les médias vont en effet, en tant que matériel discursif, 
aborder l'événement, énoncer des faits, organiser la pensée, les actions, et les acteurs pour rendre 
compte des enjeux et de la controverse. Il s'agit alors de comprendre ces mises en discours, 
identifier les différents protagonistes et leurs positionnements dans le temps. Il ne faut néanmoins 
pas oublier que ces médias donnent une description de ce qui s'est passé et non la description, en 
d'autres termes, il s'agit de repérer les positions énonciatrices et les stratégies d'énonciation des 
différents médias, selon, par exemple, leur ligne éditoriale ou leur nationalité. 
Le parcours événementiel de l'affaire Persepolis commence donc le 7 octobre 2011, lorsque 
la chaîne Nessma Tv diffuse le film d'animation. Cette chaîne privée créée en 2007 par l'agence de 
communication Karoui et Karoui, n'est jusque là pourtant pas connue en tant que chaîne 
particulièrement informative ni ayant un esprit de révolte aiguë, mais se détermine plutôt comme 
une chaîne moderne, orientée vers les programmes de divertissement, d'ailleurs elle a fait ses débuts 
en diffusant « Star Academy Maghreb ». C'est pourtant cette chaîne et son PDG, Nabil Karoui, qui 
vont être les premiers et les principaux protagonistes de cette affaire. 
Suite à la diffusion, des centaines de personnes dites « salafistes » (catégorisation sur laquelle nous 
reviendrons au cours de cette étude) attaquent le siège de la chaîne et tente de l'incendier. C'est le 
début de multiples mobilisations plus ou moins violentes qui vont rythmer le pays. Le 10 octobre, 
un collectif d'avocats porte plainte contre Nabil Karoui, le responsable du visionnage, l'association 
« Images et Paroles de femmes », et l'acteur ayant prêté sa voix à l'Être Divin dans le film. 
Pour quel motif ? Infraction au code la presse et atteinte à la pudeur, des chefs d'accusation qui se 
verront modifiés quelque peu au fur et à mesure de l'affaire. Que reprochent-ils donc au film 
Persepolis, et qu'est ce qui provoquera ces revendications ? Une scène particulière du film semble 
être à l'origine de toute cette révolte. En effet, une scène semblerait porter atteinte aux valeurs 
sacrées de l'Islam, puisqu'elle constituerait un acte blasphématoire dans le sens où elle 
personnifierait Dieu, acte interdit au sein de la religion. La diffusion du film va alors être vécue par 
une partie du peuple tunisien comme une limite à la liberté d'expression à ne pas franchir. De 
multiples oppositions, revendications, manifestations, prises de parole, actes juridiques... vont alors 
suivre, divisant peu à peu la population. 
La perspective des médias, en tant que relais de l'information, semble alors être un moyen 
d'analyser et d'étudier cette affaire. C'est donc à travers un corpus sur une série d'articles de presse 
provenant de Tunisie, du Maghreb, du monde arabe, mais aussi de France, d'Angleterre, ou d' 
2
Espagne...que les discours seront étudiés. L'analyse prend donc pour appui un corpus de presse 
donné par la chaîne Nessma TV, ainsi que sur celui constitué par l'Ambassade de France en Tunisie. 
Des recherches personnelles ainsi que des apports théoriques argumenteront et compléteront 
l'analyse réalisée par un groupe de travail de 20 étudiants. Afin de parvenir à travailler en étant aussi 
nombreux, une méthodologie particulière a été établie. Après avoir mis en lumière la problématique 
et des grands axes de réflexion, constituant les grands titres des chapitres, chaque étudiant à pu 
rejoindre le groupe de travail en lien avec l'analyse des articles effectuée durant le semestre en cours 
de travaux dirigés. Chaque sous-groupe a pu ensuite redéfinir son plan en interne et se répartir les 
éléments à travailler. La difficulté a néanmoins été de parvenir à mobiliser et coordonner l'ensemble 
des étudiants dans le temps imparti, afin de produire une étude cohérente et répondant à la 
problématique liant notre étude. 
En quoi un film d'animation peut révéler un malaise identitaire au sein d'une nation ébranlée 
par la révolution et comment les médias en rendent-ils compte : l'exemple de la Tunisie ? 
Pour répondre à cette question nous verrons dans un premier chapitre qu'est-ce qu'une affaire 
médiatique et en quoi l'affaire Persepolis en a les caractéristiques. Dans un second chapitre nous 
étudierons l'événement sous une perspective politique, comment les discours politisés se 
l'approprient. Finalement, nous réfléchirons dans un troisième chapitre sur les enjeux consécutifs à 
l'affaire Persepolis, des enjeux d'ordre identitaire, démocratique et de liberté d'expression. 
Autant d'axes d'analyse qui constitueront notre plan. 
3
Chapitre 1 : 
L'affaire médiatique Persepolis 
4
1. L'affaire médiatique Persepolis 
1.1 Définition d'une affaire médiatique 
Carmen ROUCHET 
1.1.1 Contextualisation et émergence de l'affaire Persepolis 
Après la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie découvre ce qu'elle n'avait pas connu 
depuis longtemps : la liberté d'expression. Ces débuts ne sont pas aisés, en effet après tant d'années 
de censure et de répression le peuple et les journalistes doivent faire attention de ne pas brusquer les 
moeurs établi depuis longtemps. Une question demeure, quelles sont les limites à ne pas franchir en 
terme d'expression dans un pays en pleine transition politique ? 
9 octobre 2011, des manifestants envahissent les rues de Tunis. Une vague de violence s'abat 
sur la chaîne de télévision privée NESSMA TV et à l'encontre de son PDG, Nabil Karoui. Menacé 
de mort par les manifestants qui investissent les locaux de la chaîne de télévision, le PDG de 
NESSMA est alors loin de se douter qu'il vient de créer une affaire médiatique d'ampleur 
internationale. 
En cause, un film d'animation franco-iranien intitulé Persepolis diffusé le 7 octobre sur 
NESSMA TV. C'est notamment la représentation du prophète Mahomet, interdite selon les 
préceptes de la religion musulmane, qui aurait engendré ces virulentes réactions de la part de la 
population tunisienne. L'usage du dialecte tunisien pour le doublage du film accentue la 
provocation. En effet, la langue arabe fourni deux registres : la langue littéraire et la langue du 
dialecte. Le dialecte tunisien, de plus en plus présent aujourd'hui au niveau de la presse, se 
démarque de la langue littéraire généralement utilisée en Tunisie et dans le monde arabe pour les 
traductions. Le film de Marjane Satrapi a fait une exception. La traduction du film en dialecte 
tunisien avait pour but de rendre le film plus accessible, de créer une proximité avec les spectateurs. 
Cette traduction prévu pour renforcer le rapprochement des tunisiens avec les personnages du film a 
finalement participé à la polémique. Le problème du dialecte tunisien c'est qu'il identifie avec 
précision une population et une culture. Il y a donc eu un refus catégorique des tunisiens de 
s'identifier aux propos tenu par ce film d'animation d'apparences inoffensives. Si Marjane Satrapi 
avait fait le choix de la langue littéraire habituellement utilisée pour les traductions dans le monde 
arabe, les tunisiens se seraient peut-être senti moins concernés et cela aurait pu, plus facilement, 
excuser certains propos ou certaines images. 
5
Selon les accusateurs, Persepolis est une atteinte portée au culte, le contenu du film mettant en 
danger l'ordre public. Plus que de se mobiliser contre le film avec les nombreuses pétitions, les 
tunisiens font aussi du porte à porte pour mobiliser les foules. Des discours sont prononcés dans les 
mosquées et les réseaux sociaux, où étaient diffusés des séquences de la vidéo, sont également mis a 
contribution. Pour les opposants au film, l'islam serait fortement menacée par un retour à 
l'occidentalisme. 
Dans un premier temps, les journaux parlent d'une polémique. Pourtant, quelques jours après 
la manifestation très remarquée du dimanche 9 octobre 2011, les journaux tunisiens, mais aussi 
français et maghrébins, commencent à parler de « l'affaire Persepolis », de « l'affaire NESSMA ». 
Une mise au point s'impose. Qu'est ce que les médias sous entendent en utilisant ces termes ? Qu'est 
ce qu'une affaire ? La diffusion du film Persepolis semble ainsi être le point de départ des 
événements. Les manifestations, les différentes mobilisations d'acteurs et l'attaque des locaux de 
NESSMA TV, rapportés par les médias, trouveraient leur explication dans ce film. 
Les médias locaux et internationaux utiliseront le terme « affaire » pour se rapporter à 
l'ensemble des actions et réactions liées à la diffusion de Persepolis. Cependant, la diffusion d'un 
film ne peut pas constituer une affaire en soit. 
1.1.2. Qu'est ce qu'une affaire médiatique ? 
La définition d'une « affaire », d'après Widmer, nous permet de confirmer que le terme est bel 
et bien applicable à l'ensemble des événements ayant eu lieu en Tunisie et en lien avec la diffusion 
du film Persepolis. « Il y a une affaire lorsque des acteurs se mobilisent et entrent en conflit à 
propos d’enjeux. Une affaire a donc toujours une structure temporelle : elle débute, elle se déploie 
dans une controverse et trouve éventuellement une solution. » (Widmer, 1999 : 11) 
Un problème devient une affaire quand on a remarqué qu’il y a une situation problématique qui 
présente des valeurs immorales. La question de la morale est centrale. La diffusion du film 
Persepolis semble effectivement poser problème à la collectivité. 
Après avoir trouvé la situation problématique, il s'agit alors de déterminer à qui l'affaire est 
rattachée. Un public intéressé et concerné se constitue et va s’organiser collectivement pour 
résoudre le problème ou du moins, essayer d'y faire face. Il faut savoir que les problème sont créés 
par la collectivité. Ce n’est pas la caractéristique du problème d’être problématique, ce sont les 
collectivités qui ont rendu le sujet comme problème. 
6
Un problème n’est donc pas stable, il est une chose qui se développe au fil du temps. C'est d'ailleurs 
une des caractéristiques d'une affaire médiatique. 
L'affaire médiatique possède toujours une dimension morale. C'est à dire qu'une affaire médiatique 
peut révéler une atteinte à l'ensemble des règles de conduites et des valeurs qui définissent la norme 
d'une société, Widmer l'évoque d'ailleurs dans son texte Mémoire collective et pouvoirs 
symboliques. 
« Il ne suffit pas qu’une affaire devienne publique pour qu’elle constitue un problème public. 
Il faut pour cela qu’elle pose un problème au public. L’accession à ce statut n’est pas un processus 
naturel : il relève de l’exercice, conscient ou non, d’un pouvoir symbolique, du pouvoir de dire ce 
qui se passe et la signification que cela a pour la collectivité. » (Widmer, 1999 : 12) 
La collectivité tunisienne réactionnaire a ainsi décidé que Persepolis constituait un problème. 
Il s'agit maintenant de déterminer les tenants de ce problème et de saisir les enjeux qui peuvent 
émaner d'une affaire telle que celle-ci. Les institutions publiques, telles que la justice, le politique, 
la science, sont des acteurs qui permettent la création « d'arène » de confrontation des idées pour 
tenter de résoudre ces problèmes. 
Une affaire possède une caractéristique intéressante, sa durée. En effet, une affaire dure dans 
le temps et se trouve séquencée par des étapes. Elle est également suivi par un « public ». Les 
médias révèlent ces étapes au fur et à mesure et ne peuvent pas ignorer l'affaire. Ils n'ont pas d'autre 
choix que d'en parler et c'est grâce à eux que nous pouvons aujourd'hui étudier ces événements étant 
donné le corpus médiatique important concernant cette affaire.Il faut savoir que le « scandale » n’a 
rien à voir avec une affaire car ça n'est pas durable. Une affaire médiatique se mesure dans la durée. 
Il faut une confrontation durable où des recherches sont effectuées. 
Les étapes d'une affaire émergent lors de la médiatisation de celle-ci. Certains événements 
constituent des étapes phares dans la compréhension des enjeux. 
Ainsi, le parcours événementiel d'une affaire permet de faire émerger les principaux événements 
liés au problème de départ, soit la diffusion du film Persepolis. Il constitue le travail analytique qui 
a pour objectif de retracer la manière dont tout s'est déroulé. 
Il faut savoir que les médias contribuent à déterminer une action. Le compte rendu médiatique fait 
partie de la situation. Ce que les médias disent fait partie de l'événement, ou d'une partie de celui-ci. 
Ils contribuent grandement à la situation dont ils parlent. 
Entre objectivité et subjectivité médiatique, influences, jeux de pouvoir et autonomie politique, les 
possibilités sont nombreuses, c'est pourquoi il faut prendre du recul avec ces discours pour tenter de 
les analyser au mieux. Le discours médiatique va faire ressortir certains aspects de la situation mais 
pas tous. Le langage (les discours médiatiques) et l'action (les événements liés à la diffusion du film 
7
Persepolis) sont liés et se déterminent l'un l'autre. 
Widmer poursuit avec une méthode que nous appliquerons pour l'analyse. Pour lui, il s'agit : 
«d'examiner les articles de presse pour voir comment ils nouent des événements, quelle temporalité 
ils considèrent, de quelle manière ils définissent les enjeux et les principes qui permettraient de 
résoudre les conflits » 
Ainsi, aborder cette controverse depuis l'analyse des discours médiatiques, c'est aussi saisir 
l'énonciation des médias, comprendre les enjeux, interpréter ces mises en discours autour de l'affaire 
Persepolis. Cela va nous permettre de rendre compte de la manière dont les médias vont réguler, 
ordonner, évaluer les discours et les débats sur l'affaire. Pour déterminer un événement il faut le 
placer dans un contexte qui fait son sens. Le contexte pertinent n'est pas déterminé en dehors de 
l'événement. 
Les controverses sur les affaires sont des formes qui appliquent un travail de problématisation et de 
publicisation. Lorsqu’une affaire se publicise, elle va en premier lieu créer un mouvement et attirer 
l’attention publique. A partir du moment où la sensibilisation fonctionne, il va y avoir une pression 
qui va se former sur les différents acteurs, les médias compris. Le phénomène s’impose et devient 
fondamental, les médias se voient obligé d'en parler. Ce travail se fait par une enquête pluraliste à 
partir du moment ou le problème apparaît. Le rôle des médias est d’être l’un des acteurs à mener 
l’enquête. 
Les affaire médiatiques créent aussi un lien entre l'espace public et la démocratie. Elles sont des 
mises à l'épreuve pour les institutions, au risque de créer un choc qui puissent les ébranler. Une 
épreuve peut aussi être l’occasion, pour une institution, de montrer sa force et sa résistance face aux 
difficultés 
Finalement, rien ne laissait présager que la diffusion de Persepolis donnerait lieu à tant d'émeutes. 
En effet, le film à non seulement gagné au festival du film dans un pays Arabe mais il avait déjà été 
diffusé en Tunisie. Il n'y a donc rien de mécanique à ces réactions étant donné sa diffusion dans 
d'autre pays. Si la diffusion du film provoquait irrémédiablement des protestations, il y aurait fort à 
parier qu'on en aurait entendu parler avant. Il nous faut refuser une conception linéaire de la 
communication. Le fait de diffuser quelque chose ne peut pas être la cause de tant d'émeutes. 
Dans le domaine des affaires médiatiques, il est impossible de prévoir à l'avance l'ampleur d'une 
affaire sur le public, en d'autre terme, l'impact de celle-ci ne peut être connu au préalable. 
8
1.1.3 Quelles sont les problématiques de l'affaire médiatique Persepolis ? 
Avec l'affaire NESSMA TV, la Tunisie découvre et doit définir la citoyenneté. Aujourd'hui être 
citoyen c'est être reconnu membre de la société et participer à la vie politique. 
Au lendemain de la chute de Ben Ali, les tunisiens se découvrent multiples, hétérogènes et 
complexes. Cet élément a été révélé lors de l'élection Constituante du 23 octobre où ils doivent 
choisir parmi 105 partis politiques. L'unité tunisienne est remise en cause, celle-ci n'était certes pas 
problématique pendant le régime de Ben Ali étant donné l'assujettissement des tunisiens. Au départ 
de Ben Ali, l'unité tunisienne soumise et réprimée s'est transformée en une unité révolutionnaire. 
L'affaire Persepolis semble dissimuler beaucoup d'enjeux. Des problématiques émergent à l'intérieur 
des discours médiatiques. 
Sous Ben Ali, s'opposer c'est être contre le régime et faire parti des dissidents politique. Le silence 
était la position de la majorité des tunisiens. Aujourd'hui, dans le contexte de l'affaire, il est 
inadmissible de rester neutre, c'est considéré comme une preuve de lâcheté. Au travers des discours, 
les tunisiens sont contraints de prendre position d'une manière ou d'une autre en se disant « pour » 
ou « contre » NESSMA. Rapidement, le choix devient manichéen. 
Il s'agit pour eux de se positionner en tant que partisan d'un islam politique ou en tant que laïque, 
progressiste ou moderniste. On peut voir dans ce choix une forme d'appropriation de la révolution et 
de re-définition de la Tunisie. 
On comprend, que la question de l'identité Tunisienne se retrouve au coeur de l'affaire. En effet, 
pour les tunisiens être « pour » NESSMA se traduit par le refus de la Tunisie religieuse, c'est 
s'opposer à la pensée et à l'identité arabo-musulmane. L'affaire Persepolis permet ainsi de saisir les 
clivages, les divisions dans la société. Cette idée de catégoriser la population est problématique en 
elle même et les tunisiens doivent s'accorder sur le sens de celles-ci. 
La difficulté de diviser le pays en deux laisse entrevoir la complexité de certaines positions. L'enjeu 
est important car ce sont ces catégories qui vont façonner les relations sociales et politiques dans 
l'avenir. Dans cette période de transition démocratique et politique il s'agit de savoir et de 
comprendre, pour les tunisiens, ce qui se cache derrière ces catégories. Il faut comprendre que les 
catégorisations sont tenu entre elles par une situation et que ce n'est pas une question de choix. 
L'analyse effectuée tout au long de se dossier se réfère à la manière dont les médias mettent en mots 
ces catégories. 
9
Il faut savoir qu'une part importante de l'action politique consiste à essayer de transformer les 
rapports qu'on entretien avec les catégories. Cela revient à transformer les pratiques. L'action 
politique réussie est une action qui transforme notre rapport pratique au monde et donc, la forme de 
vie dont ce rapport pratique est la manifestation. C'est une notion complexe qui agit sur un univers 
complet et sur les liens de catégorisations présent dans cet univers. 
Dans Mémoire collective et pouvoirs symboliques, Widmer fait une observation intéressante : « Les 
médias jouent un rôle prépondérant : lorsqu’ils mettent en lumière de telles actions, ils exercent du 
même coup une forme de pression sur d’autres acteurs, les obligeant à prendre position. Autrement 
dit, en créant un événement, des acteurs parviennent à rendre visible dans le discours médiatique 
un problème dont la temporalité propre sinon leur échapperait. » 
(Widmer, 1999 : 12) 
Cette citation résume la situation problématique posée à chaque tunisiens : être « pour » ou 
« contre » NESSMA TV. 
La diffusion du film Persepolis et les réactions engendrées par le film ont suscité beaucoup de 
justifications de la part de certains acteurs de l'affaire en raison de la pression médiatique sur leurs 
épaules. Ces justifications permettent d'initier des pistes de réflexion quant aux enjeux soulevés par 
l'affaire médiatique en construction. 
L'interview de Marjane Satrapi dans le magazine français Première fait émerger une 
problématique qui évoque le malaise politique du pays. La réalisatrice du film Persepolis nous 
donne son avis sur les réactions qui ont été engendrées par la diffusion de son film. 
«Toutes les révolutions passent par des moments difficiles. Mon film a été projeté plusieurs 
fois en Tunisie, mais cette fois c'était dans un contexte électoral électrique». (Première, « Marjane 
Satrapi : elle réagit aux critiques envers son film Persepolis en Tunisie », 17/10/2011) 
Cet article laisse voir des enjeux contextuels importants et nous fait comprendre que la 
diffusion du film, le 7 octobre, est en lien avec un autre événement : les premières élections libre 
depuis l'histoire du pays, le 23 octobre 2011. 
De même, lors d'une interview Omar, l'avocat de Nabil Karoui, explicite que si cet 
événement a pris autant d'ampleur, c'est à cause d'un « mauvais timing ». En effet la diffusion du 
film a eu lieu seulement 16 jours avant les élections. 
D'après Habermas, l’espace qui se constitue pour une affaire renvoi à l'espace public, lieu de 
discussion et de débat. La liberté d’expression, forme de démocratie, permet aussi de se former une 
opinion en raison avec les autres. 
10
Il y avait un ordre autoritaire et on observe aujourd'hui un passage au désordre qui semble 
déterminent compte tenu du processus démocratique en cour. L'affaire NESMA s'est finalement 
présenté comme une arène de confrontation des idées. 
Omar, l'avocat de Nabil Karoui affirme lors de son interview que l'ampleur de l'affaire NESMA est 
aussi une mise en garde pour les autres médias. Quand un média est touché c'est aussi un moyen 
d'expression, les journalistes se montrent alors sensible à cette affaire. D'une certaine manière, 
l'affaire Persepolis représente aussi un enjeu pour la liberté de la presse et la liberté d'expression. 
Pour finir, l'affaire Persepolis semble être plus politique que religieuse. Ce n'est pas une simple 
affaire de blasphème. L'affaire a en effet soulevé des enjeux politiques en lien avec la liberté 
d'expression. 
1.2. Le contexte : la Révolution tunisienne 
Laetitia CORNIERE et Yasemin TOPRAK 
Certains articles vont montrer dans quelles situations se trouve la Tunisie avant que l'affaire 
Persepolis face la Une des médias. Comme le souligne l'article du journal La Presse du 12 Octobre 
2011 « Communication Gouvernementale, Les recettes touristiques atteignent 1,624 milliards de 
dinars », la Tunisie connaît de grand bouleversement au sein de sa société. Le taux de tourisme est 
en chute considérable début 2011, une chute liée au Printemps arabe qui a touché la Tunisie. Selon 
Habbib Ammar directeur de l'office de tourisme de Tunis, la baisse de fréquentions touristique est 
de 34% par rapport à 2010 provoquant la fermeture d’hôtels qui occasionne la perte de plus de 3000 
postes. Toujours selon le même article, la Tunisie fut dans une période de transition, le pays doit se 
relever suite à la chute du régime dictatorial de Ben Ali qui vivait avec l'argent du peuple. Avec la 
chute de Ben Ali et sous la presidation d' Adel Ben Ismail, l’État acquiert et confisque les biens 
fonciers et les sociétés du président déchu, tel que le groupe Carthago et autres bien de la famille 
comme les yachts, les sociétés appartenant à Imed Trabelsi neveu de la femme de Ben Ali ou encore 
ceux de Sakher Materi gendre de Ben Ali. 
Premier pays pour la restitution des biens volés par les dictateurs, la Suisse tente d'accéléré le 
rapatriement des fonds tunisiens (et égyptiens) de sorte à développer les aides judiciaires avec la 
Tunisie et l’Égypte. C'est avec les élections du 23 Octobre 2011, que le nouveau visage de la 
Tunisie va se dessiner. Beji Caïd Essebsi le premier ministre devra attendre cette date pour voir si 
les électeurs lui font toujours confiance. En visite aux États-Unis du 3 au 7 Octobre 2011, celui-ci 
ce voit rassurant pour l'après élections même s' il y a une chance que le parti Ennahda remporte une 
11
majorité de siège. Lors d'un point presse hebdomadaires de la cellule de communication du Premier 
ministre, Moez Sinnaoui fait le bilan de la visite de Beji Caïd Essebsi aux États-Unis. Celui-ci 
affirme que les États-Unis vont se pencher sur les opportunité d'investissement et de partenariat 
qu'offre la Tunisie post-révolution d'où la visite prévu de 200 investisseurs américains le 15 
novembre 2011. 
En ce qui concerne l'affaire Nessma, Moez Sinnaoui déclare que l’État n'interviendra pas, car leur 
rôle se limite à la préservation de la sécurité et du bon déroulement des élections. L'affaire Nessma 
intervient alors que le premier ministre se trouve encore à l'étranger, mais celui-ci annonce un futur 
projet de décret de loi relatif au code de la presse. Possédant 51% d'action de la chaîne TV Cactus, 
l’État à le pouvoir d'interdire la production d'une émission si celle-ci est considéré comme une 
propagande politique en vue des élections du 23 octobre 2011. Mais avant que ce décret soit établis 
de multiple débordement vont surgir. 
1.3. Discours médiatiques sur l’affaire Persepolis 
Laetitia CORNIERE et Yasemin TOPRAK 
Dans le contexte de la Tunisie post-révolutionnaire, il est bien aisé de comprendre que le 
choix de diffusion de la chaîne de télévision est une invitation à un échange sur l’identité d’un pays 
en reconstruction dans un climat politique incertain ou la montée des partis politiques islamistes est 
considérée comme inquiétante pour la démocratie. Nessma TV bouscule ainsi l’agenda du peuple 
tunisien en mettant en lumière les risques de dérives du régime islamiste dans l’espace public. 
La programmation de ce film doublé dans un dialecte arabe locale sur « La télé du grand Maghreb » 
selon le slogan de la chaîne de télévision, dans le cadre d’une émission politique comme le 
revendique la chaîne, est très révélateur de son intérêt pour un questionnement sur le devenir de la 
Tunisie à très court terme. 
Au cours de l’affaire Persepolis, de nombreux discours ont été produits par les différents 
protagonistes ; l’ensemble de ces discours découlent d’un événement fondateur identifié : la 
diffusion du film Persepolis. En tant que centre de notre intrigue, il importe de comprendre 
comment la diffusion de ce film a pu causer quelques jours plus tard autant de controverses ; 
comment cette intrigue a suscité des jugements et déclenchées des actions qui ont fragilisés tout un 
pays. A ce stade il importe de relever, comme Michel Barthélemy et Louis Quéré dans l’affaire de 
Carpentras, que pour rendre compte d’un événement, il est impératif d’en opérer une analyse 
minutieuse par phase à travers le parcours événementiel. 
12
Au travers les différents articles, dépêches et e-mail que nous avons pu consulter, on constate 
qu'il y a une certaine divergence d'opinion à la fois positive et négative dans le discours médiatiques 
qui traite l'affaire Persepolis et ce qui l'entoure. La présence d'articles locaux et internationaux dans 
notre corpus, souligne l'ampleur de la diffusion du film Persepolis, une diffusion qui suscite des 
réactions de la presse internationale ainsi que de vive réaction sur les réseaux sociaux. On peut 
également compter sur de nombreux articles issus de journaux Tunisien comme «Le Quotidien » de 
Tunisie, « Le Temps », « La Presse », « Chronique Juridique », « Réalités », des communiqués de 
« AFP » mais aussi de dépêches d’agences Tunisiennes, d’extraits de blogs, et d’e-mails. 
1.3 1. Journaux locaux 
De nombreux journaux locaux, vont soulignés les causes de l'affaire NessmaTV, mais ce 
sont souvent les mêmes sujets qui vont être mis en avant dans la presse locale. Tout d'abord de 
nombreux journaux locaux vont parler l'affaire de l'université de Sousse, c'est le cas de Le Temps un 
journal quotidien tunisien indépendant en langue française. Il assimile l'affaire Nessma a celle de 
l'étudiante refusée par son université de Sousse à cause du port de niquab. Une affaire étroitement 
liée à celle de NessmaTV, puisqu'elle surgit peut de temps avant la diffusion du film. Comme le 
souligne l'article de ce journal "Justice et 'violence symbolique' " paru le 13/10/2011, l'affaire du 
niquab a créé une grosse polémique sur la liberté d'action et de culte. Pourtant l'interdiction de ce 
style vestimentaire est pour le directeur de la faculté un moyen de garantir la sécurité contre une 
quelconque attaque terrorisme car l'identité est cachée par le vêtement. En voulant imposer son 
niqab par le biais de la violence, un trouble de l'ordre public survient. Pour le journaliste Ahmed 
Nemlaghi, dans ce même article, le niqab ou le jelbeb n'est pas un habit musulman de base, il se 
trouve vers l’Arabie, pour appuyer son point de vue le journaliste montre que c'est ce que souligne 
le Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour ou même Tariq Ramadan, de grand nom de la société 
musulmane. L'avis du journaliste ne peut pas être remis en cause quand on sait que dans le Coran il 
n'est pas dit à la femme de porter ce genre de vêtement il lui est seulement conseiller de rabattre son 
voile sur sa poitrine et ainsi se préserver du regards malveillant1. 
D’après les communiqués de presse émanant principalement de la TAP (Tunis Afrique 
Presse) et de l’AFP (Agence France Presse) que nous avons examiner, on voit les différents 
protagonistes dérouler chacun pour sa part un argument visant à faire passer sa propre 
interprétation, son propre cadrage de la texture causale. C’est donc plus de 48 heures après la 
diffusion du film sur Nessma TV et plusieurs rediffusions sur la télévision publique, que les 
1{ […] Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qu’il en paraît et qu’elles rabattent 
leur voile sur leurs poitrines } [ Sourate 24 - Verset 31]. 
13
premières notes discordantes se font entendre : c’est à travers les premiers communiqués de presse 
de la TAP que l’on découvre que Nessma TV est la cible de plusieurs attaques physiques en deux 
points géographiques à Tunis. Le premier communiqué signale des heurts dans l’espace public entre 
des jeunes salafistes et les forces de l’ordre autour des locaux de Nessma TV ; il est suivi d’un 
communiqué de Monsieur Hichem MEDDEB porte-parole du ministère de l’Intérieur qui dans une 
circonspection neutre et républicaine invite les personnes mécontententes d’un « contenu culturel » 
à faire prévaloir leur droit devant la justice (Communiqué TAP du 09/02/2013). 
Les conséquences de ces attaques ainsi que ceux sur la maison de Nabil Karoui, est le 
deuxième sujet qu'on a pu voir apparaitre avec à ces documents. Dans les communiqués de l'AFP du 
11/10/2011 et les dépéches de l'agence de Tunis du 14/10/2010, on peut constater que ce fait reste 
assez flou. Alors que la chaîne Nessma TV annonce que la famille à était sauvé in extremis, les 
force de l'ordre affirme qu'il n'y avait personne dans la maison lors de l’attaque. D'autres sources 
comme la sécurité Nessma annonce qu'il y avait la femme de ménage et que celle-ci à été agressé et 
hospitalisé. L'AFP explique q'aucune photo montre l'état de la maison après l’attaque des individus 
''armé'', car Nabil Karoui a refusé qu'un photographe de l'AFP prenne son domicile en photo. La 
chaîne Nessma TV met en cause les islamistes et dénonce les imams d'avoir poussé cette révolte 
lors de leurs prêches. Les différentes dépèches qu'on a pu consulté montrent souvent des divergence 
sur ce qui c'est réélement passé en ce qui concerne l'attaque de la maison de Nabil Karoui mais 
aussi sur les conséquences exacte des manifestations, mais ce ont toujours les même coupable qui 
sont sité. Au fur et à mesure des articles, on a pu remarquer que le vocabulaire est toujours péjoratif 
quand il s'agit de parler des salafistes ''fanatique religieux'' ils sont jugés comme les investigateurs 
de cette violence. Les journalistes vont également s'empresser de faire le lien avec le parti politique 
islamistes tunisien Ennahda. Rached Ghannouchi président du partie dément tout lien avec ces 
débordements, pour lui (dépéche du 14/10/2011), les tunisiens sont les seuls défenseurs de l'Islam, 
”il n'ont pas besoin de tuteur pour protester contre les provocations des médias”. 
Ghannouchi déclare dans un meeting, que le partie Ennahdha défend la liberté d'expression 
et respecte les libertés individuelles.il n'a donc rien à voir avec les manifestations des tunisiens. Le 
président du parti appel le peuple à faire face à ceux qui utilise l'Islam pour faire peur et souligne 
que le partie Ennahdha est un parti qui prône les valeurs de liberté, de dignité et d'égalité. 
Le troisième sujet qui apparait concerne plutôt la remise en cause du travail des médias qui 
acorde plus d'improtance aux débordement ue suscite le film plutot que les problèmes généraux qui 
touche la Tunisie. Dans l’article Réalités, un magazine tunisien (Réalités du 13 au 19/10/2011) 
"Les salafistes ont-ils ggné la bataille", la journaliste Hanène Zbiss, montre que l'affaire Nessma, en 
s'inscrivant dans la scène publique et médiatique prends totalement la place des autres sujets 
14
d'actualités. Tout le monde se voit touché par cette affaire, oubliant ainsi les autres problèmes qui 
touche la Tunisie. Pour elle, les médias alimentent la polémique préférant montrer les agissements 
des salafistes plutôt que les problème lié au pénurie de produits alimentaires, les problèmes de 
sécurité des élections qui approche et même ceux concernant le chômage. Elle montre que les 
médias ont une place considérable dans cette situation, et prend pour l'exemple la chaîne Nessma 
TV, qui se contente de rapporter les faits sans les analyser et commentaire et qui donne sa propre 
opinion des chose. La dépêche du 10 octobre émise par la TAP, rapporte que le Ministère des 
affaires religieuses tunisien appelle au rejet de la violence morale ou physique et il invite « à 
respecter les valeurs de l’islam, qui consacre les principes de modération et de tolérance et le 
respect de la culture de la différence et de la concorde ». Il incite également les médias publics et 
privés à être plus prudents. 
On voit bien ici que la prise de parole du représentant de l’état cadre le parcours 
événementiel en le cristallisant sur le terrain religieux. L’Instance Nationale pour la réforme de 
l’Information et de la communication (INRIC) va comme Nabil KAROUI tenter de re-situer 
l’événement sur le terrain de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en considérant que 
l’agression contre Nessma TV « représente un danger pour la liberté d’expression qui constitue 
l’un des fondements de la démocratie » (dépêche du 10/10/2011). Elle rappelle par la même 
occasion le respect nécessaire des règles de la déontologie journalistique que sont la neutralité, 
l’objectivité et l’équilibre. (INRIC, TAP, 10/10/2011). En Tunisie, le positionnement de ces 
discours était quasiment identique dans le monde des médias de presse et de télévision qui ont 
maintenu leur soutien à Nessma TV en gardant le prisme de la liberté d’expression en danger dans 
un contexte global de montée de l’islamisme. Nabil Karoui a d’ailleurs reçu formellement le soutien 
de l’association tunisienne des directeurs de journaux (par Dépêche TAP, 10/10/2011) et celui du 
Bureau exécutif du syndicat des tunisiens directeurs des établissements médiatiques. Pourtant, 
l’opinion publique lassée par une révolution éprouvante est dorénavant divisé en deux blocs : d’un 
côté les laïcs défenseurs de la république et de l’autre les islamistes représentés dans l’intrigue par 
les salafistes. Ceux-ci mènent la fronde jusque devant les tribunaux à travers Anouar Ouled Ali, 
président des Jeunes avocats, à l’origine de la plainte contre Nessma TV. 
D'autres articles vont souligner qu'il est important de ce demander si ces débordements sont 
dû à la diffusion du film ou si c'est l'approche des éléctions qui motivent les manifestants et la 
presse? En re-situant la diffusion du film Persépolis dans sa temporalisation, on note que le choix de 
la date d’antenne par Nessma TV, fixée au 07 octobre 2011, soit deux semaines environs avant les 
élections de l’assemblée constituante, n’en pas moins anodin bien qu’ayant déjà été diffusé en salle 
sous l’ère Ben Ali (deux fois entre 2007 et 2008). Comme le montre la journaliste Hanène Zbiss 
15
dans le magazine Réalités, ces événements ne sont pas dissociable de la politique. La religion et la 
politique se voit étroitement lié. Le fait que le film soit diffusé à cette période (proche des élections) 
pose problème alors que celui-ci avait déjà était diffusé sans susciter pour autant de vive réaction. 
Le film comme le montre la journaliste, n'a pas été imposé au téléspectateur car il a été diffusé sur 
une chaîne privée, le téléspectateur est libre de zapper si ça ne lui plaît pas. Le timing de la diffusion 
qui est proche des élections de la nouvelle constituante montre que la Tunisie n'est pas à l'abri de ce 
qui c'est passé en Iran. Hanène Zbiss, montre son étonnement face aux réactions violente qu'a 
suscité la diffusion du film puisque ces même personne qui appel au non respect de la religion 
quand le film animé représente la figure de Dieu, regarde d'autre feuilleton iranien où les visages 
des Prophètes est représenté. Pourtant en Islam, comme le visage de Dieu, celui du Prophète ne doit 
pas être imagé. La journaliste rappelle que tout enfant, ou presque, ont un jour imaginé Dieu sous 
les traits d'un homme. Et que ce qui entre finalement ici pointé du doigt, est un enjeu politique bien 
plus profond que ce simple film puisqu'il s'agit d'un enjeu politique. Elle déclare également que la 
majorité des manifestant non même pas vu le film, ils manifestent juste pour suivre le mouvement. 
La solidarité affichée des médias locaux apparait comme une tentative de reprise en main du 
schéma communicationnel. Ce système avait déjà fait ses preuves comme l’indique Jeanne Favret- 
SAADA dans son ouvrage intitulé : « Comment produire une crise mondiale avec douze petits 
dessins » dans l’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark. En Tunisie, le schéma est-il 
reproductible ? On note qu’officiellement le parti Ennadha n’a jamais condamné fermement 
Nessma TV, évitant ainsi de se poser comme le pouvoir inquisiteur à la traque des journalistes en 
sabordant la liberté d’expression. 
1.3.2. Journaux internationaux 
Si en Tunisie, les médias font bloc autour de Nessma TV au nom de la liberté de la presse, à 
l’étranger et notamment en France, les médias abordent l’Affaire Persepolis sous un angle religieux, 
ne résumant la diffusion du film de 95 minutes qu’à une scène de quelques secondes ou l’héroïne 
converse avec Dieu dans un songe tout en rappelant que dans l’Islam, toute représentation de Dieu 
est interdite. 
Comme l’indique cet extrait du Monde: « Il met en scène une question religieuse autour de 
laquelle se polarisent deux camps irréductibles. Les uns apparaissent comme des religieux 
illuminés qui réagissent de manière excessive, les autres sont suspectés et même explicitement 
accusés d'être des provocateurs irresponsables (Smaïn Laacher et Cédric Terzi, sociologues, 
membres du Centre d'études des mouvements sociaux (CNRS-EHESS) Le Monde.fr du 23/12/2011) 
16
L’événement est présenté sous un cadrage qui anéantit le message de Nessma TV. 
On voit bien une certaine prise de distance des médias qui ne souhaitent pas être associés à 
Nessma TV. On peut comprendre cette ligne éditoriale en rappelant la montée de l’islamisme en 
France et les frasques de Charlie Hebdo ; mais aussi parce que le personnage de Nabil KAROUI lié 
aux réseaux de l’ancien régime de Ben Ali et à Berlusconi est qualifié de loupe grossissante qui 
démesure l’information en plus de son côté moralisateur face aux dirigeants de la transition. 
Pourtant comme les journaux locaux, les journaux internationaux mettent également en 
avant la liberté d'expression. Les ONG comme Human Rights Watch, appel le gouvernement à 
abandonner les charges contre Nabil Karoui et à abolir la loi sur la diffamation religieuse. Les 
défenseurs des droits de l'homme, ainsi que d'autres associations, vont dénoncer le double discours 
des islamistes qui à la fois condamnent la violence et encourage indirectement les salafistes à 
imposer leur idéologie à l'approche des élections. Un élément qui va également apparaître dans un 
chat modéré du journal Le Monde.fr où Hamadi Jebali, homme politique (Ennahda) va se dire pour 
la liberté d'expression mais dans le cas de la représentation du prophète, il va parler de provocation, 
alors qu' il n'est pas pour la censure des sites djihadistes expliquant que c'est au citoyen de choisir 
de regarder ou pas. D'autre magazine comme VSD « le péril intégriste » un hebdomadaire français, 
vont pointer du doigt ce qu'ils caractérisent de « les fondamentalistes musulmans » qui sont pour 
eux à l’origine des violences dans les rues. 
Le 10 octobre 2011, c’est l’Agence France Presse qui émet le premier communiqué indiquant 
la position française qui se dit « attachée à la liberté d’expression, au pluralisme et à la liberté de la 
presse en Tunisie » ; Paris dénonce également les attaques qui ont ciblés les locaux de Nessma TV 
par l’intermédiaire de Bernard Valero Porte-parole du Ministère des affaires étrangères. Des 
magazines français tel que Marianne2, vont plutôt se pencher sur l'aspect politique qui est 
étroitement lié au débordements en Tunisie. Le magazine Marrianne2 va établir un sondage sur les 
favoris des élections qui approche dont le parti islamiste Ennahda. 
Le quotidien français en ligne « L'alsace.fr », va quand à lui évoquer les ambiguïtés de ce 
parti vu comme le favori du scrutin. Dans un climat de suspicion post révolutionnaire, Ennahda, 
bien qu’étant donné favoris par les sondages, ne rassure pas en raison de l’influence des islamistes 
dans le parti ; et c’est dans ce sens que la diffusion de Persépolis sur Nessma TV a certainement 
voulu faire résonance de l’oeuvre de Marjane Satrapi en rappelant qu’au renversement du Shah : « - 
un parti ayant émergé en 1979 dans le sillage de la Révolution islamique iranienne et ayant commis 
des actes violents dans les années 1980-1990 –, les 60% de Tunisiens qui n’ont pas voté pour cette 
formation islamiste sont quelque peu inquiets… » (Richard Darmon pour ‘‘Hamodia’’ journal 
francophone israélien de Jérusalem). 
17
On peut donc considérer que « cette perspective jette un éclairage nouveau sur la controverse 
tunisienne. La diffusion de ce film n'apparaît pas tant comme une provocation à l'encontre des 
intégristes religieux, que comme une mise en garde adressée aux électeurs. » (Le Monde.fr du 
23/12/2011). La mise en oeuvre de ce sujet à l’agenda du peuple n’a certainement pas été aussi 
méticuleuse qu’elle aurait due, mais elle a au moins le mérite d’avoir attiré la vigilance du peuple 
sur les changements à venir. 
Dans « Romandie » un journal d’actualité de nationalité suisse, ce qui ressort est que le pays 
a peut être gagné sa liberté suite à la fin du régime Ben Ali, mais que tout reste à faire puisqu’il 
n’est pas à l’abri de certaines dérives, pour exemple l'article citera l’incendie de Nessma par les 
salafistes à la suite de la diffusion du film Persepolis. 
La liberté d'expression reste assez confuse d'où la présence de censure qui permettent de 
caché ce qui pourrait choqué ou nuire à un individu. Pourtant évoquant la liberté d'expression de 
nombreuse oeuvres d'art vont susciter la polémique surtout quand il s'agit du domaine religieux ou 
politique. Comme le film Persépolis, de nombreux films vont heurté la sensibilité de certains 
téléspectateurs. Le film « Ni Allah, ni Maître » de Nadia El Feni va connaître le même style de 
manifestation et de protestation que le film de Marjane Satrapi à cause du titre qui est qualifié de 
provocateur. L’islam n'est pas la seule religion qui va connaître ce type de fait, c'est ce que souligne 
Le Quotidien du 13/10/2011. Le magazine prend l'exemple du film « La dernière tentation du 
Christ2 » de Scorcese qui s'inspire de l'évangile de St Mathieu de Pasolini. Dans ce film, Jésus est 
présenté comme un simple mortel qui désire vivre sa vie d'homme loin des turpitude de la vie de 
Prophète (la relation qui l'uni a Marie Madeleine est mis en avant). Celui-ci à déclenché le même 
genre de violence que Persépolis (une centaine de personne vont incendier les salles de cinéma et 
menacer les distributeur). 
1.3.3. Réseaux sociaux 
Outre les articles de presse locaux et internationnaux. De nombreux mail vont rapportés les 
faits, Soraya Maherzi par exemple, écrit de nombreux e-mail où elle dénonce ce qui ce passe en 
Tunisie, elle amène ainsi un tout autre regard sur ce qui se passe. Dans un de ses mail du 
13/10/2011, elle rapporte un article de ''kapitalis'' écrit par Zohra Abid. 
Zohra Abid dit que Persepolis, est un film qui a agité les extrémistes, et choqué une partie des 
Tunisiens, par une scène où figure Dieu représenté comme un vieux Barbu, ce qui est considéré 
comme blasphématoire en l'Islam. Comme le montre l'e-mail de Soraya Maherzi, la diffusion du 
2"La dernière tentation du Christ", est également le titre de l'article 
18
film Persepolis, va provoquer des tensions et des divisions aux sein de l'espace public tunisiens. 
Deux groupes vont s'opposer aux cours de l'affaire, d'un côté les défendeurs de la liberté d 
'expression essentiellement composé des médias. De l'autre il y a les défendeurs de l'islam qui cri au 
scandale et au non respect de la religion, ils vont ainsi contester la diffusion du film d'animation par 
une marche d'indignation. Cette marche au début été pacifique va s'étendre aux villes voisines de la 
capitale. Impressionné par ce mouvement, le ministère public ainsi que des avocats et des 
représentants de la société civile vont suivre les manifestants et porter plainte contre Nabil Karoui. 
Mais ceux-ci condamnent toutefois le recours à la violence de la part de certains manifestants et 
demandent aux médias qui s'empressent de diffuser les débordement de cesser de provoquer les 
manifestants. L'e-mail montre ainsi un regard plus interne de l'evénement. 
La journaliste va même dire que le vrai problème n'est pas la diffusion du film en Tunisie, mais sa 
version en dialecte tunisien faite par la chaîne 'es ce qui selon elle a mis le feu aux poudres. Elle 
dira également que Nabil Karoui va présenté ses excuses au peuple Tunisien mais cela ne suffira 
pas à apaiser les tensions. Elle déclare aussi que lors d'un communiqué, l'Iran a affirmé avoir mis 
en garde la chaîne Nessma TV sur les réactions que pourrait susciter la diffusion du film, et de 
prendre en considération les croyances des téléspectateurs musulmans. 
Après la diffusion du film Persepolis, de nombreux mouvement de citoyenneté se sont établit. 
Les réactions suite aux manifestations et à la diffusion du film divise le peuple tunisien. Alors que 
certains appel au calme, d'autre appel à la révolte sur des réseaux sociaux dont ''Facebook''. C'est 
une réponse à l'appel lancé sur ''Facebook'', qui a permis de mettre en place la manifestation, qui 
regroupait essentielemnt des jeunes. Monsieur Karoui quant à lui n’en démord pas et tiens jusqu’au 
dernier jour de son procès coïncidant avec la journée internationale de la liberté de la presse à faire 
passer son véritable message. Des blogs ainsi que des sites de grands magazines tel que Le Monde 
ou même Le Temps (à la fois en version apier et web) vont rapporter les événements. 
Condamné pour trouble à l’ordre public et à une amende Nabil KAROUI est resté en Tunisie 
à la tête de Nessma TV qui a vu ses audiences explosées depuis l’affaire ; le crime d’atteintes aux 
valeurs sacrées n’a pas été retenu contre lui suite à un vice de procédure. Dans l’affaire dite 
Persepolis, on voit bien comment un média peut bousculer la mise à l’agenda de sujets de société 
attirant ainsi la lumière sur les transformations de la société. Même si l’on peut avoir la sensation 
d’un message brouillé tout au long du parcours événementiel, il est clair que les Tunisiens dans 
cette période de transition scrutent les changements de leur société avec plus d’attention et de 
vigilance. 
19
1.4 Les conséquences de la diffusion du film 
1.4.1. Les diverses réactions après la diffusion du film 
Guillaume BARONNA 
La condamnation des violences par Reporters sans frontières 
Suite à la projection du film Persepolis, plusieurs attaques ont eu lieu à l'encontre des locaux 
de Nessma TV. Reporters sans frontières va se positionner ostensiblement en faveur de la diffusion 
du film Persepolis et vivement condamner les attaques des locaux de la chaîne Nessma. En effet, 
c'est pas un communiqué sur leur site officiel " www.rsf.org/ " que paraît l'article dénonçant ces 
violences. 
Forts de leurs idéaux, Reporters sans frontières a toujours défendu la liberté d'expression et 
d'information qui est pour eux une liberté première. Le travail de journaliste est avant tout de 
rapporter les faits, de dénoncer les abus, d'interpeller la conscience générale. La liberté 
d'information est le fondement de toute démocratie, et pourtant, Reporters sans frontières rappelle 
que près de la moitié de la population mondiale n'a pas accès à une information libérée de toutes 
emprises. Plusieurs onglets expliquant leurs actions sont visibles sur leur site. 
La tournure que l'affaire Persepolis a prise s'inscrit inévitablement dans leur combat de tout 
les jours, c'est pourquoi ils ont réagis à l'affaire via ce communiqué. 
Cette affaire est dramatique pour Reporters sans frontières car d'une part les principes de la 
liberté d'expression sont bafoués et d'autre part on condamne Nabil Karoui (président de la chaîne 
Nessma) ainsi que le responsable du visionnage de Nessma TV et le responsable du doublage du 
film Persepolis. Persepolis est déjà sujet à une vive polémique autour de sa diffusion, mais ce qui 
est encore plus inquiétant est les attaques des locaux de la chaîne et les menaces et intimidations 
faites aux salariés et au directeur. On assiste à une véritable escalade de violence. 
Jean-François Julliard ( secrétaire général de RSF ) illustre ces propos au travers d'une citation 
de leur article sur l'affaire Persepolis : 
" Rien ne justifie ces attaques. Je comprends que la diffusion de Persepolis ait pu heurter certaines 
sensibilités, mais cela ne donne pas le droit de menacer de la sorte le directeur d’une chaîne de 
télévision. La liberté d’expression passe aussi par la tolérance à des idées qui choquent. Nessma 
TV avait le droit de diffuser Persepolis " (Jean-François Julliard, site de Reporters sans frontières, 
13/10/2011). 
Dans la suite du communiqué, RSF indique que les abus de libertés et de la presse ne peuvent 
20
être jugés uniquement sous la direction des autorités judiciaires. Ce n'est pas au peuple et au 
détracteurs du film Persepolis de juger si il est bon d'interdire sa diffusion. Cette affaire est allé trop 
loin, à un tel point qu'elle est devenue un événement au devant de la scène tunisienne. C'est 
notamment la conséquence première d'un battage médiatique autour de l'hystérie populaire et des 
violences engendrées face à la diffusion du film Persepolis. La polémique était tellement vive et 
relayée en masse qu'on ne pouvait y échapper. 
Face à ce chaos médiatique, Reporters sans frontières en appel aux autorités tunisiennes afin 
de condamner ces actes et permettre ainsi l'ouverture d'une enquête. 
Une nécessité d'agir et de réformer 
Au delà des violences occasionnées, RSF soulève un autre point qu'il est tout aussi important 
d'éclairer: la réforme du code de la presse et une nouvelle loi sur l'audiovisuel. 
On observe que les chefs d'accusations retenues à l'égard des représentants de Nessma TV se 
basent sur les articles 226 et 226 bis du code pénal qui répriment l'offense envers les cultes, 
l'outrage public à la pudeur et l'atteinte aux bonnes moeurs et à la morale publique. De même, les 
plaintes des différents avocats contre Nabil Karoui s'appuient sur les articles 44 et 48 du code de la 
presse et stipulent qu'une personne reconnue coupable d'incitation à la haine entre les religions ou 
d'insulte envers une religion peut se voir administrer une peine d'emprisonnement. Nabil Karoui 
peut encourir jusqu'à trois ans de prison. 
Ces accusations basées sur des articles du code de la presse et du code pénal sont tout à fais 
inadaptées à la situation. On parle d'offense envers les cultes, d'insulte, d'incitation à la haine entre 
les religions,... Alors que l'épicentre de cette affaire n'est qu'une scène du film Persepolis où l'on 
voit la représentation de Dieu au travers les yeux d'une petite fille. 
Pour RSF cette polémique démontre bien les failles qui existent dans les différents codes, et 
c'est donc le moment parfait pour les actualiser et ainsi les réformer. Ces précautions sont prises 
dans le but d'arriver à la suppression des délits d'offense envers les religions ainsi que les peines de 
prison qui y sont attribuées. Cela va de soi quand on prône la liberté d'expression. La liberté passe 
par la tolérance et par l'acceptation d'interprétations différentes que celles qui nous sont propres. 
Reporters sans frontières veut nous dire par là que même si la diffusion de Persepolis a pu heurter 
certaines sensibilités, rien ne justifie que l'on condamne et que l'on agresse de la sorte les 
représentants de Nessma TV. 
Ces changements interviendraient en accord avec les droits internationaux comme l'indique 
21
l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme3. 
Réactions diverses dans le paysage médiatique tunisien 
Reporters sans frontières n'a pas été la seule organisation à s'insurger contre ces violences, 
d'autres ont suivi mais de manière plus ou moins explicite. Les réactions s'en retrouvent de même 
multipliées du fait de l'échéance électorale qui approche ( 23 octobre 2012 ). 
Nous allons peindre ici un tableau des différents acteurs et leurs réactions. 
La période qui suit la chute de Ben Ali a permit une expansion des libertés. Beaucoup 
d'interdits quant aux sujets à traiter ont disparus et permis une redéfinition des limites 
répréhensibles. Les nouvelles frontières concernent les sujets se rapportant à la religion et aux 
bonnes moeurs. On observe un retour de l'autocensure chez les journalistes, plus précisément au sein 
des médias audiovisuels ainsi que chez les journalistes exerçants dans les régions intérieures. 
Un des premiers syndicats à s'être exprimé sur l'affaire fut le Syndicat National des 
Journalistes Tunisiens (SNJT). Le syndicat dénonce les actes de violence envers Nessma TV et 
apporte son soutien total à la chaîne. 
Le SNJT est l'une des organisations les plus dynamiques du tissu associatif en Tunisie. Du 
temps de Ben Ali, on comptait à peu près 2000 journalistes professionnels dont une grande partie 
était membre de la police politique. On dénombrait pas moins de 1200 adhérents au SNJT, ce qui 
démontre l'implication de cette organisation sur la scène journalistique. Le SNJT dispose d'un code 
déontologique adopté en 1983, au moment où le syndicat se nommait l'Association des Journalistes 
Tunisiens (AJT). Afin d'en devenir adhérent chacun est tenu de signer un engagement à respecter ce 
code. Code qui d'ailleurs n'a jamais était réformé depuis sa création. 
Le soutien apporté à Nessma TV par le SNJT n'est donc pas un soutien dissimulé, on parle 
d'un soutien " total " à la chaîne dans l'article de Reporters sans frontières. 
L'Association Tunisienne des Directeurs de Journaux (ATDJ) c'est elle aussi prononcée sur 
l'affaire. Son directeur affiche lui aussi un soutien total à Nessma TV. 
L'ATDJ, dirigée par Moncef Ben M'rad est la plus ancienne association médiatique. Elle fut 
proche de l'ancien régime et même exclue de l'Association mondiale des éditeurs de journaux. 
L'association a reconnue des erreurs de conduite, mais elle indique que c'était sous les contraintes 
de l'ancien régime. Depuis l'ATDJ a changé sa ligne directrice, ses principes premiers sont 
dorénavant la défense de la liberté d'expression et des libertés individuelles. 
C'est donc tout naturellement et sans se cacher que l'ATDJ apporte un soutien complet à 
3 Article 19 : " Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas 
être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de 
frontières, les informations e les idées par quelque moyen d'expression que ce soit." 
22
Nessma TV et condamne les violences à l'égard de la chaîne. 
L' Instance Nationale pour la Réforme de l'Information ( INRIC ) quant à elle, va dénoncer les 
violences qui ont été faites sur les professionnels des médias. 
L'INRIC a vu le jour en 2011, elle fut créée par le gouvernement avec l'objectif d'obtenir une 
instance régulatrice capable de superviser les médias. Nommé par le Premier ministère, Kamel 
Labidji en est le président. L'INRIC se compose de huit autres membres. L'INRIC oeuvre comme 
une instance de réflexion, indépendante, consultative et provisoire dans le but d'élaborer des 
recommandations pour le gouvernement. L'instance a joué un rôle important lors de la période 
électorale. 
L'INRIC va dénoncer les violences faites sur les professionnels des médias, mais ne va 
cependant pas soutenir explicitement Nessma TV à l'instar de ses confrères. 
Les réactions sont variées, l'approche de l'échéance électorale du 23 octobre 2011 imposant 
une certaine retenue quant aux discours des politiques. Cela est nettement vérifiable auprès des 
différents partis politiques qui ont réagis aux événements. On notera que le ton est à la retenue, 
beaucoup ne voulant pas trop s'impliquer dans l'affaire. Une grande majorité des partis ont dénoncés 
ces attaques comme des provocations à l'approche des élections. Les partis politiques n'osent pas 
prendre ouvertement la défense de Nessma TV, de peur d'attiser encore plus la polémique. 
Réactions des internautes 
D'autres réactions sont visibles sur la toile. Ce sont celles d'utilisateurs lambdas et affichent 
des opinions plus libérés. A l'image d'un billet sur le blog "Afkar " par exemple. L'internaute prend 
ouvertement position en dénonçant les abus entravant la liberté d'expression suite à la diffusion de 
Persepolis. L'auteur indique être proche du mouvement Ennahda et de pleinement soutenir la cause 
de Nessma TV. 
" Même si j'ai voté Ennahdha et je la soutiens, je suis absolument contre le jugement de Nessma TV 
pour avoir passé le film persepolis car avec un tel jugement nous irons droit vers la dictature et 
l’exclusion. " 
( Kemal Al Gazzah, Blog Afkar, 18/11/2011 ) 
Pour Kemal la condamnation de ces films polémiques en justice relève de la dictature. Il 
dénonce le manque de tolérances des personnes condamnant Nessma TV, leurs réactions sont 
impulsives et non réfléchies. Les critiques autour d'un film ne doivent pas avoir lieu en justice 
explique l'internaute, mais sur la toile. Il est invraisemblable de voir un film se faire trainer en 
justice car il a pu heurter la sensibilité de certains individus. Pour l'auteur du billet, le citoyen est 
libre d'exprimer son opinion, sa critique, mais il doit le faire par le biais de forums, blogs comme 
23
cela se fait habituellement. Le citoyen prendra ses responsabilités et décidera alors de boycotter 
Persepolis et la chaîne Nessma par exemple. Si tout les détracteurs faisaient de même, le procès se 
ferait " naturellement " et Nessma TV pourrait ainsi perdre beaucoup d'audience par exemple. 
1.4.2 Un rebondissement conséquent dans l’affaire « Persepolis » : le report du procès du 17 
novembre 2011 
Mélodie VLAMYNCK 
La cause du procès 
Il est important de rappeler que le 17 novembre est une journée importante concernant 
l’affaire Nessma puisqu’elle est censée être le premier jour du procès. Nous pouvons citer News 80, 
portail d’actualités Algérien : « Le directeur général de la chaîne de télévision privée tunisienne 
Nessma TV, Nabil Karoui, comparaîtra aujourd’hui devant la justice pour «atteinte aux valeurs 
sacrées» après la diffusion, en octobre, du film Persepolis qui avait suscité des violences à Tunis ». 
Deux autres personnes doivent comparer également ce jour, selon Le Quotidien, journal généraliste 
indépendant Tunisien : « Affaire Persepolis, Nabil Karoui et deux personnes devant la chambre 
criminelle ». 
Le report du procès 
Pourtant, nous apprenons rapidement au fil des lectures le report du dit procès. Par exemple, 
la source Babnet.net, portail d’actualités tunisien, titre son article : « Report du procès de Nabil 
Karoui au 23 janvier 2012 » et il explique que « le tribunal de première instance de Tunis a décidé 
de reporter le procès de Nabil Karoui, directeur général de la chaine privée Nessma TV et de ses 
deux employés ». Ici on parle du procès de Nabil Karoui mais également des deux personnes 
travaillant à la chaine avec lui qui sont accusées. La première radio Tunisienne indépendante, c’est-à- 
dire Mosaique FM, informe ses auditeurs en parlant du « procès de l’affaire Persépolis reporté au 
23 janviers 2012 » car « la justice Tunisienne a décidé de reporter le procès de l’affaire dans 
laquelle Nabil Karoui figure parmi les accusés ». On ne parle ici pas des deux autres accusés, 
seulement du PDG, mais bel et bien d’un report du procès. 
24
Un procès qui suscite de nombreuses manifestations et controverses 
Nous en apprenons ensuite un peu plus, grâce au portail sur les actualités et les nouveautés 
autour de la ville de Tunis, Tuniscope.com, qui nous informe que « le procès a débuté après un 
retard d’environ deux heures à cause du nombre important de journalistes et de manifestants venant 
protester pour la liberté d’expression », ainsi « le juge a décidé de reporter le procès à la date du 23 
janvier 2012 ». Contrairement aux autres médias, Tuniscope.com nous en dit un peu plus concernant 
les conditions du procès qui restaient ici un peu floues. 
Nous pouvons également citer un article de l’AFP (Agence France Presse – agence de 
presse mondiale d’information) : « Ouvert dans la cohue, le procès a été ajourné après un peu plus 
d’une heure de débat, à la demande des avocats de la défense et de la partie civile » dans lequel 
nous apprenons que ce sont en effet les parties civiles ainsi que les membres représentants la justice 
qui réclament un report du procès à cause d’une « petite salle bondée ». 
Le journal français LeMonde.fr, insiste lui sur la foule présente au procès et à l’intérieur de 
la salle d’audience ; « l’audience au tribunal de Tunis s’est ouverte dans la cohue, des centaines de 
personnes, dont de nombreux salariés de Nessma, s’étant massés dans la petite salle. » Ici, nous 
imaginons le palais de justice de Tunis bondé par les gens souhaitant assister à un procès important 
dans l’histoire, ce nombre de personnes est plus que significatif de la portée du procès. 
Grâce à ces articles, nous en apprenons un peu plus sur le procès et sur les conditions de son 
report. En effet, la foule importante présente dans le palais de justice empêche le procès de bien se 
dérouler et pousse les avocats à en demander le report, le juge se doit d’accepter ; tous ces éléments 
prouvent et montrent à quel point ce procès a une portée significative très large. 
1.4.3. Des nouvelles idéologies misent en avant : quelles en sont les intermédiaires ? 
Marie SAAB 
Des valeurs sacrées 
Il faut rappeler que Nabil Karoui a été appelé à comparaître devant le tribunal pour « atteinte 
aux valeurs sacrées » après la diffusion en Octobre du film « Persepolis » (source : 
Afreekelection.com, portail sur l’information africaine). Il fait l’objet d’une plainte de plus de 140 
avocats (source : France24, information, news et actualité internationale) et encourt une peine de 3 
ans de prison (sources : Djazairess.com, site algérien de news et d’articles/ Elwatan : presse, site et 
journal algérien). En effet, Dieu y était représenté dans ce film, ce qui est blasphématoire et 
25
proscrit par l’Islam, a fortiori lorsque presque 99% de la population tunisienne est musulmane 
(source : Tixup.com, portail d’actualité et d’information en Tunisie). 
Les « excuses » de Nabil Karoui 
Bien que Nabil Karoui ait présenté ses excuses au peuple le 11 octobre et était passé devant 
le procureur adjoint de la République chargé de la presse et de l’information le lendemain, les 
manifestations à son encontre et à l’instigation des groupes salafistes s’étaient poursuivies 
(sources : Radio-Canada.ca, radio canadienne/ Webdo.tn, site d’actualités sur la Tunisie). Il 
déclara alors ces propos à l’AFP (Agence France Presse – agence de presse mondiale 
d’information) : « Je vais plaider non coupable, bien sûr. Il est scandaleux que ce soit moi qui 
comparaisse alors que les gens qui ont brûlé ma maison ont été relâchés. Il rajouta ensuite : « Avec 
moi, les nouveaux défenseurs de l'ordre moral en Tunisie veulent faire un exemple. Nous sommes 
dans une dictature morale encore pire que sous Ben Ali. Sous l'ancien régime, je n'ai jamais été 
menacé de mort » (sources : Afreekselection.com, portail sur l’information africaine /France24 : 
information, news et actualité internationale). Nabil Karoui a un double propos : il s’excuse pour la 
sortie du film dans une volonté d’apaiser les violences après l’attaque du siège de la chaine mais 
comme elles ne cessent pas il tient alors des propos plus francs : on peut alors se demander si ses 
excuses étaient bien sincères et allaient avec ses propres convictions ou bien s’il les a seulement 
faites dans un souci de représailles. 
Une double qualification des protestataires 
Dans la source Tixup.com (portail d’actualité et d’information en Tunisie), il est dit que 
plusieurs médias avaient qualifié les protestataires qui s’étaient réunis devant les locaux de Nessma 
TV comme étant des extrémistes, salafistes ou encore barbus. Ce portail d’actualité sur le net 
affirme : « qu’en vérité, les manifestants étaient de toutes orientations, des hommes, des femmes, 
des jeunes, des barbus et d’autres. » De plus, le terme « excusé » lorsqu’il est cité les propos de 
Nabil Karoui est mis entre parenthèses ce qui montre bien le manque d’honnêteté de celui-ci selon 
eux. Comme si il ne s’était excusé que pour que ces violences après la diffusion du film cessent. 
26
Nessma TV : son but, son appartenance 
Mélodie VLAMYNCK et Marie SAAB 
Selon l’article tiré du site AtlasInfo.fr (site d’information généraliste rassemblant l’actualité 
politique, économique, sociale plus précisément sur l’Algérie et le Maroc). Cet article est en fait un 
reportage au sein de la chaîne tunisienne Nessma TV. Nous y apprenons tout d’abord que ce plateau 
était en fait deux mois auparavant, la cuisine de la Star Academy Maghrébine. C’est cette émission 
qui a en fait propulsé la chaîné dans le paysage médiatique nord-africain au cours de l’année 2007. 
Avec la Révolution, la chaîne a quitté le domaine du divertissement pour se consacrer à l’actualité 
ainsi qu’aux débats politique tunisien qui est un sujet qui plaît énormément aux téléspectateurs 
depuis la chute du régime de Ben Ali (2011). Nous apprenons grâce à cet article que le film 
Persepolis a été projeté lors d’une soirée-débat sur l’intégrisme religieux, ce qui ne semble donc pas 
anodin. 
Pour revenir sur le procès, nous apprenons ici que le personnel de la chaîne est vraiment pris 
à partie et ne peut plus exercer normalement son travail dans certains quartiers de la ville de Tunis 
ou régions de Tunisie. 
L’article consacre un paragraphe entier à Nabil Karoui sur qui on en apprend un peu plus. 
Nabil Karoui a en fait profité d’une faille juridique en 2007 pour lancer sa chaîne mais au départ il 
n’a pas le droit de parler de politique. 
Nous découvrons que la chaîne Nessma TV appartient à deux groupes : 
- Médiaset, qui est un groupe de médias italien, de production télévisuelle de presse et d’Internet 
appartenant à Berlusconi. 
- Quinta Communication, regroupant une grande partie des industries techniques du cinéma 
Français et qui est possédé par Tarak Ben Ammar, étant un producteur de cinéma et homme 
d’affaires Tunisien, réputé proche de Ben Ali. En nous disant cela, le journal Atlas Info sous-entend 
bien évidemment la proximité entre la chaine Nessma TV et Ben Ali. 
La chaîne s’adressait tout d’abord aux jeunes maghrébins de la classe urbaine occidentalisée 
pour contrer l’hégémonie du Moyen-Orient dans l’audiovisuel et a rapidement pris le parti de casser 
les codes et de jouer la carte choc en organisant par exemple des débats sur la sexualité. Nabil 
Karoui se défend en disant « Nous n’avons pas de Conseil supérieur de l’audiovisuel comme en 
France, nous devons faire notre propre ménage. Je connais les tabous et nos sociétés et je les 
respecte ». « Je n’ai jamais voulu faire de la provoc’, j’ai un gros médias et je veux être le plus 
consensuel possible ». Il dit plus loin qu’il couperait la fameuse scène si c’était à refaire. Pourtant 
toutes ces citations peuvent être mises en parallèle avec le fait que la chaîne et son patron ont 
toujours plus ou moins suscité la controverse. Ici l’article insiste sur le fait que Nabil Karoui établit 
27
un discours en incohésion avec son travail sur la chaîne, ainsi il parle de liberté d’expression, liberté 
qu’il a prit. 
Manifestation pour la liberté d’expression 
Marie SAAB 
Sur le site Tuniscope.com (portail d’actualité de Tunis), le titre en impose directement: 
« Manifestation de soutien pour Nessma : On n’emprisonne personne pour un film ! » C’est une très 
clair prise de position en ce qui concerne l’affaire. C’est une manifestation qui appelle à soutenir 
Nabil Karoui et a fortiori la chaine Nessma TV afin de défendre la liberté d’expression. Cet appel à 
la manifestation se fait le 16 novembre pour qu’elle se tienne le lendemain : « demain, jeudi 17 
novembre à partir de 09h, devant le tribunal de première instance situé au Boulevard Bab Net au 
même moment où le directeur général de la chaîne Nessma TV, Nabil Karoui, et deux de ses 
employés comparaîtront devant le juge pour l’affaire de la diffusion du film Persepolis ». Ce site 
déplore l’injustice qui se déroule et appelle à une forte mobilisation notamment sur les réseaux 
sociaux (il donne une page Facebook). Il est également ajouté : « Les tueurs, les voleurs, ceux qui 
ont volés notre pays n'ont pas été condamnés pour autant, mais la diffusion d'un film peut mener 
vers la prison ! Alors on dit non, non et NON ! La liberté d'expression, quelle que soit sa forme est 
un DROIT! On ne met pas les gens en prison pour avoir diffusé un film ! » 
Sur le site Tunivisions.net (magazine dit « people » des Tunisiens) il est indiqué qu’avant le 
début de l’audience, l’un des journalistes les plus en vogue de la chaine Nessma TV, Sofiene Ben 
Hmida, a apporté les précisions suivantes : « C'est un procès d'opinion qui nous rappelle la période 
de l'inquisition, mais nous ne sommes pas des victimes, nous allons défendre la liberté d'expression 
devant ce tribunal ». 
Sur Webdo.tn (site d’actualités sur la Tunisie), on se pose une question sur la liberté 
d’expression : disparaitra-t-elle le 23 janvier 2012 avec l’incarcération de Nabil Karoui ? Ce dernier 
déclare que : « Cette affaire est une affaire politique et je vois en ce jour la mort réelle de la liberté 
d’expression en Tunisie. » en arrivant dans la salle d’audience du tribunal de première instance de 
Tunis, devant de nombreux médias tunisiens (également sa chaîne Nessma TV qui diffusait en 
direct ce 17 Novembre) mais également étrangers ainsi que des citoyens tunisiens. 
28
1.5. Acteurs et points de vue 
1.5.1. Remise en question de la religion 
Justine CAILLET 
Persepolis, le film 
Nous pouvons voir que différents articles nous montrent à quel point certaines prises de 
position ont eu un impact important dans le débat qui a suivit « Persepolis ». On compte notamment 
sur les prises de parole dans l'éducation avec certains professeurs qui donnent clairement leurs avis 
sur les questions de religion. Cela montre comment le débat de l’État religieux est remis en cause. 
Pour la première fois, les Tunisie se permettent de remettre en cause la politique religieuse, ce qui 
n'aurait jamais été possible avant. 
Une interview par rapport au film « Persepolis » nous montre que malgré le modernisme que 
connaît la Tunisie, rien n'est acquis pour la laïcité. Beaucoup comme lui sont contre la diffusion de 
ce film. « Persepolis » a donc été vu comme provocateur et agressif et qui à des effets négatifs sur la 
société. Il y a aussi un problème de distinction entre le pouvoir politique et la religion. C'est ce 
rapport qui nous montre à quel point la Tunisie ne peut par réellement être une démocratie, le temps 
que cette idée ne sera pas rejetée. Mais pourtant ils seront d'accord pour dire qu'ils sont contre les 
brutalités déjà vues. 
Puis, on retrouve d'autres acteurs qui cherchent à montrer que la modernité est possible, 
mais qu'elle ne doit pas entraver la religion. C'est un appel à tous les Tunisiens qui souffrent de la 
politique de l’État. La liberté d'expression provient de la démocratie. Une nouvelle idée de l'homme 
et de la religion est nécessaire. C'est une nouvelle manière de penser la religion et la politique. 
Idéologie salafiste 
Il faut savoir que le salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des 
origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Le salafisme est un courant religieux qui défend la lecture 
littéraliste et ultra-orthodoxe de l’islam. Cette forme de religion est souvent assimilé à un 
mouvement sectaire, mais il a pourtant connu en Tunisie une croissance forte dans les années 80, et 
d'autant plus avec le printemps arabe. On ne peut pas qualifié ce mouvement comme un groupe 
homogène car il couvre un large cercle politique, et évolue de manière complexe. En Tunisie, on 
retrouve trois principales tendances salafistes existantes: le salafisme missionnaire qui demande 
l’islamisation de la société en général et particulièrement l’éducation. Ce mouvement défend une 
29
vision non violente de l’islam, fondée sur la volonté d’organiser le mode de vie selon les avis 
religieux. Puis on retrouve le salafisme djihadiste, qui est le parti le plus violent. Ce mouvement 
prônant les actions directes et violentes et surtout se réclament d’Al-Qaida. 
Puis, on retrouve le parti de la libération hizb tahrir, militent pour le rétablissement du Califat, ce 
qui pourrait remettre en cause toute l'idéologie démocratique de la Tunisie, par la mise en place de 
lois islamique, donc d'un régime basé sur l'islam. Les salafistes occupent le devant de la scène grâce 
leurs l’activisme et à leurs intervention spectaculaire avec principalement l’affaire de la chaine de 
télévision Nessma ou bien même les violence à la faculté des Lettres de la Mannouba pour imposer 
le port du niqab. Il faut donc reconnaître que la pensée salafiste contrôle aujourd’hui une grande 
partie de la littérature musulmane et les esprits Tunisiens. Les salafistes gagnent des points avec 
leurs manifestations de violence, qui les mettent au devant de la scène politique. Avec les affaires 
comme celle en rapport avec le Niquab à la faculté de Sousse, puis le film « Persepolis », ils 
abordent leurs idées progressistes de la Tunisie. C'est surtout le film qui a permi le débat intéressant 
du problème de la Tunisie, qui est la relation entre le politique et la religion au sein du pays. La 
séparation de ces deux sphères afin de séparer les libertés d'expression individuelles et la gestion du 
pays selon les lois fondées restent donc problématique à l'heure actuelle en Tunisie. Sensibiliser les 
citoyens et donc l'opinion publique jouent en leur faveur, et ont permis la monté de leur 
mouvement. Ce ne sont pas leurs idées qui sont réellement remis au cause en Tunisie, mais leur 
manière d'agir par la violence et le manque de liberté d'expression donnée qui pose un réel 
problème et leur donnent cette image de mouvement dangereux. Se pose donc la question du 
scandale fait dans le pays : Pourquoi ? On retrouve un État qui se dit démocratiser mais qui pourtant 
ferme les yeux face aux libertés individuelles et accorder la censure qui est l'un des moteurs anti-démocratique. 
C'est sur cette idée que se base les salafistes. Le respect de la religion nécessite 
obligatoirement une censure, ce qui est le cas avec « Persepolis ». Ce sont en priorité les choix du 
pays, l 'économie et les intérêts du pays qui ont été mis en avant , ce qui est un avantage pour ces 
mouvements qui peuvent se reconnaître à tout moment dans ces idées. 
Discours médiatiques 
De même le discours médiatique s’appuie énormément sur le fait que c'est une marche de 
protestation lancée juste après la diffusion du documentaire « Persepolis », mais d'autant plus que 
cette marche rassemble tous Tunisiens. Qu'ils soient salafistes, partisans du parti Ettahir, ou bien 
même citoyens ordinaires comme les femmes voilées ou non, ils étaient tous présent. On remarque 
donc qu'il y a une volonté de montrer le peuple Tunisien comme un peuple uni, qui est rassemblé 
autour de la même idée : l'appel au respect de la religion et la condamnation de tout blasphème de la 
30
foi islamique. Le film est donc montré par les médias comme étant l’élément déclencheur de la 
première occasion au Tunisien de donner leur avis et de se confronter contre le pouvoir de Nessma 
TV. En effet, n'oublions pas que la Tunisie à ce moment est en transition démocratique suite à la 
tombé de la dictature de Ben Ali. Cette marche est aussi qualifiée comme un moyen de rendre la 
liberté d'expression aux Tunisiens, ce qui n'était possible sous le régime de Ben Ali. Un symbole 
encore plus fort est certainement le fait que la manifestation se soit déroulée à Tunis, la capitale, le 
lieu incontournable et important politiquement pour la Tunisie ce dont le journal ne s'empêchera de 
répéter plusieurs fois. De même à travers ces articles, nous avons pu voir à quel point les attentes 
des Tunisiens, non qu’elles ne soient solides, restent paradoxales. C'est la diffusion du documentaire 
Persepolis qui a mis le feu au poudre et créer cette affaire. Ceci nous a permis de voir à quel point 
cette affaire a permis à chacun de se positionner et de se révolter contre le gouvernement, ce n'est 
plus qu'un scandale mais une affaire d’État qui est ici montré. Chaque article montre que la 
diffusion du film a été un élément déclencheur pour tous les citoyens Tunisiens, qui est pourtant vu 
différemment selon l’état d’esprit de chacun. Il y a là une réclamation du respect de chacun : c'est 
une adresse au pouvoir politique. Ces tensions se sont accumulées et devenues de plus en plus 
virulentes et créer des positionnements chez chacun, que ce soit du peuples mais aussi de la justice, 
du monde de l'Art et affecter tout symbole de modernité. 
1.5.2. La violence 
Marine JENICOT 
La violence des barbus 
Au cours de différents articles, on retrouve l'idée de l'affrontement. En effet, on nous récapitule les 
agressions faîte par les salafistes. Cette forme de violence, qui n'est pas en adéquation avec la 
religion islamique devient nécessaire. On retrouve différentes attaques faîtes, sur certains domaines. 
Ce sont des attaques très précises et très bien choisies. On s’attaque aux systèmes juridiques, aux 
Hommes et Femmes, sur certains sites touristiques aux espaces culturels et au domaine de l'Art en 
général. Cette confrontation se place donc dans l'idée de supprimer toute forme de modernité, mais 
aussi de divergence d'opinion contre la religion qui apparaît centrale au sein même du pouvoir 
politique. Il faut aussi rappeler que ceci est possible par le régime peu séculaire de la Tunisie lors de 
cette période. On compte différentes agressions, notamment celle faites dans le monde de la Culture 
et de l'Art, lorsque les barbus suspendent les spectacles culturels, l'accès aux sites touristiques pour 
les touristes. L’attaque du cinéma à Tunis en Juillet 2011 lors du film de Nadia El Féni « Ni Allah, 
ni maître » qui déclenche une panique totale. Un autre point est important : l'attaque de l'éducation. 
31
L'université est le symbole de la jeunesse mais aussi des idées nouvelles inculquées aux nouvelles 
générations. Il y a là une réclamation d'une école dite plutôt religieuse et non laïque, ce qui va là 
contre le fondement de notre démocratie. Puis, on retrouve des attaques d'autant plus virulentes 
lorsque les salafistes tentent d'incendier le siège de la télévision Nessma TV après la diffusion de 
« Persépolis ». L'objectif des salafistes est d’empêcher toute forme de culture qui montre l'oubli de 
la foi. La foi est considéré comme centrale, et donc demande une restriction de la modernité du 
pays. On peut donc se poser la question de savoir si le film a vraiment été vu sans atteintes à l'Islam. 
Le fait de diffuser le film à ce moment précis ne serait-il pas une simple mise en scène pour 
radicaliser le pays ? 
De plus, le droit fondamentale à la citoyenneté a été pris pour cible : par les attaques sur les 
Hommes quelle soit physique ou morale 
Discours médiatiques 
Le vrai problème n'est pas la diffusion du film en Tunisie, mais sa version en dialecte tunisien faite 
par la chaîne qui a mis le feu aux poudres. C'est à partir de ce moment que Nabil Karoui a présenté 
ses excuses au peuple Tunisien ce n'était pas son but, et avoue avoir commis une faute, c'est ce que 
Soraya Maherzi déclare dan son e-mail du 13/10/2011. Cela ne suffit pourtant pas pour certain 
Tunisien. Elle déclare également que lors d'un communiqué, l'Iran affirme avoir mis en garde la 
chaîne Nessma TV sur les réactions que pourrait susciter la diffusion du film, et de prendre en 
considération les croyances des téléspectateurs musulmans. Les excuses de Nabil Karoui ne vont 
pas apaiser les tensions surtout que le scrutin du 23 Octobre 2011 approche. Nous avons affaire à un 
peule qui ne comprend plus et ne veut plus croire en l’État. On décide de faire appel à la force en 
s'attaquant directement au PDG. Voiture détruites, meubles saccagés, et porte d'entrée défoncée 
font office d'attaque. De plus, une journaliste de Nessma TV déclare & dénonce « l'incitation de 
quelques imams à commettre des crimes à l'encontre des employé de la chaîne ». A propos de la 
marche pacifique faite le dimanche contre les violences salafistes. Elle est placée sous le mot 
d'ordre « Aatakni » c'est à dire« fous moi la paix ». On retrouve différent personnes présentes dont 
de nombreux intellectuels, et figures du théâtre tout comme la directrice de l'espace Mad'Art : Raja 
Ben Ammar. On retrouve aussi la présidente de l'association « égalité et équité » qui craint elle aussi 
pour la liberté d'expression menacée par les extrémistes. Le peuple Tunisien réunit donc une 
multitude de Tunisien, issue de différentes classes sociales. On remarque deux tendances des 
médias, surtout locaux, tous deux s'attardent beaucoup aux petits détails qui ont suivit la 
manifestation, notamment la confrontation des manifestants aux forces de l'ordre. On a cette image 
de la police comme étant un pouvoir absolu et les manifestants en contre pouvoir. Le fait d'avoir 
32
recours à des images et dialogues en contestation à la religion islamique est un problème en Tunisie. 
Il y a là de la part des Tunisiens une crainte d'un État opprimé par un Islam radical, mais pourtant ils 
veulent un certain respect de la religion. « Le Quotidien » met en avant cette idée, ce qui est permis 
par l'ensemble d'explications détaillées. 
Une tendance qui a pour caractéristique de ne prendre aucun partis, leur seul mot d'Ordre est le 
respect, le journal n'établit aucune prise de partis, ni de camps. Une autre tendance met en avant 
l'opinion des médias, le journaliste n'hésite pas à donner son avis sur les événements, de juger. A la 
lecture de ces articles on peut distingué les différents partis pris des journaux. Toutefois, on peut 
voir que les médias montre cette affaire comme une possibilité aux Tunisiens de créer le 
changement, de se révolter devant ce qu'il ne trouve pas respectable : on parle de consensus. 
Cette idée de consensus se retrouve à travers d'autres médias venant particulièrement des NTIC 
avec Facebook. En effet, après la diffusion de Persepolis, de nombreux mouvement de citoyenneté 
se sont établit. Les réactions suite aux manifestations et à la diffusion du film, divisent le peuple 
tunisien alors que certains appels au calme, d'autre appel à la révolte sur des réseaux sociaux. 
Facebook est l'un de ses réseaux sociaux qui a permis de créer le lien social entre citoyens. C'est 
une réponse à l'appel lancé sur Facebook qui a permis de mettre en place la manifestation, et un 
point important et que cela a était fait par un groupe de jeunes le vendredi. Cela montre bien que les 
Tunisiens pouvaient déjà créer une révolte après la diffusion de Persepolis. Mais « Persepolis » est 
un élément déclencheur permettant la révolte. Outre le fait que Facebook puisse permettre de 
communiquer entre amis, il a dans le cas de l'affaire médiatique de « Persepolis » crée une 
interface entre citoyens Tunisiens, mais aussi en intermédiaire avec les Français. Les réseaux 
sociaux ont donc été d'une importance capitale à la diffusion mondiale de la révolution Tunisienne, 
et d'autant plus en France. C'est une réponse à l'appel lancé sur Facebook par un groupe de jeunes le 
vendredi qui a permis de réunir les Tunisiens à la marche sous le slogan « libère-moi ». On retrouve 
également d’autres thèmes revendiqués par de nouveaux acteurs, avec par exemple l’e-mail écrit par 
Soraya Maherzi (1) à plusieurs personnalités travaillant dans les médias, Boris Boillon (2), Michel 
Tarran (3), Étienne Chapon (4), Jean-Claude Floirac (5), Hélène Hammouda (6), Hichem Dhahri 
(7), Sihem Amri (8), Camille Roman (9), Valéry Freland (10), Dorotea Marciak (11), Hélène 
Delmas (12) et Alain Esparbes (13). Cet e-mail traite en effet de la liberté d’expression, du non 
recours à la violence en réponse à la violence ou en réponse à la diffusion du film qui est exprimée 
comme violence, ainsi que le rappel de l’élément déclencheur de cette polémique et affaire. 
De même, on retrouve différents slogans durant la manifestation comme « le peuple veut la liberté 
d'expression », « La Tunisie est pour tous », « Tunisie libre, exit les forces rétrogrades ». La marche 
est organisée en réaction des manifestations faites par les salafistes contre la diffusion de 
33
« Persepolis » sur Nessma TV. Dans certains articles aucun incident n'est déclaré dans les rues, 
grâce au dispositif policier conséquent ce qui montre bien qu'il n'y a de la part des Tunisiens qu'une 
demande de changement du pouvoir. Dans d’autres articles on retrouve bien les marques de 
manifestations et de violence faites. Comme le saccagement de la maison de Nabil Karoui le 
lendemain de la diffusion du film ainsi que l’arrivée de centaines de salafistes au siège de la chaîne 
Nessma TV. Les conséquences de l'attaque sur la maison de Karoui reste tout de même assez flou, 
c'est ce que nous constatons dans les communiqués de l'AFP du 11/10/2011 et les dépêches de 
l'agence de Tunis du 14/10/2010. Alors que la chaîne Nessma TV annonce que la famille à était 
sauvé in extremis, les force de l'ordre affirme qu'il n'y avait personne dans la maison lors de 
l’attaque. D'autres sources comme la sécurité Nessma annonce qu'il y avait la femme de ménage et 
que celle-ci à été agressé et hospitalisé. Aucune photo ne montre l’état de la maison après l’attaque 
des individus ''armé'', car Nabil Karoui a refusé qu'un photographe de l'AFP prenne son domicile en 
photo. La chaîne Nessma TV met en cause les islamistes et dénonce les imams d'avoir poussé cette 
révolte lors de leurs prêches. Les manifestations sont tous les jours reportées dans les dépêches ainsi 
que dans les articles de presse, le nombre de manifestants est compté quotidiennement. 
1.5.3. Liberté d’expression 
Marion VIAIRON 
Transition du pouvoir 
L'accumulation de problème politique et précisément des doubles discours des partis crée une 
scissions de la part du peuple. Cette période montre à quel point même si l'on retrouve un 
« consensus Tunisien », les idées de chacun restent positionnés et veulent par tous les moyens 
imposer leurs idées au peuple. Alors que la Tunisie, qui vient de sortir de la dictature de Ben Ali, est 
en période de transition et tend à aller vers une démocratie, ces événements questionnent alors cette 
dernière. En effet, on se rend donc compte que la Tunisie n'est pas prête à tourner la page à son 
ancien régime. On peut se demander pourquoi avoir manifester dans Tunis, si personne ne veut 
vraiment changer les choses ? 
Nous avons recensez dans la majorité des articles de presse, des journalistes prônent la liberté 
d'expression, ces derniers s'opposent alors aux extrémistes, qui tentent d'imposer leur loi par la 
force. En effet, dans une démocratie tout homme est libre d'exprimer ses idées sur n'importe quel 
sujet, mais dans le respect de l'autre et de manière pacifique, avec un dialogue. Nous avons vu que 
toutes ces violences des salafistes visent à les imposer sur la place publique au moment ou les 
élections s'approchent et que le travail de l'artiste était attaché à des contraintes. De nombreux 
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A l'aube du "réveil arabe": Perspective médiatique de l'affaire Persepolis

  • 1. L3 Culture et Médias Année universitaire 2012-2013 Université Charles de Gaulle – Lille 3 UE – Régulation des échanges médiatiques Enseignant référent CM : Cédric TERZI Enseignant référent TD : Nozha SMATI A l'aube du "réveil arabe", l'affaire Persepolis sous une perspective médiatique : comment la diffusion d'un film en Tunisie peut-elle mettre le feu aux poudres dans un contexte de transition démocratique ?
  • 2. Groupe 3 - Étudiants Guillaume BARONNA Valentin BRASSAC Justine CAILLET Laetitia CORNIERE Sophie DE BERNY Charlotte HOORELBEKE Marine JENICOT Adriana LEVET Joris NAESSENS Carole PERASTE Carmen ROUCHET Josselin ROBIEZ Marie SAAB Bertille SIMON Marion TINOCO Yasemin TOPRAK Amandine VERMARE Marion VIAIRON Mélodie VLAMYNCK Margaux WANHAM
  • 3. SOMMAIRE Introduction 1. L'affaire médiatique Persepolis 1.1 Définition d'une affaire médiatique 1.2 Le contexte : la Révolution tunisienne 1.3. Discours médiatiques sur l’affaire Persepolis 1.4 Les conséquences de la diffusion du film 1.5. Acteurs et points de vue 2. Le combat démocratique et libertaire sous l’oeil de la politique 2.1. L'organisation des élections et le ressenti populaire 2.2. Ennahda et la montée de l’extrémisme religieux 2.3. L'appropriation de l'affaire Persepolis et son utilisation politique 3. Les enjeux consécutifs à l'affaire Persepolis 3.1. La division d'un peuple au lendemain d'une unité : une identité à rebâtir 3.2. L'apprentissage de la démocratie: l'espace public, lieu de débat en construction 3.3. Un flou médiatique : comment définir et utiliser la liberté d'expression ? Conclusion Bibliographie Annexes Index Table des matières
  • 4. INTRODUCTION Persepolis est au premier abord un film d'animation franco-iranien sorti en 2007, de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, s'inspirant de la bande dessinée de cette dernière et portant le même titre. L'histoire prend place dans le Téhéran (Iran) de 1978, et traite de la chute du Shah et de la montée de l’extrémisme religieux qui s'en est suivit, au travers les yeux d'une petite-fille, Marjane. Une petite-fille que l'on va suivre à travers son évolution, ses ambitions, ses pertes. Ce film autobiographique, en noir et blanc quasiment durant toute sa durée, rend compte d'une société iranienne en mouvement et en tension. Il dresse le paysage d'une situation complexe entre chute d'un dictateur, pression religieuse, attaques militaires, oppositions, révoltes... Ce film relatant un contexte particulier, violent et en confrontation est lui-même, en tant que support, l'élément d'une controverse. Cette controverse s'inscrit au coeur d'un pays du Maghreb au contexte politique, social et sociétal spécifique : la Tunisie. La diffusion de Persepolis le 7 octobre 2011 par la chaîne privée Nessma TV, en dialecte tunisien, entraîne le pays dans un état de confrontation et d'expression de positions, un état en écho avec la révolution que le pays vient de vivre. Au lendemain de la Révolution de Jasmin, du 14 janvier 2011, les Tunisiens ont mis fin à la dictature de Ben Ali, libérant une nouvelle répartition de l'espace public, un espace public ouvert à son peuple : une nouvelle citoyenneté. Cependant, l'enthousiasme lié à cet événement laisse vite place à un certain désenchantement, lorsque la population se pensant si « parfaitement » unie, prend conscience de toute sa multiplicité et diversité. Les Tunisiens se découvrent et apprennent à s'identifier à un nouvel ordre social et politique, celui d'une démocratie. Persepolis arrive donc dans une période particulièrement sensible, et va faire en sorte d'interroger de nouvelles problématiques, qui n'avaient pas lieu d'être sous le régime d'un dictateur : la liberté d'expression, les croyances religieuses, la diversité du peuple, le rôle des médias et des journalistes... En fait, Persepolis avait déjà été diffusé entre 2007 et 2009 dans les salles de cinéma de Tunisie, et n'avait provoqué ni questionnements, ni revendications. Le contexte semble donc bien être un élément fondamental dans la réception qu'en ont faite les Tunisiens en 2011. C'est cette rediffusion du film en 2011, par la chaîne Nessma TV, dans le dialecte tunisien, à la suite d'une union puis d'une prise de conscience d'une multiplicité, dans un contexte de redéfinition de repères et d'identité, qui a créé la controverse. Persepolis va peu à peu se constituer en tant qu'affaire en se construisant et en prenant du sens dans la durée, dans le temps au travers d'acteurs se mobilisant et d'énonciations médiatiques. Autrement dit des protagonistes précis vont prendre part à la formation de cette controverse en tant qu'affaire, en se mobilisant, mais aussi en créant du discours autour de cet événement. Un événement qui doit 1
  • 5. être considéré hors d'un instant t mais bien en tant qu'une suite d'opérations, d'actions, sur un temps long et agissant au travers de différents domaines (social, politique, économique...). Cette affaire se constitue aussi à travers les discours médiatiques véhiculés. Afin de se rendre compte de cette affaire, les documents médiatiques vont donc jouer un rôle important, dans le sens où ils offrent une description d'un monde possible. Les médias vont en effet, en tant que matériel discursif, aborder l'événement, énoncer des faits, organiser la pensée, les actions, et les acteurs pour rendre compte des enjeux et de la controverse. Il s'agit alors de comprendre ces mises en discours, identifier les différents protagonistes et leurs positionnements dans le temps. Il ne faut néanmoins pas oublier que ces médias donnent une description de ce qui s'est passé et non la description, en d'autres termes, il s'agit de repérer les positions énonciatrices et les stratégies d'énonciation des différents médias, selon, par exemple, leur ligne éditoriale ou leur nationalité. Le parcours événementiel de l'affaire Persepolis commence donc le 7 octobre 2011, lorsque la chaîne Nessma Tv diffuse le film d'animation. Cette chaîne privée créée en 2007 par l'agence de communication Karoui et Karoui, n'est jusque là pourtant pas connue en tant que chaîne particulièrement informative ni ayant un esprit de révolte aiguë, mais se détermine plutôt comme une chaîne moderne, orientée vers les programmes de divertissement, d'ailleurs elle a fait ses débuts en diffusant « Star Academy Maghreb ». C'est pourtant cette chaîne et son PDG, Nabil Karoui, qui vont être les premiers et les principaux protagonistes de cette affaire. Suite à la diffusion, des centaines de personnes dites « salafistes » (catégorisation sur laquelle nous reviendrons au cours de cette étude) attaquent le siège de la chaîne et tente de l'incendier. C'est le début de multiples mobilisations plus ou moins violentes qui vont rythmer le pays. Le 10 octobre, un collectif d'avocats porte plainte contre Nabil Karoui, le responsable du visionnage, l'association « Images et Paroles de femmes », et l'acteur ayant prêté sa voix à l'Être Divin dans le film. Pour quel motif ? Infraction au code la presse et atteinte à la pudeur, des chefs d'accusation qui se verront modifiés quelque peu au fur et à mesure de l'affaire. Que reprochent-ils donc au film Persepolis, et qu'est ce qui provoquera ces revendications ? Une scène particulière du film semble être à l'origine de toute cette révolte. En effet, une scène semblerait porter atteinte aux valeurs sacrées de l'Islam, puisqu'elle constituerait un acte blasphématoire dans le sens où elle personnifierait Dieu, acte interdit au sein de la religion. La diffusion du film va alors être vécue par une partie du peuple tunisien comme une limite à la liberté d'expression à ne pas franchir. De multiples oppositions, revendications, manifestations, prises de parole, actes juridiques... vont alors suivre, divisant peu à peu la population. La perspective des médias, en tant que relais de l'information, semble alors être un moyen d'analyser et d'étudier cette affaire. C'est donc à travers un corpus sur une série d'articles de presse provenant de Tunisie, du Maghreb, du monde arabe, mais aussi de France, d'Angleterre, ou d' 2
  • 6. Espagne...que les discours seront étudiés. L'analyse prend donc pour appui un corpus de presse donné par la chaîne Nessma TV, ainsi que sur celui constitué par l'Ambassade de France en Tunisie. Des recherches personnelles ainsi que des apports théoriques argumenteront et compléteront l'analyse réalisée par un groupe de travail de 20 étudiants. Afin de parvenir à travailler en étant aussi nombreux, une méthodologie particulière a été établie. Après avoir mis en lumière la problématique et des grands axes de réflexion, constituant les grands titres des chapitres, chaque étudiant à pu rejoindre le groupe de travail en lien avec l'analyse des articles effectuée durant le semestre en cours de travaux dirigés. Chaque sous-groupe a pu ensuite redéfinir son plan en interne et se répartir les éléments à travailler. La difficulté a néanmoins été de parvenir à mobiliser et coordonner l'ensemble des étudiants dans le temps imparti, afin de produire une étude cohérente et répondant à la problématique liant notre étude. En quoi un film d'animation peut révéler un malaise identitaire au sein d'une nation ébranlée par la révolution et comment les médias en rendent-ils compte : l'exemple de la Tunisie ? Pour répondre à cette question nous verrons dans un premier chapitre qu'est-ce qu'une affaire médiatique et en quoi l'affaire Persepolis en a les caractéristiques. Dans un second chapitre nous étudierons l'événement sous une perspective politique, comment les discours politisés se l'approprient. Finalement, nous réfléchirons dans un troisième chapitre sur les enjeux consécutifs à l'affaire Persepolis, des enjeux d'ordre identitaire, démocratique et de liberté d'expression. Autant d'axes d'analyse qui constitueront notre plan. 3
  • 7. Chapitre 1 : L'affaire médiatique Persepolis 4
  • 8. 1. L'affaire médiatique Persepolis 1.1 Définition d'une affaire médiatique Carmen ROUCHET 1.1.1 Contextualisation et émergence de l'affaire Persepolis Après la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie découvre ce qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps : la liberté d'expression. Ces débuts ne sont pas aisés, en effet après tant d'années de censure et de répression le peuple et les journalistes doivent faire attention de ne pas brusquer les moeurs établi depuis longtemps. Une question demeure, quelles sont les limites à ne pas franchir en terme d'expression dans un pays en pleine transition politique ? 9 octobre 2011, des manifestants envahissent les rues de Tunis. Une vague de violence s'abat sur la chaîne de télévision privée NESSMA TV et à l'encontre de son PDG, Nabil Karoui. Menacé de mort par les manifestants qui investissent les locaux de la chaîne de télévision, le PDG de NESSMA est alors loin de se douter qu'il vient de créer une affaire médiatique d'ampleur internationale. En cause, un film d'animation franco-iranien intitulé Persepolis diffusé le 7 octobre sur NESSMA TV. C'est notamment la représentation du prophète Mahomet, interdite selon les préceptes de la religion musulmane, qui aurait engendré ces virulentes réactions de la part de la population tunisienne. L'usage du dialecte tunisien pour le doublage du film accentue la provocation. En effet, la langue arabe fourni deux registres : la langue littéraire et la langue du dialecte. Le dialecte tunisien, de plus en plus présent aujourd'hui au niveau de la presse, se démarque de la langue littéraire généralement utilisée en Tunisie et dans le monde arabe pour les traductions. Le film de Marjane Satrapi a fait une exception. La traduction du film en dialecte tunisien avait pour but de rendre le film plus accessible, de créer une proximité avec les spectateurs. Cette traduction prévu pour renforcer le rapprochement des tunisiens avec les personnages du film a finalement participé à la polémique. Le problème du dialecte tunisien c'est qu'il identifie avec précision une population et une culture. Il y a donc eu un refus catégorique des tunisiens de s'identifier aux propos tenu par ce film d'animation d'apparences inoffensives. Si Marjane Satrapi avait fait le choix de la langue littéraire habituellement utilisée pour les traductions dans le monde arabe, les tunisiens se seraient peut-être senti moins concernés et cela aurait pu, plus facilement, excuser certains propos ou certaines images. 5
  • 9. Selon les accusateurs, Persepolis est une atteinte portée au culte, le contenu du film mettant en danger l'ordre public. Plus que de se mobiliser contre le film avec les nombreuses pétitions, les tunisiens font aussi du porte à porte pour mobiliser les foules. Des discours sont prononcés dans les mosquées et les réseaux sociaux, où étaient diffusés des séquences de la vidéo, sont également mis a contribution. Pour les opposants au film, l'islam serait fortement menacée par un retour à l'occidentalisme. Dans un premier temps, les journaux parlent d'une polémique. Pourtant, quelques jours après la manifestation très remarquée du dimanche 9 octobre 2011, les journaux tunisiens, mais aussi français et maghrébins, commencent à parler de « l'affaire Persepolis », de « l'affaire NESSMA ». Une mise au point s'impose. Qu'est ce que les médias sous entendent en utilisant ces termes ? Qu'est ce qu'une affaire ? La diffusion du film Persepolis semble ainsi être le point de départ des événements. Les manifestations, les différentes mobilisations d'acteurs et l'attaque des locaux de NESSMA TV, rapportés par les médias, trouveraient leur explication dans ce film. Les médias locaux et internationaux utiliseront le terme « affaire » pour se rapporter à l'ensemble des actions et réactions liées à la diffusion de Persepolis. Cependant, la diffusion d'un film ne peut pas constituer une affaire en soit. 1.1.2. Qu'est ce qu'une affaire médiatique ? La définition d'une « affaire », d'après Widmer, nous permet de confirmer que le terme est bel et bien applicable à l'ensemble des événements ayant eu lieu en Tunisie et en lien avec la diffusion du film Persepolis. « Il y a une affaire lorsque des acteurs se mobilisent et entrent en conflit à propos d’enjeux. Une affaire a donc toujours une structure temporelle : elle débute, elle se déploie dans une controverse et trouve éventuellement une solution. » (Widmer, 1999 : 11) Un problème devient une affaire quand on a remarqué qu’il y a une situation problématique qui présente des valeurs immorales. La question de la morale est centrale. La diffusion du film Persepolis semble effectivement poser problème à la collectivité. Après avoir trouvé la situation problématique, il s'agit alors de déterminer à qui l'affaire est rattachée. Un public intéressé et concerné se constitue et va s’organiser collectivement pour résoudre le problème ou du moins, essayer d'y faire face. Il faut savoir que les problème sont créés par la collectivité. Ce n’est pas la caractéristique du problème d’être problématique, ce sont les collectivités qui ont rendu le sujet comme problème. 6
  • 10. Un problème n’est donc pas stable, il est une chose qui se développe au fil du temps. C'est d'ailleurs une des caractéristiques d'une affaire médiatique. L'affaire médiatique possède toujours une dimension morale. C'est à dire qu'une affaire médiatique peut révéler une atteinte à l'ensemble des règles de conduites et des valeurs qui définissent la norme d'une société, Widmer l'évoque d'ailleurs dans son texte Mémoire collective et pouvoirs symboliques. « Il ne suffit pas qu’une affaire devienne publique pour qu’elle constitue un problème public. Il faut pour cela qu’elle pose un problème au public. L’accession à ce statut n’est pas un processus naturel : il relève de l’exercice, conscient ou non, d’un pouvoir symbolique, du pouvoir de dire ce qui se passe et la signification que cela a pour la collectivité. » (Widmer, 1999 : 12) La collectivité tunisienne réactionnaire a ainsi décidé que Persepolis constituait un problème. Il s'agit maintenant de déterminer les tenants de ce problème et de saisir les enjeux qui peuvent émaner d'une affaire telle que celle-ci. Les institutions publiques, telles que la justice, le politique, la science, sont des acteurs qui permettent la création « d'arène » de confrontation des idées pour tenter de résoudre ces problèmes. Une affaire possède une caractéristique intéressante, sa durée. En effet, une affaire dure dans le temps et se trouve séquencée par des étapes. Elle est également suivi par un « public ». Les médias révèlent ces étapes au fur et à mesure et ne peuvent pas ignorer l'affaire. Ils n'ont pas d'autre choix que d'en parler et c'est grâce à eux que nous pouvons aujourd'hui étudier ces événements étant donné le corpus médiatique important concernant cette affaire.Il faut savoir que le « scandale » n’a rien à voir avec une affaire car ça n'est pas durable. Une affaire médiatique se mesure dans la durée. Il faut une confrontation durable où des recherches sont effectuées. Les étapes d'une affaire émergent lors de la médiatisation de celle-ci. Certains événements constituent des étapes phares dans la compréhension des enjeux. Ainsi, le parcours événementiel d'une affaire permet de faire émerger les principaux événements liés au problème de départ, soit la diffusion du film Persepolis. Il constitue le travail analytique qui a pour objectif de retracer la manière dont tout s'est déroulé. Il faut savoir que les médias contribuent à déterminer une action. Le compte rendu médiatique fait partie de la situation. Ce que les médias disent fait partie de l'événement, ou d'une partie de celui-ci. Ils contribuent grandement à la situation dont ils parlent. Entre objectivité et subjectivité médiatique, influences, jeux de pouvoir et autonomie politique, les possibilités sont nombreuses, c'est pourquoi il faut prendre du recul avec ces discours pour tenter de les analyser au mieux. Le discours médiatique va faire ressortir certains aspects de la situation mais pas tous. Le langage (les discours médiatiques) et l'action (les événements liés à la diffusion du film 7
  • 11. Persepolis) sont liés et se déterminent l'un l'autre. Widmer poursuit avec une méthode que nous appliquerons pour l'analyse. Pour lui, il s'agit : «d'examiner les articles de presse pour voir comment ils nouent des événements, quelle temporalité ils considèrent, de quelle manière ils définissent les enjeux et les principes qui permettraient de résoudre les conflits » Ainsi, aborder cette controverse depuis l'analyse des discours médiatiques, c'est aussi saisir l'énonciation des médias, comprendre les enjeux, interpréter ces mises en discours autour de l'affaire Persepolis. Cela va nous permettre de rendre compte de la manière dont les médias vont réguler, ordonner, évaluer les discours et les débats sur l'affaire. Pour déterminer un événement il faut le placer dans un contexte qui fait son sens. Le contexte pertinent n'est pas déterminé en dehors de l'événement. Les controverses sur les affaires sont des formes qui appliquent un travail de problématisation et de publicisation. Lorsqu’une affaire se publicise, elle va en premier lieu créer un mouvement et attirer l’attention publique. A partir du moment où la sensibilisation fonctionne, il va y avoir une pression qui va se former sur les différents acteurs, les médias compris. Le phénomène s’impose et devient fondamental, les médias se voient obligé d'en parler. Ce travail se fait par une enquête pluraliste à partir du moment ou le problème apparaît. Le rôle des médias est d’être l’un des acteurs à mener l’enquête. Les affaire médiatiques créent aussi un lien entre l'espace public et la démocratie. Elles sont des mises à l'épreuve pour les institutions, au risque de créer un choc qui puissent les ébranler. Une épreuve peut aussi être l’occasion, pour une institution, de montrer sa force et sa résistance face aux difficultés Finalement, rien ne laissait présager que la diffusion de Persepolis donnerait lieu à tant d'émeutes. En effet, le film à non seulement gagné au festival du film dans un pays Arabe mais il avait déjà été diffusé en Tunisie. Il n'y a donc rien de mécanique à ces réactions étant donné sa diffusion dans d'autre pays. Si la diffusion du film provoquait irrémédiablement des protestations, il y aurait fort à parier qu'on en aurait entendu parler avant. Il nous faut refuser une conception linéaire de la communication. Le fait de diffuser quelque chose ne peut pas être la cause de tant d'émeutes. Dans le domaine des affaires médiatiques, il est impossible de prévoir à l'avance l'ampleur d'une affaire sur le public, en d'autre terme, l'impact de celle-ci ne peut être connu au préalable. 8
  • 12. 1.1.3 Quelles sont les problématiques de l'affaire médiatique Persepolis ? Avec l'affaire NESSMA TV, la Tunisie découvre et doit définir la citoyenneté. Aujourd'hui être citoyen c'est être reconnu membre de la société et participer à la vie politique. Au lendemain de la chute de Ben Ali, les tunisiens se découvrent multiples, hétérogènes et complexes. Cet élément a été révélé lors de l'élection Constituante du 23 octobre où ils doivent choisir parmi 105 partis politiques. L'unité tunisienne est remise en cause, celle-ci n'était certes pas problématique pendant le régime de Ben Ali étant donné l'assujettissement des tunisiens. Au départ de Ben Ali, l'unité tunisienne soumise et réprimée s'est transformée en une unité révolutionnaire. L'affaire Persepolis semble dissimuler beaucoup d'enjeux. Des problématiques émergent à l'intérieur des discours médiatiques. Sous Ben Ali, s'opposer c'est être contre le régime et faire parti des dissidents politique. Le silence était la position de la majorité des tunisiens. Aujourd'hui, dans le contexte de l'affaire, il est inadmissible de rester neutre, c'est considéré comme une preuve de lâcheté. Au travers des discours, les tunisiens sont contraints de prendre position d'une manière ou d'une autre en se disant « pour » ou « contre » NESSMA. Rapidement, le choix devient manichéen. Il s'agit pour eux de se positionner en tant que partisan d'un islam politique ou en tant que laïque, progressiste ou moderniste. On peut voir dans ce choix une forme d'appropriation de la révolution et de re-définition de la Tunisie. On comprend, que la question de l'identité Tunisienne se retrouve au coeur de l'affaire. En effet, pour les tunisiens être « pour » NESSMA se traduit par le refus de la Tunisie religieuse, c'est s'opposer à la pensée et à l'identité arabo-musulmane. L'affaire Persepolis permet ainsi de saisir les clivages, les divisions dans la société. Cette idée de catégoriser la population est problématique en elle même et les tunisiens doivent s'accorder sur le sens de celles-ci. La difficulté de diviser le pays en deux laisse entrevoir la complexité de certaines positions. L'enjeu est important car ce sont ces catégories qui vont façonner les relations sociales et politiques dans l'avenir. Dans cette période de transition démocratique et politique il s'agit de savoir et de comprendre, pour les tunisiens, ce qui se cache derrière ces catégories. Il faut comprendre que les catégorisations sont tenu entre elles par une situation et que ce n'est pas une question de choix. L'analyse effectuée tout au long de se dossier se réfère à la manière dont les médias mettent en mots ces catégories. 9
  • 13. Il faut savoir qu'une part importante de l'action politique consiste à essayer de transformer les rapports qu'on entretien avec les catégories. Cela revient à transformer les pratiques. L'action politique réussie est une action qui transforme notre rapport pratique au monde et donc, la forme de vie dont ce rapport pratique est la manifestation. C'est une notion complexe qui agit sur un univers complet et sur les liens de catégorisations présent dans cet univers. Dans Mémoire collective et pouvoirs symboliques, Widmer fait une observation intéressante : « Les médias jouent un rôle prépondérant : lorsqu’ils mettent en lumière de telles actions, ils exercent du même coup une forme de pression sur d’autres acteurs, les obligeant à prendre position. Autrement dit, en créant un événement, des acteurs parviennent à rendre visible dans le discours médiatique un problème dont la temporalité propre sinon leur échapperait. » (Widmer, 1999 : 12) Cette citation résume la situation problématique posée à chaque tunisiens : être « pour » ou « contre » NESSMA TV. La diffusion du film Persepolis et les réactions engendrées par le film ont suscité beaucoup de justifications de la part de certains acteurs de l'affaire en raison de la pression médiatique sur leurs épaules. Ces justifications permettent d'initier des pistes de réflexion quant aux enjeux soulevés par l'affaire médiatique en construction. L'interview de Marjane Satrapi dans le magazine français Première fait émerger une problématique qui évoque le malaise politique du pays. La réalisatrice du film Persepolis nous donne son avis sur les réactions qui ont été engendrées par la diffusion de son film. «Toutes les révolutions passent par des moments difficiles. Mon film a été projeté plusieurs fois en Tunisie, mais cette fois c'était dans un contexte électoral électrique». (Première, « Marjane Satrapi : elle réagit aux critiques envers son film Persepolis en Tunisie », 17/10/2011) Cet article laisse voir des enjeux contextuels importants et nous fait comprendre que la diffusion du film, le 7 octobre, est en lien avec un autre événement : les premières élections libre depuis l'histoire du pays, le 23 octobre 2011. De même, lors d'une interview Omar, l'avocat de Nabil Karoui, explicite que si cet événement a pris autant d'ampleur, c'est à cause d'un « mauvais timing ». En effet la diffusion du film a eu lieu seulement 16 jours avant les élections. D'après Habermas, l’espace qui se constitue pour une affaire renvoi à l'espace public, lieu de discussion et de débat. La liberté d’expression, forme de démocratie, permet aussi de se former une opinion en raison avec les autres. 10
  • 14. Il y avait un ordre autoritaire et on observe aujourd'hui un passage au désordre qui semble déterminent compte tenu du processus démocratique en cour. L'affaire NESMA s'est finalement présenté comme une arène de confrontation des idées. Omar, l'avocat de Nabil Karoui affirme lors de son interview que l'ampleur de l'affaire NESMA est aussi une mise en garde pour les autres médias. Quand un média est touché c'est aussi un moyen d'expression, les journalistes se montrent alors sensible à cette affaire. D'une certaine manière, l'affaire Persepolis représente aussi un enjeu pour la liberté de la presse et la liberté d'expression. Pour finir, l'affaire Persepolis semble être plus politique que religieuse. Ce n'est pas une simple affaire de blasphème. L'affaire a en effet soulevé des enjeux politiques en lien avec la liberté d'expression. 1.2. Le contexte : la Révolution tunisienne Laetitia CORNIERE et Yasemin TOPRAK Certains articles vont montrer dans quelles situations se trouve la Tunisie avant que l'affaire Persepolis face la Une des médias. Comme le souligne l'article du journal La Presse du 12 Octobre 2011 « Communication Gouvernementale, Les recettes touristiques atteignent 1,624 milliards de dinars », la Tunisie connaît de grand bouleversement au sein de sa société. Le taux de tourisme est en chute considérable début 2011, une chute liée au Printemps arabe qui a touché la Tunisie. Selon Habbib Ammar directeur de l'office de tourisme de Tunis, la baisse de fréquentions touristique est de 34% par rapport à 2010 provoquant la fermeture d’hôtels qui occasionne la perte de plus de 3000 postes. Toujours selon le même article, la Tunisie fut dans une période de transition, le pays doit se relever suite à la chute du régime dictatorial de Ben Ali qui vivait avec l'argent du peuple. Avec la chute de Ben Ali et sous la presidation d' Adel Ben Ismail, l’État acquiert et confisque les biens fonciers et les sociétés du président déchu, tel que le groupe Carthago et autres bien de la famille comme les yachts, les sociétés appartenant à Imed Trabelsi neveu de la femme de Ben Ali ou encore ceux de Sakher Materi gendre de Ben Ali. Premier pays pour la restitution des biens volés par les dictateurs, la Suisse tente d'accéléré le rapatriement des fonds tunisiens (et égyptiens) de sorte à développer les aides judiciaires avec la Tunisie et l’Égypte. C'est avec les élections du 23 Octobre 2011, que le nouveau visage de la Tunisie va se dessiner. Beji Caïd Essebsi le premier ministre devra attendre cette date pour voir si les électeurs lui font toujours confiance. En visite aux États-Unis du 3 au 7 Octobre 2011, celui-ci ce voit rassurant pour l'après élections même s' il y a une chance que le parti Ennahda remporte une 11
  • 15. majorité de siège. Lors d'un point presse hebdomadaires de la cellule de communication du Premier ministre, Moez Sinnaoui fait le bilan de la visite de Beji Caïd Essebsi aux États-Unis. Celui-ci affirme que les États-Unis vont se pencher sur les opportunité d'investissement et de partenariat qu'offre la Tunisie post-révolution d'où la visite prévu de 200 investisseurs américains le 15 novembre 2011. En ce qui concerne l'affaire Nessma, Moez Sinnaoui déclare que l’État n'interviendra pas, car leur rôle se limite à la préservation de la sécurité et du bon déroulement des élections. L'affaire Nessma intervient alors que le premier ministre se trouve encore à l'étranger, mais celui-ci annonce un futur projet de décret de loi relatif au code de la presse. Possédant 51% d'action de la chaîne TV Cactus, l’État à le pouvoir d'interdire la production d'une émission si celle-ci est considéré comme une propagande politique en vue des élections du 23 octobre 2011. Mais avant que ce décret soit établis de multiple débordement vont surgir. 1.3. Discours médiatiques sur l’affaire Persepolis Laetitia CORNIERE et Yasemin TOPRAK Dans le contexte de la Tunisie post-révolutionnaire, il est bien aisé de comprendre que le choix de diffusion de la chaîne de télévision est une invitation à un échange sur l’identité d’un pays en reconstruction dans un climat politique incertain ou la montée des partis politiques islamistes est considérée comme inquiétante pour la démocratie. Nessma TV bouscule ainsi l’agenda du peuple tunisien en mettant en lumière les risques de dérives du régime islamiste dans l’espace public. La programmation de ce film doublé dans un dialecte arabe locale sur « La télé du grand Maghreb » selon le slogan de la chaîne de télévision, dans le cadre d’une émission politique comme le revendique la chaîne, est très révélateur de son intérêt pour un questionnement sur le devenir de la Tunisie à très court terme. Au cours de l’affaire Persepolis, de nombreux discours ont été produits par les différents protagonistes ; l’ensemble de ces discours découlent d’un événement fondateur identifié : la diffusion du film Persepolis. En tant que centre de notre intrigue, il importe de comprendre comment la diffusion de ce film a pu causer quelques jours plus tard autant de controverses ; comment cette intrigue a suscité des jugements et déclenchées des actions qui ont fragilisés tout un pays. A ce stade il importe de relever, comme Michel Barthélemy et Louis Quéré dans l’affaire de Carpentras, que pour rendre compte d’un événement, il est impératif d’en opérer une analyse minutieuse par phase à travers le parcours événementiel. 12
  • 16. Au travers les différents articles, dépêches et e-mail que nous avons pu consulter, on constate qu'il y a une certaine divergence d'opinion à la fois positive et négative dans le discours médiatiques qui traite l'affaire Persepolis et ce qui l'entoure. La présence d'articles locaux et internationaux dans notre corpus, souligne l'ampleur de la diffusion du film Persepolis, une diffusion qui suscite des réactions de la presse internationale ainsi que de vive réaction sur les réseaux sociaux. On peut également compter sur de nombreux articles issus de journaux Tunisien comme «Le Quotidien » de Tunisie, « Le Temps », « La Presse », « Chronique Juridique », « Réalités », des communiqués de « AFP » mais aussi de dépêches d’agences Tunisiennes, d’extraits de blogs, et d’e-mails. 1.3 1. Journaux locaux De nombreux journaux locaux, vont soulignés les causes de l'affaire NessmaTV, mais ce sont souvent les mêmes sujets qui vont être mis en avant dans la presse locale. Tout d'abord de nombreux journaux locaux vont parler l'affaire de l'université de Sousse, c'est le cas de Le Temps un journal quotidien tunisien indépendant en langue française. Il assimile l'affaire Nessma a celle de l'étudiante refusée par son université de Sousse à cause du port de niquab. Une affaire étroitement liée à celle de NessmaTV, puisqu'elle surgit peut de temps avant la diffusion du film. Comme le souligne l'article de ce journal "Justice et 'violence symbolique' " paru le 13/10/2011, l'affaire du niquab a créé une grosse polémique sur la liberté d'action et de culte. Pourtant l'interdiction de ce style vestimentaire est pour le directeur de la faculté un moyen de garantir la sécurité contre une quelconque attaque terrorisme car l'identité est cachée par le vêtement. En voulant imposer son niqab par le biais de la violence, un trouble de l'ordre public survient. Pour le journaliste Ahmed Nemlaghi, dans ce même article, le niqab ou le jelbeb n'est pas un habit musulman de base, il se trouve vers l’Arabie, pour appuyer son point de vue le journaliste montre que c'est ce que souligne le Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour ou même Tariq Ramadan, de grand nom de la société musulmane. L'avis du journaliste ne peut pas être remis en cause quand on sait que dans le Coran il n'est pas dit à la femme de porter ce genre de vêtement il lui est seulement conseiller de rabattre son voile sur sa poitrine et ainsi se préserver du regards malveillant1. D’après les communiqués de presse émanant principalement de la TAP (Tunis Afrique Presse) et de l’AFP (Agence France Presse) que nous avons examiner, on voit les différents protagonistes dérouler chacun pour sa part un argument visant à faire passer sa propre interprétation, son propre cadrage de la texture causale. C’est donc plus de 48 heures après la diffusion du film sur Nessma TV et plusieurs rediffusions sur la télévision publique, que les 1{ […] Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qu’il en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines } [ Sourate 24 - Verset 31]. 13
  • 17. premières notes discordantes se font entendre : c’est à travers les premiers communiqués de presse de la TAP que l’on découvre que Nessma TV est la cible de plusieurs attaques physiques en deux points géographiques à Tunis. Le premier communiqué signale des heurts dans l’espace public entre des jeunes salafistes et les forces de l’ordre autour des locaux de Nessma TV ; il est suivi d’un communiqué de Monsieur Hichem MEDDEB porte-parole du ministère de l’Intérieur qui dans une circonspection neutre et républicaine invite les personnes mécontententes d’un « contenu culturel » à faire prévaloir leur droit devant la justice (Communiqué TAP du 09/02/2013). Les conséquences de ces attaques ainsi que ceux sur la maison de Nabil Karoui, est le deuxième sujet qu'on a pu voir apparaitre avec à ces documents. Dans les communiqués de l'AFP du 11/10/2011 et les dépéches de l'agence de Tunis du 14/10/2010, on peut constater que ce fait reste assez flou. Alors que la chaîne Nessma TV annonce que la famille à était sauvé in extremis, les force de l'ordre affirme qu'il n'y avait personne dans la maison lors de l’attaque. D'autres sources comme la sécurité Nessma annonce qu'il y avait la femme de ménage et que celle-ci à été agressé et hospitalisé. L'AFP explique q'aucune photo montre l'état de la maison après l’attaque des individus ''armé'', car Nabil Karoui a refusé qu'un photographe de l'AFP prenne son domicile en photo. La chaîne Nessma TV met en cause les islamistes et dénonce les imams d'avoir poussé cette révolte lors de leurs prêches. Les différentes dépèches qu'on a pu consulté montrent souvent des divergence sur ce qui c'est réélement passé en ce qui concerne l'attaque de la maison de Nabil Karoui mais aussi sur les conséquences exacte des manifestations, mais ce ont toujours les même coupable qui sont sité. Au fur et à mesure des articles, on a pu remarquer que le vocabulaire est toujours péjoratif quand il s'agit de parler des salafistes ''fanatique religieux'' ils sont jugés comme les investigateurs de cette violence. Les journalistes vont également s'empresser de faire le lien avec le parti politique islamistes tunisien Ennahda. Rached Ghannouchi président du partie dément tout lien avec ces débordements, pour lui (dépéche du 14/10/2011), les tunisiens sont les seuls défenseurs de l'Islam, ”il n'ont pas besoin de tuteur pour protester contre les provocations des médias”. Ghannouchi déclare dans un meeting, que le partie Ennahdha défend la liberté d'expression et respecte les libertés individuelles.il n'a donc rien à voir avec les manifestations des tunisiens. Le président du parti appel le peuple à faire face à ceux qui utilise l'Islam pour faire peur et souligne que le partie Ennahdha est un parti qui prône les valeurs de liberté, de dignité et d'égalité. Le troisième sujet qui apparait concerne plutôt la remise en cause du travail des médias qui acorde plus d'improtance aux débordement ue suscite le film plutot que les problèmes généraux qui touche la Tunisie. Dans l’article Réalités, un magazine tunisien (Réalités du 13 au 19/10/2011) "Les salafistes ont-ils ggné la bataille", la journaliste Hanène Zbiss, montre que l'affaire Nessma, en s'inscrivant dans la scène publique et médiatique prends totalement la place des autres sujets 14
  • 18. d'actualités. Tout le monde se voit touché par cette affaire, oubliant ainsi les autres problèmes qui touche la Tunisie. Pour elle, les médias alimentent la polémique préférant montrer les agissements des salafistes plutôt que les problème lié au pénurie de produits alimentaires, les problèmes de sécurité des élections qui approche et même ceux concernant le chômage. Elle montre que les médias ont une place considérable dans cette situation, et prend pour l'exemple la chaîne Nessma TV, qui se contente de rapporter les faits sans les analyser et commentaire et qui donne sa propre opinion des chose. La dépêche du 10 octobre émise par la TAP, rapporte que le Ministère des affaires religieuses tunisien appelle au rejet de la violence morale ou physique et il invite « à respecter les valeurs de l’islam, qui consacre les principes de modération et de tolérance et le respect de la culture de la différence et de la concorde ». Il incite également les médias publics et privés à être plus prudents. On voit bien ici que la prise de parole du représentant de l’état cadre le parcours événementiel en le cristallisant sur le terrain religieux. L’Instance Nationale pour la réforme de l’Information et de la communication (INRIC) va comme Nabil KAROUI tenter de re-situer l’événement sur le terrain de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en considérant que l’agression contre Nessma TV « représente un danger pour la liberté d’expression qui constitue l’un des fondements de la démocratie » (dépêche du 10/10/2011). Elle rappelle par la même occasion le respect nécessaire des règles de la déontologie journalistique que sont la neutralité, l’objectivité et l’équilibre. (INRIC, TAP, 10/10/2011). En Tunisie, le positionnement de ces discours était quasiment identique dans le monde des médias de presse et de télévision qui ont maintenu leur soutien à Nessma TV en gardant le prisme de la liberté d’expression en danger dans un contexte global de montée de l’islamisme. Nabil Karoui a d’ailleurs reçu formellement le soutien de l’association tunisienne des directeurs de journaux (par Dépêche TAP, 10/10/2011) et celui du Bureau exécutif du syndicat des tunisiens directeurs des établissements médiatiques. Pourtant, l’opinion publique lassée par une révolution éprouvante est dorénavant divisé en deux blocs : d’un côté les laïcs défenseurs de la république et de l’autre les islamistes représentés dans l’intrigue par les salafistes. Ceux-ci mènent la fronde jusque devant les tribunaux à travers Anouar Ouled Ali, président des Jeunes avocats, à l’origine de la plainte contre Nessma TV. D'autres articles vont souligner qu'il est important de ce demander si ces débordements sont dû à la diffusion du film ou si c'est l'approche des éléctions qui motivent les manifestants et la presse? En re-situant la diffusion du film Persépolis dans sa temporalisation, on note que le choix de la date d’antenne par Nessma TV, fixée au 07 octobre 2011, soit deux semaines environs avant les élections de l’assemblée constituante, n’en pas moins anodin bien qu’ayant déjà été diffusé en salle sous l’ère Ben Ali (deux fois entre 2007 et 2008). Comme le montre la journaliste Hanène Zbiss 15
  • 19. dans le magazine Réalités, ces événements ne sont pas dissociable de la politique. La religion et la politique se voit étroitement lié. Le fait que le film soit diffusé à cette période (proche des élections) pose problème alors que celui-ci avait déjà était diffusé sans susciter pour autant de vive réaction. Le film comme le montre la journaliste, n'a pas été imposé au téléspectateur car il a été diffusé sur une chaîne privée, le téléspectateur est libre de zapper si ça ne lui plaît pas. Le timing de la diffusion qui est proche des élections de la nouvelle constituante montre que la Tunisie n'est pas à l'abri de ce qui c'est passé en Iran. Hanène Zbiss, montre son étonnement face aux réactions violente qu'a suscité la diffusion du film puisque ces même personne qui appel au non respect de la religion quand le film animé représente la figure de Dieu, regarde d'autre feuilleton iranien où les visages des Prophètes est représenté. Pourtant en Islam, comme le visage de Dieu, celui du Prophète ne doit pas être imagé. La journaliste rappelle que tout enfant, ou presque, ont un jour imaginé Dieu sous les traits d'un homme. Et que ce qui entre finalement ici pointé du doigt, est un enjeu politique bien plus profond que ce simple film puisqu'il s'agit d'un enjeu politique. Elle déclare également que la majorité des manifestant non même pas vu le film, ils manifestent juste pour suivre le mouvement. La solidarité affichée des médias locaux apparait comme une tentative de reprise en main du schéma communicationnel. Ce système avait déjà fait ses preuves comme l’indique Jeanne Favret- SAADA dans son ouvrage intitulé : « Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins » dans l’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark. En Tunisie, le schéma est-il reproductible ? On note qu’officiellement le parti Ennadha n’a jamais condamné fermement Nessma TV, évitant ainsi de se poser comme le pouvoir inquisiteur à la traque des journalistes en sabordant la liberté d’expression. 1.3.2. Journaux internationaux Si en Tunisie, les médias font bloc autour de Nessma TV au nom de la liberté de la presse, à l’étranger et notamment en France, les médias abordent l’Affaire Persepolis sous un angle religieux, ne résumant la diffusion du film de 95 minutes qu’à une scène de quelques secondes ou l’héroïne converse avec Dieu dans un songe tout en rappelant que dans l’Islam, toute représentation de Dieu est interdite. Comme l’indique cet extrait du Monde: « Il met en scène une question religieuse autour de laquelle se polarisent deux camps irréductibles. Les uns apparaissent comme des religieux illuminés qui réagissent de manière excessive, les autres sont suspectés et même explicitement accusés d'être des provocateurs irresponsables (Smaïn Laacher et Cédric Terzi, sociologues, membres du Centre d'études des mouvements sociaux (CNRS-EHESS) Le Monde.fr du 23/12/2011) 16
  • 20. L’événement est présenté sous un cadrage qui anéantit le message de Nessma TV. On voit bien une certaine prise de distance des médias qui ne souhaitent pas être associés à Nessma TV. On peut comprendre cette ligne éditoriale en rappelant la montée de l’islamisme en France et les frasques de Charlie Hebdo ; mais aussi parce que le personnage de Nabil KAROUI lié aux réseaux de l’ancien régime de Ben Ali et à Berlusconi est qualifié de loupe grossissante qui démesure l’information en plus de son côté moralisateur face aux dirigeants de la transition. Pourtant comme les journaux locaux, les journaux internationaux mettent également en avant la liberté d'expression. Les ONG comme Human Rights Watch, appel le gouvernement à abandonner les charges contre Nabil Karoui et à abolir la loi sur la diffamation religieuse. Les défenseurs des droits de l'homme, ainsi que d'autres associations, vont dénoncer le double discours des islamistes qui à la fois condamnent la violence et encourage indirectement les salafistes à imposer leur idéologie à l'approche des élections. Un élément qui va également apparaître dans un chat modéré du journal Le Monde.fr où Hamadi Jebali, homme politique (Ennahda) va se dire pour la liberté d'expression mais dans le cas de la représentation du prophète, il va parler de provocation, alors qu' il n'est pas pour la censure des sites djihadistes expliquant que c'est au citoyen de choisir de regarder ou pas. D'autre magazine comme VSD « le péril intégriste » un hebdomadaire français, vont pointer du doigt ce qu'ils caractérisent de « les fondamentalistes musulmans » qui sont pour eux à l’origine des violences dans les rues. Le 10 octobre 2011, c’est l’Agence France Presse qui émet le premier communiqué indiquant la position française qui se dit « attachée à la liberté d’expression, au pluralisme et à la liberté de la presse en Tunisie » ; Paris dénonce également les attaques qui ont ciblés les locaux de Nessma TV par l’intermédiaire de Bernard Valero Porte-parole du Ministère des affaires étrangères. Des magazines français tel que Marianne2, vont plutôt se pencher sur l'aspect politique qui est étroitement lié au débordements en Tunisie. Le magazine Marrianne2 va établir un sondage sur les favoris des élections qui approche dont le parti islamiste Ennahda. Le quotidien français en ligne « L'alsace.fr », va quand à lui évoquer les ambiguïtés de ce parti vu comme le favori du scrutin. Dans un climat de suspicion post révolutionnaire, Ennahda, bien qu’étant donné favoris par les sondages, ne rassure pas en raison de l’influence des islamistes dans le parti ; et c’est dans ce sens que la diffusion de Persépolis sur Nessma TV a certainement voulu faire résonance de l’oeuvre de Marjane Satrapi en rappelant qu’au renversement du Shah : « - un parti ayant émergé en 1979 dans le sillage de la Révolution islamique iranienne et ayant commis des actes violents dans les années 1980-1990 –, les 60% de Tunisiens qui n’ont pas voté pour cette formation islamiste sont quelque peu inquiets… » (Richard Darmon pour ‘‘Hamodia’’ journal francophone israélien de Jérusalem). 17
  • 21. On peut donc considérer que « cette perspective jette un éclairage nouveau sur la controverse tunisienne. La diffusion de ce film n'apparaît pas tant comme une provocation à l'encontre des intégristes religieux, que comme une mise en garde adressée aux électeurs. » (Le Monde.fr du 23/12/2011). La mise en oeuvre de ce sujet à l’agenda du peuple n’a certainement pas été aussi méticuleuse qu’elle aurait due, mais elle a au moins le mérite d’avoir attiré la vigilance du peuple sur les changements à venir. Dans « Romandie » un journal d’actualité de nationalité suisse, ce qui ressort est que le pays a peut être gagné sa liberté suite à la fin du régime Ben Ali, mais que tout reste à faire puisqu’il n’est pas à l’abri de certaines dérives, pour exemple l'article citera l’incendie de Nessma par les salafistes à la suite de la diffusion du film Persepolis. La liberté d'expression reste assez confuse d'où la présence de censure qui permettent de caché ce qui pourrait choqué ou nuire à un individu. Pourtant évoquant la liberté d'expression de nombreuse oeuvres d'art vont susciter la polémique surtout quand il s'agit du domaine religieux ou politique. Comme le film Persépolis, de nombreux films vont heurté la sensibilité de certains téléspectateurs. Le film « Ni Allah, ni Maître » de Nadia El Feni va connaître le même style de manifestation et de protestation que le film de Marjane Satrapi à cause du titre qui est qualifié de provocateur. L’islam n'est pas la seule religion qui va connaître ce type de fait, c'est ce que souligne Le Quotidien du 13/10/2011. Le magazine prend l'exemple du film « La dernière tentation du Christ2 » de Scorcese qui s'inspire de l'évangile de St Mathieu de Pasolini. Dans ce film, Jésus est présenté comme un simple mortel qui désire vivre sa vie d'homme loin des turpitude de la vie de Prophète (la relation qui l'uni a Marie Madeleine est mis en avant). Celui-ci à déclenché le même genre de violence que Persépolis (une centaine de personne vont incendier les salles de cinéma et menacer les distributeur). 1.3.3. Réseaux sociaux Outre les articles de presse locaux et internationnaux. De nombreux mail vont rapportés les faits, Soraya Maherzi par exemple, écrit de nombreux e-mail où elle dénonce ce qui ce passe en Tunisie, elle amène ainsi un tout autre regard sur ce qui se passe. Dans un de ses mail du 13/10/2011, elle rapporte un article de ''kapitalis'' écrit par Zohra Abid. Zohra Abid dit que Persepolis, est un film qui a agité les extrémistes, et choqué une partie des Tunisiens, par une scène où figure Dieu représenté comme un vieux Barbu, ce qui est considéré comme blasphématoire en l'Islam. Comme le montre l'e-mail de Soraya Maherzi, la diffusion du 2"La dernière tentation du Christ", est également le titre de l'article 18
  • 22. film Persepolis, va provoquer des tensions et des divisions aux sein de l'espace public tunisiens. Deux groupes vont s'opposer aux cours de l'affaire, d'un côté les défendeurs de la liberté d 'expression essentiellement composé des médias. De l'autre il y a les défendeurs de l'islam qui cri au scandale et au non respect de la religion, ils vont ainsi contester la diffusion du film d'animation par une marche d'indignation. Cette marche au début été pacifique va s'étendre aux villes voisines de la capitale. Impressionné par ce mouvement, le ministère public ainsi que des avocats et des représentants de la société civile vont suivre les manifestants et porter plainte contre Nabil Karoui. Mais ceux-ci condamnent toutefois le recours à la violence de la part de certains manifestants et demandent aux médias qui s'empressent de diffuser les débordement de cesser de provoquer les manifestants. L'e-mail montre ainsi un regard plus interne de l'evénement. La journaliste va même dire que le vrai problème n'est pas la diffusion du film en Tunisie, mais sa version en dialecte tunisien faite par la chaîne 'es ce qui selon elle a mis le feu aux poudres. Elle dira également que Nabil Karoui va présenté ses excuses au peuple Tunisien mais cela ne suffira pas à apaiser les tensions. Elle déclare aussi que lors d'un communiqué, l'Iran a affirmé avoir mis en garde la chaîne Nessma TV sur les réactions que pourrait susciter la diffusion du film, et de prendre en considération les croyances des téléspectateurs musulmans. Après la diffusion du film Persepolis, de nombreux mouvement de citoyenneté se sont établit. Les réactions suite aux manifestations et à la diffusion du film divise le peuple tunisien. Alors que certains appel au calme, d'autre appel à la révolte sur des réseaux sociaux dont ''Facebook''. C'est une réponse à l'appel lancé sur ''Facebook'', qui a permis de mettre en place la manifestation, qui regroupait essentielemnt des jeunes. Monsieur Karoui quant à lui n’en démord pas et tiens jusqu’au dernier jour de son procès coïncidant avec la journée internationale de la liberté de la presse à faire passer son véritable message. Des blogs ainsi que des sites de grands magazines tel que Le Monde ou même Le Temps (à la fois en version apier et web) vont rapporter les événements. Condamné pour trouble à l’ordre public et à une amende Nabil KAROUI est resté en Tunisie à la tête de Nessma TV qui a vu ses audiences explosées depuis l’affaire ; le crime d’atteintes aux valeurs sacrées n’a pas été retenu contre lui suite à un vice de procédure. Dans l’affaire dite Persepolis, on voit bien comment un média peut bousculer la mise à l’agenda de sujets de société attirant ainsi la lumière sur les transformations de la société. Même si l’on peut avoir la sensation d’un message brouillé tout au long du parcours événementiel, il est clair que les Tunisiens dans cette période de transition scrutent les changements de leur société avec plus d’attention et de vigilance. 19
  • 23. 1.4 Les conséquences de la diffusion du film 1.4.1. Les diverses réactions après la diffusion du film Guillaume BARONNA La condamnation des violences par Reporters sans frontières Suite à la projection du film Persepolis, plusieurs attaques ont eu lieu à l'encontre des locaux de Nessma TV. Reporters sans frontières va se positionner ostensiblement en faveur de la diffusion du film Persepolis et vivement condamner les attaques des locaux de la chaîne Nessma. En effet, c'est pas un communiqué sur leur site officiel " www.rsf.org/ " que paraît l'article dénonçant ces violences. Forts de leurs idéaux, Reporters sans frontières a toujours défendu la liberté d'expression et d'information qui est pour eux une liberté première. Le travail de journaliste est avant tout de rapporter les faits, de dénoncer les abus, d'interpeller la conscience générale. La liberté d'information est le fondement de toute démocratie, et pourtant, Reporters sans frontières rappelle que près de la moitié de la population mondiale n'a pas accès à une information libérée de toutes emprises. Plusieurs onglets expliquant leurs actions sont visibles sur leur site. La tournure que l'affaire Persepolis a prise s'inscrit inévitablement dans leur combat de tout les jours, c'est pourquoi ils ont réagis à l'affaire via ce communiqué. Cette affaire est dramatique pour Reporters sans frontières car d'une part les principes de la liberté d'expression sont bafoués et d'autre part on condamne Nabil Karoui (président de la chaîne Nessma) ainsi que le responsable du visionnage de Nessma TV et le responsable du doublage du film Persepolis. Persepolis est déjà sujet à une vive polémique autour de sa diffusion, mais ce qui est encore plus inquiétant est les attaques des locaux de la chaîne et les menaces et intimidations faites aux salariés et au directeur. On assiste à une véritable escalade de violence. Jean-François Julliard ( secrétaire général de RSF ) illustre ces propos au travers d'une citation de leur article sur l'affaire Persepolis : " Rien ne justifie ces attaques. Je comprends que la diffusion de Persepolis ait pu heurter certaines sensibilités, mais cela ne donne pas le droit de menacer de la sorte le directeur d’une chaîne de télévision. La liberté d’expression passe aussi par la tolérance à des idées qui choquent. Nessma TV avait le droit de diffuser Persepolis " (Jean-François Julliard, site de Reporters sans frontières, 13/10/2011). Dans la suite du communiqué, RSF indique que les abus de libertés et de la presse ne peuvent 20
  • 24. être jugés uniquement sous la direction des autorités judiciaires. Ce n'est pas au peuple et au détracteurs du film Persepolis de juger si il est bon d'interdire sa diffusion. Cette affaire est allé trop loin, à un tel point qu'elle est devenue un événement au devant de la scène tunisienne. C'est notamment la conséquence première d'un battage médiatique autour de l'hystérie populaire et des violences engendrées face à la diffusion du film Persepolis. La polémique était tellement vive et relayée en masse qu'on ne pouvait y échapper. Face à ce chaos médiatique, Reporters sans frontières en appel aux autorités tunisiennes afin de condamner ces actes et permettre ainsi l'ouverture d'une enquête. Une nécessité d'agir et de réformer Au delà des violences occasionnées, RSF soulève un autre point qu'il est tout aussi important d'éclairer: la réforme du code de la presse et une nouvelle loi sur l'audiovisuel. On observe que les chefs d'accusations retenues à l'égard des représentants de Nessma TV se basent sur les articles 226 et 226 bis du code pénal qui répriment l'offense envers les cultes, l'outrage public à la pudeur et l'atteinte aux bonnes moeurs et à la morale publique. De même, les plaintes des différents avocats contre Nabil Karoui s'appuient sur les articles 44 et 48 du code de la presse et stipulent qu'une personne reconnue coupable d'incitation à la haine entre les religions ou d'insulte envers une religion peut se voir administrer une peine d'emprisonnement. Nabil Karoui peut encourir jusqu'à trois ans de prison. Ces accusations basées sur des articles du code de la presse et du code pénal sont tout à fais inadaptées à la situation. On parle d'offense envers les cultes, d'insulte, d'incitation à la haine entre les religions,... Alors que l'épicentre de cette affaire n'est qu'une scène du film Persepolis où l'on voit la représentation de Dieu au travers les yeux d'une petite fille. Pour RSF cette polémique démontre bien les failles qui existent dans les différents codes, et c'est donc le moment parfait pour les actualiser et ainsi les réformer. Ces précautions sont prises dans le but d'arriver à la suppression des délits d'offense envers les religions ainsi que les peines de prison qui y sont attribuées. Cela va de soi quand on prône la liberté d'expression. La liberté passe par la tolérance et par l'acceptation d'interprétations différentes que celles qui nous sont propres. Reporters sans frontières veut nous dire par là que même si la diffusion de Persepolis a pu heurter certaines sensibilités, rien ne justifie que l'on condamne et que l'on agresse de la sorte les représentants de Nessma TV. Ces changements interviendraient en accord avec les droits internationaux comme l'indique 21
  • 25. l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme3. Réactions diverses dans le paysage médiatique tunisien Reporters sans frontières n'a pas été la seule organisation à s'insurger contre ces violences, d'autres ont suivi mais de manière plus ou moins explicite. Les réactions s'en retrouvent de même multipliées du fait de l'échéance électorale qui approche ( 23 octobre 2012 ). Nous allons peindre ici un tableau des différents acteurs et leurs réactions. La période qui suit la chute de Ben Ali a permit une expansion des libertés. Beaucoup d'interdits quant aux sujets à traiter ont disparus et permis une redéfinition des limites répréhensibles. Les nouvelles frontières concernent les sujets se rapportant à la religion et aux bonnes moeurs. On observe un retour de l'autocensure chez les journalistes, plus précisément au sein des médias audiovisuels ainsi que chez les journalistes exerçants dans les régions intérieures. Un des premiers syndicats à s'être exprimé sur l'affaire fut le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT). Le syndicat dénonce les actes de violence envers Nessma TV et apporte son soutien total à la chaîne. Le SNJT est l'une des organisations les plus dynamiques du tissu associatif en Tunisie. Du temps de Ben Ali, on comptait à peu près 2000 journalistes professionnels dont une grande partie était membre de la police politique. On dénombrait pas moins de 1200 adhérents au SNJT, ce qui démontre l'implication de cette organisation sur la scène journalistique. Le SNJT dispose d'un code déontologique adopté en 1983, au moment où le syndicat se nommait l'Association des Journalistes Tunisiens (AJT). Afin d'en devenir adhérent chacun est tenu de signer un engagement à respecter ce code. Code qui d'ailleurs n'a jamais était réformé depuis sa création. Le soutien apporté à Nessma TV par le SNJT n'est donc pas un soutien dissimulé, on parle d'un soutien " total " à la chaîne dans l'article de Reporters sans frontières. L'Association Tunisienne des Directeurs de Journaux (ATDJ) c'est elle aussi prononcée sur l'affaire. Son directeur affiche lui aussi un soutien total à Nessma TV. L'ATDJ, dirigée par Moncef Ben M'rad est la plus ancienne association médiatique. Elle fut proche de l'ancien régime et même exclue de l'Association mondiale des éditeurs de journaux. L'association a reconnue des erreurs de conduite, mais elle indique que c'était sous les contraintes de l'ancien régime. Depuis l'ATDJ a changé sa ligne directrice, ses principes premiers sont dorénavant la défense de la liberté d'expression et des libertés individuelles. C'est donc tout naturellement et sans se cacher que l'ATDJ apporte un soutien complet à 3 Article 19 : " Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations e les idées par quelque moyen d'expression que ce soit." 22
  • 26. Nessma TV et condamne les violences à l'égard de la chaîne. L' Instance Nationale pour la Réforme de l'Information ( INRIC ) quant à elle, va dénoncer les violences qui ont été faites sur les professionnels des médias. L'INRIC a vu le jour en 2011, elle fut créée par le gouvernement avec l'objectif d'obtenir une instance régulatrice capable de superviser les médias. Nommé par le Premier ministère, Kamel Labidji en est le président. L'INRIC se compose de huit autres membres. L'INRIC oeuvre comme une instance de réflexion, indépendante, consultative et provisoire dans le but d'élaborer des recommandations pour le gouvernement. L'instance a joué un rôle important lors de la période électorale. L'INRIC va dénoncer les violences faites sur les professionnels des médias, mais ne va cependant pas soutenir explicitement Nessma TV à l'instar de ses confrères. Les réactions sont variées, l'approche de l'échéance électorale du 23 octobre 2011 imposant une certaine retenue quant aux discours des politiques. Cela est nettement vérifiable auprès des différents partis politiques qui ont réagis aux événements. On notera que le ton est à la retenue, beaucoup ne voulant pas trop s'impliquer dans l'affaire. Une grande majorité des partis ont dénoncés ces attaques comme des provocations à l'approche des élections. Les partis politiques n'osent pas prendre ouvertement la défense de Nessma TV, de peur d'attiser encore plus la polémique. Réactions des internautes D'autres réactions sont visibles sur la toile. Ce sont celles d'utilisateurs lambdas et affichent des opinions plus libérés. A l'image d'un billet sur le blog "Afkar " par exemple. L'internaute prend ouvertement position en dénonçant les abus entravant la liberté d'expression suite à la diffusion de Persepolis. L'auteur indique être proche du mouvement Ennahda et de pleinement soutenir la cause de Nessma TV. " Même si j'ai voté Ennahdha et je la soutiens, je suis absolument contre le jugement de Nessma TV pour avoir passé le film persepolis car avec un tel jugement nous irons droit vers la dictature et l’exclusion. " ( Kemal Al Gazzah, Blog Afkar, 18/11/2011 ) Pour Kemal la condamnation de ces films polémiques en justice relève de la dictature. Il dénonce le manque de tolérances des personnes condamnant Nessma TV, leurs réactions sont impulsives et non réfléchies. Les critiques autour d'un film ne doivent pas avoir lieu en justice explique l'internaute, mais sur la toile. Il est invraisemblable de voir un film se faire trainer en justice car il a pu heurter la sensibilité de certains individus. Pour l'auteur du billet, le citoyen est libre d'exprimer son opinion, sa critique, mais il doit le faire par le biais de forums, blogs comme 23
  • 27. cela se fait habituellement. Le citoyen prendra ses responsabilités et décidera alors de boycotter Persepolis et la chaîne Nessma par exemple. Si tout les détracteurs faisaient de même, le procès se ferait " naturellement " et Nessma TV pourrait ainsi perdre beaucoup d'audience par exemple. 1.4.2 Un rebondissement conséquent dans l’affaire « Persepolis » : le report du procès du 17 novembre 2011 Mélodie VLAMYNCK La cause du procès Il est important de rappeler que le 17 novembre est une journée importante concernant l’affaire Nessma puisqu’elle est censée être le premier jour du procès. Nous pouvons citer News 80, portail d’actualités Algérien : « Le directeur général de la chaîne de télévision privée tunisienne Nessma TV, Nabil Karoui, comparaîtra aujourd’hui devant la justice pour «atteinte aux valeurs sacrées» après la diffusion, en octobre, du film Persepolis qui avait suscité des violences à Tunis ». Deux autres personnes doivent comparer également ce jour, selon Le Quotidien, journal généraliste indépendant Tunisien : « Affaire Persepolis, Nabil Karoui et deux personnes devant la chambre criminelle ». Le report du procès Pourtant, nous apprenons rapidement au fil des lectures le report du dit procès. Par exemple, la source Babnet.net, portail d’actualités tunisien, titre son article : « Report du procès de Nabil Karoui au 23 janvier 2012 » et il explique que « le tribunal de première instance de Tunis a décidé de reporter le procès de Nabil Karoui, directeur général de la chaine privée Nessma TV et de ses deux employés ». Ici on parle du procès de Nabil Karoui mais également des deux personnes travaillant à la chaine avec lui qui sont accusées. La première radio Tunisienne indépendante, c’est-à- dire Mosaique FM, informe ses auditeurs en parlant du « procès de l’affaire Persépolis reporté au 23 janviers 2012 » car « la justice Tunisienne a décidé de reporter le procès de l’affaire dans laquelle Nabil Karoui figure parmi les accusés ». On ne parle ici pas des deux autres accusés, seulement du PDG, mais bel et bien d’un report du procès. 24
  • 28. Un procès qui suscite de nombreuses manifestations et controverses Nous en apprenons ensuite un peu plus, grâce au portail sur les actualités et les nouveautés autour de la ville de Tunis, Tuniscope.com, qui nous informe que « le procès a débuté après un retard d’environ deux heures à cause du nombre important de journalistes et de manifestants venant protester pour la liberté d’expression », ainsi « le juge a décidé de reporter le procès à la date du 23 janvier 2012 ». Contrairement aux autres médias, Tuniscope.com nous en dit un peu plus concernant les conditions du procès qui restaient ici un peu floues. Nous pouvons également citer un article de l’AFP (Agence France Presse – agence de presse mondiale d’information) : « Ouvert dans la cohue, le procès a été ajourné après un peu plus d’une heure de débat, à la demande des avocats de la défense et de la partie civile » dans lequel nous apprenons que ce sont en effet les parties civiles ainsi que les membres représentants la justice qui réclament un report du procès à cause d’une « petite salle bondée ». Le journal français LeMonde.fr, insiste lui sur la foule présente au procès et à l’intérieur de la salle d’audience ; « l’audience au tribunal de Tunis s’est ouverte dans la cohue, des centaines de personnes, dont de nombreux salariés de Nessma, s’étant massés dans la petite salle. » Ici, nous imaginons le palais de justice de Tunis bondé par les gens souhaitant assister à un procès important dans l’histoire, ce nombre de personnes est plus que significatif de la portée du procès. Grâce à ces articles, nous en apprenons un peu plus sur le procès et sur les conditions de son report. En effet, la foule importante présente dans le palais de justice empêche le procès de bien se dérouler et pousse les avocats à en demander le report, le juge se doit d’accepter ; tous ces éléments prouvent et montrent à quel point ce procès a une portée significative très large. 1.4.3. Des nouvelles idéologies misent en avant : quelles en sont les intermédiaires ? Marie SAAB Des valeurs sacrées Il faut rappeler que Nabil Karoui a été appelé à comparaître devant le tribunal pour « atteinte aux valeurs sacrées » après la diffusion en Octobre du film « Persepolis » (source : Afreekelection.com, portail sur l’information africaine). Il fait l’objet d’une plainte de plus de 140 avocats (source : France24, information, news et actualité internationale) et encourt une peine de 3 ans de prison (sources : Djazairess.com, site algérien de news et d’articles/ Elwatan : presse, site et journal algérien). En effet, Dieu y était représenté dans ce film, ce qui est blasphématoire et 25
  • 29. proscrit par l’Islam, a fortiori lorsque presque 99% de la population tunisienne est musulmane (source : Tixup.com, portail d’actualité et d’information en Tunisie). Les « excuses » de Nabil Karoui Bien que Nabil Karoui ait présenté ses excuses au peuple le 11 octobre et était passé devant le procureur adjoint de la République chargé de la presse et de l’information le lendemain, les manifestations à son encontre et à l’instigation des groupes salafistes s’étaient poursuivies (sources : Radio-Canada.ca, radio canadienne/ Webdo.tn, site d’actualités sur la Tunisie). Il déclara alors ces propos à l’AFP (Agence France Presse – agence de presse mondiale d’information) : « Je vais plaider non coupable, bien sûr. Il est scandaleux que ce soit moi qui comparaisse alors que les gens qui ont brûlé ma maison ont été relâchés. Il rajouta ensuite : « Avec moi, les nouveaux défenseurs de l'ordre moral en Tunisie veulent faire un exemple. Nous sommes dans une dictature morale encore pire que sous Ben Ali. Sous l'ancien régime, je n'ai jamais été menacé de mort » (sources : Afreekselection.com, portail sur l’information africaine /France24 : information, news et actualité internationale). Nabil Karoui a un double propos : il s’excuse pour la sortie du film dans une volonté d’apaiser les violences après l’attaque du siège de la chaine mais comme elles ne cessent pas il tient alors des propos plus francs : on peut alors se demander si ses excuses étaient bien sincères et allaient avec ses propres convictions ou bien s’il les a seulement faites dans un souci de représailles. Une double qualification des protestataires Dans la source Tixup.com (portail d’actualité et d’information en Tunisie), il est dit que plusieurs médias avaient qualifié les protestataires qui s’étaient réunis devant les locaux de Nessma TV comme étant des extrémistes, salafistes ou encore barbus. Ce portail d’actualité sur le net affirme : « qu’en vérité, les manifestants étaient de toutes orientations, des hommes, des femmes, des jeunes, des barbus et d’autres. » De plus, le terme « excusé » lorsqu’il est cité les propos de Nabil Karoui est mis entre parenthèses ce qui montre bien le manque d’honnêteté de celui-ci selon eux. Comme si il ne s’était excusé que pour que ces violences après la diffusion du film cessent. 26
  • 30. Nessma TV : son but, son appartenance Mélodie VLAMYNCK et Marie SAAB Selon l’article tiré du site AtlasInfo.fr (site d’information généraliste rassemblant l’actualité politique, économique, sociale plus précisément sur l’Algérie et le Maroc). Cet article est en fait un reportage au sein de la chaîne tunisienne Nessma TV. Nous y apprenons tout d’abord que ce plateau était en fait deux mois auparavant, la cuisine de la Star Academy Maghrébine. C’est cette émission qui a en fait propulsé la chaîné dans le paysage médiatique nord-africain au cours de l’année 2007. Avec la Révolution, la chaîne a quitté le domaine du divertissement pour se consacrer à l’actualité ainsi qu’aux débats politique tunisien qui est un sujet qui plaît énormément aux téléspectateurs depuis la chute du régime de Ben Ali (2011). Nous apprenons grâce à cet article que le film Persepolis a été projeté lors d’une soirée-débat sur l’intégrisme religieux, ce qui ne semble donc pas anodin. Pour revenir sur le procès, nous apprenons ici que le personnel de la chaîne est vraiment pris à partie et ne peut plus exercer normalement son travail dans certains quartiers de la ville de Tunis ou régions de Tunisie. L’article consacre un paragraphe entier à Nabil Karoui sur qui on en apprend un peu plus. Nabil Karoui a en fait profité d’une faille juridique en 2007 pour lancer sa chaîne mais au départ il n’a pas le droit de parler de politique. Nous découvrons que la chaîne Nessma TV appartient à deux groupes : - Médiaset, qui est un groupe de médias italien, de production télévisuelle de presse et d’Internet appartenant à Berlusconi. - Quinta Communication, regroupant une grande partie des industries techniques du cinéma Français et qui est possédé par Tarak Ben Ammar, étant un producteur de cinéma et homme d’affaires Tunisien, réputé proche de Ben Ali. En nous disant cela, le journal Atlas Info sous-entend bien évidemment la proximité entre la chaine Nessma TV et Ben Ali. La chaîne s’adressait tout d’abord aux jeunes maghrébins de la classe urbaine occidentalisée pour contrer l’hégémonie du Moyen-Orient dans l’audiovisuel et a rapidement pris le parti de casser les codes et de jouer la carte choc en organisant par exemple des débats sur la sexualité. Nabil Karoui se défend en disant « Nous n’avons pas de Conseil supérieur de l’audiovisuel comme en France, nous devons faire notre propre ménage. Je connais les tabous et nos sociétés et je les respecte ». « Je n’ai jamais voulu faire de la provoc’, j’ai un gros médias et je veux être le plus consensuel possible ». Il dit plus loin qu’il couperait la fameuse scène si c’était à refaire. Pourtant toutes ces citations peuvent être mises en parallèle avec le fait que la chaîne et son patron ont toujours plus ou moins suscité la controverse. Ici l’article insiste sur le fait que Nabil Karoui établit 27
  • 31. un discours en incohésion avec son travail sur la chaîne, ainsi il parle de liberté d’expression, liberté qu’il a prit. Manifestation pour la liberté d’expression Marie SAAB Sur le site Tuniscope.com (portail d’actualité de Tunis), le titre en impose directement: « Manifestation de soutien pour Nessma : On n’emprisonne personne pour un film ! » C’est une très clair prise de position en ce qui concerne l’affaire. C’est une manifestation qui appelle à soutenir Nabil Karoui et a fortiori la chaine Nessma TV afin de défendre la liberté d’expression. Cet appel à la manifestation se fait le 16 novembre pour qu’elle se tienne le lendemain : « demain, jeudi 17 novembre à partir de 09h, devant le tribunal de première instance situé au Boulevard Bab Net au même moment où le directeur général de la chaîne Nessma TV, Nabil Karoui, et deux de ses employés comparaîtront devant le juge pour l’affaire de la diffusion du film Persepolis ». Ce site déplore l’injustice qui se déroule et appelle à une forte mobilisation notamment sur les réseaux sociaux (il donne une page Facebook). Il est également ajouté : « Les tueurs, les voleurs, ceux qui ont volés notre pays n'ont pas été condamnés pour autant, mais la diffusion d'un film peut mener vers la prison ! Alors on dit non, non et NON ! La liberté d'expression, quelle que soit sa forme est un DROIT! On ne met pas les gens en prison pour avoir diffusé un film ! » Sur le site Tunivisions.net (magazine dit « people » des Tunisiens) il est indiqué qu’avant le début de l’audience, l’un des journalistes les plus en vogue de la chaine Nessma TV, Sofiene Ben Hmida, a apporté les précisions suivantes : « C'est un procès d'opinion qui nous rappelle la période de l'inquisition, mais nous ne sommes pas des victimes, nous allons défendre la liberté d'expression devant ce tribunal ». Sur Webdo.tn (site d’actualités sur la Tunisie), on se pose une question sur la liberté d’expression : disparaitra-t-elle le 23 janvier 2012 avec l’incarcération de Nabil Karoui ? Ce dernier déclare que : « Cette affaire est une affaire politique et je vois en ce jour la mort réelle de la liberté d’expression en Tunisie. » en arrivant dans la salle d’audience du tribunal de première instance de Tunis, devant de nombreux médias tunisiens (également sa chaîne Nessma TV qui diffusait en direct ce 17 Novembre) mais également étrangers ainsi que des citoyens tunisiens. 28
  • 32. 1.5. Acteurs et points de vue 1.5.1. Remise en question de la religion Justine CAILLET Persepolis, le film Nous pouvons voir que différents articles nous montrent à quel point certaines prises de position ont eu un impact important dans le débat qui a suivit « Persepolis ». On compte notamment sur les prises de parole dans l'éducation avec certains professeurs qui donnent clairement leurs avis sur les questions de religion. Cela montre comment le débat de l’État religieux est remis en cause. Pour la première fois, les Tunisie se permettent de remettre en cause la politique religieuse, ce qui n'aurait jamais été possible avant. Une interview par rapport au film « Persepolis » nous montre que malgré le modernisme que connaît la Tunisie, rien n'est acquis pour la laïcité. Beaucoup comme lui sont contre la diffusion de ce film. « Persepolis » a donc été vu comme provocateur et agressif et qui à des effets négatifs sur la société. Il y a aussi un problème de distinction entre le pouvoir politique et la religion. C'est ce rapport qui nous montre à quel point la Tunisie ne peut par réellement être une démocratie, le temps que cette idée ne sera pas rejetée. Mais pourtant ils seront d'accord pour dire qu'ils sont contre les brutalités déjà vues. Puis, on retrouve d'autres acteurs qui cherchent à montrer que la modernité est possible, mais qu'elle ne doit pas entraver la religion. C'est un appel à tous les Tunisiens qui souffrent de la politique de l’État. La liberté d'expression provient de la démocratie. Une nouvelle idée de l'homme et de la religion est nécessaire. C'est une nouvelle manière de penser la religion et la politique. Idéologie salafiste Il faut savoir que le salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Le salafisme est un courant religieux qui défend la lecture littéraliste et ultra-orthodoxe de l’islam. Cette forme de religion est souvent assimilé à un mouvement sectaire, mais il a pourtant connu en Tunisie une croissance forte dans les années 80, et d'autant plus avec le printemps arabe. On ne peut pas qualifié ce mouvement comme un groupe homogène car il couvre un large cercle politique, et évolue de manière complexe. En Tunisie, on retrouve trois principales tendances salafistes existantes: le salafisme missionnaire qui demande l’islamisation de la société en général et particulièrement l’éducation. Ce mouvement défend une 29
  • 33. vision non violente de l’islam, fondée sur la volonté d’organiser le mode de vie selon les avis religieux. Puis on retrouve le salafisme djihadiste, qui est le parti le plus violent. Ce mouvement prônant les actions directes et violentes et surtout se réclament d’Al-Qaida. Puis, on retrouve le parti de la libération hizb tahrir, militent pour le rétablissement du Califat, ce qui pourrait remettre en cause toute l'idéologie démocratique de la Tunisie, par la mise en place de lois islamique, donc d'un régime basé sur l'islam. Les salafistes occupent le devant de la scène grâce leurs l’activisme et à leurs intervention spectaculaire avec principalement l’affaire de la chaine de télévision Nessma ou bien même les violence à la faculté des Lettres de la Mannouba pour imposer le port du niqab. Il faut donc reconnaître que la pensée salafiste contrôle aujourd’hui une grande partie de la littérature musulmane et les esprits Tunisiens. Les salafistes gagnent des points avec leurs manifestations de violence, qui les mettent au devant de la scène politique. Avec les affaires comme celle en rapport avec le Niquab à la faculté de Sousse, puis le film « Persepolis », ils abordent leurs idées progressistes de la Tunisie. C'est surtout le film qui a permi le débat intéressant du problème de la Tunisie, qui est la relation entre le politique et la religion au sein du pays. La séparation de ces deux sphères afin de séparer les libertés d'expression individuelles et la gestion du pays selon les lois fondées restent donc problématique à l'heure actuelle en Tunisie. Sensibiliser les citoyens et donc l'opinion publique jouent en leur faveur, et ont permis la monté de leur mouvement. Ce ne sont pas leurs idées qui sont réellement remis au cause en Tunisie, mais leur manière d'agir par la violence et le manque de liberté d'expression donnée qui pose un réel problème et leur donnent cette image de mouvement dangereux. Se pose donc la question du scandale fait dans le pays : Pourquoi ? On retrouve un État qui se dit démocratiser mais qui pourtant ferme les yeux face aux libertés individuelles et accorder la censure qui est l'un des moteurs anti-démocratique. C'est sur cette idée que se base les salafistes. Le respect de la religion nécessite obligatoirement une censure, ce qui est le cas avec « Persepolis ». Ce sont en priorité les choix du pays, l 'économie et les intérêts du pays qui ont été mis en avant , ce qui est un avantage pour ces mouvements qui peuvent se reconnaître à tout moment dans ces idées. Discours médiatiques De même le discours médiatique s’appuie énormément sur le fait que c'est une marche de protestation lancée juste après la diffusion du documentaire « Persepolis », mais d'autant plus que cette marche rassemble tous Tunisiens. Qu'ils soient salafistes, partisans du parti Ettahir, ou bien même citoyens ordinaires comme les femmes voilées ou non, ils étaient tous présent. On remarque donc qu'il y a une volonté de montrer le peuple Tunisien comme un peuple uni, qui est rassemblé autour de la même idée : l'appel au respect de la religion et la condamnation de tout blasphème de la 30
  • 34. foi islamique. Le film est donc montré par les médias comme étant l’élément déclencheur de la première occasion au Tunisien de donner leur avis et de se confronter contre le pouvoir de Nessma TV. En effet, n'oublions pas que la Tunisie à ce moment est en transition démocratique suite à la tombé de la dictature de Ben Ali. Cette marche est aussi qualifiée comme un moyen de rendre la liberté d'expression aux Tunisiens, ce qui n'était possible sous le régime de Ben Ali. Un symbole encore plus fort est certainement le fait que la manifestation se soit déroulée à Tunis, la capitale, le lieu incontournable et important politiquement pour la Tunisie ce dont le journal ne s'empêchera de répéter plusieurs fois. De même à travers ces articles, nous avons pu voir à quel point les attentes des Tunisiens, non qu’elles ne soient solides, restent paradoxales. C'est la diffusion du documentaire Persepolis qui a mis le feu au poudre et créer cette affaire. Ceci nous a permis de voir à quel point cette affaire a permis à chacun de se positionner et de se révolter contre le gouvernement, ce n'est plus qu'un scandale mais une affaire d’État qui est ici montré. Chaque article montre que la diffusion du film a été un élément déclencheur pour tous les citoyens Tunisiens, qui est pourtant vu différemment selon l’état d’esprit de chacun. Il y a là une réclamation du respect de chacun : c'est une adresse au pouvoir politique. Ces tensions se sont accumulées et devenues de plus en plus virulentes et créer des positionnements chez chacun, que ce soit du peuples mais aussi de la justice, du monde de l'Art et affecter tout symbole de modernité. 1.5.2. La violence Marine JENICOT La violence des barbus Au cours de différents articles, on retrouve l'idée de l'affrontement. En effet, on nous récapitule les agressions faîte par les salafistes. Cette forme de violence, qui n'est pas en adéquation avec la religion islamique devient nécessaire. On retrouve différentes attaques faîtes, sur certains domaines. Ce sont des attaques très précises et très bien choisies. On s’attaque aux systèmes juridiques, aux Hommes et Femmes, sur certains sites touristiques aux espaces culturels et au domaine de l'Art en général. Cette confrontation se place donc dans l'idée de supprimer toute forme de modernité, mais aussi de divergence d'opinion contre la religion qui apparaît centrale au sein même du pouvoir politique. Il faut aussi rappeler que ceci est possible par le régime peu séculaire de la Tunisie lors de cette période. On compte différentes agressions, notamment celle faites dans le monde de la Culture et de l'Art, lorsque les barbus suspendent les spectacles culturels, l'accès aux sites touristiques pour les touristes. L’attaque du cinéma à Tunis en Juillet 2011 lors du film de Nadia El Féni « Ni Allah, ni maître » qui déclenche une panique totale. Un autre point est important : l'attaque de l'éducation. 31
  • 35. L'université est le symbole de la jeunesse mais aussi des idées nouvelles inculquées aux nouvelles générations. Il y a là une réclamation d'une école dite plutôt religieuse et non laïque, ce qui va là contre le fondement de notre démocratie. Puis, on retrouve des attaques d'autant plus virulentes lorsque les salafistes tentent d'incendier le siège de la télévision Nessma TV après la diffusion de « Persépolis ». L'objectif des salafistes est d’empêcher toute forme de culture qui montre l'oubli de la foi. La foi est considéré comme centrale, et donc demande une restriction de la modernité du pays. On peut donc se poser la question de savoir si le film a vraiment été vu sans atteintes à l'Islam. Le fait de diffuser le film à ce moment précis ne serait-il pas une simple mise en scène pour radicaliser le pays ? De plus, le droit fondamentale à la citoyenneté a été pris pour cible : par les attaques sur les Hommes quelle soit physique ou morale Discours médiatiques Le vrai problème n'est pas la diffusion du film en Tunisie, mais sa version en dialecte tunisien faite par la chaîne qui a mis le feu aux poudres. C'est à partir de ce moment que Nabil Karoui a présenté ses excuses au peuple Tunisien ce n'était pas son but, et avoue avoir commis une faute, c'est ce que Soraya Maherzi déclare dan son e-mail du 13/10/2011. Cela ne suffit pourtant pas pour certain Tunisien. Elle déclare également que lors d'un communiqué, l'Iran affirme avoir mis en garde la chaîne Nessma TV sur les réactions que pourrait susciter la diffusion du film, et de prendre en considération les croyances des téléspectateurs musulmans. Les excuses de Nabil Karoui ne vont pas apaiser les tensions surtout que le scrutin du 23 Octobre 2011 approche. Nous avons affaire à un peule qui ne comprend plus et ne veut plus croire en l’État. On décide de faire appel à la force en s'attaquant directement au PDG. Voiture détruites, meubles saccagés, et porte d'entrée défoncée font office d'attaque. De plus, une journaliste de Nessma TV déclare & dénonce « l'incitation de quelques imams à commettre des crimes à l'encontre des employé de la chaîne ». A propos de la marche pacifique faite le dimanche contre les violences salafistes. Elle est placée sous le mot d'ordre « Aatakni » c'est à dire« fous moi la paix ». On retrouve différent personnes présentes dont de nombreux intellectuels, et figures du théâtre tout comme la directrice de l'espace Mad'Art : Raja Ben Ammar. On retrouve aussi la présidente de l'association « égalité et équité » qui craint elle aussi pour la liberté d'expression menacée par les extrémistes. Le peuple Tunisien réunit donc une multitude de Tunisien, issue de différentes classes sociales. On remarque deux tendances des médias, surtout locaux, tous deux s'attardent beaucoup aux petits détails qui ont suivit la manifestation, notamment la confrontation des manifestants aux forces de l'ordre. On a cette image de la police comme étant un pouvoir absolu et les manifestants en contre pouvoir. Le fait d'avoir 32
  • 36. recours à des images et dialogues en contestation à la religion islamique est un problème en Tunisie. Il y a là de la part des Tunisiens une crainte d'un État opprimé par un Islam radical, mais pourtant ils veulent un certain respect de la religion. « Le Quotidien » met en avant cette idée, ce qui est permis par l'ensemble d'explications détaillées. Une tendance qui a pour caractéristique de ne prendre aucun partis, leur seul mot d'Ordre est le respect, le journal n'établit aucune prise de partis, ni de camps. Une autre tendance met en avant l'opinion des médias, le journaliste n'hésite pas à donner son avis sur les événements, de juger. A la lecture de ces articles on peut distingué les différents partis pris des journaux. Toutefois, on peut voir que les médias montre cette affaire comme une possibilité aux Tunisiens de créer le changement, de se révolter devant ce qu'il ne trouve pas respectable : on parle de consensus. Cette idée de consensus se retrouve à travers d'autres médias venant particulièrement des NTIC avec Facebook. En effet, après la diffusion de Persepolis, de nombreux mouvement de citoyenneté se sont établit. Les réactions suite aux manifestations et à la diffusion du film, divisent le peuple tunisien alors que certains appels au calme, d'autre appel à la révolte sur des réseaux sociaux. Facebook est l'un de ses réseaux sociaux qui a permis de créer le lien social entre citoyens. C'est une réponse à l'appel lancé sur Facebook qui a permis de mettre en place la manifestation, et un point important et que cela a était fait par un groupe de jeunes le vendredi. Cela montre bien que les Tunisiens pouvaient déjà créer une révolte après la diffusion de Persepolis. Mais « Persepolis » est un élément déclencheur permettant la révolte. Outre le fait que Facebook puisse permettre de communiquer entre amis, il a dans le cas de l'affaire médiatique de « Persepolis » crée une interface entre citoyens Tunisiens, mais aussi en intermédiaire avec les Français. Les réseaux sociaux ont donc été d'une importance capitale à la diffusion mondiale de la révolution Tunisienne, et d'autant plus en France. C'est une réponse à l'appel lancé sur Facebook par un groupe de jeunes le vendredi qui a permis de réunir les Tunisiens à la marche sous le slogan « libère-moi ». On retrouve également d’autres thèmes revendiqués par de nouveaux acteurs, avec par exemple l’e-mail écrit par Soraya Maherzi (1) à plusieurs personnalités travaillant dans les médias, Boris Boillon (2), Michel Tarran (3), Étienne Chapon (4), Jean-Claude Floirac (5), Hélène Hammouda (6), Hichem Dhahri (7), Sihem Amri (8), Camille Roman (9), Valéry Freland (10), Dorotea Marciak (11), Hélène Delmas (12) et Alain Esparbes (13). Cet e-mail traite en effet de la liberté d’expression, du non recours à la violence en réponse à la violence ou en réponse à la diffusion du film qui est exprimée comme violence, ainsi que le rappel de l’élément déclencheur de cette polémique et affaire. De même, on retrouve différents slogans durant la manifestation comme « le peuple veut la liberté d'expression », « La Tunisie est pour tous », « Tunisie libre, exit les forces rétrogrades ». La marche est organisée en réaction des manifestations faites par les salafistes contre la diffusion de 33
  • 37. « Persepolis » sur Nessma TV. Dans certains articles aucun incident n'est déclaré dans les rues, grâce au dispositif policier conséquent ce qui montre bien qu'il n'y a de la part des Tunisiens qu'une demande de changement du pouvoir. Dans d’autres articles on retrouve bien les marques de manifestations et de violence faites. Comme le saccagement de la maison de Nabil Karoui le lendemain de la diffusion du film ainsi que l’arrivée de centaines de salafistes au siège de la chaîne Nessma TV. Les conséquences de l'attaque sur la maison de Karoui reste tout de même assez flou, c'est ce que nous constatons dans les communiqués de l'AFP du 11/10/2011 et les dépêches de l'agence de Tunis du 14/10/2010. Alors que la chaîne Nessma TV annonce que la famille à était sauvé in extremis, les force de l'ordre affirme qu'il n'y avait personne dans la maison lors de l’attaque. D'autres sources comme la sécurité Nessma annonce qu'il y avait la femme de ménage et que celle-ci à été agressé et hospitalisé. Aucune photo ne montre l’état de la maison après l’attaque des individus ''armé'', car Nabil Karoui a refusé qu'un photographe de l'AFP prenne son domicile en photo. La chaîne Nessma TV met en cause les islamistes et dénonce les imams d'avoir poussé cette révolte lors de leurs prêches. Les manifestations sont tous les jours reportées dans les dépêches ainsi que dans les articles de presse, le nombre de manifestants est compté quotidiennement. 1.5.3. Liberté d’expression Marion VIAIRON Transition du pouvoir L'accumulation de problème politique et précisément des doubles discours des partis crée une scissions de la part du peuple. Cette période montre à quel point même si l'on retrouve un « consensus Tunisien », les idées de chacun restent positionnés et veulent par tous les moyens imposer leurs idées au peuple. Alors que la Tunisie, qui vient de sortir de la dictature de Ben Ali, est en période de transition et tend à aller vers une démocratie, ces événements questionnent alors cette dernière. En effet, on se rend donc compte que la Tunisie n'est pas prête à tourner la page à son ancien régime. On peut se demander pourquoi avoir manifester dans Tunis, si personne ne veut vraiment changer les choses ? Nous avons recensez dans la majorité des articles de presse, des journalistes prônent la liberté d'expression, ces derniers s'opposent alors aux extrémistes, qui tentent d'imposer leur loi par la force. En effet, dans une démocratie tout homme est libre d'exprimer ses idées sur n'importe quel sujet, mais dans le respect de l'autre et de manière pacifique, avec un dialogue. Nous avons vu que toutes ces violences des salafistes visent à les imposer sur la place publique au moment ou les élections s'approchent et que le travail de l'artiste était attaché à des contraintes. De nombreux 34