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Juillet 2011
« Le centenaire de Gitega ». Cette phrase lue dans un journal me réveille. « C’est une bla-
gue ! », que je me dis. Dans une semaine, je vais à Gitega pour quelques jours de vacan-
ces, je ne manquerai pas de visiter cette vieille ville. Aussi, je vais profiter pour
prendre quelques photos et écrire un petit article pour les amis de Gitega.
Juillet 20, 2011, départ de
Bujumbura vers Gitega
après presque deux ans loin
de la province des tambours.
A bord d’un Badgad, je
m’embarque avec 5 autres
passages.
Après je ne sais pas exacte-
ment combien de temps,
une heure peut-être, nous
arrivons à Giheta. Ce nom
évoque NINDE, le fameux
feuilleton aimé par pas mal
de Burundais.
Surprise, la Radio Ijwi ry’u-
mukenyezi de Giheta joue
un air que j’aime bien. Reste
à voir ce que me réserve Gi-
tega.
Juillet 20, 2011, départ de Bujumbura vers Gitega après presque deux ans loin de la pro-
vince des tambours. A bord d’un Badgad, je m’embarque avec 5 autres passages.
Après je ne sais pas exactement combien de temps, une heure peut-être, nous arrivons à
Giheta. Ce nom évoque NINDE, le fameux feuilleton aimé par pas mal de Burundais.
Surprise, la Radio Ijwi ry’umukenyezi de Giheta joue un air que j’aime bien. Reste à voir
ce que me réserve Gitega.
Lire: Jean Ikorineza. Gitega va célébrer le centenaire au mois de décembre courant
Source: http://www.burundi-info.com/spip.php?article1732
Iwacu: Lire http://iwacu-burundi.org/spip.php?article5236
3. 3
La BRAGITTA, la Brasserie de Gitega, ouvre la ville de Gitega. Après la Brasserie, vient
l’Ecole des Travaux Pratiques, ETP. Une vieille école qui a formé beaucoup de gens dont
nous devons les routes et les autres constructions du pays. Après l’école des travaux pu-
blics, la tension monte. La lumière de chez soi devient plus vive.
C’est de la permanence du parti au pouvoir que l’on voit Gitega, la vieille ville de Gitega.
La permanence est une maison en étage, à gauche de la route quand l’on va à Gitega et à
l’autre côté de la route, à droite donc, c’est le palais présidentiel, dit-on.
Monument de Rwagasore Louis, héros de l’indépendance du Burundi
Sur Rwagasore: http://www.rwagasore.com/francais/
Ville qui vieillit : Non loin du palais, dans le quartier place, se dresse, solitaire et froid, le
Musée de Gitega. Le musée frappe par sa couleur blanche qui commence à perdre son
éclat. Cependant, triste mais vrai, impossible de ne pas sentir le froid dans le cœur du
musée.
Personne n’entre ni ne sort de cette maison pleine d’archives d’histoire. A côté, le parquet
de Gitega, même couleur. Les deux maisons, et une autre à côté sont bâties sur un terrain
immense.
...Suite, page 5
4. 4
Le musée de Gitega, au cœur du Burundi, de l’Afrique et du monde.
Découvrir le Burundi:
Tambours du Burundi: http://www.arte.tv/fr/tambours-du-burundi/1345140.html
La littérature: http://samandari-litterature.blogspot.be/
Découvrir le Burundi, en réalité:
Un vrai séjour au Burundi. Une fois sur le sommet d’une des collines du Burundi, vous
comprendrez tout.
5. 5
Tout autour, chaque soir, il y a des vaches
qui broutent de l’herbe presque sèche et
des enfants qui jouent au football. Com-
me toujours, le musée attend des visiteurs
qui n’arrivent pas. Si, à compte-goutte.
Après le musée vient Magarama avec son
aérodrome dont la piste commence à res-
sembler à un champ qui attend les houes
des paysans avant la saison des pluies.
Dans un état lamentable. Heureusement
qu’il y a la belle église construite par les
frères Franciscains. Elle domine Magara-
ma. Une belle bâtisse. Magarama n’a pas
changé depuis des années.
Si, mais en …, je me retiens. Les rues sont
toujours mal éclairées. Ou pas du tout
éclairées.
Magarama s’endort dans des amas de dé-
chets à la Buterere. La saleté y est délétè-
re.
Les frères Franciscains ont fait creuser des
fosses pour déchets mais les gens n’ont
pas encore compris à quoi servent ces fos-
ses. Ce n’est pas qu’à Magarama, c’est
aussi à Bwoga, quartier où saleté et misè-
re coabitent, où la kanyanga fait des dé-
gâts quand la Brasserie fait de l’Amstel à
gogo. Ou c’est la BRAGITTA qui n’a pas
une politique de développer la popula-
tion de Bwoga ou c’est les gens de Bwoga
qui ne voient pas loin.
Suite, page 7
6. 6
Extrait de “Orchids”, page 83
In the morning when I woke up, I found a message on my phone. A friend told me
that Jean Pliya of Benin, who is with the Charismatic Renewal, would be in Bu-
rundi to do healings. In spite of my poor condition, I was determined to attend. I
had missed the earlier healings at Mount Sion in Bujumbura due to a long name-
less sorrow that chained me to my bed. People who had been there told me so
many beautiful things about it. Since then, my experiences had increased my thirst
for God. I was resolved not to miss the charismatic prayers, not just for my sake
but above all for the orphans, those sick with AIDS… I left with a clear plan – to
listen, listen and listen; to let myself be taught; to ask for pardon from the good
Lord and not ask Him too many questions. I was filled with emotion as I crossed
the border. Once there, in Gitega, I was not alone. I was one sheep among many
others. I saw joy, fear, sorrow, fervour and indifference. I was there with my long,
rich story, my very own; my story of being HIV-positive, a disappointed girl,
wounded, loved and loving. There were Catholics, Protestants, Muslims. I was
touched by the message of Pliya and I saw miracles happen. I heard testimonials
of healings that moved me to tears. I was well aware of my constant burden, the
HIV virus. But I wasn’t sorry for myself. I hadn’t come there in search of physical
healing – it was surely too late for that – but to heal memories. I understood that it
wasn’t all over; I could leave Burundi reconciled with God.
Quelque part, à Gitega
7. 7
Nouveaux quartiers…
Le lendemain matin. Cap sur Karera, le tout nouveau quartier. Du marché, Je descends
dans la vallée. A quelques mètres de la rivière, le centre des jeunes. C’est une propriété
des pères Blancs. Les clubs de Karaté, ne jouent plus dans la salle d’athénée, ils s’entrai-
nent dans cette salle. Je prends la route d’à gauche. Karera. Routes bien tracées. Quelques
maisons en constructions Des chantiers en cours. J’apprends qu’on construit une école
moderne.
Karera invite à continuer vers l’autre nouveau quartier, Nyabisindu. Je monte jusqu’au
sommet de la colline où est l’antenne de LEO. Nyabisindu est un quartier modeste, avec
de belles maisons. Le seul problème concerne la voirie. Les routes auparavant bien tra-
cées commencent à disparaître avec des constructions qui ne respectent pas les normes.
Et aussi, l’absence des rigoles dans un nouveau quartier 2010 altère la beauté du quartier.
Sur le sommet de la colline, le vent vous fouette à en devenir poète. C’est vraiment agréa-
ble le vent qu’il y a dans le bois qui fait la ceinture de Nyabisindu.
De Nyabisindu, je prends un sentier vers Mushasha. Sur la route, entre Nyabisindu et le
cimetière de Mushasha, une habitation des Pères Carmes. Une belle maison avec une bel-
le chapelle.
On se repose un peu,On se repose un peu,On se repose un peu,On se repose un peu,
près de la source...près de la source...près de la source...près de la source...
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Besoin d’une université
Gitega est la ville des écoles secondaires mais qui manque d’université. Quand on visite
les Lycées Regina Pacis, ENG, ENF, Musinzira, une question naît : où va toute cette popu-
lation qui finit dans les écoles de Gitega ? A Bujumbura. Pourquoi ne restent-ils pas à Gi-
tega ? Il n y a pas d’universités à Gitega.
C’est surtout pendant les vacances que l’on sent la nécessité d’une université dans la ville
de Gitega. Pendant les vacances, on ne voit que les jeunes du secondaire. Et où les voit-
on ? Aux différents rigala. On les croise dans les salles de cinéma. Quel genre de film re-
gardent-ils ? Allah seul le sait. Et on les croise aussi dans les rues. Peu nombreuse est la
jeunesse qui fréquente l’Alliance française ou le Centre d’échange Belgo-Burundais. Peu
nombreuse. A Gitega, il n’est pas nécessaire d’être éducateur spécialisé ou pédagogue
pour constater que la jeunesse manque d’encadrement. Oui, elle manque de cadre.
S’il y avait une université, peut-être, il y aurait-il à côté une grande bibliothèque, il y au-
rait des activités intéressantes pour les jeunes, il y aurait une piscine pour la jeunesse et
des occupations plus sérieuses. S’il y avait une université, il y aurait de l’emploi et par-
dessus tout, on rencontrerait les jeunes de Gitega. Et ensemble, pendant les vacances, on
parlerait poésie, politique, économie… autour d’un livre.
Pendant les vacances, à Gitega, il y a beaucoup de solitude, beaucoup de silence. Les plus
jeunes vont en vacances dans les provinces ou à Bujumbura et les plus âgés préfèrent re-
garder la télévision. Car ils sont les plus délaissés. Ils sont seuls. Gitega offre plus de bras
aux jeunes qu’aux plus âgés. C’est une réalité. Pour les jeunes, il y a des casinos (ce n’est
pas à vanter), des cinémas (pas fameux), des terrains de jeux… pour les adultes. Rien. En
l’absence de lieux de rencontres, les cabarets leur servent d’agora.
La jeunesse, un capital immenseLa jeunesse, un capital immenseLa jeunesse, un capital immenseLa jeunesse, un capital immense
10. 10
Autour de la ville...
Avant d’aller à Tankoma et à Songa, je visite la statue
de Monseigneur Ruhuna sur la route de Mushasha. La
statue commence à prendre prend l’âge. Les passants
ne s’arrêtent pas pour admirer la beauté de l’évêque et
de la statue. La couleur bleue qui attirait les regards
s’envole avec le temps. Midi sonne, l’angélus sonne à
la cathédrale. Harte. Pause.
Après la prière, cap sur Songa, Béthanie, Bethléhem.
Je m’arrête longtemps à Tankoma, non loin de la mai-
son du CNDD-FDD qui a emporté la vie de plus de 5
personnes en s’écroulant. Devant moi un immense
terrain. D’après les on-dit, c’est là qu’on va déplacer le
marché de Gitega. C’est un terrain où l’on peut cons-
truire un stade olympique et où l’on peut créer un très
beau jardin public. Le marché va être construit avec le
mois qui vient. Bonne nouvelle, enfin un marché mo-
derne.
Après Nyabisindu, je visite Rango, Nyabututsi, Nya-
biharage. Beaux quartiers qui s’endorment dans la
vieillesse et qui gardent le look d’il y a dix ans. Même
plus.
La nuit tombe. Halte.
Le troisième jour. Zege. Yoba. Aérodrome. ECOSO.
De Zege, on a une vue magnifique de Gitega, surtout
des quartiers Yoba et Magarama. Je marche pendant
trois heures. Montées et descentes. Sur la route de
Muyinga, je m’arrête devant ACCOLADE. La vallée en
bas est très jolie.
Vient enfin le temps de visiter l’hôpital de Gitega et le
dispensaire. Même look. Maisons en mauvaise santé.
Routes qui appellent la charité des ingénieurs. La pri-
son (Dieu seul sait qu’on n’en a pas besoin pour l’ins-
tant) est triste. Comme toujours. Triste de dedans et
de dehors.
Gitega anciennement Kitega sous la
colonisation allemande et belge 1896-
1962, [gitéga], /(i)-ki-tég-a/ du verbe
gutéga qui signifie entre autres aplatir
(faire trébucher, attendre), Gitéga est la
seconde plus grande ville du Burun-
di située sur les plateaux centraux du
Burundi. Elle est située à l'est de Bujum-
bura, plus précisément au centre du
pays. C'est dans cette ville où est planté
l'arbre qui est au centre du Burundi.
Gitéga est le chef lieu de la Province de
Gitéga, une des 17 provinces du pays.
La province de Gitéga a onze commu-
nes qui sont Bugēndana, Bukirasāzi,
Buráza, Giheta, Gishûbi, Gitéga, Itāba,
Makébuko, Mutāho, Nyarúsānge et
Ryānsoro.
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/
Province_de_Gitega
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Sur note agréable...
La visite de Gitega s’achève à l’Alliance française pour lire un bon roman après des journées de
marche sous le soleil. Juste quelques pages et je sors mon appareil pour prendre les photos du
monument de Rwagasore et du géant
arbre au centre du Burundi. Fin.
Gitega se meurt. Pendant une semaine,
on ne rencontre ni touristes, on ne voit
même pas les oiseaux migrateurs pas-
ser dans le ciel de Gitega. Comment la
ville peut-elle vivre sans ? S’il est enco-
re des bougies allumées, c’est avec
l’Hôtel Helena, la belle église de Maga-
rama, les deux centres culturels, la Pla-
ge, et quelques autres infrastructures
qui résistent à la morosité. C’est aussi
le souvenir que Gitega est la capitale
de la musique, ce qui fait que l’on gar-
de partout la nostalgie de la ville qui
s’en va en silence.
Pour que la flamme ne s’éteigne, Gite-
ga a besoin de bras, de bras vigoureux.
Elle a besoin de radios et de journalis-
tes sur terrains, d’un marché moderne,
d’un camp militaire rajeuni, d’une uni-
versité.
Il est connu que Gitega a des enfants
partout dans le monde, des enfants
qui ont fait de bonnes études et qui
ont des idées formidables. Et tous, on
sait que Gitega a des amis partout,
qui attendent une bonne organisation
de la part des autorités compétentes
pour qu’ils viennent réveiller la ville
qui se meurt lentement...
Et si tu décidais d’apporter ta pierre
pour construire la ville de Gitega ?
Ensemble