1. Et si la campagne électorale qui vient était utile ?
Cette fois-ci nous y sommes : Dans un peu moins d’un an,
seront élus les femmes et les hommes qui siégeront à l’assemblée
unique de la Collectivité Territoriale de Martinique. Nous le savons
depuis quelques jours, cette élection aura lieu en décembre 2015 (En
même temps que s’achèvera le chantier de notre Transport Commun
en Site Propre, le désormais fameux TCSP, si les promesses sont
tenues…).
Avec cette élection se conclura un long cycle de l’histoire
politique de la Martinique. Celui-ci a débuté en 1946 avec le vote par
les parlementaires français conduits par Aimé CESAIRE de la loi de
départementalisation des « quatre vielles ».
75 ans de lutte politique ponctuée d’épisodes nombreux
(convention du Morne Rouge les 16, 17 et 18 août 1971, censure par
le Conseil Constitutionnel en décembre 1982 de la loi du 2 mars 1982
portant assemblée unique qui était la traduction législative de la
58ème des 110 propositions du programme du candidat à l’élection
présidentielle François MITTERAND, vote de la loi créant les régions
d’outre-mer en 1983, échec de la proposition d ’assemblée unique le
7 décembre 2003 , double consultation du peuple martiniquais les 10
et 24 janvier 2010, vote enfin de la loi du 27 juillet 2011 relative aux
collectivités territoriales de Guyane et de Martinique )
Pendant ces 75 années, « assimilationnistes », « autonomistes »
et « indépendantistes » se sont affrontés à propos de la sempiternelle
« question du statut».
Pendant toute cette période, les solutions pratiques relatives au
développement économique de notre pays étaient dans le meilleur
2. des cas reléguées au second plan des préoccupations des différents
leaders politiques, du moins dans leur expression publique lors des
campagnes électorales.
Cette fois ci, ce débat est clos !
Plus question d’y revenir, sauf à être de véritables imposteurs
tentant d’agiter un vieux hochet pour détourner l’attention des
questions fondamentales !
Plus de prétexte pour ne pas aborder les problèmes criants de
ce pays !
Plus d’alibi donc pour se dispenser de répondre aux questions
qui préoccupent les citoyennes et citoyens, éventuellement électeurs
et électrices !
Cela suffit !
Il importe maintenant d’arrêter de discuter de la forme de la
table carrée, ronde ou ovale ! Le débat est tranché par la loi du 27
juillet 2011.
Il n’y a plus qu’une seule chose à faire : s’asseoir à cette table si
on a réussi à être choisi par les citoyens électeurs et travailler.
Travailler dur parce qu’il y a urgence et urgence extrême.
C’est une des raisons pour lesquelles cette élection de
décembre 2015 est particulièrement importante pour l’avenir de la
Martinique. Plus importante en tout cas que toutes les cantonales et
régionales précédentes : Le mode de scrutin qui a été retenu est en
effet sans pitié pour les vaincus qui se retrouveront dans l’opposition
dans le meilleur des cas pour au moins 6 années. La situation qui
résultera cette élection peut être caractérisée par la formule « The
winner takes all ! ». Il n’y aura pas de contre-pouvoir au sein de
3. l’assemblée. Les 51 membres de l’Assemblée de Martinique seront
élus au sein d’une circonscription électorale unique divisée en 4
sections géographiques où s’appliquera un scrutin proportionnel de
liste à 2 tours avec une prime majoritaire de 25% des sièges restant à
attribuer pour la liste arrivée en tête. Autant dire que les vaincus
auront des miettes…
Il est donc absolument fondamental de s’assurer que la
démocratie fonctionnera et celles et ceux qui seront sur la ligne de
départ de cette campagne électorale auront un véritable programme
économique et pourront en débattre sérieusement devant les
électrices et électeurs. Les médias principaux de ce pays auront
d’ailleurs à cet égard une très importante responsabilité puisqu’ils
pourront contraindre les candidats à s’exprimer sur les questions
économiques auxquelles ceux-ci devront apporter des réponses
efficientes une fois élus.
Certes, les expériences précédentes quant à la prise en compte
des réalités économiques n’incitent guère à l’optimisme. Mais il est
difficile, quand on a un minimum de sens des réalités, de ne pas se
rendre compte que nous avons jusque-là vécu sur un modèle
économique aujourd’hui à bout de souffle. Les transferts publics ont
depuis des années une très forte tendance à diminuer, tendance qui
est en train de s’accélérer. Le projet de loi de finances prévoit qu’en
2015, la réduction des dotations aux collectivités territoriales sera de
3,67 milliards d’euros, première étape d’une baisse de 11 milliards
sur trois ans !
A travers le « Livre bleu », les 130 chefs d’entreprises qui y ont
travaillé avec Contact-Entreprises et Martinique Développement ont
livré leur vision d’une Martinique plus ouverte sur la nouvelle
4. économie du 21ème siècle. Ils ont également proposé 21 idées
« pour voir l’avenir de la Martinique en bleu ».
Il est tout à fait impératif que les militantes et militants ainsi
que les leaders des différents partis politiques qui se présenteront au
suffrage des électrices et électeurs en décembre 2015 fassent le
même type d’exercice.
Les questions en effet ne manquent pas :
Comment sauver notre agriculture en la structurant de manière
assez solide pour qu’elle résiste à la conquête totale de notre marché
par les firmes extérieures ?
Comment transformer la dynamique de vieillissement de notre
population qui apparait aujourd’hui comme un handicap paralysant
en un atout se fondant sut les modèles extérieurs offerts par des
sociétés confrontées au même défi ?
Comment, puisque nous sommes une ile, transformer la mer en
un outil de développement puissamment créateur d’emplois ?
Comment sortir la Martinique de sa dépendance addictive aux
énergies fossiles et accélérer sa transition énergétique vers une
économie décarbonée ?
Comment valoriser et accompagner systématiquement la
créativité et les recherches d’innovation qui se manifestent
quotidiennement dans de très nombreuses entreprises
martiniquaises ?
Ce sont là que quelques-unes des interrogations auxquelles
devront répondre nos candidats.
Et si, grâce au sens des responsabilités de celles et ceux qui
briguent nos suffrages, ces thématiques se trouvent au centre des
5. débats électoraux, enfin, pour la première fois, la campagne
électorale qui vient aura été utile.
Jean-Paul JOUANELLE
Délégué général de Contact-Entreprises