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23/4/2016 Detaille Article
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Tranches de Racingmen
Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY  
arnaud.beurdeley@midi­olympique.fr  
Quel rapport entretenez­vous avec le Racing 92 ?
Philippe Guillard : ce club a marqué ma vie. Il m’a construit en tant qu’homme, joueur, j’étais loin
d’être une star. Aujourd’hui, ce n’est pas le même club mais j’y suis toujours profondément
attaché. Si le rugby était encore amateur, on pourrait parler d’héritage et peut­être ferions­nous
référence. Ce n’est pas le cas… On ne peut pas comparer deux époques. Le rugby d’aujourd’hui,
c’est un autre système, un autre jeu, des joueurs étrangers qui viennent en France sans épouser
l’histoire d’un club. Moi, gamin de la région parisienne, quand j’ai signé au Racing, c’était quelque
chose d’important. Il y avait une part de mythologie à enfiler ce maillot. Nous, on pouvait être
comparés à nos prédécesseurs car c’était le même rugby amateur… 
Le lien est­il cassé ?
Ph. G. : je vais vous raconter une anecdote. Après le « fils à Jo », j’ai repris mes activités à la télé
et, un jour, je me retrouve au bord du terrain à Colombes. O’Gara (entraîneur du Racing) me
regarde comme si j’étais un étranger. Sur le coup, ça me fait marrer. Lui voit un mec avec un
micro qui vient l’emmerder et me fait un geste de la main pour que je me barre. Du coup, je le
regarde et je fais la même chose (rires)… Je comprends sa réaction, il ne me connaît pas et ne
peut pas me connaître. Du coup, Toto (Travers) lui a expliqué et ça s’est bien passé. Mais, c’est
assez révélateur.  
Jean­Bastiste Lafond : aujourd’hui, le club appartient à Jacky Lorenzetti sans qui on serait au
niveau de Domont, du Puc ou de Suresnes. On peut critiquer ce mec mais sans lui, en 2001­2002,
à l’époque du Métro avec le président Yves Legagneux, médecin dont Jacky Lorenzetti était le
patient, et nos amis ou ex­amis d’Eden Park, Eric Blanc et Franck Mesnel, le Racing était
totalement à la ramasse. 
Mais ce club est­il encore un peu le vôtre ?
Ph. G. : bien sûr ! C’est encore notre club, même si un club n’appartient à personne. Colombes
n’a pas changé, le maillot est le même. 
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J.­B. L. : (Il coupe) Pas tout à fait. Le bleu est devenu beaucoup plus clair. Même si le nouveau
président est très attaché à l’histoire du Racing, le bleu est devenu très pâle. Le maillot avec un
bleu foncé doit être moins intéressant pour les sponsors. Et comme le maillot du Racing, comme
tous ceux du Top 14, ressemble à ceux du Tour de France avec des « étiquettes » partout, ce
n’est plus tout à fait le même… Mais je rejoins « La Guille » : on se sent Racingman. On est
Racingman. Nous ne sommes que de passage, après avoir eu la chance de jouer plus de dix ans
dans un des plus beaux clubs de France, avec un siège (La croix Catelan, N.D.L.R.) où nous nous
entraînions parfois, l’été, au milieu des tennismen, des bourgeoises et des bourgeois, des nantis.
On se changeait dans des vestiaires avec des casiers en bois. Tout ça faisait que nous étions
imprégnés de l’histoire de ce club. 
Qu’en reste­t­il aujourd’hui ?
J.­B. L. : avant, dans le rugby comme dans le vin, il y avait un terroir. Un terroir à Pomerol, dans le
Beaujolais ou en Côtes­du­Rhône. Pareil dans le rugby : il y avait des styles différents et on ne
jouait pas de la même façon à Toulouse qu’à Toulon.  
Ph. G. : le Racing, ce n’était pas le Puc. 
J.­B.L. : aujourd’hui, il suffit d’avancer, de ne pas perdre la balle, de faire des dizaines de temps
de jeu et de parvenir à un surnombre. Ce qui arrive de plus en plus rarement si le joueur ne prend
pas d’initiative… Mais, pour en revenir au Racing, avant c’était le Racing Club de France ; un des
plus grands clubs du monde, oui ! Il y avait le handball, l’athlétisme, le tennis… 
Ph. G. : et même le water­polo ! 
J.­B. L. : qu’a­t­il gardé de nous ? Les couleurs je l’ai dit et le stade de Colombes. Seulement,
Yves­du­Manoir va disparaître. Il restera uniquement l’histoire de ce club. Je suis sûr que le
président Lorenzetti, comme à Manchester United, fera un couloir dans l’Arena avec un beau tapis
et de belles photos des anciens. Moi je n’y serais pas mais bon… 
Pourquoi ?
J.­B. L. : parce que je ressens une certaine méfiance vis­à­vis de moi. J’ai la chance d’avoir réussi
et je n’ai pas besoin d’eux. Michel Audiard disait : « Quand on parle de pognon, à partir d’un
certain montant, tout le monde écoute. » Forcément, quand un mec pèse un milliard d’euros, c’est
un peu le roi avec sa cour. Pour être urbain, je dirai qu’il y a trop d’amabilités buccales. Je ne
supporte pas. Mais, ça tombe bien, le Racing n’a pas besoin de moi. Lorenzetti non plus.
N’empêche, je pense qu’il aurait dû prendre conseils auprès de quelques anciens, cela lui aurait
fait gagner trois ou quatre ans. 
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Quels conseils donneriez­vous au président Lorenzetti s’il vous sollicitait ?
J.­B. L. : on ne dirige pas un club de rugby comme une entreprise, même si elle pèse lourd. Je lui
aurai fait sentir quelque chose qu’il ne sent pas au niveau des hommes… Ceci dit, comme l’a
récemment exprimé Franck Mesnel, il n’y a probablement rien de plus énervant pour Lorenzetti
que l’on fasse parler les anciens du « Show­bizz » à chaque fois que le Racing est en phase finale.
À sa place, sans doute que j’aurais aussi écarté les anciens du club… Seulement, avant nous, il y
avait l’équipe de « 75 » avec Taffary, Chevallier, Perron. Et avant eux Vannier, Crauste. Le Racing
s’est fait en cent ans. Si on ne parle plus de nous, c’est que nous étions une bande de copains et
que nous avons à peu près réussi. Éric Blanc ? Il est dans tous les médias. « La Guille » est sur
Canal et moi je suis le petit paria sur Eurosport. Mais on parle de nous. Et ça l’agace, à Lorenzetti.
Il a agi comme dans une entreprise normale, est arrivé avec son équipe et ses idées. C’est normal
et humain que le passé l’emmerde ! Pour qu’on n’en parle plus, il faut qu’il gagne un titre. Ce qui
ne devrait pas tarder car il a un groupe incroyable et deux très bons entraîneurs. 
Ph. G. : je rejoins Baptiste sur le fait que le passé l’emmerde. Le jour où Lorenzetti sera champion
de France ou d’Europe, il l’effacera et sera tranquille. Aujourd’hui, indirectement, il nous remet
dans l’actualité. 
J.­B. L. : mais on ne demande rien, nous ! 
Ph.G. : exactement ! On n’attend pas que Jacky Lorenzetti nous demande notre avis.
Personnellement, je n’ai pas la prétention d’avoir un avis sur le rugby d’aujourd’hui, ni sur ses
hommes. On n’a pas le génie parce qu’on a été joueur. Ça, ce sont des conneries. Chaque
génération a sa propre histoire et chaque époque se respecte. 
J.­B. L. : on aime le Racing, putain (il se lève et gesticule) ! J’aime le Racing comme peut­être
aucun autre joueur n’a aimé son club. J’ai joué presque quinze ans avec ce maillot. Et aujourd’hui,
j’aime les joueurs du Racing. Quand je vois Dulin ou Chavancy, j’aime ces mecs ! J’ai l’impression
qu’il y a un vrai groupe. Il y a d’ailleurs un groupe qui est en passe de naître. 
Derrière les critiques, vos propos laissent à penser que vous portez au Racing un amour
viscéral. Vrai ou faux ?
J.­B. L. : mais bien sûr.  
Ph. G. : normal. C’était notre vie, ce club. Maintenant, je pense que le jour où le Racing va
déménager à l’Arena, ce ne sera plus mon club. Il y aura comme une cassure. Attention, je
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n’abandonne pas le Racing pour autant. Pour l’instant, les mecs sont encore à Colombes et j’ai
l’impression d’avoir vécu les mêmes choses qu’eux. La pelouse n’a pas changé, les vestiaires sont
juste un peu plus propres… Quand je vois les mecs en sortir, je me dis : « Tiens, c’est mon club. Il
y a quelques années, c’était moi ». C’est le lien qui est le plus fort. Prenez l’exemple du PSG : les
Qataris sont restés au Parc des Princes, qui fait partie de l’histoire du club. 
J.­B. L. : je connais peu de clubs du Top 14 qui ont changé de stade. Même le Stade français a
reconstruit sur l’ancien Jean­Bouin. 
Mais le projet du président Lorenzetti était de reconstruire en priorité à Colombes…
Ph. G. : oui. J’aurai adoré que Colombes devienne comme le Parc des Princes : un temple… «
Jean­Ba » a eu la chance de jouer au Parc des Princes avec l’équipe de France. Aujourd’hui, au
Stade de France, c’est une équipe différente. Tu vas me dire que ça tombe bien car ce sont deux
rugbys différents. Mais le « Parc » a quand même une autre gueule que le Stade de France, non ?
C’est une autre atmosphère, une autre ambiance. Quand tu sortais du Parc des Princes, il y avait
une vie… 
J.­B. L. : quand tu sors du Stade de France, il a des vendeurs de merguez… 
Ph. G. : ce qu’on dit là, c’est un truc de vieux con ! 
J.­B. L. : c’est clair ! Dans dix ans, il y aura toute une génération de mecs qui regretteront les
matchs au Stade de France où ils buvaient des bières qui ressemblaient à de la pisse d’âne à 10
euros le gobelet, en surplombant l’autoroute. 
Ph. G. : on ne regrette que ce que l’on a connu. 
Avez­vous une fierté particulière à voir le Racing 92 porte­drapeau du rugby français en
Champions Cup ?
J.­B. L. : ce n’est pas un sentiment de fierté, c’est juste du bonheur pour les joueurs. Quand
Imhoff dit : « On est en train d’écrire l’histoire du Racing », il a raison. C’est la première équipe du
Racing qualifiée pour une demi­finale de Champions Cup. 
Ph. G. : il y aura deux histoires au Racing. Avant et après l’arrivée de Jacky Lorenzetti. À
Toulouse, on voit tous les anciens qui gravitent autour du club. Ils viennent bouffer et faire leurs
affaires à la brasserie, par exemple. Le problème du Racing, c’est qu’il faut pouvoir y aller, au
Plessis­Robinson. 
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J.­B. L. : et Le Plessis ce n’est pas Las Vegas (rires). À Toulouse, au mois de décembre, ils ont
organisé une chasse avec tous les anciens. Ils étaient une centaine et se sont régalés. 
Ph. G. : bilan : vingt morts (rires). 
J.­B. L. : non, déconne pas. Ce que je veux dire, c’est que j’aime sentir le respect des anciens que
l’on trouve dans certains clubs. 
Plusieurs anciens comme Serrière ou Tachdjian sont proches des dirigeants actuels. Le
respect semble donc exister. Pourquoi ne le sentez­vous pas ?
Ph. G. : les joueurs ne nous connaissent pas. Si je ne suis pas sur Canal, ils ne savent pas que j’ai
joué au Racing. Le deuxième ligne des Boks Kruger, si tu ne lui dis pas qui est Tachdjian, il peut lui
commander un café à la brasserie du club ! Mais ce n’est pas la faute des joueurs. J’ai envie de
dire que c’est presque normal. Seul Henri Chavancy peut savoir, car il a grandi avec le Racing.
Mais, soyons clairs, je ne revendique rien. 
J.­B. L. : il n’y a aucune aigreur de notre part. 
Ph. G. : de toute façon, l’aigreur ne peut venir que par le succès de cette génération. Pas par
l’échec. 
J.­B. L. : moi, si demain le Racing est champion d’Europe, je serai le plus heureux des hommes. 
Ph. G. : moi, non. Seulement si le Racing est champion de France. Ce n’est pas pareil. Pour être
champion d’Europe, il faut gagner quatre matchs alors que pour soulever le Bouclier de Brennus, il
faut en gagner vingt, dont deux ou trois très difficiles à la fin. Ce n’est pas la même histoire…  
J.­B. L. : mais ce serait beau quand même. Et si ce sera difficile, ils peuvent faire le doublé.
L’effectif du Racing est énorme. Rendez­vous compte que Rémi Tales va faire cinq matchs cette
saison. C’est incroyable. D’ailleurs, ça me gêne que des mecs soient satisfaits de jouer une fois
par mois, parce qu’ils ont un bon salaire. 
Ph. G. : je ne suis pas d’accord pour Tales. Quand il a signé, il n’était pas au courant que Carter
venait. 
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J.­B. L. : mais un pilier comme Brugnault, par exemple, qui doit émarger à 20 000 euros : il ne
joue qu’une fois par mois. Personnellement, quand je ne jouais pas un dimanche, ça me faisait
chier.  
Ph. G. : sauf que toi, tu jouais tout le temps (rires). 
Auriez­vous aimé jouer dans un tel effectif ?
P. G. : vous me demandez ça, à moi ? Mais, tous les dimanches, je jouais avec la moitié du XV de
France : Mesnel, Cabannes, Blond, Lafond… C’était le Tournoi des 5 Nations avec mon club.
Évidemment que jouer avec Carter doit être quelque chose mais nous, on avait Mesnel, cinquante
sélections (56) et une finale de Coupe du monde ! Et puis, il y avait Hugo McNeill, arrière de
l’équipe d’Irlande ! 
J.­B. L. : si Carter avait joué avec nous, on aurait déplacé « Bouboule » (surnom de Mesnel) au
centre… Sincèrement, j’aurais aimé jouer avec cet effectif­là.  
Ph. G. : moi, j’aurais surtout aimé jouer la Coupe d’Europe avec l’équipe de notre époque. Et on
aurait été bons. Quand on a été champions de France en 1990, on avait presque l’équipe de
France : Genet, Benezech, Tachdjian, Blond, Deslandes, Cabannes, Mesnel, Lafond… D’ailleurs,
l’équipe d’aujourd’hui ressemble à la nôtre. Mesnel, c’était le Carter français de l’époque. Blanc,
c’était Chavancy, issu du centre de formation du Racing. Cabannes, c’était Lauret qui vient de
Biarritz. Lafond, c’était Dulin : un relanceur brillant. À la mêlée Saffore avait le même jeu que
Machenaud. C’est de bon augure pour un nouveau titre de champion. 
J.­B. L. : à notre époque il y avait beaucoup moins de monde dans le vestiaire ! Je le dis car ça
me fait chier de voir autant de mecs traîner dans les vestiaires du Racing. Il faut faire attention à
ce que l’argent ou l’appât du gain ne corrompe pas tout. 
Ph. G. : mais non, Jean­Ba, ça n’a rien à voir. Aujourd’hui, il n’y a pas un président de club qui fait
de l’argent avec le rugby. Au contraire, ils en perdent tous.  
J.­B. L. : je n’aime pas voir les comportements de ces mecs qui gravitent autour de l’équipe ou de
Lorenzetti pour essayer de gratter les miettes. Si le président avait mis en place une cellule avec
des anciens du Racing, ça ne se passerait pas comme ça. 
Ph. G. : tu es contradictoire avec ce que tu disais plus tôt. 
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J.­B. L. : je ne parle pas de moi. 
Ph. G. : si demain, je reprends un club, je fais sûrement la même chose. Entendre les vieux me
donner des leçons, je pense que ça me soûlerait. Mettre en place une cellule d’anciens, c’est bon
pour une transmission positive, pas pour entendre sans arrêt : « C’était mieux avant ». Surtout que
ce n’était pas mieux avant. Je ne me vois donc pas donner des conseils. 
J.­B. L. : mais arrête un peu (il hurle), ce n’est pas vrai. Le rugby, c’est le même qu’à notre
époque. La différence ? Les mecs sont mieux préparés (il se lève et mime un joueur faire de la
musculation). Ils passent leur temps à faire de la musculation. Tous les jours, ils sont sur le terrain
à faire des touches quand nous nous entraînions trois fois par semaines. Seulement, ils ont des
moufles à la place des mains. 
Ph. G. : mais ça n’a rien à voir.  
J.­B. L. : tu m’énerves quand tu dis que le rugby a changé. Quand tu vois le match Toulouse­
Racing (dimanche dernier) ou Castres­Toulouse (il y a quinze jours), tu trouves vraiment que ce
sont de bons matchs ? 
Ph. G. : non, c’était nul. Je dis simplement que je ne connais pas suffisamment le rugby
d’aujourd’hui pour prétendre donner des conseils. 
J.­B. L. : mais, ce n’est pas vrai, tu le regardes tous les week­ends, le rugby ! T’en parles chaque
dimanche avec Chabal et t’as même filé le « nœud pap » à Carter. Je t’ai entendu parler pendant
des heures de rugby. Arrête de dire que tu ne connais pas.  
Ph. G. : tu sais bien que je regarde plus à droite ou à gauche que vers le terrain. Pour recentrer le
débat, je pense effectivement qu’il aurait été bien qu’un lien existe entre les époques.  
Quels joueurs vous séduisent le plus aujourd’hui ?
Ph. G. : Machenaud, sans hésitation. Ce joueur est énorme. En équipe de France, on aurait dû
l’installer et le laisser travailler. Au Racing, ils ont fait l’erreur de faire signer le gallois bringueur
(Mike Phillips, N.D.L.R.). Sincèrement, pourquoi aller le chercher ? Qu’il continue à se coucher à 7
heures du matin à Bayonne. 
J.­B. L. : Machenaud, c’est la plus grosse erreur de Philippe Saint­André. Il aurait dû le prendre
pour la Coupe du monde. 
23/4/2016 Detaille Article
http://ejournal.midi­olympique.fr/epaper/xml_epaper/Vert/22_04_2016/pla_5000_Midi_Olympique_Vert/xml_arts/art_31567915.xml 8/9
Ph.G. : c’est le demi de mêlée du XV de France, titulaire indiscutable. Comme Parra ou Yachvili à
leur époque, il pèse sur le jeu. Peut­être doit­il progresser un peu sur sa vision périphérique, mais
quel temps on a perdu avec ce joueur ! 
N’est­il pas important d’avoir un effectif étoffé pour prétendre à un titre ?
Ph. G. : mais tu fais signer un second, pas Phillips. Et puis, Machenaud est un bon buteur. Sauf
qu’à chaque fois, on lui met un buteur dans les pattes. Il y a eu Sexton, maintenant Carter…
Machenaud, ça aurait pu être un gâchis énorme. J’ai l’impression qu’il a plus gagné sa place au
Racing en deux matchs avec l’équipe de France que le contraire. C’est quand même un paradoxe.
J.­B. L. : moi, j’aime Chavancy. Encore un joueur qui mériterait d’avoir sa chance en équipe de
France. J’aime aussi Dulin, ce mec donne du jus au jeu. C’est un accélérateur de particules. Mais,
il y a tellement de bons joueurs… 
Le Racing 92 champion d’Europe, vous y croyez ?
Ph. G. : bien sûr ! 
J.­B. L. : oui parce qu’il y a une très belle équipe et un jeu qui se développe. La méthode Travers­
Labit se détend. De toute façon, on ne peut pas être champion d’Europe ou de France avec une
mêlée et un buteur. Et le pari Carter est en passe d’être réussi. Aujourd’hui, je me retrouve plus
dans le jeu et l’état d’esprit du Racing. 
Si le Racing 92 est champion, on parlera forcément moins de vous.
J.­B. L. : mais tant mieux ! 
Ph. G. : ils ne gommeront jamais ce qu’on a fait… 
J.­B. L. : si Monfils gagne Roland­Garros, ça gommera ce qu’a fait Noah ? 
Ph. G. : dans l’opinion publique et dans l’entourage du club, on ne parle que du titre de 90 ; si le
Racing est sacré, cette caravane pourra enfin s’approprier une partie de l’histoire de ce club. 
J.­B. L. : nous ne sommes pas plus orgueilleux qu’intelligents : j’espère que le Racing sera
champion d’Europe et champion de France. J’ai d’ailleurs déjà réservé mes billets pour Barcelone
23/4/2016 Detaille Article
http://ejournal.midi­olympique.fr/epaper/xml_epaper/Vert/22_04_2016/pla_5000_Midi_Olympique_Vert/xml_arts/art_31567915.xml 9/9
dans l’espoir de le voir au Camp Nou. Mais putain, à entendre vos questions, j’ai l’impression
qu’on n’aime pas le Racing. 
Absolument pas…
J.­B. L. : pendant près de quinze ans, j’ai porté les couleurs de ce club. Le jour où j’ai signé à
Bègles, je me suis regardé dans le miroir, je ne me suis pas reconnu.  
Ph. G. : il faudrait avoir un ego surdimensionné pour souhaiter que le Racing ne soit pas
champion. Si j’avais envie d’être le dernier à avoir réussi quelque chose avec ce club, je serai un
sacré con. Au contraire. Je rêve d’être un de ceux qui ont écrit une très grande et une très belle
histoire dans un club qui a beaucoup de titres. Plus le Racing va gagner, plus je serai fier d’avoir
appartenu à ce club. 
J.­B. L. : l’accouchement aura été long mais, pour moi, c’est l’année du Racing. Avec de tels
moyens et la personnalité du président, qui est tout sauf mou, ça va faire mal. Le Racing est à
l’orée d’une grande décennie avec une domination peut­être sans partage sur le rugby français.

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