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Plombières
Terreau de passeurs
Dès 1933, en dehors de ses fonctions de vicaire à
Saint-Nicolas à Eupen, Jean Arnolds fut chargé de
l’animation des jeunes du milieu du travail:
« Jünglings Verein ». Plus tard, ses activités s’éten-
dirent aux organisations scoutes.
Il comprit le combat intellectuel qui s’amorçait
de plus en plus face aux jeunes des cantons de
l’Est. Sous prétexte de soutien à la culture germa-
nophone, ils étaient entraînés vers l’adoption
de l’idéologie nazie.
Jean Arnolds choisit le terrain de la discus-
sion libre. Face à la propagande, il rassem-
blait ses jeunes pour des soirées d’échan-
ges sans contrainte, où chacun pouvait
exprimer ses opinions sur n’importe quel
sujet., comme ce qui se disait à l’école, ce
qui disait au travail, ce qui se disait à la
maison.
Ses adversaires reconnurent vite
combien, en prônant la liberté d’opi-
nion, Jean Arnolds sapait leur in-
fluence. Ils l’attaquèrent de nom-
breuses façons : calomnies, injures,
bousculades en rue. Le comble fut at-
teint plus d’une fois quand ils déversaient
des excréments sur sa porte et dans sa boîte aux
lettres. Lui restait imperturbable sur sa ligne d’ac-
tion. Il souffrait cependant pour ses parents qui
n’arrivaient pas à compren-
dre les motifs de cette haine
violente.
Malgré sa fragilité physi-
que apparente, il était cepen-
dant d’une grande solidité et
prêt à assumer tous les ris-
ques.
En 1940, l’arrivée des Alle-
mands à Eupen rendait im-
possible le maintien de l’é-
quipe paroissiale. Le doyen
quitta la région pour Liège.
Les deux vicaires furent
transférés dans des villages
patoisants.
Il faut cependant noter que le bourgmestre eupe-
nois, nommé par les nazis, intervint en faveur d’Ar-
nolds pour qu’il garde son poste. Arnolds, cons-
cient des difficultés qui ne manqueraient pas de se
produire s’il restait, fit habilement savoir qu’il était
affaibli après un récent et court séjour en camp de
prisonniers. Il avait donc proposé d’être affecté
dans une paroisse rurale : le choix fut Montzen.
Le départ à Montzen
Son premier travail fut de prendre contact avec
les paroissiens, surtout ceux des milieux populai-
res, laissant les relations avec les notables à
son doyen.
Il n’abandonna pas ses interlocuteurs de
la région eupenoise. Certains osaient venir
discrètement le trouver. D’autres profi-
taient d’un de ses passages en ville pour
des raisons administratives ou médicales
pour saisir l’occasion d’un entretien. « Vous
seriez surpris si je vous disais qui vient me
voir pour avoir des conseils ! »
Ceux-ci tournaient toujours, en ces mo-
ments difficiles, sur la responsabilité
individuelle. « Prenez des avis éclai-
rés. Mesurez vos risques et ceux de
votre entourage. Puis décidez libre-
ment ! ».
Pendant les premières années de guerre,
le bouche-à-oreille dans les camps de prisonniers
francophones avait signalé la voie de Montzen, or-
ganisée notamment par le jeune vicaire, comme un
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sion.
Malgré le grand silence en-
tourant ses contacts, leur in-
fluence n’échappait pas au
chef de la Gestapo d’Aix-la-
Chapelle. Parmi les autorités
allemandes, des amis de jeu-
nesse lui conseillaient d’ail-
leurs d’être prudent et sur-
tout de ne plus avoir d’activi-
té en faveur des prisonniers
français évadés qui cher-
chaient de l’aide pour passer
la frontière. Jean Arnolds était trop surveillé d'au-
tant plus que des courriers familiaux de plus en
plus nombreux, et souvent codés, voulaient infor-
mer celles et ceux qui étaient encore prisonniers,
du passage par Montzen. Il finit par se rendre à ces
arguments, sauf en un cas.
La résistance avant la Résistance
Descendant d’une très ancienne famille montzennoise, habitant à l’époque Kettenis,
Léon Schillings se vit confier le secrétariat de la nouvelle Fédération des Scouts catholi-
ques d’Eupen-Malmédy-Saint-Vith, mouvement de jeunesse créé par Paul Demez dans
les années d’avant-guerre. Rejetant l’idéologie nazie, Léon Schillings se trouva en pre-
mière ligne dans l’organisation d’activités destinées à contrecarrer celles proposées par
les Jeunesses hitlériennes. Ceci l’amena à côtoyer très tôt l’abbé Jean Arnolds à Eupen,
avant d’entrer dès 1940 dans la Résistance et de devenir lieutenant dans l’Armée secrète. A la fin de la
guerre, il rédigea pour les autorités alliées dubitatives un rapport d’une trentaine de pages sur le patriotis-
me réel en région germanophone, et ce malgré la grogne légitime des habitants de n’être pas assez
connus ni reconnus par le reste de la Belgique. Pour l’officier de liaison, ce patriotisme avait été largement
renforcé par la présence contrainte de la population des dix communes annexées.
Naissance le 7 mars 1904 à Baelen
Etudes primaires à Welkenraedt,
études secondaires à Saint-Roch près de Theux
Etudes de philosophie et de théologie
à Saint-Trond et Liège
Ordonné prêtre le 1er juillet 1928
Professeur de religion, histoire et géographie
au Collège Patronné d’Eupen
Vicaire à Saint-Nicolas (Eupen) à partir de l’été 1933,
chargé en particulier de l’animation des jeunes
Après l’été 1940, vicaire à Montzen
Arrêté par la police allemande le 22 juin 1943,
Interné à Aix-la-Chapelle jusqu’au 27 avril 1944.
« Du fait de mon embrigadement en faveur des
scouts des cantons de l´Est, j´eus des contacts
plus suivis avec le clergé local. Le doyen
Keufgens devint un interlocuteur régulier. Il
attira mon attention sur les vertus éminentes
de son vicaire Jean Arnolds, « mon petit
Tarcisius », comme il disait. Il paraissait frêle
et réservé, et pourtant son rayonnement était
notable, surtout auprès de jeunes, moins atten-
tifs à son paraître et sensibles à l´amour qu´il
portait. Pendant ses années à Eupen, il fut
l´objet d´attaques abjectes, de rumeurs veni-
meuses et même de voies de fait. Il supportait
tout avec une patience angélique. Ce n´était
pas le cas de ses vieux parents qui furent heu-
reux lorsqu´après l´arrivée des Allemands , il
fut nommé vicaire à Montzen. Mais il gardait
des contacts et de l´influence dans la région
d´Eupen.
Il m’était souvent très utile car de là où il
était, il observait le comportement de beaucoup
d’habitants d’Eupen ou des villages. Il parve-
nait à me faire comprendre à qui on pouvait
faire confiance et de qui il fallait se méfier. Et
toujours par le détour d’une remarque charita-
ble signalant que l’intéressé était certainement
soumis à des pressions très contraignantes. Ce-
la causa sa perte.
Comme il aidait volontiers les prisonniers
évadés, les nazis eurent beau jeu de lui tendre
un piège fatal. Arrêté, condamné , il mourut
décapité, à la prison de Berlin Ses parents plus
tard refusèrent tout contact avec ceux qui le
fréquentaient. Pourtant les actes du procès
montrent que c´est son emprise sur beaucoup
d´anciens responsables parmi les jeunes de la
région qui justifia son élimination physique
par les nazis, à la demande du chef de la
Gestapo d´Aix-la-Chapelle. »

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  • 1. Plombières Terreau de passeurs Dès 1933, en dehors de ses fonctions de vicaire à Saint-Nicolas à Eupen, Jean Arnolds fut chargé de l’animation des jeunes du milieu du travail: « Jünglings Verein ». Plus tard, ses activités s’éten- dirent aux organisations scoutes. Il comprit le combat intellectuel qui s’amorçait de plus en plus face aux jeunes des cantons de l’Est. Sous prétexte de soutien à la culture germa- nophone, ils étaient entraînés vers l’adoption de l’idéologie nazie. Jean Arnolds choisit le terrain de la discus- sion libre. Face à la propagande, il rassem- blait ses jeunes pour des soirées d’échan- ges sans contrainte, où chacun pouvait exprimer ses opinions sur n’importe quel sujet., comme ce qui se disait à l’école, ce qui disait au travail, ce qui se disait à la maison. Ses adversaires reconnurent vite combien, en prônant la liberté d’opi- nion, Jean Arnolds sapait leur in- fluence. Ils l’attaquèrent de nom- breuses façons : calomnies, injures, bousculades en rue. Le comble fut at- teint plus d’une fois quand ils déversaient des excréments sur sa porte et dans sa boîte aux lettres. Lui restait imperturbable sur sa ligne d’ac- tion. Il souffrait cependant pour ses parents qui n’arrivaient pas à compren- dre les motifs de cette haine violente. Malgré sa fragilité physi- que apparente, il était cepen- dant d’une grande solidité et prêt à assumer tous les ris- ques. En 1940, l’arrivée des Alle- mands à Eupen rendait im- possible le maintien de l’é- quipe paroissiale. Le doyen quitta la région pour Liège. Les deux vicaires furent transférés dans des villages patoisants. Il faut cependant noter que le bourgmestre eupe- nois, nommé par les nazis, intervint en faveur d’Ar- nolds pour qu’il garde son poste. Arnolds, cons- cient des difficultés qui ne manqueraient pas de se produire s’il restait, fit habilement savoir qu’il était affaibli après un récent et court séjour en camp de prisonniers. Il avait donc proposé d’être affecté dans une paroisse rurale : le choix fut Montzen. Le départ à Montzen Son premier travail fut de prendre contact avec les paroissiens, surtout ceux des milieux populai- res, laissant les relations avec les notables à son doyen. Il n’abandonna pas ses interlocuteurs de la région eupenoise. Certains osaient venir discrètement le trouver. D’autres profi- taient d’un de ses passages en ville pour des raisons administratives ou médicales pour saisir l’occasion d’un entretien. « Vous seriez surpris si je vous disais qui vient me voir pour avoir des conseils ! » Ceux-ci tournaient toujours, en ces mo- ments difficiles, sur la responsabilité individuelle. « Prenez des avis éclai- rés. Mesurez vos risques et ceux de votre entourage. Puis décidez libre- ment ! ». Pendant les premières années de guerre, le bouche-à-oreille dans les camps de prisonniers francophones avait signalé la voie de Montzen, or- ganisée notamment par le jeune vicaire, comme un des meilleurs chemins d'éva- sion. Malgré le grand silence en- tourant ses contacts, leur in- fluence n’échappait pas au chef de la Gestapo d’Aix-la- Chapelle. Parmi les autorités allemandes, des amis de jeu- nesse lui conseillaient d’ail- leurs d’être prudent et sur- tout de ne plus avoir d’activi- té en faveur des prisonniers français évadés qui cher- chaient de l’aide pour passer la frontière. Jean Arnolds était trop surveillé d'au- tant plus que des courriers familiaux de plus en plus nombreux, et souvent codés, voulaient infor- mer celles et ceux qui étaient encore prisonniers, du passage par Montzen. Il finit par se rendre à ces arguments, sauf en un cas. La résistance avant la Résistance Descendant d’une très ancienne famille montzennoise, habitant à l’époque Kettenis, Léon Schillings se vit confier le secrétariat de la nouvelle Fédération des Scouts catholi- ques d’Eupen-Malmédy-Saint-Vith, mouvement de jeunesse créé par Paul Demez dans les années d’avant-guerre. Rejetant l’idéologie nazie, Léon Schillings se trouva en pre- mière ligne dans l’organisation d’activités destinées à contrecarrer celles proposées par les Jeunesses hitlériennes. Ceci l’amena à côtoyer très tôt l’abbé Jean Arnolds à Eupen, avant d’entrer dès 1940 dans la Résistance et de devenir lieutenant dans l’Armée secrète. A la fin de la guerre, il rédigea pour les autorités alliées dubitatives un rapport d’une trentaine de pages sur le patriotis- me réel en région germanophone, et ce malgré la grogne légitime des habitants de n’être pas assez connus ni reconnus par le reste de la Belgique. Pour l’officier de liaison, ce patriotisme avait été largement renforcé par la présence contrainte de la population des dix communes annexées. Naissance le 7 mars 1904 à Baelen Etudes primaires à Welkenraedt, études secondaires à Saint-Roch près de Theux Etudes de philosophie et de théologie à Saint-Trond et Liège Ordonné prêtre le 1er juillet 1928 Professeur de religion, histoire et géographie au Collège Patronné d’Eupen Vicaire à Saint-Nicolas (Eupen) à partir de l’été 1933, chargé en particulier de l’animation des jeunes Après l’été 1940, vicaire à Montzen Arrêté par la police allemande le 22 juin 1943, Interné à Aix-la-Chapelle jusqu’au 27 avril 1944. « Du fait de mon embrigadement en faveur des scouts des cantons de l´Est, j´eus des contacts plus suivis avec le clergé local. Le doyen Keufgens devint un interlocuteur régulier. Il attira mon attention sur les vertus éminentes de son vicaire Jean Arnolds, « mon petit Tarcisius », comme il disait. Il paraissait frêle et réservé, et pourtant son rayonnement était notable, surtout auprès de jeunes, moins atten- tifs à son paraître et sensibles à l´amour qu´il portait. Pendant ses années à Eupen, il fut l´objet d´attaques abjectes, de rumeurs veni- meuses et même de voies de fait. Il supportait tout avec une patience angélique. Ce n´était pas le cas de ses vieux parents qui furent heu- reux lorsqu´après l´arrivée des Allemands , il fut nommé vicaire à Montzen. Mais il gardait des contacts et de l´influence dans la région d´Eupen. Il m’était souvent très utile car de là où il était, il observait le comportement de beaucoup d’habitants d’Eupen ou des villages. Il parve- nait à me faire comprendre à qui on pouvait faire confiance et de qui il fallait se méfier. Et toujours par le détour d’une remarque charita- ble signalant que l’intéressé était certainement soumis à des pressions très contraignantes. Ce- la causa sa perte. Comme il aidait volontiers les prisonniers évadés, les nazis eurent beau jeu de lui tendre un piège fatal. Arrêté, condamné , il mourut décapité, à la prison de Berlin Ses parents plus tard refusèrent tout contact avec ceux qui le fréquentaient. Pourtant les actes du procès montrent que c´est son emprise sur beaucoup d´anciens responsables parmi les jeunes de la région qui justifia son élimination physique par les nazis, à la demande du chef de la Gestapo d´Aix-la-Chapelle. »