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Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité"
Penseurs et acteurs
d’un changement sociétal
2 - de 1850 à 1884
É. G. 01.09.2021
Marcelin Albert
(1851-1921) cafetier et vigneron français. Élu conseiller
municipal d'Argeliers en 1881, y tient un café et joue des pièces de
théâtre.
En 1900, se lance dans la lutte pour la défense du vin naturel
contre le vin de fraude. Meneur de la révolte des vignerons du Midi en
mars 1907, crée le ‘Comité de défense viticole’ ou ‘Comité d'Argeliers’.
Organise une marche vers Narbonne, avec 87 vignerons, pour avoir
une entrevue avec une commission parlementaire. Après ses déposi-
tions, le ‘Comité de défense’ fait un tour de ville en chantant pour la
première fois La Vigneronne, qui devient alors l'hymne de la révolte des
gueux.
Le 9 juin 1907, avec le rassemblement de 500 000 personnes à
Montpellier, marque l'apogée de la contestation vigneronne dans le
Midi de la France. M. Albert prône ouvertement la désobéissance civile.
Clemenceau fait appel à l’armée et fait arrêter les meneurs. Reçu par
Clemenceau qui le discrédite en lui payant son billet de retour, devient
persona no grata dans l’Aude et se retire en Algérie.
Baptisé par Frédéric Mistral Lo grand bolegaire dòu brave pòble
de la tèrrail, le grand meneur du brave peuple de la terre
Francis de Pressensé
(1853-1914), journaliste, député et homme politique français.
Ambulancier à 17 ans pendant la guerre de 1870-71. Études de lettres
et de droit. Fonctionnaire au ministère de l’Instruction Publique, des
Affaires étrangères, puis conseiller d’ambassade à Constantinople, à
Washington. Journaliste à partir de 1882.
Cofondateur en 1998 de la ‘Ligue des droits de l'homme’ (LDH)
dont il sera président (1903-1914). Défenseur d’Alfred Dreyfus, est radié
de l’ordre de la Légion d’honneur pour avoir soutenu Émile Zola. .
. Sous sa présidence, la LDH porte l’attention portée au "combat pour les
droits des peuples opprimés", associée à "une lutte pour la paix" et une "attention
à tous les problèmes posés par la colonisation", défend les droits des ouvriers
pendant les grèves, le droit à se syndiquer, demande le droit de vote pour les
femmes. Réclame "la protection des Arméniens et des Macédoniens opprimés par
la Turquie". Pacifiste et européen, défend en 1903 "un projet d'organisa-
tion des États-Unis d’Europe".
« Je prie que l'on ne me fasse pas d'obsèques dites religieuses,
non pas que je ne croie pas en un Dieu d'amour et de justice, mais je
me suis délibérément séparé de toutes les Églises, et j'ai trouvé le
maximum de religion dans le socialisme tel que je l'ai compris ».
Image : Protestation, avec Léon Blum et Émile Pouget, contre les « lois scélérates » de 1893-
1894, qui autorisent les mesures d'exception
Georges Picquart
(1854-1914), officier et homme politique français. ‘École spéciale
militaire de Saint-Cyr’, sert en Algérie puis au Tonkin, professeur de
topographie à l‘’École supérieure de guerre’.
En 1895, promu chef de la section de statistique (service de
renseignement militaire) et au grade de lieutenant-colonel. Découvre les
preuves de la trahison de Ferdinand Walsin Esterhazy, à la place duquel
le capitaine Alfred Dreyfus a été accusé, dégradé et condamné sur de
fausses preuves. Participe au rétablissement de la vérité, malgré la
pression de sa hiérarchie. Tout comme Dreyfus, est condamné bien
qu'innocent, et incarcéré pendant près d’un an. Les deux hommes sont
réhabilités en même temps, en 1906.
Reprend ensuite le cours de sa carrière militaire au grade de
général de division et rejoint le premier gouvernement Clemenceau en
tant que ministre de la Guerre.
Meurt dune chute de cheval. Le gouvernement envisage des
funérailles nationales, mais ses obsèques sont finalement privées et
civiles : « N'appartenant à aucune confession religieuse, je m'oppose
absolument à ce qu'il soit célébré, à l'occasion de mes obsèques,
aucune cérémonie d'un culte quelconque. »
José Martí
(1853-1895), poète, critique littéraire et journaliste cubain. À 15
ans, fonde un journal nationaliste; à 16 ans, est arrêté pour trahison par
les autorités espagnoles et condamné à 6 ans de travaux forcés.
Libéré 6 mois plus tard et assigné à résidence, est déporté en
Espagne durant 4 années. Son exil se poursuit en France, en
Angleterre, au Mexique. Une amnistie des prisonniers politiques lui
permet de revenir à Cuba, où il est de nouveau arrêté et de nouveau
renvoyé en Espagne.
Voyage dans toute l’Amérique latine. S'installe à New York, où
vivent de nombreux exilés cubains, et durant 15 ans se consacre sans
relâche à l'activité politique au sein du parti révolutionnaire cubain. Son
objectif est d'obtenir l'indépendance de Cuba en s'appuyant sur le
peuple et les masses opprimées, d'obtenir l'égalité raciale, l’égalité
économique et l'égalité des sexes.
Débarque sur l'île en 1895, est tué lors de sa première bataille
contre les Espagnols.
«Celui qui ne se sent pas offensé par l'offense faite à d'autres
hommes, celui qui ne ressent pas sur sa joue la brûlure du soufflet
appliqué sur une autre joue, quelle qu'en soit la couleur, celui-là n'est
pas digne du nom d'homme.»
Samuel Maharero
(1856-1923), chef du peuple héréro dans le Sud-Ouest africain
(aujourd'hui la Namibie). Éduqué à l'école de la mission luthérienne, obtient
la chefferie de la région d'Okahandja. Collabore avec les troupes coloniales
allemande, cédant une partie de ses terres en échange de produits euro-
péens. À la fin des années 1890, l'expansionnisme des fermiers allemands,
l'utilisation forcée des Héréros pour construire le chemin de fer, la peste
bovine et l'affranchissement de leurs serfs Damaras dégradent des
relations entre les Héréros et les autorités coloniales.
En janvier 1904, les tribus Héréros conduites par S. Maharero se révoltent
contre les colons et l'administration allemande, sabotent les voies de chemin de fer,
incendient les fermes, tuent 180 fermiers allemands et leurs familles.
Le gouvernement allemand envoie le général Lothar von Trotha avec pleins
pouvoir d’extermination (Vernichtungsbefehl) et 15 000 soldats pour briser le soulève-
ment. En août 1904, la bataille de Waterberg sonne le glas de la résistance des
Héréros. Ils fuient par le désert du Kalahari, où von Trotha fait empoisonner les points
d'eau, fait tirer sans sommation sur chaque Héréro, homme, femme ou enfant. Les
survivants sont parqués dans 6 camps de concentration, meurent de malnutrition ou
de dysenterie ou servent de main d'œuvre à bon marché, Les Namas prennent à leur
tour les armes contre les Allemands et subissent le même sort. 65 000 Héréros et près
de 20 000 Namas meurent.
Le rapport Blue Book sur ce génocide est rédigé en 1917 par Thomas O'Reilly, jeune
magistrat d'origine irlandaise qui disparaît mystérieusement en 1919. En 1926, un représentant
allemand menace de révéler au public un White Book sur les exactions coloniales britanniques. Pour
des raisons diplomatiques, le Blue Book disparaît alors de toutes les officines.
Robert B Robert Baden-Powell
Lord Robert Stephenson Smyth Baden-Powell of Gilwell (1857-
1941), militaire britannique, fondateur du scoutisme. Sous-lieutenant en
Inde, capitaine en Afrique du Sud, instructeur dans divers pays de
l’Empire britannique. Organise dans sa garnison des pièces de théâtre,
des comédies.
En 1899, durant la seconde Guerre des Boers. sauve une ville
assiégée en utilisant les jeunes de la ville comme estafettes
(transmission de messages à pied et à vélo), comme observateurs,
sentinelles ou éclaireurs. Prouve que des jeunes sont tout à fait
capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance.
Publie ses observations dans le livre Aids to scouting (l’art des
éclaireurs) qui a un immense succès auprès des garçons britanniques,
est utilisé par des éducateurs.
Reçoit beaucoup de courriers de garçons lui demandant des
conseils. Marqué par la jeunesse des quartiers désœuvrés, souvent en
mauvaise santé et délinquante, décide de mettre en pratique, au service
de jeunes garçons et dans une optique de paix, les principes qu’il a
observés à la guerre.
../..
Robert Baden-Powell
Après un camp de jeunes de 8 jours en 1907, lance le
mouvement scout avec 5 buts : santé, sens du concret, personnalité,
service, sens de Dieu.
« C’est moins par la force de ses armements qu’une nation
s’élève au-dessus des autres que par le caractère de ses citoyens. »
« À la fin de ma carrière militaire, je me mis à l'œuvre pour
transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la
guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix. »
« Le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis. »
« La meilleure manière d’atteindre le bonheur est de le donner
aux autres. »
« Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur
que vous ne l'avez trouvé. Et quand l'heure de la mort approchera,
vous pourrez mourir heureux en pensant que vous avez fait de votre
mieux. »
« La question n’est pas “Qu’est-ce que je peux avoir ?” mais
“Qu’est-ce que je peux donner dans la vie ? »
« Le sel est âcre quand on le goûte à part ; mais c'est le parfait
assaisonnement qui donne aux mets toute leur saveur. Ainsi les
difficultés sont-elles le sel de la vie. »
Emmeline Pankhurst
(1858-1928), militante anglaise. Avec son mari Richard, crée en
1889 la Women's Franchise League qui demande le droit de vote pour
les femmes.
Après le décès de son mari, fonde en 1903, avec sa fille
Christabel, la Women's Social and Political Union (WSPU) ou
mouvement des suffragettes.
Organise de nombreuses manifestations (enchaînements aux
lampadaires, grèves de la faim, feux dans des immeubles, section des
fils des télégraphes). Arrêtée cinq fois entre 1912 et 1917.
Bien qu’utilisant aussi des méthodes violentes, le mouvement des
suffragettes marque profondément Gandhi qui admire leur lutte et
cherche alors des moyens d’action conciliant l’éthique et l’efficacité
politique.
Une autre figure célèbre de la WSPU est Emily Davison (1972-
1913)
Éliézer ben-Yéhouda
Éliézer Isaac Perelman Elianov (1858-1922), journaliste et
philologue juif originaire de Lituanie-Biélorussie, né de parents juifs
hassidiques qui parlent le yiddish.* Apprend très jeune l'hébreu dans
une yeshiva**, puis le russe et le français.
En 1876, en vient à la conviction que les juifs forment un
peuple, qui a droit, comme tous les autres peuples, à se constituer en
État-Nation quelque part sur Terre. Devient journaliste et traducteur à
Paris, abandonne ses études de médecine à cause de la tuberculose.
En 1881, se rend en Palestine, s'installe à Jérusalem et fonde
Hatsvi, journal qu'il publie en hébreu et dans lequel une section est
consacrée à la création de nouveaux mots pour enrichir la langue
hébraïque. En tant que lexicographe, joue un rôle de premier plan dans
la résurrection de l'hébreu comme langue parlée : l'hébreu moderne.
Auteur du Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne.
En 1948, l'hébreu devient une langue officielle de l'État d'Israël
aux côtés de l'anglais et de l'arabe.
* yiddish : langue germanique dérivée du haut allemand, avec un apport de vocabulaire
hébreu et slave, qui a servi de langue vernaculaire aux communautés juives d'Europe centrale et
orientale (ashkénazes) à partir du Moyen Âge.
** yeshiva : centre d'étude de la Torah et du Talmud dans le judaïsme, généralement
dirigé par un rabbin
Ludwik Lejzer Zamenhof
Ludwik Lejzer (Louis Lazare) Zamenhof (1859-1917), né dans une
famille juive en Pologne (alors partagée entre l’Autriche, la Prusse et la
Russie), médecin ophtalmologiste polonais. S’interroge dès son enfance
sur le moyen d’éradiquer les préjugés de race, de nationalité, de religion.
À l’âge de19 ans, présente un projet baptisé Lingwe Uniwersala à
ses camarades de lycée. Ses langues d’usage sont le yiddish, l’hébreu,
le russe, l’allemand, et le polonais, mais il connait bien le latin, le grec
ancien, l’anglais et le français, assez bien l’italien et un peu l’araméen.*
Publie en 1887 sous le pseudonyme de "Doktoro Esperanto" un
premier manuel présentant une nouvelle langue internationale construite,
facile à apprendre, et en 1905 un manuel d’espéranto. En août 1905,
Boulogne-sur-Mer accueille le premier congrès mondial d'espéranto avec
688 participants de 20 pays.
Meurt pendant la 1ère Guerre Mondiale, désespéré par l’effondre-
ment de ses idéaux internationalistes et humanistes.
L’espéranto compte aujourd’hui 1 à 2 millions de locuteurs dans le
monde.
* A en outre étudié le volapük, projet de langue internationale élaboré en 1879 par le
prêtre catholique, linguiste et philantrope allemand Johann Martin Schleyer (1831-1912), qui
échoue après une courte période de succès
Daisy Bates
née Margareth May O'Dwyer (1859-1951), journaliste et
anthropologue australienne d'origine irlandaise, militante des droits
humains. Orpheline et pauvre, émigre à 23 ans en Australie, s’y marie,
travaille comme gouvernante.
Mène une enquête approfondie sur la cruauté des colons de
l'Australie Occidentale envers les Aborigènes. Consacre plusieurs
décennies à étudier leur mode de vie, leurs coutumes, leur histoire, leurs
croyances. Pendant de nombreuses années, habite une petite tente,
souvent située un environnement rude et inhospitalier.
Entre ainsi dans le cercle des anthropologues amateurs dont les
méthodes de collecte et d’analyses seront souvent critiquées par les
professionnels de la discipline (à l'époque peu nombreux, tous hommes),
mais qui auront passé un nombre considérable d’années en contact direct
avec leurs sujets. Se bat contre l’exploitation sexuelle des femmes
aborigènes par les Européens.
En 1912 lui est conféré le titre officiel de ‘Protectrice des
Aborigènes’. Finance sur ses propres deniers un programme d’aide
alimentaire et médicale. Élevée au rang de Commandeur de l'Ordre de
l'Empire britannique (CBE)
Jean Jaurès
(1859-1914), homme politique français, orateur et parlemen-
taire socialiste. ‘École Normale Supérieure’, agrégé de philosophie,
docteur es lettres, plus jeune député de France en 1885. Soutient en
1892 la grande grève des mineurs de Carmaux. Soutient en 1898 le
capitaine Alfred Dreyfus injustement accusé. S'oppose aux "lois
scélérates" et dénonce la collusion des intérêts économiques avec la
politique et la presse. Fondateur en 1904 et directeur du quotidien
L'Humanité. En 1905, corédacteur de la loi de séparation des Églises
et de l'État.
Défend en 1908 le droit de vote des femmes (reconnu en
1946) s’élève contre la peine de mort (abolie en 1981), dénonce le
colonialisme. Proclame le respect de soi et de l’autre, l’amour de la
patrie et de l’humanité, l’espoir d’un au-delà, le refus d’un monde
désenchanté.
Assassiné le 31 juillet 1914 par un étudiant nationaliste, Raoul
Villain, car il s’oppose à la guerre*. ../..
* En mars 1919, R. Villain est acquitté, dans un contexte de fort
nationalisme. La veuve de Jaurès est condamnée au paiement des frais du
procès…
Jean Jaurès
« Laïcité de l'enseignement, progrès social, ce sont deux
formules indivisibles. Nous lutterons pour les deux. »
« Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y
ramène. »
« La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas
faire la loi. »
« L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes
tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible
espoir. »
« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords
pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir. »
« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir
: on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la
guerre. (…)La paix n'est qu'une forme, un aspect de la guerre : la
guerre n'est qu'une forme, un aspect de la paix : et ce qui lutte
aujourd'hui est le commencement de la réconciliation de demain.»
« L'histoire humaine n'est qu'un effort incessant d'invention, et
la perpétuelle évolution est une perpétuelle création. »
Jean Jaurès
« Je ne plierai pas, je ne m'en irai pas en silence. Je ne me
soumettrai pas. Je ne me retournerai pas. Je ne me conformerai pas.
Je ne me coucherai pas. Je ne me tairai pas. Le courage, c'est de
chercher la vérité et de la dire. C'est de ne pas subir la loi du
mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre
âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements
imbéciles et aux huées. (…)
Le courage, c'est d'agir et de se donner aux grandes causes
sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond,
ni s'il lui réserve une récompense.»
Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage,
c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le
courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel. »
« C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa
source. »
« Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation
de l’homme par l’homme, et, par suite, les haines d’homme à homme,
les haines aussi de race à race, de nation à nation, toutes les haines,
et créer vraiment l’humanité qui n’est pas encore ».
« C'est qu'au fond, il n'y a qu'une seule race : l'humanité. »
Albert Kahn
né Abraham Kahn (1860-1940), banquier et philanthrope français
d’origine juive alsacienne. Licence en droit, fait fortune dans les
affaires minières, ouvre sa banque, oriente ses placements financiers
vers l'Extrême-Orient, plus particulièrement le Japon.
Soucieux de dialogue entre les peuples et les cultures, fait aménager par le
paysagiste Achille Duchêne (1966-1947) les ‘Jardins du monde’ et les ‘bois
ornementaux’ dans sa propriété de 4 ha de Boulogne- sur-Seine.
Finance des bourses de voyage ‘Autour du Monde’ : une découverte des
autres pays de plus d'un an offerte à de jeunes diplômés (hommes et femmes de
France, du Japon, d'Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, de Russie)
pour leur permettre d'enrichir leurs compétences et leur futur enseignement par
la connaissance directe du monde.
Rassemble à partir de 1908 un important fonds iconographique intitu-
lé ‘Archives de la Planète’, collection constituée d'autochromes (photogra-
phies en couleurs sur plaques de verre) la plus importante au monde, et de
films en noir et blanc. Entre 1909 et 1931, 72 000 autochromes et une
centaine d'heures de film seront rapportés de 60 pays, dont le but est une
meilleure connaissance des autres nations pour une meilleure entente, afin
de prévenir des conflits meurtriers.
Très engagé dans le dialogue international et la recherche de la paix.
Image du haut : scène de marché à Krusevac, Serbie, 1913
Uyaquq
(v. 1860-1924), issu d’une d’une famille de chamans de la tribu
Yup’ik (vallée de la Kuskokwi, au centre de l’Alaska).
Devient chaman au début de l'âge adulte, se convertit au
christianisme après la conversion de son père. Devient dirigeant et
missionnaire dans l'église morave* d'Alaska. John Hinz, missionnaire
morave et linguiste accompli, l’assiste, mais Uyaquq refuse d'appren-
dre à lire ou à écrire l'anglais, pensant que cela lui ferait perdre son
identité de Yup’ik.
Travaille durant 5 ans : crée des hiéroglyphes qui constituent un
bon aide-mémoire, puis identifie le concept de syllabe. Son écriture
évolue en 5 étapes jusqu'à ce qu'il ait créé un symbole pour chaque
syllabe de la langue, le yugtun.
Sa méthodologie a été étudiée car elle peut représenter le même
processus d'évolution de l'analphabétisme vers l’écriture en syllabaire
pour de nombreuses anciennes langues écrites, comme le chinois et l’
égyptien.
Photos : Yup'ik dans le village de Stebbins, 1900
Écriture pictogramique et écriture syllabique créées par Uyaquq
* Église protestante inspirée de la prédication de Jean Hus, très ancrée dans la piété
individuelle, dénuée de toute hiérarchie, attachée à l'expression musicale de la foi. Le clergé y
est élu.
José Rizal
José Protasio Rizal Mercado y Alonzo Realonda (1861-1896),
médecin philippin, chirurgien ophtalmologue, linguiste, poète, romancier
et artiste. Études de médecine à Manille, Madrid, Paris et Berlin, parle 23
langues.
Propose des réformes démocratiques pour son pays, colonie
espagnole, demande qu‘il devienne une province à part entière de
l'Espagne et soit représentée aux Cortes. Fonde en 1892 la ‘Ligue
philippine’, qui vise à promouvoir sur l'archipel ses idées progressistes et
réformistes. Exilé dans l'île de Mindanao, y fonde une école, enseigne
les langues et les techniques agricoles, cultive une immense plantation
mettant en œuvre des techniques modernes, pratique la chirurgie
ophtalmologique, correspond avec des dirigeants du monde entier.
En 1896, alors que la guerre civile se déclenche, se désolidarise
des révolutionnaires de la Katipunan ou KKK dont il stigmatise le niveau
intellectuel et les méthodes. Part comme médecin volontaire vers Cuba
où sévit une épidémie de fièvre jaune. Arrêté à bord de son paquebot,
emprisonné à Barcelone puis à Manille, fusillé par les autorités espagno-
les après un simulacre de procès.
« Quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos
convictions, qu'importe la mort si on meurt pour ce qu'on aime - pour sa
patrie et pour les êtres qui nous sont chers. »
Rudolf Steiner
(1861-1925), philosophe, occultiste et penseur sociétal autrichien,
fondateur de l’anthroposophie qu’il qualifie de chemin de connaissance
visant à restaurer les liens entre les hommes, la nature et les mondes
spirituels.
Sa pensée est à l’origine des écoles Waldorf, des médicaments
Weleda, du mouvement Camphill (pédagogie curative pour enfants
avec un handicap mental ou physique), de l’agriculture biodynamique,
etc.
Un peu avant lui, le chimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873, photo
du bas) pose les bases de l’agriculture industrielle fondée sur la chimie
organique, à base d’azote, de phosphore et de potassium (NPK).
Ultérieurement, Liebig se rend compte que les éléments indispensables à
une croissance végétale sont beaucoup plus complexes que la formule
NPK, et met en garde contre la dépendance à l’égard de ces corps
chimiques de base, qui pourrait causer des dommages irréparables au sol,
mais personne ne l’écoute.
L’agriculture biodynamique, au contraire, considère le sol comme un
organisme vivant. ../..
La « tripartition sociale » selon Rudolf Steiner
Les fondements de l’organisation sociale sont pour lui :
- le domaine de la culture et de l’esprit où l’individu peut
exprimer ses diverses capacités : science, art, spiritualité et
religion y offrent un chemin de liberté individuelle
- la politique qui élabore les lois; elle trouve son expression
dans les assemblées démocratiques pour développer l’égalité
entre les hommes
- l’économie répond aux besoins des hommes. Groupés en
associations non corporatistes, ceux-ci peuvent développer
l’intérêt pour autrui et vivre l’économie en fraternité.
Rudolf Steiner
« Toute notre pensée scientifique retarde sur notre expérience
scientifique. On nous apprend que nous vivons au siècle de la
science, mais au fond, ce siècle de la science est le plus misérable
que l’Histoire ait jamais enregistré. Il se caractérise par un culte
aveugle du fait brut et des théories mécanistes. Jamais cette
science ne comprendra la vie, parce qu’il faut, pour la comprendre,
une méthode de représentation plus haute que pour l’explication
d’une machine. »
Victor et Hélène Basch
(1863-1944), philosophe et Résistant français d'origine juive
autro-hongroise. Études d’allemand et de philosophe à la Sorbonne.
Épouse à Pest (Hongrie) en 1885 Ilona (Hélène) Fürth, naturalisé
français en 1887. Professeur d’allemand, d’esthétique et de philosophie
à Nancy, Rennes puis Paris. Défend la ‘Société des Nations’, dénonce
en 1923 l’occupation de la Ruhr par la France, prêche la réconciliation,
organise avec Helmuth von Gerlach (1866-1935) une tournée
spectaculaire de conférences en France et en Allemagne. Cofondateur
en 1931, de la future ‘Société française d’esthétique’.
Socialiste anticonformiste, se bat dans sa jeunesse pour Dreyfus.
Cofondateur (1898) et président (1926-1944) de la ‘Ligue française pour
la défense des droits de l‘homme et du citoyen’. Septuagénaire, prend
une part importante dans la naissance du ‘Front Populaire’, apporte son
soutien aux républicains espagnols.
En tant que Juif, Franc-Maçon, socialiste et militant des droits
humains, recherché par le régime de Vichy, arrêté par Paul Touvier et par
la Milice. Abattu avec sa femme Hélène de plusieurs coups de pistolet
par ‘la Milice’ en janvier 1944.
Nellie Bly
De son vrai nom Elizabeth Jane Cochrane (1864-1922), journaliste
états-unienne. Destinée à devenir demoiselle de compagnie ou gouver-
nante, se refuse à ce destin et commence à écrire des poèmes et des
récits à 16 ans.
Embauchée comme journaliste au Pittsburgh Dispatch, fait un reportage dans
une conserverie (raconte la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très
difficiles, dans le froid, la saleté et le danger), puis dans une tréfilerie. Enquête au
Mexique (démonte les préjugés que les Américains colportent sur les Mexicains, mais
est expulsée après avoir dénoncé la dictature, la répression et l’emprisonnement d’un
journaliste). Devient pionnière du reportage clandestin, une forme de journalisme
d'investigation. Pour le New York World de Joseph Pulitzer, s'invente des problèmes
psychiatriques afin d’être internée pendant 10 jours dans un asile de fous pour
femmes, dévoile la condition épouvantable des patientes et les horreurs des
méthodes utilisées. En 1887, pour le New York World, se déguise et entre dans
l'entourage du trafiquant Edward Phelps.
Réalise seule un tour du monde en 72 jours fin 1889 et début 1890.
Après la mort de son mari, prend la direction du complexe industriel,
dépose 25 brevets, instaure des réformes sociales.
Correspondante de guerre bénévole au Royaume Uni pendant la 1ère
Guerre Mondiale. Après la guerre, de retour à New York, reprend ses
articles sur le monde ouvrier, sur l'enfance et œuvre pour le droit de vote
des femmes.
Max Weber
(1864-1920), économiste et sociologue allemand, docteur en droit.
Un des fondateurs de la sociologie moderne et l'un des premiers à
avoir pensé la modernité d'un point de vue critique. Élabore notamment
une typologie des motifs des actions humaines. Rédacteur d’une sociolo-
gie comparée des religions du monde.
Engagé dans l'action politique, contribue à la rédaction de la
Constitution de la République de Weimar en 1919.
Définit l'État comme une "entreprise politique à caractère
institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique
avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la
contrainte physique légitime" : il est le seul à pouvoir exercer une
violence sur son territoire, de façon légitime, en s'appuyant sur les forces
policières ou militaires ou juridiques.
Distingue "l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction",
qu’il estime être "deux maximes totalement différentes et irréductiblement
opposées", alors que Gandhi réconciliera la morale et l’efficacité
politique.
Cândido Rondon
Cândido Mariano da Silva Rondon, ou maréchal Rondon (1865-
1958), ingénieur militaire et explorateur (sertanista) brésilen. Son père est
d'origine portugaise et sa mère originaire de l'ethnie bororo. Étudiant,
participe à des mouvements abolitionnistes et républicains.
Principalement connu pour son exploration du Mato Grosso et de
l'Amazonie occidentale. En contact avec la tribu guerrière des Bororo du
Brésil occidental, réussit à leur pacification, complète avec leur aide la
ligne télégraphique. Entre en contact avec la tribu Nambikwara, qui
jusqu'ici avait tué tous les Occidentaux qui avaient essayé d'entrer en
contact avec elle.
Premier directeur en 1910 du Serviço de Proteção ao Índio
(‘Service de protection de l'Indien’ devenu en1967 ‘Fondation nationale de
l'Indien’ (Fundação Nacional do Índio ou FUNAI). Entre 1934 et 1938, est
affecté à une mission de médiation dans la guerre entre la Colombie et le
Pérou. En 1939, reprend la direction du ‘Service de protection de l'Indien
et étend ses services à de nouveaux territoires du Brésil. En 1952, fonde
le premier parc national au Brésil, situé près du rio Xingu, créé pour
protéger les indigènes de la région.
L'État brésilien de Rondônia est nommé en son honneur.
Herbert George Wells
(1866-1946), marchand de tissu, assistant chimiste puis
écrivain britannique socialiste.
Auteur de romans de science-fiction, de nombreux romans de
satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques et
sociales, d'ouvrages de vulgarisation (biologie, histoire, questions
sociales).
Son idée politique la plus féconde concerne la nécessité de
créer un État-Monde, une société qui favoriserait les sciences,
mettrait fin aux nationalismes et permettrait aux citoyens de
progresser en fonction de leurs mérites et non plus en fonction de
leur naissance.
« L'espèce humaine est en fin de course. L'esprit n'est plus
capable de s'adapter assez vite à des conditions qui changent plus
rapidement que jamais. Nous sommes en retard de cent ans sur
nos inventions. Cet écart ne fera que croître. »
William Edward Burghardt Du Bois
(1868-1963), sociologue, historien, militant pour les droits civiques,
éditorialiste et écrivain états-unien. Origines haïtiennes et françaises.
Études à Harvard et à Berlin. Premier Afro-américain à obtenir un doctorat
(en philosophie) à Harvard. Professeur et chef du département de
sociologie à l’université d’Atlanta.
Prend la tête en 1906 du Niagara Movement, organisation demandant
l’égalité complète des droits pour les Afro-américains. Cofondateur en 1909
de la National Association for the Advancement of Colored People
(NAACP), fondateur et directeur de son mensuel The Crisis. Milite contre le
racisme et la discrimination raciale (et surtout contre les lynchages *),
contre l’impérialisme et le colonialisme, pour le panafricanisme** et le
désarmement nucléaire. Émigre en 1961 au Ghana.
Son oeuvre inspire l’essentiel de la conscience collective noire et des
mouvements en faveur des droits civiques dans les années 1960. Son rêve
était une encyclopédie de la diaspora africaine.
* Lynchage : mise à mort d’une personne par une foule excitée sans procès, le plus souvent
après torture
** Panafricanisme : mouvement politique qui promeut l'indépendance du continent africain et
encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les Afrodescendants, où qu'ils soient dans
le monde.
Émile Masson
(1869-1923), enseignant, écrivain et penseur anarcho-socialiste
breton. Licences de philosophie et d’anglais, professeur. Pratique une
pédagogie respectueuse des élèves et trilingue (français, breton, anglais).
Épouse une Galloise, Elsie, admiratrice comme lui du penseur britannique
John Ruskin, et traduit avec elle l’œuvre de Thomas Carlyle. Fréquente
plusieurs mouvements : dreyfusards, anarchistes, collectivistes, antimilita-
ristes, se lie d'amitié avec Élisée Reclus, Kropotkine, Romain Rolland.
Crée en 1913 la revue Brug (‘Bruyère’), revue anarchiste en
langue bretonne. Socialiste libertaire, internationaliste farouche, s'efforce
de concilier cette idée avec l'identité bretonne.
En 1914, comme Jean Jaurès, plaide pour la paix. Pendant la
Première Guerre mondiale, disciple de Tolstoï, continue son combat pour
la paix, entretenant une correspondance régulière avec Romain Rolland.
« La guerre, le meurtre, la violence ne résolvent rien. Seul l’exemple,
mille et mille fois répété, d’énergies individuelles se refusant à tout acte
de violence, peut et doit résoudre toutes les batailles de l’homme. »
« Rien n’est proprement humain qui ait quelque chose à faire avec
la violence. Arrêter le mal à soi, l’y transformer en bien, l’y transmuter
(…), voilà le seul geste humain. »
Alice Seeley Harris
(1870-1970), missionnaire baptiste et photographe britannique.
Pendant son séjour au Congo avec son mari John Harris,
enseigne l'anglais aux enfants, mais sa contribution la plus importante
est de photographier les atrocités subies par les indigènes congolais aux
mains des agents et des soldats du roi Léopold II de Belgique, proprié-
taire personnel du pays. Celui-ci exploite férocement la population locale
pour profiter de la demande de caoutchouc après l'invention du pneu-
matique en 1887. Les méthodes de coercition comprennent le fouet, la
prise d'otages, le viol, le meurtre et l'incendie des villages.
En 1904, avec un Kodak Brownie, prend en photo les mains et le
pieds de femmes et d’enfants coupés, au motif que leur production était
insuffisante, par les milices de la ‘Compagnie anglo-belge de l'Inde du
caoutchouc’ (ABIR).
Fait ensuite des reportages photographiques pour alerter l’opinion.
Les photographies sont publiées dans Regions Beyond, le magazine de
la ‘Mission Congo Balolo’, en 1904 dans la revue Congo Slavery, en
1906 aux États-Unis lors de 200 réunions dans 49 villes via des
projections de lanternes magiques.
En 1908, Alice et John animent la Congo Reform Association et,
en avril 1910, l’Anti-Slavery and Aborigines 'Protection Society.
Annie Londonderry
Annie Cohen Kopchovsky dite Annie Londonderry (1870-1947),
aventurière états-unienne. Fille d’émigrants juifs originaires de Riga
(Lettonie). Aurait émigré avec sa famille à Boston au milieu des années
1870. Commerciale, vend des encarts de publicités pour plusieurs
journaux. À 18 ans, épouse Simon Kopchovsky, surnommé Max, un
colporteur. Ils auront 3 enfants en 4 ans.
Première femme à faire le tour du monde à bicyclette de juin 1894
à sept. 1895. Indépendante et émancipée, relève le défi à la suite d'un
pari, mais surtout dans une optique féministe, afin de prouver que les
femmes étaient tout aussi valeureuses et intrépides que les hommes, à
une époque où celles-ci n'avaient pas encore obtenu le droit de vote.
Trouve un sponsor auprès de la Londonderry Lithia Spring Water
Company, en acceptant notamment pour la durée de l’exploit de porter le
nom d'Annie Londonderry. Itinéraire : Boston, New-York, Le Havre, Paris,
Marseille, Alexandrie, Colombo, Singapour, Saïgon, Hong Kong,
Shanghai, Nagasaki, Kobé, San Francisco, Los Angeles, El Paso,
Chicago. Durée : 15 mois.
Devient pour un temps le porte-drapeau du mouvement féministe,
affirmant, en prenant son exploit pour preuve, qu'une femme pouvait
faire tout ce qu'un homme était capable d'accomplir.
Ovide Decroly
(1871-1932), médecin, psychologue et pédagogue belge.
Sa méthode d’éducation préconise l’initiative, la responsabilité
personnelle et collective, le respect de la personne dans sa
singularité.
« L’école de la vie » enseigne la solidarité, la tolérance, le
respect de la différence, la priorité donnée à la créativité, à
l’épanouissement personnel et au plaisir.
« L’école doit se trouver partout où est la nature, partout où
est la vie, partout où est le travail .»
« Le plus bel idéal pour une génération, c’est de s’efforcer
que la génération suivante puisse jouir de plus de beauté, de plus
de bonheur. C’est de réduire les préjugés imbéciles, les conflits
inutiles. »
Rosa Luxemburg
(1871-1919), militante socialiste et théoricienne marxiste.
Née sujette polonaise d’origine juive de l'Empire russe, parle
yiddish, polonais, russe, allemand et français. Prend la nationalité
allemande afin de poursuivre en Allemagne son militantisme socialiste.
Figure de l'aile gauche de l'"Internationale ouvrière", révolution-
naire et partisane de l'internationalisme, tient à la liberté de "penser
différemment" : pour elle, l'engagement révolutionnaire est avant tout
une question "morale", tenant à l'obligation de lutter pour un système
social plus humain. Dénonce les méthodes de Lénine, s'oppose à la
Première Guerre mondiale.
En septembre 1913, appelle les ouvriers allemands à ne pas
prendre les armes contre des ouvriers d'autres nationalités.
Condamnée pour "incitation publique à la désobéissance", exclue du
Parti social-démocrate SPD, cofonde la Ligue spartakiste, puis le Parti
communiste d'Allemagne (KPD).
Frappée puis assassinée par des militaires en même temps que
son ami Karl Liebknecht.
Bertrand Russell
(1872-1970), mathématicien britannique, logicien, philosophe,
épistémologue, homme politique, moraliste agnostique.
Purge une peine de six mois dans la prison de Brixton en 1918
en raison de son refus de la guerre. Critique le bolchevisme en 1920.
Dans les années 1950 et 1960, s'engage dans diverses causes
politiques, surtout pour le désarmement nucléaire et contre la guerre
du Viêt Nam.
Le Tribunal Russell (aussi appelé ‘Tribunal international des
crimes de guerre’ ou ‘Tribunal Russell-Sartre’) et la Bertrand Russel
Peace Fundation ont prolongé son combat pour la paix.
Le ‘Tribunal Russell sur la Palestine’ a été fondé en mars 2009
pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël et pour aboutir à un
règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien.
Léon Blum
(1872-1950), homme politique et écrivain français, issu d’une vieille
famille juive. Juriste, Maître des requêtes au ‘Conseil d’État’. Écrit des
critiques de livres et pièces de théâtre, s’engage dans le combat pour la
défense de l’officier Alfred Dreyfus injustement accusé de trahison.
En 1902, adhère au ‘Parti socialiste’ de Jean Jaurès, participe à la
fondation de L'Humanité. Après le Congrès de Tours en 1920 et la création
du PCF, défend un socialisme humaniste et réformiste. Député de 1919 à
1940.
En juin 1936, chef du gouvernement du ‘Front Populaire’ (congés
payés, semaine de 40 heures, conventions collectives, SNCF, auberges
de jeunesse, etc.), est victime de violentes attaques antisémites. En 1940,
déféré par le gouvernement de Vichy à la Cour de Justice de Riom en
qualité de "responsable de la défaite". Devant ce tribunal créé contre lui,
confond le Maréchal Pétain. Condamné à la prison à vie, déporté à
Buchenwald, libéré en 1945.
En 1946, gouverne à nouveau la France pendant un mois, négocie
aux États-Unis un important crédit pour assurer le relèvement du pays.
« J'ai souvent pensé que la moralité consiste essentiellement en le
courage de faire un choix. »
Liang Qichao
surnommé Zhuoru ou Rengong (1873-1929), universitaire,
journaliste, philosophe et réformiste chinois de la dynastie Qing (1644-
1911). S’intéresse dans sa jeunesse aux idées occidentales.
Partisan de la monarchie constitutionnelle, conçoit avec Kang
Youwei (1858-1927) un programme de réformes qu'il envoie à
l'empereur Guangxu : changements institutionnels, lutte contre la
corruption, réorganisation du système des examens d'état, fin de la
pratique cruelle du bandage des pieds des enfants, etc. Cela débouche
sur le mouvement ‘Réforme des cent jours’ (juin-septembre 1898). Doit
fuir au Japon. Séjours au Canada, en Australie, aux États-Unis.
Après le renversement de la dynastie Qing, fusionne son parti,
renommé ‘Parti Démocratique’, avec celui des républicains pour former
le ‘Parti progressiste’. Grand journaliste, crée un bimensuel à forte
diffusion, Le Nouveau Citoyen qui prône « une révolution d'encre, pas
une révolution de sang ». Historiographe, traducteur, poète et écrivain.
À la fin des années 1920, se retire de la politique et enseigne à
l'université Tung-nan de Shanghaï. S’impose par sa lucidité politique et
par l’attention constante qu’il consacre à la question fondamentale de
l’adéquation des institutions et de l’État avec la société.
Émile Guillaumin
(1873-1951), paysan et écrivain français. Bien qu'il n'ait fait que
5 ans d'études dans l'école primaire de son village d’Ygrande (Allier),
débute très jeune en littérature et continue à écrire et à publier pendant
toute sa vie, se disant « un paysan homme de lettres. »
Fermier avec trois hectares de terre et trois vaches (exploitation
minuscule alors assez courante), fait partie du petit groupe de paysans
qui créé le premier syndicat paysan pour défendre les métayers contre
les grands propriétaires.
Écrivain de nombreux romans dont le plus célèbre est La vie
d’un simple (1904), document exceptionnel sur la vie paysanne en
France dans la seconde moitié du 19ème siècle. Ne force pas le trait de
ses personnages, ne les noircit pas, mais sa faculté d'observation et
son sens critique développés dans l'honnêteté font de son récit
tranquille un terrible réquisitoire. À partir de là, partage sa vie entre la
culture de la terre et l'écriture (les faits sociaux y tenant une large part),
mais aussi au syndicalisme agricole et à la vie politique.
« L'intérêt du plus grand nombre doit primer tout, l'intérêt du plus
grand nombre servir à tous. »
« « Sans désirs coûteux / Sans envie / Vivre tout simplement sa
vie / Mais la garder inasservie. »
Abram Piatt Andrew
(1873-1936), économiste états-unien, secrétaire adjoint au Trésor.
Volontaire pour combattre avec les Français pendant la Première Guerre
mondiale. Nommé inspecteur général du service ambulancier américain.
Avec des anciens étudiants de Yale et de Harvard, fonde en 1915
l’American Field Service (AFS). Créé une organisation nationale basée à
Boston pour collecter des fonds auprès de riches donateurs, faire
construire 800 ambulances Ford T et recruter 1 200 chauffeurs.
Durant l’Entre-deux-Guerres, un programme attribue 222 bourses
à des étudiants français et états-uniens pour développer les échanges
universitaires .
En 1946, sous l’impulsion de Stephen Galatti (1888-1964), AFS
devient AFS Intercultural Programs ou AFS Vivre sans frontières, pour
former des citoyens du monde. Les jeunes âgés de 15 à 18 ans sont
accueillis par des familles d'accueil non rémunérées pour une immersion
linguistique et culturelle complète, pour une durée de 2 à 12 mois.
L'association, présente dans 50 pays, propose également des
séjours à vocation humanitaire pour les jeunes de 18 à 30 ans.
Image du bas : Une ambulance Ford T de l’AFS à Strasbourg les 10 et 11 novembre
2018 à l’occasion du Forum de ‘AFS-Vivre dans frontière’ sur le thème « S’engager pour
la paix en Europe’
Marie Marvingt
(1875-1963), pionnière française de l'aviation, inventrice, sportive,
alpiniste, infirmière et journaliste. Licence de lettres, étude de médecine et
de droit, parle 5 langues dont l'espéranto. Première femme à terminer le
‘Tour de France’, en 1908, après avoir essuyé le refus des organisateurs.
Une des premières femmes à voler seule, la première à traverser la Manche
en ballon du continent vers l'Angleterre en octobre 1909. Conçoit avec un
ingénieur un prototype d’avion-ambulance.
Lors de la 1ère Guerre mondiale, participe à deux bombardements
avant de se voir émettre le refus officiel de l'armée. Retourne à Nancy où
elle devient infirmière et correspondante de guerre. Décidant de rejoindre le
front comme poilu, y reste 47 jours déguisée en homme avant d'être
démasquée. Utilise alors ses talents de skieuse dans les Dolomites sur le
Front italien où elle aide à l'évacuation des blessés.
Après la guerre, reste journaliste et part vivre au Maroc où elle crée le
premier lieu de formation des infirmières pilotes d'avions sanitaires et reçoit
la ‘médaille de la Paix’. Fait partie de ce service pendant la Seconde Guerre
mondiale, au cours de laquelle elle invente un type de suture chirurgicale
minimisant le risque d'infection sur le champ de bataille.
Passe à 84 ans son brevet de pilote d’hélicoptère, effectue à 86 ans
le trajet de Nancy à Paris à vélo, pédalant 10 heures par jour.
Thomas Mann
(1875-1955) écrivain allemand. Travaille un temps pour une
compagnie d’assurances. Marqué par la maladie et la mort de ses proches
et par la menace de guerre qu'il perçoit dans la crise franco-allemande de
1911.
Lauréat du prix Nobel de littérature en 1929. Adversaire résolu du
nazisme, émigre en 1933 en Suisse puis aux États-Unis, est déchu de la
nationalité allemande en 1936. Durant les années de guerre, lance par la
BBC des appels aux Allemands leur demandant de s’opposer à Hitler en
fidélité à Goethe et Schiller. Se réinstalle en Suisse en 1952 pour ne pas
avoir à choisir entre l’Allemagne de l’Ouest ou de l’Est. Passionné de
musique, de médecine, de psychanalyse.
Son œuvre, influencée par Arthur Schopenhauer, est centrée sur
l'étude des rapports entre l'individu et la société. Oppose la rigueur du
travail intellectuel et la spiritualité au culte de l'activisme. Comme son frère
aîné Heinrich (1971-1950), ne cesse de lutter pour la défense des valeurs
mises en péril par les différents "ismes" (capitalisme, communisme,
fascisme, nazisme) et les idéologies radicales, et, à la fin de sa vie, contre
l’arme nucléaire.
« L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. »
«Tout homme est prodigieux ; avec du coeur et de l'esprit, toute vie
d'homme peut se montrer intéressante et aimable, même la plus pauvre. »
Konrad Adenauer
(1876-1967), homme politique allemand. Études de droit.
D'abord avocat, élu maire de Cologne en 1917. En 1933, démis par
Göring de toutes ses fonctions en raison de son hostilité affichée au
nazisme. Emprisonné en 1934 et en 1944.
Après la 2ème Guerre Mondiale, reprend peu à peu ses activités
politiques. Cofonde le parti chrétien démocrate (Christlich Demokratis-
che Union - CDU), en devient président en 1949. Est élu cette même
année chancelier de la République Fédérale d'Allemagne.
Durant 15 ans, se consacre à l'acquisition de l'égalité des
droits internationaux pour son pays, à son intégration au sein de
l'Europe et à la mise en place d'une armée allemande indépendante.
Grâce à ses qualités politiques, l'Allemagne rejoint l'OTAN en 1955.
Un des pères de l'Europe et, avec Charles de Gaulle, l'un des
promoteurs de la réconciliation franco-allemande.
« L’histoire est l’ensemble des choses qui auraient pu être
évitées. »
Pablo Casals
Né Pau Casals i Defilló (1876-1973), violoncelliste, chef
d'orchestre et compositeur espagnol. Commence à 23 ans une
carrière internationale.
Fuit le régime franquiste en 1939 et s’installe en France à
Prades, centre son activité sur l’organisation d’aide aux réfugiés
catalans et espagnols.
Après guerre, participe à des galas de soutien en faveur du
mouvement pacifiste et antifasciste de son ami Louis Lecoin.
Engagé en faveur de la république et de la liberté, contre les
dictatures, en particulier celle de Franco en Espagne.
Durant les dernières années de sa vie, invité à cela par son ami
Albert Schweitzer, rencontre le Président John F. Kennedy et, dans
ses discours à l’ONU, proteste contre la course aux armements
nucléaires.
Janusz Korczak
(1878-1942), de son vrai nom Henryk Goldszmit, médecin
pédiatre et écrivain polonais d’origine juive, pédagogue de l’enfance,
écrivain, journaliste, conférencier.
Milite activement la défense des droits de l'enfant par le biais
d'émissions de radio. Franc-maçon, veut « concilier toutes les
personnes qui sont divisées par des barrières religieuses, et chercher
la vérité en maintenant le respect d'autrui. »
Choisit d’être déporté dans les chambres à gaz de Treblinka
avec les enfants juifs du ghetto de Varsovie dont il s’occupait dans un
orphelinat.
« Ce qui fatigue le plus, ce n’est pas de nous baisser, nous
pencher, nous courber au niveau des enfants. C’est d’être obligé de
nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever,
nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne
pas les blesser. »
Alcide De Gasperi
(1881-1954), homme politique italien, né dans le Trentin, alors
austro-hongrois. À 30 ans, défend l'italianité et l'autonomie culturelle du
Trentin, tout en étant élu député autrichien. Farouche opposant aux
mesures fascistes de Mussolini, condamné à 4 ans de prison en 1927,
libéré en 1928.
En 1942, fonde le parti Démocratie chrétienne. Dès la fin de la
guerre, enchaîne les ministères, 8 fois Président du Conseil.
Quand la République italienne est proclamée en juin 1946,
incarne le retour de l'Italie sur la scène internationale. Réussit à conclure
des accords avec les puissances occidentales pour financer la
reconstruction.
Appuie le projet de mise en commun du charbon et de l'acier
(CECA), proposé par Schumann. Rêve même d'aller plus loin et de créer
une Communauté européenne de Défense.
Considéré comme un des pères de l'Europe avec Robert
Schumann, Jean Monnet, Johan Willem Beyen, Paul-Henri Spaak et
Konrad Adenauer.
Albert Einstein
(1879-1955), physicien théoricien allemand d’origine juive, puis
apatride, suisse, et helvético-américain.
Publie en 1915 une théorie de la gravitation dite relativité
générale. Contribue au développement de la mécanique quantique et
de la cosmologie. Prix Nobel de physique en 1921 pour son explication
de l’effet photoélectrique.
Sa célèbre l’équation E=MC² établit une équivalence entre la
matière et l’énergie d’un système.
Quitte l’Allemagne nazie en 1933. Éprouve dès 1934 une forte
antipathie vis-à-vis des institutions militaires. Le 2 août 1939,
sous la pression d'Eugen Wigner et de Leo Szilard, physiciens
hongrois venus d'Allemagne, signe pour Roosevelt une lettre
(rédigée par Szilard) qui contribue à enclencher le ‘Projet
Manhattan’. (photo du bas)
../..
Albert Einstein
En 1945, comprend que les États-Unis vont réaliser la
première bombe atomique de l’histoire, et écrit une nouvelle fois à
Roosevelt pour lui demander d’y renoncer.
S’engage dès 1946 contre la discrimination raciale.
Après la guerre, milite pour un désarmement atomique
mondial, jusqu’au seuil de sa mort, où il confesse à Linus Pauling :
« J’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette
lettre [de 1939]. »
Pour combattre la militarisation de la science, demande aux
intellectuels de recourir « à la méthode révolutionnaire de non-
coopération au sens où l’entendait Gandhi », dussent-ils « se
préparer à la prison, à la ruine et au sacrifice de leur bien-être
personnel. » ../..
Photo du haut : Albert Einstein et Robert Oppenheimer vers 1950
Albert Einstein
« Un être humain est une partie du tout, que nous
appelons “Univers”, une partie limitée par l’espace et le temps. Il
expérimente lui-même ses pensées et ses sentiments comme
quelque chose de séparé du reste, une sorte d’illusion d’optique
de la conscience. Cette illusion est pour nous une forme de
prison, nous limitant à nos désirs personnels et à l’affection pour
les quelques personnes vraiment proches de nous.
Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en
élargissant notre cercle de compassion, pour embrasser dans leur
beauté toutes les créatures vivantes et l’ensemble de la nature. »
« Il n’y a qu’un savant dans notre siècle : c’est Gandhi ! »
Abdelkrim el-Khattabi
(1882-1963) appelé Moulay Mohand par les Rifains, chef berbère
et homme politique du Rif*. Études à Fès, études de droit à Salamanque
(Espagne), journaliste et fonctionnaire de l'administration espagnole (juge,
instituteur, interprète). Lève une petite troupe et écrase les Espagnols à
Anoual en juillet 1921.
En février 1922, proclame la ‘République confédérée des tribus du
Rif’ : la première république issue d'une guerre de décolonisation au 20ème
siècle. Crée un parlement constitué des chefs de tribus qui élit un
gouvernement. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme,
promulgue des réformes modernes.
Hubert Lyautey, résident général de la France auprès du souverain alaouite,
combat Abdelkrim par les moyens traditionnels, en cherchant à retourner contre lui
les tribus locales. Le gouvernement français s'impatiente, lui retire le commandement
des opérations et le confie au maréchal Philippe Pétain, qui, à la tête de 200 000
hommes, s'appuie sur l'aviation et bombarde les populations civiles. Les armées
espagnoles (300 000 hommes) font usage de gaz moutarde contre des villages tenus
par les rebelles : 150 000 morts civils.
Se rend en mai 1926 pour protéger les siens. Exilé à la Réunion,
s'échappe à la faveur d'un transfert en France, se réfugie au Caire où il
meurt en 1963.
Rif : chaîne montagneuse qui borde le littoral méditerranéen du Maroc
Mohammad Mossadegh
(1882-1967), homme politique iranien, premier ministre par deux
fois entre 1951 et 1953. Études de droit et sciences po en France. Laïc,
franc-maçon. Son traitement mensuel de ministre ou député en Iran est
distribué aux étudiants pauvres de la faculté de droit.
Premier chef de gouvernement élu démocratiquement en Iran. Son
gouvernement introduit des réformes sociales et politiques
progressistes : mise en place d'une Sécurité sociale, contrôle des
loyers, réformes agraires, et surtout nationalisation de l'industrie
pétrolière iranienne, alors sous contrôle britannique depuis 1913, face
au refus de l'Anglo-Persian Oil Company (APOC) de renégocier les
termes du contrat d'exploitation des gisements pétroliers iraniens.
Renversé par un coup d’État fomenté par la CIA états-unienne le
19 août 1953 sur demande de la Grande-Bretagne, car portant atteinte
aux intérêts occidentaux en Iran, placé en résidence forcée pour le
restant de ses jour sous la surveillance de la SAVAK (police secrète du
Chah).
Son éviction, suivie de la dictature du Chah, explique largement la
dictature des Ayatollahs.
Alexander S. Neill
Alexander Sutherland Neill (1883-1973), pédagogue libertaire
écossais. Diplômé d’Edimbourg, journaliste, psychanalyste, éducateur.
Pendant la guerre, trouve un poste d'instituteur et remet en question
l'autorité et les punitions. Participe dans les années 1920 à la ‘Ligue
internationale pour l'éducation nouvelle’. Se dresse contre l’école
traditionnelle soucieuse d’instruire et non d’éduquer, s’insurge contre un
système social qui forme des individus “manipulés” et dociles.
Fonde près de Dresde (Allemagne), en 1921, l'école de
Summerhill, la déménage en 1927 près de Leiston (Suffolk, Angleterre).
Les cours y sont facultatifs; les enfants, s’ils le souhaitent, peuvent jouer
toute la journée ou se livrer à des activités manuelles dans l’atelier. Les
soirées sont consacrées à la danse, au théâtre, aux fêtes. Le principe est
que toute activité découle de l'intérêt. Lors des assemblées générales,
les règles sont édictées et les sanctions décidées collectivement lorsqu‘
une règle est enfreinte.
À la mort de Neill, l'école expérimentale survit à son fondateur. En
2018, l'école est dirigée par Zoe Readhead, la fille d'A. S. Neill.
« Jamais un homme heureux n'a troublé la paix d'une réunion,
prêché une guerre, ou lynché un Noir. »
Henri Sellier
(1883-1943), naît dans une famille ouvrière. Obtient une bourse de
l’État, École des Hautes Études Commerciales puis licence en Droit.
Militant socialiste (SFIO), élu à 27 ans conseiller général de la Seine. De
1927 à 1928, Président du Conseil général de la Seine.
Administrateur-délégué de ‘l’Office des Habitations à Bon Marché’
du Département de la Seine, maire de Suresnes, se consacre aux
problèmes urbains et au logement populaire. Est à l’origine de la création
de 15 cités-jardins édifiées entre 1920 et 1945 en région parisienne. Crée
en 1937 la ‘Fédération Internationale de l’habitation et de l’urbanisme’.
De 1936 à juin 1937, Ministre de la Santé publique dans le gouver-
nement de ‘Front Populaire’ de Léon Blum. Ne participe pas au vote des
pleins pouvoirs au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Arrêté, interné puis
libéré.
Les cités-jardins sont des logements sociaux, individuels ou
collectifs locatifs, avec aménagement paysager et jardin
autour de l'habitat, comprenant des équipements collectifs
(école, crèche, commerce, maison commune, etc.)
« L'urbanisme social se doit d'organiser un meilleur
aménagement de l'humanité, vers un niveau de lumière, de
joie et de santé. »
Photo : Cité-jardin de Suresnes
Franz Kafka
(1883-1924), écrivain tchèque et pragois (Bohème, empire
austro-hongrois) de langue allemande et de religion juive, docteur en
droit travaillant dans une institution d’assurance.
Son œuvre est caractérisée par une atmosphère
cauchemardesque et sinistre, absurde et incompréhensible, où la
bureaucratie et l’anonymat ont de plus en plus de prise sur l'individu.
Elle est aussi une tentative, dans un combat apparent avec les
"forces supérieures", de rendre l'initiative à l'individu, qui fait ses
choix lui-même et en est responsable.
« Quand une fois on a accueilli le Mal chez soi, il ne demande
plus qu'on lui fasse confiance ».
« L'art est, comme la prière, une main tendue dans l'obscurité,
qui veut saisir une part de grâce pour se muer en une main qui
donne. »
Alice Milliat
(1884-1957), nageuse, hockeyeuse et rameuse française.
Crée en 1912 le club parisien Fémina Sport. Cofondatrice en 1917 et
présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France
(FSFSF) puis de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI).
Organise en 1921 à Monaco l’Olympiade féminine. Une des plus grandes
militantes du combat pour la reconnaissance du sport féminin au niveau
international *.
Organise les Jeux olympiques féminins de Paris, en avril 1922.
Gommée des livres d’histoire. Son nom ne figure même pas sur la pierre
tombale de la famille Brevet au cimetière Saint-Jacques de Nantes.
« Les hommes qui s’intéressent au sport masculin ne se rendent pas
compte qu’ils pourraient servir leur propre cause en donnant quelque intérêt
au sport féminin; ils se cantonnent dans l’éternel égoïsme masculin. »
* « Les Jeux olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait
être avant tout de couronner les vainqueurs. », affirme Pierre de Coubertin, fondateur
du Comité international olympique (CIO) en 1894. Les caciques du CIO déclarent dans
l’immédiat après-guerre 1914-18 : « Une olympiade femelle serait impratique,
inintéressante, inesthétique et incorrecte ! »
Kees Boeke
Cornelis Kees Boeke (1884-1966), pédagogue et militant pacifiste
néerlandais. Issu d’une famille mennonite, études d'ingénieur à Delft, fait
la connaissance des quakers (‘Société religieuse des Amis’) en Angleterre
et adhère à cette spiritualité.
Avec sa femme Beatrice Cadbury, est actif dans le travail pour la
paix dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Expulsé
d’Angleterre où il avait dit « Les Allemands sont nos frères ; Dieu n'a pas
créé l‘homme pour qu'il tue ; la guerre se terminera quand tous les
soldats baisseront les armes », rentre aux Pays-Bas et s'installe à
Bilthoven qui devient rapidement un centre pacifiste, Het Boschhuis
(" la maison dans la forêt").
Les rencontres de Bilthoven donnent lieu au lancement de
mouvements tels que le ‘Mouvement international de la Réconcilia-
tion’ en 1919 (photo du bas) et le ‘Service civil international’ en 1920.
En 1921, Kees Boeke, Helene Stöcker et Wilfred Wellok fondent à
Bilthoven le mouvement Paco ("Paix" en espéranto) qui devient en
1923 Wars Resisters International (‘Internationale des Résistants
à la Guerre’).
../..
Kees Boeke
En 1926, fonde à Bilthoven l'école Werkplaats Kinder-
gemeenschap (WP), construite par l'architecte Frants Röntgen. Y
applique les pratiques pédagogiques les plus innovantes de
l'époque, inspirées des théories de Maria Montessori. Les règles de
l'école sont fondées sur la prise de décision par consensus. Avec
l’avènement du nazisme et pendant la Seconde Guerre mondiale,
l’école devient une cachette pour les réfugiés juifs de Pologne.
Gerard Endenburg, théoricien de la sociocratie, est élève de
Kees Boeke de 1943 à 1948 ; les filles de la reine Juliana des Pays-
Bas, dont la reine Béatrix, y ont également été élèves.
Parmi ses nombreux livres, principalement sur l’éducation,
son plus célèbre est Cosmic View : The Universe in 40 Jumps
(1957). À travers une série de 40 illustrations au sujet d’une petite
fille, les photographies montrent l’ampleur du pays, de la Terre et de
l’univers, puis le monde microscopique des insectes, des virus et des
atomes dans son corps. ■

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Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 02. De 1850 à 1884

  • 1. Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité" Penseurs et acteurs d’un changement sociétal 2 - de 1850 à 1884 É. G. 01.09.2021
  • 2. Marcelin Albert (1851-1921) cafetier et vigneron français. Élu conseiller municipal d'Argeliers en 1881, y tient un café et joue des pièces de théâtre. En 1900, se lance dans la lutte pour la défense du vin naturel contre le vin de fraude. Meneur de la révolte des vignerons du Midi en mars 1907, crée le ‘Comité de défense viticole’ ou ‘Comité d'Argeliers’. Organise une marche vers Narbonne, avec 87 vignerons, pour avoir une entrevue avec une commission parlementaire. Après ses déposi- tions, le ‘Comité de défense’ fait un tour de ville en chantant pour la première fois La Vigneronne, qui devient alors l'hymne de la révolte des gueux. Le 9 juin 1907, avec le rassemblement de 500 000 personnes à Montpellier, marque l'apogée de la contestation vigneronne dans le Midi de la France. M. Albert prône ouvertement la désobéissance civile. Clemenceau fait appel à l’armée et fait arrêter les meneurs. Reçu par Clemenceau qui le discrédite en lui payant son billet de retour, devient persona no grata dans l’Aude et se retire en Algérie. Baptisé par Frédéric Mistral Lo grand bolegaire dòu brave pòble de la tèrrail, le grand meneur du brave peuple de la terre
  • 3. Francis de Pressensé (1853-1914), journaliste, député et homme politique français. Ambulancier à 17 ans pendant la guerre de 1870-71. Études de lettres et de droit. Fonctionnaire au ministère de l’Instruction Publique, des Affaires étrangères, puis conseiller d’ambassade à Constantinople, à Washington. Journaliste à partir de 1882. Cofondateur en 1998 de la ‘Ligue des droits de l'homme’ (LDH) dont il sera président (1903-1914). Défenseur d’Alfred Dreyfus, est radié de l’ordre de la Légion d’honneur pour avoir soutenu Émile Zola. . . Sous sa présidence, la LDH porte l’attention portée au "combat pour les droits des peuples opprimés", associée à "une lutte pour la paix" et une "attention à tous les problèmes posés par la colonisation", défend les droits des ouvriers pendant les grèves, le droit à se syndiquer, demande le droit de vote pour les femmes. Réclame "la protection des Arméniens et des Macédoniens opprimés par la Turquie". Pacifiste et européen, défend en 1903 "un projet d'organisa- tion des États-Unis d’Europe". « Je prie que l'on ne me fasse pas d'obsèques dites religieuses, non pas que je ne croie pas en un Dieu d'amour et de justice, mais je me suis délibérément séparé de toutes les Églises, et j'ai trouvé le maximum de religion dans le socialisme tel que je l'ai compris ». Image : Protestation, avec Léon Blum et Émile Pouget, contre les « lois scélérates » de 1893- 1894, qui autorisent les mesures d'exception
  • 4. Georges Picquart (1854-1914), officier et homme politique français. ‘École spéciale militaire de Saint-Cyr’, sert en Algérie puis au Tonkin, professeur de topographie à l‘’École supérieure de guerre’. En 1895, promu chef de la section de statistique (service de renseignement militaire) et au grade de lieutenant-colonel. Découvre les preuves de la trahison de Ferdinand Walsin Esterhazy, à la place duquel le capitaine Alfred Dreyfus a été accusé, dégradé et condamné sur de fausses preuves. Participe au rétablissement de la vérité, malgré la pression de sa hiérarchie. Tout comme Dreyfus, est condamné bien qu'innocent, et incarcéré pendant près d’un an. Les deux hommes sont réhabilités en même temps, en 1906. Reprend ensuite le cours de sa carrière militaire au grade de général de division et rejoint le premier gouvernement Clemenceau en tant que ministre de la Guerre. Meurt dune chute de cheval. Le gouvernement envisage des funérailles nationales, mais ses obsèques sont finalement privées et civiles : « N'appartenant à aucune confession religieuse, je m'oppose absolument à ce qu'il soit célébré, à l'occasion de mes obsèques, aucune cérémonie d'un culte quelconque. »
  • 5. José Martí (1853-1895), poète, critique littéraire et journaliste cubain. À 15 ans, fonde un journal nationaliste; à 16 ans, est arrêté pour trahison par les autorités espagnoles et condamné à 6 ans de travaux forcés. Libéré 6 mois plus tard et assigné à résidence, est déporté en Espagne durant 4 années. Son exil se poursuit en France, en Angleterre, au Mexique. Une amnistie des prisonniers politiques lui permet de revenir à Cuba, où il est de nouveau arrêté et de nouveau renvoyé en Espagne. Voyage dans toute l’Amérique latine. S'installe à New York, où vivent de nombreux exilés cubains, et durant 15 ans se consacre sans relâche à l'activité politique au sein du parti révolutionnaire cubain. Son objectif est d'obtenir l'indépendance de Cuba en s'appuyant sur le peuple et les masses opprimées, d'obtenir l'égalité raciale, l’égalité économique et l'égalité des sexes. Débarque sur l'île en 1895, est tué lors de sa première bataille contre les Espagnols. «Celui qui ne se sent pas offensé par l'offense faite à d'autres hommes, celui qui ne ressent pas sur sa joue la brûlure du soufflet appliqué sur une autre joue, quelle qu'en soit la couleur, celui-là n'est pas digne du nom d'homme.»
  • 6. Samuel Maharero (1856-1923), chef du peuple héréro dans le Sud-Ouest africain (aujourd'hui la Namibie). Éduqué à l'école de la mission luthérienne, obtient la chefferie de la région d'Okahandja. Collabore avec les troupes coloniales allemande, cédant une partie de ses terres en échange de produits euro- péens. À la fin des années 1890, l'expansionnisme des fermiers allemands, l'utilisation forcée des Héréros pour construire le chemin de fer, la peste bovine et l'affranchissement de leurs serfs Damaras dégradent des relations entre les Héréros et les autorités coloniales. En janvier 1904, les tribus Héréros conduites par S. Maharero se révoltent contre les colons et l'administration allemande, sabotent les voies de chemin de fer, incendient les fermes, tuent 180 fermiers allemands et leurs familles. Le gouvernement allemand envoie le général Lothar von Trotha avec pleins pouvoir d’extermination (Vernichtungsbefehl) et 15 000 soldats pour briser le soulève- ment. En août 1904, la bataille de Waterberg sonne le glas de la résistance des Héréros. Ils fuient par le désert du Kalahari, où von Trotha fait empoisonner les points d'eau, fait tirer sans sommation sur chaque Héréro, homme, femme ou enfant. Les survivants sont parqués dans 6 camps de concentration, meurent de malnutrition ou de dysenterie ou servent de main d'œuvre à bon marché, Les Namas prennent à leur tour les armes contre les Allemands et subissent le même sort. 65 000 Héréros et près de 20 000 Namas meurent. Le rapport Blue Book sur ce génocide est rédigé en 1917 par Thomas O'Reilly, jeune magistrat d'origine irlandaise qui disparaît mystérieusement en 1919. En 1926, un représentant allemand menace de révéler au public un White Book sur les exactions coloniales britanniques. Pour des raisons diplomatiques, le Blue Book disparaît alors de toutes les officines.
  • 7. Robert B Robert Baden-Powell Lord Robert Stephenson Smyth Baden-Powell of Gilwell (1857- 1941), militaire britannique, fondateur du scoutisme. Sous-lieutenant en Inde, capitaine en Afrique du Sud, instructeur dans divers pays de l’Empire britannique. Organise dans sa garnison des pièces de théâtre, des comédies. En 1899, durant la seconde Guerre des Boers. sauve une ville assiégée en utilisant les jeunes de la ville comme estafettes (transmission de messages à pied et à vélo), comme observateurs, sentinelles ou éclaireurs. Prouve que des jeunes sont tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. Publie ses observations dans le livre Aids to scouting (l’art des éclaireurs) qui a un immense succès auprès des garçons britanniques, est utilisé par des éducateurs. Reçoit beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Marqué par la jeunesse des quartiers désœuvrés, souvent en mauvaise santé et délinquante, décide de mettre en pratique, au service de jeunes garçons et dans une optique de paix, les principes qu’il a observés à la guerre. ../..
  • 8. Robert Baden-Powell Après un camp de jeunes de 8 jours en 1907, lance le mouvement scout avec 5 buts : santé, sens du concret, personnalité, service, sens de Dieu. « C’est moins par la force de ses armements qu’une nation s’élève au-dessus des autres que par le caractère de ses citoyens. » « À la fin de ma carrière militaire, je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix. » « Le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis. » « La meilleure manière d’atteindre le bonheur est de le donner aux autres. » « Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que vous ne l'avez trouvé. Et quand l'heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous avez fait de votre mieux. » « La question n’est pas “Qu’est-ce que je peux avoir ?” mais “Qu’est-ce que je peux donner dans la vie ? » « Le sel est âcre quand on le goûte à part ; mais c'est le parfait assaisonnement qui donne aux mets toute leur saveur. Ainsi les difficultés sont-elles le sel de la vie. »
  • 9. Emmeline Pankhurst (1858-1928), militante anglaise. Avec son mari Richard, crée en 1889 la Women's Franchise League qui demande le droit de vote pour les femmes. Après le décès de son mari, fonde en 1903, avec sa fille Christabel, la Women's Social and Political Union (WSPU) ou mouvement des suffragettes. Organise de nombreuses manifestations (enchaînements aux lampadaires, grèves de la faim, feux dans des immeubles, section des fils des télégraphes). Arrêtée cinq fois entre 1912 et 1917. Bien qu’utilisant aussi des méthodes violentes, le mouvement des suffragettes marque profondément Gandhi qui admire leur lutte et cherche alors des moyens d’action conciliant l’éthique et l’efficacité politique. Une autre figure célèbre de la WSPU est Emily Davison (1972- 1913)
  • 10. Éliézer ben-Yéhouda Éliézer Isaac Perelman Elianov (1858-1922), journaliste et philologue juif originaire de Lituanie-Biélorussie, né de parents juifs hassidiques qui parlent le yiddish.* Apprend très jeune l'hébreu dans une yeshiva**, puis le russe et le français. En 1876, en vient à la conviction que les juifs forment un peuple, qui a droit, comme tous les autres peuples, à se constituer en État-Nation quelque part sur Terre. Devient journaliste et traducteur à Paris, abandonne ses études de médecine à cause de la tuberculose. En 1881, se rend en Palestine, s'installe à Jérusalem et fonde Hatsvi, journal qu'il publie en hébreu et dans lequel une section est consacrée à la création de nouveaux mots pour enrichir la langue hébraïque. En tant que lexicographe, joue un rôle de premier plan dans la résurrection de l'hébreu comme langue parlée : l'hébreu moderne. Auteur du Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne. En 1948, l'hébreu devient une langue officielle de l'État d'Israël aux côtés de l'anglais et de l'arabe. * yiddish : langue germanique dérivée du haut allemand, avec un apport de vocabulaire hébreu et slave, qui a servi de langue vernaculaire aux communautés juives d'Europe centrale et orientale (ashkénazes) à partir du Moyen Âge. ** yeshiva : centre d'étude de la Torah et du Talmud dans le judaïsme, généralement dirigé par un rabbin
  • 11. Ludwik Lejzer Zamenhof Ludwik Lejzer (Louis Lazare) Zamenhof (1859-1917), né dans une famille juive en Pologne (alors partagée entre l’Autriche, la Prusse et la Russie), médecin ophtalmologiste polonais. S’interroge dès son enfance sur le moyen d’éradiquer les préjugés de race, de nationalité, de religion. À l’âge de19 ans, présente un projet baptisé Lingwe Uniwersala à ses camarades de lycée. Ses langues d’usage sont le yiddish, l’hébreu, le russe, l’allemand, et le polonais, mais il connait bien le latin, le grec ancien, l’anglais et le français, assez bien l’italien et un peu l’araméen.* Publie en 1887 sous le pseudonyme de "Doktoro Esperanto" un premier manuel présentant une nouvelle langue internationale construite, facile à apprendre, et en 1905 un manuel d’espéranto. En août 1905, Boulogne-sur-Mer accueille le premier congrès mondial d'espéranto avec 688 participants de 20 pays. Meurt pendant la 1ère Guerre Mondiale, désespéré par l’effondre- ment de ses idéaux internationalistes et humanistes. L’espéranto compte aujourd’hui 1 à 2 millions de locuteurs dans le monde. * A en outre étudié le volapük, projet de langue internationale élaboré en 1879 par le prêtre catholique, linguiste et philantrope allemand Johann Martin Schleyer (1831-1912), qui échoue après une courte période de succès
  • 12. Daisy Bates née Margareth May O'Dwyer (1859-1951), journaliste et anthropologue australienne d'origine irlandaise, militante des droits humains. Orpheline et pauvre, émigre à 23 ans en Australie, s’y marie, travaille comme gouvernante. Mène une enquête approfondie sur la cruauté des colons de l'Australie Occidentale envers les Aborigènes. Consacre plusieurs décennies à étudier leur mode de vie, leurs coutumes, leur histoire, leurs croyances. Pendant de nombreuses années, habite une petite tente, souvent située un environnement rude et inhospitalier. Entre ainsi dans le cercle des anthropologues amateurs dont les méthodes de collecte et d’analyses seront souvent critiquées par les professionnels de la discipline (à l'époque peu nombreux, tous hommes), mais qui auront passé un nombre considérable d’années en contact direct avec leurs sujets. Se bat contre l’exploitation sexuelle des femmes aborigènes par les Européens. En 1912 lui est conféré le titre officiel de ‘Protectrice des Aborigènes’. Finance sur ses propres deniers un programme d’aide alimentaire et médicale. Élevée au rang de Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (CBE)
  • 13. Jean Jaurès (1859-1914), homme politique français, orateur et parlemen- taire socialiste. ‘École Normale Supérieure’, agrégé de philosophie, docteur es lettres, plus jeune député de France en 1885. Soutient en 1892 la grande grève des mineurs de Carmaux. Soutient en 1898 le capitaine Alfred Dreyfus injustement accusé. S'oppose aux "lois scélérates" et dénonce la collusion des intérêts économiques avec la politique et la presse. Fondateur en 1904 et directeur du quotidien L'Humanité. En 1905, corédacteur de la loi de séparation des Églises et de l'État. Défend en 1908 le droit de vote des femmes (reconnu en 1946) s’élève contre la peine de mort (abolie en 1981), dénonce le colonialisme. Proclame le respect de soi et de l’autre, l’amour de la patrie et de l’humanité, l’espoir d’un au-delà, le refus d’un monde désenchanté. Assassiné le 31 juillet 1914 par un étudiant nationaliste, Raoul Villain, car il s’oppose à la guerre*. ../.. * En mars 1919, R. Villain est acquitté, dans un contexte de fort nationalisme. La veuve de Jaurès est condamnée au paiement des frais du procès…
  • 14. Jean Jaurès « Laïcité de l'enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous lutterons pour les deux. » « Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène. » « La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas faire la loi. » « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir. » « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir. » « On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. » « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre. (…)La paix n'est qu'une forme, un aspect de la guerre : la guerre n'est qu'une forme, un aspect de la paix : et ce qui lutte aujourd'hui est le commencement de la réconciliation de demain.» « L'histoire humaine n'est qu'un effort incessant d'invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création. »
  • 15. Jean Jaurès « Je ne plierai pas, je ne m'en irai pas en silence. Je ne me soumettrai pas. Je ne me retournerai pas. Je ne me conformerai pas. Je ne me coucherai pas. Je ne me tairai pas. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire. C'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées. (…) Le courage, c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense.» Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel. » « C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source. » « Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et, par suite, les haines d’homme à homme, les haines aussi de race à race, de nation à nation, toutes les haines, et créer vraiment l’humanité qui n’est pas encore ». « C'est qu'au fond, il n'y a qu'une seule race : l'humanité. »
  • 16. Albert Kahn né Abraham Kahn (1860-1940), banquier et philanthrope français d’origine juive alsacienne. Licence en droit, fait fortune dans les affaires minières, ouvre sa banque, oriente ses placements financiers vers l'Extrême-Orient, plus particulièrement le Japon. Soucieux de dialogue entre les peuples et les cultures, fait aménager par le paysagiste Achille Duchêne (1966-1947) les ‘Jardins du monde’ et les ‘bois ornementaux’ dans sa propriété de 4 ha de Boulogne- sur-Seine. Finance des bourses de voyage ‘Autour du Monde’ : une découverte des autres pays de plus d'un an offerte à de jeunes diplômés (hommes et femmes de France, du Japon, d'Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, de Russie) pour leur permettre d'enrichir leurs compétences et leur futur enseignement par la connaissance directe du monde. Rassemble à partir de 1908 un important fonds iconographique intitu- lé ‘Archives de la Planète’, collection constituée d'autochromes (photogra- phies en couleurs sur plaques de verre) la plus importante au monde, et de films en noir et blanc. Entre 1909 et 1931, 72 000 autochromes et une centaine d'heures de film seront rapportés de 60 pays, dont le but est une meilleure connaissance des autres nations pour une meilleure entente, afin de prévenir des conflits meurtriers. Très engagé dans le dialogue international et la recherche de la paix. Image du haut : scène de marché à Krusevac, Serbie, 1913
  • 17. Uyaquq (v. 1860-1924), issu d’une d’une famille de chamans de la tribu Yup’ik (vallée de la Kuskokwi, au centre de l’Alaska). Devient chaman au début de l'âge adulte, se convertit au christianisme après la conversion de son père. Devient dirigeant et missionnaire dans l'église morave* d'Alaska. John Hinz, missionnaire morave et linguiste accompli, l’assiste, mais Uyaquq refuse d'appren- dre à lire ou à écrire l'anglais, pensant que cela lui ferait perdre son identité de Yup’ik. Travaille durant 5 ans : crée des hiéroglyphes qui constituent un bon aide-mémoire, puis identifie le concept de syllabe. Son écriture évolue en 5 étapes jusqu'à ce qu'il ait créé un symbole pour chaque syllabe de la langue, le yugtun. Sa méthodologie a été étudiée car elle peut représenter le même processus d'évolution de l'analphabétisme vers l’écriture en syllabaire pour de nombreuses anciennes langues écrites, comme le chinois et l’ égyptien. Photos : Yup'ik dans le village de Stebbins, 1900 Écriture pictogramique et écriture syllabique créées par Uyaquq * Église protestante inspirée de la prédication de Jean Hus, très ancrée dans la piété individuelle, dénuée de toute hiérarchie, attachée à l'expression musicale de la foi. Le clergé y est élu.
  • 18. José Rizal José Protasio Rizal Mercado y Alonzo Realonda (1861-1896), médecin philippin, chirurgien ophtalmologue, linguiste, poète, romancier et artiste. Études de médecine à Manille, Madrid, Paris et Berlin, parle 23 langues. Propose des réformes démocratiques pour son pays, colonie espagnole, demande qu‘il devienne une province à part entière de l'Espagne et soit représentée aux Cortes. Fonde en 1892 la ‘Ligue philippine’, qui vise à promouvoir sur l'archipel ses idées progressistes et réformistes. Exilé dans l'île de Mindanao, y fonde une école, enseigne les langues et les techniques agricoles, cultive une immense plantation mettant en œuvre des techniques modernes, pratique la chirurgie ophtalmologique, correspond avec des dirigeants du monde entier. En 1896, alors que la guerre civile se déclenche, se désolidarise des révolutionnaires de la Katipunan ou KKK dont il stigmatise le niveau intellectuel et les méthodes. Part comme médecin volontaire vers Cuba où sévit une épidémie de fièvre jaune. Arrêté à bord de son paquebot, emprisonné à Barcelone puis à Manille, fusillé par les autorités espagno- les après un simulacre de procès. « Quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos convictions, qu'importe la mort si on meurt pour ce qu'on aime - pour sa patrie et pour les êtres qui nous sont chers. »
  • 19. Rudolf Steiner (1861-1925), philosophe, occultiste et penseur sociétal autrichien, fondateur de l’anthroposophie qu’il qualifie de chemin de connaissance visant à restaurer les liens entre les hommes, la nature et les mondes spirituels. Sa pensée est à l’origine des écoles Waldorf, des médicaments Weleda, du mouvement Camphill (pédagogie curative pour enfants avec un handicap mental ou physique), de l’agriculture biodynamique, etc. Un peu avant lui, le chimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873, photo du bas) pose les bases de l’agriculture industrielle fondée sur la chimie organique, à base d’azote, de phosphore et de potassium (NPK). Ultérieurement, Liebig se rend compte que les éléments indispensables à une croissance végétale sont beaucoup plus complexes que la formule NPK, et met en garde contre la dépendance à l’égard de ces corps chimiques de base, qui pourrait causer des dommages irréparables au sol, mais personne ne l’écoute. L’agriculture biodynamique, au contraire, considère le sol comme un organisme vivant. ../..
  • 20. La « tripartition sociale » selon Rudolf Steiner Les fondements de l’organisation sociale sont pour lui : - le domaine de la culture et de l’esprit où l’individu peut exprimer ses diverses capacités : science, art, spiritualité et religion y offrent un chemin de liberté individuelle - la politique qui élabore les lois; elle trouve son expression dans les assemblées démocratiques pour développer l’égalité entre les hommes - l’économie répond aux besoins des hommes. Groupés en associations non corporatistes, ceux-ci peuvent développer l’intérêt pour autrui et vivre l’économie en fraternité.
  • 21. Rudolf Steiner « Toute notre pensée scientifique retarde sur notre expérience scientifique. On nous apprend que nous vivons au siècle de la science, mais au fond, ce siècle de la science est le plus misérable que l’Histoire ait jamais enregistré. Il se caractérise par un culte aveugle du fait brut et des théories mécanistes. Jamais cette science ne comprendra la vie, parce qu’il faut, pour la comprendre, une méthode de représentation plus haute que pour l’explication d’une machine. »
  • 22. Victor et Hélène Basch (1863-1944), philosophe et Résistant français d'origine juive autro-hongroise. Études d’allemand et de philosophe à la Sorbonne. Épouse à Pest (Hongrie) en 1885 Ilona (Hélène) Fürth, naturalisé français en 1887. Professeur d’allemand, d’esthétique et de philosophie à Nancy, Rennes puis Paris. Défend la ‘Société des Nations’, dénonce en 1923 l’occupation de la Ruhr par la France, prêche la réconciliation, organise avec Helmuth von Gerlach (1866-1935) une tournée spectaculaire de conférences en France et en Allemagne. Cofondateur en 1931, de la future ‘Société française d’esthétique’. Socialiste anticonformiste, se bat dans sa jeunesse pour Dreyfus. Cofondateur (1898) et président (1926-1944) de la ‘Ligue française pour la défense des droits de l‘homme et du citoyen’. Septuagénaire, prend une part importante dans la naissance du ‘Front Populaire’, apporte son soutien aux républicains espagnols. En tant que Juif, Franc-Maçon, socialiste et militant des droits humains, recherché par le régime de Vichy, arrêté par Paul Touvier et par la Milice. Abattu avec sa femme Hélène de plusieurs coups de pistolet par ‘la Milice’ en janvier 1944.
  • 23. Nellie Bly De son vrai nom Elizabeth Jane Cochrane (1864-1922), journaliste états-unienne. Destinée à devenir demoiselle de compagnie ou gouver- nante, se refuse à ce destin et commence à écrire des poèmes et des récits à 16 ans. Embauchée comme journaliste au Pittsburgh Dispatch, fait un reportage dans une conserverie (raconte la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger), puis dans une tréfilerie. Enquête au Mexique (démonte les préjugés que les Américains colportent sur les Mexicains, mais est expulsée après avoir dénoncé la dictature, la répression et l’emprisonnement d’un journaliste). Devient pionnière du reportage clandestin, une forme de journalisme d'investigation. Pour le New York World de Joseph Pulitzer, s'invente des problèmes psychiatriques afin d’être internée pendant 10 jours dans un asile de fous pour femmes, dévoile la condition épouvantable des patientes et les horreurs des méthodes utilisées. En 1887, pour le New York World, se déguise et entre dans l'entourage du trafiquant Edward Phelps. Réalise seule un tour du monde en 72 jours fin 1889 et début 1890. Après la mort de son mari, prend la direction du complexe industriel, dépose 25 brevets, instaure des réformes sociales. Correspondante de guerre bénévole au Royaume Uni pendant la 1ère Guerre Mondiale. Après la guerre, de retour à New York, reprend ses articles sur le monde ouvrier, sur l'enfance et œuvre pour le droit de vote des femmes.
  • 24. Max Weber (1864-1920), économiste et sociologue allemand, docteur en droit. Un des fondateurs de la sociologie moderne et l'un des premiers à avoir pensé la modernité d'un point de vue critique. Élabore notamment une typologie des motifs des actions humaines. Rédacteur d’une sociolo- gie comparée des religions du monde. Engagé dans l'action politique, contribue à la rédaction de la Constitution de la République de Weimar en 1919. Définit l'État comme une "entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime" : il est le seul à pouvoir exercer une violence sur son territoire, de façon légitime, en s'appuyant sur les forces policières ou militaires ou juridiques. Distingue "l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction", qu’il estime être "deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées", alors que Gandhi réconciliera la morale et l’efficacité politique.
  • 25. Cândido Rondon Cândido Mariano da Silva Rondon, ou maréchal Rondon (1865- 1958), ingénieur militaire et explorateur (sertanista) brésilen. Son père est d'origine portugaise et sa mère originaire de l'ethnie bororo. Étudiant, participe à des mouvements abolitionnistes et républicains. Principalement connu pour son exploration du Mato Grosso et de l'Amazonie occidentale. En contact avec la tribu guerrière des Bororo du Brésil occidental, réussit à leur pacification, complète avec leur aide la ligne télégraphique. Entre en contact avec la tribu Nambikwara, qui jusqu'ici avait tué tous les Occidentaux qui avaient essayé d'entrer en contact avec elle. Premier directeur en 1910 du Serviço de Proteção ao Índio (‘Service de protection de l'Indien’ devenu en1967 ‘Fondation nationale de l'Indien’ (Fundação Nacional do Índio ou FUNAI). Entre 1934 et 1938, est affecté à une mission de médiation dans la guerre entre la Colombie et le Pérou. En 1939, reprend la direction du ‘Service de protection de l'Indien et étend ses services à de nouveaux territoires du Brésil. En 1952, fonde le premier parc national au Brésil, situé près du rio Xingu, créé pour protéger les indigènes de la région. L'État brésilien de Rondônia est nommé en son honneur.
  • 26. Herbert George Wells (1866-1946), marchand de tissu, assistant chimiste puis écrivain britannique socialiste. Auteur de romans de science-fiction, de nombreux romans de satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques et sociales, d'ouvrages de vulgarisation (biologie, histoire, questions sociales). Son idée politique la plus féconde concerne la nécessité de créer un État-Monde, une société qui favoriserait les sciences, mettrait fin aux nationalismes et permettrait aux citoyens de progresser en fonction de leurs mérites et non plus en fonction de leur naissance. « L'espèce humaine est en fin de course. L'esprit n'est plus capable de s'adapter assez vite à des conditions qui changent plus rapidement que jamais. Nous sommes en retard de cent ans sur nos inventions. Cet écart ne fera que croître. »
  • 27. William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963), sociologue, historien, militant pour les droits civiques, éditorialiste et écrivain états-unien. Origines haïtiennes et françaises. Études à Harvard et à Berlin. Premier Afro-américain à obtenir un doctorat (en philosophie) à Harvard. Professeur et chef du département de sociologie à l’université d’Atlanta. Prend la tête en 1906 du Niagara Movement, organisation demandant l’égalité complète des droits pour les Afro-américains. Cofondateur en 1909 de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), fondateur et directeur de son mensuel The Crisis. Milite contre le racisme et la discrimination raciale (et surtout contre les lynchages *), contre l’impérialisme et le colonialisme, pour le panafricanisme** et le désarmement nucléaire. Émigre en 1961 au Ghana. Son oeuvre inspire l’essentiel de la conscience collective noire et des mouvements en faveur des droits civiques dans les années 1960. Son rêve était une encyclopédie de la diaspora africaine. * Lynchage : mise à mort d’une personne par une foule excitée sans procès, le plus souvent après torture ** Panafricanisme : mouvement politique qui promeut l'indépendance du continent africain et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les Afrodescendants, où qu'ils soient dans le monde.
  • 28. Émile Masson (1869-1923), enseignant, écrivain et penseur anarcho-socialiste breton. Licences de philosophie et d’anglais, professeur. Pratique une pédagogie respectueuse des élèves et trilingue (français, breton, anglais). Épouse une Galloise, Elsie, admiratrice comme lui du penseur britannique John Ruskin, et traduit avec elle l’œuvre de Thomas Carlyle. Fréquente plusieurs mouvements : dreyfusards, anarchistes, collectivistes, antimilita- ristes, se lie d'amitié avec Élisée Reclus, Kropotkine, Romain Rolland. Crée en 1913 la revue Brug (‘Bruyère’), revue anarchiste en langue bretonne. Socialiste libertaire, internationaliste farouche, s'efforce de concilier cette idée avec l'identité bretonne. En 1914, comme Jean Jaurès, plaide pour la paix. Pendant la Première Guerre mondiale, disciple de Tolstoï, continue son combat pour la paix, entretenant une correspondance régulière avec Romain Rolland. « La guerre, le meurtre, la violence ne résolvent rien. Seul l’exemple, mille et mille fois répété, d’énergies individuelles se refusant à tout acte de violence, peut et doit résoudre toutes les batailles de l’homme. » « Rien n’est proprement humain qui ait quelque chose à faire avec la violence. Arrêter le mal à soi, l’y transformer en bien, l’y transmuter (…), voilà le seul geste humain. »
  • 29. Alice Seeley Harris (1870-1970), missionnaire baptiste et photographe britannique. Pendant son séjour au Congo avec son mari John Harris, enseigne l'anglais aux enfants, mais sa contribution la plus importante est de photographier les atrocités subies par les indigènes congolais aux mains des agents et des soldats du roi Léopold II de Belgique, proprié- taire personnel du pays. Celui-ci exploite férocement la population locale pour profiter de la demande de caoutchouc après l'invention du pneu- matique en 1887. Les méthodes de coercition comprennent le fouet, la prise d'otages, le viol, le meurtre et l'incendie des villages. En 1904, avec un Kodak Brownie, prend en photo les mains et le pieds de femmes et d’enfants coupés, au motif que leur production était insuffisante, par les milices de la ‘Compagnie anglo-belge de l'Inde du caoutchouc’ (ABIR). Fait ensuite des reportages photographiques pour alerter l’opinion. Les photographies sont publiées dans Regions Beyond, le magazine de la ‘Mission Congo Balolo’, en 1904 dans la revue Congo Slavery, en 1906 aux États-Unis lors de 200 réunions dans 49 villes via des projections de lanternes magiques. En 1908, Alice et John animent la Congo Reform Association et, en avril 1910, l’Anti-Slavery and Aborigines 'Protection Society.
  • 30. Annie Londonderry Annie Cohen Kopchovsky dite Annie Londonderry (1870-1947), aventurière états-unienne. Fille d’émigrants juifs originaires de Riga (Lettonie). Aurait émigré avec sa famille à Boston au milieu des années 1870. Commerciale, vend des encarts de publicités pour plusieurs journaux. À 18 ans, épouse Simon Kopchovsky, surnommé Max, un colporteur. Ils auront 3 enfants en 4 ans. Première femme à faire le tour du monde à bicyclette de juin 1894 à sept. 1895. Indépendante et émancipée, relève le défi à la suite d'un pari, mais surtout dans une optique féministe, afin de prouver que les femmes étaient tout aussi valeureuses et intrépides que les hommes, à une époque où celles-ci n'avaient pas encore obtenu le droit de vote. Trouve un sponsor auprès de la Londonderry Lithia Spring Water Company, en acceptant notamment pour la durée de l’exploit de porter le nom d'Annie Londonderry. Itinéraire : Boston, New-York, Le Havre, Paris, Marseille, Alexandrie, Colombo, Singapour, Saïgon, Hong Kong, Shanghai, Nagasaki, Kobé, San Francisco, Los Angeles, El Paso, Chicago. Durée : 15 mois. Devient pour un temps le porte-drapeau du mouvement féministe, affirmant, en prenant son exploit pour preuve, qu'une femme pouvait faire tout ce qu'un homme était capable d'accomplir.
  • 31. Ovide Decroly (1871-1932), médecin, psychologue et pédagogue belge. Sa méthode d’éducation préconise l’initiative, la responsabilité personnelle et collective, le respect de la personne dans sa singularité. « L’école de la vie » enseigne la solidarité, la tolérance, le respect de la différence, la priorité donnée à la créativité, à l’épanouissement personnel et au plaisir. « L’école doit se trouver partout où est la nature, partout où est la vie, partout où est le travail .» « Le plus bel idéal pour une génération, c’est de s’efforcer que la génération suivante puisse jouir de plus de beauté, de plus de bonheur. C’est de réduire les préjugés imbéciles, les conflits inutiles. »
  • 32. Rosa Luxemburg (1871-1919), militante socialiste et théoricienne marxiste. Née sujette polonaise d’origine juive de l'Empire russe, parle yiddish, polonais, russe, allemand et français. Prend la nationalité allemande afin de poursuivre en Allemagne son militantisme socialiste. Figure de l'aile gauche de l'"Internationale ouvrière", révolution- naire et partisane de l'internationalisme, tient à la liberté de "penser différemment" : pour elle, l'engagement révolutionnaire est avant tout une question "morale", tenant à l'obligation de lutter pour un système social plus humain. Dénonce les méthodes de Lénine, s'oppose à la Première Guerre mondiale. En septembre 1913, appelle les ouvriers allemands à ne pas prendre les armes contre des ouvriers d'autres nationalités. Condamnée pour "incitation publique à la désobéissance", exclue du Parti social-démocrate SPD, cofonde la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Frappée puis assassinée par des militaires en même temps que son ami Karl Liebknecht.
  • 33. Bertrand Russell (1872-1970), mathématicien britannique, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique, moraliste agnostique. Purge une peine de six mois dans la prison de Brixton en 1918 en raison de son refus de la guerre. Critique le bolchevisme en 1920. Dans les années 1950 et 1960, s'engage dans diverses causes politiques, surtout pour le désarmement nucléaire et contre la guerre du Viêt Nam. Le Tribunal Russell (aussi appelé ‘Tribunal international des crimes de guerre’ ou ‘Tribunal Russell-Sartre’) et la Bertrand Russel Peace Fundation ont prolongé son combat pour la paix. Le ‘Tribunal Russell sur la Palestine’ a été fondé en mars 2009 pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël et pour aboutir à un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien.
  • 34. Léon Blum (1872-1950), homme politique et écrivain français, issu d’une vieille famille juive. Juriste, Maître des requêtes au ‘Conseil d’État’. Écrit des critiques de livres et pièces de théâtre, s’engage dans le combat pour la défense de l’officier Alfred Dreyfus injustement accusé de trahison. En 1902, adhère au ‘Parti socialiste’ de Jean Jaurès, participe à la fondation de L'Humanité. Après le Congrès de Tours en 1920 et la création du PCF, défend un socialisme humaniste et réformiste. Député de 1919 à 1940. En juin 1936, chef du gouvernement du ‘Front Populaire’ (congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives, SNCF, auberges de jeunesse, etc.), est victime de violentes attaques antisémites. En 1940, déféré par le gouvernement de Vichy à la Cour de Justice de Riom en qualité de "responsable de la défaite". Devant ce tribunal créé contre lui, confond le Maréchal Pétain. Condamné à la prison à vie, déporté à Buchenwald, libéré en 1945. En 1946, gouverne à nouveau la France pendant un mois, négocie aux États-Unis un important crédit pour assurer le relèvement du pays. « J'ai souvent pensé que la moralité consiste essentiellement en le courage de faire un choix. »
  • 35. Liang Qichao surnommé Zhuoru ou Rengong (1873-1929), universitaire, journaliste, philosophe et réformiste chinois de la dynastie Qing (1644- 1911). S’intéresse dans sa jeunesse aux idées occidentales. Partisan de la monarchie constitutionnelle, conçoit avec Kang Youwei (1858-1927) un programme de réformes qu'il envoie à l'empereur Guangxu : changements institutionnels, lutte contre la corruption, réorganisation du système des examens d'état, fin de la pratique cruelle du bandage des pieds des enfants, etc. Cela débouche sur le mouvement ‘Réforme des cent jours’ (juin-septembre 1898). Doit fuir au Japon. Séjours au Canada, en Australie, aux États-Unis. Après le renversement de la dynastie Qing, fusionne son parti, renommé ‘Parti Démocratique’, avec celui des républicains pour former le ‘Parti progressiste’. Grand journaliste, crée un bimensuel à forte diffusion, Le Nouveau Citoyen qui prône « une révolution d'encre, pas une révolution de sang ». Historiographe, traducteur, poète et écrivain. À la fin des années 1920, se retire de la politique et enseigne à l'université Tung-nan de Shanghaï. S’impose par sa lucidité politique et par l’attention constante qu’il consacre à la question fondamentale de l’adéquation des institutions et de l’État avec la société.
  • 36. Émile Guillaumin (1873-1951), paysan et écrivain français. Bien qu'il n'ait fait que 5 ans d'études dans l'école primaire de son village d’Ygrande (Allier), débute très jeune en littérature et continue à écrire et à publier pendant toute sa vie, se disant « un paysan homme de lettres. » Fermier avec trois hectares de terre et trois vaches (exploitation minuscule alors assez courante), fait partie du petit groupe de paysans qui créé le premier syndicat paysan pour défendre les métayers contre les grands propriétaires. Écrivain de nombreux romans dont le plus célèbre est La vie d’un simple (1904), document exceptionnel sur la vie paysanne en France dans la seconde moitié du 19ème siècle. Ne force pas le trait de ses personnages, ne les noircit pas, mais sa faculté d'observation et son sens critique développés dans l'honnêteté font de son récit tranquille un terrible réquisitoire. À partir de là, partage sa vie entre la culture de la terre et l'écriture (les faits sociaux y tenant une large part), mais aussi au syndicalisme agricole et à la vie politique. « L'intérêt du plus grand nombre doit primer tout, l'intérêt du plus grand nombre servir à tous. » « « Sans désirs coûteux / Sans envie / Vivre tout simplement sa vie / Mais la garder inasservie. »
  • 37. Abram Piatt Andrew (1873-1936), économiste états-unien, secrétaire adjoint au Trésor. Volontaire pour combattre avec les Français pendant la Première Guerre mondiale. Nommé inspecteur général du service ambulancier américain. Avec des anciens étudiants de Yale et de Harvard, fonde en 1915 l’American Field Service (AFS). Créé une organisation nationale basée à Boston pour collecter des fonds auprès de riches donateurs, faire construire 800 ambulances Ford T et recruter 1 200 chauffeurs. Durant l’Entre-deux-Guerres, un programme attribue 222 bourses à des étudiants français et états-uniens pour développer les échanges universitaires . En 1946, sous l’impulsion de Stephen Galatti (1888-1964), AFS devient AFS Intercultural Programs ou AFS Vivre sans frontières, pour former des citoyens du monde. Les jeunes âgés de 15 à 18 ans sont accueillis par des familles d'accueil non rémunérées pour une immersion linguistique et culturelle complète, pour une durée de 2 à 12 mois. L'association, présente dans 50 pays, propose également des séjours à vocation humanitaire pour les jeunes de 18 à 30 ans. Image du bas : Une ambulance Ford T de l’AFS à Strasbourg les 10 et 11 novembre 2018 à l’occasion du Forum de ‘AFS-Vivre dans frontière’ sur le thème « S’engager pour la paix en Europe’
  • 38. Marie Marvingt (1875-1963), pionnière française de l'aviation, inventrice, sportive, alpiniste, infirmière et journaliste. Licence de lettres, étude de médecine et de droit, parle 5 langues dont l'espéranto. Première femme à terminer le ‘Tour de France’, en 1908, après avoir essuyé le refus des organisateurs. Une des premières femmes à voler seule, la première à traverser la Manche en ballon du continent vers l'Angleterre en octobre 1909. Conçoit avec un ingénieur un prototype d’avion-ambulance. Lors de la 1ère Guerre mondiale, participe à deux bombardements avant de se voir émettre le refus officiel de l'armée. Retourne à Nancy où elle devient infirmière et correspondante de guerre. Décidant de rejoindre le front comme poilu, y reste 47 jours déguisée en homme avant d'être démasquée. Utilise alors ses talents de skieuse dans les Dolomites sur le Front italien où elle aide à l'évacuation des blessés. Après la guerre, reste journaliste et part vivre au Maroc où elle crée le premier lieu de formation des infirmières pilotes d'avions sanitaires et reçoit la ‘médaille de la Paix’. Fait partie de ce service pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle elle invente un type de suture chirurgicale minimisant le risque d'infection sur le champ de bataille. Passe à 84 ans son brevet de pilote d’hélicoptère, effectue à 86 ans le trajet de Nancy à Paris à vélo, pédalant 10 heures par jour.
  • 39. Thomas Mann (1875-1955) écrivain allemand. Travaille un temps pour une compagnie d’assurances. Marqué par la maladie et la mort de ses proches et par la menace de guerre qu'il perçoit dans la crise franco-allemande de 1911. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1929. Adversaire résolu du nazisme, émigre en 1933 en Suisse puis aux États-Unis, est déchu de la nationalité allemande en 1936. Durant les années de guerre, lance par la BBC des appels aux Allemands leur demandant de s’opposer à Hitler en fidélité à Goethe et Schiller. Se réinstalle en Suisse en 1952 pour ne pas avoir à choisir entre l’Allemagne de l’Ouest ou de l’Est. Passionné de musique, de médecine, de psychanalyse. Son œuvre, influencée par Arthur Schopenhauer, est centrée sur l'étude des rapports entre l'individu et la société. Oppose la rigueur du travail intellectuel et la spiritualité au culte de l'activisme. Comme son frère aîné Heinrich (1971-1950), ne cesse de lutter pour la défense des valeurs mises en péril par les différents "ismes" (capitalisme, communisme, fascisme, nazisme) et les idéologies radicales, et, à la fin de sa vie, contre l’arme nucléaire. « L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. » «Tout homme est prodigieux ; avec du coeur et de l'esprit, toute vie d'homme peut se montrer intéressante et aimable, même la plus pauvre. »
  • 40. Konrad Adenauer (1876-1967), homme politique allemand. Études de droit. D'abord avocat, élu maire de Cologne en 1917. En 1933, démis par Göring de toutes ses fonctions en raison de son hostilité affichée au nazisme. Emprisonné en 1934 et en 1944. Après la 2ème Guerre Mondiale, reprend peu à peu ses activités politiques. Cofonde le parti chrétien démocrate (Christlich Demokratis- che Union - CDU), en devient président en 1949. Est élu cette même année chancelier de la République Fédérale d'Allemagne. Durant 15 ans, se consacre à l'acquisition de l'égalité des droits internationaux pour son pays, à son intégration au sein de l'Europe et à la mise en place d'une armée allemande indépendante. Grâce à ses qualités politiques, l'Allemagne rejoint l'OTAN en 1955. Un des pères de l'Europe et, avec Charles de Gaulle, l'un des promoteurs de la réconciliation franco-allemande. « L’histoire est l’ensemble des choses qui auraient pu être évitées. »
  • 41. Pablo Casals Né Pau Casals i Defilló (1876-1973), violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol. Commence à 23 ans une carrière internationale. Fuit le régime franquiste en 1939 et s’installe en France à Prades, centre son activité sur l’organisation d’aide aux réfugiés catalans et espagnols. Après guerre, participe à des galas de soutien en faveur du mouvement pacifiste et antifasciste de son ami Louis Lecoin. Engagé en faveur de la république et de la liberté, contre les dictatures, en particulier celle de Franco en Espagne. Durant les dernières années de sa vie, invité à cela par son ami Albert Schweitzer, rencontre le Président John F. Kennedy et, dans ses discours à l’ONU, proteste contre la course aux armements nucléaires.
  • 42. Janusz Korczak (1878-1942), de son vrai nom Henryk Goldszmit, médecin pédiatre et écrivain polonais d’origine juive, pédagogue de l’enfance, écrivain, journaliste, conférencier. Milite activement la défense des droits de l'enfant par le biais d'émissions de radio. Franc-maçon, veut « concilier toutes les personnes qui sont divisées par des barrières religieuses, et chercher la vérité en maintenant le respect d'autrui. » Choisit d’être déporté dans les chambres à gaz de Treblinka avec les enfants juifs du ghetto de Varsovie dont il s’occupait dans un orphelinat. « Ce qui fatigue le plus, ce n’est pas de nous baisser, nous pencher, nous courber au niveau des enfants. C’est d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser. »
  • 43. Alcide De Gasperi (1881-1954), homme politique italien, né dans le Trentin, alors austro-hongrois. À 30 ans, défend l'italianité et l'autonomie culturelle du Trentin, tout en étant élu député autrichien. Farouche opposant aux mesures fascistes de Mussolini, condamné à 4 ans de prison en 1927, libéré en 1928. En 1942, fonde le parti Démocratie chrétienne. Dès la fin de la guerre, enchaîne les ministères, 8 fois Président du Conseil. Quand la République italienne est proclamée en juin 1946, incarne le retour de l'Italie sur la scène internationale. Réussit à conclure des accords avec les puissances occidentales pour financer la reconstruction. Appuie le projet de mise en commun du charbon et de l'acier (CECA), proposé par Schumann. Rêve même d'aller plus loin et de créer une Communauté européenne de Défense. Considéré comme un des pères de l'Europe avec Robert Schumann, Jean Monnet, Johan Willem Beyen, Paul-Henri Spaak et Konrad Adenauer.
  • 44. Albert Einstein (1879-1955), physicien théoricien allemand d’origine juive, puis apatride, suisse, et helvético-américain. Publie en 1915 une théorie de la gravitation dite relativité générale. Contribue au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie. Prix Nobel de physique en 1921 pour son explication de l’effet photoélectrique. Sa célèbre l’équation E=MC² établit une équivalence entre la matière et l’énergie d’un système. Quitte l’Allemagne nazie en 1933. Éprouve dès 1934 une forte antipathie vis-à-vis des institutions militaires. Le 2 août 1939, sous la pression d'Eugen Wigner et de Leo Szilard, physiciens hongrois venus d'Allemagne, signe pour Roosevelt une lettre (rédigée par Szilard) qui contribue à enclencher le ‘Projet Manhattan’. (photo du bas) ../..
  • 45. Albert Einstein En 1945, comprend que les États-Unis vont réaliser la première bombe atomique de l’histoire, et écrit une nouvelle fois à Roosevelt pour lui demander d’y renoncer. S’engage dès 1946 contre la discrimination raciale. Après la guerre, milite pour un désarmement atomique mondial, jusqu’au seuil de sa mort, où il confesse à Linus Pauling : « J’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette lettre [de 1939]. » Pour combattre la militarisation de la science, demande aux intellectuels de recourir « à la méthode révolutionnaire de non- coopération au sens où l’entendait Gandhi », dussent-ils « se préparer à la prison, à la ruine et au sacrifice de leur bien-être personnel. » ../.. Photo du haut : Albert Einstein et Robert Oppenheimer vers 1950
  • 46. Albert Einstein « Un être humain est une partie du tout, que nous appelons “Univers”, une partie limitée par l’espace et le temps. Il expérimente lui-même ses pensées et ses sentiments comme quelque chose de séparé du reste, une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est pour nous une forme de prison, nous limitant à nos désirs personnels et à l’affection pour les quelques personnes vraiment proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion, pour embrasser dans leur beauté toutes les créatures vivantes et l’ensemble de la nature. » « Il n’y a qu’un savant dans notre siècle : c’est Gandhi ! »
  • 47. Abdelkrim el-Khattabi (1882-1963) appelé Moulay Mohand par les Rifains, chef berbère et homme politique du Rif*. Études à Fès, études de droit à Salamanque (Espagne), journaliste et fonctionnaire de l'administration espagnole (juge, instituteur, interprète). Lève une petite troupe et écrase les Espagnols à Anoual en juillet 1921. En février 1922, proclame la ‘République confédérée des tribus du Rif’ : la première république issue d'une guerre de décolonisation au 20ème siècle. Crée un parlement constitué des chefs de tribus qui élit un gouvernement. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme, promulgue des réformes modernes. Hubert Lyautey, résident général de la France auprès du souverain alaouite, combat Abdelkrim par les moyens traditionnels, en cherchant à retourner contre lui les tribus locales. Le gouvernement français s'impatiente, lui retire le commandement des opérations et le confie au maréchal Philippe Pétain, qui, à la tête de 200 000 hommes, s'appuie sur l'aviation et bombarde les populations civiles. Les armées espagnoles (300 000 hommes) font usage de gaz moutarde contre des villages tenus par les rebelles : 150 000 morts civils. Se rend en mai 1926 pour protéger les siens. Exilé à la Réunion, s'échappe à la faveur d'un transfert en France, se réfugie au Caire où il meurt en 1963. Rif : chaîne montagneuse qui borde le littoral méditerranéen du Maroc
  • 48. Mohammad Mossadegh (1882-1967), homme politique iranien, premier ministre par deux fois entre 1951 et 1953. Études de droit et sciences po en France. Laïc, franc-maçon. Son traitement mensuel de ministre ou député en Iran est distribué aux étudiants pauvres de la faculté de droit. Premier chef de gouvernement élu démocratiquement en Iran. Son gouvernement introduit des réformes sociales et politiques progressistes : mise en place d'une Sécurité sociale, contrôle des loyers, réformes agraires, et surtout nationalisation de l'industrie pétrolière iranienne, alors sous contrôle britannique depuis 1913, face au refus de l'Anglo-Persian Oil Company (APOC) de renégocier les termes du contrat d'exploitation des gisements pétroliers iraniens. Renversé par un coup d’État fomenté par la CIA états-unienne le 19 août 1953 sur demande de la Grande-Bretagne, car portant atteinte aux intérêts occidentaux en Iran, placé en résidence forcée pour le restant de ses jour sous la surveillance de la SAVAK (police secrète du Chah). Son éviction, suivie de la dictature du Chah, explique largement la dictature des Ayatollahs.
  • 49. Alexander S. Neill Alexander Sutherland Neill (1883-1973), pédagogue libertaire écossais. Diplômé d’Edimbourg, journaliste, psychanalyste, éducateur. Pendant la guerre, trouve un poste d'instituteur et remet en question l'autorité et les punitions. Participe dans les années 1920 à la ‘Ligue internationale pour l'éducation nouvelle’. Se dresse contre l’école traditionnelle soucieuse d’instruire et non d’éduquer, s’insurge contre un système social qui forme des individus “manipulés” et dociles. Fonde près de Dresde (Allemagne), en 1921, l'école de Summerhill, la déménage en 1927 près de Leiston (Suffolk, Angleterre). Les cours y sont facultatifs; les enfants, s’ils le souhaitent, peuvent jouer toute la journée ou se livrer à des activités manuelles dans l’atelier. Les soirées sont consacrées à la danse, au théâtre, aux fêtes. Le principe est que toute activité découle de l'intérêt. Lors des assemblées générales, les règles sont édictées et les sanctions décidées collectivement lorsqu‘ une règle est enfreinte. À la mort de Neill, l'école expérimentale survit à son fondateur. En 2018, l'école est dirigée par Zoe Readhead, la fille d'A. S. Neill. « Jamais un homme heureux n'a troublé la paix d'une réunion, prêché une guerre, ou lynché un Noir. »
  • 50. Henri Sellier (1883-1943), naît dans une famille ouvrière. Obtient une bourse de l’État, École des Hautes Études Commerciales puis licence en Droit. Militant socialiste (SFIO), élu à 27 ans conseiller général de la Seine. De 1927 à 1928, Président du Conseil général de la Seine. Administrateur-délégué de ‘l’Office des Habitations à Bon Marché’ du Département de la Seine, maire de Suresnes, se consacre aux problèmes urbains et au logement populaire. Est à l’origine de la création de 15 cités-jardins édifiées entre 1920 et 1945 en région parisienne. Crée en 1937 la ‘Fédération Internationale de l’habitation et de l’urbanisme’. De 1936 à juin 1937, Ministre de la Santé publique dans le gouver- nement de ‘Front Populaire’ de Léon Blum. Ne participe pas au vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Arrêté, interné puis libéré. Les cités-jardins sont des logements sociaux, individuels ou collectifs locatifs, avec aménagement paysager et jardin autour de l'habitat, comprenant des équipements collectifs (école, crèche, commerce, maison commune, etc.) « L'urbanisme social se doit d'organiser un meilleur aménagement de l'humanité, vers un niveau de lumière, de joie et de santé. » Photo : Cité-jardin de Suresnes
  • 51. Franz Kafka (1883-1924), écrivain tchèque et pragois (Bohème, empire austro-hongrois) de langue allemande et de religion juive, docteur en droit travaillant dans une institution d’assurance. Son œuvre est caractérisée par une atmosphère cauchemardesque et sinistre, absurde et incompréhensible, où la bureaucratie et l’anonymat ont de plus en plus de prise sur l'individu. Elle est aussi une tentative, dans un combat apparent avec les "forces supérieures", de rendre l'initiative à l'individu, qui fait ses choix lui-même et en est responsable. « Quand une fois on a accueilli le Mal chez soi, il ne demande plus qu'on lui fasse confiance ». « L'art est, comme la prière, une main tendue dans l'obscurité, qui veut saisir une part de grâce pour se muer en une main qui donne. »
  • 52. Alice Milliat (1884-1957), nageuse, hockeyeuse et rameuse française. Crée en 1912 le club parisien Fémina Sport. Cofondatrice en 1917 et présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) puis de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI). Organise en 1921 à Monaco l’Olympiade féminine. Une des plus grandes militantes du combat pour la reconnaissance du sport féminin au niveau international *. Organise les Jeux olympiques féminins de Paris, en avril 1922. Gommée des livres d’histoire. Son nom ne figure même pas sur la pierre tombale de la famille Brevet au cimetière Saint-Jacques de Nantes. « Les hommes qui s’intéressent au sport masculin ne se rendent pas compte qu’ils pourraient servir leur propre cause en donnant quelque intérêt au sport féminin; ils se cantonnent dans l’éternel égoïsme masculin. » * « Les Jeux olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs. », affirme Pierre de Coubertin, fondateur du Comité international olympique (CIO) en 1894. Les caciques du CIO déclarent dans l’immédiat après-guerre 1914-18 : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ! »
  • 53. Kees Boeke Cornelis Kees Boeke (1884-1966), pédagogue et militant pacifiste néerlandais. Issu d’une famille mennonite, études d'ingénieur à Delft, fait la connaissance des quakers (‘Société religieuse des Amis’) en Angleterre et adhère à cette spiritualité. Avec sa femme Beatrice Cadbury, est actif dans le travail pour la paix dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Expulsé d’Angleterre où il avait dit « Les Allemands sont nos frères ; Dieu n'a pas créé l‘homme pour qu'il tue ; la guerre se terminera quand tous les soldats baisseront les armes », rentre aux Pays-Bas et s'installe à Bilthoven qui devient rapidement un centre pacifiste, Het Boschhuis (" la maison dans la forêt"). Les rencontres de Bilthoven donnent lieu au lancement de mouvements tels que le ‘Mouvement international de la Réconcilia- tion’ en 1919 (photo du bas) et le ‘Service civil international’ en 1920. En 1921, Kees Boeke, Helene Stöcker et Wilfred Wellok fondent à Bilthoven le mouvement Paco ("Paix" en espéranto) qui devient en 1923 Wars Resisters International (‘Internationale des Résistants à la Guerre’). ../..
  • 54. Kees Boeke En 1926, fonde à Bilthoven l'école Werkplaats Kinder- gemeenschap (WP), construite par l'architecte Frants Röntgen. Y applique les pratiques pédagogiques les plus innovantes de l'époque, inspirées des théories de Maria Montessori. Les règles de l'école sont fondées sur la prise de décision par consensus. Avec l’avènement du nazisme et pendant la Seconde Guerre mondiale, l’école devient une cachette pour les réfugiés juifs de Pologne. Gerard Endenburg, théoricien de la sociocratie, est élève de Kees Boeke de 1943 à 1948 ; les filles de la reine Juliana des Pays- Bas, dont la reine Béatrix, y ont également été élèves. Parmi ses nombreux livres, principalement sur l’éducation, son plus célèbre est Cosmic View : The Universe in 40 Jumps (1957). À travers une série de 40 illustrations au sujet d’une petite fille, les photographies montrent l’ampleur du pays, de la Terre et de l’univers, puis le monde microscopique des insectes, des virus et des atomes dans son corps. ■