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Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
12 – La mémoire des guerres
12 h - 2
La mémoire de la Première Guerre
mondiale (1914-1918)
Étienne Godinot 23.04.2024
La mémoire
de la Grande Guerre
Sommaire
1 - Commémorations
2 - La mémoire des "fusillés pour l’exemple"
3 - La mémoire des animaux de guerre
4 - Musées et lieux de mémoire
5 - Monuments aux morts
6 - Littérature
7 - Chansons et spectacles
8 - Peinture et dessin
9 - Sculpture
10 - Livres
11 - Revues
12 - Bandes dessinées
13 - Jeux
14 - Films
15 - Documentaires
La mémoire de la Grande Guerre
1 - Commémorations
En novembre 2018, pour le centième anniversaire de la fin de
la Grande guerre, ont lieu de nombreuses cérémonies commé-
moratives à travers le monde :
En France, le 10 novembre dans l’après-midi, Emmanuel
Macron et Angela Merkel participent, à une cérémonie dans la
clairière de l‘armistice à Rethondes.
Le 10 novembre au soir, le musée d'Orsay accueille un dîner
offert à une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement ;
Le 11 nov. 2018, 84 chefs d’États, de gouvernements et
d'organisations internationales se réunissent à l‘Arc de Triomphe
de l'Étoile à Paris.
Dans l'après-midi a lieu le Forum de Paris sur la paix à la
grande halle de la Villette.
Images des commémorations en 2018 :
- Emmanuel Macron et Angela Merkel dans le wagon de l’armistice à Rethondes.
- La réception au musée d'Orsay
- La cérémonie à l’Arc de Triomphe
- Le Forum de Paris sur la paix à la grande halle de la Villette.
Les commémorations de 2018
En Belgique, des cérémonies ont lieu à Ypres, à Bruxelles (en
présence du roi Philippe) et à Mons. Une cérémonie de recueillement
a eu lieu au cimetière du Commonwealth de Saint-Symphorien où sont
enterrés le premier et le dernier soldats morts du Commonwealth, en
présence du premier ministre britannique, Theresa May et du Premier
ministre belge Charles Michel.
Au Royaume-Uni, le 11 novembre 2018, à 11 h, deux minutes de
silence sont observées à Londres en présence de la reine Élisabeth II
et du président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Photos :
- La Première ministre britannique Theresa May au cimetière militaire de Saint-Symphorien
avec le Premier ministre belge Charles Michel.
- La reine Élisabeth II et le président allemand Frank-Walter Steinmeier au cénotaphe de
Whitehall à Londres.
La mémoire de la Grande Guerre
2 - La mémoire des
"fusillés pour l’exemple"
En France, il faut attendre novembre 1998 pour que le Premier
ministre socialiste Lionel Jospin, suite à un vœu du Conseil départemen-
tal de l’Aisne, réclame la réhabilitation des 49 mutins fusillés lors de la
sanglante offensive du général Nivelle au printemps 1917 : « Certains de
ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l'avance, glissant
dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond,
refusèrent d'être des sacrifiés. Que ces soldats fusillés pour l'exemple au
nom d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égal que la dureté des
combats, réintègrent aujourd'hui notre mémoire collective nationale ».
Le gouvernement britannique, par voie législative, réhabilite en
août 2006 les 306 soldats fusillés pour désertion, mutinerie ou refus de
combattre pendant la Première Guerre mondiale.
* La notion de fusillé pour l'exemple a été explicitée en France par l'arrêt de la Cour spéciale de
justice militaire en date du 3 mars 1934 qui a acquitté les quatre caporaux de Souain et
« déchargé leurs mémoires des condamnations prononcées » : « S'il est contraire à l'idée de
justice que la répression ait été ainsi limitée, d'une façon arbitraire, aux seuls caporaux
condamnés pour une faute commise par toute une compagnie, il est matériellement établi, et
d'ailleurs, non contesté, que ces caporaux ont reçu de leur chef, l'ordre de marcher contre
l'ennemi et qu'ils ne l'ont pas exécuté. »
Images du haut extraites de films, dont Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (1957)
La mémoire de la Grande Guerre
3 - La mémoire des animaux de guerre
Les animaux sont aussi les victimes de la folie des hommes,
en particulier les animaux utilisés pour faire la guerre : chevaux,
mulets, ânes, chiens, chats, pigeons voyageurs, etc.
Selon les estimations, durant la Guerre 14-18, 11,7 millions
d’équidés ont été enrôlés, mais aussi 180 à 250.000 pigeons et 76
à 100.000 chiens. Le site Internet de l’International Fund for Ani-
mal Welfare (IFAW) fait état des massacres d’animaux lors des
différents conflits depuis la guerre 1914-18.
Images :
- Le Mémorial des animaux de guerre (Animals in War Memorial) situé à Londres,
sur Park Lane, rend hommage à tous les animaux qui ont servi et sont morts sous le
commandement britannique au cours de l‘histoire. Conçu par le sculpteur anglais David
Backhouse, il a été inauguré en nov. 2004 par la princesse royale Anne du Royaume-Uni.
Il y est inscrit « Les animaux dans la guerre. Ce monument est dédié à tous les animaux
qui ont servi et sont morts aux côtés des forces britanniques et alliées dans les guerres
et campagnes de tous les temps. »
- Une plaque commémorative au pied du monument aux morts du carré militaire du
cimetière communal de Montreuil.
- Dernier pigeon voyageur à la disposition du commandant Raynal, encerclé avec
ses hommes au fort de Vaux en 1916, Vaillant accomplira sa mission de transport de
messages et symbolisera le rôle crucial joué par les volatiles lors de la Grande Guerre.
Un film d’animation a été réalisé en son honneur.
La mémoire des animaux de guerre
Dans son Bestiaire sans oubli, Maurice Genevoix
consacre un chapitre à la de guerre. « J'ai voulu dire aussi la
passion des bêtes dans la guerre, des chats errants, des
vaches perdues et sur tous les autres, des chevaux. Du vieux
cheval gris des Éparges que j'ai sauvé, pour quelques jours, de
celui qui criait dans la nuit en avant du bois de Saint Rémi
parmi les blessés abandonnés. "Brancardier !", appelaient les
Français, et les Allemands "Hilfe ! Hilfe !", et puis cette longue
plainte hululante, pathétique comme les voix des hommes.... »
Images :
- Stubby est le chien le plus décoré de la Grande Guerre. Sa dépouille
naturalisée se trouve au Smithsonian Institution, aux États-Unis.
- Pendant la bataille de Verdun, la commune de Neuville-lès-Vaucouleurs a été
choisie par l’état major de la 2e armée pour y installer un hôpital vétérinaire destiné à
soigner les ânes blessés au cours des combats. L’œuvre d’un artiste meusien, Denis
Mellinger, honore ces ânes.
- Le livre Bestiaire sans oubli (de Maurice Genevoix
- Charrette de chevaux morts emportés à
l’équarrissage.
La mémoire de la Grande Guerre
4 - Musées et lieux de mémoire
La Première Guerre mondiale ayant été sans précédent
par le nombre des victimes et l'ampleur des destructions, les
cimetières militaires, les mémoriaux, construits sur les lieux de
combats ou non, sont devenus des lieux de mémoire en
hommage aux combattants et en souvenir des souffrances
endurées par eux.
Images :
- Historial de la Grande Guerre à Thiepval (Somme)
- Historial de la Grande Guerre à Péronne (Somme)
- Tombe du maréchal Ferdinand Joffre au Musée de l’Armée (Hôtel national des
Invalides à Paris)
- Veuve de guerre, monument aux morts de Péronne (Somme)
- Le Poilu en sentinelle et son chien guetteur, monument
aux mort de Ste Menehould (Marne)
Lieux de mémoire en France
Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) :
- Centre mondial de la paix à Verdun (Meuse)
- Ossuaire de Douaumont (Meuse)
- Ossements à Douaumont
- Mémorial de Verdun à Fleury-devant-Douaumont (Meuse)
- Musée Guerre et Paix à Novion-Porcien (Ardennes)
- Cimetière français du Chemin des Dames à Cerny-en-Laonnois (Aisne)*
- Nécropole nationale de Craonnelle (Aisne)
- Cimetière britannique de Suzanne (Somme)
- Musée du Chemin des Dames - Caverne du Dragon à Oulches-la-Vallée-
Foulon (Aisne)
* On compte aujourd'hui sur le secteur du Chemin des Dames 14 cimetières
militaires français, 9 cimetières allemands entretenus par le Volksbund Deutsche
Kriegsgräber für Sorge, 5 cimetières britanniques entretenus par la Commonwealth
Wargraves Commission, un cimetière étatsunien entretenu par l'American Battle
Mouments Commission, un cimetière italien à Soupir et un cimetière danois à Braine.
Lieux de mémoire en France
Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) :
- Tombe au Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris
- Fort de Vaux (Meuse)
- Borne kilométrique sur la Voie sacrée entre Bar-le-Duc et Verdun (Meuse)
- Musée mémorial du Linge à Orbey (Haut-Rhin)
- Cimetière de Cerny-en-Laonnois (Aisne)
- Mémorial national du Canada à Vimy (Pas-de-Calais)
- Mémorial national australien de Villers-Bretonneux à Fouilloy (Somme)*
- Nécropole nationale de Luynes (Aix-enProvence)
* 11 000 soldats australiens sont morts sur les fronts de la 1ère GM
Lieux de mémoire hors de France
Images (dans le sens contraire des aiguilles d’une montre) :
- Porte de Menin à Ypres (Belgique)
- Mémorial de la Guerre du district de Columbia à Washington (États-Unis)
- Monument au Héros inconnu, au sommet du mont Avala, au sud-est de Belgrade (Serbie)
- Cimetière français de Gallipoli (Turquie)
- Ossuaire des soldats italiens à Monte Grappa dans la région de Venise (Italie)
- Tour des Irlandais au Parc de la paix à Menen (Belgique)
- Parc mémorial de la 1ère GM à Moscou (Russie)
La mémoire de la Grande Guerre
5 - Les monuments aux morts
Images (dans le sens contraire des aiguilles d’une montre) :
- Le monument aux morts de Trévières (Calvados). Sculpté en 1920 par le sculpteur
local Edmond de Laheudrie (1861-1946), il est endommagé au cours de la Seconde Guerre
mondiale par un éclat d’obus qui arrache la partie inférieure du visage de la statue. Cette
femme, qui à l’origine représentait la victoire, est devenue symbole des Gueules cassées de
la Guerre de 1914-18.
- Monument des Crapouillots à Laffaux (Aisne). Il reprend la forme de la torpille tiré par
ce mortier de tranchée. La courbe de la torpille ressemblait au saut d'un crapaud.
- Monument aux héros de l’armée noire à Reims (Marne) et à Bamako (Mali)
- Monument des fraternisations à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
- Monument au soldats tchécoslovaques au cimetière du Père Lachaise à Paris
. - Monument National Hartmannswillerkopf 14-18 à Wattwiller (Haut-Rhin)
La mémoire de la Grande Guerre
Les monuments aux morts pacifistes
Un monument aux morts pacifiste exprime clairement une
opinion opposée à la guerre. Quelques communes élèvent des
monuments condamnant la guerre, soit par des inscriptions explicites,
soit par des thèmes sculpturaux spécifiques (pères, mères, épouses
éperdues de douleur ; enfants orphelins). De tels monuments contras-
tent avec ceux qui sont centrés sur la glorification des héros morts
pour leur patrie.
Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) :
- "La Pleureuse", monument aux morts à Termignon (Savoie)
- Monument aux morts de Rocles (Allier) : « Apprenons à supprimer la guerre »
. - Monument aux morts d’Euquerdreville (Manche) : « Que maudite soit la guerre »
- Monument aux morts de Saint-Appolinaire (Rhône) : « La guerre est le massacre de
gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui, eux, se connaissent mais ne se
massacrent pas » Paul Valéry
- le "Monument à la vie" à Lutterbach (Haut-Rhin) illustre la transformation des épées en
charrues.
- À Strümpfelbach (Allemagne) : « Nie wieder Krieg ! » (‘Plus jamais la guerre !’)
La mémoire de la Grande Guerre
Les monuments aux morts
des fusillés pour l’exemple
Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) :
- Monument aux morts de Riom (Puy-de-Dôme ) dédié « aux victimes innocentes des
Conseils de guerre ».
- Monument aux fusillés pour l’exemple à Chauny (Oise)
- Monument aux Quatre caporaux de Souain (Girard, Lechat, Lefoulon, Maupas) fusillés
pour l’exemple en mars 1915, inauguré en déc. 2007 à Suippes (Marne)
- Statue au soldat anglais Harry Farr, fusillé, à l’âge de 25 ans, pour lâcheté sur le front
de la Somme en octobre 1916.
- Monument des Fusillés à Nouvron-Vingré (Aisne)
La mémoire de la Grande Guerre
6 - Littérature
Louis Pergaud part dans l'enthousiasme pour chasser rapide-
ment « les Boches ». La durée, la dureté et l'horreur des combats le
ramènent peu à peu à son antimilitarisme d'avant la mobilisation. Il décrit
la guerre, faite de moments d’ennui et d’attente, entrecoupés de phases,
parfois courtes, de combats, de fureur et de violence. Au fil de sa
correspondance, on sent monter du respect pour les soldats allemands.
Images :
- Louis Pergaud (1882-1915), auteur de De Goupil à Margot, et de La Guerre des boutons,
est un instituteur socialiste, anticlérical et antimilitariste. En août 1914, il est mobilisé dans l'armée
française comme sergent au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur
le front ouest pendant l'invasion allemande.
- D’août 1914 à avril 1915, il tient un Carnet de guerre, Le 6 avril 1915, son régiment lance
près de Verdun une attaque contre les lignes allemandes à l'issue de laquelle il est porté disparu.
Des soldats célèbres, Charles Péguy, Alain-Fournier, Louis
Pergaud, Guillaume Apollinaire, Georges Bernanos, Louis-Ferdinand
Céline, Blaise Cendrars, Georges Duhamel, Roland Dorgelès, Maurice
Genevoix, Erich Maria Remarque, ont en commun d'être
écrivain en 1914 ou de le devenir après leur expérience
du front.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
La bénédiction du patriotisme par Dieu selon Charles Péguy
s'inscrit dans le courant de pensée majoritaire des années d'avant-guerre
qui, après les années d'abattement dues à la défaite de 1870, attendait et
espérait une revanche :
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. (…)
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu (…)
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. »
Alain-Fournier sur le front écrit à sa sœur Isabelle « Je sens
profondément qu’on sera vainqueurs. ». Jacques Rivière, son futur beau-
frère, écrira après la guerre : « Tout le monde ne sait peut-être pas qu’il
est assez dur de s’avancer tout vivant, au comble de sa force, entre les
bras de la mort. »
Photos :
- Charles Péguy (1873-1914), après avoir été militant socialiste libertaire, anticlérical puis
dreyfusard au cours de ses études, se rapproche à partir de 1908 du catholicisme. Le 5 septembre
1914, premier jour de la première bataille de l'Ourcq, il est tué d'une balle au front, alors qu'il
exhorte sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi.
- Alain-Fournier (1886-1914), dont l'œuvre la plus marquante et célèbre est Le Grand
Meaulnes (1913), meurt au combat dans la Meuse le 22 septembre 1914, à l’âge de 27 ans.
Pendant 77 ans, jusqu’en 1991, son corps restera introuvable, avant qu'on ne le déterre d'une fosse
commune où l'avaient jeté les Allemands.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Maurice Genevoix
L’œuvre de Maurice Genevoix est marquée par le traumatisme de la
Grande Guerre, particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de
guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands
témoignages sur ce conflit.
« Quand la fumée noire eu disparu toute, un buste se révéla
qu’enveloppaient des loques sanglantes et qui pendait, accroché aux
branches d’un sapin. Par terre, un blessé gisait près des jambes de son
camarade, et il appelait en se tordant les bras. »
« Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui
étions auprès d'eux, pour qui nous nous battrons demain, nous qui
mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous,
forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions
des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir. »
Images :
- Maurice Genevoix (1890-1980), lieutenant, est grièvement blessé dans les combats de la
Meuse en avril 1915. Il est soigné durant 7 mois et perd l’usage de sa main gauche. Sur décision
du président Macron, son cercueil entre au Panthéon le 11 novembre 2020.
- Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus
chez Flammarion, et rassemblés par la suite sous le titre Ceux de 14, est un document précieux
sur la vie des ‘poilus’. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant
pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des
paniques.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Guillaume Apollinaire
« Nous irons tout à l’heure à notre batterie.
En ce moment je suis parmi l’infanterie.
Il siffle des obus dans le ciel gris du nord,
Personne cependant n’envisage la mort. (…)
Cette boue est atroce aux chemins détrempés.
Les yeux des fantassins ont des lueurs navrantes.
Nous n’irons plus aux bois, les lauriers sont coupés,
Les amants vont mourir et mentent les amantes.»
« Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour, ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur.»
« Je sens maintenant toute l’horreur secrète de cette guerre sans
stratégie, mais dont les stratagèmes sont atroces. »
Images :
- Le poète et écrivain Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, sujet polonais de l’empire russe, né à
Rome en 1880, sera naturalisé français en 1916. Engagé dans l’armée française en déc. 1914, il est
affecté à l’artillerie. Il reçoit un éclat d’obus à la tempe en mars 1916 et il est trépané. Il meurt de la
grippe espagnole à 38 ans le 9 nov. 1918, deux jours avant l’armistice
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Jean Giono
Paru en 1937, Refus d'obéissance rassemble deux textes distincts.
Le premier, Je ne peux pas oublier, publié trois ans plus tôt dans la
revue Europe, est une sorte de manifeste pour la paix dans lequel Giono
évoque l’atrocité de ce qu’il a vécu dans les tranchées durant la Première
Guerre mondiale qui ne cesse de le hanter, et son refus d’obéir à un ordre
de mobilisation.
Le second texte intitulé Chapitres inédits du Grand Troupeau décrit
dans une langue bouleversante de réalisme la vie, l'attente et surtout la peur
des soldats de la Grande Guerre.
« Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs
et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre
ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la
marque. »
Image :
- Jean Giono (1895-1970), écrivain et cinéaste. Ses œuvres, souvent ancrées dans le monde
paysan provençal, abordent des questions universelles sur la condition humaine. En janvier 1915, il
participe aux batailles les plus terribles de la guerre (Artois, Champagne, Verdun, la Somme, le
Chemin-des-Dames) et en ressort traumatisé. Son meilleur ami et nombre de ses camarades sont
tués à ses côtés. En 1916, il voit sa compagnie décimée, et il est commotionné par l'explosion d'un
obus tout proche. Plus tard, en 1918, au cours de la bataille du mont Kemmel, en Belgique, il n'est
que « légèrement » gazé. Il reste choqué par l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie,
l'atrocité de ce qu'il a vécu dans cet enfer, et devient un pacifiste convaincu.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Georges Bernanos
« L’État, qui nous arme, nous habille et nous nourrit, prend aussi
notre conscience. Défense de juger, défense même de comprendre !
Et vos théologiens approuvent, comme de juste. (…) Allons donc ! Le
pauvre diable qui bouscule sa bonne amie sur la mousse, un soir de
printemps, est tenu par vous en état de péché mortel, et le tueur de
villes, alors que les gosses qu’il vient d’empoisonner achèveront de
vomir leurs poumons dans le giron de leur mère, n’aura qu’à changer
de culotte et ira donner le pain bénit ! Farceurs que vous êtes ! »
Images :
- Georges Bernanos (1888-1948), participe à la Première Guerre mondiale dans les
tranchées (comme brigadier à la fin de la guerre) et y est plusieurs fois blessé. Catholique
fervent, monarchiste passionné, il rompt ensuite avec Maurras et ‘l’Action Française’ en 1932.
Il fustige un patriotisme perverti qui humilie l'ennemi allemand dans la défaite, s’engage contre
la dictature de Franco en Espagne. Dans Les grands cimetières sous la lune (1938), il fulmine
une colère flamboyante contre les évêques franquistes bénisseurs de canons. Installé au
Brésil, il soutient ‘la France Libre’ en 1940. Il est écoeuré par l’épuration. Dans les dernières
années de sa vie, il dénonce l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques
effrénés qu'il ne pourra maîtriser et s’insurge contre l’arme nucléaire.
- L’extrait ci-dessus est tiré du Journal d’un curé de campagne. Un légionnaire, dans
un dialogue avec un curé de campagne, interroge les religions sur ce qu’elles considèrent
comme grave et sur ce qu’elles considèrent comme normal.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Louis-Ferdinand Céline
L’expérience centrale dans la vie de Céline est le traumatisme
physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ».
L'expérience de la guerre joue un rôle décisif dans la formation de son
pacifisme et de son pessimisme.
« Le colonel (…) avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc
par l'explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le
messager, fini lui aussi. Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment
et pour toujours. Mais le cavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouver-
ture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous
comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre
ouvert, il en faisait une sale grimace. (…) Toutes ces viandes saignaient
énormément ensemble. »
« Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de
crever, soit par l'indifférence absolue de vos semblables en temps de
paix, ou par la passion homicide des mêmes la guerre venue. »
Images :
- Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline (1894-1961).De milieu très modeste, il connait la
guerre, la mobilisation, le combat, une blessure au bras, est déclaré inapte au combat. Il est
écrivain, médecin et visiteur médical. Antisémite, collaborateur du régime de Vichy et des nazis
pendant la 2ème Guerre mondiale, il s’enfuit au Danemark à la Libération, et il est amnistié en 1951.
- Son roman Voyage au bout de la nuit (1932), plus qu'une critique de la guerre et du
colonialisme, est une vision désespérée et nihiliste du monde.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Blaise Cendrars
« Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir
dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz,
les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systéma-
tique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil
pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à
coups de couteau. Sans merci, je saute sur mon antagoniste. Je lui
porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche.
J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier.
J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui
veut vivre. »
Images :
- Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars (1887-1961), écrivain suisse et français. Dès le
début de la guerre de 1914-1918, il s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française
avant d'être versé dans la Légion étrangère. Gravement blessé le 28 septembre 1915, il est
amputé du bras droit et réformé. Il est naturalisé français en 1916, à la suite de son engage-
ment à la guerre. Il travaille dans l'édition, devient reporter puis correspondant de guerre dans
l’armée anglaise. De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion
française.
- J'ai tué est un bref récit de Blaise Cendrars publié en 1918. Il écrira par la suite de
nombreux textes sur la Grande Guerre, dont le plus connu est La Main coupée, paru en 1946.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Henri Barbusse
« À un point de l’horizon, puis à un autre, tout autour de nous, le
canon tonne, et son lourd fracas se mêle aux rafales d’une fusillade qui
tantôt redouble et tantôt s’éteint, et aux grappes de coups de grenades,
plus sonores que les claquements du Lebel et du Mauser. »
« Un Feldwebel est assis, appuyé aux planches déchirées qui
formaient, là où nous mettons le pied, une guérite de guetteur. Un petit
trou sous l'œil : un coup de baïonnette l'a cloué aux planches par la
figure. Devant lui, assis aussi, les coudes sur les genoux, les poings au
cou, un homme a tout le dessus du crâne enlevé comme un œuf à la
coque… À côté d'eux, veilleur épouvantable, la moitié d'un homme,
coupé, tranché en deux depuis le crâne jusqu'au bassin, est appuyé,
droit, sur la paroi de terre. On ne sait pas où est l'autre moitié de cette
sorte de piquet humain dont l'œil pend en haut, dont les entrailles bleu-
âtres tournent en spirale autour de la jambe. »
Images :
- Henri Barbusse (1973-1935) écrivain, homme politique, scénariste et journaliste.
Résolument pacifiste, il fonde ‘l’Association républicaine des anciens combattants’ (ARAC) en
1917 et adhère au Parti communiste en 1923. Il devient directeur littéraire de l'Humanité en 1926.
Il fonde la revue hedomadaire littéraire et artistique Monde en 1928.
- Engagé volontaire en 1914, à 41 ans, il raconte son expérience personnelle du front et
des tranchées de décembre 1914 à 1916. Le Feu, Journal d’une escouade, 1916 parait sous
forme de feuilleton dans le quotidien L’Œuvre puis aux éditions Flammarion
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Lucien Jacques
« Le noyé qui gît là dans l’herbe de la berge,
n’ayant plus rien d’humain qu’une main non rongée
où luit un anneau d’or,
poussé du pied par vous avec haine et dégoût
ainsi que la charogne d’une bête mauvaise,
parce qu’il est vêtu d’un dolman ennemi
était pourtant un homme, un homme, un tout jeune homme
nourri d’air, de soleil, d’amour, tout comme vous.
Peut-être que chez lui vivait sa douce mère,
sûrement son épouse, peut-être des enfants !
Songez, quelle agonie angoissée loin des siens
il dut avoir, blessé, dans l’ombre de la nuit
et l’eau froide et profonde.
Qu’une pensée humaine au moins soit son linceul ! »
Images :
- Lucien Jacques (1891-1961), poète, éditeur, peintre, dessinateur, graveur et
danseur. Appelé à la guerre, il est versé dans la section musique d’un régiment d'infanterie,
puis devient brancardier. Blessé plusieurs fois, il en ressortira profondément pacifiste.
Grand ami de Jean Giono.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Georges Duhamel
En 4 ans, près de 5 millions de blessés affluent dans les servi-
ces de santé, à l'arrière-front. Le médecin Georges Duhamel vit avec
eux « l'envers de l'enfer ». Il décide d'oeuvrer à la mémoire de ces
hommes confrontés à la douleur, à la terreur de l'amputation, à l'agonie,
mais que touchent aussi des moments de grâce.
« Le choeur des suppliciés s'élevait par bourrasques et nous ne
pensions plus a nos rêveries, mais seulement a la pressante réalité.
Nous allions de lit en lit, apprenant à connaitre chacun de ces malheu-
reux, la douleur de chacun, la façon de souffrir de chacun, le désespoir
de chacun. »
« Un obus était tombé au coin du bâtiment, enfonçant les fenê-
tres de trois salles, projetant des pierres en tous sens et criblant
d'éclats énormes les plafonds et les murailles. Les blessés gémissaient
dans les flots d'une fumée âcre. Ils étaient couchés si près du sol qu'ils
n'avaient reçu que des plâtras et des éclats de verre; mais la commo-
tion fut telle qu'ils moururent presque tous dans l'heure qui suivit. »
Images :
- Georges Duhamel (1884-1966), médecin, écrivain et poète. À partir de 1914, il occupe
pendant quatre ans les fonctions de médecin aide-major dans des situations souvent très
exposées. Il décide de raconter les épreuves que subissent les blessés, et se rend célèbre par
l’écriture de Civilisation (1918), puis de la Chronique des Pasquier.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Roland Dorgelès
« Dans la fumée, des blessés se sauvaient. Fouillard était couché
devant moi, la tête dans une flaque rouge, et son dos s'agitait convul-
sivement comme s'il avait sangloté. C'était son sang qu'il pleurait. »
« Épuisés, haletants, nous ne courions plus. Une route coupait
les ruines et une mitrailleuse invisible la criblait, soulevant un petit
nuage à ras de terre. "Tous dans le boyau !" cria un adjudant. Sans
regarder, on y sauta. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût sur-
humain me rejeta en arrière, épouvanté. C'était un entassement infâme,
une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d'autres déjà noirs,
dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie ; tout un amas
de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les
pieds et les genoux complètement retournés et, pour les veiller tous, un
seul mort resté débout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans
tête. »
Images :
- Roland Dorgelès ( 1885-1973), engagé volontaire, combat en Argonne puis à labataille
d'Artois. Il devient élève pilote, est nommé caporal.
- En 1919, il publie le roman qui le rend célèbre, Les Croix de bois, inspiré de son
expérience de la guerre.
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Jean Guéhenno
Dans Journal d'un homme de 40 ans (1934), Jean Guéhenno
aborde notamment son ressenti de la Première Guerre mondiale et de la
naissance, dans le sang de ce conflit, de la conscience européenne.
Il ose « dire la seule chose qu'on n'ose jamais dire, parce qu'elle fait
crier d'horreur les mères, les épouses, les enfants, les amis... Je dirai
donc que cette mort innombrable fut inutile. Je dirai donc que j'ai
conscience que mes amis sont morts pour rien. Douze millions de morts
pour rien ». Il évoque le Traité de Versailles comme un accord entre
dirigeants qui ne fait pas la part aux aspirations des peuples, durement
éprouvés. Il plaint le soldat inconnu, pauvre bougre sur qui on rend
désormais n'importe quel serment, justifiant parfois les pires initiatives.
En 1968, dans La Mort des autres, il parle encore de 14-18 comme
de « cette grande erreur où nous avons gaspillé notre jeunesse et perdu
nos amis ».
Image :
- Jean Guéhenno (1890-1978), professeur, intellectuel engagé, écrivain et académicien. La
guerre interrompt sa carrière universitaire : il est mobilisé comme officier. Le 15 mars 1915, il est
blessé grièvement d'une balle en plein front à Ypres, en Belgique. Cependant, il refuse d’être
réformé et travaille à la censure postale de Lyon, puis dans un centre de rééducation d'officiers et
de soldats devenus aveugles, à Tours.
À la demande de Romain Rolland, il dirige la revue Europe, de 1929 à 1936.
Il écrit en juin 1940, dans son Journal des années noires, « Je ne croirai jamais que les
hommes soient faits pour la guerre. Mais je sais aussi qu'ils ne sont pas faits non plus pour la
servitude ».
La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature
Erich Maria Remarque
« Je suis jeune, j'ai vingt ans : mais je ne connais de la vie que le
désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'existence la plus
superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que
les peuples sont poussés l'un comme l'autre et se tuent sans rien dire,
sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les
cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des
armes pour que tout cela se fasse d'une manière raffinée et dure encore
plus longtemps. [...] Que feront nos pères si, un jour, nous nous levons
et nous présentons devant eux pour leur demander des comptes ? »
« On ne peut pas comprendre que, sur des corps si mutilés, il y ait
encore des visages humain, dans lesquels la vie suit son cours quoti-
dien. (...) Seul l'hôpital montre bien ce qu'est la guerre. »
Images :
- Erich Maria Remarque (1898-1970). Il est incorporé dans l'armée en 1916 et envoyé sur
le front de l'Ouest en juin 1917, où il est blessé dès la fin juillet par des éclats de grenade, au
cou et aux membres. À la fin de la guerre, en 1918, il se retrouve à l'hôpital militaire de
Duisbourg. Dans l'Allemagne nazie, ses livres sont interdits et publiquement brûlés en 1933. En
1938, il est déchu de la nationalité allemande. En 1939, il émigre aux États-Unis, où il obtient la
citoyenneté étatsunienne. En 1948, il retourne en Suisse.
- Son livre À l'Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts Neues), un roman pacifiste sur la
Première Guerre mondiale, connait, dès sa parution en 1929, un succès mondial retentissant et
reste un ouvrage phare sur le premier conflit mondial.
La mémoire de la Grande Guerre
7 - Chansons et spectacles
Lancées par des artistes vedettes de l'époque ou par des soldats
sur le front, des chansons et mélodies rythment les 4 années de conflit,
servant d'exutoire face à l'horreur et d'efficace moyen d'expression.
25.000 chansons seront censurées pour cause d'antimilitarisme.
Sur le meurtrier plateau de Craonne, en 1917, les soldats sont
exténués et se rebellent contre les offensives sur le chemin des
Dames. L'effroi devant les centaines de morts quotidiennes leur inspire,
sur la mélodie d'un tube d'avant-guerre, des paroles désespérées.
« Adieu la vie, adieu l'amour, (...) C'est à Craonne, sur le plateau, Qu'on
doit laisser sa peau, Car nous sommes tous condamnés, C'est nous les
sacrifiés !» Le commandement militaire offre en vain une prime et la
démobilisation à qui dénoncera l'auteur de ce brûlot.
Images
- La Madelon, qui met en scène une serveuse peu farouche, a enflammé bien des nuits
des Poilus, après que Charles-Joseph Pasquier dit Bach (1882-1953), un comique fameux, l'a
chantée au front en 1916. Regrettant l'épouse patiente mais lointaine, les troupiers se consolent
comme ils peuvent: « Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour ».
- Ma P'tite Mimi est une conversation lascive d'un militaire avec sa mitraillette. Le Pinard
(le vin), fondamental pour survivre, «fait du bien par où ce que ça passe». La Roulante, écrite
par Lucien Boyer, un fameux guoguettier de Montmartre, déchaîne l'ironie des soldats en 1917.
Il décrit avec mordant la cantine ambulante: « Les nouveaux riches dînent chez Paillard, les
profiteurs y-z-ont un bar, mais le Poilu lui se sustente à la roulante.»
Chansons
Georges Brassens
Depuis que l'homme écrit l'Histoire
Depuis qu'il bataille à cœur joie
Entre mille et une guerr' notoires
Si j'étais t'nu de faire un choix
À l'encontre du vieil Homère
Je déclarerais tout de suite :
"Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !"
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis
Que je m'soucie comm' d'un‘ cerise
De celle de soixante-dix?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'a pas tout à fait déçu
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus.
Mais à mon sens, elle ne vaut guère
Guèr' plus qu'un premier accessit
Moi, mon colon, celle que j' préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Mon but n'est pas de chercher noise
Aux guérillas, non, fichtre, non
Guerres saintes, guerres sournoises
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire
Chacune a son petit mérite
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Images :
- Georges Brassens (1921-1981), auteur-compositeur-interprète, ici avec le casque et le masque à gaz du ‘Poilu’ .
- Brassens écrit la Guerre de 14-18 en 1962, à la fin du conflit algérien. Il se méfie de l’armée, des gouverne-
ments, des Églises et de tout ce qui peut limiter la liberté individuelle. Les guerres sont pour lui la manifestation de la
violence légalisée des gouvernements animés par le nationalisme.
Chansons
Jacques Brel
Images :
- Jacques Brel (1929-1978), auteur-compositeur-interprète, poète, acteur et réalisateur belge.
- La chanson Jaurès est enregistrée en septembre 1977. Brel rend un vibrant hommage au dirigeant socialiste,
combattant inlassable pour la justice sociale et la paix.
Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelques sabreurs
Qui exigeaient du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux, oui notre bon maître
Couverts de prêles, oui notre Monsieur
Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes ?
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? (…)
Chansons
Michel Sardou
Images :
- Michel Sardou, né en 1947, chanteur et comédien, directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris.
- Son album Verdun parait en 1979. « Un jour j’ai pris une route qui s’appelle la Voie Sacrée, j’ai vu un grand
panneau qui indiquait ‘Champ de bataille’, alors je me suis arrêté, j’ai regardé ce champ de bataille, ça m’a paru tout
petit. J’avais l’impression que le diable s’était trompé de rendez-vous, que ce n’était pas là que ça devait se passer. »
L’hommage d’une France n’ayant pas connu les horreurs de la guerre à ceux qui y ont laissé leur vie.
Pour ceux qu'on n'a pas revus,
Verdun, n'est plus rien.
Pour ceux qui sont revenus,
Verdun, n'est pas loin.
C'est un champ brûlé tout petit,
Entre Monfaucon et Charny,
C'est à côté.
C'est une sortie dans le nord-est,
Sur l'autoroute de Reims à Metz.
On y va par la voie sacrée.
Finalement, Verdun,
C'est un vieillard rusé.
J'ai une tendresse particulière
Pour cette première des dernières guerres,
Dépassée.
La mémoire de la Grande Guerre
Spectacles
Des spectacles aujourd’hui encore
célèbrent les ‘Poilus’, les soldats qui
fraternisaient et les fusillés pour
l’exemple. Ainsi celui d’Hervé Magnin
auteur du livret d’alexandrins et du
spectacle théâtral et musical Liberté,
Égalité, Fraternisons !
Images
- Hervé Magnin, ex-formateur et consultant,
musicien, comédien, plasticien, réalisateur de
documentaires (Arménie, Israël-Palestine, etc.)
- Le spectacle Liberté, Égalité, Fraternisons !
Nous voulions de la baston, on a été servis ;
On est montés au front en y laissant nos vies.
En tombant par milliers et bientôt par millions
Admettant sans plier la dure loi du talion.
Dent pour dent, œil pour œil, les survivants seront
Édentés et aveugles. Finis les fanfarons !
Aveugles nous l’étions bien avant les combats,
Évitant la question : Mais qu’est-ce qu’on foutait là ?
Baïonnette au fusil, nous allons au casse-pipe
Ce combat sans merci, beaucoup y laissent leurs tripes.
Qui sont les salopards que je dois conspuer ?
Cent mètres nous séparent de ceux qu’il faut tuer
Cent mètres nous séparent de ceux qui veulent qu’on meure
Me revient en mémoire Rimbaud et son dormeur.
Entre nos deux tranchées, nos deux armées rivales,
Le terrain est jonché de mille dormeurs du val.
La mémoire de la Grande Guerre
8 - Peinture et dessin
Pendant et après le conflit, de nombreux artistes
(peintres, photographes, dessinateurs) représentent la guerre, ses
ravages, la mort et la misère quotidienne des soldats et de la
population civile.
Images :
- La partie de cartes est une huile sur toile de Fernand Léger (1881-1855) peinte en
1917. Œuvre cubiste, elle montre une partie de cartes entre des soldats français de la
Grande Guerre, qui ont plus l'air de robots que d'êtres humains.
- La guerre, par Marcel Gromaire (1892-1971), peintre, graveur, décorateur, illustra-
teur et cartonnier. Avec des moyens plastiques proches du cubisme, il symbolise la lutte
armée à l’échelle industrielle accomplie par des hommes-robots.
- Bataillon d’assaut à l’attaque sous les gaz (1924) par le peintre allemand Otto
Dix (1891-1969)
- Le tableau Flandern (‘Flandres’) est la dernière toile d’Otto Dix consacrée à la
Grande Guerre.
La mémoire de la Grande Guerre
Peinture
Images ( dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) :
- André Masson (1896-1987) est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur
de théâtre. Mobilisé en 1914, à l'âge de 18 ans, il est blessé trois fois lors de l'offen-
sive du Chemin des Dames. Ses dessins et pastels décrivent sa vision de la guerre,
où l'horreur est intimement liée à la sexualité. Il participe au mouvement surréaliste
durant les années 1920. Ici, son Autoportrait.
- Massacre, par André Masson
- Huile sur toile de Lucien Jacques (1891-1961)
- Explosion d’obus, par Christopher Nevinson (1889-1946), peintre britan-
nique. Pour exprimer la déshumanisation et la violence de la guerre, il brise les
lignes, délaisse le détail, pour faire éclater les couleurs.
- The War (La Guerre) par Gino Severini, peintre italien (1883-1966)
- Canon en action, par Gino Severini
La mémoire de la Grande Guerre
Dessin
Images ( dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) :
- Au front, par Georges Barrière (1881-1944)
- Soir d’attaque en Champagne, par Georges Barrière
- La patrouille, par Georges Barrière
- Tombes de camarades, par Jean Lefort (1875-1954)
- La marche, par Jean Lefort
- Le salut aux morts, par Mathurin Méheut (1882-1958)
. - La partie de cartes, par Mathurin Méheut
- Soldat dans la tranchée, par Mathurin Méheut
La mémoire de la Grande Guerre
9 - Sculpture
Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) :
- Sculpture « Ils n'ont pas choisi leur sépulture », par Haïm Kern (1930-2024),
dessinateur, peintre, graveur et sculpteur français d'origine allemande, à Craonne,
en hommage aux soldats tombés au Chemin des Dames.
- Monument du 7e Régiment, statue dans Central Park à New-York, par Karl
Illava (1888-1954)
- Poilu, par Mathieu Brulant, sculpteur français contemporain
- Le Poilu victorieux, par Eugène Bénet (1863-1942), réalisée en 1920.
Dupliquée par la fonderie Antoine Durenne, elle orne environ 900 monuments aux
morts à travers la France.
- Les Fantômes, par Paul Landowski (Oulchy-le-Château (Aisne)
- Sculpture Les deux casques, par Patrice Alexandre, peintre et sculpteur
français né en 1951.
La mémoire de la Grande Guerre
10 - Livres
Des centaines de livres, récits et témoignages ont été
écrits sur la Grande Guerre, par exemple…
La mémoire de la Grande Guerre
Livres
etc.
La mémoire de la Grande Guerre
11 - Revues
etc.
La mémoire de la Grande Guerre
12 - Bandes dessinées
etc.
La mémoire de la Grande Guerre
13 - Jeux
etc.
La mémoire de la Grande Guerre
14 - Films
La mémoire de la Grande Guerre
Films
etc.
La mémoire de la Grande Guerre
15 - Documentaires
■
etc.

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Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : La mémoire de la Première Guerre mondiale

  • 1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 12 – La mémoire des guerres 12 h - 2 La mémoire de la Première Guerre mondiale (1914-1918) Étienne Godinot 23.04.2024
  • 2. La mémoire de la Grande Guerre Sommaire 1 - Commémorations 2 - La mémoire des "fusillés pour l’exemple" 3 - La mémoire des animaux de guerre 4 - Musées et lieux de mémoire 5 - Monuments aux morts 6 - Littérature 7 - Chansons et spectacles 8 - Peinture et dessin 9 - Sculpture 10 - Livres 11 - Revues 12 - Bandes dessinées 13 - Jeux 14 - Films 15 - Documentaires
  • 3. La mémoire de la Grande Guerre 1 - Commémorations En novembre 2018, pour le centième anniversaire de la fin de la Grande guerre, ont lieu de nombreuses cérémonies commé- moratives à travers le monde : En France, le 10 novembre dans l’après-midi, Emmanuel Macron et Angela Merkel participent, à une cérémonie dans la clairière de l‘armistice à Rethondes. Le 10 novembre au soir, le musée d'Orsay accueille un dîner offert à une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement ; Le 11 nov. 2018, 84 chefs d’États, de gouvernements et d'organisations internationales se réunissent à l‘Arc de Triomphe de l'Étoile à Paris. Dans l'après-midi a lieu le Forum de Paris sur la paix à la grande halle de la Villette. Images des commémorations en 2018 : - Emmanuel Macron et Angela Merkel dans le wagon de l’armistice à Rethondes. - La réception au musée d'Orsay - La cérémonie à l’Arc de Triomphe - Le Forum de Paris sur la paix à la grande halle de la Villette.
  • 4. Les commémorations de 2018 En Belgique, des cérémonies ont lieu à Ypres, à Bruxelles (en présence du roi Philippe) et à Mons. Une cérémonie de recueillement a eu lieu au cimetière du Commonwealth de Saint-Symphorien où sont enterrés le premier et le dernier soldats morts du Commonwealth, en présence du premier ministre britannique, Theresa May et du Premier ministre belge Charles Michel. Au Royaume-Uni, le 11 novembre 2018, à 11 h, deux minutes de silence sont observées à Londres en présence de la reine Élisabeth II et du président allemand Frank-Walter Steinmeier. Photos : - La Première ministre britannique Theresa May au cimetière militaire de Saint-Symphorien avec le Premier ministre belge Charles Michel. - La reine Élisabeth II et le président allemand Frank-Walter Steinmeier au cénotaphe de Whitehall à Londres.
  • 5. La mémoire de la Grande Guerre 2 - La mémoire des "fusillés pour l’exemple" En France, il faut attendre novembre 1998 pour que le Premier ministre socialiste Lionel Jospin, suite à un vœu du Conseil départemen- tal de l’Aisne, réclame la réhabilitation des 49 mutins fusillés lors de la sanglante offensive du général Nivelle au printemps 1917 : « Certains de ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l'avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d'être des sacrifiés. Que ces soldats fusillés pour l'exemple au nom d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égal que la dureté des combats, réintègrent aujourd'hui notre mémoire collective nationale ». Le gouvernement britannique, par voie législative, réhabilite en août 2006 les 306 soldats fusillés pour désertion, mutinerie ou refus de combattre pendant la Première Guerre mondiale. * La notion de fusillé pour l'exemple a été explicitée en France par l'arrêt de la Cour spéciale de justice militaire en date du 3 mars 1934 qui a acquitté les quatre caporaux de Souain et « déchargé leurs mémoires des condamnations prononcées » : « S'il est contraire à l'idée de justice que la répression ait été ainsi limitée, d'une façon arbitraire, aux seuls caporaux condamnés pour une faute commise par toute une compagnie, il est matériellement établi, et d'ailleurs, non contesté, que ces caporaux ont reçu de leur chef, l'ordre de marcher contre l'ennemi et qu'ils ne l'ont pas exécuté. » Images du haut extraites de films, dont Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (1957)
  • 6. La mémoire de la Grande Guerre 3 - La mémoire des animaux de guerre Les animaux sont aussi les victimes de la folie des hommes, en particulier les animaux utilisés pour faire la guerre : chevaux, mulets, ânes, chiens, chats, pigeons voyageurs, etc. Selon les estimations, durant la Guerre 14-18, 11,7 millions d’équidés ont été enrôlés, mais aussi 180 à 250.000 pigeons et 76 à 100.000 chiens. Le site Internet de l’International Fund for Ani- mal Welfare (IFAW) fait état des massacres d’animaux lors des différents conflits depuis la guerre 1914-18. Images : - Le Mémorial des animaux de guerre (Animals in War Memorial) situé à Londres, sur Park Lane, rend hommage à tous les animaux qui ont servi et sont morts sous le commandement britannique au cours de l‘histoire. Conçu par le sculpteur anglais David Backhouse, il a été inauguré en nov. 2004 par la princesse royale Anne du Royaume-Uni. Il y est inscrit « Les animaux dans la guerre. Ce monument est dédié à tous les animaux qui ont servi et sont morts aux côtés des forces britanniques et alliées dans les guerres et campagnes de tous les temps. » - Une plaque commémorative au pied du monument aux morts du carré militaire du cimetière communal de Montreuil. - Dernier pigeon voyageur à la disposition du commandant Raynal, encerclé avec ses hommes au fort de Vaux en 1916, Vaillant accomplira sa mission de transport de messages et symbolisera le rôle crucial joué par les volatiles lors de la Grande Guerre. Un film d’animation a été réalisé en son honneur.
  • 7. La mémoire des animaux de guerre Dans son Bestiaire sans oubli, Maurice Genevoix consacre un chapitre à la de guerre. « J'ai voulu dire aussi la passion des bêtes dans la guerre, des chats errants, des vaches perdues et sur tous les autres, des chevaux. Du vieux cheval gris des Éparges que j'ai sauvé, pour quelques jours, de celui qui criait dans la nuit en avant du bois de Saint Rémi parmi les blessés abandonnés. "Brancardier !", appelaient les Français, et les Allemands "Hilfe ! Hilfe !", et puis cette longue plainte hululante, pathétique comme les voix des hommes.... » Images : - Stubby est le chien le plus décoré de la Grande Guerre. Sa dépouille naturalisée se trouve au Smithsonian Institution, aux États-Unis. - Pendant la bataille de Verdun, la commune de Neuville-lès-Vaucouleurs a été choisie par l’état major de la 2e armée pour y installer un hôpital vétérinaire destiné à soigner les ânes blessés au cours des combats. L’œuvre d’un artiste meusien, Denis Mellinger, honore ces ânes. - Le livre Bestiaire sans oubli (de Maurice Genevoix - Charrette de chevaux morts emportés à l’équarrissage.
  • 8. La mémoire de la Grande Guerre 4 - Musées et lieux de mémoire La Première Guerre mondiale ayant été sans précédent par le nombre des victimes et l'ampleur des destructions, les cimetières militaires, les mémoriaux, construits sur les lieux de combats ou non, sont devenus des lieux de mémoire en hommage aux combattants et en souvenir des souffrances endurées par eux. Images : - Historial de la Grande Guerre à Thiepval (Somme) - Historial de la Grande Guerre à Péronne (Somme) - Tombe du maréchal Ferdinand Joffre au Musée de l’Armée (Hôtel national des Invalides à Paris) - Veuve de guerre, monument aux morts de Péronne (Somme) - Le Poilu en sentinelle et son chien guetteur, monument aux mort de Ste Menehould (Marne)
  • 9. Lieux de mémoire en France Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) : - Centre mondial de la paix à Verdun (Meuse) - Ossuaire de Douaumont (Meuse) - Ossements à Douaumont - Mémorial de Verdun à Fleury-devant-Douaumont (Meuse) - Musée Guerre et Paix à Novion-Porcien (Ardennes) - Cimetière français du Chemin des Dames à Cerny-en-Laonnois (Aisne)* - Nécropole nationale de Craonnelle (Aisne) - Cimetière britannique de Suzanne (Somme) - Musée du Chemin des Dames - Caverne du Dragon à Oulches-la-Vallée- Foulon (Aisne) * On compte aujourd'hui sur le secteur du Chemin des Dames 14 cimetières militaires français, 9 cimetières allemands entretenus par le Volksbund Deutsche Kriegsgräber für Sorge, 5 cimetières britanniques entretenus par la Commonwealth Wargraves Commission, un cimetière étatsunien entretenu par l'American Battle Mouments Commission, un cimetière italien à Soupir et un cimetière danois à Braine.
  • 10. Lieux de mémoire en France Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) : - Tombe au Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris - Fort de Vaux (Meuse) - Borne kilométrique sur la Voie sacrée entre Bar-le-Duc et Verdun (Meuse) - Musée mémorial du Linge à Orbey (Haut-Rhin) - Cimetière de Cerny-en-Laonnois (Aisne) - Mémorial national du Canada à Vimy (Pas-de-Calais) - Mémorial national australien de Villers-Bretonneux à Fouilloy (Somme)* - Nécropole nationale de Luynes (Aix-enProvence) * 11 000 soldats australiens sont morts sur les fronts de la 1ère GM
  • 11. Lieux de mémoire hors de France Images (dans le sens contraire des aiguilles d’une montre) : - Porte de Menin à Ypres (Belgique) - Mémorial de la Guerre du district de Columbia à Washington (États-Unis) - Monument au Héros inconnu, au sommet du mont Avala, au sud-est de Belgrade (Serbie) - Cimetière français de Gallipoli (Turquie) - Ossuaire des soldats italiens à Monte Grappa dans la région de Venise (Italie) - Tour des Irlandais au Parc de la paix à Menen (Belgique) - Parc mémorial de la 1ère GM à Moscou (Russie)
  • 12. La mémoire de la Grande Guerre 5 - Les monuments aux morts Images (dans le sens contraire des aiguilles d’une montre) : - Le monument aux morts de Trévières (Calvados). Sculpté en 1920 par le sculpteur local Edmond de Laheudrie (1861-1946), il est endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale par un éclat d’obus qui arrache la partie inférieure du visage de la statue. Cette femme, qui à l’origine représentait la victoire, est devenue symbole des Gueules cassées de la Guerre de 1914-18. - Monument des Crapouillots à Laffaux (Aisne). Il reprend la forme de la torpille tiré par ce mortier de tranchée. La courbe de la torpille ressemblait au saut d'un crapaud. - Monument aux héros de l’armée noire à Reims (Marne) et à Bamako (Mali) - Monument des fraternisations à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) - Monument au soldats tchécoslovaques au cimetière du Père Lachaise à Paris . - Monument National Hartmannswillerkopf 14-18 à Wattwiller (Haut-Rhin)
  • 13. La mémoire de la Grande Guerre Les monuments aux morts pacifistes Un monument aux morts pacifiste exprime clairement une opinion opposée à la guerre. Quelques communes élèvent des monuments condamnant la guerre, soit par des inscriptions explicites, soit par des thèmes sculpturaux spécifiques (pères, mères, épouses éperdues de douleur ; enfants orphelins). De tels monuments contras- tent avec ceux qui sont centrés sur la glorification des héros morts pour leur patrie. Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) : - "La Pleureuse", monument aux morts à Termignon (Savoie) - Monument aux morts de Rocles (Allier) : « Apprenons à supprimer la guerre » . - Monument aux morts d’Euquerdreville (Manche) : « Que maudite soit la guerre » - Monument aux morts de Saint-Appolinaire (Rhône) : « La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui, eux, se connaissent mais ne se massacrent pas » Paul Valéry - le "Monument à la vie" à Lutterbach (Haut-Rhin) illustre la transformation des épées en charrues. - À Strümpfelbach (Allemagne) : « Nie wieder Krieg ! » (‘Plus jamais la guerre !’)
  • 14. La mémoire de la Grande Guerre Les monuments aux morts des fusillés pour l’exemple Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) : - Monument aux morts de Riom (Puy-de-Dôme ) dédié « aux victimes innocentes des Conseils de guerre ». - Monument aux fusillés pour l’exemple à Chauny (Oise) - Monument aux Quatre caporaux de Souain (Girard, Lechat, Lefoulon, Maupas) fusillés pour l’exemple en mars 1915, inauguré en déc. 2007 à Suippes (Marne) - Statue au soldat anglais Harry Farr, fusillé, à l’âge de 25 ans, pour lâcheté sur le front de la Somme en octobre 1916. - Monument des Fusillés à Nouvron-Vingré (Aisne)
  • 15. La mémoire de la Grande Guerre 6 - Littérature Louis Pergaud part dans l'enthousiasme pour chasser rapide- ment « les Boches ». La durée, la dureté et l'horreur des combats le ramènent peu à peu à son antimilitarisme d'avant la mobilisation. Il décrit la guerre, faite de moments d’ennui et d’attente, entrecoupés de phases, parfois courtes, de combats, de fureur et de violence. Au fil de sa correspondance, on sent monter du respect pour les soldats allemands. Images : - Louis Pergaud (1882-1915), auteur de De Goupil à Margot, et de La Guerre des boutons, est un instituteur socialiste, anticlérical et antimilitariste. En août 1914, il est mobilisé dans l'armée française comme sergent au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front ouest pendant l'invasion allemande. - D’août 1914 à avril 1915, il tient un Carnet de guerre, Le 6 avril 1915, son régiment lance près de Verdun une attaque contre les lignes allemandes à l'issue de laquelle il est porté disparu. Des soldats célèbres, Charles Péguy, Alain-Fournier, Louis Pergaud, Guillaume Apollinaire, Georges Bernanos, Louis-Ferdinand Céline, Blaise Cendrars, Georges Duhamel, Roland Dorgelès, Maurice Genevoix, Erich Maria Remarque, ont en commun d'être écrivain en 1914 ou de le devenir après leur expérience du front.
  • 16. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature La bénédiction du patriotisme par Dieu selon Charles Péguy s'inscrit dans le courant de pensée majoritaire des années d'avant-guerre qui, après les années d'abattement dues à la défaite de 1870, attendait et espérait une revanche : « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. (…) Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles, Couchés dessus le sol à la face de Dieu (…) Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. » Alain-Fournier sur le front écrit à sa sœur Isabelle « Je sens profondément qu’on sera vainqueurs. ». Jacques Rivière, son futur beau- frère, écrira après la guerre : « Tout le monde ne sait peut-être pas qu’il est assez dur de s’avancer tout vivant, au comble de sa force, entre les bras de la mort. » Photos : - Charles Péguy (1873-1914), après avoir été militant socialiste libertaire, anticlérical puis dreyfusard au cours de ses études, se rapproche à partir de 1908 du catholicisme. Le 5 septembre 1914, premier jour de la première bataille de l'Ourcq, il est tué d'une balle au front, alors qu'il exhorte sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi. - Alain-Fournier (1886-1914), dont l'œuvre la plus marquante et célèbre est Le Grand Meaulnes (1913), meurt au combat dans la Meuse le 22 septembre 1914, à l’âge de 27 ans. Pendant 77 ans, jusqu’en 1991, son corps restera introuvable, avant qu'on ne le déterre d'une fosse commune où l'avaient jeté les Allemands.
  • 17. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Maurice Genevoix L’œuvre de Maurice Genevoix est marquée par le traumatisme de la Grande Guerre, particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands témoignages sur ce conflit. « Quand la fumée noire eu disparu toute, un buste se révéla qu’enveloppaient des loques sanglantes et qui pendait, accroché aux branches d’un sapin. Par terre, un blessé gisait près des jambes de son camarade, et il appelait en se tordant les bras. » « Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour qui nous nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir. » Images : - Maurice Genevoix (1890-1980), lieutenant, est grièvement blessé dans les combats de la Meuse en avril 1915. Il est soigné durant 7 mois et perd l’usage de sa main gauche. Sur décision du président Macron, son cercueil entre au Panthéon le 11 novembre 2020. - Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez Flammarion, et rassemblés par la suite sous le titre Ceux de 14, est un document précieux sur la vie des ‘poilus’. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques.
  • 18. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Guillaume Apollinaire « Nous irons tout à l’heure à notre batterie. En ce moment je suis parmi l’infanterie. Il siffle des obus dans le ciel gris du nord, Personne cependant n’envisage la mort. (…) Cette boue est atroce aux chemins détrempés. Les yeux des fantassins ont des lueurs navrantes. Nous n’irons plus aux bois, les lauriers sont coupés, Les amants vont mourir et mentent les amantes.» « Si je mourais là-bas sur le front de l'armée Tu pleurerais un jour, ô Lou ma bien-aimée Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l'armée Un bel obus semblable aux mimosas en fleur.» « Je sens maintenant toute l’horreur secrète de cette guerre sans stratégie, mais dont les stratagèmes sont atroces. » Images : - Le poète et écrivain Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, sujet polonais de l’empire russe, né à Rome en 1880, sera naturalisé français en 1916. Engagé dans l’armée française en déc. 1914, il est affecté à l’artillerie. Il reçoit un éclat d’obus à la tempe en mars 1916 et il est trépané. Il meurt de la grippe espagnole à 38 ans le 9 nov. 1918, deux jours avant l’armistice
  • 19. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Jean Giono Paru en 1937, Refus d'obéissance rassemble deux textes distincts. Le premier, Je ne peux pas oublier, publié trois ans plus tôt dans la revue Europe, est une sorte de manifeste pour la paix dans lequel Giono évoque l’atrocité de ce qu’il a vécu dans les tranchées durant la Première Guerre mondiale qui ne cesse de le hanter, et son refus d’obéir à un ordre de mobilisation. Le second texte intitulé Chapitres inédits du Grand Troupeau décrit dans une langue bouleversante de réalisme la vie, l'attente et surtout la peur des soldats de la Grande Guerre. « Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque. » Image : - Jean Giono (1895-1970), écrivain et cinéaste. Ses œuvres, souvent ancrées dans le monde paysan provençal, abordent des questions universelles sur la condition humaine. En janvier 1915, il participe aux batailles les plus terribles de la guerre (Artois, Champagne, Verdun, la Somme, le Chemin-des-Dames) et en ressort traumatisé. Son meilleur ami et nombre de ses camarades sont tués à ses côtés. En 1916, il voit sa compagnie décimée, et il est commotionné par l'explosion d'un obus tout proche. Plus tard, en 1918, au cours de la bataille du mont Kemmel, en Belgique, il n'est que « légèrement » gazé. Il reste choqué par l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie, l'atrocité de ce qu'il a vécu dans cet enfer, et devient un pacifiste convaincu.
  • 20. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Georges Bernanos « L’État, qui nous arme, nous habille et nous nourrit, prend aussi notre conscience. Défense de juger, défense même de comprendre ! Et vos théologiens approuvent, comme de juste. (…) Allons donc ! Le pauvre diable qui bouscule sa bonne amie sur la mousse, un soir de printemps, est tenu par vous en état de péché mortel, et le tueur de villes, alors que les gosses qu’il vient d’empoisonner achèveront de vomir leurs poumons dans le giron de leur mère, n’aura qu’à changer de culotte et ira donner le pain bénit ! Farceurs que vous êtes ! » Images : - Georges Bernanos (1888-1948), participe à la Première Guerre mondiale dans les tranchées (comme brigadier à la fin de la guerre) et y est plusieurs fois blessé. Catholique fervent, monarchiste passionné, il rompt ensuite avec Maurras et ‘l’Action Française’ en 1932. Il fustige un patriotisme perverti qui humilie l'ennemi allemand dans la défaite, s’engage contre la dictature de Franco en Espagne. Dans Les grands cimetières sous la lune (1938), il fulmine une colère flamboyante contre les évêques franquistes bénisseurs de canons. Installé au Brésil, il soutient ‘la France Libre’ en 1940. Il est écoeuré par l’épuration. Dans les dernières années de sa vie, il dénonce l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser et s’insurge contre l’arme nucléaire. - L’extrait ci-dessus est tiré du Journal d’un curé de campagne. Un légionnaire, dans un dialogue avec un curé de campagne, interroge les religions sur ce qu’elles considèrent comme grave et sur ce qu’elles considèrent comme normal.
  • 21. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Louis-Ferdinand Céline L’expérience centrale dans la vie de Céline est le traumatisme physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ». L'expérience de la guerre joue un rôle décisif dans la formation de son pacifisme et de son pessimisme. « Le colonel (…) avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l'explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours. Mais le cavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouver- ture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace. (…) Toutes ces viandes saignaient énormément ensemble. » « Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de crever, soit par l'indifférence absolue de vos semblables en temps de paix, ou par la passion homicide des mêmes la guerre venue. » Images : - Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline (1894-1961).De milieu très modeste, il connait la guerre, la mobilisation, le combat, une blessure au bras, est déclaré inapte au combat. Il est écrivain, médecin et visiteur médical. Antisémite, collaborateur du régime de Vichy et des nazis pendant la 2ème Guerre mondiale, il s’enfuit au Danemark à la Libération, et il est amnistié en 1951. - Son roman Voyage au bout de la nuit (1932), plus qu'une critique de la guerre et du colonialisme, est une vision désespérée et nihiliste du monde.
  • 22. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Blaise Cendrars « Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systéma- tique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci, je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre. » Images : - Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars (1887-1961), écrivain suisse et français. Dès le début de la guerre de 1914-1918, il s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française avant d'être versé dans la Légion étrangère. Gravement blessé le 28 septembre 1915, il est amputé du bras droit et réformé. Il est naturalisé français en 1916, à la suite de son engage- ment à la guerre. Il travaille dans l'édition, devient reporter puis correspondant de guerre dans l’armée anglaise. De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. - J'ai tué est un bref récit de Blaise Cendrars publié en 1918. Il écrira par la suite de nombreux textes sur la Grande Guerre, dont le plus connu est La Main coupée, paru en 1946.
  • 23. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Henri Barbusse « À un point de l’horizon, puis à un autre, tout autour de nous, le canon tonne, et son lourd fracas se mêle aux rafales d’une fusillade qui tantôt redouble et tantôt s’éteint, et aux grappes de coups de grenades, plus sonores que les claquements du Lebel et du Mauser. » « Un Feldwebel est assis, appuyé aux planches déchirées qui formaient, là où nous mettons le pied, une guérite de guetteur. Un petit trou sous l'œil : un coup de baïonnette l'a cloué aux planches par la figure. Devant lui, assis aussi, les coudes sur les genoux, les poings au cou, un homme a tout le dessus du crâne enlevé comme un œuf à la coque… À côté d'eux, veilleur épouvantable, la moitié d'un homme, coupé, tranché en deux depuis le crâne jusqu'au bassin, est appuyé, droit, sur la paroi de terre. On ne sait pas où est l'autre moitié de cette sorte de piquet humain dont l'œil pend en haut, dont les entrailles bleu- âtres tournent en spirale autour de la jambe. » Images : - Henri Barbusse (1973-1935) écrivain, homme politique, scénariste et journaliste. Résolument pacifiste, il fonde ‘l’Association républicaine des anciens combattants’ (ARAC) en 1917 et adhère au Parti communiste en 1923. Il devient directeur littéraire de l'Humanité en 1926. Il fonde la revue hedomadaire littéraire et artistique Monde en 1928. - Engagé volontaire en 1914, à 41 ans, il raconte son expérience personnelle du front et des tranchées de décembre 1914 à 1916. Le Feu, Journal d’une escouade, 1916 parait sous forme de feuilleton dans le quotidien L’Œuvre puis aux éditions Flammarion
  • 24. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Lucien Jacques « Le noyé qui gît là dans l’herbe de la berge, n’ayant plus rien d’humain qu’une main non rongée où luit un anneau d’or, poussé du pied par vous avec haine et dégoût ainsi que la charogne d’une bête mauvaise, parce qu’il est vêtu d’un dolman ennemi était pourtant un homme, un homme, un tout jeune homme nourri d’air, de soleil, d’amour, tout comme vous. Peut-être que chez lui vivait sa douce mère, sûrement son épouse, peut-être des enfants ! Songez, quelle agonie angoissée loin des siens il dut avoir, blessé, dans l’ombre de la nuit et l’eau froide et profonde. Qu’une pensée humaine au moins soit son linceul ! » Images : - Lucien Jacques (1891-1961), poète, éditeur, peintre, dessinateur, graveur et danseur. Appelé à la guerre, il est versé dans la section musique d’un régiment d'infanterie, puis devient brancardier. Blessé plusieurs fois, il en ressortira profondément pacifiste. Grand ami de Jean Giono.
  • 25. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Georges Duhamel En 4 ans, près de 5 millions de blessés affluent dans les servi- ces de santé, à l'arrière-front. Le médecin Georges Duhamel vit avec eux « l'envers de l'enfer ». Il décide d'oeuvrer à la mémoire de ces hommes confrontés à la douleur, à la terreur de l'amputation, à l'agonie, mais que touchent aussi des moments de grâce. « Le choeur des suppliciés s'élevait par bourrasques et nous ne pensions plus a nos rêveries, mais seulement a la pressante réalité. Nous allions de lit en lit, apprenant à connaitre chacun de ces malheu- reux, la douleur de chacun, la façon de souffrir de chacun, le désespoir de chacun. » « Un obus était tombé au coin du bâtiment, enfonçant les fenê- tres de trois salles, projetant des pierres en tous sens et criblant d'éclats énormes les plafonds et les murailles. Les blessés gémissaient dans les flots d'une fumée âcre. Ils étaient couchés si près du sol qu'ils n'avaient reçu que des plâtras et des éclats de verre; mais la commo- tion fut telle qu'ils moururent presque tous dans l'heure qui suivit. » Images : - Georges Duhamel (1884-1966), médecin, écrivain et poète. À partir de 1914, il occupe pendant quatre ans les fonctions de médecin aide-major dans des situations souvent très exposées. Il décide de raconter les épreuves que subissent les blessés, et se rend célèbre par l’écriture de Civilisation (1918), puis de la Chronique des Pasquier.
  • 26. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Roland Dorgelès « Dans la fumée, des blessés se sauvaient. Fouillard était couché devant moi, la tête dans une flaque rouge, et son dos s'agitait convul- sivement comme s'il avait sangloté. C'était son sang qu'il pleurait. » « Épuisés, haletants, nous ne courions plus. Une route coupait les ruines et une mitrailleuse invisible la criblait, soulevant un petit nuage à ras de terre. "Tous dans le boyau !" cria un adjudant. Sans regarder, on y sauta. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût sur- humain me rejeta en arrière, épouvanté. C'était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d'autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie ; tout un amas de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés et, pour les veiller tous, un seul mort resté débout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans tête. » Images : - Roland Dorgelès ( 1885-1973), engagé volontaire, combat en Argonne puis à labataille d'Artois. Il devient élève pilote, est nommé caporal. - En 1919, il publie le roman qui le rend célèbre, Les Croix de bois, inspiré de son expérience de la guerre.
  • 27. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Jean Guéhenno Dans Journal d'un homme de 40 ans (1934), Jean Guéhenno aborde notamment son ressenti de la Première Guerre mondiale et de la naissance, dans le sang de ce conflit, de la conscience européenne. Il ose « dire la seule chose qu'on n'ose jamais dire, parce qu'elle fait crier d'horreur les mères, les épouses, les enfants, les amis... Je dirai donc que cette mort innombrable fut inutile. Je dirai donc que j'ai conscience que mes amis sont morts pour rien. Douze millions de morts pour rien ». Il évoque le Traité de Versailles comme un accord entre dirigeants qui ne fait pas la part aux aspirations des peuples, durement éprouvés. Il plaint le soldat inconnu, pauvre bougre sur qui on rend désormais n'importe quel serment, justifiant parfois les pires initiatives. En 1968, dans La Mort des autres, il parle encore de 14-18 comme de « cette grande erreur où nous avons gaspillé notre jeunesse et perdu nos amis ». Image : - Jean Guéhenno (1890-1978), professeur, intellectuel engagé, écrivain et académicien. La guerre interrompt sa carrière universitaire : il est mobilisé comme officier. Le 15 mars 1915, il est blessé grièvement d'une balle en plein front à Ypres, en Belgique. Cependant, il refuse d’être réformé et travaille à la censure postale de Lyon, puis dans un centre de rééducation d'officiers et de soldats devenus aveugles, à Tours. À la demande de Romain Rolland, il dirige la revue Europe, de 1929 à 1936. Il écrit en juin 1940, dans son Journal des années noires, « Je ne croirai jamais que les hommes soient faits pour la guerre. Mais je sais aussi qu'ils ne sont pas faits non plus pour la servitude ».
  • 28. La mémoire de la Grande Guerre dans la littérature Erich Maria Remarque « Je suis jeune, j'ai vingt ans : mais je ne connais de la vie que le désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'existence la plus superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que les peuples sont poussés l'un comme l'autre et se tuent sans rien dire, sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse d'une manière raffinée et dure encore plus longtemps. [...] Que feront nos pères si, un jour, nous nous levons et nous présentons devant eux pour leur demander des comptes ? » « On ne peut pas comprendre que, sur des corps si mutilés, il y ait encore des visages humain, dans lesquels la vie suit son cours quoti- dien. (...) Seul l'hôpital montre bien ce qu'est la guerre. » Images : - Erich Maria Remarque (1898-1970). Il est incorporé dans l'armée en 1916 et envoyé sur le front de l'Ouest en juin 1917, où il est blessé dès la fin juillet par des éclats de grenade, au cou et aux membres. À la fin de la guerre, en 1918, il se retrouve à l'hôpital militaire de Duisbourg. Dans l'Allemagne nazie, ses livres sont interdits et publiquement brûlés en 1933. En 1938, il est déchu de la nationalité allemande. En 1939, il émigre aux États-Unis, où il obtient la citoyenneté étatsunienne. En 1948, il retourne en Suisse. - Son livre À l'Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts Neues), un roman pacifiste sur la Première Guerre mondiale, connait, dès sa parution en 1929, un succès mondial retentissant et reste un ouvrage phare sur le premier conflit mondial.
  • 29. La mémoire de la Grande Guerre 7 - Chansons et spectacles Lancées par des artistes vedettes de l'époque ou par des soldats sur le front, des chansons et mélodies rythment les 4 années de conflit, servant d'exutoire face à l'horreur et d'efficace moyen d'expression. 25.000 chansons seront censurées pour cause d'antimilitarisme. Sur le meurtrier plateau de Craonne, en 1917, les soldats sont exténués et se rebellent contre les offensives sur le chemin des Dames. L'effroi devant les centaines de morts quotidiennes leur inspire, sur la mélodie d'un tube d'avant-guerre, des paroles désespérées. « Adieu la vie, adieu l'amour, (...) C'est à Craonne, sur le plateau, Qu'on doit laisser sa peau, Car nous sommes tous condamnés, C'est nous les sacrifiés !» Le commandement militaire offre en vain une prime et la démobilisation à qui dénoncera l'auteur de ce brûlot. Images - La Madelon, qui met en scène une serveuse peu farouche, a enflammé bien des nuits des Poilus, après que Charles-Joseph Pasquier dit Bach (1882-1953), un comique fameux, l'a chantée au front en 1916. Regrettant l'épouse patiente mais lointaine, les troupiers se consolent comme ils peuvent: « Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour ». - Ma P'tite Mimi est une conversation lascive d'un militaire avec sa mitraillette. Le Pinard (le vin), fondamental pour survivre, «fait du bien par où ce que ça passe». La Roulante, écrite par Lucien Boyer, un fameux guoguettier de Montmartre, déchaîne l'ironie des soldats en 1917. Il décrit avec mordant la cantine ambulante: « Les nouveaux riches dînent chez Paillard, les profiteurs y-z-ont un bar, mais le Poilu lui se sustente à la roulante.»
  • 30. Chansons Georges Brassens Depuis que l'homme écrit l'Histoire Depuis qu'il bataille à cœur joie Entre mille et une guerr' notoires Si j'étais t'nu de faire un choix À l'encontre du vieil Homère Je déclarerais tout de suite : "Moi, mon colon, cell' que j'préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !" Est-ce à dire que je méprise Les nobles guerres de jadis Que je m'soucie comm' d'un‘ cerise De celle de soixante-dix? Au contrair', je la révère Et lui donne un satisfecit Mais, mon colon, celle que j'préfère C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit Bien sûr, celle de l'an quarante Ne m'a pas tout à fait déçu Elle fut longue et massacrante Et je ne crache pas dessus. Mais à mon sens, elle ne vaut guère Guèr' plus qu'un premier accessit Moi, mon colon, celle que j' préfère C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit Mon but n'est pas de chercher noise Aux guérillas, non, fichtre, non Guerres saintes, guerres sournoises Qui n'osent pas dire leur nom, Chacune a quelque chos' pour plaire Chacune a son petit mérite Mais, mon colon, celle que j'préfère C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit Images : - Georges Brassens (1921-1981), auteur-compositeur-interprète, ici avec le casque et le masque à gaz du ‘Poilu’ . - Brassens écrit la Guerre de 14-18 en 1962, à la fin du conflit algérien. Il se méfie de l’armée, des gouverne- ments, des Églises et de tout ce qui peut limiter la liberté individuelle. Les guerres sont pour lui la manifestation de la violence légalisée des gouvernements animés par le nationalisme.
  • 31. Chansons Jacques Brel Images : - Jacques Brel (1929-1978), auteur-compositeur-interprète, poète, acteur et réalisateur belge. - La chanson Jaurès est enregistrée en septembre 1977. Brel rend un vibrant hommage au dirigeant socialiste, combattant inlassable pour la justice sociale et la paix. Si par malheur ils survivaient C'était pour partir à la guerre C'était pour finir à la guerre Aux ordres de quelques sabreurs Qui exigeaient du bout des lèvres Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître Et ils mouraient à pleine peur Tout miséreux, oui notre bon maître Couverts de prêles, oui notre Monsieur Ils étaient usés à quinze ans Ils finissaient en débutant Les douze mois s'appelaient décembre Quelle vie ont eu nos grand-parents Entre l'absinthe et les grand-messes ? Ils étaient vieux avant que d'être Quinze heures par jour le corps en laisse Laissent au visage un teint de cendres Oui notre Monsieur, oui notre bon maître Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? (…)
  • 32. Chansons Michel Sardou Images : - Michel Sardou, né en 1947, chanteur et comédien, directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris. - Son album Verdun parait en 1979. « Un jour j’ai pris une route qui s’appelle la Voie Sacrée, j’ai vu un grand panneau qui indiquait ‘Champ de bataille’, alors je me suis arrêté, j’ai regardé ce champ de bataille, ça m’a paru tout petit. J’avais l’impression que le diable s’était trompé de rendez-vous, que ce n’était pas là que ça devait se passer. » L’hommage d’une France n’ayant pas connu les horreurs de la guerre à ceux qui y ont laissé leur vie. Pour ceux qu'on n'a pas revus, Verdun, n'est plus rien. Pour ceux qui sont revenus, Verdun, n'est pas loin. C'est un champ brûlé tout petit, Entre Monfaucon et Charny, C'est à côté. C'est une sortie dans le nord-est, Sur l'autoroute de Reims à Metz. On y va par la voie sacrée. Finalement, Verdun, C'est un vieillard rusé. J'ai une tendresse particulière Pour cette première des dernières guerres, Dépassée.
  • 33. La mémoire de la Grande Guerre Spectacles Des spectacles aujourd’hui encore célèbrent les ‘Poilus’, les soldats qui fraternisaient et les fusillés pour l’exemple. Ainsi celui d’Hervé Magnin auteur du livret d’alexandrins et du spectacle théâtral et musical Liberté, Égalité, Fraternisons ! Images - Hervé Magnin, ex-formateur et consultant, musicien, comédien, plasticien, réalisateur de documentaires (Arménie, Israël-Palestine, etc.) - Le spectacle Liberté, Égalité, Fraternisons ! Nous voulions de la baston, on a été servis ; On est montés au front en y laissant nos vies. En tombant par milliers et bientôt par millions Admettant sans plier la dure loi du talion. Dent pour dent, œil pour œil, les survivants seront Édentés et aveugles. Finis les fanfarons ! Aveugles nous l’étions bien avant les combats, Évitant la question : Mais qu’est-ce qu’on foutait là ? Baïonnette au fusil, nous allons au casse-pipe Ce combat sans merci, beaucoup y laissent leurs tripes. Qui sont les salopards que je dois conspuer ? Cent mètres nous séparent de ceux qu’il faut tuer Cent mètres nous séparent de ceux qui veulent qu’on meure Me revient en mémoire Rimbaud et son dormeur. Entre nos deux tranchées, nos deux armées rivales, Le terrain est jonché de mille dormeurs du val.
  • 34. La mémoire de la Grande Guerre 8 - Peinture et dessin Pendant et après le conflit, de nombreux artistes (peintres, photographes, dessinateurs) représentent la guerre, ses ravages, la mort et la misère quotidienne des soldats et de la population civile. Images : - La partie de cartes est une huile sur toile de Fernand Léger (1881-1855) peinte en 1917. Œuvre cubiste, elle montre une partie de cartes entre des soldats français de la Grande Guerre, qui ont plus l'air de robots que d'êtres humains. - La guerre, par Marcel Gromaire (1892-1971), peintre, graveur, décorateur, illustra- teur et cartonnier. Avec des moyens plastiques proches du cubisme, il symbolise la lutte armée à l’échelle industrielle accomplie par des hommes-robots. - Bataillon d’assaut à l’attaque sous les gaz (1924) par le peintre allemand Otto Dix (1891-1969) - Le tableau Flandern (‘Flandres’) est la dernière toile d’Otto Dix consacrée à la Grande Guerre.
  • 35. La mémoire de la Grande Guerre Peinture Images ( dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) : - André Masson (1896-1987) est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre. Mobilisé en 1914, à l'âge de 18 ans, il est blessé trois fois lors de l'offen- sive du Chemin des Dames. Ses dessins et pastels décrivent sa vision de la guerre, où l'horreur est intimement liée à la sexualité. Il participe au mouvement surréaliste durant les années 1920. Ici, son Autoportrait. - Massacre, par André Masson - Huile sur toile de Lucien Jacques (1891-1961) - Explosion d’obus, par Christopher Nevinson (1889-1946), peintre britan- nique. Pour exprimer la déshumanisation et la violence de la guerre, il brise les lignes, délaisse le détail, pour faire éclater les couleurs. - The War (La Guerre) par Gino Severini, peintre italien (1883-1966) - Canon en action, par Gino Severini
  • 36. La mémoire de la Grande Guerre Dessin Images ( dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) : - Au front, par Georges Barrière (1881-1944) - Soir d’attaque en Champagne, par Georges Barrière - La patrouille, par Georges Barrière - Tombes de camarades, par Jean Lefort (1875-1954) - La marche, par Jean Lefort - Le salut aux morts, par Mathurin Méheut (1882-1958) . - La partie de cartes, par Mathurin Méheut - Soldat dans la tranchée, par Mathurin Méheut
  • 37. La mémoire de la Grande Guerre 9 - Sculpture Images (dans le sens des aiguilles d’une montre) : - Sculpture « Ils n'ont pas choisi leur sépulture », par Haïm Kern (1930-2024), dessinateur, peintre, graveur et sculpteur français d'origine allemande, à Craonne, en hommage aux soldats tombés au Chemin des Dames. - Monument du 7e Régiment, statue dans Central Park à New-York, par Karl Illava (1888-1954) - Poilu, par Mathieu Brulant, sculpteur français contemporain - Le Poilu victorieux, par Eugène Bénet (1863-1942), réalisée en 1920. Dupliquée par la fonderie Antoine Durenne, elle orne environ 900 monuments aux morts à travers la France. - Les Fantômes, par Paul Landowski (Oulchy-le-Château (Aisne) - Sculpture Les deux casques, par Patrice Alexandre, peintre et sculpteur français né en 1951.
  • 38. La mémoire de la Grande Guerre 10 - Livres Des centaines de livres, récits et témoignages ont été écrits sur la Grande Guerre, par exemple…
  • 39. La mémoire de la Grande Guerre Livres etc.
  • 40. La mémoire de la Grande Guerre 11 - Revues etc.
  • 41. La mémoire de la Grande Guerre 12 - Bandes dessinées etc.
  • 42. La mémoire de la Grande Guerre 13 - Jeux etc.
  • 43. La mémoire de la Grande Guerre 14 - Films
  • 44. La mémoire de la Grande Guerre Films etc.
  • 45. La mémoire de la Grande Guerre 15 - Documentaires ■ etc.