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Trombinoscope historique de la non-violence
9 - Depuis 1970
É. G. - 18.02.2024
Camille Joseph Gomis
Né en 1970, prêtre catholique sénégalais, curé à Bignona, en
Casamance.
Après 10 ans de sacerdoce et de responsabilités lourdes, suit en
France des formations en management, géopolitique, médiation.
Créé en 2006 à Ziguinchor, en Casamance, l’association
‘Génération Non-Violente’.
Ouvre en 2012 à Brin un ‘Centre de recherche et de formation en
gestion non-violente des conflits’ qui voit passer plus de 1 000 personnes
par an.
Travaille à la mise en place d’une formation universitaire sur
l’analyse de la situation sociopolitique et le développement durable à
l’’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest’ à Ziguinchor.
« Par le symbole du bracelet, nous voulons rappeler à l’homme et
de manière permanente, que la force qui sort de sa main ne doit plus
être une force destructrice, mais une force qui construit ».
Dominic Barter
Brésilien né en 1970, coordinateur du ‘Projet de Justice restaura-
tive du CNVC’, développe depuis les années 1990 des pratiques restaura-
tives, d’abord avec les habitants de favelas de Rio de Janeiro, puis au
Brésil et dans le monde. Depuis 2005, son processus de Circulos
restaurativos (Cercles restauratifs, une forme de justice réparatrice*) a été
au cœur des projets pilotes de justice restaurative du ministère de la
Justice brésilien.
Les Cercles restauratifs sont un processus communautaire pour
apporter du soutien aux personnes en conflit. Profondément en phase
avec les principes de la Communication non-violente (CNV), ils créent un
pouvoir partagé. Entrant dans le sens sous-jacent des conflits et des
crimes, ils se terminent avec des plans d’actions mesurables qui peuvent
rapprocher les gens les uns des autres et mener à une guérison de la
communauté. Un cercle restauratif réunit les 3 parties affectés par un acte
qui a causé un dommage : celui ou ceux qui ont commis l’acte, ceux dont
le bien-être a été principalement affecté, et tous les membres de la
communauté qui ont été indirectement affectés par cet acte.
* Albert Eglash décrit en 1977 trois approches différentes de la justice:
- "justice rétributive", fondée sur la peine;
- "justice distributive", impliquant le traitement thérapeutique des délinquants;
- "justice réparatrice", fondée sur la réparation avec la participation des victimes et des délinquants.
Howard Zehr, criminologue états-unien (voir diapo à son sujet), en est le pionnier.
Dominic Barter
Un endroit où le conflit peut vivre. Un moment pour entendre
la douleur. Un espace où l’on peut dire la vérité en sécurité. Un lieu
pour chercher des solutions ensemble de régulation collective. Un
objectif d’auto-responsabilisation, de compréhension, de réparation
et d’écoute.
3 étapes : identifier les facteurs clés du conflit, parvenir à
des accords sur les prochaines étapes, et évaluer les résultats. Le
processus se termine lorsque des actions ont été trouvées qui
apportent des bénéfices mutuels favorisant l'intégrité inhérente
àtous ceux qui sont impliqués dans le conflit.
La justice restaurative est pratiquée dans les écoles, les
tribunaux, les prisons, les quartiers, les familles, etc.
En octobre 2018, le Comité des ministres du Conseil de
l'Europe a adopté une recommandation aux États membres
reconnaissant "les avantages potentiels de la justice réparatrice
dans les systèmes de justice pénale" et encourageant les États
membres à "développer et utiliser la justice réparatrice. »
«Ce qui rend le conflit dangereux, c’est de s’en éloigner. »
Daoud et Jihan Nassar
Né en 1970, Palestinien luthérien, master d‘administration
d‘entreprise.
Avec sa femme Jihan et leurs 3 enfants, fait vivre la ‚Ferme de
l‘Espérance‘ encerclée par 5 colonies israéliennes illégales à Nahalin en
Cisjordanie (9 km au sud-ouest de Bethléem).
Muni de titres de propriété depuis 1916, résiste dans la non-
violence à toutes les initiatives et menaces de démolition des
constructions (abris pour animaux, réservoir d‘eau, toilettes sèches,
Grotte de la paix, etc.), replante des oliviers pour remplacer ceux
coupés par les colons israéliens.
Fondateur en 2000 et animateur du projet de paix "Tent of
Nations" (Tente des nations), destiné à promouvoir la compréhension
entre les peuples et les cultures.
Des jeunes du monde entier sont hébergés sous des tentes.
« Nous refusons d‘être ennemis.»
Ziad Medoukh
Né en 1970, Palestinien, DEA en didactique de ‘Français Langue
Étrangère’ (FLE) de l'Université Stendhal à Grenoble, Docteur en
sciences du langage de l’université Paris VIII.
Responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de
Gaza depuis 2006 et fondateur du ‘Centre de la paix’ de cette université
en 2007.
Conférencier infatigable sur Gaza et la Palestine, et sur
l’oppression exercée sur la population par Israël, préconise la résistance
non-violente et multiplie en France et en Europe les rencontres avec les
associations et les réseaux de jeunes.
« Aujourd'hui, vivre à Gaza, organiser sa vie, l'éducation des
enfants, c'est déjà une forme de résistance non-violente, choisie
spontanément par la population civile : 94 % des enfants sont scolarisés,
ce qui témoigne de la force de résistance des familles palestiniennes. »
Musa Abu Maria
Palestinien né en 19??.
Prisonnier politique de 1999 à 2003, torturé, hospitalisé à la suite de
ces mauvais traitements.
De nouveau arrêté en 2009, libéré grâce à l’action d’Amnesty
International et des associations israéliennes de défense des droits
humains.
Coordonnateur de la résistance populaire en Cisjordanie.
Fondateur de Palestine Solidarity Project. Cette association, fondée
en 2006 dans le village de Beit Ommar (Cisjordanie sud), s’oppose par
l’action directe non-violente à l’occupation israélienne des terres
palestiniennes.
« Nous croyons dans le concept de "fermeté" comme une forme
de résistance. Pour beaucoup de communautés avec lesquelles nous
travaillons, rester sur leurs terres face à l’intimidation, la violence,
l’étranglement économique et les tentatives de déplacements forcés,
c’ est un acte de résistance. »
Pascal Tozzi
Né en 1971, docteur en science politique, maître de
conférences à l’IUT de Bordeaux (département Carrières sociales),
contribue à la formation d’animateurs-médiateurs sociaux et
socioculturels.
Directeur-adjoint d'une Unité mixte de recherche du
CNRS, président du ‘Réseau International de l’Animation’,
pratiquant d’arts-martiaux. Ses travaux scientifiques portent
notamment sur les formes de violence politique et idéologique.
Dans une perspective de recherche-action, est impliqué
aujourd’hui dans des projets concernant le développement durable,
la participation citoyenne, les solidarités et le vivre-ensemble.
« La non-violence connote une force, un effort dans le
combat contre la violence. Elle est essentiellement une lutte, un
engagement dans une résistance volontaire nourrie par un idéal
inébranlable : le respect de la personne humaine. (…)
Il y a une multitude de situations sur lesquelles nous
avons, malgré tout, pouvoir d’agir, individuellement et collective-
ment. »
Crédit photo:© Agence
APPA
Cécile Dubernet
Française née en 1971, Sciences Po Bordeaux, docteur en
sciences politiques de la Bristol University (GB), a enseigné à Bristol et
Erlangen (Allemagne).
Maître de conférence en science politique (Géopolitique et
sécurité internationale) ) à l’Institut Catholique de Paris, à la ‘Faculté
des Sciences Sociales et Économiques’ (FASSE, dont elle est vice-
doyenne. Thèmes de recherche : intervention civile de paix dans des
zones de conflits, relations internationales et migrations forcées,
déplacement interne de populations.
Assure les formations des volontaires pour des missions
d’intervention civile de paix pour le ‘Comité français de l’intervention
civile de paix’ dans la cadre d’un diplôme universitaire (DU)
« L’intervention civile de paix repose sur quelques principes
fondateurs : la non-violence, l’impartialité et le respect des acteurs
locaux. (…)
Cet outil n'est pas simplement visionnaire, en avance sur son
temps, mais il est aussi efficace et cohérent avec les valeurs qui le
sous-tendent. »
Pinar Selek
Née en 1971, sociologue et romancière de Turquie, militante du
droit des femmes et de l’objection de conscience.
En 1998, arrêtée et torturée par les policiers à la recherche de
l'identité de Kurdes qu'elle a interrogés dans le cadre de recherches
sociologiques sur les conséquences de la guerre civile.
Accusée d'être responsable d'un attentat commis en juillet 1998
dans le marché aux épices d'Istanbul, reconnue innocente.
Organise une ‘Rencontre des femmes pour la paix’ à Diyarbakir.
En 2001, fonde avec d'autres l'association féministe Amargi
("retour à la mère", mais aussi "liberté" en sumérien) qui s'engage dans
les mobilisations contre les violences faites aux femmes, pour la paix et
contre toutes les dominations. L'association organise, en 2002, la
‘Marche des femmes les unes vers les autres’ : des milliers de femmes
convergent de toute la Turquie vers la ville de Konya.
Exilée politique en Allemagne, puis en France, où elle est
militante, chercheuse et enseignante en sciences politiques et en
sociologie.
Yonatan Shapira
Né en 1972 ?, Israélien, ex-officier de l’armée de l’air.
En septembre 2003, fait partie des 27 pilotes de l’armée de l’air
qui déclarent refuser d’effectuer des missions dans les territoires
occupés.
Licencié de l’armée. Dénonce les crimes de guerre israéliens *.
Fondateur, avec le Palestinien Souliman Khatib, de l’association
israélo-palestinienne Combatants for Peace, qui mène une lutte non-
violente contre l’occupation israélienne de la Palestine et pour une
solution pacifique entre les 2 peuples.
Appelle au boycott et aux sanctions internationales contre Israël,
participe aux flottilles vers Gaza pour dénoncer le blocus maritime de
cette zone palestinienne.
* En juillet 2002, pour tuer un dirigeant du Hamas à Gaza, un F 16 israélien largue
une bombe et tue 14 personnes, dont 9 enfants. Lors de l’opération Plomb durci
(22 jours de bombardements en déc. 2008 - janv. 2009), 1 400 Palestiniens sont
tués. etc.
Leymah Gbowee
Née en 1972, travailleuse sociale libérienne,
membre de l'Église luthérienne. Au Ghana, membre du ‘Réseau
Ouest Africain pour la consolidation de la paix’ (WANEP).
Responsable de l'organisation du mouvement non-violent Women of
Liberia Mass Action for Peace qui œuvre pour mettre un terme à la
deuxième guerre civile libérienne en 2003 et conduit à l'élection au Liberia
de la première femme présidente d'une nation africaine, Ellen Johnson
Sirleaf.
En 2002, en tant que "combattante de la paix", est à l'origine d'une
"grève du sexe" lors de laquelle les femmes de toutes les confessions
religieuses se refusent aux hommes tant que les hostilités se poursuivent.
Cette action oblige le dictateur sanguinaire Charles Taylor à les
associer aux négociations de paix peu avant sa chute.
Co-prix Nobel de la paix 2011 pour avoir « mobilisé et organisé les
femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre
fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes
aux élections. »
Thomas Hippler
Né en 1972, enseignant, chercheur et auteur.* Études d'histoire, de
philosophie et de musique à Berlin, Paris, Florence et Berkeley. Doctorat
d'histoire à l'Institut Universitaire Européen de Florence. Enseignant-
chercheur à l’Université d’Oxford, post-doctorant à l’ENS de Lyon, maître de
conférences d’études germaniques à l'Institut d’études politiques, puis pro-
fesseur d’histoire moderne à l’Université de Caen (Normandie).
Cofondateur en 2021 et président de ‘l’Institut Pour la Paix’ (IPP**),
laboratoire à l’interface de la recherche universitaire et de la pratique, ayant
pour objet l’introduction et la promotion des peace studies dans l’espace
francophone, européen et international. Sa singularité repose sur le dialogue
entre son socle universitaire et les univers militaires, politiques et militants,
sous la forme d’un espace de recherche et de recherche-action qui souhaite
explorer et mieux comprendre le domaine d’action de l’autre.
« Les peace studies étudient les dynamiques conflictuelles en vue de
leur transformation dans des formes plus pacifiques. Nous voulons établir
une communauté de savoir et de recherche afin de pouvoir, in fine, peser sur
le débat public. »
* notamment de Soldats et citoyens. Naissance du service militaire en France et en Prusse
(2006) et de Histoire globale des bombardements aériens (2014)
** L’équipe de l’IPP comprend 4 personnes, le Comité de pilotage une douzaine d’universitaires,
et le réseau une trentaine d’experts et chercheurs répartis en 5 groupes de travail : 1) Concepts de la
paix; 2) Paix, conflits et environnement; 3) Genre et paix; 4) Approches régionales; 5) Résistance
civile, non-violence et culture de paix. Elle diffuse des publications et organise des colloques et
séminaires.
Narges Mohammadi
née en 1972, militante iranienne des droits humains. Ingénieure
diplômée de physique. Vice-présidente du Defenders of Human Rights
Center, dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Pour
son action en faveur des droits humains, arrêtée et détenue à plusieurs
reprises depuis 1998. Active dans un groupe d'alpinisme, est interdite de
participer aux ascensions en raison de ses activités politiques.
‘Amnesty International’ proteste contre sa détention comme
prisonnière d'opinion. À chaque fois, divers gouvernements, organismes
internationaux, et commissions législatives réclament sa libération. En
mai 2016, à nouveau condamnée à Téhéran, à 16 ans d'emprisonne-
ment pour avoir créé et dirigé un mouvement de défense des droits de
l'homme qui milite pour l'abolition de la peine de mort. Elle est libérée en
octobre 2020, mais emprisonnée de nouveau quelques mois plus tard.
Alors qu'elle est en détention à la prison d'Evin, reçoit le prix
Nobel de la paix 2023. Ce prix Nobel est aussi la reconnaissance du
mouvement non-violent ‘Femme, vie, liberté’ en cours en Iran. Peu
après, entame une grève de la faim en prison à Téhéran pour protester
contre le manque de soins médicaux pour les détenus et l’obligation de
porter le hijab pour les femmes.
Vincent Girard
Chef de projet de la campagne d’action ’Marseille, ville non-violente’
initié avec une équipe, dont la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Cette
politique menée au niveau de la ville* se propose de construire dans une
dynamique participative une information et une formation sur les enjeux
autour du trauma. Il s’agit de toucher les professionnels de l’éducation, de
la santé, de la police, de la Justice, et toute personne en contact avec des
enfants, des familles, des communautés et de travailler sur quatre points,
les 4 R : 1) Réaliser ce qu’est le trauma et son impact ; 2) savoir en
Reconnaître les signes ; 3) apprendre à y Répondre ; 4 ) Résister à
retraumatiser.
../..
* De nombreuses villes dans le monde ont créé un réseau dit Trauma informed city dont Oslo,
Leeds, Belfast, Baltimore, Philadelphie, San Francisco, Toronto, Sacramento, etc.
Né en 1972, psychiatre français. Promeut, à la suite du professeur états-unien Larry
Davidson, le concept de rétablissement, un modèle médical qui rompt avec la notion de
guérison, et qui se centre sur le point de vue du patient. Vise à prévenir plutôt que guérir.
Initiateur du programme ‘MARSS, Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et
social’, et du ‘Lieu de répit’, hébergement psychiatrique communautaire en alternative à
l’hospitalisation.
Vincent Girard, « Marseille non-violente »
L’objectif est la diminution de la violence intrafamiliale, à
l’école, au travail et la diminution de violences de genre/sexuelles.
Les six principes mis en oeuvre :
- Sécurité : assurer la sécurité (physique, économique, émotion-
nelle, etc.) ;
- Pouvoir : voix de chacun, choix, autonomie, restaurer à chacun
du pouvoir sur sa propre vie ;
- Authenticité : fiabilité, transparence, pas de secret ;
- Ensemble : support par les pairs, coopération, mutualisation,
modèle psychosocial orienté vers le rétablissement ;
- Positivité : approche basée sur les forces (on regarde ce qui
marche déjà, on s’appuie sur les forces existantes et en devenir),
orientation vers les solutions et le rétablissement ;
- Adaptation : culture, histoire et questions de genre.
Images :
- Visuel sur la neuroperception et le stress toxique utilisé dans la formation
- House of correction de Philadelphie (États-Unis), fermée en 2018
Étienne Raphaël et Dominique Legeard
E. R.: Français né en 1972. Diplômé de littérature moderne et d’une
maîtrise de cinéma, réalisateur, scénariste, producteur, monteur.
Rencontre les résistants non-violents palestiniens, les paysans du
Larzac, voyage au cœur de la forêt primaire au Gabon, en ex-
Yougoslavie, participe aux combats écologistes, contre les OGM ou
le nucléaire.
D. L. : Français né en 1960 (pseudonymes : Lidwine, Marcel de la
Gare), dessinateur de bandes dessinées.
Créateurs d’une bande dessinée de 240 pages sur la non-violence à
paraître en 2017.
« La non-violence fait preuve d'imagination, elle est spectaculaire,
pleines de rebondissements et de mouvements : en fait, elle contient tous
les ingrédients pour un grand récit d'aventure, avec des personnages hauts
en couleur, avec de l'action et même de l'humour. (…)
L'instant neige est la métaphore de ce moment inattendu qui
surprend chacun de nous quand, au petit matin, nous découvrons avec
émerveillement que la neige est tombée pendant la nuit, bousculant toutes
les prévisions de notre quotidien. »
Mulanda ‘Jimmy’ Juma
Né en 1973, enseignant et militant non-violent originaire de Républi-
que démocratique du Congo. Doctorat en politique, droits de l'homme et
durabilité et maîtrise en politique et administration électorales de la Scuola
Superiore Sant'Anna (Italie), maîtrise en études sur la paix de l'Université
du KwaZulu-Natal (Afrique du Sud). Directeur national du Mennonite Central
Committee (MCC) en République démocratique du Congo et en Angola
(2017-2022). Directeur exécutif de l’Africa Peacebuiling Institute
Petite enfance cachée pour échapper aux milices et à l’insécurité permanente,
fuite sous les bombes, refus de recruter des combattants. Camp de réfugiés en Tan-
zanie, la guerre africaine ayant causé en 1996 la mort de 6 millions de personnes
(l’eau du lac Tanganyika était rouge), errance dans plusieurs pays, connaaît l’apartheid
et le racisme à l’Église en Afrique du Sud, subit des menaces de mort de gangs.
Surmonte le désir de vengeance qui l’habite grâce à un programme de guérison des
traumatismes, puis se forme à la construction de la paix. Réussit à reconcilier Blancs et
Noirs à l’église en Afrique du Sud, crée des clubs de paix en Afrique du Sud puis en
Zambie où il coordonne le ‘Centre Dag Hammarskjöld’.
Après un doctorat en Italie, son ministère en faveur de la paix au
niveau sociétal et politique s’étend vers d’autres continents. Intervient en
tant que spécialiste des processus d’élections ou comme conseiller
technique dans le processus de médiation entre gouvernement et groupes
paramilitaires en Colombie.
« Si tu ne partages pas ta guérison avec le malade, le malade
partagera sa maladie avec toi. »
Abdullah Abu Rahma
Né en 1973 ?, Palestinien, habitant de Bil’in, village de 1800
habitants en Cisjordanie privé de ses terres par la construction du mur.
Coordinateur du ‘Comité Populaire de Bil'in contre le Mur de
séparation et les Colonies’.
Depuis Janvier 2005, le village a organisé des manifestations
non-violentes hebdomadaires tous les vendredis contre la construction
du mur avec des Israéliens et des internationaux.
A obtenu en 2007 de la Cour Suprême israélienne le déplacement
du mur.
Arrêté en décembre 2009 pour détention d’armes israéliennes
usagées après avoir organisé une exposition de grenades utilisées
contre les manifestants. 25 comités de résistance populaire ont adopté
des méthodes d’action similaires.
« Notre seul ennemi est l’occupation (…)
La non-violence est efficace. C’est quelque chose dont nous
sommes fiers. Notre intifada est pacifique, est c’est pourquoi elle est
forte ».
L’inconnu de la place Tian’anmen
Le 4 juin 1989 a lieu une violente répression exercée par le
gouvernement chinois à l'encontre des manifestations pour la
démocratie.
Le lendemain, 5 juin, sur la place Tian’anmen, à Pékin, un
inconnu (le ‘Tank Man’) bloque la progression d'une colonne d'au
moins 17 chars du type 59 de l'Armée chinoise.
Les chars s'arrêtent devant lui, il leur fait signe de repartir. Le char de
tête essaie à plusieurs reprises de contourner l'homme, mais celui-ci
se place à nouveau sur sa route.
Puis l'inconnu grimpe sur le dessus du char et a une brève
conversation avec un membre d'équipage.
Des témoins (ou des policiers en civil ?) éloignent l'homme et
l’entraînent dans la foule. Les chars poursuivent alors leur progres-
sion.
La photographie de la scène, prise par Jeff Widener de l'Associated Press, est
couramment utilisée pour symboliser le courage et la force de la non-violence
face à la répression armée.
Xavier Renou
Français né en 1973, docteur en science politique, ancien
collaborateur de Greenpeace.
Crée en novembre 2006 le ‘Collectif des désobéissants’* pour
lutter contre l’arme nucléaire.
Les stages de formation s’adressent aux militants de l’altermondia-
lisme, de l’écologie, des droits de l’homme, etc.
Ils exposent les fondements de la désobéissance civile et expli-
quent comment monter une action de A à Z : analyse de la situation,
définition de l’objectif, répartition des tâches, transport, budget, contacts
avec la presse, sécurité, attitude pendant l’interpellation et le procès,
comment assumer la sanction, etc.
« L'article 2 de la déclaration des droits de l'homme de 1789
affirme le droit du citoyen à résister. La désobéissance civile ne
s'improvise pas. Une formation est utile pour tous ceux qui se battent de
manière non-violente pour changer le monde. Nos stages permettent aux
participants d'éviter les bêtises, de mieux s'organiser et d‘être plus
efficaces dans leur action. »
* L’IRNC préfère le néologisme de ‘désobéisseur’, qui évoque une action citoyenne
délibérée, alors que ‘désobéissant’ peut évoquer l’enfant capricieux incontrôlable.
Srdja Popovic
Né en 1973, militant non-violent serbe. Études de biologie marine
à l'université de Belgrade. Commence une carrière dans la musique
avec deux albums et quelques concerts. S’engage dans le Parti
démocrate en 1991, lors des manifestations contre le régime de
Slobodan Milosevic. En 1996, est élu à l’assemblée municipale de
Belgrade. Participe aux manifestations de l’hiver 1996-1997.
Fin octobre 1998, fonde Otpor, avec une quinzaine d’autres amis,
en lutte contre la dictature de Milosevic.
Après la révolution qui a poussé Slobodan Milosovic à la
démission en 2000, devient membre de l'Assemblée nationale serbe.
Est ensuite conseiller du premier ministre Zoran Đinđić, puis
membre du cabinet du ministre de l’Économie et conseiller auprès du
vice-premier ministre.
Intervient dans les universités états-uniennes, notamment dans un
cours en ligne à l'université Harvard. Est élu en 2017 recteur de
l'université de St Andrews, au Royaume-Uni. ../..
Srdja Popovic et Slobodan Djinovic
Anciens membres du mouvement de résistance de la
jeunesse serbe Otpor ! ("Résistance !") qui a joué un rôle majeur dans le
renversement de Slobodan Milosevic en octobre 2000, de même que la
coalition des partis politiques d’opposition DOS et le CESID avec ses
milliers d’observateurs électoraux .
Ces trois acteurs ont reçu des aides d’organisations états-uniennes
(National Endowment for Democracy (NED), International Republican
Institute (IRI), ‘Agence américaine pour le développement international’
(USAID), etc.
Ils ont bénéficié des formations à l’action non-violente animées par
Robert Halwey, proche collaborateur de Gene Sharp, dont les livres ont
été traduits et diffusés en fiches sur Internet.
../..
Ivan Marovic, Stanko Lazarevic et Aleksandar Maric
Otpor ! tente ensuite de se transformer en parti politique qui
essuie un fiasco électoral ( 60 000 voix) aux élections parlementaires.
Quand Otpor ! s’intègre dans le Parti Démocratique du président
Boris Tadic en septembre 2004, Popovic et Dinovic s’en éloignent et
créent en 2005 le Centre for Applied Non-Violent Actions and Strategies
(CANVAS) qui organise des séminaires de formation à la lutte contre
les fraudes électorales dans d'anciens satellites soviétiques.
D’autres leaders serbes d’Otpor !, Ivan Marovic, Stanko
Lazarevic et Aleksandar Maric, créent le Center for Non-Violent
Resistance. ../..
Photo du bas : Ivan Marovic
Les anciens leaders d’Otpor !
Ces organisations sont devenues des entreprises privées de
consultants monnayant leurs compétences.
C’est ainsi que les méthodes non-violentes ont été "exportées"
en Géorgie (chute de Chevardnadze), en Ukraine (organisation Pora,
très active durant la "révolution orange"), en Biélorussie (organisation
de défense des droits civiques ZUBR, opposée à Loukachenko), en
Albanie, en Russie (opposition à Poutine), au Kirghizistan (renverse-
ment du président Akaïev), en Ouzbékistan (opposition à Karimov),
au Liban, etc.
Les étudiants du Mouvement du 6 Avril en Égypte ont consulté
Otpor ! et adopté ses méthodes lors de la révolution égyptienne de
2011. ../..
Photos : - Srdja Popovic et Slobodan Dinovic,
- Logo du Mouvement du 6 avril inspiré de ceux d’Otpor ! et de Canvas
Les anciens leaders d’Otpor !
« L'essentiel du travail de CANVAS est plutôt de répandre
dans le monde le message du "pouvoir du peuple" que de
remporter des victoires contre tel ou tel dictateur.
Notre prochaine mission sera de montrer qu'une lutte
non-violente est outil puissant pour la liberté, la démocratie et
les droits de l'homme ».
Resteront à vérifier à l’avenir la cohérence entre les
moyens non-violents et les fins poursuivies, la déontologie de
ces organismes de formation à l’action non-violente, l’ambition
et le devenir politiques de leurs dirigeants…
Sébastien Arsac et Brigitte Gothière
Nés en 1973. S. B. : professeur des écoles, objecteur de
conscience. B. G. : Professeure dans l’enseignement professionnel,
bénévole à la Croix Rouge.
Créent en 2003 le collectif ‘Stop gavage’ pour lutter contre
le gavage des canards destinés au foie gras. Créent en 2008
l’association L 214 (en référence à l’article L214 du Code rural qui
a reconnu pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués
de sensibilité), qui agit en justice pour faire condamner les actes de
cruauté et les pratiques illégales.
Comme dans les associations états-uniennes Mercy for
Animals ou Compassion in world farming (CIWF), les militants se font
embaucher dans les abattoirs ou les élevages industriels avec des
caméras cachées pour dénoncer les conditions d’abattage et la
maltraitance animale.
d
En trois ans, l’association a lancé les sites Viande.info (un site sur l’impact de
la viande), Politique-animaux (un observatoire des prises de position des élus
politiques sur les animaux), Vegoresto (qui répertorie les restaurants végans en
France)
Ioann Burdin et Ioann Koval
I. B., né en 1972, prêtre orthodoxe russe. Recteur de l'église orthodoxe
de la Résurrection du Christ dans le village russe de Nikolskoye. Arrêté pour
avoir dénoncé le 6 mars 2022 dans un sermon l’invasion russe de l’Ukraine.
Son prêche comportait en autres des description des dégâts humains et
matériels de « l’opération spéciale ». En septembre 2022, demande au
Patriarcat de Moscou à être rattaché à l’Église orthodoxe bulgare. Le
patriarche Kirill* lui reproche de saper la confiance des fidèles dans la
hiérarchie et de nuire à l’unité de l’Église.
I. K., né en 1978, prêtre ukrainien marié à une femme russe. Est
révoqué car il a appelé à prier pour la « paix » plutôt que pour la « victoire ».
D’autres prêtres se sont insurgés contre l’agression russe : Ioann
Kurmoyarov, Andrei Kordochkin (en service à Madrid, suspendu pendant 3
mois pour avoir exprimé des positions anti-guerre), etc. Mais sur plus de
40 000 ecclésiastiques de l’Église orthodoxe russe, seuls 300 prêtres ont
signé une lettre publique appelant à mettre fin à la guerre en Ukraine.
* Le 27 février 2022, tout en regrettant publiquement que la Russie ait commencé des actions
militaires contre l’Ukraine, Kirill exprime son soutien « aux militaires qui protègent et défendent notre
terre et notre peuple » et plaide pour une unification de la Russie et de l’Ukraine, tout en fustigeant les
« forces du mal » opposées à ce projet.
L'archiprêtre Andrei Tkachev - plus de 1,5 million de visiteurs sur Telegram – apporte un
soutien ardent à la guerre et affirme que la Russie est « le nouvel Israël (…) haï par les ennemis de
Dieu ».
Rachel Kéké
Femme ivoirienne, née en 1974, arrivée en France en 2000,
mère de 5 enfants. D’abord femme de chambre, puis gouvernante.
Travaille pendant 17 ans à l’hôtel Ibis, rue des Batignolles à Paris, a
successivement 4 employeurs sous-traitants d’Ibis, dont le dernier, STN,
impose des cadences épuisantes (jusqu’à 40 chambres par jour).
Organise une grève, avec drapeaux, tracts, haut-parleurs,
confettis, musique, danses, piquets de grève sous la neige. Remporte
avec les autres employées (34 au début, 20 à la fin) une victoire historique
en mai 2021 au terme de 22 mois de grève : augmentation de salaires,
indemnité de nourriture, baisse de la cadence indicative de nombre à
chambres à nettoyer par heure, mise en place d’une pointeuse
électronique, fourniture de 2 tenues par an.
« "Ce métier de femme de chambre est un travail où on exploite
beaucoup les femmes. On n'a pas de diplôme. On connait l'exploitation, le
harcèlement moral, sexuel... Le syndicat CGT propreté tentait par tous les
moyens de nous décourager, alors on a contacté le syndicat CGT-HPE*. Il
faut déranger suffisamment pour que l’hôtel soit obligé de faire des
"gratuits" aux clients. Mais c’était dur : on était méprisées, certains clients
nous jetaient des pommes et des seaux d’eaux depuis les fenêtres. On
avait deux options : démissionner ou gagner. Certainement pas céder ! »
* HPE : Hôtels de prestige et économiques
Eli McCarthy
Né en 1975, États-unien, doctorat en éthique et en théorie
sociale de la Graduate Theological Union et maîtrise en théologie de la
Weston Jesuit School of Theology. Responsable des questions de
justice et de paix à la Conference of Major Superiors of Men (Confé-
rence de direction de tous les ordres religieux des hommes catholiques
des États-Unis), professeur en Justice and Peace Studies à la George-
town University (Washington DC). Assure des interventions non-
violentes dans les conflits et une formation à la justice réparatrice, une
éducation à la paix et à la protection des civils non-armés.
Définit une « éthique de la paix juste » comme un « moyen de
coopération politique pour le bien commun, le respect de la dignité de
tous et du monde, pour prévenir la violence avant son déclenchement et
transformer le conflit par des stratégies non-violentes » :
1 – Développer les qualités et compétences pour gérer les conflits de
manière constructive
2 – Briser les cycles des conflits destructeurs et violents
2 – Construire une paix durable.
Kaddour Hadadi
Surnommé HK, auteur-chanteur français né en 1976, fils d'immigrés
algériens établis à Roubaix. Ex-membre du groupe ‘Ministère des affaires
populaires’ (MAP), initiateur du groupe ‘HK et les Saltimbanks’. Son
engagement à gauche a fait de la chanson On lâche rien ! un hymne de
campagne.
Sort en 2011 l'album Citoyen du monde. Crée en 2019 la chanson
Alors on change dans un clip à l’occasion des mobilisations relatives au
climat, avec les images de l'association ANV-COP21.
En dépit des attentats et des blessures de la révolution, le roman
poétique Le cœur à l’outrage conte l’histoire d’Elsa et Mohammed
cherchant à faire tenir leur histoire d’amour entre Paris où ont lieu les
attentats terroristes et Tunis où s’invente la démocratie.
Proche de ‘Greenpeace’, ‘ATTAC’, ‘Amnesty International’, membre
de ‘Non-violence XXI’.
La chanson Ce soir nous irons au bal, interprétée par HK et les
Saltimbanks, se veut un hommage aux victimes des attentats du 13
novembre 2015 en France.
Avec sa chanson On lâche rien ! , écrit un des hymnes des luttes
sociales. Appelle à un changement profond du système politique.
../..
Kaddour Hadadi
« Nous sommes révolutionnaires. Nous l’avons toujours
été, nous le serons toujours, face à ce système que l’on considère
comme injuste, absurde, oppressant, violent, et à bout de souffle.
Mais nous ne sommes pas des adeptes de la révolution «à tout
prix», quels que soient les moyens, ou quelles que soient les
alliances : le chemin que l’on choisit pour mener une bataille est
aussi important que la bataille elle-même. »
« Répondre à la violence par une autre violence, c’est déjà se
perdre soi-même. (…) Si nous échouons à obtenir de grandes
victoires par la non-violence, je crains que des lendemains plus
sombres ne s’annoncent. La désobéissance civile est un outil
particulièrement pertinent. Lorsque l’on se rend compte à quel point
le jeu est faussé, le semble de s’organiser et de ne plus respecter les
règles me semble un choix juste.
Nous rêvons de la victoire de nos idées, de nos valeurs de
justice sociale, de solidarité et de fraternité humaine, de démocratie
réelle, de respect de la Terre et du vivant. Nous rêvons d’une lutte
enchantée, menée avec force et obstination. En faisant tout ce qui
est en notre pouvoir pour ne jamais avoir à céder à la violence, car
cela voudrait dire que nous aurons perdu une part essentielle de ce
que nous sommes et de ce pour quoi nous nous battons.»
Alexeï Navalny
(1976-2024), avocat, militant et prisonnier politique russe. Diplômé en
droit et en finances. En 2009, étudie à l'université Yale aux États-Unis.
Initiateur en 2011 de la 'Fondation anti-corruption’ (Fond Borby s
Korruptsieï, ФБК ou FBK), s’oppose à Vladimir Poutine et à son « parti des
voleurs et des escrocs ». Sa candidature à l'élection présidentielle russe de
2018 est refusée.
Candidat aux élections municipales à Moscou en 2013, axe sa cam-
pagne sur la dénonciation des migrants, qu'il décrit comme des délinquants.
Condamné pour détournement de fonds à la suite de procès jugés non
équitables par la Cour européenne des droits de l’homme. Évolue peu à peu
du nationalisme et du populisme vers le combat contre la corruption et pour
la démocratie.
Bâtit des organisations pour faire de l’investigation, puis installe des
branches de son mouvement dans les régions russes pour ne pas se
cantonner à la capitale, recrute et s’entoure de gens dévoués, profession-
nels, pour diffuser son message. En octobre 2019, la Fondation FKB est
classée « agent de l'étranger » par le ministère russe de la Justice.
En juillet 2020, fait campagne contre le référendum constitutionnel
russe, le qualifiant ouvertement de « coup d'État » et de « violation de la
constitution », estimant que les modifications permettraient à Vladimir
Poutine de devenir « président à vie ». ../..
Alexeï
Navalny
En août 2020, est victime d'une tentative d'empoisonnement avec l’agent neuro-
toxique Novitchok et est soigné en Allemagne. Décide, malgré les risques pour sa liberté
et pour sa vie, de revenir dans sa patrie et d’y continuer son combat pour la démocratie.
De retour en Russie, est placé en détention dans un camp de travail. En janvier
2022, son nom est inscrit sur la liste des "terroristes" par l'organisation fédérale russe de
contrôle des transactions financières. Est à nouveau condamné en mars 2022 à 9
années d'internement en régime sévère. En août 2023, sa peine est portée à 19 ans.
Meurt le 16 février 2024, dans la colonie pénitentiaire IK-3, très probablement
assassiné car il semblait en pleine forme la veille sur les images d’un reportage.
« Je n’ai pas peur, n’ayez pas peur non plus ! Si je venais à disparaître, continuez
le combat ! »
* colonie à "régime spécial", la catégorie d'établissements où les conditions de détention sont les plus rudes et
qui sont d'ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux, située au-delà du cercle
polaire, dans le village sibérien de Kharp, à plus de 3.000 kilomètres de Moscou. Héritier du Goulag soviétique, l'éta-
blissement est connu des défenseurs des droits humains pour ses conditions de vie particulièrement difficiles. Les
températures peuvent y descendre jusqu'à -32°C.
Images
- Dépôt de fleurs par des citoyens de Moscou en hommage à Alexeï Navalny
- Manifestation de réfugiés russes devant l’ambassade de Russie à Tallin (Estonie) « Poutine est un assassin »
- Une trentaine de personnes de la communauté russe rassemblées devant l’hôtel Negresco à Nice.
Alexeï Navalny
« Je voudrais lancer un appel à la communauté internationale, à
tous les peuples du monde, pour qu'ils se rassemblent et luttent contre
ce mal, contre ce régime horrible qui sévit aujourd'hui en Russie, et pour
que ce régime et Vladimir Poutine soient tenus personnellement respon-
sables de toutes les atrocités qu'ils ont commises dans notre pays au
cours des dernières années. »
Yulia Navalnaïa
- Image : Yulia Navalnaïa, née en 1976, économiste, veuve d’Alexeï Navalny, pendant la 60ème
Conférence de Munich sur la sécurité le 16 février 2024.
Campagne de signatures lancée par Avaaz :
« Cher Alexeï Navalny,
Ils vous ont tué. Aujourd'hui, nous sommes des millions à pleurer aux côtés
de votre famille et à célébrer votre mémoire.
Il n’y a pas de mots pour décrire votre courage : votre courage est celui que
tous les dictateurs craignent le plus, celui qui inspire les hommes et les femmes à
se soulever contre la tyrannie.
Et vous l’avez payé par le plus grand des sacrifices : d'abord l'empoisonne-
ment, puis la prison et maintenant la mort.
Notre monde retient son souffle alors que la guerre fait rage en Ukraine et au
Proche-Orient. Dans ces temps troublés, votre héritage nous donne de la force.
Nous ne regarderons pas ailleurs pendant que nos démocraties sont menacées.
Reposez en paix ! » Des hommes et des femmes du monde entier
Oleh Sentsov
Né en 1976, réalisateur, scénariste et producteur ukrainien de
cinéma. Son film Gaamer (2011) raconte l’histoire d’un jeune ukrainien
passionné de jeux vidéo.
Engagé dans le mouvement pro-européen Euromaidan, ne
reconnait pas l’invasion puis l’annexion russe de la Crimée. Arrêté en
mai 2014, comme Hennady Afanasyev, Alexei Chirnigo et Oleksandr
Kolchenko, par le ‘Service fédéral de sécurité de la Fédération de
Russie’ (FSB) sous l'accusation de « préparation d'actes terroristes ».
Condamné en août 2015 à 20 ans de réclusion aux termes d'une
parodie de procès.
Emprisonné dans une colonie pénitentiaire en Sibérie occidentale,
fait en 2018, 145 jours de grève de la faim. Reçoit en octobre 2018 le
prix Sakharov du Parlement européen. Libéré en septembre 2019 au
cours d'un échange de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie.
« Je ne suis pas un serf. »
« Je ne vois pas l’intérêt d’avoir des principes si on n’est pas prêt à
souffrir, voire à mourir pour eux ».
« Quand tu te retrouves en prison, tu apprends à vivre d’espé-
rance, même quand celle-ci a disparu. »
Image du bas : Le film Le Procès de Askold Kurov au sujet du procès de Sentsov
Véronique Dudouet
Française née en 1977. Enfance au sein des communautés de
l’Arche de Lanza del Vasto, études en science politique (IEP de
Toulouse) et en résolution des conflits (Master et doctorat au
Département de Peace studies de l’université de Bradford, Grande-
Bretagne).
Chercheuse principale et directrice de programme à la
‘Fondation Berghof’ à Berlin (Allemagne) où elle travaille depuis 2005
et membre de l’IRNC.
Active dans plusieurs initiatives de solidarité internationale,
notamment sur la Palestine (où elle a effectué plusieurs séjours de
recherche et d’accompagnement civil).
Ses travaux de recherche actuels portent sur la transition de la
lutte armée à la résistance civile, le rôle des acteurs tiers dans les
mouvements non-violents, la gouvernance post-conflit, la
méthodologie de "recherche action" participative, la négociation et la
médiation dans les conflits politiques asymétriques.
Erica Chenoweth et Maria Stephan
Maria Stephan., universitaire états-unienne née en 1977. Chercheuse
à l’International Center on Nonviolent Conflict (ICNC) et à l’US Institute for
Peace. Rencontre en 2006 Erica Chenoweth, étudiante en doctorat de
sciences politiques à l’Université du Colorado, aujourd’hui Associate Senior
Researcher au Peace Research Institute Oslo (PRIO), qui s’interroge sur la
pertinence de l’action non-violente.
Elles collectent des données sur toutes les campagnes majeures
depuis 1900, violentes et non-violentes, visant le renversement d’un
gouvernement ou la libération d’un territoire. Les données couvrent le
monde entier et concernent tous les cas connus, 323 cas, où ont été
observés au moins 1000 participants. Leur ouvrage Why Civil Resistance
Works ? The Strategic Logic of Nonviolent Conflict (2011) montre qu’entre
1900 et 2006, les campagnes non-violentes, dans le monde entier, ont
réussi deux fois plus souvent que les insurrections armées.
Cette tendance se confirme sur la période 1900-2014. Attirant un
soutien impressionnant des citoyens et privant les régimes de leurs
principales sources de pouvoir, les campagnes non-violentes ont produit
des résultats remarquables, même dans les contextes iranien, palestinien,
philippin et birman. ../..
Erica Chenoweth et Maria Stephan
Dans le même temps, les insurrections violentes sont
devenues de plus en plus rares et infructueuses.
Les auteures identifient les conditions qui favorisent le succès
de la non-violence. La résistance non-violente présente moins
d'obstacles à l'implication physique et psychologique des femmes,
des personnes âgées ou handicapées, permet l'information et
l'éducation, favorise l'engagement des participants. Des niveaux de
participation plus élevés contribuent alors à une résilience accrue, à
une probabilité accrue d’innovation tactique, à une possibilité accrue
de remise en cause du désordre établi (et donc à une incitation
moindre du régime à maintenir le statu quo), ainsi qu’à des
retournements parmi les acteurs, y compris les membres des forces
militaires.
Les mouvements de résistance non-violents couronnés de
succès ouvrent la voie à des démocraties plus durables et plus
pacifiques, moins susceptibles de régresser dans la guerre civile.
Erica Chenoweth et Maria Stephan
« Croire que seule la violence peut combattre efficacement
un pouvoir qui refuse d’entendre son peuple est une erreur aussi grave
que répandue. En réalité, la non-violence est une arme bien plus efficace
contre la tyrannie.
Erica Chenoweth et Maria J. Stephan, spécialistes américaines
de politique internationale, ont observé plus de 320 insurrections au
cours du XXème siècle, notamment en Iran (1979, image du haut), en
Palestine (1992), aux Philippines (1986) et en Birmanie (1990). Leur
conclusion est sans appel : quels que soient leurs objectifs et le type de
pouvoir qu’elles affrontent, les insurrections non violentes
parviennent à leurs fins trois fois sur quatre, contre une fois seulement
pour les violentes. En outre, les mouvements de résistance civile offrent
une bien meilleure garantie d’un avenir démocratique.
Pouvoir de la non-violence est devenu un ouvrage de référence
plusieurs fois primé qui dénonce l’inefficacité des soulèvements violents
dans le monde. »
L’édition française est précédée d’une préface inédite de Jacques
Semelin, directeur de recherche au CNRS, professeur à ‘Sciences Po
Paris’, spécialiste français des questions de résistance civile.
Abdourahman Mohamed Guelleh
alias TX, né en 1977, militant politique non-violent djiboutien*.
Ancien maire de la ville de Djibouti. Emprisonné durant 4 mois en 2020
pour avoir participé à une réunion de la coalition de 7 partis politiques,
l’‘l’Union pour le salut national (USN)’ dont il était le Secrétaire général.
Dirige actuellement le ‘Rassemblement pour l’action, la démocratie et le
développement écologique’ (RADDE), principal mouvement d’opposition
à la dictature, qui organise des protestations non-violentes : sit-in devant
l’Assemblée nationale, marches avec des chants et danses tradition-
nelles, etc.
« Le RADDE est opposé à toute forme de violence pour des
raisons de principe, de pragmatisme et de stratégie. Je suis habité par
trois principes de Martin Luther King : accepter la souffrance au nom de
la cause pour atteindre l’objectif, éviter la violence physique, ne pas
nourrir le sentiment de vengeance dans mon esprit. Ils m’ont permis
d’affronter avec courage - et une certaine sérénité - toutes les formes de
répression que j’ai endurées. »
* La République de Djibouti, indépendante depuis 1977, est dirigée depuis 45 ans par le
dictateur Ismail Omar Guelleh, ex-chef de la sécurité intérieure et extérieure, puis Président de la
République depuis 1999. Il s’estime réélu en 2021 pour un 5ème mandat et tient le pays d’une
main de fer. Toute forme d’opposition ou de revendication politique, sociale, économique ou
syndicale est brutalement étouffée dans l’œuf ou réprimée : massacres de civils non armés;
assassinats ciblés, arrestations arbitraires, tortures, exils forcés, licenciements, etc.
Marina Ovsiannikova
Née Tkatchouk en 1978, journaliste et productrice russe. Fille d'une
mère russe et d'un père ukrainien, diplômée de l'Université d'État du
Kouban, puis de ‘l'Académie russe d'économie nationale et d'administration
publique’. Travaille pour la première chaîne de télévision russe Pervi Kanal,
détenue majoritairement par l'État.
Dans la troisième semaine de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le
14 mars 2022, pour manifester son opposition à la guerre en Ukraine, se
fait mondialement connaître par un acte de résistance, en brandissant lors
du journal télévisé du soir Vremia, une pancarte Non à la guerre. Ne croyez
pas à la propagande. Ici, ils vous mentent. Les Russes contre la guerre. La
diffusion normale de l'émission est interrompue, un reportage pré-enregistré
remplace le direct.
Arrêtée, condamnée à une amende pour « infraction administrative »,
relâchée dans l'attente d'un jugement pour non-respect de la récente loi sur
la "propagation de fausses informations sur l’utilisation des forces armées
russes", qui pouvait lui valoir jusqu'à 15 ans de prison. Exfiltrée en France
par ‘Reporters sans frontières’ et réfugiée à Paris.
« J'ai honte d'avoir laissé raconter des mensonges sur les écrans de
télévision. J'ai honte d'avoir permis de zombifier les Russes. (…) Allez
manifester, n'ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous emprisonner tous. »
Razika Adnani
Né en 1978 ?, philosophe, islamologue et conférencière franco-
algérienne. Jusqu’en 2005, enseigne la philosophie en Algérie. Publie en
2001 et 2003 deux précis de philosophie destinés aux lycéens. Quitte
l'enseignement afin de s’investir complètement dans la réflexion philoso-
phique ainsi que dans la recherche sur l’Islam et la pensée musulmane.
Membre du Conseil d’Orientation de la ‘Fondation de l'Islam de France’
et membre du conseil scientifique du ‘Centre civique d’étude du fait
religieux’ (CCEFR).
Penseure de l'islam, s’inscrit dans la lignée d'intellectuels comme
Mohammed Arkoun ou Nasr Hamid Abou Zeid qui interrogent la pensée
musulmane en vue de la renouveler.
Dans La nécessaire réconciliation (2014), réfléchit à la question
de la violence, de la relation à l’autre, à soi et à l’histoire. Cet ouvrage
emprunte à l’Algérie la matière de sa réflexion, mais ouvre le champ sur
les questions relatives au rapport à la violence et à la mémoire.
Défend l’idée que la violence est immorale et qu’elle s’exprime
là où l’être humain manque de maturité. Même si la contre-violence est
utilisée pour éviter une violence supérieure, elle doit être jugée comme
un échec et un mal. La distinction entre la fin et le moyen est impérative
pour éviter que la violence s’attribue la valeur morale de la fin.
Rachel Corrie
(1979-2003), militante états-unienne d’origine juive, volontaire
de l’International Solidarity Movement (ISM).
Morte le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza, durant la
‘seconde Intifada’, écrasée par un bulldozer israélien alors qu'elle
essaye avec d'autres membres de son organisation d'arrêter
pacifiquement la démolition de la maison d'un médecin palestinien.
Des membres d'ISM présents sur les lieux lors des faits
affirment que le conducteur du bulldozer a délibérément tué
R.C. en l'écrasant deux fois avec son bulldozer. La jeune femme
s'était placée face à l'engin, dans le but de se faire voir par le
conducteur et ainsi l'inciter à ne pas poursuivre son chemin
vers la démolition.
Selon l’armée israélienne, le conducteur de l’engin ne l’aurait
pas vue, car elle était dans un angle mort.
Erika Leclerc-Marceau
Née en 1979, comédienne d'origine québécoise installée en France,
humoriste, animatrice radio, chroniqueuse, auteure de créations théâtrales sur
mesure. ‘École nationale de l’humour’ (Montréal), licence en communication
UQAM (Montréal), 10 ans de formation en Communication Non-Violente.
Auteur et interprète de Ma [non] violence ordinaire.
Co-créatrice de La Beauté des Sexes, un duo drôle, doux et questionnant sur Comment éduquer à
l'équité des sexes? Animatrice de radio Microphone Francophone . Co-créatrice de la conférence active
Oser se parler... Comment dire ? une initiation à la Communication Non-Violente en duo avec Françoise
Keller. Co-créatrice du spectacle La folle épopée d'une famille ordinaire qui a pour thème central ’Que
voulons-nous vivre ensemble ?’ Créatrice de Erika l'intranquille (humour sensible, décalé et poético-fêlé)
et de Être parents, mieux vaut en rire ! (mélange de one woman show, de conférence gesticulée et de
théâtre forum autour de l'éducation bienveillante).
« Les conflits, ça fait partie de la vie, de la paix. Le médecin aussi tombe
malade, ça ne l’empêche pas d’être bon médecin, au contraire ! (…) La
violence est aussi à l’intérieur de moi. Dans ma tête, il y a un autobus rempli
de personnages, et c’est pas toujours la même personne qui conduit l'autobus
! La belle-mère de Cendrillon vit dans ma tête, parfois, c'est elle qui conduit le
bus! (…) La réponse à la violence, c’est l’amour : l’écoute, la compréhension,
le soin, l’ouverture, la fermeté, la douceur, la confiance, le courage, la vérité. »
Chloé di Cintio
Née en 1979, formatrice française. Diplômée en philosophie et en
psychologie. S'engage en 1996 dans le ‘Réseau Sortir du nucléaire’ (sit in,
blocages, pratique du consensus en grand groupe, etc.). En 2002, rédige
un mémoire de maîtrise, Désobéissance civile et non-violence. Se
consacre ensuite à l'éducation alternative (gestion des conflits, pratiques
coopératives, théâtre forum, etc.). Se spécialise en éducation alternative
depuis 2002 : formatrice ‘Non Violence et Paix 54’, formée auprès de
‘Génération Médiateurs’, rejoint l'association ‘Altern'Educ’ en 2002, dans
laquelle elle exerce des fonctions d'animation, formation et direction, avant
d'en devenir Présidente. Dirige la revue Éduquer Autrement de 2003 à
2008.
Spécialiste en jeux coopératifs, formée au théâtre-forum, à la
communication sans violence, à l'animation de cercles de parole, à la
gestion des conflits, anime des formations sur ces thèmes.
Son Petit traité de désobéissance civile dresse un état des lieux
complet de cette forme de résistance politique, des origines à nos jours :
théorie, pratiques, méthodes, débats, enjeux et perspectives. L'auteur fait
le point sur les notions essentielles de toute société humaine (la morale, la
violence, la légitimité, le droit, la loi...). Ce livre donne aussi la parole aux
acteurs de la désobéissance.
Jon(athan) Palais
Né en 1979. Milite à Greenpeace à partir de 2006 et avec
l'association écologiste ‘Bizi !’, au Pays Basque, à partir de 2011.
Participe au lancement des mouvements ‘Alternatiba’ en 2013
et ‘Action Non-Violente COP21’ en 2015, deux dynamiques de mobilisa-
tion citoyenne contre le changement climatique, qui conjuguent la
promotion des alternatives avec les actions non-violentes de résistance
et d'opposition.
« Notre génération doit relever en quelques années le défi le
plus colossal qu’on ait jamais connu à l'échelle de toute l'histoire de
l'humanité.
Un tel défi ne pourra pas être relevé par des petits groupes de
militants, mais par un mouvement citoyen de masse, à la fois radical et
populaire, car c'est une transformation en profondeur de notre société
qu'il faut réussir à faire très rapidement au niveau planétaire. (…)
La stratégie de l'action non-violente est la mieux adaptée pour
lancer le mouvement “à la Martin Luther King pour le climat” dont nous
avons besoin aujourd'hui. »
Tawakkul Karman
Née en 1979, militante yéménite pour la défense des droits
des femmes.
Crée en 2005 le groupe de défense des droits humains
Women Journalists Without Chains (Femmes journalistes sans
chaînes), pour défendre la liberté de pensée et d'expression.
Dénonce l'interdiction par le ministère de l'Information de la
création d'un journal et d'une radio, reçoit des menaces et des offres
de corruption des autorités.
De 2007 à 2010, participe ou appelle à des manifestations ou
des sit-in sur la place de la Liberté à Sanaa, devant le bâtiment du
gouvernement.
Co-prix Nobel de la paix 2011 en reconnaissance de « son
travail dans la lutte non-violente pour la sécurité des femmes
et pour les droits des femmes à la pleine participation dans le
travail de consolidation de la paix au Yémen ».
« Leur cause est juste, mais ce n’est pas par la violence que
les Syriens réussiront à faire tomber la dictature. »
Benjamin Joyeux
Né en 1980, journaliste français indépendant et juriste de forma-
tion, spécialisé sur l'environnement et les relations internationales,
militant dans divers associations et collectifs de défense des libertés et
des droits humains.
Pendant dix ans collaborateur parlementaire d'élu.e.s écologistes
au Sénat, à l'Assemblée nationale et au Parlement européen.
Sympathisant du mouvement indien Ekta Parishad depuis 2004.
Activiste gandhien de la non-violence, coordinateur depuis 2016 de Jaï
Jagat 2020, grande marche Delhi-Genève pour la justice et la paix
prévue en 2020, sorte de « Forum social en marche » qui s’adresse à
tous les exclus de la mondialisation et celles et ceux pour qui un autre
monde est possible. La marche a notamment pour but la mise en œuvre
des 17 ‘objectifs de développement durable’ (ODD) de ‘Agenda 2030 des
Nations Unies.
« Un engagement politique n'a de sens qu'en mettant en adéqua-
tion les valeurs que l'on porte et la façon dont on se comporte. Et c'est
particulièrement vrai pour l'écologie, dont l'exigence n'est rien de moins
que de sauver la planète, en commençant donc par se sauver soi-
même. »
Guillaume Gamblin
Né en 1980, militant francais de la non-violence et de la décrois-
sance. Mémoire de maîtrise sur la philosophie de la non-violence. Milite
un temps au MAN, travaille pour ‘Non-violence XXI’, fait une enquête
sur les organisations non-violentes de France, reprise par Alternatives
non-violentes.
Auteur des ouvrages La Force de l’autonomie. Gandhi précur-
seur de la décroissance ?, L'insolente - Dialogues avec Pinar Selek,
avec Pierre Sommermeyer, du recueil Non-violence dans la révolution
syrienne, d’un livre sur Pepe Beunza, etc. Ancien volontaire de l'inter-
vention civile de paix au Guatemala.
Co-rédacteur depuis 2006 de la revue S!lence, très impliquée
notamment dans la réflexion et l’information sur la désobéissance civile.
« Lorsque les règles en vigueur ont été adoptées collective-
ment et dans le respect des minorités, lorsqu’elles respectent les
exigences de justice et les droits humains, économiques, politiques et
sociaux, les suivre permet alors de vivre ensemble. Car ce sont elles qui
aident à protéger les plus faibles et à établir une égalité de traitement
entre tou.te.s. ../..
Guillaume Gamblin
Mais lorsque les lois contreviennent aux exigences de
justice, ne respectent pas les droits et/ou ont été élaborées sans les
personnes et les groupes concernés, elles cessent d’être légitimes.
Quand les moyens de pression classiques pour les modifier ont été
épuisés sans résultats, désobéir à des lois injustes devient alors non
seulement un droit mais aussi un devoir.»
« Dans ce travail sur les victoires*, on a vu qu'il fallait en
moyenne entre 12 et 25 ans pour obtenir victoire, et ça montre que
quand on entame une campagne d’action non-violente, il faut y aller
sur le long terme, même quand le sujet est d'une urgence absolue. »
« La non-violence est plus que jamais nécessaire dans un
contexte où les tensions sont de plus en plus fortes à cause de
l’urgence écologique qui devient une urgence sociale et qui accentue
les extrémismes et les nationalismes. »
* N° spécial de S!lence sur les victoires de l'écologie en octobre 2022, pour les 40
ans de la revue, affiche associée ci-contre.
Image du haut : De la marche du sel de Gandhi à la lutte des paysans du Larzac,
des mouvements antipub et anti-OGM aux campagnes pour le climat d’ANV-COP 21, cette
affiche de S!lence donne également à voir de nombreuses actions moins connues, et la
diversité des formes de la désobéissance civile.
Markus Haluk et Benny Wenda
M. H., né en 1980, militant politique non-violent de Papouasie
Occidentale, dominée par l’Indonésie*. Enfant, voit les soldats indoné-
siens torturer et tuer plusieurs habitants de son village. Études supé-
rieures à la faculté de théologie Fajar Timur à Jayapura. En 2004,
renonce à la vie religieuse pour se consacrer à son peuple. La théologie
de la libération demeure le carburant de son engagement en non-
violence.
Directeur exécutif du United Liberation Movement for West Papua
(ULMWP), créée en déc. 2014, dont le président élu, Benny Wenda, né
en 1975 (photo du bas), co-fondateur en 2004 de la Free West Papua
Campaign, est en exil au Royaume Uni. Retenu plusieurs fois par la
police pour ses activités dissidentes.
../..
* La résistance non-violente papou contre le colonialisme existait bien avant
l’occupation indonésienne. En 1940, à Biak, 30 000 Papous, dirigés par Anggani
Menufandu, engagent une désobéissance civile contre l’interdiction de chants et
de danse traditionnelles, et contre les impôts et le travail forcé imposés par le
gouvernement néerlandais. Ils avaient de même refusé l’occupation japonaise
durant la Deuxième Guerre mondiale.
Markus Haluk et Benny Wenda
En 2016, une pétition géante est organisée par l’ULMWP pour
contester la validité du référendum de 1969 qui avait abouti à l’annexion
de la Papouasie*, pétition signée par 1,8 million de Papous et d’Indoné-
siens. Elle est présentée à la Commission des droits de l’homme de l’ONU
l’année suivante.
Des actions non-violentes sous forme de longues marches à
l’étranger appellent au boycott des produits d’importation indonésiens,
notamment l’huile de palme dont l’Indonésie est le premier exportateur
mondial au prix de la déforestation massive en Papouasie.
En déc. 2020, l’ULMWP annonce la formation d’un gouvernement
provisoire de Papouasie Occidentale en exil en République de Vanuatu.
Depuis 2023, l’ULMPW est member du Melanesian Spearhead Group
(MSG) qui regroupe plusieurs États du Pacifique et de l’Océanie.
* La Papouasie Occidentale (5,5 millions d’habitants dont 2,5 millions de Papous),
province indonésienne ayant obtenu une « autonomie spéciale » et qui réclame son
indépendance, est à distinguer de la Papouasie-Nouvelle Guinée (8 millions de
Papous), qui l’a déjà acquise en 1975.
Caroline de Haas
Née en1980, militante féministe et femme politique française. Étudie
l'histoire contemporaine à Lyon-II et Nanterre, militante (‘Amnesty
International’, ‘Petits frères des pauvres’, ‘Scouts unitaires’, ‘UNEF’). En
2009, participe à la fondation de l'association ‘Osez le féminisme !’ dont
elle est porte-parole jusqu'en juillet 2011. Milite au sein du ‘Mouvement des
jeunes socialistes’ puis, au ‘Parti socialiste’ en tant qu'attachée de presse
du porte-parole du parti, Benoît Hamon, jusqu'en 2012.
Après l'élection présidentielle de 2012 et la création d'un ministère
des Droits des femmes au sein du gouvernement Ayrault, est conseillère
chargée des relations avec les associations et de la lutte contre les
violences faites aux femmes au sein du cabinet de Najat Vallaud-
Belkacem. En juin 2013, crée ‘Egaé’, d'égal à égale, agence de conseil en
égalité professionnelle. En septembre 2016, directrice de campagne de
Cécile Duflot, candidate à la primaire présidentielle écologiste de 2016.
En 2019, défend l’instauration d’un brevet de non-violence, obligatoire
au collège et soutenu par une campagne nationale de sensibilisation, sur
le modèle de l'attestation scolaire de sécurité routière, ayant pour but de
former les générations futures au respect des femmes.
Rima al Dali
Née en 1980, Syrienne, diplômée en droit de l'université
d'Alep, travaille pour un Programme de développement de l’ONU,
bénévole de la ‘Croix Rouge’.
Proteste en avril 2012 en robe rouge contre les violences en
Syrie.
Manifeste à nouveau pacifiquement à Damas en novembre
2012, avec Ru'a Ja'far, Kinda al-Za'our et Lubna al-Za'our.
Habillées en robes de mariage blanches, elles portent trois
bannières, l'une appelant à la fin de toutes les opérations militaires
en Syrie, une autre avec les mots "la Syrie est pour nous tous", et
une disant : « Nous sommes tous épuisés, nous voulons une autre
solution».
Emprisonnées.
« Les moyens utilisés pour parvenir à nos buts doivent être
aussi purs que nos buts.»
Kizito Mihigo
(1981-2020), artiste rwandais, chanteur de gospel, auteur de chants
liturgiques, organiste et compositeur.
Rescapé du génocide des Tutsis, formé au Conservatoire de musi-
que de Paris. Durant son séjour en Europe, ayant fait connaissance du
‘Mouvement international de la réconciliation’ (MIR), organise régulièrement
des concerts de musique sacrée suivis par une messe de Requiem pour
les victimes de toutes sortes de violences dans le monde.
Crée en 2010 la ‘Fondation Kizito Mihigo pour la paix’. Entame une
tournée dans les écoles et dans toutes les prisons du Rwanda pour édu-
quer aux valeurs de paix et de réconciliation. En 2012, animateur de télévi-
sion. En avril 2014, après avoir publié une chanson critique, Igisobanuro
Cy'urupfu (‘La signification de la mort’), aussitôt interdite par les autorités
rwandaises, est arrêté pour "menace contre l'État". En février 2015, con-
damné à 10 ans de prison pour "conspiration contre le gouvernement" du
président-dictateur Paul Kagamé. Libéré par la grâce présidentielle le 14
septembre 2018.
À nouveau arrêté le 13 février 2020, meurt dans sa cellule à Kigali le
17 février, officiellement d'un suicide par pendaison.
« Je suis rescapé du génocide mais ce n'est pas pour autant que
j'ignore la souffrance des autres (…) La mort n'est jamais bonne, que ce
soit du génocide, de la guerre ou des vengeances… »
Ekaterina Samoutsevitch,
Nadejda Tolokonnikova,
Maria Alekhina
et les Pussy Riot
E. S., née en 1982, programmeuse informatique, N.T., formation en philosophie, née
en 1989, et M. A., née en 1988, formation en journalisme et littérature, toutes les trois
artistes et militantes politiques russes. Membres du groupe Pussy Riot (en anglais "émeute
de chattes"), un collectif de … ersonnes né en 2011 de la rencontre de personnes réunies
par l’opposition à la dictature, le féminisme, l’art contemporain, la musique. Leurs tenues de
manifestation sont constituées de robes légères et de collants, et leurs visages cachés par
des cagoules colorées.
En 2011, les membres du mouvement naissant ont mené une action dans le métro
russe pour protester contre le sexisme de la société.
Suite à une exhibition (Te Deum en "prière punk") de 5 femmes du groupe dans la
cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou en février 2012 pour dénoncer la collusion de
l’Église orthodoxe russe avec le régime de Poutine, ("Marie mère de Dieu, chasse Poutine,
deviens féministe !", etc.), 3 d’entre elles, arrêtées par la police, sont condamnées en août
2012 à 2 ans d'emprisonnement en camp de travail pour "vandalisme et incitation à la haine
religieuse". Elles sont considérées comme des prisonnières d'opinion par ‘Amnesty Interna-
tional’.
Cette action est célébrée par le documentaire russe Winter, Go Away ! (2012)
présenté notamment au Parlement européen, et par le film états-unien Pussy Riot - Une
prière punk (2013). ../..
Les Pussy Riot et Piotr Verzilov
À la 53e minute de la finale de la Coupe du monde de football, le 15
juillet 2018, 3 femmes des Pussy Riot et le mari de Nadejda Tolokonnikova,
Piotr Verzilov* (né en 1987, porte-parole officieux des Pussy Riot quand elles
étaient en camp de travail), tous déguisés en policiers, font irruption sur le
terrain et interrompent le match pendant 2 minutes pour dénoncer la brutalité
et les tortures policières et réclamer la mise en liberté du cinéaste Oleh
Sentsov. Ils sont condamnés tous les 4 à 15 jours de prison pour "organisa-
tion et tenue d'événements publics sans préavis écrit".
En sept. 2021, Maria Alekhina est condamnée à un an de restrictions de
liberté pour avoir appelé à manifester contre l’arrestation d’Alexeï Navalny,
principal opposant russe. Elle est placée sous contrôle judiciaire avec inter-
diction de quitter Moscou. Mi-avril 2022, sa peine se transforme en 20 jours
de prison ferme. Elle décide alors de quitter la Russie, déguisée en livreuse
de repas, et débute une tournée mondiale dont les fonds seront reversés à
l’Ukraine.
* Deux mois plus tard, le 11 septembre, juste après avoir assisté à Moscou à une audience
judiciaire concernant l’arrestation récente de deux sympathisantes de Pussy Riot, P. Verzilov est
hospitalisé à Berlin pour de graves problèmes neurologiques apparus soudainement (perte de la vue, de
la parole, de la capacité de marcher). Selon les Pussy Riots, et selon l'équipe médicale allemande qui
l'a soigné, il a été empoisonné.
Célia Grincourt
Née en 1982, animatrice radio et comédienne française. Master
de Lettres modernes, diplômée animatrice radio de ‘l’Institut National
Audiovisuel’. Pendant 15 ans comédienne, directrice de compagnie de
théâtre et autrice. Adhérente de ‘l’Observatoire de la violence éducative
ordinaire’ (OVEO), attachée à la défense des droits des enfants,
militante ‘Colibris’ et ‘Greenpeace’. Découvre la non-violence à la
lecture d’un article évoquant les travaux d’Erica Chenoweth.
Lance en octobre 2020 un podcast et un site Internet La force
de la non-violence, avec un programme d’interviews pour aborder la
non-violence sous toutes ses formes : Jean-François Bernardini, HK,
Jon Palais, Pauline Boyer, Daliborka Milanovic, Txetx Etcheverry,
Isabelle Filliozat, etc.
« La non-violence m’a permis de tout mettre en lien. Pour moi,
c’est tout simplement le meilleur moyen à notre disposition pour défen-
dre l’être humain, une réponse naturelle à tous les maux qui rongent
notre société. »
« Le podcast me permet de suivre ce fil rouge de la non-violen-
ce et favorise la prise de distance, donc la réflexion. Concernant le titre,
je souhaitais à la fois qu’il marque les esprits et qu’il casse les stéréo-
types. Faire comprendre aux gens que la non-violence représente une
force puissante, les interpeller d’emblée.»
Pascal Djemegued
Né en 1983, prêtre ("abbé Pascal") et militant politique
camerounais. Enfance difficile du fait de la mort de son père,
gendarme, alors que lui a 8 ans. Études de philosophie, stage aux États-
Unis (au Centre Martin Luther King et dans les zones de canne à sucre).
Diplôme universitaire ‘Intervention civile de paix’ de l’Université catholique
de Paris en 2019, mémoire de mastère sur la protection des enfants contre
Boko Haram.
Crée en 2019 le ‘Réseau de protection des droits de l’homme, de
l’environnement et de la promotion d’une culture de paix’. Dans un pays
livré à la violence des rebelles et des terroristes (Boko Haram) et à celle de
l’État, le réseau regroupe des étudiants et universitaires et se préoccupe de
réinsertion des exclus, de protection des victimes et des terres.
Cofonde ‘l’Observatoire de l’extrémisme violent et des droits de
l’homme dans l’Extrême-Nord’, qui veille sur les droits humains, dialogue
avec les autorités administratives et traditionnelles, puis la ‘Plateforme de
dialogue et d’organisation de la société civile’.
Accompagne des mères célibataires, des veuves de militaires,
d’anciens enfants-soldats, encourage des démarches de réconciliation.
« L’effort de toute une vie, disait Maurice Blondel, est d’associer la
pensée et l’action. (…) Il n’y a que l’amour pour convertir le criminel. »
Pauline Boyer
et Johann Naessens
Pauline Boyer, née en 1983, "activiste climat écoféministe" française.
Docteure en pharmacie et ingénieure des industries chimiques ENSIC,
quitte ses fonctions dans l'industrie 2015 pour s'engager à ‘Alternatiba’ et à
‘ANV COP21’ puis à ‘Greenpeace-France’ après sa prise de conscience du
dérèglement climatique et de l'urgence à changer de paradigme.
Yohann Naessens, né en 19??, enseignant, puis coordinateur de ‘Non-
violence XXI’ pendant 5 ans, puis à nouveau enseignant.
« Face à la menace climatique, à l’augmentation des inégalités et à
l’incapacité des dirigeants à changer radicalement de cap, la tentation de la
violence est forte, y compris dans les mouvements qui luttent pour un
changement de société. Méconnues, les stratégies de luttes non-violentes
représentent pourtant un outil puissant pour redonner du pouvoir au plus
grand nombre et construire un monde juste et soutenable. La philosophie de
la non-violence a donné naissance à une stratégie de lutte qui constitue une
force de transformation radicale et populaire. Face aux défis de notre époque,
infiniment complexes et entremêlés dans des chaînes de déresponsabilisa-
tion", l’action non-violente permet de s’ancrer dans une dynamique enthou-
siasmante et efficiente qui génère de l’espoir et transcende la peur, au sein de
de mouvements efficaces, inclusifs et créatifs. »
Luc Nkulula
(1985-2018), militant politique non-violent de la République Démo-
cratique du Congo (RDC). Licencié en droit de l' Université de Goma,
travaille comme consultant pour diverses organisations internationales.
Cofondateur en 2012 du mouvement pro-démocratie ‘Lutte pour le
changement’ (‘Lucha’), "mouvement citoyen congolais non-partisan et
non-violent" . Le groupe a pour objectif de promouvoir une meilleure
gouvernance, le respect des droits humains et la démocratie dans ce pays
qui a fait face à 32 ans de dictature du président Mobutu. La première
manifestation connue de Lucha, avant sa constitution officielle, est la
mobilisation des jeunes lors des élections présidentielles et législatives de
2011 afin que le maximum que tous d’électeurs éligibles soient inscrits.
Suivent des actions concernant le manque d'eau potable et le traitement
des ordures à Goma.
Esprit rebelle, combatif, plusieurs fois arrêté… En 2016, debout sur
un camion de police, appelle Joseph Kabila à se retirer conformément à la
constitution et à permettre des élections crédibles et transparentes.
../..
Luc Nkulula et ‘Lucha’
Meurt dans l’incendie de sa maison en juin 2018. Les militants
de ‘Lucha’ exigent une "enquête crédible" après la mort de leur ami.
Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo, est un
reportage en bande dessinée réalisé par la journaliste Justine Brabant
et la dessinatrice Annick Kamgang. Plus de 200 jeunes militants
pacifiques ont été arrêtés, enlevés par les services de sécurité
congolais, détenus au secret ou condamnés à de la prison à l’issue de
simulacres de procès. L’ouvrage raconte le parcours de ces jeunes
Congolais qui ont choisi de mener un combat pacifique dans un pays
où les armes, le clientélisme et la corruption sont monnaie courante.
Le documentaire de la journaliste française Marlène Rabaud,
Congo Lucha, filmé sur 2 ans, est une plongée au cœur de ce
mouvement citoyen qui a milité pour la fin du régime de l'ancien
président Joseph Kabila en RDC.
« Nous sommes des leaders. Pas des otages du passé. Ni
esclaves du présent. Ni les mendiants de notre avenir ! Nous sommes
non-violents. Nous prenons des risques ensemble. Nous assumons
nos actes. »
Rachel Lamy
Née en 1986, éducatrice spécialisée française. Passionnée par
les voyages et les rencontres à travers le monde. Par l’accueil et les
échanges qu’elle a avec des personnes de cultures et de religions
différentes, s’interroge sur la manière dont nous pouvons créer des
liens, des projets et des ponts entre nous, afin d’anticiper, de traverser
et de trouver des réponses restauratives aux conflits interculturels,
politiques et interreligieux. Rédactrice en chef de la revue trimestrielle
Alternatives non-violentes (avril 2021)
Se forme à des techniques de résolution de conflits et de bien-
être, tels que la Communication non-violente, (créée par Marshall
Rosenberg), les Cercles restauratifs (fondés par Dominic Barter au
Brésil), le Yoga du rire (créé par Madan Kataria, en Inde). Participe au
parcours du Sésame, fondé par Abdennour Bidar et Inès Weber à Paris.
Est impliquée dans l’Universal Solidarity Movement (USM) à Indore en
Inde, créé par Varghese Alengaden.
« L’idée pour moi est d’aller observer, découvrir puis mettre en
valeur des engagements et des témoignages de personnes actrices
pour la paix et pour la dignité dans le monde, pour ensuite rejoindre à
mon tour un groupe existant dans lequel m’investir, ou créer ma propre
proposition d’espaces de rencontres. »
Manuel Cervera-Marzal
Français né en 1987, diplômé de Sciences Po Paris et docteur en
science politique.
Chercheur en science politique à l’’Université Libre de Bruxelles’ et à
l’Université Paris-Diderot.
Dans le cadre de ses recherches sociologiques et philosophiques,
s’intéresse tout particulièrement aux pensées de Thoreau, Gandhi et King,
ainsi qu’aux théories de la démocratie et à la philosophie politique
contemporaine.
Membre du Comité de rédaction de la revue Alternatives non-
violentes et de l’IRNC. Auteur de 4 livres.
« En substituant l’idée que "la fin est dans les moyens comme l’arbre
est dans la graine" à la maxime d’après laquelle "la fin justifie les moyens",
Gandhi élabore une conception renouvelée et harmonieuse des rapports
entre éthique et politique.
En insistant sur le principe de responsabilité - qui exige de chacun
qu’il désobéisse aux lois qu’il juge injustes - le Mahatma inaugure une idée
de la citoyenneté conçue comme action politique et non comme statut
juridique. »
Manuel Cervera-Marzal
« Loin de menacer la démocratie, la désobéissance civile lui
confère un nouveau souffle. Considérer les nouveaux désobéissants
comme des "citoyens" plutôt que comme des "délinquants" contribue au
renforcement de la démocratie. »
« J’identifie une troisième approche, que j’appelle "désobéis-
sante" parce qu’elle vient des écrits et des discours des grands
précurseurs de la désobéissance civile : Henry David Thoreau, Gandhi
et Martin Luther King. Selon eux, la désobéissance civile est constitutive
de la démocratie. Il ne s’agit pas seulement d’un "droit", que nous
devrions utiliser avec extrême parcimonie, mais d’un "impératif", qui
exige de nous que nous affrontions de manière systématique toute loi
injuste, voire le système juridico-politique dans sa globalité si c’est de lui
que viennent les injustices. »
« La démocratie n’est pas qu’un état des choses, c’est aussi un
mouvement, une dynamique, avec ce que cela implique de conflictua-
lité, de soulèvements, de rébellion, de désordre, de création. C’est là
qu’intervient l’utopie, étroitement liée à la démocratie et à la désobéis-
sance civile. En effet, contrairement à ce que prétendent les idéologues
académiques et autres défenseurs de l’ordre établi, nous n’avons ni
atteint la fin de l’histoire, ni la forme achevée de la démocratie. »
Anton Deums
Né en 1993, militant non-violent français du mouvement
‘Extinction Rebellion’. Part à l’âge de 20 ans sur les routes du Népal, de
l’Inde et du Tibet (crée les documentaires Sur les sentiers de la rencontre
et Digression tibé-taine). Avec sa compagne Romane et à bord de leur
camion Mobilab Songo, sillonne pendant quelques années les éco-lieux
de France, partageant en face à face et en ligne les savoir-faire et
savoir-être qu’ils apprennent au contact des personnes rencontrées et
des liens créés.
Réfléchit et expérimente pour promouvoir sa vision humaniste et
écologiste d’une société respectueuse de son environnement. En quête
d’une ferme où s’installer en collectif, partage son temps entre la vie
avec sa famille, le militantisme, sa formation au métier de paysan et ses
recherches sur la résilience des territoires.
« Lors d’une action de blocage d’un incinérateur dans la vallée de
l’Arve, la gendarme qui m’emmenait pour interrogatoire m’a dit : "Je vous
arrête, mais continuez, dans la classe de mon fils, il y a deux enfants
cancéreux !" »
« Nous entrons dans un siècle de tempêtes, on ne peut plus
attendre. On n’est pas nombreux, mais il faut s’engager : on a le choix,
même quand c’est difficile. »
Photo du haut : la pollution dans la vallée de l’Arve
Alexandra Skochilenko
Née en 1990, artiste, musicienne et militante russe. Auteure du
Livre sur la dépression (2014), qui a contribué à déstigmatiser les
problèmes de santé mentale en Russie. Après avoir participé à
une manifestation contre l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, est
condamnée à une amende de 10 000 roubles.
En avril 2022, est dénoncée par un client du supermarché de St
Petersbourg où elle remplace les étiquettes des produits par de courts
textes racontant les atrocités commises par l'armée russe en Ukraine :
« L'armée russe a bombardé une école d'art à Marioupol. Environ 400
personnes s'y cachaient » ou encore « Les troupes russes ont empêché 14
camions d'aide humanitaire d'entrer dans la région de Kherson. Les civils
ont besoin d'eau et de nourriture ». Le 11 avril 2022, est inculpée de « diffu-
sion publique d’informations qu’elle savait fausses au sujet de l’utilisation
des forces armées de la Fédération de Russie *» et incarcérée.
Encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
* Ce nouvel article du Code pénal a été introduit à la hâte par le gouvernement russe en mars
2022 pour tenter d’empêcher les Russes de critiquer l’invasion de l’Ukraine. Des dizaines de
personnes ont déjà été arrêtées en vertu de cet article.
** Remplacer les étiquettes dans les magasins est l'une des formes d'activisme encouragées
par les membres du groupe russe de « résistance féministe anti-guerre » (FAS), dont une centaine de
membres ont été arrêtées ou menacées de poursuite, notamment Yevgenia Isaeva, Yulia Kaburkina,
etc.
Matiullah Wesa
Né en 1992 ou 1993, enseignant afghan de l’ethnie
patchoun. Son père ouvre la toute première école pour filles de
Marouf en 2003. En 2002, alors qu'il a neuf ans, les talibans incendient
son école, incitant la famille à déménager à Kaboul. Fait ses études
supérieures en Inde, se spécialise dans les droits de l'homme.
En 2009, fonde l'organisation de bénévoles Pen Path, réseau
d’écoles et de bibliothèques ouvertes aux filles. En 2016, organise une
campagne de dons de livres pour créer des bibliothèques dans les
provinces. En 2017, parcourt l'Afghanistan pour plaider en faveur de la
réouverture des écoles fermées par les talibans. Après août 2021, toutes
les écoles pour filles sont clandestines. Reçoit des appels anonymes
menaçants et des avertissements des fondamentalistes.
Le 27 mars 2023, les talibans l’arrêtent à Kaboul et perquisition-
nent sa maison. Hamid Karzaï, l'ancien président, exprime sa tristesse et
appelle à sa libération. L’ONU demande des éclaircissements sur les
raisons de son arrestation et appelle au partage d'informations sur sa
localisation.
« Notre combat est non-violent, comme celui du Mahatma Gandhi.
Si nous devons aller en prison, nous ne résisterons pas. Mais nous ne
pouvons pas construire l’Afghanistan de demain sans que les femmes
aient accès à l’éducation. »
Joshua Wong
Joshua Wong Chi-fung, né en 1996, militant hong-kongais.
Élevé dans une famille de démocrates où l'engagement envers les
plus démunis est très important. Élève dans un lycée anglican, étudie
à l'Open University of Hong Kong. En 2011, âgé de 15 ans, fonde
Scholarism, groupe de protestation qui s’oppose à l’introduction dans
les écoles de cours d’«éducation morale et nationale», considérés
comme du «lavage de cerveau». En septembre 2012, 8.000
manifestants envahissent le siège du gouvernement à l’initiative de
Scholarism, et les partisans du programme font marche arrière.
En septembre 2014, fait partie des 78 personnes arrêtées par
la police après avoir investi les locaux du gouvernement en réaction
à la réforme électorale de 2014. Pendant la "révolution des para-
pluies" ou Occupy Central, créateur de l'application mobile FireChat,
massivement utilisée par les manifestants.
En août 2017, condamné à 2 ans de prison ferme pour son
rôle dans le mouvement des parapluies. Fondateur du parti
Demosisto, prodémocratique.
En juin 2019, libéré de prison au moment des manifestations
contre le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine.
Agnes Chow
Née en 1996, étudiante et militante politique de Hong Kong,
engagée pour la démocratie, marquée par sa foi et son éducation
catholiques. En 2012, rejoint le mouvement étudiant Scholarism, et
en devient la porte-parole. Ce mouvement, une des organisations à
l’origine des manifestations de 2014 à Hong Kong, milite notamment
contre l'introduction de cours d'éducation morale et nationale à
l'école. En 2014, est porte-parole du « mouvement des parapluies ».
En 2016, participe à la fondation du parti Demosistō, qui
milite pour une plus grande démocratie à Hong Kong.
En 2018, se présente aux élections législatives de Hong
Kong, mais sa candidature est invalidée par le pouvoir chinois.
En août 2019, est arrêtée avec Joshua Wong en raison de
leur participation aux manifestations de 2019 à Hong Kong, mais ils
sont libérés le même jour sous caution.
Le 6 juillet 2020, accusée d'avoir organisé, incité à participer
et participé à ces manifestations, plaide coupable pour les deux
derniers chefs d'accusation. Le 10 août 2020, est arrêtée pour
incitation à la sécession en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
Panusaya Sithijirawattanakul
Née en 1998, étudiante et militante thaïlandaise, surnommée
Roong ( "Arc-en-ciel" en langue siamoise). Étudie à la Faculté de
sociologie et d'anthropologie de l'Université Thammasat, porte-parole de
l'Union des étudiants en Thaïlande.
Avec Anon Nampa, Jatupat Boonpattararaksa, Parit Chiwarak,
Panupong Jadnok, Intira Jaroenpura,et bien d’autres, figure importante
lors des manifestations de 2020 pour la démocratie et les droits humains
en Thaïlande. Dans un discours en 10 points pour la réforme de la
monarchie, omet d'utiliser la forme habituelle de soumission au roi :
"dans la poussière sous la plante des pieds de Votre Majesté".
Fait une grève de la faim en prison du 30 mars au 6 mai 2020
pour sa libération et celle de 21 militants politiques. Arrêtée et emprison-
née en oct. 2020 pour insulte à sa Majesté, puis en septembre 2021,
pour avoir contribué à la page Facebook du groupe militant United Front
of Thammasat and Demonstration (photo du haut), puis en novembre 2021,
pour une nouvelle accusation d'insulte à Sa Majesté commise en déc.
2020.
Figure sur la liste de la BBC des 100 femmes inspirantes et
influentes dans le monde en 2020.
Tantawan Tuatulanon
et Orawan Phuphong
T. T. (née en 2001) et O. P. (née en 1999), militantes
politiques thaïlandaises antimonarchistes, désignées par leurs
surnoms respectifs, ‘Tawan’ et ‘Bam’.
En grève de la faim du 18 janvier au 11 février 2023, avec 3 reven-
dications : 1) un engagement des partis politiques à amender ou abolir la
très stricte loi de lèse-majesté, en vertu de laquelle elles ont toutes deux
été inculpées l’an dernier ; 2) la libération sous caution d’une dizaine de
militants pro-démocratie en attente de procès pour divers crimes dits
"politiques" (sédition, lèse-majesté ou délit "informatique", mais à qui les
juges refusent obstinément la liberté conditionnelle que prévoit la loi ;
3) l’instauration d’une justice « véritablement indépendante ». Mettent fin à
leur grève de la faim afin de survivre et continuer leur combat.
Ces revendications mettent dans l’embarras le gouvernement de
Prayuth Chan-o-cha, ex-général putschiste devenu Premier ministre. Elles
font suite aux manifestations de 2020 déclenchées à l'origine par la disso-
lution du parti Future Forward. Thanathorn Juangroongruangkit et
Piyabutr Saengkanokkkul, fondateurs de ce parti, plaident pour une
Thaïlande plus juste et démocratique, libérée de l’hégémonie militaire et de
la corruption politique et économique. ■
Photos : Les 2 militantes protestent devant le Tribunal pénal de Ratchadapisek, à
Bangkok, le 16 janvier 2023 . Thanathorn Juangroongruangkit
■

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Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970

  • 1. Trombinoscope historique de la non-violence 9 - Depuis 1970 É. G. - 18.02.2024
  • 2. Camille Joseph Gomis Né en 1970, prêtre catholique sénégalais, curé à Bignona, en Casamance. Après 10 ans de sacerdoce et de responsabilités lourdes, suit en France des formations en management, géopolitique, médiation. Créé en 2006 à Ziguinchor, en Casamance, l’association ‘Génération Non-Violente’. Ouvre en 2012 à Brin un ‘Centre de recherche et de formation en gestion non-violente des conflits’ qui voit passer plus de 1 000 personnes par an. Travaille à la mise en place d’une formation universitaire sur l’analyse de la situation sociopolitique et le développement durable à l’’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest’ à Ziguinchor. « Par le symbole du bracelet, nous voulons rappeler à l’homme et de manière permanente, que la force qui sort de sa main ne doit plus être une force destructrice, mais une force qui construit ».
  • 3. Dominic Barter Brésilien né en 1970, coordinateur du ‘Projet de Justice restaura- tive du CNVC’, développe depuis les années 1990 des pratiques restaura- tives, d’abord avec les habitants de favelas de Rio de Janeiro, puis au Brésil et dans le monde. Depuis 2005, son processus de Circulos restaurativos (Cercles restauratifs, une forme de justice réparatrice*) a été au cœur des projets pilotes de justice restaurative du ministère de la Justice brésilien. Les Cercles restauratifs sont un processus communautaire pour apporter du soutien aux personnes en conflit. Profondément en phase avec les principes de la Communication non-violente (CNV), ils créent un pouvoir partagé. Entrant dans le sens sous-jacent des conflits et des crimes, ils se terminent avec des plans d’actions mesurables qui peuvent rapprocher les gens les uns des autres et mener à une guérison de la communauté. Un cercle restauratif réunit les 3 parties affectés par un acte qui a causé un dommage : celui ou ceux qui ont commis l’acte, ceux dont le bien-être a été principalement affecté, et tous les membres de la communauté qui ont été indirectement affectés par cet acte. * Albert Eglash décrit en 1977 trois approches différentes de la justice: - "justice rétributive", fondée sur la peine; - "justice distributive", impliquant le traitement thérapeutique des délinquants; - "justice réparatrice", fondée sur la réparation avec la participation des victimes et des délinquants. Howard Zehr, criminologue états-unien (voir diapo à son sujet), en est le pionnier.
  • 4. Dominic Barter Un endroit où le conflit peut vivre. Un moment pour entendre la douleur. Un espace où l’on peut dire la vérité en sécurité. Un lieu pour chercher des solutions ensemble de régulation collective. Un objectif d’auto-responsabilisation, de compréhension, de réparation et d’écoute. 3 étapes : identifier les facteurs clés du conflit, parvenir à des accords sur les prochaines étapes, et évaluer les résultats. Le processus se termine lorsque des actions ont été trouvées qui apportent des bénéfices mutuels favorisant l'intégrité inhérente àtous ceux qui sont impliqués dans le conflit. La justice restaurative est pratiquée dans les écoles, les tribunaux, les prisons, les quartiers, les familles, etc. En octobre 2018, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a adopté une recommandation aux États membres reconnaissant "les avantages potentiels de la justice réparatrice dans les systèmes de justice pénale" et encourageant les États membres à "développer et utiliser la justice réparatrice. » «Ce qui rend le conflit dangereux, c’est de s’en éloigner. »
  • 5. Daoud et Jihan Nassar Né en 1970, Palestinien luthérien, master d‘administration d‘entreprise. Avec sa femme Jihan et leurs 3 enfants, fait vivre la ‚Ferme de l‘Espérance‘ encerclée par 5 colonies israéliennes illégales à Nahalin en Cisjordanie (9 km au sud-ouest de Bethléem). Muni de titres de propriété depuis 1916, résiste dans la non- violence à toutes les initiatives et menaces de démolition des constructions (abris pour animaux, réservoir d‘eau, toilettes sèches, Grotte de la paix, etc.), replante des oliviers pour remplacer ceux coupés par les colons israéliens. Fondateur en 2000 et animateur du projet de paix "Tent of Nations" (Tente des nations), destiné à promouvoir la compréhension entre les peuples et les cultures. Des jeunes du monde entier sont hébergés sous des tentes. « Nous refusons d‘être ennemis.»
  • 6. Ziad Medoukh Né en 1970, Palestinien, DEA en didactique de ‘Français Langue Étrangère’ (FLE) de l'Université Stendhal à Grenoble, Docteur en sciences du langage de l’université Paris VIII. Responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza depuis 2006 et fondateur du ‘Centre de la paix’ de cette université en 2007. Conférencier infatigable sur Gaza et la Palestine, et sur l’oppression exercée sur la population par Israël, préconise la résistance non-violente et multiplie en France et en Europe les rencontres avec les associations et les réseaux de jeunes. « Aujourd'hui, vivre à Gaza, organiser sa vie, l'éducation des enfants, c'est déjà une forme de résistance non-violente, choisie spontanément par la population civile : 94 % des enfants sont scolarisés, ce qui témoigne de la force de résistance des familles palestiniennes. »
  • 7. Musa Abu Maria Palestinien né en 19??. Prisonnier politique de 1999 à 2003, torturé, hospitalisé à la suite de ces mauvais traitements. De nouveau arrêté en 2009, libéré grâce à l’action d’Amnesty International et des associations israéliennes de défense des droits humains. Coordonnateur de la résistance populaire en Cisjordanie. Fondateur de Palestine Solidarity Project. Cette association, fondée en 2006 dans le village de Beit Ommar (Cisjordanie sud), s’oppose par l’action directe non-violente à l’occupation israélienne des terres palestiniennes. « Nous croyons dans le concept de "fermeté" comme une forme de résistance. Pour beaucoup de communautés avec lesquelles nous travaillons, rester sur leurs terres face à l’intimidation, la violence, l’étranglement économique et les tentatives de déplacements forcés, c’ est un acte de résistance. »
  • 8. Pascal Tozzi Né en 1971, docteur en science politique, maître de conférences à l’IUT de Bordeaux (département Carrières sociales), contribue à la formation d’animateurs-médiateurs sociaux et socioculturels. Directeur-adjoint d'une Unité mixte de recherche du CNRS, président du ‘Réseau International de l’Animation’, pratiquant d’arts-martiaux. Ses travaux scientifiques portent notamment sur les formes de violence politique et idéologique. Dans une perspective de recherche-action, est impliqué aujourd’hui dans des projets concernant le développement durable, la participation citoyenne, les solidarités et le vivre-ensemble. « La non-violence connote une force, un effort dans le combat contre la violence. Elle est essentiellement une lutte, un engagement dans une résistance volontaire nourrie par un idéal inébranlable : le respect de la personne humaine. (…) Il y a une multitude de situations sur lesquelles nous avons, malgré tout, pouvoir d’agir, individuellement et collective- ment. » Crédit photo:© Agence APPA
  • 9. Cécile Dubernet Française née en 1971, Sciences Po Bordeaux, docteur en sciences politiques de la Bristol University (GB), a enseigné à Bristol et Erlangen (Allemagne). Maître de conférence en science politique (Géopolitique et sécurité internationale) ) à l’Institut Catholique de Paris, à la ‘Faculté des Sciences Sociales et Économiques’ (FASSE, dont elle est vice- doyenne. Thèmes de recherche : intervention civile de paix dans des zones de conflits, relations internationales et migrations forcées, déplacement interne de populations. Assure les formations des volontaires pour des missions d’intervention civile de paix pour le ‘Comité français de l’intervention civile de paix’ dans la cadre d’un diplôme universitaire (DU) « L’intervention civile de paix repose sur quelques principes fondateurs : la non-violence, l’impartialité et le respect des acteurs locaux. (…) Cet outil n'est pas simplement visionnaire, en avance sur son temps, mais il est aussi efficace et cohérent avec les valeurs qui le sous-tendent. »
  • 10. Pinar Selek Née en 1971, sociologue et romancière de Turquie, militante du droit des femmes et de l’objection de conscience. En 1998, arrêtée et torturée par les policiers à la recherche de l'identité de Kurdes qu'elle a interrogés dans le cadre de recherches sociologiques sur les conséquences de la guerre civile. Accusée d'être responsable d'un attentat commis en juillet 1998 dans le marché aux épices d'Istanbul, reconnue innocente. Organise une ‘Rencontre des femmes pour la paix’ à Diyarbakir. En 2001, fonde avec d'autres l'association féministe Amargi ("retour à la mère", mais aussi "liberté" en sumérien) qui s'engage dans les mobilisations contre les violences faites aux femmes, pour la paix et contre toutes les dominations. L'association organise, en 2002, la ‘Marche des femmes les unes vers les autres’ : des milliers de femmes convergent de toute la Turquie vers la ville de Konya. Exilée politique en Allemagne, puis en France, où elle est militante, chercheuse et enseignante en sciences politiques et en sociologie.
  • 11. Yonatan Shapira Né en 1972 ?, Israélien, ex-officier de l’armée de l’air. En septembre 2003, fait partie des 27 pilotes de l’armée de l’air qui déclarent refuser d’effectuer des missions dans les territoires occupés. Licencié de l’armée. Dénonce les crimes de guerre israéliens *. Fondateur, avec le Palestinien Souliman Khatib, de l’association israélo-palestinienne Combatants for Peace, qui mène une lutte non- violente contre l’occupation israélienne de la Palestine et pour une solution pacifique entre les 2 peuples. Appelle au boycott et aux sanctions internationales contre Israël, participe aux flottilles vers Gaza pour dénoncer le blocus maritime de cette zone palestinienne. * En juillet 2002, pour tuer un dirigeant du Hamas à Gaza, un F 16 israélien largue une bombe et tue 14 personnes, dont 9 enfants. Lors de l’opération Plomb durci (22 jours de bombardements en déc. 2008 - janv. 2009), 1 400 Palestiniens sont tués. etc.
  • 12. Leymah Gbowee Née en 1972, travailleuse sociale libérienne, membre de l'Église luthérienne. Au Ghana, membre du ‘Réseau Ouest Africain pour la consolidation de la paix’ (WANEP). Responsable de l'organisation du mouvement non-violent Women of Liberia Mass Action for Peace qui œuvre pour mettre un terme à la deuxième guerre civile libérienne en 2003 et conduit à l'élection au Liberia de la première femme présidente d'une nation africaine, Ellen Johnson Sirleaf. En 2002, en tant que "combattante de la paix", est à l'origine d'une "grève du sexe" lors de laquelle les femmes de toutes les confessions religieuses se refusent aux hommes tant que les hostilités se poursuivent. Cette action oblige le dictateur sanguinaire Charles Taylor à les associer aux négociations de paix peu avant sa chute. Co-prix Nobel de la paix 2011 pour avoir « mobilisé et organisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections. »
  • 13. Thomas Hippler Né en 1972, enseignant, chercheur et auteur.* Études d'histoire, de philosophie et de musique à Berlin, Paris, Florence et Berkeley. Doctorat d'histoire à l'Institut Universitaire Européen de Florence. Enseignant- chercheur à l’Université d’Oxford, post-doctorant à l’ENS de Lyon, maître de conférences d’études germaniques à l'Institut d’études politiques, puis pro- fesseur d’histoire moderne à l’Université de Caen (Normandie). Cofondateur en 2021 et président de ‘l’Institut Pour la Paix’ (IPP**), laboratoire à l’interface de la recherche universitaire et de la pratique, ayant pour objet l’introduction et la promotion des peace studies dans l’espace francophone, européen et international. Sa singularité repose sur le dialogue entre son socle universitaire et les univers militaires, politiques et militants, sous la forme d’un espace de recherche et de recherche-action qui souhaite explorer et mieux comprendre le domaine d’action de l’autre. « Les peace studies étudient les dynamiques conflictuelles en vue de leur transformation dans des formes plus pacifiques. Nous voulons établir une communauté de savoir et de recherche afin de pouvoir, in fine, peser sur le débat public. » * notamment de Soldats et citoyens. Naissance du service militaire en France et en Prusse (2006) et de Histoire globale des bombardements aériens (2014) ** L’équipe de l’IPP comprend 4 personnes, le Comité de pilotage une douzaine d’universitaires, et le réseau une trentaine d’experts et chercheurs répartis en 5 groupes de travail : 1) Concepts de la paix; 2) Paix, conflits et environnement; 3) Genre et paix; 4) Approches régionales; 5) Résistance civile, non-violence et culture de paix. Elle diffuse des publications et organise des colloques et séminaires.
  • 14. Narges Mohammadi née en 1972, militante iranienne des droits humains. Ingénieure diplômée de physique. Vice-présidente du Defenders of Human Rights Center, dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Pour son action en faveur des droits humains, arrêtée et détenue à plusieurs reprises depuis 1998. Active dans un groupe d'alpinisme, est interdite de participer aux ascensions en raison de ses activités politiques. ‘Amnesty International’ proteste contre sa détention comme prisonnière d'opinion. À chaque fois, divers gouvernements, organismes internationaux, et commissions législatives réclament sa libération. En mai 2016, à nouveau condamnée à Téhéran, à 16 ans d'emprisonne- ment pour avoir créé et dirigé un mouvement de défense des droits de l'homme qui milite pour l'abolition de la peine de mort. Elle est libérée en octobre 2020, mais emprisonnée de nouveau quelques mois plus tard. Alors qu'elle est en détention à la prison d'Evin, reçoit le prix Nobel de la paix 2023. Ce prix Nobel est aussi la reconnaissance du mouvement non-violent ‘Femme, vie, liberté’ en cours en Iran. Peu après, entame une grève de la faim en prison à Téhéran pour protester contre le manque de soins médicaux pour les détenus et l’obligation de porter le hijab pour les femmes.
  • 15. Vincent Girard Chef de projet de la campagne d’action ’Marseille, ville non-violente’ initié avec une équipe, dont la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Cette politique menée au niveau de la ville* se propose de construire dans une dynamique participative une information et une formation sur les enjeux autour du trauma. Il s’agit de toucher les professionnels de l’éducation, de la santé, de la police, de la Justice, et toute personne en contact avec des enfants, des familles, des communautés et de travailler sur quatre points, les 4 R : 1) Réaliser ce qu’est le trauma et son impact ; 2) savoir en Reconnaître les signes ; 3) apprendre à y Répondre ; 4 ) Résister à retraumatiser. ../.. * De nombreuses villes dans le monde ont créé un réseau dit Trauma informed city dont Oslo, Leeds, Belfast, Baltimore, Philadelphie, San Francisco, Toronto, Sacramento, etc. Né en 1972, psychiatre français. Promeut, à la suite du professeur états-unien Larry Davidson, le concept de rétablissement, un modèle médical qui rompt avec la notion de guérison, et qui se centre sur le point de vue du patient. Vise à prévenir plutôt que guérir. Initiateur du programme ‘MARSS, Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et social’, et du ‘Lieu de répit’, hébergement psychiatrique communautaire en alternative à l’hospitalisation.
  • 16. Vincent Girard, « Marseille non-violente » L’objectif est la diminution de la violence intrafamiliale, à l’école, au travail et la diminution de violences de genre/sexuelles. Les six principes mis en oeuvre : - Sécurité : assurer la sécurité (physique, économique, émotion- nelle, etc.) ; - Pouvoir : voix de chacun, choix, autonomie, restaurer à chacun du pouvoir sur sa propre vie ; - Authenticité : fiabilité, transparence, pas de secret ; - Ensemble : support par les pairs, coopération, mutualisation, modèle psychosocial orienté vers le rétablissement ; - Positivité : approche basée sur les forces (on regarde ce qui marche déjà, on s’appuie sur les forces existantes et en devenir), orientation vers les solutions et le rétablissement ; - Adaptation : culture, histoire et questions de genre. Images : - Visuel sur la neuroperception et le stress toxique utilisé dans la formation - House of correction de Philadelphie (États-Unis), fermée en 2018
  • 17. Étienne Raphaël et Dominique Legeard E. R.: Français né en 1972. Diplômé de littérature moderne et d’une maîtrise de cinéma, réalisateur, scénariste, producteur, monteur. Rencontre les résistants non-violents palestiniens, les paysans du Larzac, voyage au cœur de la forêt primaire au Gabon, en ex- Yougoslavie, participe aux combats écologistes, contre les OGM ou le nucléaire. D. L. : Français né en 1960 (pseudonymes : Lidwine, Marcel de la Gare), dessinateur de bandes dessinées. Créateurs d’une bande dessinée de 240 pages sur la non-violence à paraître en 2017. « La non-violence fait preuve d'imagination, elle est spectaculaire, pleines de rebondissements et de mouvements : en fait, elle contient tous les ingrédients pour un grand récit d'aventure, avec des personnages hauts en couleur, avec de l'action et même de l'humour. (…) L'instant neige est la métaphore de ce moment inattendu qui surprend chacun de nous quand, au petit matin, nous découvrons avec émerveillement que la neige est tombée pendant la nuit, bousculant toutes les prévisions de notre quotidien. »
  • 18. Mulanda ‘Jimmy’ Juma Né en 1973, enseignant et militant non-violent originaire de Républi- que démocratique du Congo. Doctorat en politique, droits de l'homme et durabilité et maîtrise en politique et administration électorales de la Scuola Superiore Sant'Anna (Italie), maîtrise en études sur la paix de l'Université du KwaZulu-Natal (Afrique du Sud). Directeur national du Mennonite Central Committee (MCC) en République démocratique du Congo et en Angola (2017-2022). Directeur exécutif de l’Africa Peacebuiling Institute Petite enfance cachée pour échapper aux milices et à l’insécurité permanente, fuite sous les bombes, refus de recruter des combattants. Camp de réfugiés en Tan- zanie, la guerre africaine ayant causé en 1996 la mort de 6 millions de personnes (l’eau du lac Tanganyika était rouge), errance dans plusieurs pays, connaaît l’apartheid et le racisme à l’Église en Afrique du Sud, subit des menaces de mort de gangs. Surmonte le désir de vengeance qui l’habite grâce à un programme de guérison des traumatismes, puis se forme à la construction de la paix. Réussit à reconcilier Blancs et Noirs à l’église en Afrique du Sud, crée des clubs de paix en Afrique du Sud puis en Zambie où il coordonne le ‘Centre Dag Hammarskjöld’. Après un doctorat en Italie, son ministère en faveur de la paix au niveau sociétal et politique s’étend vers d’autres continents. Intervient en tant que spécialiste des processus d’élections ou comme conseiller technique dans le processus de médiation entre gouvernement et groupes paramilitaires en Colombie. « Si tu ne partages pas ta guérison avec le malade, le malade partagera sa maladie avec toi. »
  • 19. Abdullah Abu Rahma Né en 1973 ?, Palestinien, habitant de Bil’in, village de 1800 habitants en Cisjordanie privé de ses terres par la construction du mur. Coordinateur du ‘Comité Populaire de Bil'in contre le Mur de séparation et les Colonies’. Depuis Janvier 2005, le village a organisé des manifestations non-violentes hebdomadaires tous les vendredis contre la construction du mur avec des Israéliens et des internationaux. A obtenu en 2007 de la Cour Suprême israélienne le déplacement du mur. Arrêté en décembre 2009 pour détention d’armes israéliennes usagées après avoir organisé une exposition de grenades utilisées contre les manifestants. 25 comités de résistance populaire ont adopté des méthodes d’action similaires. « Notre seul ennemi est l’occupation (…) La non-violence est efficace. C’est quelque chose dont nous sommes fiers. Notre intifada est pacifique, est c’est pourquoi elle est forte ».
  • 20. L’inconnu de la place Tian’anmen Le 4 juin 1989 a lieu une violente répression exercée par le gouvernement chinois à l'encontre des manifestations pour la démocratie. Le lendemain, 5 juin, sur la place Tian’anmen, à Pékin, un inconnu (le ‘Tank Man’) bloque la progression d'une colonne d'au moins 17 chars du type 59 de l'Armée chinoise. Les chars s'arrêtent devant lui, il leur fait signe de repartir. Le char de tête essaie à plusieurs reprises de contourner l'homme, mais celui-ci se place à nouveau sur sa route. Puis l'inconnu grimpe sur le dessus du char et a une brève conversation avec un membre d'équipage. Des témoins (ou des policiers en civil ?) éloignent l'homme et l’entraînent dans la foule. Les chars poursuivent alors leur progres- sion. La photographie de la scène, prise par Jeff Widener de l'Associated Press, est couramment utilisée pour symboliser le courage et la force de la non-violence face à la répression armée.
  • 21. Xavier Renou Français né en 1973, docteur en science politique, ancien collaborateur de Greenpeace. Crée en novembre 2006 le ‘Collectif des désobéissants’* pour lutter contre l’arme nucléaire. Les stages de formation s’adressent aux militants de l’altermondia- lisme, de l’écologie, des droits de l’homme, etc. Ils exposent les fondements de la désobéissance civile et expli- quent comment monter une action de A à Z : analyse de la situation, définition de l’objectif, répartition des tâches, transport, budget, contacts avec la presse, sécurité, attitude pendant l’interpellation et le procès, comment assumer la sanction, etc. « L'article 2 de la déclaration des droits de l'homme de 1789 affirme le droit du citoyen à résister. La désobéissance civile ne s'improvise pas. Une formation est utile pour tous ceux qui se battent de manière non-violente pour changer le monde. Nos stages permettent aux participants d'éviter les bêtises, de mieux s'organiser et d‘être plus efficaces dans leur action. » * L’IRNC préfère le néologisme de ‘désobéisseur’, qui évoque une action citoyenne délibérée, alors que ‘désobéissant’ peut évoquer l’enfant capricieux incontrôlable.
  • 22. Srdja Popovic Né en 1973, militant non-violent serbe. Études de biologie marine à l'université de Belgrade. Commence une carrière dans la musique avec deux albums et quelques concerts. S’engage dans le Parti démocrate en 1991, lors des manifestations contre le régime de Slobodan Milosevic. En 1996, est élu à l’assemblée municipale de Belgrade. Participe aux manifestations de l’hiver 1996-1997. Fin octobre 1998, fonde Otpor, avec une quinzaine d’autres amis, en lutte contre la dictature de Milosevic. Après la révolution qui a poussé Slobodan Milosovic à la démission en 2000, devient membre de l'Assemblée nationale serbe. Est ensuite conseiller du premier ministre Zoran Đinđić, puis membre du cabinet du ministre de l’Économie et conseiller auprès du vice-premier ministre. Intervient dans les universités états-uniennes, notamment dans un cours en ligne à l'université Harvard. Est élu en 2017 recteur de l'université de St Andrews, au Royaume-Uni. ../..
  • 23. Srdja Popovic et Slobodan Djinovic Anciens membres du mouvement de résistance de la jeunesse serbe Otpor ! ("Résistance !") qui a joué un rôle majeur dans le renversement de Slobodan Milosevic en octobre 2000, de même que la coalition des partis politiques d’opposition DOS et le CESID avec ses milliers d’observateurs électoraux . Ces trois acteurs ont reçu des aides d’organisations états-uniennes (National Endowment for Democracy (NED), International Republican Institute (IRI), ‘Agence américaine pour le développement international’ (USAID), etc. Ils ont bénéficié des formations à l’action non-violente animées par Robert Halwey, proche collaborateur de Gene Sharp, dont les livres ont été traduits et diffusés en fiches sur Internet. ../..
  • 24. Ivan Marovic, Stanko Lazarevic et Aleksandar Maric Otpor ! tente ensuite de se transformer en parti politique qui essuie un fiasco électoral ( 60 000 voix) aux élections parlementaires. Quand Otpor ! s’intègre dans le Parti Démocratique du président Boris Tadic en septembre 2004, Popovic et Dinovic s’en éloignent et créent en 2005 le Centre for Applied Non-Violent Actions and Strategies (CANVAS) qui organise des séminaires de formation à la lutte contre les fraudes électorales dans d'anciens satellites soviétiques. D’autres leaders serbes d’Otpor !, Ivan Marovic, Stanko Lazarevic et Aleksandar Maric, créent le Center for Non-Violent Resistance. ../.. Photo du bas : Ivan Marovic
  • 25. Les anciens leaders d’Otpor ! Ces organisations sont devenues des entreprises privées de consultants monnayant leurs compétences. C’est ainsi que les méthodes non-violentes ont été "exportées" en Géorgie (chute de Chevardnadze), en Ukraine (organisation Pora, très active durant la "révolution orange"), en Biélorussie (organisation de défense des droits civiques ZUBR, opposée à Loukachenko), en Albanie, en Russie (opposition à Poutine), au Kirghizistan (renverse- ment du président Akaïev), en Ouzbékistan (opposition à Karimov), au Liban, etc. Les étudiants du Mouvement du 6 Avril en Égypte ont consulté Otpor ! et adopté ses méthodes lors de la révolution égyptienne de 2011. ../.. Photos : - Srdja Popovic et Slobodan Dinovic, - Logo du Mouvement du 6 avril inspiré de ceux d’Otpor ! et de Canvas
  • 26. Les anciens leaders d’Otpor ! « L'essentiel du travail de CANVAS est plutôt de répandre dans le monde le message du "pouvoir du peuple" que de remporter des victoires contre tel ou tel dictateur. Notre prochaine mission sera de montrer qu'une lutte non-violente est outil puissant pour la liberté, la démocratie et les droits de l'homme ». Resteront à vérifier à l’avenir la cohérence entre les moyens non-violents et les fins poursuivies, la déontologie de ces organismes de formation à l’action non-violente, l’ambition et le devenir politiques de leurs dirigeants…
  • 27. Sébastien Arsac et Brigitte Gothière Nés en 1973. S. B. : professeur des écoles, objecteur de conscience. B. G. : Professeure dans l’enseignement professionnel, bénévole à la Croix Rouge. Créent en 2003 le collectif ‘Stop gavage’ pour lutter contre le gavage des canards destinés au foie gras. Créent en 2008 l’association L 214 (en référence à l’article L214 du Code rural qui a reconnu pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués de sensibilité), qui agit en justice pour faire condamner les actes de cruauté et les pratiques illégales. Comme dans les associations états-uniennes Mercy for Animals ou Compassion in world farming (CIWF), les militants se font embaucher dans les abattoirs ou les élevages industriels avec des caméras cachées pour dénoncer les conditions d’abattage et la maltraitance animale. d En trois ans, l’association a lancé les sites Viande.info (un site sur l’impact de la viande), Politique-animaux (un observatoire des prises de position des élus politiques sur les animaux), Vegoresto (qui répertorie les restaurants végans en France)
  • 28. Ioann Burdin et Ioann Koval I. B., né en 1972, prêtre orthodoxe russe. Recteur de l'église orthodoxe de la Résurrection du Christ dans le village russe de Nikolskoye. Arrêté pour avoir dénoncé le 6 mars 2022 dans un sermon l’invasion russe de l’Ukraine. Son prêche comportait en autres des description des dégâts humains et matériels de « l’opération spéciale ». En septembre 2022, demande au Patriarcat de Moscou à être rattaché à l’Église orthodoxe bulgare. Le patriarche Kirill* lui reproche de saper la confiance des fidèles dans la hiérarchie et de nuire à l’unité de l’Église. I. K., né en 1978, prêtre ukrainien marié à une femme russe. Est révoqué car il a appelé à prier pour la « paix » plutôt que pour la « victoire ». D’autres prêtres se sont insurgés contre l’agression russe : Ioann Kurmoyarov, Andrei Kordochkin (en service à Madrid, suspendu pendant 3 mois pour avoir exprimé des positions anti-guerre), etc. Mais sur plus de 40 000 ecclésiastiques de l’Église orthodoxe russe, seuls 300 prêtres ont signé une lettre publique appelant à mettre fin à la guerre en Ukraine. * Le 27 février 2022, tout en regrettant publiquement que la Russie ait commencé des actions militaires contre l’Ukraine, Kirill exprime son soutien « aux militaires qui protègent et défendent notre terre et notre peuple » et plaide pour une unification de la Russie et de l’Ukraine, tout en fustigeant les « forces du mal » opposées à ce projet. L'archiprêtre Andrei Tkachev - plus de 1,5 million de visiteurs sur Telegram – apporte un soutien ardent à la guerre et affirme que la Russie est « le nouvel Israël (…) haï par les ennemis de Dieu ».
  • 29. Rachel Kéké Femme ivoirienne, née en 1974, arrivée en France en 2000, mère de 5 enfants. D’abord femme de chambre, puis gouvernante. Travaille pendant 17 ans à l’hôtel Ibis, rue des Batignolles à Paris, a successivement 4 employeurs sous-traitants d’Ibis, dont le dernier, STN, impose des cadences épuisantes (jusqu’à 40 chambres par jour). Organise une grève, avec drapeaux, tracts, haut-parleurs, confettis, musique, danses, piquets de grève sous la neige. Remporte avec les autres employées (34 au début, 20 à la fin) une victoire historique en mai 2021 au terme de 22 mois de grève : augmentation de salaires, indemnité de nourriture, baisse de la cadence indicative de nombre à chambres à nettoyer par heure, mise en place d’une pointeuse électronique, fourniture de 2 tenues par an. « "Ce métier de femme de chambre est un travail où on exploite beaucoup les femmes. On n'a pas de diplôme. On connait l'exploitation, le harcèlement moral, sexuel... Le syndicat CGT propreté tentait par tous les moyens de nous décourager, alors on a contacté le syndicat CGT-HPE*. Il faut déranger suffisamment pour que l’hôtel soit obligé de faire des "gratuits" aux clients. Mais c’était dur : on était méprisées, certains clients nous jetaient des pommes et des seaux d’eaux depuis les fenêtres. On avait deux options : démissionner ou gagner. Certainement pas céder ! » * HPE : Hôtels de prestige et économiques
  • 30. Eli McCarthy Né en 1975, États-unien, doctorat en éthique et en théorie sociale de la Graduate Theological Union et maîtrise en théologie de la Weston Jesuit School of Theology. Responsable des questions de justice et de paix à la Conference of Major Superiors of Men (Confé- rence de direction de tous les ordres religieux des hommes catholiques des États-Unis), professeur en Justice and Peace Studies à la George- town University (Washington DC). Assure des interventions non- violentes dans les conflits et une formation à la justice réparatrice, une éducation à la paix et à la protection des civils non-armés. Définit une « éthique de la paix juste » comme un « moyen de coopération politique pour le bien commun, le respect de la dignité de tous et du monde, pour prévenir la violence avant son déclenchement et transformer le conflit par des stratégies non-violentes » : 1 – Développer les qualités et compétences pour gérer les conflits de manière constructive 2 – Briser les cycles des conflits destructeurs et violents 2 – Construire une paix durable.
  • 31. Kaddour Hadadi Surnommé HK, auteur-chanteur français né en 1976, fils d'immigrés algériens établis à Roubaix. Ex-membre du groupe ‘Ministère des affaires populaires’ (MAP), initiateur du groupe ‘HK et les Saltimbanks’. Son engagement à gauche a fait de la chanson On lâche rien ! un hymne de campagne. Sort en 2011 l'album Citoyen du monde. Crée en 2019 la chanson Alors on change dans un clip à l’occasion des mobilisations relatives au climat, avec les images de l'association ANV-COP21. En dépit des attentats et des blessures de la révolution, le roman poétique Le cœur à l’outrage conte l’histoire d’Elsa et Mohammed cherchant à faire tenir leur histoire d’amour entre Paris où ont lieu les attentats terroristes et Tunis où s’invente la démocratie. Proche de ‘Greenpeace’, ‘ATTAC’, ‘Amnesty International’, membre de ‘Non-violence XXI’. La chanson Ce soir nous irons au bal, interprétée par HK et les Saltimbanks, se veut un hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 en France. Avec sa chanson On lâche rien ! , écrit un des hymnes des luttes sociales. Appelle à un changement profond du système politique. ../..
  • 32. Kaddour Hadadi « Nous sommes révolutionnaires. Nous l’avons toujours été, nous le serons toujours, face à ce système que l’on considère comme injuste, absurde, oppressant, violent, et à bout de souffle. Mais nous ne sommes pas des adeptes de la révolution «à tout prix», quels que soient les moyens, ou quelles que soient les alliances : le chemin que l’on choisit pour mener une bataille est aussi important que la bataille elle-même. » « Répondre à la violence par une autre violence, c’est déjà se perdre soi-même. (…) Si nous échouons à obtenir de grandes victoires par la non-violence, je crains que des lendemains plus sombres ne s’annoncent. La désobéissance civile est un outil particulièrement pertinent. Lorsque l’on se rend compte à quel point le jeu est faussé, le semble de s’organiser et de ne plus respecter les règles me semble un choix juste. Nous rêvons de la victoire de nos idées, de nos valeurs de justice sociale, de solidarité et de fraternité humaine, de démocratie réelle, de respect de la Terre et du vivant. Nous rêvons d’une lutte enchantée, menée avec force et obstination. En faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour ne jamais avoir à céder à la violence, car cela voudrait dire que nous aurons perdu une part essentielle de ce que nous sommes et de ce pour quoi nous nous battons.»
  • 33. Alexeï Navalny (1976-2024), avocat, militant et prisonnier politique russe. Diplômé en droit et en finances. En 2009, étudie à l'université Yale aux États-Unis. Initiateur en 2011 de la 'Fondation anti-corruption’ (Fond Borby s Korruptsieï, ФБК ou FBK), s’oppose à Vladimir Poutine et à son « parti des voleurs et des escrocs ». Sa candidature à l'élection présidentielle russe de 2018 est refusée. Candidat aux élections municipales à Moscou en 2013, axe sa cam- pagne sur la dénonciation des migrants, qu'il décrit comme des délinquants. Condamné pour détournement de fonds à la suite de procès jugés non équitables par la Cour européenne des droits de l’homme. Évolue peu à peu du nationalisme et du populisme vers le combat contre la corruption et pour la démocratie. Bâtit des organisations pour faire de l’investigation, puis installe des branches de son mouvement dans les régions russes pour ne pas se cantonner à la capitale, recrute et s’entoure de gens dévoués, profession- nels, pour diffuser son message. En octobre 2019, la Fondation FKB est classée « agent de l'étranger » par le ministère russe de la Justice. En juillet 2020, fait campagne contre le référendum constitutionnel russe, le qualifiant ouvertement de « coup d'État » et de « violation de la constitution », estimant que les modifications permettraient à Vladimir Poutine de devenir « président à vie ». ../..
  • 34. Alexeï Navalny En août 2020, est victime d'une tentative d'empoisonnement avec l’agent neuro- toxique Novitchok et est soigné en Allemagne. Décide, malgré les risques pour sa liberté et pour sa vie, de revenir dans sa patrie et d’y continuer son combat pour la démocratie. De retour en Russie, est placé en détention dans un camp de travail. En janvier 2022, son nom est inscrit sur la liste des "terroristes" par l'organisation fédérale russe de contrôle des transactions financières. Est à nouveau condamné en mars 2022 à 9 années d'internement en régime sévère. En août 2023, sa peine est portée à 19 ans. Meurt le 16 février 2024, dans la colonie pénitentiaire IK-3, très probablement assassiné car il semblait en pleine forme la veille sur les images d’un reportage. « Je n’ai pas peur, n’ayez pas peur non plus ! Si je venais à disparaître, continuez le combat ! » * colonie à "régime spécial", la catégorie d'établissements où les conditions de détention sont les plus rudes et qui sont d'ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux, située au-delà du cercle polaire, dans le village sibérien de Kharp, à plus de 3.000 kilomètres de Moscou. Héritier du Goulag soviétique, l'éta- blissement est connu des défenseurs des droits humains pour ses conditions de vie particulièrement difficiles. Les températures peuvent y descendre jusqu'à -32°C. Images - Dépôt de fleurs par des citoyens de Moscou en hommage à Alexeï Navalny - Manifestation de réfugiés russes devant l’ambassade de Russie à Tallin (Estonie) « Poutine est un assassin » - Une trentaine de personnes de la communauté russe rassemblées devant l’hôtel Negresco à Nice.
  • 35. Alexeï Navalny « Je voudrais lancer un appel à la communauté internationale, à tous les peuples du monde, pour qu'ils se rassemblent et luttent contre ce mal, contre ce régime horrible qui sévit aujourd'hui en Russie, et pour que ce régime et Vladimir Poutine soient tenus personnellement respon- sables de toutes les atrocités qu'ils ont commises dans notre pays au cours des dernières années. » Yulia Navalnaïa - Image : Yulia Navalnaïa, née en 1976, économiste, veuve d’Alexeï Navalny, pendant la 60ème Conférence de Munich sur la sécurité le 16 février 2024. Campagne de signatures lancée par Avaaz : « Cher Alexeï Navalny, Ils vous ont tué. Aujourd'hui, nous sommes des millions à pleurer aux côtés de votre famille et à célébrer votre mémoire. Il n’y a pas de mots pour décrire votre courage : votre courage est celui que tous les dictateurs craignent le plus, celui qui inspire les hommes et les femmes à se soulever contre la tyrannie. Et vous l’avez payé par le plus grand des sacrifices : d'abord l'empoisonne- ment, puis la prison et maintenant la mort. Notre monde retient son souffle alors que la guerre fait rage en Ukraine et au Proche-Orient. Dans ces temps troublés, votre héritage nous donne de la force. Nous ne regarderons pas ailleurs pendant que nos démocraties sont menacées. Reposez en paix ! » Des hommes et des femmes du monde entier
  • 36. Oleh Sentsov Né en 1976, réalisateur, scénariste et producteur ukrainien de cinéma. Son film Gaamer (2011) raconte l’histoire d’un jeune ukrainien passionné de jeux vidéo. Engagé dans le mouvement pro-européen Euromaidan, ne reconnait pas l’invasion puis l’annexion russe de la Crimée. Arrêté en mai 2014, comme Hennady Afanasyev, Alexei Chirnigo et Oleksandr Kolchenko, par le ‘Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie’ (FSB) sous l'accusation de « préparation d'actes terroristes ». Condamné en août 2015 à 20 ans de réclusion aux termes d'une parodie de procès. Emprisonné dans une colonie pénitentiaire en Sibérie occidentale, fait en 2018, 145 jours de grève de la faim. Reçoit en octobre 2018 le prix Sakharov du Parlement européen. Libéré en septembre 2019 au cours d'un échange de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie. « Je ne suis pas un serf. » « Je ne vois pas l’intérêt d’avoir des principes si on n’est pas prêt à souffrir, voire à mourir pour eux ». « Quand tu te retrouves en prison, tu apprends à vivre d’espé- rance, même quand celle-ci a disparu. » Image du bas : Le film Le Procès de Askold Kurov au sujet du procès de Sentsov
  • 37. Véronique Dudouet Française née en 1977. Enfance au sein des communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, études en science politique (IEP de Toulouse) et en résolution des conflits (Master et doctorat au Département de Peace studies de l’université de Bradford, Grande- Bretagne). Chercheuse principale et directrice de programme à la ‘Fondation Berghof’ à Berlin (Allemagne) où elle travaille depuis 2005 et membre de l’IRNC. Active dans plusieurs initiatives de solidarité internationale, notamment sur la Palestine (où elle a effectué plusieurs séjours de recherche et d’accompagnement civil). Ses travaux de recherche actuels portent sur la transition de la lutte armée à la résistance civile, le rôle des acteurs tiers dans les mouvements non-violents, la gouvernance post-conflit, la méthodologie de "recherche action" participative, la négociation et la médiation dans les conflits politiques asymétriques.
  • 38. Erica Chenoweth et Maria Stephan Maria Stephan., universitaire états-unienne née en 1977. Chercheuse à l’International Center on Nonviolent Conflict (ICNC) et à l’US Institute for Peace. Rencontre en 2006 Erica Chenoweth, étudiante en doctorat de sciences politiques à l’Université du Colorado, aujourd’hui Associate Senior Researcher au Peace Research Institute Oslo (PRIO), qui s’interroge sur la pertinence de l’action non-violente. Elles collectent des données sur toutes les campagnes majeures depuis 1900, violentes et non-violentes, visant le renversement d’un gouvernement ou la libération d’un territoire. Les données couvrent le monde entier et concernent tous les cas connus, 323 cas, où ont été observés au moins 1000 participants. Leur ouvrage Why Civil Resistance Works ? The Strategic Logic of Nonviolent Conflict (2011) montre qu’entre 1900 et 2006, les campagnes non-violentes, dans le monde entier, ont réussi deux fois plus souvent que les insurrections armées. Cette tendance se confirme sur la période 1900-2014. Attirant un soutien impressionnant des citoyens et privant les régimes de leurs principales sources de pouvoir, les campagnes non-violentes ont produit des résultats remarquables, même dans les contextes iranien, palestinien, philippin et birman. ../..
  • 39. Erica Chenoweth et Maria Stephan Dans le même temps, les insurrections violentes sont devenues de plus en plus rares et infructueuses. Les auteures identifient les conditions qui favorisent le succès de la non-violence. La résistance non-violente présente moins d'obstacles à l'implication physique et psychologique des femmes, des personnes âgées ou handicapées, permet l'information et l'éducation, favorise l'engagement des participants. Des niveaux de participation plus élevés contribuent alors à une résilience accrue, à une probabilité accrue d’innovation tactique, à une possibilité accrue de remise en cause du désordre établi (et donc à une incitation moindre du régime à maintenir le statu quo), ainsi qu’à des retournements parmi les acteurs, y compris les membres des forces militaires. Les mouvements de résistance non-violents couronnés de succès ouvrent la voie à des démocraties plus durables et plus pacifiques, moins susceptibles de régresser dans la guerre civile.
  • 40. Erica Chenoweth et Maria Stephan « Croire que seule la violence peut combattre efficacement un pouvoir qui refuse d’entendre son peuple est une erreur aussi grave que répandue. En réalité, la non-violence est une arme bien plus efficace contre la tyrannie. Erica Chenoweth et Maria J. Stephan, spécialistes américaines de politique internationale, ont observé plus de 320 insurrections au cours du XXème siècle, notamment en Iran (1979, image du haut), en Palestine (1992), aux Philippines (1986) et en Birmanie (1990). Leur conclusion est sans appel : quels que soient leurs objectifs et le type de pouvoir qu’elles affrontent, les insurrections non violentes parviennent à leurs fins trois fois sur quatre, contre une fois seulement pour les violentes. En outre, les mouvements de résistance civile offrent une bien meilleure garantie d’un avenir démocratique. Pouvoir de la non-violence est devenu un ouvrage de référence plusieurs fois primé qui dénonce l’inefficacité des soulèvements violents dans le monde. » L’édition française est précédée d’une préface inédite de Jacques Semelin, directeur de recherche au CNRS, professeur à ‘Sciences Po Paris’, spécialiste français des questions de résistance civile.
  • 41. Abdourahman Mohamed Guelleh alias TX, né en 1977, militant politique non-violent djiboutien*. Ancien maire de la ville de Djibouti. Emprisonné durant 4 mois en 2020 pour avoir participé à une réunion de la coalition de 7 partis politiques, l’‘l’Union pour le salut national (USN)’ dont il était le Secrétaire général. Dirige actuellement le ‘Rassemblement pour l’action, la démocratie et le développement écologique’ (RADDE), principal mouvement d’opposition à la dictature, qui organise des protestations non-violentes : sit-in devant l’Assemblée nationale, marches avec des chants et danses tradition- nelles, etc. « Le RADDE est opposé à toute forme de violence pour des raisons de principe, de pragmatisme et de stratégie. Je suis habité par trois principes de Martin Luther King : accepter la souffrance au nom de la cause pour atteindre l’objectif, éviter la violence physique, ne pas nourrir le sentiment de vengeance dans mon esprit. Ils m’ont permis d’affronter avec courage - et une certaine sérénité - toutes les formes de répression que j’ai endurées. » * La République de Djibouti, indépendante depuis 1977, est dirigée depuis 45 ans par le dictateur Ismail Omar Guelleh, ex-chef de la sécurité intérieure et extérieure, puis Président de la République depuis 1999. Il s’estime réélu en 2021 pour un 5ème mandat et tient le pays d’une main de fer. Toute forme d’opposition ou de revendication politique, sociale, économique ou syndicale est brutalement étouffée dans l’œuf ou réprimée : massacres de civils non armés; assassinats ciblés, arrestations arbitraires, tortures, exils forcés, licenciements, etc.
  • 42. Marina Ovsiannikova Née Tkatchouk en 1978, journaliste et productrice russe. Fille d'une mère russe et d'un père ukrainien, diplômée de l'Université d'État du Kouban, puis de ‘l'Académie russe d'économie nationale et d'administration publique’. Travaille pour la première chaîne de télévision russe Pervi Kanal, détenue majoritairement par l'État. Dans la troisième semaine de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 14 mars 2022, pour manifester son opposition à la guerre en Ukraine, se fait mondialement connaître par un acte de résistance, en brandissant lors du journal télévisé du soir Vremia, une pancarte Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ici, ils vous mentent. Les Russes contre la guerre. La diffusion normale de l'émission est interrompue, un reportage pré-enregistré remplace le direct. Arrêtée, condamnée à une amende pour « infraction administrative », relâchée dans l'attente d'un jugement pour non-respect de la récente loi sur la "propagation de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes", qui pouvait lui valoir jusqu'à 15 ans de prison. Exfiltrée en France par ‘Reporters sans frontières’ et réfugiée à Paris. « J'ai honte d'avoir laissé raconter des mensonges sur les écrans de télévision. J'ai honte d'avoir permis de zombifier les Russes. (…) Allez manifester, n'ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous emprisonner tous. »
  • 43. Razika Adnani Né en 1978 ?, philosophe, islamologue et conférencière franco- algérienne. Jusqu’en 2005, enseigne la philosophie en Algérie. Publie en 2001 et 2003 deux précis de philosophie destinés aux lycéens. Quitte l'enseignement afin de s’investir complètement dans la réflexion philoso- phique ainsi que dans la recherche sur l’Islam et la pensée musulmane. Membre du Conseil d’Orientation de la ‘Fondation de l'Islam de France’ et membre du conseil scientifique du ‘Centre civique d’étude du fait religieux’ (CCEFR). Penseure de l'islam, s’inscrit dans la lignée d'intellectuels comme Mohammed Arkoun ou Nasr Hamid Abou Zeid qui interrogent la pensée musulmane en vue de la renouveler. Dans La nécessaire réconciliation (2014), réfléchit à la question de la violence, de la relation à l’autre, à soi et à l’histoire. Cet ouvrage emprunte à l’Algérie la matière de sa réflexion, mais ouvre le champ sur les questions relatives au rapport à la violence et à la mémoire. Défend l’idée que la violence est immorale et qu’elle s’exprime là où l’être humain manque de maturité. Même si la contre-violence est utilisée pour éviter une violence supérieure, elle doit être jugée comme un échec et un mal. La distinction entre la fin et le moyen est impérative pour éviter que la violence s’attribue la valeur morale de la fin.
  • 44. Rachel Corrie (1979-2003), militante états-unienne d’origine juive, volontaire de l’International Solidarity Movement (ISM). Morte le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza, durant la ‘seconde Intifada’, écrasée par un bulldozer israélien alors qu'elle essaye avec d'autres membres de son organisation d'arrêter pacifiquement la démolition de la maison d'un médecin palestinien. Des membres d'ISM présents sur les lieux lors des faits affirment que le conducteur du bulldozer a délibérément tué R.C. en l'écrasant deux fois avec son bulldozer. La jeune femme s'était placée face à l'engin, dans le but de se faire voir par le conducteur et ainsi l'inciter à ne pas poursuivre son chemin vers la démolition. Selon l’armée israélienne, le conducteur de l’engin ne l’aurait pas vue, car elle était dans un angle mort.
  • 45. Erika Leclerc-Marceau Née en 1979, comédienne d'origine québécoise installée en France, humoriste, animatrice radio, chroniqueuse, auteure de créations théâtrales sur mesure. ‘École nationale de l’humour’ (Montréal), licence en communication UQAM (Montréal), 10 ans de formation en Communication Non-Violente. Auteur et interprète de Ma [non] violence ordinaire. Co-créatrice de La Beauté des Sexes, un duo drôle, doux et questionnant sur Comment éduquer à l'équité des sexes? Animatrice de radio Microphone Francophone . Co-créatrice de la conférence active Oser se parler... Comment dire ? une initiation à la Communication Non-Violente en duo avec Françoise Keller. Co-créatrice du spectacle La folle épopée d'une famille ordinaire qui a pour thème central ’Que voulons-nous vivre ensemble ?’ Créatrice de Erika l'intranquille (humour sensible, décalé et poético-fêlé) et de Être parents, mieux vaut en rire ! (mélange de one woman show, de conférence gesticulée et de théâtre forum autour de l'éducation bienveillante). « Les conflits, ça fait partie de la vie, de la paix. Le médecin aussi tombe malade, ça ne l’empêche pas d’être bon médecin, au contraire ! (…) La violence est aussi à l’intérieur de moi. Dans ma tête, il y a un autobus rempli de personnages, et c’est pas toujours la même personne qui conduit l'autobus ! La belle-mère de Cendrillon vit dans ma tête, parfois, c'est elle qui conduit le bus! (…) La réponse à la violence, c’est l’amour : l’écoute, la compréhension, le soin, l’ouverture, la fermeté, la douceur, la confiance, le courage, la vérité. »
  • 46. Chloé di Cintio Née en 1979, formatrice française. Diplômée en philosophie et en psychologie. S'engage en 1996 dans le ‘Réseau Sortir du nucléaire’ (sit in, blocages, pratique du consensus en grand groupe, etc.). En 2002, rédige un mémoire de maîtrise, Désobéissance civile et non-violence. Se consacre ensuite à l'éducation alternative (gestion des conflits, pratiques coopératives, théâtre forum, etc.). Se spécialise en éducation alternative depuis 2002 : formatrice ‘Non Violence et Paix 54’, formée auprès de ‘Génération Médiateurs’, rejoint l'association ‘Altern'Educ’ en 2002, dans laquelle elle exerce des fonctions d'animation, formation et direction, avant d'en devenir Présidente. Dirige la revue Éduquer Autrement de 2003 à 2008. Spécialiste en jeux coopératifs, formée au théâtre-forum, à la communication sans violence, à l'animation de cercles de parole, à la gestion des conflits, anime des formations sur ces thèmes. Son Petit traité de désobéissance civile dresse un état des lieux complet de cette forme de résistance politique, des origines à nos jours : théorie, pratiques, méthodes, débats, enjeux et perspectives. L'auteur fait le point sur les notions essentielles de toute société humaine (la morale, la violence, la légitimité, le droit, la loi...). Ce livre donne aussi la parole aux acteurs de la désobéissance.
  • 47. Jon(athan) Palais Né en 1979. Milite à Greenpeace à partir de 2006 et avec l'association écologiste ‘Bizi !’, au Pays Basque, à partir de 2011. Participe au lancement des mouvements ‘Alternatiba’ en 2013 et ‘Action Non-Violente COP21’ en 2015, deux dynamiques de mobilisa- tion citoyenne contre le changement climatique, qui conjuguent la promotion des alternatives avec les actions non-violentes de résistance et d'opposition. « Notre génération doit relever en quelques années le défi le plus colossal qu’on ait jamais connu à l'échelle de toute l'histoire de l'humanité. Un tel défi ne pourra pas être relevé par des petits groupes de militants, mais par un mouvement citoyen de masse, à la fois radical et populaire, car c'est une transformation en profondeur de notre société qu'il faut réussir à faire très rapidement au niveau planétaire. (…) La stratégie de l'action non-violente est la mieux adaptée pour lancer le mouvement “à la Martin Luther King pour le climat” dont nous avons besoin aujourd'hui. »
  • 48. Tawakkul Karman Née en 1979, militante yéménite pour la défense des droits des femmes. Crée en 2005 le groupe de défense des droits humains Women Journalists Without Chains (Femmes journalistes sans chaînes), pour défendre la liberté de pensée et d'expression. Dénonce l'interdiction par le ministère de l'Information de la création d'un journal et d'une radio, reçoit des menaces et des offres de corruption des autorités. De 2007 à 2010, participe ou appelle à des manifestations ou des sit-in sur la place de la Liberté à Sanaa, devant le bâtiment du gouvernement. Co-prix Nobel de la paix 2011 en reconnaissance de « son travail dans la lutte non-violente pour la sécurité des femmes et pour les droits des femmes à la pleine participation dans le travail de consolidation de la paix au Yémen ». « Leur cause est juste, mais ce n’est pas par la violence que les Syriens réussiront à faire tomber la dictature. »
  • 49. Benjamin Joyeux Né en 1980, journaliste français indépendant et juriste de forma- tion, spécialisé sur l'environnement et les relations internationales, militant dans divers associations et collectifs de défense des libertés et des droits humains. Pendant dix ans collaborateur parlementaire d'élu.e.s écologistes au Sénat, à l'Assemblée nationale et au Parlement européen. Sympathisant du mouvement indien Ekta Parishad depuis 2004. Activiste gandhien de la non-violence, coordinateur depuis 2016 de Jaï Jagat 2020, grande marche Delhi-Genève pour la justice et la paix prévue en 2020, sorte de « Forum social en marche » qui s’adresse à tous les exclus de la mondialisation et celles et ceux pour qui un autre monde est possible. La marche a notamment pour but la mise en œuvre des 17 ‘objectifs de développement durable’ (ODD) de ‘Agenda 2030 des Nations Unies. « Un engagement politique n'a de sens qu'en mettant en adéqua- tion les valeurs que l'on porte et la façon dont on se comporte. Et c'est particulièrement vrai pour l'écologie, dont l'exigence n'est rien de moins que de sauver la planète, en commençant donc par se sauver soi- même. »
  • 50. Guillaume Gamblin Né en 1980, militant francais de la non-violence et de la décrois- sance. Mémoire de maîtrise sur la philosophie de la non-violence. Milite un temps au MAN, travaille pour ‘Non-violence XXI’, fait une enquête sur les organisations non-violentes de France, reprise par Alternatives non-violentes. Auteur des ouvrages La Force de l’autonomie. Gandhi précur- seur de la décroissance ?, L'insolente - Dialogues avec Pinar Selek, avec Pierre Sommermeyer, du recueil Non-violence dans la révolution syrienne, d’un livre sur Pepe Beunza, etc. Ancien volontaire de l'inter- vention civile de paix au Guatemala. Co-rédacteur depuis 2006 de la revue S!lence, très impliquée notamment dans la réflexion et l’information sur la désobéissance civile. « Lorsque les règles en vigueur ont été adoptées collective- ment et dans le respect des minorités, lorsqu’elles respectent les exigences de justice et les droits humains, économiques, politiques et sociaux, les suivre permet alors de vivre ensemble. Car ce sont elles qui aident à protéger les plus faibles et à établir une égalité de traitement entre tou.te.s. ../..
  • 51. Guillaume Gamblin Mais lorsque les lois contreviennent aux exigences de justice, ne respectent pas les droits et/ou ont été élaborées sans les personnes et les groupes concernés, elles cessent d’être légitimes. Quand les moyens de pression classiques pour les modifier ont été épuisés sans résultats, désobéir à des lois injustes devient alors non seulement un droit mais aussi un devoir.» « Dans ce travail sur les victoires*, on a vu qu'il fallait en moyenne entre 12 et 25 ans pour obtenir victoire, et ça montre que quand on entame une campagne d’action non-violente, il faut y aller sur le long terme, même quand le sujet est d'une urgence absolue. » « La non-violence est plus que jamais nécessaire dans un contexte où les tensions sont de plus en plus fortes à cause de l’urgence écologique qui devient une urgence sociale et qui accentue les extrémismes et les nationalismes. » * N° spécial de S!lence sur les victoires de l'écologie en octobre 2022, pour les 40 ans de la revue, affiche associée ci-contre. Image du haut : De la marche du sel de Gandhi à la lutte des paysans du Larzac, des mouvements antipub et anti-OGM aux campagnes pour le climat d’ANV-COP 21, cette affiche de S!lence donne également à voir de nombreuses actions moins connues, et la diversité des formes de la désobéissance civile.
  • 52. Markus Haluk et Benny Wenda M. H., né en 1980, militant politique non-violent de Papouasie Occidentale, dominée par l’Indonésie*. Enfant, voit les soldats indoné- siens torturer et tuer plusieurs habitants de son village. Études supé- rieures à la faculté de théologie Fajar Timur à Jayapura. En 2004, renonce à la vie religieuse pour se consacrer à son peuple. La théologie de la libération demeure le carburant de son engagement en non- violence. Directeur exécutif du United Liberation Movement for West Papua (ULMWP), créée en déc. 2014, dont le président élu, Benny Wenda, né en 1975 (photo du bas), co-fondateur en 2004 de la Free West Papua Campaign, est en exil au Royaume Uni. Retenu plusieurs fois par la police pour ses activités dissidentes. ../.. * La résistance non-violente papou contre le colonialisme existait bien avant l’occupation indonésienne. En 1940, à Biak, 30 000 Papous, dirigés par Anggani Menufandu, engagent une désobéissance civile contre l’interdiction de chants et de danse traditionnelles, et contre les impôts et le travail forcé imposés par le gouvernement néerlandais. Ils avaient de même refusé l’occupation japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale.
  • 53. Markus Haluk et Benny Wenda En 2016, une pétition géante est organisée par l’ULMWP pour contester la validité du référendum de 1969 qui avait abouti à l’annexion de la Papouasie*, pétition signée par 1,8 million de Papous et d’Indoné- siens. Elle est présentée à la Commission des droits de l’homme de l’ONU l’année suivante. Des actions non-violentes sous forme de longues marches à l’étranger appellent au boycott des produits d’importation indonésiens, notamment l’huile de palme dont l’Indonésie est le premier exportateur mondial au prix de la déforestation massive en Papouasie. En déc. 2020, l’ULMWP annonce la formation d’un gouvernement provisoire de Papouasie Occidentale en exil en République de Vanuatu. Depuis 2023, l’ULMPW est member du Melanesian Spearhead Group (MSG) qui regroupe plusieurs États du Pacifique et de l’Océanie. * La Papouasie Occidentale (5,5 millions d’habitants dont 2,5 millions de Papous), province indonésienne ayant obtenu une « autonomie spéciale » et qui réclame son indépendance, est à distinguer de la Papouasie-Nouvelle Guinée (8 millions de Papous), qui l’a déjà acquise en 1975.
  • 54. Caroline de Haas Née en1980, militante féministe et femme politique française. Étudie l'histoire contemporaine à Lyon-II et Nanterre, militante (‘Amnesty International’, ‘Petits frères des pauvres’, ‘Scouts unitaires’, ‘UNEF’). En 2009, participe à la fondation de l'association ‘Osez le féminisme !’ dont elle est porte-parole jusqu'en juillet 2011. Milite au sein du ‘Mouvement des jeunes socialistes’ puis, au ‘Parti socialiste’ en tant qu'attachée de presse du porte-parole du parti, Benoît Hamon, jusqu'en 2012. Après l'élection présidentielle de 2012 et la création d'un ministère des Droits des femmes au sein du gouvernement Ayrault, est conseillère chargée des relations avec les associations et de la lutte contre les violences faites aux femmes au sein du cabinet de Najat Vallaud- Belkacem. En juin 2013, crée ‘Egaé’, d'égal à égale, agence de conseil en égalité professionnelle. En septembre 2016, directrice de campagne de Cécile Duflot, candidate à la primaire présidentielle écologiste de 2016. En 2019, défend l’instauration d’un brevet de non-violence, obligatoire au collège et soutenu par une campagne nationale de sensibilisation, sur le modèle de l'attestation scolaire de sécurité routière, ayant pour but de former les générations futures au respect des femmes.
  • 55. Rima al Dali Née en 1980, Syrienne, diplômée en droit de l'université d'Alep, travaille pour un Programme de développement de l’ONU, bénévole de la ‘Croix Rouge’. Proteste en avril 2012 en robe rouge contre les violences en Syrie. Manifeste à nouveau pacifiquement à Damas en novembre 2012, avec Ru'a Ja'far, Kinda al-Za'our et Lubna al-Za'our. Habillées en robes de mariage blanches, elles portent trois bannières, l'une appelant à la fin de toutes les opérations militaires en Syrie, une autre avec les mots "la Syrie est pour nous tous", et une disant : « Nous sommes tous épuisés, nous voulons une autre solution». Emprisonnées. « Les moyens utilisés pour parvenir à nos buts doivent être aussi purs que nos buts.»
  • 56. Kizito Mihigo (1981-2020), artiste rwandais, chanteur de gospel, auteur de chants liturgiques, organiste et compositeur. Rescapé du génocide des Tutsis, formé au Conservatoire de musi- que de Paris. Durant son séjour en Europe, ayant fait connaissance du ‘Mouvement international de la réconciliation’ (MIR), organise régulièrement des concerts de musique sacrée suivis par une messe de Requiem pour les victimes de toutes sortes de violences dans le monde. Crée en 2010 la ‘Fondation Kizito Mihigo pour la paix’. Entame une tournée dans les écoles et dans toutes les prisons du Rwanda pour édu- quer aux valeurs de paix et de réconciliation. En 2012, animateur de télévi- sion. En avril 2014, après avoir publié une chanson critique, Igisobanuro Cy'urupfu (‘La signification de la mort’), aussitôt interdite par les autorités rwandaises, est arrêté pour "menace contre l'État". En février 2015, con- damné à 10 ans de prison pour "conspiration contre le gouvernement" du président-dictateur Paul Kagamé. Libéré par la grâce présidentielle le 14 septembre 2018. À nouveau arrêté le 13 février 2020, meurt dans sa cellule à Kigali le 17 février, officiellement d'un suicide par pendaison. « Je suis rescapé du génocide mais ce n'est pas pour autant que j'ignore la souffrance des autres (…) La mort n'est jamais bonne, que ce soit du génocide, de la guerre ou des vengeances… »
  • 57. Ekaterina Samoutsevitch, Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et les Pussy Riot E. S., née en 1982, programmeuse informatique, N.T., formation en philosophie, née en 1989, et M. A., née en 1988, formation en journalisme et littérature, toutes les trois artistes et militantes politiques russes. Membres du groupe Pussy Riot (en anglais "émeute de chattes"), un collectif de … ersonnes né en 2011 de la rencontre de personnes réunies par l’opposition à la dictature, le féminisme, l’art contemporain, la musique. Leurs tenues de manifestation sont constituées de robes légères et de collants, et leurs visages cachés par des cagoules colorées. En 2011, les membres du mouvement naissant ont mené une action dans le métro russe pour protester contre le sexisme de la société. Suite à une exhibition (Te Deum en "prière punk") de 5 femmes du groupe dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou en février 2012 pour dénoncer la collusion de l’Église orthodoxe russe avec le régime de Poutine, ("Marie mère de Dieu, chasse Poutine, deviens féministe !", etc.), 3 d’entre elles, arrêtées par la police, sont condamnées en août 2012 à 2 ans d'emprisonnement en camp de travail pour "vandalisme et incitation à la haine religieuse". Elles sont considérées comme des prisonnières d'opinion par ‘Amnesty Interna- tional’. Cette action est célébrée par le documentaire russe Winter, Go Away ! (2012) présenté notamment au Parlement européen, et par le film états-unien Pussy Riot - Une prière punk (2013). ../..
  • 58. Les Pussy Riot et Piotr Verzilov À la 53e minute de la finale de la Coupe du monde de football, le 15 juillet 2018, 3 femmes des Pussy Riot et le mari de Nadejda Tolokonnikova, Piotr Verzilov* (né en 1987, porte-parole officieux des Pussy Riot quand elles étaient en camp de travail), tous déguisés en policiers, font irruption sur le terrain et interrompent le match pendant 2 minutes pour dénoncer la brutalité et les tortures policières et réclamer la mise en liberté du cinéaste Oleh Sentsov. Ils sont condamnés tous les 4 à 15 jours de prison pour "organisa- tion et tenue d'événements publics sans préavis écrit". En sept. 2021, Maria Alekhina est condamnée à un an de restrictions de liberté pour avoir appelé à manifester contre l’arrestation d’Alexeï Navalny, principal opposant russe. Elle est placée sous contrôle judiciaire avec inter- diction de quitter Moscou. Mi-avril 2022, sa peine se transforme en 20 jours de prison ferme. Elle décide alors de quitter la Russie, déguisée en livreuse de repas, et débute une tournée mondiale dont les fonds seront reversés à l’Ukraine. * Deux mois plus tard, le 11 septembre, juste après avoir assisté à Moscou à une audience judiciaire concernant l’arrestation récente de deux sympathisantes de Pussy Riot, P. Verzilov est hospitalisé à Berlin pour de graves problèmes neurologiques apparus soudainement (perte de la vue, de la parole, de la capacité de marcher). Selon les Pussy Riots, et selon l'équipe médicale allemande qui l'a soigné, il a été empoisonné.
  • 59. Célia Grincourt Née en 1982, animatrice radio et comédienne française. Master de Lettres modernes, diplômée animatrice radio de ‘l’Institut National Audiovisuel’. Pendant 15 ans comédienne, directrice de compagnie de théâtre et autrice. Adhérente de ‘l’Observatoire de la violence éducative ordinaire’ (OVEO), attachée à la défense des droits des enfants, militante ‘Colibris’ et ‘Greenpeace’. Découvre la non-violence à la lecture d’un article évoquant les travaux d’Erica Chenoweth. Lance en octobre 2020 un podcast et un site Internet La force de la non-violence, avec un programme d’interviews pour aborder la non-violence sous toutes ses formes : Jean-François Bernardini, HK, Jon Palais, Pauline Boyer, Daliborka Milanovic, Txetx Etcheverry, Isabelle Filliozat, etc. « La non-violence m’a permis de tout mettre en lien. Pour moi, c’est tout simplement le meilleur moyen à notre disposition pour défen- dre l’être humain, une réponse naturelle à tous les maux qui rongent notre société. » « Le podcast me permet de suivre ce fil rouge de la non-violen- ce et favorise la prise de distance, donc la réflexion. Concernant le titre, je souhaitais à la fois qu’il marque les esprits et qu’il casse les stéréo- types. Faire comprendre aux gens que la non-violence représente une force puissante, les interpeller d’emblée.»
  • 60. Pascal Djemegued Né en 1983, prêtre ("abbé Pascal") et militant politique camerounais. Enfance difficile du fait de la mort de son père, gendarme, alors que lui a 8 ans. Études de philosophie, stage aux États- Unis (au Centre Martin Luther King et dans les zones de canne à sucre). Diplôme universitaire ‘Intervention civile de paix’ de l’Université catholique de Paris en 2019, mémoire de mastère sur la protection des enfants contre Boko Haram. Crée en 2019 le ‘Réseau de protection des droits de l’homme, de l’environnement et de la promotion d’une culture de paix’. Dans un pays livré à la violence des rebelles et des terroristes (Boko Haram) et à celle de l’État, le réseau regroupe des étudiants et universitaires et se préoccupe de réinsertion des exclus, de protection des victimes et des terres. Cofonde ‘l’Observatoire de l’extrémisme violent et des droits de l’homme dans l’Extrême-Nord’, qui veille sur les droits humains, dialogue avec les autorités administratives et traditionnelles, puis la ‘Plateforme de dialogue et d’organisation de la société civile’. Accompagne des mères célibataires, des veuves de militaires, d’anciens enfants-soldats, encourage des démarches de réconciliation. « L’effort de toute une vie, disait Maurice Blondel, est d’associer la pensée et l’action. (…) Il n’y a que l’amour pour convertir le criminel. »
  • 61. Pauline Boyer et Johann Naessens Pauline Boyer, née en 1983, "activiste climat écoféministe" française. Docteure en pharmacie et ingénieure des industries chimiques ENSIC, quitte ses fonctions dans l'industrie 2015 pour s'engager à ‘Alternatiba’ et à ‘ANV COP21’ puis à ‘Greenpeace-France’ après sa prise de conscience du dérèglement climatique et de l'urgence à changer de paradigme. Yohann Naessens, né en 19??, enseignant, puis coordinateur de ‘Non- violence XXI’ pendant 5 ans, puis à nouveau enseignant. « Face à la menace climatique, à l’augmentation des inégalités et à l’incapacité des dirigeants à changer radicalement de cap, la tentation de la violence est forte, y compris dans les mouvements qui luttent pour un changement de société. Méconnues, les stratégies de luttes non-violentes représentent pourtant un outil puissant pour redonner du pouvoir au plus grand nombre et construire un monde juste et soutenable. La philosophie de la non-violence a donné naissance à une stratégie de lutte qui constitue une force de transformation radicale et populaire. Face aux défis de notre époque, infiniment complexes et entremêlés dans des chaînes de déresponsabilisa- tion", l’action non-violente permet de s’ancrer dans une dynamique enthou- siasmante et efficiente qui génère de l’espoir et transcende la peur, au sein de de mouvements efficaces, inclusifs et créatifs. »
  • 62. Luc Nkulula (1985-2018), militant politique non-violent de la République Démo- cratique du Congo (RDC). Licencié en droit de l' Université de Goma, travaille comme consultant pour diverses organisations internationales. Cofondateur en 2012 du mouvement pro-démocratie ‘Lutte pour le changement’ (‘Lucha’), "mouvement citoyen congolais non-partisan et non-violent" . Le groupe a pour objectif de promouvoir une meilleure gouvernance, le respect des droits humains et la démocratie dans ce pays qui a fait face à 32 ans de dictature du président Mobutu. La première manifestation connue de Lucha, avant sa constitution officielle, est la mobilisation des jeunes lors des élections présidentielles et législatives de 2011 afin que le maximum que tous d’électeurs éligibles soient inscrits. Suivent des actions concernant le manque d'eau potable et le traitement des ordures à Goma. Esprit rebelle, combatif, plusieurs fois arrêté… En 2016, debout sur un camion de police, appelle Joseph Kabila à se retirer conformément à la constitution et à permettre des élections crédibles et transparentes. ../..
  • 63. Luc Nkulula et ‘Lucha’ Meurt dans l’incendie de sa maison en juin 2018. Les militants de ‘Lucha’ exigent une "enquête crédible" après la mort de leur ami. Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo, est un reportage en bande dessinée réalisé par la journaliste Justine Brabant et la dessinatrice Annick Kamgang. Plus de 200 jeunes militants pacifiques ont été arrêtés, enlevés par les services de sécurité congolais, détenus au secret ou condamnés à de la prison à l’issue de simulacres de procès. L’ouvrage raconte le parcours de ces jeunes Congolais qui ont choisi de mener un combat pacifique dans un pays où les armes, le clientélisme et la corruption sont monnaie courante. Le documentaire de la journaliste française Marlène Rabaud, Congo Lucha, filmé sur 2 ans, est une plongée au cœur de ce mouvement citoyen qui a milité pour la fin du régime de l'ancien président Joseph Kabila en RDC. « Nous sommes des leaders. Pas des otages du passé. Ni esclaves du présent. Ni les mendiants de notre avenir ! Nous sommes non-violents. Nous prenons des risques ensemble. Nous assumons nos actes. »
  • 64. Rachel Lamy Née en 1986, éducatrice spécialisée française. Passionnée par les voyages et les rencontres à travers le monde. Par l’accueil et les échanges qu’elle a avec des personnes de cultures et de religions différentes, s’interroge sur la manière dont nous pouvons créer des liens, des projets et des ponts entre nous, afin d’anticiper, de traverser et de trouver des réponses restauratives aux conflits interculturels, politiques et interreligieux. Rédactrice en chef de la revue trimestrielle Alternatives non-violentes (avril 2021) Se forme à des techniques de résolution de conflits et de bien- être, tels que la Communication non-violente, (créée par Marshall Rosenberg), les Cercles restauratifs (fondés par Dominic Barter au Brésil), le Yoga du rire (créé par Madan Kataria, en Inde). Participe au parcours du Sésame, fondé par Abdennour Bidar et Inès Weber à Paris. Est impliquée dans l’Universal Solidarity Movement (USM) à Indore en Inde, créé par Varghese Alengaden. « L’idée pour moi est d’aller observer, découvrir puis mettre en valeur des engagements et des témoignages de personnes actrices pour la paix et pour la dignité dans le monde, pour ensuite rejoindre à mon tour un groupe existant dans lequel m’investir, ou créer ma propre proposition d’espaces de rencontres. »
  • 65. Manuel Cervera-Marzal Français né en 1987, diplômé de Sciences Po Paris et docteur en science politique. Chercheur en science politique à l’’Université Libre de Bruxelles’ et à l’Université Paris-Diderot. Dans le cadre de ses recherches sociologiques et philosophiques, s’intéresse tout particulièrement aux pensées de Thoreau, Gandhi et King, ainsi qu’aux théories de la démocratie et à la philosophie politique contemporaine. Membre du Comité de rédaction de la revue Alternatives non- violentes et de l’IRNC. Auteur de 4 livres. « En substituant l’idée que "la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine" à la maxime d’après laquelle "la fin justifie les moyens", Gandhi élabore une conception renouvelée et harmonieuse des rapports entre éthique et politique. En insistant sur le principe de responsabilité - qui exige de chacun qu’il désobéisse aux lois qu’il juge injustes - le Mahatma inaugure une idée de la citoyenneté conçue comme action politique et non comme statut juridique. »
  • 66. Manuel Cervera-Marzal « Loin de menacer la démocratie, la désobéissance civile lui confère un nouveau souffle. Considérer les nouveaux désobéissants comme des "citoyens" plutôt que comme des "délinquants" contribue au renforcement de la démocratie. » « J’identifie une troisième approche, que j’appelle "désobéis- sante" parce qu’elle vient des écrits et des discours des grands précurseurs de la désobéissance civile : Henry David Thoreau, Gandhi et Martin Luther King. Selon eux, la désobéissance civile est constitutive de la démocratie. Il ne s’agit pas seulement d’un "droit", que nous devrions utiliser avec extrême parcimonie, mais d’un "impératif", qui exige de nous que nous affrontions de manière systématique toute loi injuste, voire le système juridico-politique dans sa globalité si c’est de lui que viennent les injustices. » « La démocratie n’est pas qu’un état des choses, c’est aussi un mouvement, une dynamique, avec ce que cela implique de conflictua- lité, de soulèvements, de rébellion, de désordre, de création. C’est là qu’intervient l’utopie, étroitement liée à la démocratie et à la désobéis- sance civile. En effet, contrairement à ce que prétendent les idéologues académiques et autres défenseurs de l’ordre établi, nous n’avons ni atteint la fin de l’histoire, ni la forme achevée de la démocratie. »
  • 67. Anton Deums Né en 1993, militant non-violent français du mouvement ‘Extinction Rebellion’. Part à l’âge de 20 ans sur les routes du Népal, de l’Inde et du Tibet (crée les documentaires Sur les sentiers de la rencontre et Digression tibé-taine). Avec sa compagne Romane et à bord de leur camion Mobilab Songo, sillonne pendant quelques années les éco-lieux de France, partageant en face à face et en ligne les savoir-faire et savoir-être qu’ils apprennent au contact des personnes rencontrées et des liens créés. Réfléchit et expérimente pour promouvoir sa vision humaniste et écologiste d’une société respectueuse de son environnement. En quête d’une ferme où s’installer en collectif, partage son temps entre la vie avec sa famille, le militantisme, sa formation au métier de paysan et ses recherches sur la résilience des territoires. « Lors d’une action de blocage d’un incinérateur dans la vallée de l’Arve, la gendarme qui m’emmenait pour interrogatoire m’a dit : "Je vous arrête, mais continuez, dans la classe de mon fils, il y a deux enfants cancéreux !" » « Nous entrons dans un siècle de tempêtes, on ne peut plus attendre. On n’est pas nombreux, mais il faut s’engager : on a le choix, même quand c’est difficile. » Photo du haut : la pollution dans la vallée de l’Arve
  • 68. Alexandra Skochilenko Née en 1990, artiste, musicienne et militante russe. Auteure du Livre sur la dépression (2014), qui a contribué à déstigmatiser les problèmes de santé mentale en Russie. Après avoir participé à une manifestation contre l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, est condamnée à une amende de 10 000 roubles. En avril 2022, est dénoncée par un client du supermarché de St Petersbourg où elle remplace les étiquettes des produits par de courts textes racontant les atrocités commises par l'armée russe en Ukraine : « L'armée russe a bombardé une école d'art à Marioupol. Environ 400 personnes s'y cachaient » ou encore « Les troupes russes ont empêché 14 camions d'aide humanitaire d'entrer dans la région de Kherson. Les civils ont besoin d'eau et de nourriture ». Le 11 avril 2022, est inculpée de « diffu- sion publique d’informations qu’elle savait fausses au sujet de l’utilisation des forces armées de la Fédération de Russie *» et incarcérée. Encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. * Ce nouvel article du Code pénal a été introduit à la hâte par le gouvernement russe en mars 2022 pour tenter d’empêcher les Russes de critiquer l’invasion de l’Ukraine. Des dizaines de personnes ont déjà été arrêtées en vertu de cet article. ** Remplacer les étiquettes dans les magasins est l'une des formes d'activisme encouragées par les membres du groupe russe de « résistance féministe anti-guerre » (FAS), dont une centaine de membres ont été arrêtées ou menacées de poursuite, notamment Yevgenia Isaeva, Yulia Kaburkina, etc.
  • 69. Matiullah Wesa Né en 1992 ou 1993, enseignant afghan de l’ethnie patchoun. Son père ouvre la toute première école pour filles de Marouf en 2003. En 2002, alors qu'il a neuf ans, les talibans incendient son école, incitant la famille à déménager à Kaboul. Fait ses études supérieures en Inde, se spécialise dans les droits de l'homme. En 2009, fonde l'organisation de bénévoles Pen Path, réseau d’écoles et de bibliothèques ouvertes aux filles. En 2016, organise une campagne de dons de livres pour créer des bibliothèques dans les provinces. En 2017, parcourt l'Afghanistan pour plaider en faveur de la réouverture des écoles fermées par les talibans. Après août 2021, toutes les écoles pour filles sont clandestines. Reçoit des appels anonymes menaçants et des avertissements des fondamentalistes. Le 27 mars 2023, les talibans l’arrêtent à Kaboul et perquisition- nent sa maison. Hamid Karzaï, l'ancien président, exprime sa tristesse et appelle à sa libération. L’ONU demande des éclaircissements sur les raisons de son arrestation et appelle au partage d'informations sur sa localisation. « Notre combat est non-violent, comme celui du Mahatma Gandhi. Si nous devons aller en prison, nous ne résisterons pas. Mais nous ne pouvons pas construire l’Afghanistan de demain sans que les femmes aient accès à l’éducation. »
  • 70. Joshua Wong Joshua Wong Chi-fung, né en 1996, militant hong-kongais. Élevé dans une famille de démocrates où l'engagement envers les plus démunis est très important. Élève dans un lycée anglican, étudie à l'Open University of Hong Kong. En 2011, âgé de 15 ans, fonde Scholarism, groupe de protestation qui s’oppose à l’introduction dans les écoles de cours d’«éducation morale et nationale», considérés comme du «lavage de cerveau». En septembre 2012, 8.000 manifestants envahissent le siège du gouvernement à l’initiative de Scholarism, et les partisans du programme font marche arrière. En septembre 2014, fait partie des 78 personnes arrêtées par la police après avoir investi les locaux du gouvernement en réaction à la réforme électorale de 2014. Pendant la "révolution des para- pluies" ou Occupy Central, créateur de l'application mobile FireChat, massivement utilisée par les manifestants. En août 2017, condamné à 2 ans de prison ferme pour son rôle dans le mouvement des parapluies. Fondateur du parti Demosisto, prodémocratique. En juin 2019, libéré de prison au moment des manifestations contre le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine.
  • 71. Agnes Chow Née en 1996, étudiante et militante politique de Hong Kong, engagée pour la démocratie, marquée par sa foi et son éducation catholiques. En 2012, rejoint le mouvement étudiant Scholarism, et en devient la porte-parole. Ce mouvement, une des organisations à l’origine des manifestations de 2014 à Hong Kong, milite notamment contre l'introduction de cours d'éducation morale et nationale à l'école. En 2014, est porte-parole du « mouvement des parapluies ». En 2016, participe à la fondation du parti Demosistō, qui milite pour une plus grande démocratie à Hong Kong. En 2018, se présente aux élections législatives de Hong Kong, mais sa candidature est invalidée par le pouvoir chinois. En août 2019, est arrêtée avec Joshua Wong en raison de leur participation aux manifestations de 2019 à Hong Kong, mais ils sont libérés le même jour sous caution. Le 6 juillet 2020, accusée d'avoir organisé, incité à participer et participé à ces manifestations, plaide coupable pour les deux derniers chefs d'accusation. Le 10 août 2020, est arrêtée pour incitation à la sécession en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
  • 72. Panusaya Sithijirawattanakul Née en 1998, étudiante et militante thaïlandaise, surnommée Roong ( "Arc-en-ciel" en langue siamoise). Étudie à la Faculté de sociologie et d'anthropologie de l'Université Thammasat, porte-parole de l'Union des étudiants en Thaïlande. Avec Anon Nampa, Jatupat Boonpattararaksa, Parit Chiwarak, Panupong Jadnok, Intira Jaroenpura,et bien d’autres, figure importante lors des manifestations de 2020 pour la démocratie et les droits humains en Thaïlande. Dans un discours en 10 points pour la réforme de la monarchie, omet d'utiliser la forme habituelle de soumission au roi : "dans la poussière sous la plante des pieds de Votre Majesté". Fait une grève de la faim en prison du 30 mars au 6 mai 2020 pour sa libération et celle de 21 militants politiques. Arrêtée et emprison- née en oct. 2020 pour insulte à sa Majesté, puis en septembre 2021, pour avoir contribué à la page Facebook du groupe militant United Front of Thammasat and Demonstration (photo du haut), puis en novembre 2021, pour une nouvelle accusation d'insulte à Sa Majesté commise en déc. 2020. Figure sur la liste de la BBC des 100 femmes inspirantes et influentes dans le monde en 2020.
  • 73. Tantawan Tuatulanon et Orawan Phuphong T. T. (née en 2001) et O. P. (née en 1999), militantes politiques thaïlandaises antimonarchistes, désignées par leurs surnoms respectifs, ‘Tawan’ et ‘Bam’. En grève de la faim du 18 janvier au 11 février 2023, avec 3 reven- dications : 1) un engagement des partis politiques à amender ou abolir la très stricte loi de lèse-majesté, en vertu de laquelle elles ont toutes deux été inculpées l’an dernier ; 2) la libération sous caution d’une dizaine de militants pro-démocratie en attente de procès pour divers crimes dits "politiques" (sédition, lèse-majesté ou délit "informatique", mais à qui les juges refusent obstinément la liberté conditionnelle que prévoit la loi ; 3) l’instauration d’une justice « véritablement indépendante ». Mettent fin à leur grève de la faim afin de survivre et continuer leur combat. Ces revendications mettent dans l’embarras le gouvernement de Prayuth Chan-o-cha, ex-général putschiste devenu Premier ministre. Elles font suite aux manifestations de 2020 déclenchées à l'origine par la disso- lution du parti Future Forward. Thanathorn Juangroongruangkit et Piyabutr Saengkanokkkul, fondateurs de ce parti, plaident pour une Thaïlande plus juste et démocratique, libérée de l’hégémonie militaire et de la corruption politique et économique. ■ Photos : Les 2 militantes protestent devant le Tribunal pénal de Ratchadapisek, à Bangkok, le 16 janvier 2023 . Thanathorn Juangroongruangkit ■