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Le conflit Israël-Palestine
2 - Quelle stratégie pour les Palestiniens ?
Peut-on résoudre le conflit ?
Étienne Godinot - 07.03.2024
Un État juif
Israël compte environ 9 millions d’habitants dont 6,7
millions de Juifs, un peu plus de 20 % d’arabes.
Le nombre de religieux juifs ultra-orthodoxes est estimé à
un million. Ils ne travaillent pas, sont subventionnés par l’État ou
des fonds privés étatsuniens, sont exemptés du service militaire.
La population arabe englobe 130 000 Druzes (plateau du
Golan) et 170 000 Bédouins (désert du Néguev).
La Cisjordanie compte environ 3 millions d’habitants, la
bande de Gaza un peu moins de 2 millions sur 45 km².
Il y aurait environ 400 000 colons juifs en Cisjordanie.
Les Palestiniens de Jérusalem-Est, considérés comme de
simple résidents, sont environ 323 000.
Images :
- La population de l’État d’Israël par appartenances religieuse ou non-religieuse
- Les haredim ("craignant-Dieu") ou ultra-orthodoxes ont une pratique religieuse particuliè-
rement forte. Ils ne reconnaissent pas l’État d’Israël, n’ont aucun contact avec les institutions,
sont dispensés de service militaire. Pourtant, l’État, non seulement les reconnaît, mais il les
paie, finance leurs écoles et verse parfois des pensions aux femmes des ultra-orthodoxes.
Quelques caractéristiques : refus du rationalisme, de la mixité, de la diplomatie occidentale,
quête de pureté, volonté de régner sur l'ensemble des terres du Jourdain à la mer.
La loi de juillet 2018
La loi du 19 juillet 2018 sur la nouvelle dénomination de l’État d’Israël comme
« État-nation du peuple juif » ne reconnait plus l’arabe comme deuxième langue
officielle du pays à côté de l’hébreu et lui donne un « statut spécial » qui autorise la
poursuite de son utilisation dans l’administration.
Elle ajoute que « le développement des colonies juives relève des valeurs
nationales », reniant ainsi l’égalité des droits entre tous ses habitants.
Extraits de la Loi fondamentale « Israël État-nation du peuple juif » adoptée par la Knesset
le 19 juillet 2018
« La Terre d’Israël est la patrie historique du peuple juif, dans laquelle l’État d’Israël a été créé.
L’État d’Israël est le foyer national du peuple juif, dans lequel il réalise son droit naturel, culturel,
religieux et historique à l’autodétermination.
Le droit d’exercer l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif.
La langue de l’État est l’hébreu.
La langue arabe a un statut spécial dans l’État ; la réglementation de l’usage de l’arabe dans et par
les institutions de l’État sera fixée par la loi.
L’État sera ouvert à l’immigration juive et au retour des exilés.
L’État considère le développement des colonies juives comme une valeur nationale et agira
pour encourager et promouvoir leur création et leur renforcement. ».
Images :
- Le Premier ministre Benjamin Netanyahou défend la loi sur Israël "État-nation du peuple juif"
- Les colonies juives en Cisjordanie
Accaparement des terres, étranglement économique,
discriminations
Israël continue à expulser les Palestiniens de leurs terres, à créer des colonies
israéliennes en Cisjordanie, (cf. cartes ci-dessous), à les enfermer dans des ghettos ou
derrière des murs, à les priver d’eau, de liberté de circuler, fait, avec la complicité de
l’Égypte, un blocus maritime et terrestre de Gaza et traite les habitants palestiniens de
Jérusalem-Est comme des citoyens "résidents" de seconde zone.
Quand en 2000, Ariel Sharon devenu Premier ministre d’Israël, déclare « Nous allons maintenant achever
ce qui n’a pas été achevé en 1948 » les choses sont claires : ce qui n’a pas été achevé, c’est le processus dont la
Nakba a été l’apogée, le processus d’expulsion et de dépossession du peuple palestinien de son territoire ainsi que du
droit à son histoire et à sa culture.
Le peuple juif longtemps persécuté
L’État israélien aujourd’hui persécuteur
Comment se fait-il que l’État et la majorité du peuple
d’Israël, composé à 75 % de Juifs, puissent traiter aujour-
d’hui le peuple palestinien avec autant de mépris et
d’inhumanité ?
Israël a pris à la Palestine la majorité de son territoire,
d’abord lors de la création de l’État d’Israël en 1948 qui ne
respectait pas le plan de partage de l’ONU de novembre
1947, puis lors de la guerre des Six jours en 1967, maintient
et aggrave une situation de discrimination et d’oppression
qualifiée d’apartheid par l’organisation Amnesty International.
Images :
- 1 et 2 : La Nakba et les réfugiés forcés de quitter leurs villages.
- 3 : Le mur de séparation. 20 % seulement du tracé est précisément sur la ligne
verte, ligne d'armistice de 1949. Long de 700 km, il pénètre profondément à
l'intérieur de la Cisjordanie pour intégrer des colonies juives
- 4 : La queue interminable aux postes de contrôle (checkpoints) tenus par les
militaires israéliens
Le triomphe des émotions
« Il y a quinze ans, Dominique Moïse, dans La géopolitique
de l'émotion, expliquait que le conflit israélo-palestinien, matrice
tragique des relations internationales, était aussi « la rencontre
archétypique entre deux émotions primaires : l'humiliation et la peur ».
Il ajoutait « Une nation (Israël) est née d'une tragédie unique et absolue
; un peuple (palestinien) a été écrasé, opprimé par une victime (Israël)
que l'immensité de ses blessures physiques et psychologiques avait
rendue aveugle à la souffrance des autres ».*
* Christine Kerdellant, Les Échos, 10 février 2024
Images :
- Dominique Moïsi, géopolitologue français né 1946 et issu d’une famille juive, est
conseiller spécial de l'IFRI (Institut français de relations internationales), après en avoir été le
directeur adjoint.
- Son livre La géopolitique de l’émotion - Comment les cultures de peur, d'humiliation et
d'espoir façonnent le monde (2009) explore la dimension émotionnelle de la mondialisation, et
dessine un ordre du monde fondé sur les émotions qui détermine notre présent et notre avenir.
- Son livre Le Triomphe des émotions - La géopolitique entre peur colère et espoir
(2024) est ainsi présenté : « Sur fond de rivalité Chine/États-Unis, un nouvel ordre émotionnel
du monde est en train d’émerger autour d’un Sud global dominé par un mélange de ressenti-
ment et d’espoir, un Orient global fait d’humiliation et de colère, et un Occident global oscillant
entre peur et résilience. »
Trop longtemps,
le choix de la violence par les Palestiniens
Les dirigeants palestiniens ont été longtemps fascinés par les
exemples de la lutte armée telle que préconisée par Che Guevarra ou
pratiquée contre le colonialisme par les mouvements algériens et
vietnamiens
(sans réaliser d’ailleurs que la fin de la guerre d’Algérie et de celle du
Vietnam a été provoquée moins par une victoire militaire algérienne et
vietnamienne que par l’indignation de la population française et états-
unienne contre ces deux "sales guerres").
La lutte armée a pris la forme d’une guerre classique, dans des
conditions évidemment beaucoup plus défavorables aux Arabes et aux
Palestiniens dans un pays sec ou désertique qu’aux Vietnamiens dans
une forêt tropicale : la guerre des Six jours en juin1967 a été un total
désastre pour les armées arabes (Égypte, Jordanie, Syrie).
La violence a pris aussi la forme du terrorisme aveugle : le 5 sep-
tembre 1972, des membres de l'équipe olympique d'Israël sont pris en
otage et assassinés par des membres de l'organisation palestinienne
‘Septembre noir’ (photo 2), ce qui décrédibilise durablement la cause
palestinienne. Les détournements d’avion y contribuent puissamment.
Photos : - Les victimes israéliennes de l’attentat de Munich en septembre 1972.
- Combattants du Hamas.
- Brigades islamistes d’Al-Aqsa.
Trop longtemps,
le choix de la violence par les Palestiniens
La violence palestinienne s’est manifestée aussi
- par les attentats suicides (qui ont été la première cause de la
construction du mur "de sécurité", et prétexte à l’enclavement et au
grignotage des territoires palestiniens),
- par des tirs de roquettes (image 1) depuis Gaza (militairement inefficaces
et réprimés férocement par des bombardements israéliens sur Gaza),
- par des attentats au couteau contre des Israéliens,
- et dernièrement par l’offensive et les actes terroristes du
Hamas en octobre 2023.
Photos :
- Attentat-suicide contre un bus à Meggido le 5 juin 2002 : 17 tués, dont 13 soldats.
- Lance-roquettes Qassam.
- Incitation aux attentats à l’arme blanche sur un mur en Palestine.
- L’offensive du Hamas le 7 octobre 2023 saluée par le régime iranien.
- Dessin de Plantu : Le Hamas tient en otage à la fois les Israéliens et les Palestiniens.
La non-violence de
beaucoup de Palestiniens
En dehors de ces actions dramatiques et totalement contre-
productives, il faut indiquer – au moins avant la répression sur Gaza -
l’absence de haine et l’attitude globalement non-violente d’une grande
partie du peuple palestinien, sauf quand les dirigeants ou les partis
incitent à la violence, par exemple pendant la 2ème Intifada ou à Gaza.
Bien sûr, il y a eu, il y a, il y aura encore des extrémistes
palestiniens qui nient la Shoah, qui refusent au peuple israélien le droit
d’exister, qui commettent des attentats-suicide, qui envoient des
roquettes ou commettent des actes terroristes.
Mais les visiteurs étrangers sont frappés par ténacité et la
résilience (en arabe sumud, prononcer soumoud) et par l’espérance
de ce peuple méprisé depuis si longtemps, par ces mères qui deman-
dent à leur fils de ne pas jeter des pierres aux soldats israéliens, par
ces paysans qui replantent des oliviers pour remplacer ceux qui ont
été arrachés par les colons israéliens sous la garde des soldats, qui
reconstruisent les maisons détruites, par ces vieux sages qui affirment
« There is enough room for two people » ("Il y a assez d’espace ici
pour deux peuples").
Changer de stratégie
Comme l’écrit Bernard Ravenel dans son livre :
« Le mouvement national palestinien a cru un moment
nécessaire et possible d’obtenir la libération par une lutte armée de
longue durée soutenue en particulier par le monde arabe. Il a perdu
ce pari au prix d’énormes destructions humaines et matérielles.
Une volonté intacte de résistance l’a amené à tirer les leçons
de ses échecs politiques et militaires et à s’engager dans une
résistance populaire non-violente qui a fait l’admiration des peuples
du monde dominé et ouvert la voie au Printemps arabe.
Prenant essentiellement la voie douloureuse et patiente
d’une désobéissance civile de masse que désormais prône Marwan
Barghouti, le Mandela palestinien toujours emprisonné, cette
résistance devrait permettre au peuple palestinien d’espérer être
libéré de l’occupation militaire israélienne condamnée par la quasi-
totalité de la communauté internationale. »
Images :
- Bernard Ravenel (1936-2023), historien français, responsable du secteur international du
‘Parti socialiste unifié’ - PSU (1974-1984), président de ‘l’Association France-Palestine
Solidarité’ - AFPS (2001 à 2009)
- Marwan Barghouti, membre du Conseil législatif palestinien depuis 1996 malgré son
emprisonnement depuis avril 2001, partisan d’une solution pacifique
Une non-violence qui dérange…
Cette non-violence des Palestiniens inquiète d’ailleurs les
Israéliens les plus durs, qui n’hésitent pas à expulser les Palestiniens
non-violents (par ex. Mubarak Awad en 1988 ou Salah Hamouri en
2022).
L’assassinat par Israël, le 22 mars 2004, du leader spirituel du
Hamas, cheick Ahmed Yassine,qui venait de se prononcer en faveur
d’un compromis avec Israël, avait probablement pour objectif une
multiplication d’opérations kamikazes palestiniennes encore plus
meurtrières, qui justifieraient bien sûr l’occupation militaire.
L’historien israélien Zeev Sternhell soutient que les services
secrets israéliens ont soutenu la création du Hamas, partisan de la
lutte armée, pour saper l’autorité de ‘l’Organisation de Libération de la
Palestine’ (OLP), ouverte au dialogue.
Images : -Cheick Ahmed Yassine, leader du Hamas assassiné par Israël alors qu’il venait de
se prononcer pour une solution pacifique
- L’historien israélien Zeev Sternhell
Refuser la violence,
… y compris les jets de pierres
Face à une des armées les plus puissantes et entraînées
du monde, la rébellion armée des Palestiniens s’avère depuis
plus de 60 ans un échec dramatique et une erreur stratégique.
La non-violence implique non seulement le refus des
attentats et des armes (qu’elles soient des roquettes envoyées
sur Israël par le Hezbollah ou le Hamas, des bombes ou des
couteaux), mais aussi le refus des jets de pierres.
Ce défoulement - que l’on peut comprendre, notamment
de la part des jeunes - est certes un signe de résistance. Mais il
est aussi un danger pour les policiers ou militaires visés. Il ne
peut que renforcer l’adhésion des destinataires et de la popula-
tion israélienne à la politique sécuritaire du gouvernement.
Il donne aux Israéliens la justification de la répression
violente et de l’enfermement dans des ghettos.
Images :
- Jets de pierres sur les soldats israéliens par des jeunes palestiniens
- Inscription sur le mur de séparation : "Exister, c’est résister !"
2022 :
Le rapport d’Amnesty International
Un rapport de l’organisation internationale de défense des droits
humains ‘Amnesty International’ intitulé L’apartheid d’Israël contre la popula-
tion palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre
l’humanité a été publié en février 2022.
Il montre que les saisies massives de biens fonciers et immobiliers
palestiniens, les homicides et les tirs de balles pour blesser et handicaper,
les transferts forcés, les restrictions draconiennes des déplacements, ainsi
que le refus de nationalité et de citoyenneté opposé aux Palestiniens, sont
autant de facteurs constitutifs d’un système qui peut être qualifié d’apartheid
en vertu du droit international.
« Que ce soit dans la bande de Gaza, à Jérusalem-Est, à Hébron ou en Israël,
la population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est
systématiquement privée de ses droits. Nous avons conclu que les politiques cruelles
de ségrégation, de dépossession et d’exclusion mises en œuvre par Israël dans tous
les territoires sous son contrôle constituent clairement un apartheid. Elles sont menées
avec l’intention d’entretenir un système d’oppression et de domination. La commu-
nauté internationale a le devoir d’agir. »
Agnès Callemard, Secrétaire générale d’Amnesty International
Les réfugiés palestiniens
et leurs descendants
Le nombre des réfugiés palestiniens suite à la Nakba et leurs descendants est
estimé en 2017 à 5,870 millions :
Jordanie, 10 camps : 2,28 millions ;
Gaza, 8 camps : 1,4 millions ;
Cisjordanie, 19 camps : 897.000 ;
Syrie, 9 camps : 618 000 ;
Liban, 12 camps : 532 000 ;
compte non tenu des Palestiniens arabes de la diaspora qui ont acquis une nationalité étrangère.
Les réfugiés palestiniens ont un statut spécial de réfugié reconnu par ‘l'Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-
Orient’ (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East -
UNRWA), mais il existe aussi des Palestiniens, descendants de réfugiés, qui ne sont plus
aujourd'hui enregistrés. On les trouve en particulier dans les pays du Golfe Persique. Ils
seraient ainsi 500 000 en Arabie saoudite, et 400 000 au Koweït.
Images :
- Camp de réfugiés palestiniens de Baqa’a en Jordanie, au nord d’Amman (94 000 personnes)
- Camp de réfugiés palestiniens d’Ain al-Helweh au Liban, au sud de Saïda (54 000 personnes)
- Logo de l’UNRWA. Cette agence a été créé en 1949 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
Elle opère en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au
Liban et en Syrie : éducation, soins de santé, secours et services sociaux, infrastructures et
amélioration des camps, microfinance et aide d'urgence. Elle est financée presque entièrement par
des contributions volontaires.
Interrogations sur l’UNRWA
L’UNWRA a 30 000 employés, hommes et femmes, dont 13 000 à Gaza.
La plupart sont eux-mêmes des réfugiés palestiniens, en plus d'un petit nombre
d'employés internationaux.
Fin janvier 2024, Israël fournit à l’ONU des informations accusant 12 emplo-
yés de l’UNRWA à Gaza (dont un a été tué) d’être impliqués dans l’attaque
sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Dans une déclaration à la presse, le Secrétaire général de l’ONU, António
Guterres, indique que les Nations Unies « agissent rapidement » suite aux alléga-
tions « extrêmement graves » portées contre plusieurs membres du personnel de
l'UNRWA, notant en particulier qu’une enquête du ‘Bureau des services de contrôle
interne’ (BSCI) de l’ONU « a été immédiatement déclenchée ». 9 des 12 salariés
sont suspendus puis licenciés.
Après la décision par plusieurs pays de suspendre leur contribution à
l’UNRWA, António Guterres, appelle ces pays à revenir sur leur décision, en souli-
gnant que 2 millions d’habitants de Gaza dépendent pour leur survie de l’assistance
fournie par cette agence.
La question est de savoir s’il s’agit de 12 cas isolés, ou d’un problème struc-
turel.
Images :
- Distribution de nourriture par l’UNWRA dans une école transformée en refuge à Gaza.
- Philippe Lazzarini, diplomate suisse et italien, Commissaire général de l’UNRWA
Le droit au retour
On dénombre également entre 150 000 et 200 000 Palestiniens aux États-Unis et
entre 50 000 et 80 000 en Égypte. Les réfugiés de Jordanie ont la nationalité Jordanienne.
Ceux des autres pays n'ont généralement pas la nationalité de leur pays de résidence et
sont reconnus uniquement comme "réfugiés palestiniens".
La résolution 194 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 11 déc.
1948 « décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer
dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins,
et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux
qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé
lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dom-
mage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables. »
Fresques murales, noms de rues, symbole de la clé sont présents dans
tous les camps. Les réfugiés de la 3ème ou 4ème génération ont une conscience
aiguë de l’histoire et de la géographie de leurs origines. Le retour est perçu
sinon comme un futur immédiat, du moins comme une probabilité réalisable à
moyen ou long terme et comme un droit qui se transmet. En 2018, les
Palestiniens, en majorité des réfugiés, se sont mobilisés pendant des mois
pour les "Marches du retour", à Gaza mais aussi en Cisjordanie et au Liban.
La question du retour
Depuis 1950, les lois israéliennes
empêchent le retour des Palestiniens exilés en les dépossédant de leurs
biens (loi permettant de confisquer la propriété des "absents") tout en
encourageant l’immigration des Juifs (loi du retour du 5 juillet 1950).
Une approche dite « réaliste » est mise en avant par les acteurs
hostiles au retour qui avancent des arguments démographiques (peti-
tesse du territoire), économiques (déstabilisation) ou environnementaux
(pénurie d’eau).
À cela, les partisans du retour répondent : 1) le droit au retour est
un choix personnel et il n’est pas possible d’évaluer le nombre de ceux
qui le feraient valoir ; 2) une autre répartition spatiale de la population
israélienne juive permettrait la réinstallation des familles palestiniennes.
L’opinion israélienne juive n’est pas unanimement fermée à la
question du retour dès lors que les conditions présentées garantissent la
possibilité de vivre en paix. La jeunesse palestinienne réfugiée sait qu’il
s’agira de s’engager vers un avenir inconnu, où tout est à construire. Le
droit au retour des réfugiés et personnes déplacées doit être inscrit à
l’ordre du jour de l’accord de paix entre Palestiniens et Israéliens, seule
perspective pour les deux peuples.
Octobre 2023 :
l’offensive terroriste du Hamas
L'attaque du Hamas contre Israël également appelée ‘Opération Déluge d'al-Aqsa’
est une attaque terroriste à grande échelle, lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas* sur
le territoire d'Israël.
Avec 1 140 morts en majorité civils, dont 260 personnes participant à un festival de
musique, c'est l'attaque la plus meurtrière sur Israël depuis sa création en 1948 : le
nombre de morts en 3 jours dépasse celui des 20 dernières années pour l'État hébreu
L'attaque débute avec l'infiltration de militants dans les villes et kibboutzim entourant
la bande de Gaza par terre, mer et air à l'aide de deltaplanes motorisés. 5 000 roquettes
sont tirées sur Israël. Des civils et des soldats israéliens sont tués ou pris en otage.
* appuyé par le ‘Jihad islamique palestinien’, le ‘Front populaire de libération de la
Palestine’ et le ‘Front démocratique de libération de la Palestine’. Rappelons
qu’Israël à l’origine a financé le Hamas, partisan de la lutte armée, pour diviser le
camp palestinien au détriment de l’OLP, partisan de la négociation.
Images :
- Le festival de musique et de nouvelle spiritualité Tribe of Nova, la rave party victime
de l’attaque du Hamas : 260 morts, des scènes abominables de viol et de mutilation
sexuelle commis par des fanatiques islamistes.
- Des personnes tentent d'éteindre un incendie après une attaque à la roquette sur
la ville d’Ashkelon depuis la bande de Gaza.
La vengeance d’Israël
Israël réplique par l'opération ‘Épées de fer’ comprenant des
bombardements aériens, le blocus complet terrestre, maritime et
aérien de la bande de Gaza et une attaque au sol.
Débit mars 2024, 30 000 personnes, dont 70 % de femmes et
d’enfants, et 101 membres des personnels de l’ONU, sont
décédées dans la bande de Gaza. 70 000 personnes ont été
blessées dont 10 000 enfants. Des milliers d'autres sont portés
disparues. La famine menace, les services d’eau et d’assai-
nissement sont sur le point de s’effondrer et des épidémies à
grande échelle sont imminentes.
Près de 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale,
sont déplacés pour s'éloigner des zones bombardées par Israël.
Les gens sont « désespérés, affamés et terrifiés », déclare Philippe
Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA. Le manque de carbu-
rant met en péril « toute l’architecture de la réponse humanitaire ».
Images : Les bombardement sur Gaza par Israël en réaction à l’attaque terroriste du 7
octobre 2023
L’accélération de la colonisation
Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, les colons israéliens multiplient les exactions
en Cisjordanie. 267 Palestiniens ont été tués, 3 300 sont blessés et près de 1 000 ont été
déplacés de force de leurs foyers et de leurs terres. Cette annexion silencieuse est soute-
nue par l’armée et l’État hébreu, qui a armé les colons.
Le harcèlement a pris ces dernière années une nouvelle forme : les fermes
pastorales. L’ONG Kerem Navot, créée par Dror Etkes, en dénombre 77 réparties sur toute
la Cijordanie, dont 8 au sud d’Hébron et 4 aux alentours de Khirbet Ar-Radim. Leurs
stratégie est implacable : « Les colons emmènent leurs troupeaux pâturer sur nos terres.
Puis ils bloquent les routes, entrent dans les villages et menacent les habitants. Les gens
n’osent plus sortir leurs animaux ou ramasser leurs olives : c’est une politique de la terreur.
L’objectif est de nous faire partir. »
« En Cisjordanie, l’armée et les colons ne font plus qu’une seule et même entité,
constate Yehuda Shaul. Les jeunes colons des environs ont été appelés comme réser-
vistes. Leur sang est bouillant, ils sont animés par la vengeance et désormais armés, et
s’estiment autorisés à agir comme ils veulent. »
L’accélération de la colonisation
Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, les colons israéliens multiplient les exactions
en Cisjordanie. 267 Palestiniens ont été tués, 3 300 sont blessés et près de 1 000 ont été
déplacés de force de leurs foyers et de leurs terres. Cette annexion silencieuse est soute-
nue par l’armée et l’État hébreu, qui a armé les colons.
Le harcèlement a pris ces dernière années une nouvelle forme : les fermes
pastorales. L’ONG Kerem Navot, créée par Dror Etkes, en dénombre 77 réparties sur toute
la Cijordanie, dont 8 au sud d’Hébron et 4 aux alentours de Khirbet Ar-Radim. Leurs
stratégie est implacable : « Les colons emmènent leurs troupeaux pâturer sur nos terres.
Puis ils bloquent les routes, entrent dans les villages et menacent les habitants. Les gens
n’osent plus sortir leurs animaux ou ramasser leurs olives : c’est une politique de la terreur.
L’objectif est de nous faire partir. »
« En Cisjordanie, l’armée et les colons ne font plus qu’une seule et même entité,
constate Yehuda Shaul. Les jeunes colons des environs ont été appelés comme réser-
vistes. Leur sang est bouillant, ils sont animés par la vengeance et désormais armés, et
s’estiment autorisés à agir comme ils veulent. »
Le jugement
de la Cour internationale
de Justice
Le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud porte plainte contre Israël pour « géno-
cide » à Gaza auprès de la Cour internationale de Justice, la plus haute juridiction de
l’ONU. Rappelons que l’Afrique du Sud a su mettre fin à l’apartheid.
La Cour, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, insiste sur le caractère
provisoire de cette décision, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond
des accusations d’actes de génocide. Elle appelle Israël à tout faire pour « empêcher
la commission de tous actes entrant dans le champ d’application » de la Convention
des Nations unies sur le génocide.
Israël, qui contrôle toute entrée de l’aide internationale dans la bande de Gaza,
doit prendre « des mesures immédiates » pour permettre la fourniture « de l’aide
humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent ». La Cour indique des «
mesures conservatoires » (mesures provisoires contraignantes) et exige également
qu’Israël prenne des mesures effectives pour « prévenir la destruction et assurer la
conservation des éléments de preuve » relatifs à cette affaire.
La Cour donne les noms des Israéliens qui incitent au génocide, mais elle
n’ordonne pas le cessez-le-feu.
Un conflit insoluble ?
Beaucoup pensent que ce conflit est insoluble ou qu’il sera
éternel. Pourtant, l’histoire montre qu’avec des hommes et
femmes de bonne volonté, tout conflit peut trouver un jour un
dénouement : pensons à la France et l’Allemagne, nations enne-
mies pendant tant de siècles, et devenues amies et motrices de la
construction européenne.
Le processus d’accord politique et de réconciliation sera
long, il impliquera les deux peuples, leurs dirigeants, les organi-
sations internationales, l’Union Européenne, probablement les
communautés religieuses.
Images :
- Salam, Shalom, drapeaux israélien et palestinien.
- Dessin illustrant la haine des Allemands en France au début du 20ème siècle : le coq
gaulois terrasse l’aigle allemand.
- François Mitterand et Helmut Kohl à Verdun en septembre 1984.
Un Gandhi palestinien ?
Que faire dans les mois prochains ? L’impasse semble totale : la droite
israélienne actuelle est ségrégationniste, le Hamas préconise une lutte armée sans
issue, l’Autorité palestinienne n’a pas de crédibilité et est corrompue.
L’Afrique du Sud est sortie de l’apartheid par l’action conjuguée de Desmond
Tutu, Nelson Mandela et Frederik de Klerk.
Qui sera le leader israélien capable de proposer une alternative à la politique
catastrophique de Benyamin Netanyahu ?
Qui sera le Gandhi palestinien capable de mobiliser son peuple dans une
stratégie clairement non-violente ? Un homme ? Marwan Barghouti, actuellement en
prison ? Mazin Qumsiyeh ? Bassem Tamimi ? Une femme ? Plusieurs à la fois ?
Ce sont les Palestiniens qui trouveront les objectifs et les moyens*, en lien
avec leurs alliés israéliens et internationaux opposés à l’occupation et à l’apartheid.
* On pourrait imaginer des campagnes régulières de protestation et de désobéissance civile (une
journée tous les 3 ou 6 mois) menées en même temps par les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza, les
Bédouins du Néguev : par exemple, des tentatives de franchissement des checkpoints par des milliers de
manifestants formés à l’action non-violente.
Image : Desmond Tutu, Nelson Mandela et Frederik de Klerk
Une autre stratégie,
mais aussi un autre état d’esprit
L'espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens
et pour la coexistence pacifique entre les deux peuples, est
aujourd'hui l'emploi clairement affirmé, généralisé et massif, par le
peuple palestinien, d'une stratégie non-violente, défensive et
offensive.
La nouvelle orientation de ce combat pourrait être détermi-
nante aussi pour les peuples ou les catégories sociales qui, dans
monde entier, subissent le fardeau de l’injustice et de la violence, et
qui observent ce conflit interminable.
Mais la stratégie non-violente suppose une formation et un
entraînement. Elle suppose surtout un autre état d'esprit : on combat
non des personnes, mais un système oppressif. On a en face de soi
non des ennemis à tuer, mais des adversaires avec qui il faudra un
jour négocier et cohabiter.
Images :
- La marche du sel menée par Gandhi en 1930
- Le boycott des bus de Montgomery mené par Martin Luther King en 1955
- Le 23 août 1989, près de deux millions d’Estoniens, de Lettons et de Lituaniens
se tenant par la main forment une chaîne humaine de 687 km de long, traversant
les trois pays baltes (Vilnius, Riga, Tallinn) pour commémorer le 50e anniversaire
du pacte Molotov-Ribbentrop ( 23 août 1939) et sortir du communisme soviétique.
La responsabilité et le devoir
de l’Europe et des Occidentaux
‫שואה‬
Les Églises (catholique, orthodoxe) et les peuples d’Europe
ont une responsabilité historique dans l’antijudaïsme qui est pour
une très large part à l’origine de la persécution et de l’exclusion des
Juifs, des progroms d’Europe centrale, de l’idéologie nazie et de la
Shoah, et du besoin des communautés juives de trouver un lieu où
elles pourraient vivre en sécurité.
Les peuples d’Europe et du monde entier ont aussi une
responsabilité dans le partage de la Palestine décidé à l’ONU en
1947 sans consultation suffisante du peuple palestinien et des pays
arabes, sans étudier les solutions alternatives telles que celle
proposée par Judah Leon Magnes, et donc dans l’expropriation et
l’exil de 750 000 personnes.
Compte tenu de toutes les dimensions du conflit, sa
résolution sera lente et laborieuse, mais les enjeux de l’avènement
au Proche Orient d’une solution de paix dans la justice sont consi-
dérables.
Quelques pistes
pour une issue pacifique en Israël-Palestine :
des valeurs et une démarche
1- Des valeurs clés
- l’affirmation et le respect des droits humains de toutes les communautés ;
- la démocratie, à la fois
* des institutions en faveur du vivre ensemble et du bien commun,
* et un état d’esprit, la citoyenneté, qui implique aussi des devoirs ;
- la laïcité de l’État ;
- la spiritualité (quête du sens) pour sortir des fondamentalismes religieux ;
- l’ouverture d’esprit et l’interconvictionnalité pour écouter et tenter de
comprendre l’autre.
Quelques pistes
pour une issue pacifique en Israël-Palestine :
des valeurs et une démarche
2 - Une démarche
- Ce sont les organisations de la société civile, et particulièrement les
femmes palestiniennes et israéliennes, qui imposeront aux politiques et
aux mâles la voix du bon sens.
- Les leaders politiques et spirituels des deux camps devront s’inspirer
des expériences historiques de réconciliation et de pardon : Union
européenne, Afrique du Sud, Rwanda, etc.
- Les acteurs devront s’inspirer des exemples contemporains de
fédéralisme et de cohabitation de communautés culturelles et
linguistiques, y compris de leurs difficultés et de leurs échecs (Liban,
États-Unis, Inde, Canada, Belgique, Suisse, etc.)
Que pouvons-nous faire ?
Chacun peut contribuer, à sa mesure et là où il est, à une
résolution politique et non-violente du conflit :
- recherche et diffusion de l'information sur l'histoire de ce conflit, et
notamment sur tous les acteurs qui travaillent à une solution juste et
pacifique,
- aide humanitaire,
- participation au boycott BDS,
- action auprès des dirigeants politiques,
- participation ou soutien aux missions d'intervention civile de paix
qui seront tôt ou tard envoyées entre les belligérants,
- dialogue interculturel et interreligieux,
- etc.
La résolution pacifique du conflit israélo-palestinien sera un
évènement aussi important pour la communauté internationale que
la construction européenne ou le retour de la démocratie en Europe
de l’Est.
« Les tunnels ne sont pas interminables, le probable n’est pas
le certain, l’inattendu est toujours possible. »
Edgar Morin
La campagne internationale BDS
La campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) est une
campagne non-violente née du cri d'alarme de la société civile palestinien-
ne en juillet 2005, un an après l'avis de la Cour Internationale de Justice
concluant à l'illégalité du mur de séparation construit en Cisjordanie.
Inspirées par les sanctions imposées à l’Afrique du sud du temps de
l’apartheid, qui ont contribué au changement politique et législatif, 172
associations palestiniennes appellent les organisations des sociétés civiles
du monde entier à soutenir le boycott, le désinvestissement et les sanctions
envers l’État d’Israël tant que celui-ci ne respecte pas le droit international.
L’appel fixe trois objectifs à la campagne :
- la fin de l’occupation et de la colonisation de la Palestine,
- l’égalité des droits pour les Palestiniens d’Israël,
- et l’application du droit au retour pour les réfugiés.
http://www.bdsfrance.org/
La Cour européenne des droits de l’homme, en juin 2020, a reconnu
la légitimité de cette action qui n’a rien à voir avec l’antijudaïsme.
.
Le BDS
Soutenir l’économie palestinienne
Renforcer le fonds de garantie lancé par DAMAN pour
sécuriser la microfinance en Palestine
L’organisation DAMAN for small enterprises existe depuis 2015.
La SIDI est actionnaire fondateur de cette entreprise aux côtés de 2 institutions
de microfinance, ACAD Finance et ASALA Crédit & Développement.
Le but principal de DAMAN est de permettre aux institutions de microfinance de
Palestine de continuer à accorder des prêts aux petites entreprises palesti-
niennes malgré les risques politiques grâce à un mécanisme de garantie
adapté.
La microfinance joue un rôle essentiel pour diminuer le niveau de dépendance à
l’aide d’urgence et humanitaire en créant des emplois, facteur essentiel pour
réduire les risques des mouvements extrémistes.
https://www.sidi.fr/partenariat-2/palestine/
https://www.gofundme.com/f/gg538-harvesting-hope
info@damansme.ps
Présentation sur une vidéo YouTube (4,37 minutes)
https://www.youtube.com/watch?v=dROARCruWHo
L’intervention civile de paix
Il est urgent d’organiser et de développer en Israël-Palestine les
missions d’intervention civile de paix (ICP).
L’ICP joue le rôle du tiers dans un conflit et repose sur 3 grands prin-
cipes :
1) non-violence : le volontaire est non-armé et le montre en permanence ;
2) impartialité : le volontaire ne prend pas parti et ne participe pas
directement au conflit, mais son action vise la défense des droits humains et
le respect des principes démocratiques ;
3) priorité aux acteurs locaux : le volontaire reconnaît que seuls les acteurs
locaux sont en mesure de gérer, de résoudre ou de transformer durable-
ment leur conflit.
Ces missions non-violentes d’observation des violations des droits
humains, de protection de personnes menacées, d’interposition et de
médiation, sont menées par des équipes internationales mandatées et
formées du type Peace Brigades International (PBI) ou Nonviolent
Peaceforce (NP). Elles ont pour objectif dans un premier temps de séparer
les belligérants, et dans un deuxième temps de les réunir autour d’une table
puisque ce sont eux qui devront trouver une solution à leur conflit.
L’intervention civile de paix en Israël-Palestine
La question de l’intervention civile dans le cadre de ce conflit
est à la fois complexe et délicate : toute présence étrangère, reven-
diquée par les Palestiniens et rejetée par les Israéliens, est largement
perçue comme étant partisane.
Pourtant de telles missions ont existé, implantées dans les
territoires depuis la seconde intifada et parfois même avant son
déclenchement. Ces missions d’intervention civile continues (c’est à
dire présente sur le terrain de manière permanente), bénéficiant de
leur propre structure dans les territoires et menées par des volon-
taires étrangers sont d’origines diverses : organisations non gouver-
nementales ou mandatées par des États.
Le principe de leur action est identique : intervenir de façon
non-violente auprès des civils et soutenir les structures locales
israéliennes et palestiniennes qui luttent pour un règlement pacifique
du conflit.
L’intervention civile de paix en Israël-Palestine
En fonction des organisations, les formes d’intervention ont
pris généralement la forme d’observation (patrouilles dans les rues
d’une ville, aux abords des barrages dressés par l’armée israélien-
ne, etc.), d’interposition (lors d’une altercation, pour empêcher la
démolition d’une maison, etc.), d’accompagnement (d’enfants sur le
chemin de l’école, d’ouvriers agricoles dans leurs champs, de
manifestations, d’ambulances, etc.), de médiatisation (de la situation, des
exactions commises, des violations des droits de l’homme, etc.), etc.
Peace Brigades International (PBI) comme Nonviolent Peaceforce
(NP) ont abandonné depuis plusieurs années leur présence sur le terrain
pour de multiples raisons, dont l’hostilité des autorités israéliennes mais
aussi la multiplicité des acteurs de ce type déjà en place.
Images
- Caricature du mur de séparation empêchant les rois mages de se rendre à la crèche à Bethléem
- Un document du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) en partenariat avec
d’autres associations, en 2004 : La violence n’est pas une solution - Israël-Palestine : Pour une
force internationale d’intervention civile.
Extraits : La solution ne sera pas militaire. La coexistence pacifique des peuples israélien et
palestinien repose sur l’établissement de relations fondées sur la justice et l’équité. Les
fondements de la paix se construisent sur le terrain des sociétés civiles en s’appuyant sur les
réseaux de citoyens engagés, de chaque côté, en faveur de la démocratie, de la justice et du
respect des droits humains.
Blood brothers ? (Frères de sang ?)
Les diaporamas suivants présentent des figures et des
organisations de la résistance à l’occupation israélienne de la
Palestine et de la recherche d’une paix durable entre les ces
deux peuples sémites*.
* Pour les linguistes, les Sémites sont les locuteurs des langues sémitiques, branche
de la famille chamito-sémitique (ou afro-asiatique), qui habitent principalement au
Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans la Corne de l'Afrique.
Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas…
Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas… (suite n°1)
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Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? Peut-on résoudre le conflit ?

  • 1. Le conflit Israël-Palestine 2 - Quelle stratégie pour les Palestiniens ? Peut-on résoudre le conflit ? Étienne Godinot - 07.03.2024
  • 2. Un État juif Israël compte environ 9 millions d’habitants dont 6,7 millions de Juifs, un peu plus de 20 % d’arabes. Le nombre de religieux juifs ultra-orthodoxes est estimé à un million. Ils ne travaillent pas, sont subventionnés par l’État ou des fonds privés étatsuniens, sont exemptés du service militaire. La population arabe englobe 130 000 Druzes (plateau du Golan) et 170 000 Bédouins (désert du Néguev). La Cisjordanie compte environ 3 millions d’habitants, la bande de Gaza un peu moins de 2 millions sur 45 km². Il y aurait environ 400 000 colons juifs en Cisjordanie. Les Palestiniens de Jérusalem-Est, considérés comme de simple résidents, sont environ 323 000. Images : - La population de l’État d’Israël par appartenances religieuse ou non-religieuse - Les haredim ("craignant-Dieu") ou ultra-orthodoxes ont une pratique religieuse particuliè- rement forte. Ils ne reconnaissent pas l’État d’Israël, n’ont aucun contact avec les institutions, sont dispensés de service militaire. Pourtant, l’État, non seulement les reconnaît, mais il les paie, finance leurs écoles et verse parfois des pensions aux femmes des ultra-orthodoxes. Quelques caractéristiques : refus du rationalisme, de la mixité, de la diplomatie occidentale, quête de pureté, volonté de régner sur l'ensemble des terres du Jourdain à la mer.
  • 3. La loi de juillet 2018 La loi du 19 juillet 2018 sur la nouvelle dénomination de l’État d’Israël comme « État-nation du peuple juif » ne reconnait plus l’arabe comme deuxième langue officielle du pays à côté de l’hébreu et lui donne un « statut spécial » qui autorise la poursuite de son utilisation dans l’administration. Elle ajoute que « le développement des colonies juives relève des valeurs nationales », reniant ainsi l’égalité des droits entre tous ses habitants. Extraits de la Loi fondamentale « Israël État-nation du peuple juif » adoptée par la Knesset le 19 juillet 2018 « La Terre d’Israël est la patrie historique du peuple juif, dans laquelle l’État d’Israël a été créé. L’État d’Israël est le foyer national du peuple juif, dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, religieux et historique à l’autodétermination. Le droit d’exercer l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif. La langue de l’État est l’hébreu. La langue arabe a un statut spécial dans l’État ; la réglementation de l’usage de l’arabe dans et par les institutions de l’État sera fixée par la loi. L’État sera ouvert à l’immigration juive et au retour des exilés. L’État considère le développement des colonies juives comme une valeur nationale et agira pour encourager et promouvoir leur création et leur renforcement. ». Images : - Le Premier ministre Benjamin Netanyahou défend la loi sur Israël "État-nation du peuple juif" - Les colonies juives en Cisjordanie
  • 4. Accaparement des terres, étranglement économique, discriminations Israël continue à expulser les Palestiniens de leurs terres, à créer des colonies israéliennes en Cisjordanie, (cf. cartes ci-dessous), à les enfermer dans des ghettos ou derrière des murs, à les priver d’eau, de liberté de circuler, fait, avec la complicité de l’Égypte, un blocus maritime et terrestre de Gaza et traite les habitants palestiniens de Jérusalem-Est comme des citoyens "résidents" de seconde zone. Quand en 2000, Ariel Sharon devenu Premier ministre d’Israël, déclare « Nous allons maintenant achever ce qui n’a pas été achevé en 1948 » les choses sont claires : ce qui n’a pas été achevé, c’est le processus dont la Nakba a été l’apogée, le processus d’expulsion et de dépossession du peuple palestinien de son territoire ainsi que du droit à son histoire et à sa culture.
  • 5. Le peuple juif longtemps persécuté L’État israélien aujourd’hui persécuteur Comment se fait-il que l’État et la majorité du peuple d’Israël, composé à 75 % de Juifs, puissent traiter aujour- d’hui le peuple palestinien avec autant de mépris et d’inhumanité ? Israël a pris à la Palestine la majorité de son territoire, d’abord lors de la création de l’État d’Israël en 1948 qui ne respectait pas le plan de partage de l’ONU de novembre 1947, puis lors de la guerre des Six jours en 1967, maintient et aggrave une situation de discrimination et d’oppression qualifiée d’apartheid par l’organisation Amnesty International. Images : - 1 et 2 : La Nakba et les réfugiés forcés de quitter leurs villages. - 3 : Le mur de séparation. 20 % seulement du tracé est précisément sur la ligne verte, ligne d'armistice de 1949. Long de 700 km, il pénètre profondément à l'intérieur de la Cisjordanie pour intégrer des colonies juives - 4 : La queue interminable aux postes de contrôle (checkpoints) tenus par les militaires israéliens
  • 6. Le triomphe des émotions « Il y a quinze ans, Dominique Moïse, dans La géopolitique de l'émotion, expliquait que le conflit israélo-palestinien, matrice tragique des relations internationales, était aussi « la rencontre archétypique entre deux émotions primaires : l'humiliation et la peur ». Il ajoutait « Une nation (Israël) est née d'une tragédie unique et absolue ; un peuple (palestinien) a été écrasé, opprimé par une victime (Israël) que l'immensité de ses blessures physiques et psychologiques avait rendue aveugle à la souffrance des autres ».* * Christine Kerdellant, Les Échos, 10 février 2024 Images : - Dominique Moïsi, géopolitologue français né 1946 et issu d’une famille juive, est conseiller spécial de l'IFRI (Institut français de relations internationales), après en avoir été le directeur adjoint. - Son livre La géopolitique de l’émotion - Comment les cultures de peur, d'humiliation et d'espoir façonnent le monde (2009) explore la dimension émotionnelle de la mondialisation, et dessine un ordre du monde fondé sur les émotions qui détermine notre présent et notre avenir. - Son livre Le Triomphe des émotions - La géopolitique entre peur colère et espoir (2024) est ainsi présenté : « Sur fond de rivalité Chine/États-Unis, un nouvel ordre émotionnel du monde est en train d’émerger autour d’un Sud global dominé par un mélange de ressenti- ment et d’espoir, un Orient global fait d’humiliation et de colère, et un Occident global oscillant entre peur et résilience. »
  • 7. Trop longtemps, le choix de la violence par les Palestiniens Les dirigeants palestiniens ont été longtemps fascinés par les exemples de la lutte armée telle que préconisée par Che Guevarra ou pratiquée contre le colonialisme par les mouvements algériens et vietnamiens (sans réaliser d’ailleurs que la fin de la guerre d’Algérie et de celle du Vietnam a été provoquée moins par une victoire militaire algérienne et vietnamienne que par l’indignation de la population française et états- unienne contre ces deux "sales guerres"). La lutte armée a pris la forme d’une guerre classique, dans des conditions évidemment beaucoup plus défavorables aux Arabes et aux Palestiniens dans un pays sec ou désertique qu’aux Vietnamiens dans une forêt tropicale : la guerre des Six jours en juin1967 a été un total désastre pour les armées arabes (Égypte, Jordanie, Syrie). La violence a pris aussi la forme du terrorisme aveugle : le 5 sep- tembre 1972, des membres de l'équipe olympique d'Israël sont pris en otage et assassinés par des membres de l'organisation palestinienne ‘Septembre noir’ (photo 2), ce qui décrédibilise durablement la cause palestinienne. Les détournements d’avion y contribuent puissamment. Photos : - Les victimes israéliennes de l’attentat de Munich en septembre 1972. - Combattants du Hamas. - Brigades islamistes d’Al-Aqsa.
  • 8. Trop longtemps, le choix de la violence par les Palestiniens La violence palestinienne s’est manifestée aussi - par les attentats suicides (qui ont été la première cause de la construction du mur "de sécurité", et prétexte à l’enclavement et au grignotage des territoires palestiniens), - par des tirs de roquettes (image 1) depuis Gaza (militairement inefficaces et réprimés férocement par des bombardements israéliens sur Gaza), - par des attentats au couteau contre des Israéliens, - et dernièrement par l’offensive et les actes terroristes du Hamas en octobre 2023. Photos : - Attentat-suicide contre un bus à Meggido le 5 juin 2002 : 17 tués, dont 13 soldats. - Lance-roquettes Qassam. - Incitation aux attentats à l’arme blanche sur un mur en Palestine. - L’offensive du Hamas le 7 octobre 2023 saluée par le régime iranien. - Dessin de Plantu : Le Hamas tient en otage à la fois les Israéliens et les Palestiniens.
  • 9. La non-violence de beaucoup de Palestiniens En dehors de ces actions dramatiques et totalement contre- productives, il faut indiquer – au moins avant la répression sur Gaza - l’absence de haine et l’attitude globalement non-violente d’une grande partie du peuple palestinien, sauf quand les dirigeants ou les partis incitent à la violence, par exemple pendant la 2ème Intifada ou à Gaza. Bien sûr, il y a eu, il y a, il y aura encore des extrémistes palestiniens qui nient la Shoah, qui refusent au peuple israélien le droit d’exister, qui commettent des attentats-suicide, qui envoient des roquettes ou commettent des actes terroristes. Mais les visiteurs étrangers sont frappés par ténacité et la résilience (en arabe sumud, prononcer soumoud) et par l’espérance de ce peuple méprisé depuis si longtemps, par ces mères qui deman- dent à leur fils de ne pas jeter des pierres aux soldats israéliens, par ces paysans qui replantent des oliviers pour remplacer ceux qui ont été arrachés par les colons israéliens sous la garde des soldats, qui reconstruisent les maisons détruites, par ces vieux sages qui affirment « There is enough room for two people » ("Il y a assez d’espace ici pour deux peuples").
  • 10. Changer de stratégie Comme l’écrit Bernard Ravenel dans son livre : « Le mouvement national palestinien a cru un moment nécessaire et possible d’obtenir la libération par une lutte armée de longue durée soutenue en particulier par le monde arabe. Il a perdu ce pari au prix d’énormes destructions humaines et matérielles. Une volonté intacte de résistance l’a amené à tirer les leçons de ses échecs politiques et militaires et à s’engager dans une résistance populaire non-violente qui a fait l’admiration des peuples du monde dominé et ouvert la voie au Printemps arabe. Prenant essentiellement la voie douloureuse et patiente d’une désobéissance civile de masse que désormais prône Marwan Barghouti, le Mandela palestinien toujours emprisonné, cette résistance devrait permettre au peuple palestinien d’espérer être libéré de l’occupation militaire israélienne condamnée par la quasi- totalité de la communauté internationale. » Images : - Bernard Ravenel (1936-2023), historien français, responsable du secteur international du ‘Parti socialiste unifié’ - PSU (1974-1984), président de ‘l’Association France-Palestine Solidarité’ - AFPS (2001 à 2009) - Marwan Barghouti, membre du Conseil législatif palestinien depuis 1996 malgré son emprisonnement depuis avril 2001, partisan d’une solution pacifique
  • 11. Une non-violence qui dérange… Cette non-violence des Palestiniens inquiète d’ailleurs les Israéliens les plus durs, qui n’hésitent pas à expulser les Palestiniens non-violents (par ex. Mubarak Awad en 1988 ou Salah Hamouri en 2022). L’assassinat par Israël, le 22 mars 2004, du leader spirituel du Hamas, cheick Ahmed Yassine,qui venait de se prononcer en faveur d’un compromis avec Israël, avait probablement pour objectif une multiplication d’opérations kamikazes palestiniennes encore plus meurtrières, qui justifieraient bien sûr l’occupation militaire. L’historien israélien Zeev Sternhell soutient que les services secrets israéliens ont soutenu la création du Hamas, partisan de la lutte armée, pour saper l’autorité de ‘l’Organisation de Libération de la Palestine’ (OLP), ouverte au dialogue. Images : -Cheick Ahmed Yassine, leader du Hamas assassiné par Israël alors qu’il venait de se prononcer pour une solution pacifique - L’historien israélien Zeev Sternhell
  • 12. Refuser la violence, … y compris les jets de pierres Face à une des armées les plus puissantes et entraînées du monde, la rébellion armée des Palestiniens s’avère depuis plus de 60 ans un échec dramatique et une erreur stratégique. La non-violence implique non seulement le refus des attentats et des armes (qu’elles soient des roquettes envoyées sur Israël par le Hezbollah ou le Hamas, des bombes ou des couteaux), mais aussi le refus des jets de pierres. Ce défoulement - que l’on peut comprendre, notamment de la part des jeunes - est certes un signe de résistance. Mais il est aussi un danger pour les policiers ou militaires visés. Il ne peut que renforcer l’adhésion des destinataires et de la popula- tion israélienne à la politique sécuritaire du gouvernement. Il donne aux Israéliens la justification de la répression violente et de l’enfermement dans des ghettos. Images : - Jets de pierres sur les soldats israéliens par des jeunes palestiniens - Inscription sur le mur de séparation : "Exister, c’est résister !"
  • 13. 2022 : Le rapport d’Amnesty International Un rapport de l’organisation internationale de défense des droits humains ‘Amnesty International’ intitulé L’apartheid d’Israël contre la popula- tion palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité a été publié en février 2022. Il montre que les saisies massives de biens fonciers et immobiliers palestiniens, les homicides et les tirs de balles pour blesser et handicaper, les transferts forcés, les restrictions draconiennes des déplacements, ainsi que le refus de nationalité et de citoyenneté opposé aux Palestiniens, sont autant de facteurs constitutifs d’un système qui peut être qualifié d’apartheid en vertu du droit international. « Que ce soit dans la bande de Gaza, à Jérusalem-Est, à Hébron ou en Israël, la population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est systématiquement privée de ses droits. Nous avons conclu que les politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion mises en œuvre par Israël dans tous les territoires sous son contrôle constituent clairement un apartheid. Elles sont menées avec l’intention d’entretenir un système d’oppression et de domination. La commu- nauté internationale a le devoir d’agir. » Agnès Callemard, Secrétaire générale d’Amnesty International
  • 14. Les réfugiés palestiniens et leurs descendants Le nombre des réfugiés palestiniens suite à la Nakba et leurs descendants est estimé en 2017 à 5,870 millions : Jordanie, 10 camps : 2,28 millions ; Gaza, 8 camps : 1,4 millions ; Cisjordanie, 19 camps : 897.000 ; Syrie, 9 camps : 618 000 ; Liban, 12 camps : 532 000 ; compte non tenu des Palestiniens arabes de la diaspora qui ont acquis une nationalité étrangère. Les réfugiés palestiniens ont un statut spécial de réfugié reconnu par ‘l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche- Orient’ (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East - UNRWA), mais il existe aussi des Palestiniens, descendants de réfugiés, qui ne sont plus aujourd'hui enregistrés. On les trouve en particulier dans les pays du Golfe Persique. Ils seraient ainsi 500 000 en Arabie saoudite, et 400 000 au Koweït. Images : - Camp de réfugiés palestiniens de Baqa’a en Jordanie, au nord d’Amman (94 000 personnes) - Camp de réfugiés palestiniens d’Ain al-Helweh au Liban, au sud de Saïda (54 000 personnes) - Logo de l’UNRWA. Cette agence a été créé en 1949 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle opère en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie : éducation, soins de santé, secours et services sociaux, infrastructures et amélioration des camps, microfinance et aide d'urgence. Elle est financée presque entièrement par des contributions volontaires.
  • 15. Interrogations sur l’UNRWA L’UNWRA a 30 000 employés, hommes et femmes, dont 13 000 à Gaza. La plupart sont eux-mêmes des réfugiés palestiniens, en plus d'un petit nombre d'employés internationaux. Fin janvier 2024, Israël fournit à l’ONU des informations accusant 12 emplo- yés de l’UNRWA à Gaza (dont un a été tué) d’être impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Dans une déclaration à la presse, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, indique que les Nations Unies « agissent rapidement » suite aux alléga- tions « extrêmement graves » portées contre plusieurs membres du personnel de l'UNRWA, notant en particulier qu’une enquête du ‘Bureau des services de contrôle interne’ (BSCI) de l’ONU « a été immédiatement déclenchée ». 9 des 12 salariés sont suspendus puis licenciés. Après la décision par plusieurs pays de suspendre leur contribution à l’UNRWA, António Guterres, appelle ces pays à revenir sur leur décision, en souli- gnant que 2 millions d’habitants de Gaza dépendent pour leur survie de l’assistance fournie par cette agence. La question est de savoir s’il s’agit de 12 cas isolés, ou d’un problème struc- turel. Images : - Distribution de nourriture par l’UNWRA dans une école transformée en refuge à Gaza. - Philippe Lazzarini, diplomate suisse et italien, Commissaire général de l’UNRWA
  • 16. Le droit au retour On dénombre également entre 150 000 et 200 000 Palestiniens aux États-Unis et entre 50 000 et 80 000 en Égypte. Les réfugiés de Jordanie ont la nationalité Jordanienne. Ceux des autres pays n'ont généralement pas la nationalité de leur pays de résidence et sont reconnus uniquement comme "réfugiés palestiniens". La résolution 194 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 11 déc. 1948 « décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dom- mage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables. » Fresques murales, noms de rues, symbole de la clé sont présents dans tous les camps. Les réfugiés de la 3ème ou 4ème génération ont une conscience aiguë de l’histoire et de la géographie de leurs origines. Le retour est perçu sinon comme un futur immédiat, du moins comme une probabilité réalisable à moyen ou long terme et comme un droit qui se transmet. En 2018, les Palestiniens, en majorité des réfugiés, se sont mobilisés pendant des mois pour les "Marches du retour", à Gaza mais aussi en Cisjordanie et au Liban.
  • 17. La question du retour Depuis 1950, les lois israéliennes empêchent le retour des Palestiniens exilés en les dépossédant de leurs biens (loi permettant de confisquer la propriété des "absents") tout en encourageant l’immigration des Juifs (loi du retour du 5 juillet 1950). Une approche dite « réaliste » est mise en avant par les acteurs hostiles au retour qui avancent des arguments démographiques (peti- tesse du territoire), économiques (déstabilisation) ou environnementaux (pénurie d’eau). À cela, les partisans du retour répondent : 1) le droit au retour est un choix personnel et il n’est pas possible d’évaluer le nombre de ceux qui le feraient valoir ; 2) une autre répartition spatiale de la population israélienne juive permettrait la réinstallation des familles palestiniennes. L’opinion israélienne juive n’est pas unanimement fermée à la question du retour dès lors que les conditions présentées garantissent la possibilité de vivre en paix. La jeunesse palestinienne réfugiée sait qu’il s’agira de s’engager vers un avenir inconnu, où tout est à construire. Le droit au retour des réfugiés et personnes déplacées doit être inscrit à l’ordre du jour de l’accord de paix entre Palestiniens et Israéliens, seule perspective pour les deux peuples.
  • 18. Octobre 2023 : l’offensive terroriste du Hamas L'attaque du Hamas contre Israël également appelée ‘Opération Déluge d'al-Aqsa’ est une attaque terroriste à grande échelle, lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas* sur le territoire d'Israël. Avec 1 140 morts en majorité civils, dont 260 personnes participant à un festival de musique, c'est l'attaque la plus meurtrière sur Israël depuis sa création en 1948 : le nombre de morts en 3 jours dépasse celui des 20 dernières années pour l'État hébreu L'attaque débute avec l'infiltration de militants dans les villes et kibboutzim entourant la bande de Gaza par terre, mer et air à l'aide de deltaplanes motorisés. 5 000 roquettes sont tirées sur Israël. Des civils et des soldats israéliens sont tués ou pris en otage. * appuyé par le ‘Jihad islamique palestinien’, le ‘Front populaire de libération de la Palestine’ et le ‘Front démocratique de libération de la Palestine’. Rappelons qu’Israël à l’origine a financé le Hamas, partisan de la lutte armée, pour diviser le camp palestinien au détriment de l’OLP, partisan de la négociation. Images : - Le festival de musique et de nouvelle spiritualité Tribe of Nova, la rave party victime de l’attaque du Hamas : 260 morts, des scènes abominables de viol et de mutilation sexuelle commis par des fanatiques islamistes. - Des personnes tentent d'éteindre un incendie après une attaque à la roquette sur la ville d’Ashkelon depuis la bande de Gaza.
  • 19. La vengeance d’Israël Israël réplique par l'opération ‘Épées de fer’ comprenant des bombardements aériens, le blocus complet terrestre, maritime et aérien de la bande de Gaza et une attaque au sol. Débit mars 2024, 30 000 personnes, dont 70 % de femmes et d’enfants, et 101 membres des personnels de l’ONU, sont décédées dans la bande de Gaza. 70 000 personnes ont été blessées dont 10 000 enfants. Des milliers d'autres sont portés disparues. La famine menace, les services d’eau et d’assai- nissement sont sur le point de s’effondrer et des épidémies à grande échelle sont imminentes. Près de 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés pour s'éloigner des zones bombardées par Israël. Les gens sont « désespérés, affamés et terrifiés », déclare Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA. Le manque de carbu- rant met en péril « toute l’architecture de la réponse humanitaire ». Images : Les bombardement sur Gaza par Israël en réaction à l’attaque terroriste du 7 octobre 2023
  • 20. L’accélération de la colonisation Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, les colons israéliens multiplient les exactions en Cisjordanie. 267 Palestiniens ont été tués, 3 300 sont blessés et près de 1 000 ont été déplacés de force de leurs foyers et de leurs terres. Cette annexion silencieuse est soute- nue par l’armée et l’État hébreu, qui a armé les colons. Le harcèlement a pris ces dernière années une nouvelle forme : les fermes pastorales. L’ONG Kerem Navot, créée par Dror Etkes, en dénombre 77 réparties sur toute la Cijordanie, dont 8 au sud d’Hébron et 4 aux alentours de Khirbet Ar-Radim. Leurs stratégie est implacable : « Les colons emmènent leurs troupeaux pâturer sur nos terres. Puis ils bloquent les routes, entrent dans les villages et menacent les habitants. Les gens n’osent plus sortir leurs animaux ou ramasser leurs olives : c’est une politique de la terreur. L’objectif est de nous faire partir. » « En Cisjordanie, l’armée et les colons ne font plus qu’une seule et même entité, constate Yehuda Shaul. Les jeunes colons des environs ont été appelés comme réser- vistes. Leur sang est bouillant, ils sont animés par la vengeance et désormais armés, et s’estiment autorisés à agir comme ils veulent. »
  • 21. L’accélération de la colonisation Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, les colons israéliens multiplient les exactions en Cisjordanie. 267 Palestiniens ont été tués, 3 300 sont blessés et près de 1 000 ont été déplacés de force de leurs foyers et de leurs terres. Cette annexion silencieuse est soute- nue par l’armée et l’État hébreu, qui a armé les colons. Le harcèlement a pris ces dernière années une nouvelle forme : les fermes pastorales. L’ONG Kerem Navot, créée par Dror Etkes, en dénombre 77 réparties sur toute la Cijordanie, dont 8 au sud d’Hébron et 4 aux alentours de Khirbet Ar-Radim. Leurs stratégie est implacable : « Les colons emmènent leurs troupeaux pâturer sur nos terres. Puis ils bloquent les routes, entrent dans les villages et menacent les habitants. Les gens n’osent plus sortir leurs animaux ou ramasser leurs olives : c’est une politique de la terreur. L’objectif est de nous faire partir. » « En Cisjordanie, l’armée et les colons ne font plus qu’une seule et même entité, constate Yehuda Shaul. Les jeunes colons des environs ont été appelés comme réser- vistes. Leur sang est bouillant, ils sont animés par la vengeance et désormais armés, et s’estiment autorisés à agir comme ils veulent. »
  • 22. Le jugement de la Cour internationale de Justice Le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud porte plainte contre Israël pour « géno- cide » à Gaza auprès de la Cour internationale de Justice, la plus haute juridiction de l’ONU. Rappelons que l’Afrique du Sud a su mettre fin à l’apartheid. La Cour, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, insiste sur le caractère provisoire de cette décision, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond des accusations d’actes de génocide. Elle appelle Israël à tout faire pour « empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application » de la Convention des Nations unies sur le génocide. Israël, qui contrôle toute entrée de l’aide internationale dans la bande de Gaza, doit prendre « des mesures immédiates » pour permettre la fourniture « de l’aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent ». La Cour indique des « mesures conservatoires » (mesures provisoires contraignantes) et exige également qu’Israël prenne des mesures effectives pour « prévenir la destruction et assurer la conservation des éléments de preuve » relatifs à cette affaire. La Cour donne les noms des Israéliens qui incitent au génocide, mais elle n’ordonne pas le cessez-le-feu.
  • 23. Un conflit insoluble ? Beaucoup pensent que ce conflit est insoluble ou qu’il sera éternel. Pourtant, l’histoire montre qu’avec des hommes et femmes de bonne volonté, tout conflit peut trouver un jour un dénouement : pensons à la France et l’Allemagne, nations enne- mies pendant tant de siècles, et devenues amies et motrices de la construction européenne. Le processus d’accord politique et de réconciliation sera long, il impliquera les deux peuples, leurs dirigeants, les organi- sations internationales, l’Union Européenne, probablement les communautés religieuses. Images : - Salam, Shalom, drapeaux israélien et palestinien. - Dessin illustrant la haine des Allemands en France au début du 20ème siècle : le coq gaulois terrasse l’aigle allemand. - François Mitterand et Helmut Kohl à Verdun en septembre 1984.
  • 24. Un Gandhi palestinien ? Que faire dans les mois prochains ? L’impasse semble totale : la droite israélienne actuelle est ségrégationniste, le Hamas préconise une lutte armée sans issue, l’Autorité palestinienne n’a pas de crédibilité et est corrompue. L’Afrique du Sud est sortie de l’apartheid par l’action conjuguée de Desmond Tutu, Nelson Mandela et Frederik de Klerk. Qui sera le leader israélien capable de proposer une alternative à la politique catastrophique de Benyamin Netanyahu ? Qui sera le Gandhi palestinien capable de mobiliser son peuple dans une stratégie clairement non-violente ? Un homme ? Marwan Barghouti, actuellement en prison ? Mazin Qumsiyeh ? Bassem Tamimi ? Une femme ? Plusieurs à la fois ? Ce sont les Palestiniens qui trouveront les objectifs et les moyens*, en lien avec leurs alliés israéliens et internationaux opposés à l’occupation et à l’apartheid. * On pourrait imaginer des campagnes régulières de protestation et de désobéissance civile (une journée tous les 3 ou 6 mois) menées en même temps par les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza, les Bédouins du Néguev : par exemple, des tentatives de franchissement des checkpoints par des milliers de manifestants formés à l’action non-violente. Image : Desmond Tutu, Nelson Mandela et Frederik de Klerk
  • 25. Une autre stratégie, mais aussi un autre état d’esprit L'espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens et pour la coexistence pacifique entre les deux peuples, est aujourd'hui l'emploi clairement affirmé, généralisé et massif, par le peuple palestinien, d'une stratégie non-violente, défensive et offensive. La nouvelle orientation de ce combat pourrait être détermi- nante aussi pour les peuples ou les catégories sociales qui, dans monde entier, subissent le fardeau de l’injustice et de la violence, et qui observent ce conflit interminable. Mais la stratégie non-violente suppose une formation et un entraînement. Elle suppose surtout un autre état d'esprit : on combat non des personnes, mais un système oppressif. On a en face de soi non des ennemis à tuer, mais des adversaires avec qui il faudra un jour négocier et cohabiter. Images : - La marche du sel menée par Gandhi en 1930 - Le boycott des bus de Montgomery mené par Martin Luther King en 1955 - Le 23 août 1989, près de deux millions d’Estoniens, de Lettons et de Lituaniens se tenant par la main forment une chaîne humaine de 687 km de long, traversant les trois pays baltes (Vilnius, Riga, Tallinn) pour commémorer le 50e anniversaire du pacte Molotov-Ribbentrop ( 23 août 1939) et sortir du communisme soviétique.
  • 26. La responsabilité et le devoir de l’Europe et des Occidentaux ‫שואה‬ Les Églises (catholique, orthodoxe) et les peuples d’Europe ont une responsabilité historique dans l’antijudaïsme qui est pour une très large part à l’origine de la persécution et de l’exclusion des Juifs, des progroms d’Europe centrale, de l’idéologie nazie et de la Shoah, et du besoin des communautés juives de trouver un lieu où elles pourraient vivre en sécurité. Les peuples d’Europe et du monde entier ont aussi une responsabilité dans le partage de la Palestine décidé à l’ONU en 1947 sans consultation suffisante du peuple palestinien et des pays arabes, sans étudier les solutions alternatives telles que celle proposée par Judah Leon Magnes, et donc dans l’expropriation et l’exil de 750 000 personnes. Compte tenu de toutes les dimensions du conflit, sa résolution sera lente et laborieuse, mais les enjeux de l’avènement au Proche Orient d’une solution de paix dans la justice sont consi- dérables.
  • 27. Quelques pistes pour une issue pacifique en Israël-Palestine : des valeurs et une démarche 1- Des valeurs clés - l’affirmation et le respect des droits humains de toutes les communautés ; - la démocratie, à la fois * des institutions en faveur du vivre ensemble et du bien commun, * et un état d’esprit, la citoyenneté, qui implique aussi des devoirs ; - la laïcité de l’État ; - la spiritualité (quête du sens) pour sortir des fondamentalismes religieux ; - l’ouverture d’esprit et l’interconvictionnalité pour écouter et tenter de comprendre l’autre.
  • 28. Quelques pistes pour une issue pacifique en Israël-Palestine : des valeurs et une démarche 2 - Une démarche - Ce sont les organisations de la société civile, et particulièrement les femmes palestiniennes et israéliennes, qui imposeront aux politiques et aux mâles la voix du bon sens. - Les leaders politiques et spirituels des deux camps devront s’inspirer des expériences historiques de réconciliation et de pardon : Union européenne, Afrique du Sud, Rwanda, etc. - Les acteurs devront s’inspirer des exemples contemporains de fédéralisme et de cohabitation de communautés culturelles et linguistiques, y compris de leurs difficultés et de leurs échecs (Liban, États-Unis, Inde, Canada, Belgique, Suisse, etc.)
  • 29. Que pouvons-nous faire ? Chacun peut contribuer, à sa mesure et là où il est, à une résolution politique et non-violente du conflit : - recherche et diffusion de l'information sur l'histoire de ce conflit, et notamment sur tous les acteurs qui travaillent à une solution juste et pacifique, - aide humanitaire, - participation au boycott BDS, - action auprès des dirigeants politiques, - participation ou soutien aux missions d'intervention civile de paix qui seront tôt ou tard envoyées entre les belligérants, - dialogue interculturel et interreligieux, - etc. La résolution pacifique du conflit israélo-palestinien sera un évènement aussi important pour la communauté internationale que la construction européenne ou le retour de la démocratie en Europe de l’Est. « Les tunnels ne sont pas interminables, le probable n’est pas le certain, l’inattendu est toujours possible. » Edgar Morin
  • 30. La campagne internationale BDS La campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) est une campagne non-violente née du cri d'alarme de la société civile palestinien- ne en juillet 2005, un an après l'avis de la Cour Internationale de Justice concluant à l'illégalité du mur de séparation construit en Cisjordanie. Inspirées par les sanctions imposées à l’Afrique du sud du temps de l’apartheid, qui ont contribué au changement politique et législatif, 172 associations palestiniennes appellent les organisations des sociétés civiles du monde entier à soutenir le boycott, le désinvestissement et les sanctions envers l’État d’Israël tant que celui-ci ne respecte pas le droit international. L’appel fixe trois objectifs à la campagne : - la fin de l’occupation et de la colonisation de la Palestine, - l’égalité des droits pour les Palestiniens d’Israël, - et l’application du droit au retour pour les réfugiés. http://www.bdsfrance.org/ La Cour européenne des droits de l’homme, en juin 2020, a reconnu la légitimité de cette action qui n’a rien à voir avec l’antijudaïsme. .
  • 32. Soutenir l’économie palestinienne Renforcer le fonds de garantie lancé par DAMAN pour sécuriser la microfinance en Palestine L’organisation DAMAN for small enterprises existe depuis 2015. La SIDI est actionnaire fondateur de cette entreprise aux côtés de 2 institutions de microfinance, ACAD Finance et ASALA Crédit & Développement. Le but principal de DAMAN est de permettre aux institutions de microfinance de Palestine de continuer à accorder des prêts aux petites entreprises palesti- niennes malgré les risques politiques grâce à un mécanisme de garantie adapté. La microfinance joue un rôle essentiel pour diminuer le niveau de dépendance à l’aide d’urgence et humanitaire en créant des emplois, facteur essentiel pour réduire les risques des mouvements extrémistes. https://www.sidi.fr/partenariat-2/palestine/ https://www.gofundme.com/f/gg538-harvesting-hope info@damansme.ps Présentation sur une vidéo YouTube (4,37 minutes) https://www.youtube.com/watch?v=dROARCruWHo
  • 33. L’intervention civile de paix Il est urgent d’organiser et de développer en Israël-Palestine les missions d’intervention civile de paix (ICP). L’ICP joue le rôle du tiers dans un conflit et repose sur 3 grands prin- cipes : 1) non-violence : le volontaire est non-armé et le montre en permanence ; 2) impartialité : le volontaire ne prend pas parti et ne participe pas directement au conflit, mais son action vise la défense des droits humains et le respect des principes démocratiques ; 3) priorité aux acteurs locaux : le volontaire reconnaît que seuls les acteurs locaux sont en mesure de gérer, de résoudre ou de transformer durable- ment leur conflit. Ces missions non-violentes d’observation des violations des droits humains, de protection de personnes menacées, d’interposition et de médiation, sont menées par des équipes internationales mandatées et formées du type Peace Brigades International (PBI) ou Nonviolent Peaceforce (NP). Elles ont pour objectif dans un premier temps de séparer les belligérants, et dans un deuxième temps de les réunir autour d’une table puisque ce sont eux qui devront trouver une solution à leur conflit.
  • 34. L’intervention civile de paix en Israël-Palestine La question de l’intervention civile dans le cadre de ce conflit est à la fois complexe et délicate : toute présence étrangère, reven- diquée par les Palestiniens et rejetée par les Israéliens, est largement perçue comme étant partisane. Pourtant de telles missions ont existé, implantées dans les territoires depuis la seconde intifada et parfois même avant son déclenchement. Ces missions d’intervention civile continues (c’est à dire présente sur le terrain de manière permanente), bénéficiant de leur propre structure dans les territoires et menées par des volon- taires étrangers sont d’origines diverses : organisations non gouver- nementales ou mandatées par des États. Le principe de leur action est identique : intervenir de façon non-violente auprès des civils et soutenir les structures locales israéliennes et palestiniennes qui luttent pour un règlement pacifique du conflit.
  • 35. L’intervention civile de paix en Israël-Palestine En fonction des organisations, les formes d’intervention ont pris généralement la forme d’observation (patrouilles dans les rues d’une ville, aux abords des barrages dressés par l’armée israélien- ne, etc.), d’interposition (lors d’une altercation, pour empêcher la démolition d’une maison, etc.), d’accompagnement (d’enfants sur le chemin de l’école, d’ouvriers agricoles dans leurs champs, de manifestations, d’ambulances, etc.), de médiatisation (de la situation, des exactions commises, des violations des droits de l’homme, etc.), etc. Peace Brigades International (PBI) comme Nonviolent Peaceforce (NP) ont abandonné depuis plusieurs années leur présence sur le terrain pour de multiples raisons, dont l’hostilité des autorités israéliennes mais aussi la multiplicité des acteurs de ce type déjà en place. Images - Caricature du mur de séparation empêchant les rois mages de se rendre à la crèche à Bethléem - Un document du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) en partenariat avec d’autres associations, en 2004 : La violence n’est pas une solution - Israël-Palestine : Pour une force internationale d’intervention civile. Extraits : La solution ne sera pas militaire. La coexistence pacifique des peuples israélien et palestinien repose sur l’établissement de relations fondées sur la justice et l’équité. Les fondements de la paix se construisent sur le terrain des sociétés civiles en s’appuyant sur les réseaux de citoyens engagés, de chaque côté, en faveur de la démocratie, de la justice et du respect des droits humains.
  • 36. Blood brothers ? (Frères de sang ?) Les diaporamas suivants présentent des figures et des organisations de la résistance à l’occupation israélienne de la Palestine et de la recherche d’une paix durable entre les ces deux peuples sémites*. * Pour les linguistes, les Sémites sont les locuteurs des langues sémitiques, branche de la famille chamito-sémitique (ou afro-asiatique), qui habitent principalement au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans la Corne de l'Afrique.
  • 37. Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas…
  • 38. Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas… (suite n°1)
  • 39. Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas… (suite n°2)
  • 40. Israël-Palestine, ce n’est pas que Netanyahou et le Hamas… (suite n° 3) ■