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Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
12 - La mémoire des guerres
12. h - Munitions immergées,
un danger majeur
Étienne Godinot 21.03.2024
Les corrections et observations éventuelles seront les bienvenues.
Les munitions immergées, un danger majeur
Sommaire
- Quel est le problème ?
- Historique des immersions
- Où sont situées les munitions ?
- Les menaces
Menaces concernant la vie et la santé des pêcheurs
Menaces pour l’environnement
Les épaves des navires et sous-marins
Activités maritimes potentiellement impactées
- Le manque d’informations sur les dangers
Le ‘secret-défense’ en France
Des alertes restées vaines
L’absence de réponse aux questions
Quid ailleurs qu’en France ?
- Le combat de pionniers
- Un début de mobilisation internationale ../..
Les munitions immergées, un danger majeur
Sommaire (suite)
- Que faire ?
Mesures de prévention des risques
Traitement et élimination des munitions
La recherche et l’action, les progrès de la technologie marine
Le traitement des munitions en France,
Le traitement des munitions en Belgique, en Allemagne
- Les déchets nucléaires immergés
- Réparer ensemble : la force du symbole
- Tirer les leçons de l’histoire
Ne pas oublier les erreurs et fautes du passé
Donner le pouvoir de décision aux politiques
Ne pas prendre de décisions difficilement réversibles
Inventer des alternatives à la défense armée
- Annexes
Sources (bibliographie, Internet, documentaires)
Organisations et sigles
Quel est le problème ?
Au fond des océans, des mers ou de certains lacs de notre
planète reposent des centaines de milliers de tonnes de munitions
dites "immergées", conventionnelles ou chimiques (mais aussi des
déchets radioactifs).
Ces munitions ont été
- soit accidentellement perdues en mer suite à des combats ou des
naufrages, sabordages ou échouages,
- soit jetées volontairement dans l’eau à la fin des guerres pour s’en
débarrasser à moindre coût, quand la protection de l’environnement
n’était pas à l’ordre du jour.
Images :
- Naufrage du cuirassé allemand Graf Spee au large de Montevideo le 17 décembre 1939
- Caisses de munitions japonaises jetées par des prisonniers de guerre japonais en mer au
large de Singapour en 1945
- Dossier pour la convention Ospar
« La meilleure solution trouvée a été de les noyer en mer. »
« Il y a eu plusieurs centres de dépôts en France après la
Première Guerre mondiale. Il y avait des quantités hallucinantes
d’obus qui se retrouvaient dans des granges, avec des fuites, des
accidents, des explosions. Dès 1917-1918, il a fallu prendre des
mesures d’urgence. La meilleure solution trouvée a été de les noyer
en mer. (…)
Les capitaines de bateau remplissaient des barges à fond plat
qui s’ouvraient et ils coulaient le chargement, ou bien ils jetaient ces
munitions par-dessus bord, ou alors ils coulaient carrément les
bateaux.
Imaginez-vous, vous êtes capitaine de bateau, on vous dit que
vous êtes plein à ras bord de munitions défaillantes, ultra-toxiques.
Votre livre de navigation vous dit de tout jeter au-delà de telles coor-
données. Pour ne pas passer 20 heures en mer quand ils pouvaient le
faire en quelques heures, la nuit, dès qu’ils ne voyaient plus la côte, ils
jetaient. » Jacques Lœuille
Images :
- Jacques Lœuille, auteur et réalisateur français né en 1983, est lauréat du prix COAL (remis
par l’Union européenne, le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Environnement, la ‘Fon-
dation François Sommer’ et le réseau ‘Imagine’).
- Son remarquable et saisissant documentaire Menaces en mers du Nord (2018, 52 mn),
diffusé sur Arte et RTBF, est accessible gratuitement sur Internet
Historique des immersions
Selon l’ancien directeur du DRASSM (Département des recher-
ches archéologiques subaquatiques et sous-marines) du ministère de
la Culture, Michel L’Hour : « pour chacune des deux guerres mon-
diales, on estime que 2 500 bateaux ont été envoyés par le fond. […]
Sans compter les avions, les tanks, les tonnes de munitions. C’est une
masse considérable. »
Selon les spécialistes français du déminage, interrogés par une
commission sur le déminage (présidée par Jacques Larché, sénateur),
1/4 du milliard d'obus tirés pendant la Première Guerre mondiale et
1/10ème des obus tirés durant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas
explosé pendant ces conflits.
Si la Seconde Guerre mondiale n’a épargné aucun territoire, les
cas des munitions et des épaves immergées touchent différemment
les espaces côtiers, mers et océans.
À cela s’ajoute la difficulté de leur localisation car au gré des
courants, des tempêtes et des fortes marées, les munitions se
déplacent. Certains dépôts ont été pour partie dispersés par des
tsunamis et par les chaluts de pêche.
Images
- Bombes et bombardier de la 2ème Guerre mondiale
- Cookie de la Royal Air Force pendant la 2ème Guerre mondiale
- Obus en mer du Nord
Historique : quelques exemples
Au début des années 1920, des stocks gigantesques de gaz
moutarde dont les armées ne savaient plus que faire ont été
immergés.
Environ 100 000 projectiles incendiaires et près de deux-
cents Cookies auraient été largués par une flotte de bombardiers
138 Lancaster de la Royal Air Force, le 15 décembre 1944 en
Manche, du fait que le projet d'attaque de Siegen (à l'est de
Cologne) a été annulé pour cause de brouillard.
Une dizaine de navires remplis de munitions ont été immer-
gés sur la façade Atlantique, notamment au large de La Hague et
dans l’estuaire de la Seine.
Dans le nord de la Gascogne, douze cargos chargés de
munitions toxiques ont été sabordés entre 1946 et 1949. Dans le
golfe de Gascogne,100.000 grenades et autres munitions et 810
tonnes de munitions "à problèmes" ont été immergées entre 1954
et 1972.
Au large de Saint-Raphaël, des bombes au gaz moutarde
et à l'arsenic ont été immergées par l'US Navy en 1946.
Images :
- Rejet en mer de munitions
- Rejet en mer d’armes chimiques
- Bombes à l’ypérite laissant échapper du gaz à Knokke-Heist, en Belgique.
« Il y a du gaz dans l’eau ! » disent à ce sujet les Belges qui ne manquent jamais
d’humour…
Historique : quelques exemples
Les fonds marins du détroit de Skagerrak entre la Norvège, la
Suède et le Danemark sont parmi les plus pollués suite à l’opération
militaire américano-britannique dite Davy Jones' Locker réalisée en
1946-1948, qui a consisté en l'immersion sauvage de dizaines de
milliers de tonnes de stocks d'armes chimiques allemandes.
La fosse de Beaufort (ou Beaufort's Dyke) est une fosse marine
ente les îles d'Irlande du Nord et l'Écosse, profonde selon les endroits
de 200 à 300 m. Elle est l'un des plus grands sites sous-marins ayant
été utilisés en Europe comme décharge pour des munitions (conven-
tionnelles et chimiques) « excédentaires » et matériels de guerre
(dizaines de sous-marins U-Boot allemands notamment). Elle a aussi
reçu des déchets radioactifs.
Images :
- Les U-Boote (abréviation et pluriel de Unterseeboot) sont les sous-marins allemands
des deux Guerres mondiales, le plus souvent des sous-marins d'attaque conventionnels. Ils
sont célèbres, entre autres, pour leurs campagnes d'attaques de convois de ravitaillement
partant des États-Unis et du Canada pour l'Europe. Sur les 375 U-Boote opérant durant la
Première Guerre mondiale, 274 U-Boote ont coulé 6 394 navires marchands et une centaine
de navires de guerre.
- Sur la photo du bas, 52 des U-Boote de la flotte atlantique de la Kriegsmarine
allemande, amarrés à Lisahally (Irlande du Nord) en juin 1945 après la reddition de la flotte
aux Alliés. Presque tous seront sabordés par les Alliés dans la fosse de Beaufort
1997 : fin des immersions de munitions
en France
Malgré les interdictions par les différentes conventions inter-
nationales, la technique de l’immersion fut pratiquée par la France
jusqu’au 30 avril 1997, jour de l’incident mortel sur le navire La Fidèle.
Ce navire de la Marine Nationale avait pour mission d’immerger
1 450 grenades conventionnelles au large de Cherbourg. Les circons-
tances exactes restent floues, mais des grenades ont explosé avant
d’être immergées, causant la mort de 5 personnes et faisant un total de
17 blessés.
L’État fut reconnu responsable de cette catastrophe pour ‘faute
inexcusable’ et fut condamné en novembre 2013 par le Tribunal des
affaires de sécurité sociale de Coutances (Manche) à indemniser les
victimes et leur famille à hauteur de 1,5 million d’euros.
Images :
- Le navire La Fidèle de la Marine nationale
- La stèle en hommage aux victimes, située sous le phare de Fermanville (Cotentin)
Où sont situées
les munitions ?
148 décharges ont été recensées par la convention
OSPAR (Convention pour la protection du milieu marin de
l’Atlantique du Nord-Est) dans le nord de l’océan Atlantique.
Il y aurait 62 décharges dans l’aire maritime fran-
çaise.
Selon la Convention OSPAR, il y aurait 40.000
tonnes d'armes immergées en mer Baltique, 300.000
tonnes en mer du Nord.
Concernant les côtes françaises, bien que les esti-
mations soient compliquées et les localisations précises
non communiquées par les pouvoirs publics, « c’est sans
doute du même ordre de grandeur pour la façade atlan-
tique et en Méditerranée », estime Charlotte Nithart de
l’association ‘Robin des Bois’.
Images :
- Carte publiée par Nord Littoral
- La carte du Service hydrographique et océanique de la Marine (Shom)
recense les nombreuses épaves le long du littoral français (ainsi que les roches
sous-marines et les obstructions).
Des informations qu’il faut "pêcher" et croiser
L’inventaire précis des décharges et épaves potentiellement
dangereuses dans les eaux françaises n’existe pas. C’est au citoyen ou
à l’organisation qui cherche l’information de croiser les sources.
Depuis 2010, le ‘Service historique de la Défense’ du ministère
des Armées’ recense peu à peu les épaves et transmet ses informations
au SHOM (‘Service hydrographique et océanique de la Marine’) qui
publie une carte des épaves, uniquement celles dangereuses pour la
navigation. La Marine nationale les évalue à 4 000.
Interrogé sur le sujet, l’Ifremer (‘Institut français de recherche
pour l’exploitation de la mer’) préfère renvoyer aux cartes réalisées dans
le cadre de la directive-cadre ‘Stratégie pour le milieu marin’ de l’UE.
Sollicité, le Cedre (‘Centre de documentation, de recherche et
d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux’) répond ne
pas être prêt à aborder le sujet de la cartographie des épaves pollu-
antes, qu’il serait actuellement en train d’étudier.
La commission Ospar pour la conservation de l’Atlantique Nord-
Est – qui n’a pas non plus répondu à ces questions – édite une carte
des sites d’immersions connus d’armes et munitions.
À l’échelle internationale, l’Environmental Research Consulting
(ERC) a créé une base de données internationale des épaves marines.
Où sont situées
les munitions en mer ?
Carte établie d’après un document de
l’Ospar
Où sont situées les munitions en mer ?
Images :
- à gauche : Carte des décharges sous-marines de
munitions issue de l’Atlas de la France toxique,
réalisé par l’association ‘Robin des Bois’ en 2016
(éd. Arthaud)
- ci-dessus : Carte publiée par le quotidien Paris
Normandie
Où sont situées les munitions en mer ?
En France, la neutralisation des engins explosifs
immergés sur le domaine maritime (jusqu'à la laisse de haute
mer) est de la compétence de la Marine nationale. Ainsi,
chaque année et depuis la fin de la 2e Guerre Mondiale, les
plongeurs démineurs neutralisent près de 2 000 engins,
trouvés en mer par les pêcheurs ou sur les plages par les
promeneurs.
Au large de Knokke et Zeebrugge, une décharge marine
recèle 35 000 tonnes d'armes chimiques.
Des mines de la 2ème Guerre mondiale reposent dans le
lagon de Nouméa en Nouvelle Calédonie.
Dans des zones appréciées des pêcheurs, la Norvège
cherche encore à localiser ou évaluer l'état de 15 voire
36 épaves de navires coulées en mer après avoir été chargés
de plus de 168 000 tonnes de munitions de l'armée
allemande, etc.
Images du bas : Les sciences de la connaissance des milieux et des fonds marins
: bathymétrie (science de la mesure des profondeurs et du relief de l'océan),
cartographie, courantologie, géophysique, sédimentologie, etc.
Les rejets de munitions dans les lacs
De nombreux rejets ont été effectués dans les lacs, particuliè-
rement le lac Léman, mais aussi en France le lac de Gérardmer, le
gouffre de Jardel, en Suisse le lac de Thoune, de Neufchatel, de
Brienz, des Quatre Cantons, de Walensee, d’Alpnach, de Greifen-
see.
En Suisse, plus de 10.000 tonnes de munitions et de restes de
munitions au total ont été immergées par l'armée.
Des lacs d'altitude sont aussi concernés, tel le lago della
Piazza au col du Saint-Gothard à 2 091 m d'altitude, en Suisse.
Dans le lac de Thoune, les analyses n'ont pas détecté de
fuites à partir des munitions, mais un taux élevé d'anomalies
congénitales est noté chez les poissons.
Images :
- Rejet de grenades dans le lac Léman.
- Rejet de munitions dans le lac de Thoune, aux environs de 1948. Il s'agit probablement de
l'élimination du stock de Mitholz : la moitié des 7 000 tonnes de munitions stockées à
l’intérieur de la falaise surplombant le village explose en 1947. Les caisses de munitions sont
acheminées par camion depuis les dépôts aux abords des lacs, puis embarquées dans des
bateaux, avant d'être jetées à l'eau.
Les rejets de munitions dans les lacs
« La Suisse n’a de maritime que les sièges et les banques
des gros armateurs, et elle a été dans l’incapacité d’aller jeter en
mer ses munitions périmées, loupées, accidentées et compro-
mettantes.
Les corégones du lac de Thoune en subissent les effets
dans leur intimité. À force de manger du zooplancton toxique,
leurs organes sexuels sont modifiés.
Au début des années 1970, Hispano-Suiza, aujourd’hui
filiale de Safran Transmission Systems, a largué dans le Léman,
en face de Genève, des centaines d’obus à canon, de têtes de
missile de défense antiaérienne, de projectiles durcis pour percer
le blindage des tanks mis au rebut. »
Olivier Saint-Hilaire, doctorant à l’EHESS, Charlie-Hebdo,
23.11.2022)
Images :
- Obus au fond du lac de Neufchâtel
- La Fédération bernoise de la pêche affirmait en mars 2004 que 70% des poissons du
lac de Thoune (ici un corégone) présentent des difformités.
- Ouvrage Les immersions de munitions dans les lacs suisse et français (1919-
aujourd’hui), de l’oubli à un statu quo évolutif, Élodie Charrière, éd. Peter Lang,
Bruxelles, 2023
Les menaces
La présence de ces munitions en milieu aqueux fait peser une
menace importante sur la vie des marins, l’environnement,
l’économie, la santé publique, la sécurité civile, les activités maritimes.
Concernant la vie des marins et les écosystèmes, les risques
que présentent les munitions immergées sont de deux types : le risque
d’explosion et le risque de libération d’un produit toxique.
1) Le risque d’explosion
Un premier risque, direct, est celui de mort ou blessure à la suite
de l'explosion spontanée ou accidentellement provoquée d'une munition.
Ainsi en 2005, trois pêcheurs ont été tués dans la partie méridio-
nale de la mer du Nord par l’explosion, sur leur bateau de pêche, d’une
bombe datant de la Seconde Guerre mondiale et prise dans leurs filets.
Images :
- Bombe prise dans un filet et ramenée au port de Boulogne
- Obus de 200 kg, potentiellement instable, pêché dans un filet, au large de la pointe Saint-Gildas
Les risques pour la santé
et pour l’environnement
L’ypérite (gaz moutarde), sous forme d'amas visqueux dans les
filets de pêche, est très dangereuse pour les mains, les yeux et les
poumons des pêcheurs.
Au Danemark, au fil des années, près de 400 pêcheurs de l’île de
Bornholm ont été grièvement brûlés par des produits chimiques rapportés
dans leurs chaluts. Plus de 600 accidents par brûlures ont été relevés en
50 ans dans la Mer baltique.
À Bari, en Italie, les armements chimiques ont provoqué 232
accidents et lésions cutanées depuis 1945.
Si les autres agents chimiques, dont les neurotoxiques, s’hydro-
lysent en contact avec l’eau, l’ypérite, insoluble dans l’eau, n’est pas
inactivée et provoque des blessures près d’un siècle après son immer-
sion.
Image du bas : Timbre alertant sur les conséquences des immersions de munitions et de déchets
pour les Îles Féroé qui dépendent beaucoup de la pêche, et où les enfants sont victimes d'une
nourriture polluée par le mercure.
2) Le risque de libération d’un produit toxique dans l’eau
Pour l’ONG Sea Shepherd, mais aussi pour Greenpeace,
pour ‘l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine’
en Allemagne, pour ‘l’Institut océanographique de Monaco’, pour
‘l’Institut fédéral océanographique Zoubov’ à Moscou et nombre
d’océanologues, pour l’ONG ‘IDUM’, les munitions immergées sont
« une véritable bombe à retardement. »
Il faut environ 80 ans à 100 ans pour qu'une munition
commence à fuir. La corrosion des munitions provoque la fuite de
produits toxiques différés dans le temps et l'espace, fuite encore
mal évaluée car la situation est nouvelle dans l’histoire environne-
mentale et en raison du manque d’informations précises données
par les autorités publiques.
Images :
- L’'Institut Alfred-Wegener pour la recherche polaire et marine’ (Alfred-Wegener-Institut,
Helmholtz-Zentrum für Polar- und Meeresforschung ) est un institut scientifique fondé en
1980, portant le nom du météorologue et climatologue Alfred Wegener (1880-1930). Outre
son site principal à Bremerhaven, dans le nord de l'Allemagne, il a des stations de
recherche en Arctique et en Antarctique, et dispose d'un navire de recherche.
- ‘L’Institut océanographique de Monaco’
La menace sur les écosystèmes
La corrosion de ces munitions libère dans l’eau des
substances toxiques comme le plomb, le mercure, des nitra-
tes, du phosphore, etc.
Ces substances peuvent empoisonner ou contaminer
des animaux (plancton, poissons, coraux, coquillages, crustacés)
consommés par d’autres animaux prédateurs, par les animaux
d'élevage (sous forme de farines et huiles de poissons) et au final
par les êtres humains.
Les différences de température, d’oxygénation, d’acidité,
de salinité, de taux de sédimentation font de chaque cas d'im-
mersion une situation particulière.
Les munitions en mer du Nord et en mer Baltique sont les
plus problématiques car elles sont immergées à faible profondeur.
Les experts estiment que l’écoulement des substances contenues
dans un sixième seulement des 50 000 tonnes de munitions
bouleverserait l’habitat en mer Baltique pendant une durée d’un
siècle.
Images :
- La chaîne alimentaire marine
- Produits chimiques ingérés par le plancton et décelés par une caméra spéciale
La menace sur les écosystèmes
Des études récentes (Mer baltique, Belgique) et de
nombreux indices laissent penser que le plomb, le mercure et
les gaz ou liquides toxiques ainsi que les explosifs des
munitions de 1914 (ou ultérieures), et le nitrate (propulsif) ou
le phosphore et les métaux qui constituent les enveloppes,
douilles ou chemisages des munitions immergées pourraient
significativement affecter les écosystèmes terrestres et
aquatiques, notre alimentation et notre santé.
Ces toxiques pourraient aussi contribuer aux grands
phénomènes de dystrophisation et de zones mortes (marine
dead zones) identifiées par l'ONU.
Images :
- Munitions provenant du dépôt sous-marin sur le banc de sable de Paardenmarkt,
au large de Zeebrugge, estimé à 35 000 tonnes (Belgique)
- Munitions au large de St Tropez (Méditerranée)
- Homards au milieu des obus
Les risques pour la faune marine
Dans le cadre du projet CHEMSEA financé par l'Union
européenne, le Thünen Institute d'écologie des pêches, en colla-
boration avec les partenaires du projet, a mené des études sur
les effets des agents de guerre chimiques déversés sur l'état de
santé des poissons de la mer Baltique.
Les morues provenant de la principale décharge de
munitions chimiques et d'agents de guerre chimique à l'est de l'île
de Bornholm présentaient un état de santé plus mauvais et des
valeurs de condition physique réduites par rapport aux poissons
provenant de zones de référence non touchées dans l'ouest et
l'est de la mer Baltique.
Image du bas : Le congre recherche instinctivement des vides tubulaires horizon-
taux. Il risque donc plus que d'autres espèces de pénétrer des douilles corrodées (de
torpilles, bombes ou d'obus à demi vidés de leur contenu) ou de s'introduire dans les
interstices de piles de munitions. Là, il peut être en contact avec des toxiques fuyants
de munitions corrodées. Une étude de 2012 a montré que des congres européens
vivant près d'un dépôt de munitions immergées contenaient plus de mercure et d'arse-
nic qu'ailleurs et qu'ils présentaient parfois de graves lésions cutanées.
Les épaves des navires et sous-marins
Les navires et sous-marins en eux-mêmes peuvent être équipés
d’appareils électriques, batteries, amiante, peintures et linoléums
toxiques.
« Ces navires sont métalliques, rappelle Charlotte Nithart, de
‘Robin des Bois’. Sachant que la vitesse de corrosion est en moyenne
d’un millimètre par an, on arrive à un stade critique où les épaves
risquent de laisser échapper ce qu’elles contiennent encore. »
On pourrait croire que les épaves qui gisent à de grandes pro-
fondeurs peu oxygénées seraient davantage épargnées. C’est sans
compter la présence dans ces endroits de la bactérie halomonas
titanicae « qui mange le métal », indique Michel L’Hour.
Et « les bateaux de guerre utilisaient souvent un carburant pire
que le mazout, à base de résidus de charbon », ajoute Jean-Paul
Hennequin, président de l’association ‘Mor Glaz’ engagée dans la
défense de la mer.
Images :
- Épave du cuirassé allemand Thüringen
- Épave du porte-avions états-unien USS Lexington
- Logo de l’association Mor Glaz, basée à Landerneau
Les épaves des navires et sous-marins
Certes, il est hors de question de remonter les épaves de
navires et sous-marins gisant au fond des mers, d’autant qu’elles
sont des supports et des refuges pour la flore et la faune marine,
au point qu’on crée maintenant aussi des récifs artificiels.
Mais, dans bien des cas, il est nécessaire de faire, en plon-
gée sous-marine ou avec des robots, des diagnostics des épaves
et de s’occuper des plus polluantes (pétroliers, cargos chargés de
produits chimiques, sous-marins à propulsion atomique ou porteurs
de missiles, etc.)
Images :
- Épaves du porte-avions USS Saratoga et du sous-marin français Méduse
- Poissons et tortue abrités dans des épaves
- Récif artificiel
Activités maritimes potentiellement impactées
Les produits chimiques libérés par les munitions sous-marines modifient l'acidité et
la température de l'eau de mer, déstabilisant les écosystèmes. Ils provoquent également
des cancers chez de nombreuses espèces, et des restes de munitions ont même été
retrouvés dans les tissus des poissons. Les experts craignent que la consommation de
poissons pêchés à proximité des sites d'immersion n'entraîne une accumulation de
substances cancérigènes chez l'homme.
Les activités maritimes sont en constante augmentation et risquent, elles aussi,
d’être impactées par le risque de contact direct ou d’accélération de la corrosion par
modification des courants, notamment dans la Manche.
Les activités concernées sont notamment, outre la
pêche,
- la pose de câbles (électriques, téléphoniques, fibres optiques, etc.),
- la construction d’oléoducs, gazoducs,
- la pose d’éoliennes offshore, d’hydroliennes,
- la prospection ou exploitation minière, pétrolière, etc.
Images : 1- Pêche au chalut. 2- Câbles sous-marins. 3- Éoliennes offshores.
4- Nodules polymétalliques (concrétions minérales reposant sur le lit océanique. Ils sont formés de cercles concen-
triques d’hydroxydes de fer et de manganèse autour d’un noyau. Ils sont aujourd’hui étudiés et recherchés pour leur
richesse en manganèse, cobalt, nickel et cuivre.
Le manque d’informations
sur les dangers
Le caractère dangereux des munitions (chimiques en
particulier) n'encourage pas les États à une diffusion d'informations trop
précises sur les stocks immergés ou enfouis. Mais l'information est
restée longtemps si confidentielle qu'elle semble parfois avoir été
oubliée par les responsables de la sécurité civile et publique, ce qui
engendre d'autres risques.
En Europe, le secret a longtemps concerné les décharges
marines de munitions. Le public anglais n’a appris qu’en 2005 que la
fosse de Beaufort contenait environ 1,6 million de tonnes de navires,
sous-marins et munitions engloutis là durant plus de 40 ans.
Concernant la France qui semble être l'un des pays plus touchés
au monde par les immersions de munitions, ce n’est qu’en 2005 qu'une
première carte officielle, peu précise et sans données quantitatives, a
été publiée (avec 5 ans de retard, car ces cartes devaient être publiées
avant l'an 2000, en application de la convention de Londres et confor-
mément aux engagements des pays membres de la commission
OSPAR).
Image : Les singes de la sagesse sont un symbole d'origine est-asiatique constitué de trois
singes, qui forment une sorte de maxime picturale : Ne pas voir le mal, ne pas entendre le mal,
ne pas dire le mal
Le "secret défense" en France
La France oppose le "secret défense" pour tout ce qui
concerne le déversement des armes et munitions en mer.
L'État ne répond pas aux sollicitations des associations de protection
de l’environnement, comme ‘Robin des Bois’, ‘Sea Shepherd’, aux
enquêteurs comme ceux de ‘Actu.fr’, etc.
Olivier Lepick, expert en armes chimiques à la ‘Fondation pour
la Recherche Stratégique’ (FRS), explique que les autorités militaires
sont gênées par l’image que donnent les armées à la suite de ces
pratiques scandaleuses du passé, et surtout parce que le problème
n’aurait pas de solution !
Un article du Code du patrimoine interdit par ailleurs la consul-
tation "d’archives publiques dont la communication est susceptible
d’entraîner la diffusion d’informations permettant de concevoir,
fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, radiologiques,
biologiques, chimiques".
Concernant le risque chimique, seul le dépôt belge de
Zeebrugge, qui semble effectivement le plus directement dangereux
près du Pas de Calais, est clairement délimité sur les cartes marines
récentes.
Des alertes restées vaines
Chargé de recenser et protéger le patrimoine culturel sous-
marin, Michel L’Hour, ex-directeur du ‘Département des recherches
archéologiques, subaquatiques et sous-marines’ (DRASSM) du
ministère de la Culture ne compte plus les alertes lancées à diffé-
rents ministères sur la dangerosité de certaines épaves :
« On arrive à un stade critique où les épaves risquent de
laisser échapper ce qu’elles contiennent encore. (…)
D’un point de vue environnemental et sanitaire, personne ne
s’y intéressait. Pourtant, ce cadeau caché de l’humanité à ses
successeurs finira un jour par s’ouvrir. À partir des années 1980, on
a proposé de collaborer à la réalisation d’un inventaire. On n’a
jamais été missionnés pour. »
Image : Michel L'Hour, né en 1954, archéologue sous-marin. Docteur en archéologie,
Conservateur général du patrimoine et membre de l'Académie de Marine, membre du
Conseil scientifique et technique (STAB) de l'Unesco. Au début des années 2010, il lance
un programme de développement de robots sous-marins pour l'archéologie des abysses
« Cela ne relève pas du secret défense ».
L’ information sur les lieux de dépôt des armes chimiques de la
guerre de 1914-18, « ne met pas en péril de défense nationale fran-
çaise. Certains ne veulent pas trop révéler les pratiques passées, car ils
craignent une responsabilité de l’État en cas d’éventuels procès et dom-
mages en matière d’environnement, mais cela ne relève pas du secret
défense. »
Charles de Courson, député de la Marne
« En France, les experts savent beaucoup de choses, mais ils
opposent un refus aux demandes d’information. »
Olivier Lepick, chercheur associé à la FRS.
Images :
- Charles de Courson, né en 1952, diplômé de l’Essec et de l’ENA, ex-magistrat à la ‘Cour des
comptes’, député centriste de la Marne. Défenseur viscéral des libertés fondamentales et des
prérogatives du Parlement, cet inclassable est réputé pour son intégrité morale.
- Olivier Lepick , né en 1968, historien militaire, spécialiste des armes chimiques et biologiques,
a consacré sa thèse de doctorat aux aspects stratégiques, tactiques, scientifiques et industriels de
la guerre chimique pendant la Première Guerre mondiale. Après avoir été chargé de recherches au
‘Centre de recherches et d'études sur les stratégies et les technologies’ de l’École polytechnique
(Palaiseau) entre 1992 et 1997, il est chercheur associé à la ‘Fondation pour la Recherche
Stratégique (FRS) depuis 1997.
« Personne n’a voulu répondre à mes questions ».
Nicolas Koutsikas est un des réalisateurs du documentaire
Armes chimiques sous la mer (2013), vaste enquête menée sur trois
ans à l'échelle mondiale.
Selon lui, la France se fait surtout remarquer par son refus de
collaborer : « Elle est le seul pays où je me suis trouvé face à un mur.
Parmi les États concernés, c’est aussi l’un des seuls qui soit absent de
ce documentaire. Personne n’a voulu répondre à mes questions. »
« Gianluca Di Feo avait découvert, grâce à des archives de
Winston Churchill, que l’arsenal chimique de Mussolini était enterré à
des points précis, sous terre et au fond des mers. Mais à l’époque, je
pensais que c’était un problème local, peut-être même exagéré.
Jusqu’à ce que je comprenne que le phénomène était mondial. (…)
Et si des interventions spécifiques sont bien prévues quand
certains types de munition échouent sur le rivage ou représentent un
danger, les militaires n’envisagent en aucun cas de se lancer dans un
travail de déminage de grande ampleur. (…)
Images
- Nicolas Koutsikas, auteur, scénariste et réalisateur français d’origine grecque.
- Son documentaire Armes chimiques sous la mer (2013) réalisé avec Eric Nadler et Bob Coen
et diffusé sur Arte le 25 février 2014
Une véritable omerta
En octobre 2020, la ministre de la Transition écologique
Élisabeth Borne estime dans un courrier à Damien Carême « que
l’état de conservation des stocks connus est globalement moins
dégradé que ce que l’on pouvait craindre », selon l’avis « d’experts ».
Elle affirme, devant le Sénat, que la France étudie « la mise en
place de travaux interministériels sur plusieurs années, visant d’une
part, à disposer d’une cartographie précise des zones concernées et
de la nature des munitions immergées et d’autre part, à recueillir des
informations scientifiques fiables ». Ce même ministère n’a jamais
répondu aux questions des ONG environnementales.
Pour son enquête, Mediapart interroge Hervé Grandjean,
porte-parole du ministère des Armées, mais celui-ci n’a « pas d’élé-
ments particuliers à nous communiquer ».
Mediapart contacte également l’ancien Premier ministre et élu
de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, et l’ancien ministre de la Défense
et actuel président de la Région Normandie, Hervé Morin. Les deux
hommes ne donnent pas suite aux appels téléphoniques.
Des propositions restées sans suite
« Le sujet n’est pas de savoir ce qu’il y a dans ces armes, où elles
ont été fabriquées ; ça, je veux bien admettre que ça soit couvert par le
secret-défense, mais savoir quel est le degré de pollution chimique dans la
mer à proximité de ces armes me paraît quelque chose qui devrait rentrer
dans l’information du public. »
Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’Environnement.
Un début d’espoir de transparence nait en 2009, après le ‘Grenelle
de la mer’ initié par Jean-Louis Borloo en 2008. Dans le Livre bleu définis-
sant la "stratégie nationale pour la mer et les océans", il est ajouté la pro-
position "Consolider l’inventaire des décharges sous-marines de munitions
chimiques et de déchets nucléaires, en apprécier la dangerosité et établir
des priorités pour réaliser des analyses sur la faune et la flore sédentaires
et les sédiments".
« Même ça, c’est resté lettre morte, il n’y a pas plus d’informations
sur ces sites, en tout cas venant de la France »
Charlotte Nithart, directrice de ‘Robin des Bois’.
Images
- Corinne Lepage, née en 1951, avocate, ancienne ministre de l’Environnement.
- Charlotte Nithart, directrice de ‘Robin des Bois’.
Les questions de Damien Carême
Suite aux questions posées par le député européen et ex-maire de
Grande-Synthe Damien Carême*, le Commissaire européen Vella recon-
nait l’existence de munitions chimiques et des munitions non explosées
immergées en mer Baltique et en mer du Nord et rappelle que dans le
cadre du plan d’action révisé de la stratégie pour la sécurité maritime de
l’UE (PA-SSMUE), les États membres se sont engagés à en optimiser leur
évacuation et leur élimination.
La Ministre française des Armées, Florence Parly, réoriente Da-
mien Carême vers sa consœur de la Transition écologique et solidaire,
alors même que c’est la Marine nationale, rattachée au Ministère des
Armées, qui est en charge de la détection et de la destruction des muni-
tions immergées.
La Ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, met près
d’un an à répondre au courrier de Damien Carême. Si elle reconnait la
présence de munitions en Mer du Nord, elle nie la présence d’armes
chimiques dans les eaux territoriales françaises.*
Aucune des actions suggérées par Élisabeth Borne dans son
courrier de juin 2020 ne semble avoir été mise en œuvre : pas de
cartographie plus précise disponible, pas d’information scientifique fiable,
et un gouvernement qui ne répond pas aux journalistes.
*alors que l’association ‘Robin des Bois’, dans son Atlas de la France toxique publié en
2016, recense, elle, au moins 6 sites d’immersion d’armes chimiques.
Images : Damien Carême, Florence Parly, Élisabeth Borne
Chercher, récupérer, traiter les munitions
L’omerta est aussi très pesante chez les pêcheurs qui préfèrent
rejeter les munitions prises dans leurs filets pour éviter les tracas adminis-
tratifs. (…)
Et même lorsque le secret défense sera levé, que l’on pourra enfin
faire l’inventaire des décharges et lancer des recherches sur leur nocivité,
il faudra selon moi des années, voire des décennies, pour trouver des
solutions. D’autant que l’on ne connaît rien encore de l’arsenal chimique
russe, au moins tout aussi important que celui des États-Unis… »
Interview de Nicolas Koutsikas du 5 février 2014
Le Danemark indemnise les pêcheurs qui remontent du gaz
moutarde dans leurs filets et donne une prime par munition ramenée.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont levé le secret-défense
sur ce dossier après 2017.
Le Japon dépense des millions de yens pour récupérer ces armes
et les détruire. Dans le port de Kanda, où elles sont immergées à faible
profondeur, le plus grand projet de nettoyage d'armes chimiques au
monde est en cours.
Images :
- Le bateau du ‘Centre de recherches sous-marines’ (CERES) destiné à renflouer des épaves,
mener des expertises maritimes et sous-marines, ou encore rechercher des explosifs.
- 300 obus sont extraits en Méditerranée de la mythique épave de l'Alice Robert, cargo bananier
réquisitionné par les Allemands et torpillé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Programme pour la Mer baltique
En sept. 2020 est organisée la première conférence ‘Notre
Baltique’. Les ministres concernés des États membres de l'UE riverains
de la mer Baltique* prennent des engagements communs visant à
éliminer et à manipuler en toute sécurité les munitions immergées et
affectent des crédits à cette fin.
La 2ème conférence ‘Our Baltic’ a lieu à Palanga (Lituanie) en
sept. 2023.
Des analyses effectuées par le Geomar Helmholtz-Zentrum für
Ozeanforschung à Kiel ont révélé la présence de substances nocives
dans les échantillons d'eau.
Le chantier naval German Naval Yards de Kiel, en collaboration avec
l'entreprise Rheinmetall Project Solutions GmbH (Düsseldorf) et un
autre partenaire du secteur offshore, se porte candidat à la construction
d'une plateforme d'élimination des munitions.
* Allemagne, Danemark, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et Suède.
Images :
- Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen chargé de l'environnement, des océans et de la
pêche, initiateur de la conférence Our Baltic
- Bateau Oceania affecté au projet MODUM de surveillance des munitions immergées. Selon
les estimations, 1,6 million de tonnes de munitions conventionnelles et 220 000 tonnes de
munitions chimiques gisent au fond des côtes allemandes de la mer du Nord et de la Baltique.
Un début de mobilisation internationale
Terrance Long, fondateur de International Dialogues on Underwater
Munitions (IDUM, ‘Dialogues internationaux sur les munitions immergées’),
affirme qu'une plus grande sensibilisation du public est nécessaire pour
inciter les gouvernements à agir.
« Le TNT contenu dans les munitions, dit-il, peut brûler et blanchir les
coraux et créer un afflux de nutriments qui provoquent la prolifération
d'algues nuisibles. Le gaz moutarde se décompose en arsenic inorganique
qui se répand sur les fonds marins, tuant tout sur son passage. Les
produits chimiques affectent également la photosynthèse du plancton et le
taux d'éclosion des œufs de crustacés. »
Le travail de IDUM est reconnu par l’ONU et par ‘l'Organisation pour
l'interdiction des armes chimiques’ (OIAC ou Organisation for the Prohibi-
tion of Chemical Weapons, OPCW). L'ONU a identifié ce travail dans la
‘Résolution des Nations Unies sur les munitions immergées en mer’ de
2014, et dans le rapport du Secrétaire général de 2013 intitulé ‘Mesures
coopératives sur les munitions chimiques immergées en mer’. En 2014, le
rapport de l'OIAC intitulé ‘Troisième Conférence d'examen des États
parties’ affirme la nécessité d'une coopération internationale sur les
munitions immergées.
Photo : Terrance P. Long, ingénieur militaire canadien retraité après plus de 30 ans
d'expérience dans le domaine des explosifs et du déminage dans le monde entier, désireux de
contribuer à la sauvegarde des écosystèmes marins, fondateur de IDUM.
Que faire ?
L’ONG ‘IDUM’ a quatre grands objectifs au niveau mondial :
- faire adopter un traité mondial contraignant, sur toutes les classes
d'armes immergées (biologiques, chimiques, conventionnelles et
radioactives) ;
- développer une base de données mondiale répertoriant tous sites
connus d’immersion d’armes conventionnelles et chimiques
- être un dépositaire d'informations sur ces sujets ;
- tarir par des mesures préventives les sources diverses de pollution
des mers et océans.
Pour l’association lyonnaise ‘Odysseus 3.1’, quatre mesures
sont à mettre en œuvre :
- lever le ‘secret défense’,
- établir une cartographie précise des lieux de rejet ou d’immersion,
- ouvrir des centres de traitement à terre,
- sortir les munitions de l’eau et les traiter.
Certains experts estiment que sortir de la mer ces armements
chimiques en voie de décomposition serait plus dangereux que de les
laisser sous mer. Quoi qu’il en soit, une décision est à prendre au cas
par cas par les experts et les politiques.
Image du bas : Armes chimiques anciennes en attente de traitement
Mesures de prévention
des risques
Toute nouvelle immersion de munitions en mer est interdite depuis
l’entrée en vigueur en 1975 de la Convention de Londres de 1972 sur la
prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion des déchets,
complété par un ‘Protocole de 1996’ qui interdit spécifiquement toute
immersion de munitions.
La Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du
Nord-Est, dite Convention OSPAR* et le Conseil de l’Europe ont alerté et
exprimé leur inquiétude sur l’absence de cartographie fiable, l’insuffisance
de surveillance et de récupérations des munitions et matières polluantes
dans les épaves.
Le compte-rendu des rencontres politiques dites ‘Grenelle de l’envi-
ronnement’ en 2007 relevait aussi des initiatives en ce sens : “consolider
l’inventaire des décharges sous-marines de munitions chimiques et de
déchets nucléaires, en apprécier la dangerosité et établir des priorités pour
réaliser des analyses sur la faune et la flore sédentaire et les sédiments.”
* La Convention OSPAR (OSPAR pour ‘Oslo-Paris’), entrée en vigueur le 25 mars 1998, remplace
les Conventions d'Oslo (1972) et de Paris (1974)
Images sans légende :
- Logo du programme de l‘UE
- Réunion de la convention Ospar (en bas à droite)
Le "pétardement"
Le "pétardage" ou "pétardement" consiste à faire exploser des
obus (trouvés dans les champs, en forêt ou dans les chaluts de bateaux de
pêche) ou des mines. Les munitions chimiques sont souvent mélangées
avec des munitions conventionnelles pour être détruites le plus complè-
tement possible*.
Inconvénients : le pétardage ne permet pas 1) la récupération ni le
traitement de composants toxiques comme le mercure des amorces, le
plomb ou l'arsenic que contiennent en grande quantité certaines muni-
tions, 2) ni la récupération des métaux.
Le pétardement en mer, interdit en mer par la convention de Londres
(1972), est encore largement pratiqué, notamment par la France et par
l’OTAN.
* Le pétardement en baie de Somme était préparé à marée basse et se faisait à
marée haute. Michel Sapin, alors directeur de la Défense et de la Sécurité civile,
interrogé sur cette pratique par Gérard Larcher, Président du Sénat, s’est illustré en
répondant : « À part quelques poissons qui auraient pu se plaindre, le pétardement en
mer n’a jamais posé problème ».
Images : - Mines marine
- Pétardements par la Marine nationale
La détection
et l’élimination des munitions
Une destruction sûre ou un inertage sécurisé et respectueux
de l'environnement n'est prévu que pour moins de 1% des
stocks immergés connus, en Allemagne, Belgique et France, en Fédé-
ration de Russie et peut-être bientôt aussi en Chine.
La Marine nationale agit au quotidien pour sécuriser le littoral
français et les fonds marins. Tous ses moyens de lutte contre les mines
(bâtiments dédiés tels que les chasseurs de mines tripartites* et les
groupes de plongeurs démineurs) mènent régulièrement des opérations
visant à détecter, neutraliser ou détruire des munitions non explosées
en mer ou sur les plages françaises.
En Manche et mer du Nord en 2021, l’action conjointe du groupe
des plongeurs démineurs et des chasseurs de mines tripartites de la
Marine nationale a permis de détruire 420 engins historiques (en mer et
sur l’estran), ce qui a représenté 11 468 kg équivalent TNT.
En 56 ans, 617 démineurs sont morts en service en France.
* Le type Tripartite, ou en France la classe Eridan, est une série de 35 chasseurs de
mines conçue selon un projet commun aux marines belge, française et néerlandaise.
Images :
- Plongeur de la Marine nationale;
- Drône sous-marin : exploration, opérations télécommandées depuis un bateau en surface ;
- Robot sous-marin Victor de l’Ifremer ;
- Robot qui évolue sous l'eau et scrute le plancher marin par la technologie des sonars.
La recherche et l’action
La récupération de munitions et de mines est dangereuse.
Il importe de développer des technologies nouvelles limitant la
proximité entre les personnes et les opérations.
Le ‘Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes’
(CREM) de l'OTAN a mis en place un site laboratoire et banc d'essai
sous-marin au Centre de recherche sous-marine du SACLANT* à La
Spezia en Italie, permettant de travailler sur les munitions non-
explorées immergées. Il dispose de 2 navires militaires transformés en
navires de recherche.
En août 2022, le Standing NATO Mine Countermeasures Group
1 (SNMCMG 1), ‘Groupe permanent n° 1 de l’OTAN pour la lutte
contre les mines’, a conduit une opération de traitement de 13 mines
et bombes des deux Guerres mondiales .
* SACLANT est l'acronyme de Commandement allié Atlantique
Images :
- ‘Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes’ (CREM) de l'OTAN
à La Spezia (Italie)
- Emblème du SACLANT
- Emblème du SNMCMG1
- Explosion d’une bombe provoquée par les opérateurs de l’OTAN le long des côtes
normandes, au large de Dieppe.
Les progrès de la technologie marine
Ingénieurs, scientifiques, décideurs politiques et financiers
se réunissent enfin pour identifier les meilleurs moyens de
détruire les armes en toute sécurité.
Les progrès de la technologie marine, y compris l'utilisation
de l'intelligence artificielle, facilitent la détection et la cartographie
des munitions sous-marines. Certaines munitions sont désarmées
à l'aide de jets d'eau avant d'être retirées des fonds marins, tandis
que d'autres sont récupérées pour être détonées ou incinérées à
terre.
« Nous avons mis au point une technologie qui prouve qu'il
est possible de dépolluer les fonds marins. Les munitions sont
visibles et tangibles et peuvent être enlevées », déclare Claus
Böttcher, consultant indépendant pour ‘JPI Oceans’.
Comme Terrance Long, fondateur de l’ONG ‘IDUM’, il
estime que les armes conventionnelles et chimiques doivent être
traitées avec le même degré de priorité.
Le projet DAIMON de l’Union européenne
En parallèle des programmes développés par l’OTAN, l’Union euro-
péenne a promu de son côté en 2016 le projet DAIMON toujours en
vigueur aujourd’hui. Grâce à un dispositif développé, les chercheurs et
scientifiques ont pu cartographier le risque en fonction du type de muni-
tion immergée et de l’état de corrosion de celle-ci.
Un logiciel a été développé, le Decision Support System for marine
munitions (DSS), afin d’établir la procédure à adopter en fonction de
l’arme trouvée, qu’elle soit chimique ou conventionnelle.
En fonction de plusieurs facteurs, notamment de risque pour les
navires ou l’environnement, le logiciel préconise la récupération et la
destruction, l’accumulation, l’encapsulation, le recouvrement, le dyna-
mitage ou l’absence d’action, y compris la surveillance et les coûts
correspondants de l’arme immergée.
Ce logiciel a été créé pour pouvoir être utilisé aussi bien par les
autorités publiques que par les opérateurs maritimes.
L’élimination des munitions en France
SECOIA* (‘Site d’Élimination des Chargements d’Objets Identifiés
Anciens’) est un programme et un site français de destruction des munitions
chimiques anciennes encore retrouvées régulièrement sur la terre ferme ou
dans la mer. Il satisfait aux obligations de la convention internationale pour
l’interdiction des armes chimiques.
Les munitions sont collectées et rassemblées par le CSIMA (‘Centre
de stockage intermédiaire pour munitions anciennes’) au camp de Suippes,
dans la Marne, puis conduites en camions blindés étanches de 32 tonnes au
centre de traitement SECOIA dans le camp voisin de Mailly par les démineurs
de la Direction de la défense et de la sécurité civile (DDSCGC) du ministère
de l’Intérieur.
Le procédé retenu pour leur destruction consiste à les faire exploser
dans une chambre de détonation étanche et blindée à l’aide de charges
explosives neuves semblables à celles que l’on utilise dans les mines et les
carrières.
* Selon le documentaire Menaces en mers du Nord, le projet SECOIA a été confié par la
‘Direction Générale de l’Armement’ (DGA) à un groupe militaro-industriel poursuivi ensuite en justice
pour trafic d’’influence et pots de vin, et a été (pendant un temps ?) interrompu.
Image du haut : Lieux de stockage de munitions à détruire, sur le ‘Centre de Coordination sur
les Chargements Chimiques’ (C4) de Suippes
L’élimination des munitions en France
Toutes les munitions sont manipulées à distance par télé-opération, du
débarquement des camions blindés jusqu'à l'évacuation des déchets issus
de la destruction des munitions.
Les différents déchets, solides, liquides et gazeux, sont récupérés à la
source et envoyés pour traitement dans des filières spécialisées. Pour la
partie industrielle du projet, l’exploitant ‘Airbus Defence and Space’ (?) s’est
entouré de professionnels dans leur domaine : ‘Kobelco’ (Japon) pour le
procédé de destruction, ‘Réel’ (France) pour la manutention télé-opérée du
site et ‘Trédi’ (France) pour le traitement des déchets.
Le suivi de l'état des munitions sur le site ‘SECOIA’ est géré par le
logiciel GesMu (Gestion des Munitions), logiciel web créé par ‘Airbus Safran
Launchers’.
Images : - Chambre de détonation
- Les bâtiments de SECOIA
Le traitement des munitions
chez nos voisins européens
En Belgique, le ‘Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins
Explosifs’ (SEDEE) a son quartier général à Oud-Heverlee. Il se charge
de neutraliser, de démanteler et d’évacuer les munitions et les explosifs
non explosés abandonnés. L'unité de Poelkapelle, située au coeur de la
Flandre occidentale, est devenue experte dans la récupération et le
traitement des obus toxiques.
En Allemagne, le camp de Münster, au sein d’une épaisse forêt
lourdement contaminée, a été le centre de conception des armes chimi-
ques allemandes des nazis. Il est aujourd’hui - heureux retournement de
l’histoire - à la pointe des techniques de décontamination en Europe.
Images :
- Site de la SEDEE à Poelkapelle en Belgique
- Logo de la société Geka, Gesellschaft zur Entsorgung chemischer Kampfstoffe
und Rüstungs-Altlasten, ‘Société fédérale pour le traitement des armes et
résidus d’armement chimiques’ à Münster
- Installations de traitement de la société GEKA,
- Démonstration de transport avant destruction d'armes chimiques par des
employés de GEKA en oct. 2013. GEKA a détruit les stocks d’armes chimiques de
la Syrie.
Processus
de traitement des munitions
Deux solutions peuvent être retenues :
- soit faire exploser la munition dans une chambre de détonation
étanche et à l’épreuve des explosions ; chauffée à haute température,
la munition explose et le contenu chimique est dégradé in situ par
décomposition thermique ;
- soit, après extraction physique de l’explosif, drainer l’agent chimique,
qui est alors incinéré ou neutralisé chimiquement.
Dans les deux cas, les opérations s’effectuent avec traitement
des gaz, tandis que les métaux et les déchets résiduels sont déconta-
minés thermiquement puis mis à la ferraille.
Images :
- Le site de la société GEKA dans la forêt de Münster. En 1919, un accident provoque
l'explosion d'un million de grenades qui réduit à néant le site de Münster et ravage les
alentours sur un rayon de trois kilomètres. Mais il sert de nouveau sous le régime nazi,
notamment pour la production de gaz sarin. Son sol est toujours contaminé aujourd'hui et
certaines zones autour de Münster sont interdites au public.
- Les installations de traitement de GEKA
- Opérateurs de GEKA en tenue de travail
Les déchets nucléaires
immergés
Parmi les rebuts gisant au fond des océans, on trouve
aussi des déchets radioactifs.
Entre 1946 et 1982, à l’échelle internationale, 14 pays ont
immergé des déchets radioactifs dans plus de 80 sites du Pacifique et
de l’Atlantique. « Des déchets liquides directement évacués, des
déchets solides non conditionnés, des déchets emballés dans des fûts
métalliques et incorporés dans du béton ou du bitume », précise
‘l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs’ (ANDRA).
De 1974 à 1982, près de 140 000 tonnes de fûtes de déchets
radioactifs ont été immergées dans l’Atlantique. La France, à elle seule,
a immergée plus de 46.000 fûts, lors de deux campagnes, en 1967 et
en 1969. Ces déchets représentent une radioactivité totale de 85 000
térabecquerels (TBq) à la date de leur immersion, l’équivalent de 5 à 6
fois la quantité d’éléments radioactifs rejetés dans l’océan Pacifique à
la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, entre mars et avril
2011.
Si les sites sont bien répertoriés, ils ne sont désormais plus
surveillés.
Déchets radioactifs :
des dépôts en mer à l’interdiction
De 1946 à 1983, la communauté scientifique a jugé que
déposer des déchets radioactifs sur les fonds marins était une
« solution sûre », « car la dilution et la durée présumée d’isolement
apportées par le milieu marin étaient suffisantes » précise l’Andra.
Jusqu’en 1977, les États ont été libres de superviser eux-
mêmes leurs opérations d’immersion.
Puis le Conseil de l’OCDE (‘Organisation de coopération et
de développement économiques’) a obligé les pays membres
à se soumettre aux directives et à la surveillance de ‘l’Agence
internationale pour l’énergie atomique’ (AIEA).
En 1972, la convention de Londres interdit l’immersion de
déchets fortement radioactifs. Un moratoire sur l’immersion des
déchets est adopté en 1983, dans l’attente d’un examen global de la
question.
En 1993, les pays signataires décident d’interdire l’immer-
sion de déchets radioactifs dans la mer, « davantage pour des
raisons morales que scientifiques ».
Images : - Immersion de fûts
- Action de militants de Greenpeace contre l’immersion de fûts
Réparer ensemble,
la force du symbole
La France – mais serait-ce cohérent et possible si elle
continue à gaspiller ses énergies, ses compétences et ses
finances dans le perfectionnement de ses armes nucléaires ? –
pourrait prendre enfin sa place et même être motrice dans un
vaste plan européen en vue de remonter peu à peu du fond de
la mer les munitions les plus dangereuses des deux Guerres
mondiales (et peut-être certains types et certains emballages de
déchets radioactifs jetés jusqu’à 1982).
Un tel chantier, mené en commun par les États autrefois en
guerre, aurait aussi une puissance symbolique extrêmement forte
et une valeur d’exemple dans le monde entier.
Images :
- Décharge maritime de munitions
- Remontée de fûts de déchets nucléaires du fond de la mer
Tirer les leçons de l’histoire
On peut tirer plusieurs enseignements des immersions de muni-
tions durant les 12 dernières décennies, de l’étude comparée des politi-
ques publiques actuelles dans les pays démocratiques, par exemple sur
le ‘secret défense’, et plus généralement de l’histoire récente :
1) Ne pas oublier les erreurs et fautes du passé
Le déni des fautes et des erreurs commises dans le passé et leur
oubli sont les plus grands des dangers.
L’immersion des munitions dès la fin de la 1ère Guerre mondiale
s’avère avoir été une pure folie.
La ligne Maginot s’est avérée être une protection illusoire contre le
danger nazi.
Les essais atmosphériques et souterrains d’armes nucléaires ont eu
et ont encore des conséquences catastrophiques du point de vue politi-
que, sanitaire et environnemental.
2) Donner le pouvoir de décision aux politiques
Tant que les militaires seront les seuls à décider ou que les
autorités politiques décideront en écoutant plutôt les autorités militaires
que les élus et les ONG environnementales, l’environnement et l’huma-
nité ont encore du souci à se faire.
Images :
Immersion d’armes chimiques. Ligne Maginot. Essai nucléaire atmosphérique. Sabotage du navire
Tirer les leçons de l’histoire
3) Ne pas prendre de décisions irréversibles ou difficilement
réversibles
Les autorités françaises et l’ANDRA veulent faire à Bure avec les
déchets nucléaires ce que les politiques et militaires ont fait pendant des
décennies dans l’océan avec les munitions et armes chimiques.
La solution qui préserve l’avenir n’est-elle pas stocker les déchets
dans des sites protégés moins coûteux et facilement accessibles en
subsurface, en attendant de savoir les traiter dans les prochaines
décennies ?
4) Inventer des alternatives à la défense armée
Depuis la massue et la hache de silex, les êtres humains et leurs
dirigeants ont fait la guerre pour dominer les autres ou de se défendre
contre l’agression, les scientifiques ont fait preuve d’une grande inventi-
vité pour créer des armes de destruction massive qui menacent l’huma-
nité.
Après avoir interdit les armes bactériologiques et chimiques, il
est temps maintenant d’interdire et d’éliminer les armes nucléaires, et
d’inventer, en appui dans un premier temps à la défense conventionnelle,
des stratégies de défense reposant sur la non-collaboration de la popu-
lation avec l’agresseur ou le dictateur.
Munitions immergées, un danger majeur
Sources
Bibliographie (livres, revues, BD)
‘Enquêtes d’actu’ : « Des décharges d’armes chimiques au large des
côtes françaises : une bombe à retardement », mai 2022.
Armand Lattes : La destruction des toxiques de guerre, L’actualité
chimique, déc. 2014.
Marine Life Channel, Recherche d’armes chimiques et conventionnelles
dans la Manche, Helloasso, 2022.
Bande dessinée d’Odysseus 31 : Les munitions du lac Léman,
Domitille Huard, Le déversement des armes chimiques dans la mer,
Mémoire de Master 2, Faculté de droit d’Aix-Marseille, 2018-2018, etc.
Valéry Laramée de Tannenberg, Quand émergent les munitions immer-
gées, Journal de l’environnement, 2019,
etc.
Munitions immergées, un danger majeur
Sources
Internet
Wikipedia
Actu.fr : Enquête Des décharges d'armes chimiques au large des
côtes françaises : une "bombe à retardement, réalisée par Raphaël Tual,
Thibaud Delafosse (Presse de la Manche) et Florian Tiercin (Actu
Morbihan). 31 mai 2022
Articles dans La Tribune de Genève, Mer et Marine, La Libre
Belgique, Ouest France, Basta Media, Capital, Charlie Hebdo, Actu
Nautique, Libération, Mediapart, Le Télégramme, etc.
Armand Lattes, La destruction des toxiques de guerre,
societechimiquedefrance.fr
Sites : Marine nationale, OSPAR, CEDRE, Robin des Bois, etc.
Munitions immergées, un danger majeur
Sources
Films documentaires
Jacques Lœuille*, Menaces en mers du Nord, France, Belgique , 2018, 52
minutes, en ligne sur Internet
Nicolas Koutsikas, Eric Nadler et Bob Coen, Armes chimiques sous la mer,
Arte éditions, 2013
National Geographic, Démineurs de la Seconde Guerre mondiale
Euronews,
etc.
Annexe - Munitions immergées, un danger majeur
Organisations et sigles
- AIEA : International Atomic Energy Agency ou ‘Agence Internationale pour l’Énergie
Atomique’, organisation internationale, sous l'égide de l'ONU. Fondée en 1957 et
basée à Vienne (Autriche), elle cherche à promouvoir les usages pacifiques de
l'énergie nucléaire et à limiter le développement de ses applications militaires.
- ANDRA : ‘Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs’, chargée de leur
gestion à court terme, à moyen terme et à long terme
- CEDRE : ‘CEntre de Documentation, de Recherche et d‘expérimentations sur les
pollutions accidentelles des Eaux’. Créé en en 1978 après le naufrage du navire
pétrolier Amoco Cadiz pour améliorer la préparation à la lutte contre les pollutions
accidentelles des eaux et renforcer le dispositif d’intervention français. Implanté à
Brest.
- CERES : ‘Centre de recherches sous-marines’, fondé par Bertrand Sciboz et basé à
Montfarville (Manche). Sonde les fonds marins du monde entier.
- CHEMSEA : CHEmical Munitions Search And Assessement, ‘Recherche et évaluation
des munitions chimiques’, programme de l’UE pour la dépollution des armes chimiques
la région de la mer Baltique (période 2007- 2013).
- C4 : ‘Centre de Coordination sur les Chargements Chimiques’ de Suippes
- CSIMA : ‘Centre de Stockage Intermédiaire pour Munitions Anciennes’, dans le camp
militaire de Suippes, dans l'Aube. Reçoit les munitions dans l’attente de leur traitement
dans le camp militaire voisin de Mailly.
- DCSMM : ‘Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin’. Adoptée le 17 juin 2008,
oblige les États membres de l'Union européenne à prendre les mesures nécessaires
pour atteindre ou maintenir un bon état écologique du milieu marin.
../..
Annexe : Organisations et sigles
- DGA : ‘Direction Générale de l’Armement’ au ministère des Armées
- DRASSM : ‘Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et
Sous-Marines’ du ministère de la Culture en France.
- ERP Group : Groupe Environmental Research Consulting. A créé une base de
données internationale des épaves marines.
- EUSBSR : European Union Strategy Baltic Sea Region, plan d’action relatif aux
munitions immergées réunissant Allemagne,Danemark, Estonie, Finlande,
Lettonie, Lituanie Pologne et Suède.
- Greenpeace (‘Paix verte’) : ONG internationale de défense de l’environnement.
Fondée en 1971 par les militants opposés aux essais nucléaires aux États-Unis,
présente dans plus de 55 pays.
- IDUM : International Dialogues on Underwater Munitions ‘Dialogues
internationaux sur les munitions immergées’, ONG fondée au Canada en 2004,
puis basée en tant que fondation néerlandaise à La Haye (Pays-Bas) en 2014.
- IFREMER : ‘Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer’. Mène
des recherches, innove et produit des expertises pour protéger l’océan, exploiter
ses ressources de manière responsable et partager les données marines.
- JPI Oceans : Plateforme intergouvernementale paneuropéenne de recherche et
d'innovation en faveur d'un océan plus durable. ../..
Annexe : Organisations et sigles
- MODUM : Towards MOnitoring of DUMped Munitions Threat (‘Vers la surveillance
de la menace liée aux munitions déversées ’), projet porté par l'OTAN en Mer
baltique, avec des véhicules sous-marins autonomes (Autonomous Underwater
Vehicles, AUV) et des véhicules sous-marins télécommandés (Remotely Operated
underwater Vehicles, ROV).
- OCDE : ‘Organisation de coopération et de développement économiques’
- Odysseus : Association de défense des milieux aquatiques et naturels, basée à
Lyon.
- OMI : Organisation Maritime Internationale, institution spécialisée des Nations
Unies chargée d'assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de
prévenir la pollution des mers et de l'atmosphère par les navires.
- OIAC : Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques ou Organisation for
the prohibition of chemical weapons (OPCW).
- OSPAR : Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-
Est, dite Convention OSPAR (pour ‘Oslo-Paris’), signée en 1992 et entrée en
vigueur en mars 1998, remplace les Conventions d'Oslo (1972) et de Paris (1974).
- OTAN ou NATO : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, alliance militaire
défensive contre toute attaque armée contre l'un de ses membres en Europe et en
Amérique du Nord.
- Ouvry : Société spécialisée dans les systèmes et équipements de protection
individuelle NRBCE (nucléaire, radiologique, biologique, chimique, explosif).
../..
Annexe : Organisations et sigles
- Robin des Bois : association de protection de l’être humain et de l’environnement par
toutes formes de réflexion et d’action non-violente. Fondée en France en 1985, a le
statut d’observateur à la Convention OSPAR.
- SECOIA* : ‘Site d’Élimination des Chargements d’Objets Identifiés Anciens’, pro-
gramme français de destruction des munitions anciennes sur le site du camp militaire
de Mailly.
- SEDEE : ‘Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs’ (Belgique)
- SACLANT : Commandement allié Atlantique (désigné sous l'abréviation SACLANT,
pour le titre de son chef états-unien : Supreme Allied Commander Atlantic). Était
jusqu'en 2003, avec le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe, l'un
des deux commandements dans l‘OTAN.
- Sea Shepherd (‘Berger des mers’) : ONG de défense des océans la plus combative
au monde. Fondée en 1977 par le capitaine Paul Watson.
- SHOM : ‘Service Hydrographique et Océanique de la Marine’, placé sous la tutelle du
ministère des Armées. Son siège est à Brest
- SNMCMG : Standing NATO Mine Countermeasures Group, Groupe permanent de
l’OTAN pour la lutte contre les mines.
- Thünen Institute : Institut Thünen d'écologie des pêches. Fondé en 2008 sous les
auspices du ministère fédéral allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture, basé à
Braunschweig.
- UNODA : United Nations Office for Disarmament Affairs, ‘Bureau des affaires de
désarmement des Nations unies’.
■

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Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Munitions immergées, un danger majeur

  • 1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’ Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’ 12 - La mémoire des guerres 12. h - Munitions immergées, un danger majeur Étienne Godinot 21.03.2024 Les corrections et observations éventuelles seront les bienvenues.
  • 2. Les munitions immergées, un danger majeur Sommaire - Quel est le problème ? - Historique des immersions - Où sont situées les munitions ? - Les menaces Menaces concernant la vie et la santé des pêcheurs Menaces pour l’environnement Les épaves des navires et sous-marins Activités maritimes potentiellement impactées - Le manque d’informations sur les dangers Le ‘secret-défense’ en France Des alertes restées vaines L’absence de réponse aux questions Quid ailleurs qu’en France ? - Le combat de pionniers - Un début de mobilisation internationale ../..
  • 3. Les munitions immergées, un danger majeur Sommaire (suite) - Que faire ? Mesures de prévention des risques Traitement et élimination des munitions La recherche et l’action, les progrès de la technologie marine Le traitement des munitions en France, Le traitement des munitions en Belgique, en Allemagne - Les déchets nucléaires immergés - Réparer ensemble : la force du symbole - Tirer les leçons de l’histoire Ne pas oublier les erreurs et fautes du passé Donner le pouvoir de décision aux politiques Ne pas prendre de décisions difficilement réversibles Inventer des alternatives à la défense armée - Annexes Sources (bibliographie, Internet, documentaires) Organisations et sigles
  • 4. Quel est le problème ? Au fond des océans, des mers ou de certains lacs de notre planète reposent des centaines de milliers de tonnes de munitions dites "immergées", conventionnelles ou chimiques (mais aussi des déchets radioactifs). Ces munitions ont été - soit accidentellement perdues en mer suite à des combats ou des naufrages, sabordages ou échouages, - soit jetées volontairement dans l’eau à la fin des guerres pour s’en débarrasser à moindre coût, quand la protection de l’environnement n’était pas à l’ordre du jour. Images : - Naufrage du cuirassé allemand Graf Spee au large de Montevideo le 17 décembre 1939 - Caisses de munitions japonaises jetées par des prisonniers de guerre japonais en mer au large de Singapour en 1945 - Dossier pour la convention Ospar
  • 5. « La meilleure solution trouvée a été de les noyer en mer. » « Il y a eu plusieurs centres de dépôts en France après la Première Guerre mondiale. Il y avait des quantités hallucinantes d’obus qui se retrouvaient dans des granges, avec des fuites, des accidents, des explosions. Dès 1917-1918, il a fallu prendre des mesures d’urgence. La meilleure solution trouvée a été de les noyer en mer. (…) Les capitaines de bateau remplissaient des barges à fond plat qui s’ouvraient et ils coulaient le chargement, ou bien ils jetaient ces munitions par-dessus bord, ou alors ils coulaient carrément les bateaux. Imaginez-vous, vous êtes capitaine de bateau, on vous dit que vous êtes plein à ras bord de munitions défaillantes, ultra-toxiques. Votre livre de navigation vous dit de tout jeter au-delà de telles coor- données. Pour ne pas passer 20 heures en mer quand ils pouvaient le faire en quelques heures, la nuit, dès qu’ils ne voyaient plus la côte, ils jetaient. » Jacques Lœuille Images : - Jacques Lœuille, auteur et réalisateur français né en 1983, est lauréat du prix COAL (remis par l’Union européenne, le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Environnement, la ‘Fon- dation François Sommer’ et le réseau ‘Imagine’). - Son remarquable et saisissant documentaire Menaces en mers du Nord (2018, 52 mn), diffusé sur Arte et RTBF, est accessible gratuitement sur Internet
  • 6. Historique des immersions Selon l’ancien directeur du DRASSM (Département des recher- ches archéologiques subaquatiques et sous-marines) du ministère de la Culture, Michel L’Hour : « pour chacune des deux guerres mon- diales, on estime que 2 500 bateaux ont été envoyés par le fond. […] Sans compter les avions, les tanks, les tonnes de munitions. C’est une masse considérable. » Selon les spécialistes français du déminage, interrogés par une commission sur le déminage (présidée par Jacques Larché, sénateur), 1/4 du milliard d'obus tirés pendant la Première Guerre mondiale et 1/10ème des obus tirés durant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas explosé pendant ces conflits. Si la Seconde Guerre mondiale n’a épargné aucun territoire, les cas des munitions et des épaves immergées touchent différemment les espaces côtiers, mers et océans. À cela s’ajoute la difficulté de leur localisation car au gré des courants, des tempêtes et des fortes marées, les munitions se déplacent. Certains dépôts ont été pour partie dispersés par des tsunamis et par les chaluts de pêche. Images - Bombes et bombardier de la 2ème Guerre mondiale - Cookie de la Royal Air Force pendant la 2ème Guerre mondiale - Obus en mer du Nord
  • 7. Historique : quelques exemples Au début des années 1920, des stocks gigantesques de gaz moutarde dont les armées ne savaient plus que faire ont été immergés. Environ 100 000 projectiles incendiaires et près de deux- cents Cookies auraient été largués par une flotte de bombardiers 138 Lancaster de la Royal Air Force, le 15 décembre 1944 en Manche, du fait que le projet d'attaque de Siegen (à l'est de Cologne) a été annulé pour cause de brouillard. Une dizaine de navires remplis de munitions ont été immer- gés sur la façade Atlantique, notamment au large de La Hague et dans l’estuaire de la Seine. Dans le nord de la Gascogne, douze cargos chargés de munitions toxiques ont été sabordés entre 1946 et 1949. Dans le golfe de Gascogne,100.000 grenades et autres munitions et 810 tonnes de munitions "à problèmes" ont été immergées entre 1954 et 1972. Au large de Saint-Raphaël, des bombes au gaz moutarde et à l'arsenic ont été immergées par l'US Navy en 1946. Images : - Rejet en mer de munitions - Rejet en mer d’armes chimiques - Bombes à l’ypérite laissant échapper du gaz à Knokke-Heist, en Belgique. « Il y a du gaz dans l’eau ! » disent à ce sujet les Belges qui ne manquent jamais d’humour…
  • 8. Historique : quelques exemples Les fonds marins du détroit de Skagerrak entre la Norvège, la Suède et le Danemark sont parmi les plus pollués suite à l’opération militaire américano-britannique dite Davy Jones' Locker réalisée en 1946-1948, qui a consisté en l'immersion sauvage de dizaines de milliers de tonnes de stocks d'armes chimiques allemandes. La fosse de Beaufort (ou Beaufort's Dyke) est une fosse marine ente les îles d'Irlande du Nord et l'Écosse, profonde selon les endroits de 200 à 300 m. Elle est l'un des plus grands sites sous-marins ayant été utilisés en Europe comme décharge pour des munitions (conven- tionnelles et chimiques) « excédentaires » et matériels de guerre (dizaines de sous-marins U-Boot allemands notamment). Elle a aussi reçu des déchets radioactifs. Images : - Les U-Boote (abréviation et pluriel de Unterseeboot) sont les sous-marins allemands des deux Guerres mondiales, le plus souvent des sous-marins d'attaque conventionnels. Ils sont célèbres, entre autres, pour leurs campagnes d'attaques de convois de ravitaillement partant des États-Unis et du Canada pour l'Europe. Sur les 375 U-Boote opérant durant la Première Guerre mondiale, 274 U-Boote ont coulé 6 394 navires marchands et une centaine de navires de guerre. - Sur la photo du bas, 52 des U-Boote de la flotte atlantique de la Kriegsmarine allemande, amarrés à Lisahally (Irlande du Nord) en juin 1945 après la reddition de la flotte aux Alliés. Presque tous seront sabordés par les Alliés dans la fosse de Beaufort
  • 9. 1997 : fin des immersions de munitions en France Malgré les interdictions par les différentes conventions inter- nationales, la technique de l’immersion fut pratiquée par la France jusqu’au 30 avril 1997, jour de l’incident mortel sur le navire La Fidèle. Ce navire de la Marine Nationale avait pour mission d’immerger 1 450 grenades conventionnelles au large de Cherbourg. Les circons- tances exactes restent floues, mais des grenades ont explosé avant d’être immergées, causant la mort de 5 personnes et faisant un total de 17 blessés. L’État fut reconnu responsable de cette catastrophe pour ‘faute inexcusable’ et fut condamné en novembre 2013 par le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Coutances (Manche) à indemniser les victimes et leur famille à hauteur de 1,5 million d’euros. Images : - Le navire La Fidèle de la Marine nationale - La stèle en hommage aux victimes, située sous le phare de Fermanville (Cotentin)
  • 10. Où sont situées les munitions ? 148 décharges ont été recensées par la convention OSPAR (Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est) dans le nord de l’océan Atlantique. Il y aurait 62 décharges dans l’aire maritime fran- çaise. Selon la Convention OSPAR, il y aurait 40.000 tonnes d'armes immergées en mer Baltique, 300.000 tonnes en mer du Nord. Concernant les côtes françaises, bien que les esti- mations soient compliquées et les localisations précises non communiquées par les pouvoirs publics, « c’est sans doute du même ordre de grandeur pour la façade atlan- tique et en Méditerranée », estime Charlotte Nithart de l’association ‘Robin des Bois’. Images : - Carte publiée par Nord Littoral - La carte du Service hydrographique et océanique de la Marine (Shom) recense les nombreuses épaves le long du littoral français (ainsi que les roches sous-marines et les obstructions).
  • 11. Des informations qu’il faut "pêcher" et croiser L’inventaire précis des décharges et épaves potentiellement dangereuses dans les eaux françaises n’existe pas. C’est au citoyen ou à l’organisation qui cherche l’information de croiser les sources. Depuis 2010, le ‘Service historique de la Défense’ du ministère des Armées’ recense peu à peu les épaves et transmet ses informations au SHOM (‘Service hydrographique et océanique de la Marine’) qui publie une carte des épaves, uniquement celles dangereuses pour la navigation. La Marine nationale les évalue à 4 000. Interrogé sur le sujet, l’Ifremer (‘Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer’) préfère renvoyer aux cartes réalisées dans le cadre de la directive-cadre ‘Stratégie pour le milieu marin’ de l’UE. Sollicité, le Cedre (‘Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux’) répond ne pas être prêt à aborder le sujet de la cartographie des épaves pollu- antes, qu’il serait actuellement en train d’étudier. La commission Ospar pour la conservation de l’Atlantique Nord- Est – qui n’a pas non plus répondu à ces questions – édite une carte des sites d’immersions connus d’armes et munitions. À l’échelle internationale, l’Environmental Research Consulting (ERC) a créé une base de données internationale des épaves marines.
  • 12. Où sont situées les munitions en mer ? Carte établie d’après un document de l’Ospar
  • 13. Où sont situées les munitions en mer ? Images : - à gauche : Carte des décharges sous-marines de munitions issue de l’Atlas de la France toxique, réalisé par l’association ‘Robin des Bois’ en 2016 (éd. Arthaud) - ci-dessus : Carte publiée par le quotidien Paris Normandie
  • 14. Où sont situées les munitions en mer ? En France, la neutralisation des engins explosifs immergés sur le domaine maritime (jusqu'à la laisse de haute mer) est de la compétence de la Marine nationale. Ainsi, chaque année et depuis la fin de la 2e Guerre Mondiale, les plongeurs démineurs neutralisent près de 2 000 engins, trouvés en mer par les pêcheurs ou sur les plages par les promeneurs. Au large de Knokke et Zeebrugge, une décharge marine recèle 35 000 tonnes d'armes chimiques. Des mines de la 2ème Guerre mondiale reposent dans le lagon de Nouméa en Nouvelle Calédonie. Dans des zones appréciées des pêcheurs, la Norvège cherche encore à localiser ou évaluer l'état de 15 voire 36 épaves de navires coulées en mer après avoir été chargés de plus de 168 000 tonnes de munitions de l'armée allemande, etc. Images du bas : Les sciences de la connaissance des milieux et des fonds marins : bathymétrie (science de la mesure des profondeurs et du relief de l'océan), cartographie, courantologie, géophysique, sédimentologie, etc.
  • 15. Les rejets de munitions dans les lacs De nombreux rejets ont été effectués dans les lacs, particuliè- rement le lac Léman, mais aussi en France le lac de Gérardmer, le gouffre de Jardel, en Suisse le lac de Thoune, de Neufchatel, de Brienz, des Quatre Cantons, de Walensee, d’Alpnach, de Greifen- see. En Suisse, plus de 10.000 tonnes de munitions et de restes de munitions au total ont été immergées par l'armée. Des lacs d'altitude sont aussi concernés, tel le lago della Piazza au col du Saint-Gothard à 2 091 m d'altitude, en Suisse. Dans le lac de Thoune, les analyses n'ont pas détecté de fuites à partir des munitions, mais un taux élevé d'anomalies congénitales est noté chez les poissons. Images : - Rejet de grenades dans le lac Léman. - Rejet de munitions dans le lac de Thoune, aux environs de 1948. Il s'agit probablement de l'élimination du stock de Mitholz : la moitié des 7 000 tonnes de munitions stockées à l’intérieur de la falaise surplombant le village explose en 1947. Les caisses de munitions sont acheminées par camion depuis les dépôts aux abords des lacs, puis embarquées dans des bateaux, avant d'être jetées à l'eau.
  • 16. Les rejets de munitions dans les lacs « La Suisse n’a de maritime que les sièges et les banques des gros armateurs, et elle a été dans l’incapacité d’aller jeter en mer ses munitions périmées, loupées, accidentées et compro- mettantes. Les corégones du lac de Thoune en subissent les effets dans leur intimité. À force de manger du zooplancton toxique, leurs organes sexuels sont modifiés. Au début des années 1970, Hispano-Suiza, aujourd’hui filiale de Safran Transmission Systems, a largué dans le Léman, en face de Genève, des centaines d’obus à canon, de têtes de missile de défense antiaérienne, de projectiles durcis pour percer le blindage des tanks mis au rebut. » Olivier Saint-Hilaire, doctorant à l’EHESS, Charlie-Hebdo, 23.11.2022) Images : - Obus au fond du lac de Neufchâtel - La Fédération bernoise de la pêche affirmait en mars 2004 que 70% des poissons du lac de Thoune (ici un corégone) présentent des difformités. - Ouvrage Les immersions de munitions dans les lacs suisse et français (1919- aujourd’hui), de l’oubli à un statu quo évolutif, Élodie Charrière, éd. Peter Lang, Bruxelles, 2023
  • 17. Les menaces La présence de ces munitions en milieu aqueux fait peser une menace importante sur la vie des marins, l’environnement, l’économie, la santé publique, la sécurité civile, les activités maritimes. Concernant la vie des marins et les écosystèmes, les risques que présentent les munitions immergées sont de deux types : le risque d’explosion et le risque de libération d’un produit toxique. 1) Le risque d’explosion Un premier risque, direct, est celui de mort ou blessure à la suite de l'explosion spontanée ou accidentellement provoquée d'une munition. Ainsi en 2005, trois pêcheurs ont été tués dans la partie méridio- nale de la mer du Nord par l’explosion, sur leur bateau de pêche, d’une bombe datant de la Seconde Guerre mondiale et prise dans leurs filets. Images : - Bombe prise dans un filet et ramenée au port de Boulogne - Obus de 200 kg, potentiellement instable, pêché dans un filet, au large de la pointe Saint-Gildas
  • 18. Les risques pour la santé et pour l’environnement L’ypérite (gaz moutarde), sous forme d'amas visqueux dans les filets de pêche, est très dangereuse pour les mains, les yeux et les poumons des pêcheurs. Au Danemark, au fil des années, près de 400 pêcheurs de l’île de Bornholm ont été grièvement brûlés par des produits chimiques rapportés dans leurs chaluts. Plus de 600 accidents par brûlures ont été relevés en 50 ans dans la Mer baltique. À Bari, en Italie, les armements chimiques ont provoqué 232 accidents et lésions cutanées depuis 1945. Si les autres agents chimiques, dont les neurotoxiques, s’hydro- lysent en contact avec l’eau, l’ypérite, insoluble dans l’eau, n’est pas inactivée et provoque des blessures près d’un siècle après son immer- sion. Image du bas : Timbre alertant sur les conséquences des immersions de munitions et de déchets pour les Îles Féroé qui dépendent beaucoup de la pêche, et où les enfants sont victimes d'une nourriture polluée par le mercure.
  • 19. 2) Le risque de libération d’un produit toxique dans l’eau Pour l’ONG Sea Shepherd, mais aussi pour Greenpeace, pour ‘l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine’ en Allemagne, pour ‘l’Institut océanographique de Monaco’, pour ‘l’Institut fédéral océanographique Zoubov’ à Moscou et nombre d’océanologues, pour l’ONG ‘IDUM’, les munitions immergées sont « une véritable bombe à retardement. » Il faut environ 80 ans à 100 ans pour qu'une munition commence à fuir. La corrosion des munitions provoque la fuite de produits toxiques différés dans le temps et l'espace, fuite encore mal évaluée car la situation est nouvelle dans l’histoire environne- mentale et en raison du manque d’informations précises données par les autorités publiques. Images : - L’'Institut Alfred-Wegener pour la recherche polaire et marine’ (Alfred-Wegener-Institut, Helmholtz-Zentrum für Polar- und Meeresforschung ) est un institut scientifique fondé en 1980, portant le nom du météorologue et climatologue Alfred Wegener (1880-1930). Outre son site principal à Bremerhaven, dans le nord de l'Allemagne, il a des stations de recherche en Arctique et en Antarctique, et dispose d'un navire de recherche. - ‘L’Institut océanographique de Monaco’
  • 20. La menace sur les écosystèmes La corrosion de ces munitions libère dans l’eau des substances toxiques comme le plomb, le mercure, des nitra- tes, du phosphore, etc. Ces substances peuvent empoisonner ou contaminer des animaux (plancton, poissons, coraux, coquillages, crustacés) consommés par d’autres animaux prédateurs, par les animaux d'élevage (sous forme de farines et huiles de poissons) et au final par les êtres humains. Les différences de température, d’oxygénation, d’acidité, de salinité, de taux de sédimentation font de chaque cas d'im- mersion une situation particulière. Les munitions en mer du Nord et en mer Baltique sont les plus problématiques car elles sont immergées à faible profondeur. Les experts estiment que l’écoulement des substances contenues dans un sixième seulement des 50 000 tonnes de munitions bouleverserait l’habitat en mer Baltique pendant une durée d’un siècle. Images : - La chaîne alimentaire marine - Produits chimiques ingérés par le plancton et décelés par une caméra spéciale
  • 21. La menace sur les écosystèmes Des études récentes (Mer baltique, Belgique) et de nombreux indices laissent penser que le plomb, le mercure et les gaz ou liquides toxiques ainsi que les explosifs des munitions de 1914 (ou ultérieures), et le nitrate (propulsif) ou le phosphore et les métaux qui constituent les enveloppes, douilles ou chemisages des munitions immergées pourraient significativement affecter les écosystèmes terrestres et aquatiques, notre alimentation et notre santé. Ces toxiques pourraient aussi contribuer aux grands phénomènes de dystrophisation et de zones mortes (marine dead zones) identifiées par l'ONU. Images : - Munitions provenant du dépôt sous-marin sur le banc de sable de Paardenmarkt, au large de Zeebrugge, estimé à 35 000 tonnes (Belgique) - Munitions au large de St Tropez (Méditerranée) - Homards au milieu des obus
  • 22. Les risques pour la faune marine Dans le cadre du projet CHEMSEA financé par l'Union européenne, le Thünen Institute d'écologie des pêches, en colla- boration avec les partenaires du projet, a mené des études sur les effets des agents de guerre chimiques déversés sur l'état de santé des poissons de la mer Baltique. Les morues provenant de la principale décharge de munitions chimiques et d'agents de guerre chimique à l'est de l'île de Bornholm présentaient un état de santé plus mauvais et des valeurs de condition physique réduites par rapport aux poissons provenant de zones de référence non touchées dans l'ouest et l'est de la mer Baltique. Image du bas : Le congre recherche instinctivement des vides tubulaires horizon- taux. Il risque donc plus que d'autres espèces de pénétrer des douilles corrodées (de torpilles, bombes ou d'obus à demi vidés de leur contenu) ou de s'introduire dans les interstices de piles de munitions. Là, il peut être en contact avec des toxiques fuyants de munitions corrodées. Une étude de 2012 a montré que des congres européens vivant près d'un dépôt de munitions immergées contenaient plus de mercure et d'arse- nic qu'ailleurs et qu'ils présentaient parfois de graves lésions cutanées.
  • 23. Les épaves des navires et sous-marins Les navires et sous-marins en eux-mêmes peuvent être équipés d’appareils électriques, batteries, amiante, peintures et linoléums toxiques. « Ces navires sont métalliques, rappelle Charlotte Nithart, de ‘Robin des Bois’. Sachant que la vitesse de corrosion est en moyenne d’un millimètre par an, on arrive à un stade critique où les épaves risquent de laisser échapper ce qu’elles contiennent encore. » On pourrait croire que les épaves qui gisent à de grandes pro- fondeurs peu oxygénées seraient davantage épargnées. C’est sans compter la présence dans ces endroits de la bactérie halomonas titanicae « qui mange le métal », indique Michel L’Hour. Et « les bateaux de guerre utilisaient souvent un carburant pire que le mazout, à base de résidus de charbon », ajoute Jean-Paul Hennequin, président de l’association ‘Mor Glaz’ engagée dans la défense de la mer. Images : - Épave du cuirassé allemand Thüringen - Épave du porte-avions états-unien USS Lexington - Logo de l’association Mor Glaz, basée à Landerneau
  • 24. Les épaves des navires et sous-marins Certes, il est hors de question de remonter les épaves de navires et sous-marins gisant au fond des mers, d’autant qu’elles sont des supports et des refuges pour la flore et la faune marine, au point qu’on crée maintenant aussi des récifs artificiels. Mais, dans bien des cas, il est nécessaire de faire, en plon- gée sous-marine ou avec des robots, des diagnostics des épaves et de s’occuper des plus polluantes (pétroliers, cargos chargés de produits chimiques, sous-marins à propulsion atomique ou porteurs de missiles, etc.) Images : - Épaves du porte-avions USS Saratoga et du sous-marin français Méduse - Poissons et tortue abrités dans des épaves - Récif artificiel
  • 25. Activités maritimes potentiellement impactées Les produits chimiques libérés par les munitions sous-marines modifient l'acidité et la température de l'eau de mer, déstabilisant les écosystèmes. Ils provoquent également des cancers chez de nombreuses espèces, et des restes de munitions ont même été retrouvés dans les tissus des poissons. Les experts craignent que la consommation de poissons pêchés à proximité des sites d'immersion n'entraîne une accumulation de substances cancérigènes chez l'homme. Les activités maritimes sont en constante augmentation et risquent, elles aussi, d’être impactées par le risque de contact direct ou d’accélération de la corrosion par modification des courants, notamment dans la Manche. Les activités concernées sont notamment, outre la pêche, - la pose de câbles (électriques, téléphoniques, fibres optiques, etc.), - la construction d’oléoducs, gazoducs, - la pose d’éoliennes offshore, d’hydroliennes, - la prospection ou exploitation minière, pétrolière, etc. Images : 1- Pêche au chalut. 2- Câbles sous-marins. 3- Éoliennes offshores. 4- Nodules polymétalliques (concrétions minérales reposant sur le lit océanique. Ils sont formés de cercles concen- triques d’hydroxydes de fer et de manganèse autour d’un noyau. Ils sont aujourd’hui étudiés et recherchés pour leur richesse en manganèse, cobalt, nickel et cuivre.
  • 26. Le manque d’informations sur les dangers Le caractère dangereux des munitions (chimiques en particulier) n'encourage pas les États à une diffusion d'informations trop précises sur les stocks immergés ou enfouis. Mais l'information est restée longtemps si confidentielle qu'elle semble parfois avoir été oubliée par les responsables de la sécurité civile et publique, ce qui engendre d'autres risques. En Europe, le secret a longtemps concerné les décharges marines de munitions. Le public anglais n’a appris qu’en 2005 que la fosse de Beaufort contenait environ 1,6 million de tonnes de navires, sous-marins et munitions engloutis là durant plus de 40 ans. Concernant la France qui semble être l'un des pays plus touchés au monde par les immersions de munitions, ce n’est qu’en 2005 qu'une première carte officielle, peu précise et sans données quantitatives, a été publiée (avec 5 ans de retard, car ces cartes devaient être publiées avant l'an 2000, en application de la convention de Londres et confor- mément aux engagements des pays membres de la commission OSPAR). Image : Les singes de la sagesse sont un symbole d'origine est-asiatique constitué de trois singes, qui forment une sorte de maxime picturale : Ne pas voir le mal, ne pas entendre le mal, ne pas dire le mal
  • 27. Le "secret défense" en France La France oppose le "secret défense" pour tout ce qui concerne le déversement des armes et munitions en mer. L'État ne répond pas aux sollicitations des associations de protection de l’environnement, comme ‘Robin des Bois’, ‘Sea Shepherd’, aux enquêteurs comme ceux de ‘Actu.fr’, etc. Olivier Lepick, expert en armes chimiques à la ‘Fondation pour la Recherche Stratégique’ (FRS), explique que les autorités militaires sont gênées par l’image que donnent les armées à la suite de ces pratiques scandaleuses du passé, et surtout parce que le problème n’aurait pas de solution ! Un article du Code du patrimoine interdit par ailleurs la consul- tation "d’archives publiques dont la communication est susceptible d’entraîner la diffusion d’informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques". Concernant le risque chimique, seul le dépôt belge de Zeebrugge, qui semble effectivement le plus directement dangereux près du Pas de Calais, est clairement délimité sur les cartes marines récentes.
  • 28. Des alertes restées vaines Chargé de recenser et protéger le patrimoine culturel sous- marin, Michel L’Hour, ex-directeur du ‘Département des recherches archéologiques, subaquatiques et sous-marines’ (DRASSM) du ministère de la Culture ne compte plus les alertes lancées à diffé- rents ministères sur la dangerosité de certaines épaves : « On arrive à un stade critique où les épaves risquent de laisser échapper ce qu’elles contiennent encore. (…) D’un point de vue environnemental et sanitaire, personne ne s’y intéressait. Pourtant, ce cadeau caché de l’humanité à ses successeurs finira un jour par s’ouvrir. À partir des années 1980, on a proposé de collaborer à la réalisation d’un inventaire. On n’a jamais été missionnés pour. » Image : Michel L'Hour, né en 1954, archéologue sous-marin. Docteur en archéologie, Conservateur général du patrimoine et membre de l'Académie de Marine, membre du Conseil scientifique et technique (STAB) de l'Unesco. Au début des années 2010, il lance un programme de développement de robots sous-marins pour l'archéologie des abysses
  • 29. « Cela ne relève pas du secret défense ». L’ information sur les lieux de dépôt des armes chimiques de la guerre de 1914-18, « ne met pas en péril de défense nationale fran- çaise. Certains ne veulent pas trop révéler les pratiques passées, car ils craignent une responsabilité de l’État en cas d’éventuels procès et dom- mages en matière d’environnement, mais cela ne relève pas du secret défense. » Charles de Courson, député de la Marne « En France, les experts savent beaucoup de choses, mais ils opposent un refus aux demandes d’information. » Olivier Lepick, chercheur associé à la FRS. Images : - Charles de Courson, né en 1952, diplômé de l’Essec et de l’ENA, ex-magistrat à la ‘Cour des comptes’, député centriste de la Marne. Défenseur viscéral des libertés fondamentales et des prérogatives du Parlement, cet inclassable est réputé pour son intégrité morale. - Olivier Lepick , né en 1968, historien militaire, spécialiste des armes chimiques et biologiques, a consacré sa thèse de doctorat aux aspects stratégiques, tactiques, scientifiques et industriels de la guerre chimique pendant la Première Guerre mondiale. Après avoir été chargé de recherches au ‘Centre de recherches et d'études sur les stratégies et les technologies’ de l’École polytechnique (Palaiseau) entre 1992 et 1997, il est chercheur associé à la ‘Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) depuis 1997.
  • 30. « Personne n’a voulu répondre à mes questions ». Nicolas Koutsikas est un des réalisateurs du documentaire Armes chimiques sous la mer (2013), vaste enquête menée sur trois ans à l'échelle mondiale. Selon lui, la France se fait surtout remarquer par son refus de collaborer : « Elle est le seul pays où je me suis trouvé face à un mur. Parmi les États concernés, c’est aussi l’un des seuls qui soit absent de ce documentaire. Personne n’a voulu répondre à mes questions. » « Gianluca Di Feo avait découvert, grâce à des archives de Winston Churchill, que l’arsenal chimique de Mussolini était enterré à des points précis, sous terre et au fond des mers. Mais à l’époque, je pensais que c’était un problème local, peut-être même exagéré. Jusqu’à ce que je comprenne que le phénomène était mondial. (…) Et si des interventions spécifiques sont bien prévues quand certains types de munition échouent sur le rivage ou représentent un danger, les militaires n’envisagent en aucun cas de se lancer dans un travail de déminage de grande ampleur. (…) Images - Nicolas Koutsikas, auteur, scénariste et réalisateur français d’origine grecque. - Son documentaire Armes chimiques sous la mer (2013) réalisé avec Eric Nadler et Bob Coen et diffusé sur Arte le 25 février 2014
  • 31. Une véritable omerta En octobre 2020, la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne estime dans un courrier à Damien Carême « que l’état de conservation des stocks connus est globalement moins dégradé que ce que l’on pouvait craindre », selon l’avis « d’experts ». Elle affirme, devant le Sénat, que la France étudie « la mise en place de travaux interministériels sur plusieurs années, visant d’une part, à disposer d’une cartographie précise des zones concernées et de la nature des munitions immergées et d’autre part, à recueillir des informations scientifiques fiables ». Ce même ministère n’a jamais répondu aux questions des ONG environnementales. Pour son enquête, Mediapart interroge Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, mais celui-ci n’a « pas d’élé- ments particuliers à nous communiquer ». Mediapart contacte également l’ancien Premier ministre et élu de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, et l’ancien ministre de la Défense et actuel président de la Région Normandie, Hervé Morin. Les deux hommes ne donnent pas suite aux appels téléphoniques.
  • 32. Des propositions restées sans suite « Le sujet n’est pas de savoir ce qu’il y a dans ces armes, où elles ont été fabriquées ; ça, je veux bien admettre que ça soit couvert par le secret-défense, mais savoir quel est le degré de pollution chimique dans la mer à proximité de ces armes me paraît quelque chose qui devrait rentrer dans l’information du public. » Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’Environnement. Un début d’espoir de transparence nait en 2009, après le ‘Grenelle de la mer’ initié par Jean-Louis Borloo en 2008. Dans le Livre bleu définis- sant la "stratégie nationale pour la mer et les océans", il est ajouté la pro- position "Consolider l’inventaire des décharges sous-marines de munitions chimiques et de déchets nucléaires, en apprécier la dangerosité et établir des priorités pour réaliser des analyses sur la faune et la flore sédentaires et les sédiments". « Même ça, c’est resté lettre morte, il n’y a pas plus d’informations sur ces sites, en tout cas venant de la France » Charlotte Nithart, directrice de ‘Robin des Bois’. Images - Corinne Lepage, née en 1951, avocate, ancienne ministre de l’Environnement. - Charlotte Nithart, directrice de ‘Robin des Bois’.
  • 33. Les questions de Damien Carême Suite aux questions posées par le député européen et ex-maire de Grande-Synthe Damien Carême*, le Commissaire européen Vella recon- nait l’existence de munitions chimiques et des munitions non explosées immergées en mer Baltique et en mer du Nord et rappelle que dans le cadre du plan d’action révisé de la stratégie pour la sécurité maritime de l’UE (PA-SSMUE), les États membres se sont engagés à en optimiser leur évacuation et leur élimination. La Ministre française des Armées, Florence Parly, réoriente Da- mien Carême vers sa consœur de la Transition écologique et solidaire, alors même que c’est la Marine nationale, rattachée au Ministère des Armées, qui est en charge de la détection et de la destruction des muni- tions immergées. La Ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, met près d’un an à répondre au courrier de Damien Carême. Si elle reconnait la présence de munitions en Mer du Nord, elle nie la présence d’armes chimiques dans les eaux territoriales françaises.* Aucune des actions suggérées par Élisabeth Borne dans son courrier de juin 2020 ne semble avoir été mise en œuvre : pas de cartographie plus précise disponible, pas d’information scientifique fiable, et un gouvernement qui ne répond pas aux journalistes. *alors que l’association ‘Robin des Bois’, dans son Atlas de la France toxique publié en 2016, recense, elle, au moins 6 sites d’immersion d’armes chimiques. Images : Damien Carême, Florence Parly, Élisabeth Borne
  • 34. Chercher, récupérer, traiter les munitions L’omerta est aussi très pesante chez les pêcheurs qui préfèrent rejeter les munitions prises dans leurs filets pour éviter les tracas adminis- tratifs. (…) Et même lorsque le secret défense sera levé, que l’on pourra enfin faire l’inventaire des décharges et lancer des recherches sur leur nocivité, il faudra selon moi des années, voire des décennies, pour trouver des solutions. D’autant que l’on ne connaît rien encore de l’arsenal chimique russe, au moins tout aussi important que celui des États-Unis… » Interview de Nicolas Koutsikas du 5 février 2014 Le Danemark indemnise les pêcheurs qui remontent du gaz moutarde dans leurs filets et donne une prime par munition ramenée. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont levé le secret-défense sur ce dossier après 2017. Le Japon dépense des millions de yens pour récupérer ces armes et les détruire. Dans le port de Kanda, où elles sont immergées à faible profondeur, le plus grand projet de nettoyage d'armes chimiques au monde est en cours. Images : - Le bateau du ‘Centre de recherches sous-marines’ (CERES) destiné à renflouer des épaves, mener des expertises maritimes et sous-marines, ou encore rechercher des explosifs. - 300 obus sont extraits en Méditerranée de la mythique épave de l'Alice Robert, cargo bananier réquisitionné par les Allemands et torpillé pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • 35. Programme pour la Mer baltique En sept. 2020 est organisée la première conférence ‘Notre Baltique’. Les ministres concernés des États membres de l'UE riverains de la mer Baltique* prennent des engagements communs visant à éliminer et à manipuler en toute sécurité les munitions immergées et affectent des crédits à cette fin. La 2ème conférence ‘Our Baltic’ a lieu à Palanga (Lituanie) en sept. 2023. Des analyses effectuées par le Geomar Helmholtz-Zentrum für Ozeanforschung à Kiel ont révélé la présence de substances nocives dans les échantillons d'eau. Le chantier naval German Naval Yards de Kiel, en collaboration avec l'entreprise Rheinmetall Project Solutions GmbH (Düsseldorf) et un autre partenaire du secteur offshore, se porte candidat à la construction d'une plateforme d'élimination des munitions. * Allemagne, Danemark, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et Suède. Images : - Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen chargé de l'environnement, des océans et de la pêche, initiateur de la conférence Our Baltic - Bateau Oceania affecté au projet MODUM de surveillance des munitions immergées. Selon les estimations, 1,6 million de tonnes de munitions conventionnelles et 220 000 tonnes de munitions chimiques gisent au fond des côtes allemandes de la mer du Nord et de la Baltique.
  • 36. Un début de mobilisation internationale Terrance Long, fondateur de International Dialogues on Underwater Munitions (IDUM, ‘Dialogues internationaux sur les munitions immergées’), affirme qu'une plus grande sensibilisation du public est nécessaire pour inciter les gouvernements à agir. « Le TNT contenu dans les munitions, dit-il, peut brûler et blanchir les coraux et créer un afflux de nutriments qui provoquent la prolifération d'algues nuisibles. Le gaz moutarde se décompose en arsenic inorganique qui se répand sur les fonds marins, tuant tout sur son passage. Les produits chimiques affectent également la photosynthèse du plancton et le taux d'éclosion des œufs de crustacés. » Le travail de IDUM est reconnu par l’ONU et par ‘l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques’ (OIAC ou Organisation for the Prohibi- tion of Chemical Weapons, OPCW). L'ONU a identifié ce travail dans la ‘Résolution des Nations Unies sur les munitions immergées en mer’ de 2014, et dans le rapport du Secrétaire général de 2013 intitulé ‘Mesures coopératives sur les munitions chimiques immergées en mer’. En 2014, le rapport de l'OIAC intitulé ‘Troisième Conférence d'examen des États parties’ affirme la nécessité d'une coopération internationale sur les munitions immergées. Photo : Terrance P. Long, ingénieur militaire canadien retraité après plus de 30 ans d'expérience dans le domaine des explosifs et du déminage dans le monde entier, désireux de contribuer à la sauvegarde des écosystèmes marins, fondateur de IDUM.
  • 37. Que faire ? L’ONG ‘IDUM’ a quatre grands objectifs au niveau mondial : - faire adopter un traité mondial contraignant, sur toutes les classes d'armes immergées (biologiques, chimiques, conventionnelles et radioactives) ; - développer une base de données mondiale répertoriant tous sites connus d’immersion d’armes conventionnelles et chimiques - être un dépositaire d'informations sur ces sujets ; - tarir par des mesures préventives les sources diverses de pollution des mers et océans. Pour l’association lyonnaise ‘Odysseus 3.1’, quatre mesures sont à mettre en œuvre : - lever le ‘secret défense’, - établir une cartographie précise des lieux de rejet ou d’immersion, - ouvrir des centres de traitement à terre, - sortir les munitions de l’eau et les traiter. Certains experts estiment que sortir de la mer ces armements chimiques en voie de décomposition serait plus dangereux que de les laisser sous mer. Quoi qu’il en soit, une décision est à prendre au cas par cas par les experts et les politiques. Image du bas : Armes chimiques anciennes en attente de traitement
  • 38. Mesures de prévention des risques Toute nouvelle immersion de munitions en mer est interdite depuis l’entrée en vigueur en 1975 de la Convention de Londres de 1972 sur la prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion des déchets, complété par un ‘Protocole de 1996’ qui interdit spécifiquement toute immersion de munitions. La Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est, dite Convention OSPAR* et le Conseil de l’Europe ont alerté et exprimé leur inquiétude sur l’absence de cartographie fiable, l’insuffisance de surveillance et de récupérations des munitions et matières polluantes dans les épaves. Le compte-rendu des rencontres politiques dites ‘Grenelle de l’envi- ronnement’ en 2007 relevait aussi des initiatives en ce sens : “consolider l’inventaire des décharges sous-marines de munitions chimiques et de déchets nucléaires, en apprécier la dangerosité et établir des priorités pour réaliser des analyses sur la faune et la flore sédentaire et les sédiments.” * La Convention OSPAR (OSPAR pour ‘Oslo-Paris’), entrée en vigueur le 25 mars 1998, remplace les Conventions d'Oslo (1972) et de Paris (1974) Images sans légende : - Logo du programme de l‘UE - Réunion de la convention Ospar (en bas à droite)
  • 39. Le "pétardement" Le "pétardage" ou "pétardement" consiste à faire exploser des obus (trouvés dans les champs, en forêt ou dans les chaluts de bateaux de pêche) ou des mines. Les munitions chimiques sont souvent mélangées avec des munitions conventionnelles pour être détruites le plus complè- tement possible*. Inconvénients : le pétardage ne permet pas 1) la récupération ni le traitement de composants toxiques comme le mercure des amorces, le plomb ou l'arsenic que contiennent en grande quantité certaines muni- tions, 2) ni la récupération des métaux. Le pétardement en mer, interdit en mer par la convention de Londres (1972), est encore largement pratiqué, notamment par la France et par l’OTAN. * Le pétardement en baie de Somme était préparé à marée basse et se faisait à marée haute. Michel Sapin, alors directeur de la Défense et de la Sécurité civile, interrogé sur cette pratique par Gérard Larcher, Président du Sénat, s’est illustré en répondant : « À part quelques poissons qui auraient pu se plaindre, le pétardement en mer n’a jamais posé problème ». Images : - Mines marine - Pétardements par la Marine nationale
  • 40. La détection et l’élimination des munitions Une destruction sûre ou un inertage sécurisé et respectueux de l'environnement n'est prévu que pour moins de 1% des stocks immergés connus, en Allemagne, Belgique et France, en Fédé- ration de Russie et peut-être bientôt aussi en Chine. La Marine nationale agit au quotidien pour sécuriser le littoral français et les fonds marins. Tous ses moyens de lutte contre les mines (bâtiments dédiés tels que les chasseurs de mines tripartites* et les groupes de plongeurs démineurs) mènent régulièrement des opérations visant à détecter, neutraliser ou détruire des munitions non explosées en mer ou sur les plages françaises. En Manche et mer du Nord en 2021, l’action conjointe du groupe des plongeurs démineurs et des chasseurs de mines tripartites de la Marine nationale a permis de détruire 420 engins historiques (en mer et sur l’estran), ce qui a représenté 11 468 kg équivalent TNT. En 56 ans, 617 démineurs sont morts en service en France. * Le type Tripartite, ou en France la classe Eridan, est une série de 35 chasseurs de mines conçue selon un projet commun aux marines belge, française et néerlandaise. Images : - Plongeur de la Marine nationale; - Drône sous-marin : exploration, opérations télécommandées depuis un bateau en surface ; - Robot sous-marin Victor de l’Ifremer ; - Robot qui évolue sous l'eau et scrute le plancher marin par la technologie des sonars.
  • 41. La recherche et l’action La récupération de munitions et de mines est dangereuse. Il importe de développer des technologies nouvelles limitant la proximité entre les personnes et les opérations. Le ‘Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes’ (CREM) de l'OTAN a mis en place un site laboratoire et banc d'essai sous-marin au Centre de recherche sous-marine du SACLANT* à La Spezia en Italie, permettant de travailler sur les munitions non- explorées immergées. Il dispose de 2 navires militaires transformés en navires de recherche. En août 2022, le Standing NATO Mine Countermeasures Group 1 (SNMCMG 1), ‘Groupe permanent n° 1 de l’OTAN pour la lutte contre les mines’, a conduit une opération de traitement de 13 mines et bombes des deux Guerres mondiales . * SACLANT est l'acronyme de Commandement allié Atlantique Images : - ‘Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes’ (CREM) de l'OTAN à La Spezia (Italie) - Emblème du SACLANT - Emblème du SNMCMG1 - Explosion d’une bombe provoquée par les opérateurs de l’OTAN le long des côtes normandes, au large de Dieppe.
  • 42. Les progrès de la technologie marine Ingénieurs, scientifiques, décideurs politiques et financiers se réunissent enfin pour identifier les meilleurs moyens de détruire les armes en toute sécurité. Les progrès de la technologie marine, y compris l'utilisation de l'intelligence artificielle, facilitent la détection et la cartographie des munitions sous-marines. Certaines munitions sont désarmées à l'aide de jets d'eau avant d'être retirées des fonds marins, tandis que d'autres sont récupérées pour être détonées ou incinérées à terre. « Nous avons mis au point une technologie qui prouve qu'il est possible de dépolluer les fonds marins. Les munitions sont visibles et tangibles et peuvent être enlevées », déclare Claus Böttcher, consultant indépendant pour ‘JPI Oceans’. Comme Terrance Long, fondateur de l’ONG ‘IDUM’, il estime que les armes conventionnelles et chimiques doivent être traitées avec le même degré de priorité.
  • 43. Le projet DAIMON de l’Union européenne En parallèle des programmes développés par l’OTAN, l’Union euro- péenne a promu de son côté en 2016 le projet DAIMON toujours en vigueur aujourd’hui. Grâce à un dispositif développé, les chercheurs et scientifiques ont pu cartographier le risque en fonction du type de muni- tion immergée et de l’état de corrosion de celle-ci. Un logiciel a été développé, le Decision Support System for marine munitions (DSS), afin d’établir la procédure à adopter en fonction de l’arme trouvée, qu’elle soit chimique ou conventionnelle. En fonction de plusieurs facteurs, notamment de risque pour les navires ou l’environnement, le logiciel préconise la récupération et la destruction, l’accumulation, l’encapsulation, le recouvrement, le dyna- mitage ou l’absence d’action, y compris la surveillance et les coûts correspondants de l’arme immergée. Ce logiciel a été créé pour pouvoir être utilisé aussi bien par les autorités publiques que par les opérateurs maritimes.
  • 44. L’élimination des munitions en France SECOIA* (‘Site d’Élimination des Chargements d’Objets Identifiés Anciens’) est un programme et un site français de destruction des munitions chimiques anciennes encore retrouvées régulièrement sur la terre ferme ou dans la mer. Il satisfait aux obligations de la convention internationale pour l’interdiction des armes chimiques. Les munitions sont collectées et rassemblées par le CSIMA (‘Centre de stockage intermédiaire pour munitions anciennes’) au camp de Suippes, dans la Marne, puis conduites en camions blindés étanches de 32 tonnes au centre de traitement SECOIA dans le camp voisin de Mailly par les démineurs de la Direction de la défense et de la sécurité civile (DDSCGC) du ministère de l’Intérieur. Le procédé retenu pour leur destruction consiste à les faire exploser dans une chambre de détonation étanche et blindée à l’aide de charges explosives neuves semblables à celles que l’on utilise dans les mines et les carrières. * Selon le documentaire Menaces en mers du Nord, le projet SECOIA a été confié par la ‘Direction Générale de l’Armement’ (DGA) à un groupe militaro-industriel poursuivi ensuite en justice pour trafic d’’influence et pots de vin, et a été (pendant un temps ?) interrompu. Image du haut : Lieux de stockage de munitions à détruire, sur le ‘Centre de Coordination sur les Chargements Chimiques’ (C4) de Suippes
  • 45. L’élimination des munitions en France Toutes les munitions sont manipulées à distance par télé-opération, du débarquement des camions blindés jusqu'à l'évacuation des déchets issus de la destruction des munitions. Les différents déchets, solides, liquides et gazeux, sont récupérés à la source et envoyés pour traitement dans des filières spécialisées. Pour la partie industrielle du projet, l’exploitant ‘Airbus Defence and Space’ (?) s’est entouré de professionnels dans leur domaine : ‘Kobelco’ (Japon) pour le procédé de destruction, ‘Réel’ (France) pour la manutention télé-opérée du site et ‘Trédi’ (France) pour le traitement des déchets. Le suivi de l'état des munitions sur le site ‘SECOIA’ est géré par le logiciel GesMu (Gestion des Munitions), logiciel web créé par ‘Airbus Safran Launchers’. Images : - Chambre de détonation - Les bâtiments de SECOIA
  • 46. Le traitement des munitions chez nos voisins européens En Belgique, le ‘Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs’ (SEDEE) a son quartier général à Oud-Heverlee. Il se charge de neutraliser, de démanteler et d’évacuer les munitions et les explosifs non explosés abandonnés. L'unité de Poelkapelle, située au coeur de la Flandre occidentale, est devenue experte dans la récupération et le traitement des obus toxiques. En Allemagne, le camp de Münster, au sein d’une épaisse forêt lourdement contaminée, a été le centre de conception des armes chimi- ques allemandes des nazis. Il est aujourd’hui - heureux retournement de l’histoire - à la pointe des techniques de décontamination en Europe. Images : - Site de la SEDEE à Poelkapelle en Belgique - Logo de la société Geka, Gesellschaft zur Entsorgung chemischer Kampfstoffe und Rüstungs-Altlasten, ‘Société fédérale pour le traitement des armes et résidus d’armement chimiques’ à Münster - Installations de traitement de la société GEKA, - Démonstration de transport avant destruction d'armes chimiques par des employés de GEKA en oct. 2013. GEKA a détruit les stocks d’armes chimiques de la Syrie.
  • 47. Processus de traitement des munitions Deux solutions peuvent être retenues : - soit faire exploser la munition dans une chambre de détonation étanche et à l’épreuve des explosions ; chauffée à haute température, la munition explose et le contenu chimique est dégradé in situ par décomposition thermique ; - soit, après extraction physique de l’explosif, drainer l’agent chimique, qui est alors incinéré ou neutralisé chimiquement. Dans les deux cas, les opérations s’effectuent avec traitement des gaz, tandis que les métaux et les déchets résiduels sont déconta- minés thermiquement puis mis à la ferraille. Images : - Le site de la société GEKA dans la forêt de Münster. En 1919, un accident provoque l'explosion d'un million de grenades qui réduit à néant le site de Münster et ravage les alentours sur un rayon de trois kilomètres. Mais il sert de nouveau sous le régime nazi, notamment pour la production de gaz sarin. Son sol est toujours contaminé aujourd'hui et certaines zones autour de Münster sont interdites au public. - Les installations de traitement de GEKA - Opérateurs de GEKA en tenue de travail
  • 48. Les déchets nucléaires immergés Parmi les rebuts gisant au fond des océans, on trouve aussi des déchets radioactifs. Entre 1946 et 1982, à l’échelle internationale, 14 pays ont immergé des déchets radioactifs dans plus de 80 sites du Pacifique et de l’Atlantique. « Des déchets liquides directement évacués, des déchets solides non conditionnés, des déchets emballés dans des fûts métalliques et incorporés dans du béton ou du bitume », précise ‘l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs’ (ANDRA). De 1974 à 1982, près de 140 000 tonnes de fûtes de déchets radioactifs ont été immergées dans l’Atlantique. La France, à elle seule, a immergée plus de 46.000 fûts, lors de deux campagnes, en 1967 et en 1969. Ces déchets représentent une radioactivité totale de 85 000 térabecquerels (TBq) à la date de leur immersion, l’équivalent de 5 à 6 fois la quantité d’éléments radioactifs rejetés dans l’océan Pacifique à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, entre mars et avril 2011. Si les sites sont bien répertoriés, ils ne sont désormais plus surveillés.
  • 49. Déchets radioactifs : des dépôts en mer à l’interdiction De 1946 à 1983, la communauté scientifique a jugé que déposer des déchets radioactifs sur les fonds marins était une « solution sûre », « car la dilution et la durée présumée d’isolement apportées par le milieu marin étaient suffisantes » précise l’Andra. Jusqu’en 1977, les États ont été libres de superviser eux- mêmes leurs opérations d’immersion. Puis le Conseil de l’OCDE (‘Organisation de coopération et de développement économiques’) a obligé les pays membres à se soumettre aux directives et à la surveillance de ‘l’Agence internationale pour l’énergie atomique’ (AIEA). En 1972, la convention de Londres interdit l’immersion de déchets fortement radioactifs. Un moratoire sur l’immersion des déchets est adopté en 1983, dans l’attente d’un examen global de la question. En 1993, les pays signataires décident d’interdire l’immer- sion de déchets radioactifs dans la mer, « davantage pour des raisons morales que scientifiques ». Images : - Immersion de fûts - Action de militants de Greenpeace contre l’immersion de fûts
  • 50. Réparer ensemble, la force du symbole La France – mais serait-ce cohérent et possible si elle continue à gaspiller ses énergies, ses compétences et ses finances dans le perfectionnement de ses armes nucléaires ? – pourrait prendre enfin sa place et même être motrice dans un vaste plan européen en vue de remonter peu à peu du fond de la mer les munitions les plus dangereuses des deux Guerres mondiales (et peut-être certains types et certains emballages de déchets radioactifs jetés jusqu’à 1982). Un tel chantier, mené en commun par les États autrefois en guerre, aurait aussi une puissance symbolique extrêmement forte et une valeur d’exemple dans le monde entier. Images : - Décharge maritime de munitions - Remontée de fûts de déchets nucléaires du fond de la mer
  • 51. Tirer les leçons de l’histoire On peut tirer plusieurs enseignements des immersions de muni- tions durant les 12 dernières décennies, de l’étude comparée des politi- ques publiques actuelles dans les pays démocratiques, par exemple sur le ‘secret défense’, et plus généralement de l’histoire récente : 1) Ne pas oublier les erreurs et fautes du passé Le déni des fautes et des erreurs commises dans le passé et leur oubli sont les plus grands des dangers. L’immersion des munitions dès la fin de la 1ère Guerre mondiale s’avère avoir été une pure folie. La ligne Maginot s’est avérée être une protection illusoire contre le danger nazi. Les essais atmosphériques et souterrains d’armes nucléaires ont eu et ont encore des conséquences catastrophiques du point de vue politi- que, sanitaire et environnemental. 2) Donner le pouvoir de décision aux politiques Tant que les militaires seront les seuls à décider ou que les autorités politiques décideront en écoutant plutôt les autorités militaires que les élus et les ONG environnementales, l’environnement et l’huma- nité ont encore du souci à se faire. Images : Immersion d’armes chimiques. Ligne Maginot. Essai nucléaire atmosphérique. Sabotage du navire
  • 52. Tirer les leçons de l’histoire 3) Ne pas prendre de décisions irréversibles ou difficilement réversibles Les autorités françaises et l’ANDRA veulent faire à Bure avec les déchets nucléaires ce que les politiques et militaires ont fait pendant des décennies dans l’océan avec les munitions et armes chimiques. La solution qui préserve l’avenir n’est-elle pas stocker les déchets dans des sites protégés moins coûteux et facilement accessibles en subsurface, en attendant de savoir les traiter dans les prochaines décennies ? 4) Inventer des alternatives à la défense armée Depuis la massue et la hache de silex, les êtres humains et leurs dirigeants ont fait la guerre pour dominer les autres ou de se défendre contre l’agression, les scientifiques ont fait preuve d’une grande inventi- vité pour créer des armes de destruction massive qui menacent l’huma- nité. Après avoir interdit les armes bactériologiques et chimiques, il est temps maintenant d’interdire et d’éliminer les armes nucléaires, et d’inventer, en appui dans un premier temps à la défense conventionnelle, des stratégies de défense reposant sur la non-collaboration de la popu- lation avec l’agresseur ou le dictateur.
  • 53. Munitions immergées, un danger majeur Sources Bibliographie (livres, revues, BD) ‘Enquêtes d’actu’ : « Des décharges d’armes chimiques au large des côtes françaises : une bombe à retardement », mai 2022. Armand Lattes : La destruction des toxiques de guerre, L’actualité chimique, déc. 2014. Marine Life Channel, Recherche d’armes chimiques et conventionnelles dans la Manche, Helloasso, 2022. Bande dessinée d’Odysseus 31 : Les munitions du lac Léman, Domitille Huard, Le déversement des armes chimiques dans la mer, Mémoire de Master 2, Faculté de droit d’Aix-Marseille, 2018-2018, etc. Valéry Laramée de Tannenberg, Quand émergent les munitions immer- gées, Journal de l’environnement, 2019, etc.
  • 54. Munitions immergées, un danger majeur Sources Internet Wikipedia Actu.fr : Enquête Des décharges d'armes chimiques au large des côtes françaises : une "bombe à retardement, réalisée par Raphaël Tual, Thibaud Delafosse (Presse de la Manche) et Florian Tiercin (Actu Morbihan). 31 mai 2022 Articles dans La Tribune de Genève, Mer et Marine, La Libre Belgique, Ouest France, Basta Media, Capital, Charlie Hebdo, Actu Nautique, Libération, Mediapart, Le Télégramme, etc. Armand Lattes, La destruction des toxiques de guerre, societechimiquedefrance.fr Sites : Marine nationale, OSPAR, CEDRE, Robin des Bois, etc.
  • 55. Munitions immergées, un danger majeur Sources Films documentaires Jacques Lœuille*, Menaces en mers du Nord, France, Belgique , 2018, 52 minutes, en ligne sur Internet Nicolas Koutsikas, Eric Nadler et Bob Coen, Armes chimiques sous la mer, Arte éditions, 2013 National Geographic, Démineurs de la Seconde Guerre mondiale Euronews, etc.
  • 56. Annexe - Munitions immergées, un danger majeur Organisations et sigles - AIEA : International Atomic Energy Agency ou ‘Agence Internationale pour l’Énergie Atomique’, organisation internationale, sous l'égide de l'ONU. Fondée en 1957 et basée à Vienne (Autriche), elle cherche à promouvoir les usages pacifiques de l'énergie nucléaire et à limiter le développement de ses applications militaires. - ANDRA : ‘Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs’, chargée de leur gestion à court terme, à moyen terme et à long terme - CEDRE : ‘CEntre de Documentation, de Recherche et d‘expérimentations sur les pollutions accidentelles des Eaux’. Créé en en 1978 après le naufrage du navire pétrolier Amoco Cadiz pour améliorer la préparation à la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux et renforcer le dispositif d’intervention français. Implanté à Brest. - CERES : ‘Centre de recherches sous-marines’, fondé par Bertrand Sciboz et basé à Montfarville (Manche). Sonde les fonds marins du monde entier. - CHEMSEA : CHEmical Munitions Search And Assessement, ‘Recherche et évaluation des munitions chimiques’, programme de l’UE pour la dépollution des armes chimiques la région de la mer Baltique (période 2007- 2013). - C4 : ‘Centre de Coordination sur les Chargements Chimiques’ de Suippes - CSIMA : ‘Centre de Stockage Intermédiaire pour Munitions Anciennes’, dans le camp militaire de Suippes, dans l'Aube. Reçoit les munitions dans l’attente de leur traitement dans le camp militaire voisin de Mailly. - DCSMM : ‘Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin’. Adoptée le 17 juin 2008, oblige les États membres de l'Union européenne à prendre les mesures nécessaires pour atteindre ou maintenir un bon état écologique du milieu marin. ../..
  • 57. Annexe : Organisations et sigles - DGA : ‘Direction Générale de l’Armement’ au ministère des Armées - DRASSM : ‘Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines’ du ministère de la Culture en France. - ERP Group : Groupe Environmental Research Consulting. A créé une base de données internationale des épaves marines. - EUSBSR : European Union Strategy Baltic Sea Region, plan d’action relatif aux munitions immergées réunissant Allemagne,Danemark, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie Pologne et Suède. - Greenpeace (‘Paix verte’) : ONG internationale de défense de l’environnement. Fondée en 1971 par les militants opposés aux essais nucléaires aux États-Unis, présente dans plus de 55 pays. - IDUM : International Dialogues on Underwater Munitions ‘Dialogues internationaux sur les munitions immergées’, ONG fondée au Canada en 2004, puis basée en tant que fondation néerlandaise à La Haye (Pays-Bas) en 2014. - IFREMER : ‘Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer’. Mène des recherches, innove et produit des expertises pour protéger l’océan, exploiter ses ressources de manière responsable et partager les données marines. - JPI Oceans : Plateforme intergouvernementale paneuropéenne de recherche et d'innovation en faveur d'un océan plus durable. ../..
  • 58. Annexe : Organisations et sigles - MODUM : Towards MOnitoring of DUMped Munitions Threat (‘Vers la surveillance de la menace liée aux munitions déversées ’), projet porté par l'OTAN en Mer baltique, avec des véhicules sous-marins autonomes (Autonomous Underwater Vehicles, AUV) et des véhicules sous-marins télécommandés (Remotely Operated underwater Vehicles, ROV). - OCDE : ‘Organisation de coopération et de développement économiques’ - Odysseus : Association de défense des milieux aquatiques et naturels, basée à Lyon. - OMI : Organisation Maritime Internationale, institution spécialisée des Nations Unies chargée d'assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers et de l'atmosphère par les navires. - OIAC : Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques ou Organisation for the prohibition of chemical weapons (OPCW). - OSPAR : Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord- Est, dite Convention OSPAR (pour ‘Oslo-Paris’), signée en 1992 et entrée en vigueur en mars 1998, remplace les Conventions d'Oslo (1972) et de Paris (1974). - OTAN ou NATO : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, alliance militaire défensive contre toute attaque armée contre l'un de ses membres en Europe et en Amérique du Nord. - Ouvry : Société spécialisée dans les systèmes et équipements de protection individuelle NRBCE (nucléaire, radiologique, biologique, chimique, explosif). ../..
  • 59. Annexe : Organisations et sigles - Robin des Bois : association de protection de l’être humain et de l’environnement par toutes formes de réflexion et d’action non-violente. Fondée en France en 1985, a le statut d’observateur à la Convention OSPAR. - SECOIA* : ‘Site d’Élimination des Chargements d’Objets Identifiés Anciens’, pro- gramme français de destruction des munitions anciennes sur le site du camp militaire de Mailly. - SEDEE : ‘Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs’ (Belgique) - SACLANT : Commandement allié Atlantique (désigné sous l'abréviation SACLANT, pour le titre de son chef états-unien : Supreme Allied Commander Atlantic). Était jusqu'en 2003, avec le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe, l'un des deux commandements dans l‘OTAN. - Sea Shepherd (‘Berger des mers’) : ONG de défense des océans la plus combative au monde. Fondée en 1977 par le capitaine Paul Watson. - SHOM : ‘Service Hydrographique et Océanique de la Marine’, placé sous la tutelle du ministère des Armées. Son siège est à Brest - SNMCMG : Standing NATO Mine Countermeasures Group, Groupe permanent de l’OTAN pour la lutte contre les mines. - Thünen Institute : Institut Thünen d'écologie des pêches. Fondé en 2008 sous les auspices du ministère fédéral allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture, basé à Braunschweig. - UNODA : United Nations Office for Disarmament Affairs, ‘Bureau des affaires de désarmement des Nations unies’. ■