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Israël-Palestine
1- Historique du conflit
(Diaporama provisoire, encore en chantier
Merci de vos suggestions d’amélioration)
Étienne Godinot - 14.02.2024
La Palestine
L’histoire des Palestiniens remonte très loin dans le passé
du Proche-Orient. Charnière entre la vallée du Nil et la "terre
entre les fleuves" (Mésopotamie), la région de la Palestine est
habitée depuis des millénaires et a connu la présence et le
brassage de nombreux peuples et la domination de nombreux
empires : Cananéens, Hébreux/Juifs, Assyriens, Perses, Grecs,
Romains, Byzantins, Arabes, Croisés chrétiens, Mamelouks
(Égypte) puis Ottomans (Turquie), et Britanniques.
Images : Carte de la Palestine ancienne ( du temps de l’occupation romaine)
Carte de la Palestine ottomane (1516-1917)
Le nom Palestine désigne la région historique et
géographique du Proche-Orient située entre la mer
Méditerranée et le désert à l'est du Jourdain et au nord du
Sinaï.
La région comprend aujourd'hui l'État d'Israël, les
territoires palestiniens occupés, la bande de Gaza et
parfois également une partie du royaume de Jordanie, le
Liban du Sud et le plateau du Golan.
Israël ne doit accaparer ni les sols,
ni l’histoire de la Palestine
Originaires d'Égypte, les Cananéens occupent la Palestine et
l'actuel Liban au 3ème millénaire avant notre ère, bien avant les Hébreux.
Ils sont probablement les fondateurs des cités telles que Tyr, Sidon,
Byblos, Jéricho.
Images
- Sculptures à Azor (ou Hatsor), une cité importante de l'âge du bronze et de l'âge du fer,
des environs de - 2 600 jusqu'à sa destruction par les Assyriens en - 732. Vers -1 250, les
Israélites (cf. livre de Josué) incendient cette cité cananéenne.
- À Jéricho, les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements
successifs de la cité, dont le premier remonte à - 9 000 ans.
- Akko (Acre), fondée sur le modèle de la cité grecque par les Lagides, royaume hellénis-
tique situé en Égypte et dirigé par la dynastie lagide issue du général macédonien Ptolémée.
- Aqueduc de Césarée maritime, capitale de Hérode Ier le Grand, roi de Judée, État
vassal de Rome, reconstruite entre - 20 à - 10 après avoir été une cité grecque.
La "terre promise" ?
La Terre promise représente ce que dans la Genèse, la Torah (Bible
hébraïque) désigne sous le nom de "Terre d'Israël" dans le pays de Canaan,
"pays où coulent le lait et le miel", qui, selon les textes, fut promise par Dieu
au patriarche hébreu Abraham.*
À la fin du 19ème siècle, ce concept s'incarne dans le sionisme inspiré
par Théodore Herzl.
En réalité, Baruch Spinoza affirmait que l’élection du peuple hébreu
n’est pas le fait d’une quelconque préférence de "Dieu", mais un artifice
pédagogique imaginé afin que les Hébreux s’approprient et pratiquent la
Torah.
* Abraham, selon les exégètes contemporains, est un personnage symbolique et non historique.
Voir les diaporamas de l’IRNC « Chercheurs de sens ».
La "terre promise" est symboliquement la société de justice, de liberté,
de paix et d’interconvictionnalité que cherchent la philosophie, les
religions et les spiritualités (ainsi, les negro spirituals afro-étatsuniens
et Martin Luther King invoquent l'image de la "Terre promise" comme
société libérée de l'esclavage), mais en aucune façon un territoire
géographique soi-disant attribué par "Dieu" aux croyants d’une religion
particulière.
- Photo du bas : Martin Luther King pendant son dernier discours, le 3 avril 1968, au
Bishop Charles Mason Temple à Memphis (Tennessee) : « Mais je veux vous faire savoir, ce
soir, que notre peuple atteindra la Terre promise ».
La conquête du pays de Canaan
par les Israélites
La conquête du pays de Canaan par les Hébreux est racontée dans le
livre de Josué*. Quelle que soit la réalité historique, le récit conquérant fait
penser la Nakba de 1948…
Les fouilles archéologiques nous conduisent à reconstituer une his-
toire très différente de celle du récit biblique. Selon le professeur Israël
Finkelstein, de l’Université de Tel Aviv, l’histoire de la conquête de Canaan
par les Israélites est un mythe inventé tardivement.
Le livre de Josué, présenté comme un homme aussi remarquable-
ment rusé qu’impitoyablement cruel, avait simplement pour ambition de
conforter les ambitions du roi Josias, qui a régné de - 640 à - 609.
* D’après le livre de Josué, la première ville qui tombe après la traversée du Jourdain est
Jéricho, dont les murailles s’effondrent au son des trompettes... Puis vient la prise de la ville d’Aï,
dont le nom signifie "ruine". Les Hébreux progressent alors vers l’ouest et le sud, et se rendent
maîtres des villes de Libnah, Lakish, Eglon, Hébron et Debir. La bataille décisive a lieu dans un
endroit nommé "les eaux de Mérôm". Les Hébreux poursuivent ensuite leurs ennemis vers Sidon au
nord-ouest, et en direction de la vallée de Mitzpéh au nord-est. Lors de leur retour ils brûlent la ville
d’Hatzor.
- Image du haut : Illustration de la conquête de Jéricho selon le récit biblique, repris à la mode
romantique par Victor Hugo en 1853 : « À la septième fois, les murailles tombèrent »
Israël ne doit accaparer ni les sols,
ni l’histoire de la Palestine
Les Juifs extrémistes ou fondamentalistes n’ont aucune légiti-
mité à se prétendre les plus anciens habitants de la Palestine, et
encore moins à vouloir en expulser les Non-juifs.
Images
- Église de l’Éléona (ou église du Pater Noster) sur les vestiges de celle construite
au 4ème siècle par l’empereur Constantin à Jérusalem et détruite en 614 par les Perses.
- La grande mosquée de Gaza, née de la transformation, entre 1297 et 1329, d'une
église construite par les Francs entre 1150 et 1187.
- Mausolée du Bab à Jaffa. Y sont enterrés les restes de Bāb (Sayyid Ali Muḥam-
mad Širazi, 1819-1850). Le premier disciple du Bāb, le Persan Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī
(1817-1892), fonde en 1863 la religion baha’ie, une religion destinée à être sur Terre la
pierre angulaire d’un royaume de paix, de justice, de liberté et d’humanité. Il passe les
quarante dernières années de sa vie en exil ou en prison.
Les Palestiniens dans l’histoire
Sabri Giroud a pointé les épisodes d’apparition et d’invisibilisation de
la Palestine ou des Palestiniens à travers l’histoire au gré des colonisations
occidentales, l’archevêque de Canterbury déclarant même devant la reine
Victoria : « La Palestine est essentiellement nôtre ! ».
ll redonne sa place au temps long des historiens alors que l’actualité
incandescente peut conduire au sentiment de la fin de l’histoire.
Images : En Palestine, les débuts de l’humanité
- Les vestiges du site préhistorique du Pont des Filles de Jacob (Gesher Bnot Ya'aqov), entre
la Haute Galilée et le plateau du Golan (restes de graines brulées, olivier brûlé, pierres fortement
chauffées) datés de 790 000 ans, pourraient bien représenter la plus ancienne utilisation du feu
documentée. Ici un outil lithique acheuléen.
- En janvier 2018 est annoncée la découverte, en Palestine occupée par Israël, du plus
ancien Homo sapiens hors d’Afrique qui serait vieux de 180 000 ans. Photo : sa demi-mâchoire
découverte dans la grotte de Misliya, sur le mont Carmel.
- Le fossile de "l'Homme de Galilée", du type Homo heidelbergensis, date d'environ
140 000 ans. Photo : moulage du crâne humain de Qafzeh
Quatre siècles de cohabitation pacifique
Sous l’Empire ottoman (1516-1917), Juifs, Musulmans et
Chrétiens vivent pacifiquement à l’intérieur du cadre défini par la
charia.
Vers la fin du 19ème siècle, ces traditions de vie commune
disparaissent peu à peu avec l’arrivée des premiers colons sionistes.
La période du mandat britannique transforme les relations entre les
deux communautés et sème les germes du conflit meurtrier qui
déchire le pays à la suite de la résolution du 29 novembre 1947 des
Nations unies sur le partage de la Palestine entre les Arabes et les
Juifs.
Depuis, les deux peuples ne cessent de s’affronter dans un
conflit qui apparaît comme l’un des plus longs de l’histoire contem-
poraine.
- Photo du bas : Amnon Cohen, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem.
Grâce aux archives des minutes du tribunal islamique de Jérusalem, il retrace l’histoire de
la Palestine depuis la conquête du territoire par les Arabes musulmans au 7ème siècle
jusqu’à la création de l’État d’Israël en 1948. Sans parti pris, il démontre qu’en prenant la
voie du compromis au lieu de la confrontation, la coexistence entre Juifs et Arabes peut être
rétablie.
Un peuple expulsé
Au début du 20ème siècle, par exemple pendant la
période du "mandat" britannique, on parlait de la Palestine,
mais pas des Palestiniens. Aujourd’hui, on parle des
Palestiniens, on ne parle plus guère de la Palestine…
« Expulsés des lieux comme du temps, les Palestiniens souffrent jusqu’à ce jour
de se voir dénier leur existence mais aussi leurs racines, et donc leur avenir », écrit
Sabri Giroud.
Images :
- Pour raconter cette histoire plurimillénaire, multiple et métissée, inscrite génération après génération
à la croisée du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Égypte, un collectif international de spécialistes
pluridisciplinaires − archéologues, historiens, anthropologues, chercheurs en sciences sociales et politi-
ques, journalistes – dresse des portraits d’hommes et de femmes, illustres ou inconnus, révélant à la fois
des trajectoires individuelles et des pans de l’histoire sociale, intellectuelle et politique de la Palestine, de
la préhistoire à nos jours. La Palestine en 50 portraits est le fruit de 8 ans de travail avec 45 contributeurs
de 12 pays différents.
- Cet ouvrage a été coordonné par Sabri Giroud. Archéologue franco-palestinien, il anime une
agence spécialisée dans l’organisation de voyages culturels et solidaires en Palestine, ‘Diwan Voyage’.
Le judaïsme
Le judaïsme est l’ensemble des croyances religieuses, de la philoso-
phie et de la culture du peuple juif*, constitué des descendants des Israé-
lites provenant de l’antique terre d'Israël et de ceux qui les ont rejoints par
la conversion.
Les premières communautés juives sont fondées dans le bassin
méditerranéen, puis en Europe après l’arrivée des armées romaines
(Arles, Trèves, etc.)
La communauté séfarade héritière des savoirs orientaux, s’épanouit dans
l’ancienne Ibérie (Espagne) où les conflits entre Chrétiens et Musulmans permettent
aux Juifs d’exister hors des marges de la société. La communauté ashkénaze se
développe en France, en Allemagne et dans toute l’Europe (Grèce, pays baltes,
Pologne, Biélorussie, Ukraine, etc.) jusqu’en Russie.
Suite aux persécutions anti-juives qui débutent en Espagne en 1391,
(massacre de 5 000 Juifs à Séville le 6 juin 1391), et à l'expulsion des
Juifs d'Espagne en 1492, beaucoup se réfugient au Portugal, en Afrique
du Nord, en Italie, en Sardaigne, en Corse, etc.
* Grandes figures du judaïsme religieux et philosophique jusqu’au 18ème siècle : Moïse
Maïmonide, Moïse Nahmanide, Moïse Cordovero, Isaac Louria, Yossef Caro en Espagne, Rachi à
Troyes, Guershom à Mayence, Yaakov Ben Asher à Cologne, Baruch Spinoza aux Pays-Bas, Juda
Lœw ben Bezalel dit le Maharal à Prague, Ba’al Shem Tov et Dov Baer de Mezeritch en Ukraine,
Moïse Mendelssohn en Allemagne.
Les Juifs persécutés depuis l’Antiquité
L’antisémitisme (ou plus exactement l’antijudaïsme) est la discrimi-
nation et l'hostilité manifestées à l'encontre des Juifs en tant que groupe
ethnique, religieux ou supposément racial. Les Juifs ont subi tout au long
de leur histoire des persécutions odieuses.
Les Romains tuent des dizaines de milliers de Juifs, et déportent
pour les vendre sur les marchés d’esclaves les survivants de ces tueries.
Les Juifs subissent ensuite l’accusation de la responsabilité de la
peste noire, les discriminations, expropriations, expulsions, tortures,
exécutions, commises par l’Église catholique dès le 4ème siècle et notam-
ment pendant les Croisades et l’Inquisition espagnole,
- Image 2 : Philippe Auguste avait expulsé les juifs de son domaine royal. En 1215, sous le
pape Innocent III, le concile de Latran IV instaure l’obligation pour « les juifs et les sarrasins » de
porter un signe distinctif, le signum en latin, sans précision sur la forme de ce signe. La finalité de
cette mesure est d’éviter les unions mixtes. Louis IX, canonisé sous le nom de Saint Louis, met en
œuvre cette décision et impose aux Juifs le port de la rouelle. Ici, un Juif de Worms
- Image 3 à droite : Le pouvoir nazi, relayé par le régime de
Vichy, s’inspirera de la mesure « du roi très chrétien » et leur impo-
-sera le port de l’étoile de David.
- Image 4 : À l'instigation de Nicolas Donin, un Juif converti au christianisme, et après une
"disputation", un tribunal religieux juge que le Talmud est « un livre infâme » et qu'il doit être brûlé
selon les recommandations du pape Grégoire IX. Louis IX fait brûler solennellement 24 charretées
de Talmud sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris en juin 1242.
La persécution des Juifs dans l’histoire
Les Juifs sont aussi persécutés et massacrés par les Musulmans,
par les Orthodoxes, par les nationalistes : pogroms en Russie de
1880 à 1920 (60 000 morts), en Lituanie, en Syrie, etc.
Images :
- Massacre des Banu Qurayza, une tribu juive de Médine, par les troupes de Mahomet
en 627. (NB : le roi David et Mahomet, dirigeants politiques et chefs de guerre, sont des
prédécesseurs de Jésus et de Mansur al Hallaj, figures spirituelles universelles).
Plus tard, et malgré le verset coranique "Nulle contrainte en religion", des communautés
juives d'Afrique du Nord sont converties de force, et des synagogues sont détruites. Des
milliers de Juifs sont tués dans des pogroms organisés dans la Grenade musulmane en 1066
ou à Fez en 1465. De nouveaux pogroms ont lieu à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème,
principalement en Afrique du Nord.
- Massacres des Juifs à Barcelone (Espagne) en 1391.
- Exécution au Mexique en 1596 de Francisca Nuñez de Carabajal, une Juive convertie
de force, accusée d'être restée secrètement fidèle au judaïsme.
- Des corps dans la rue après le pogrom de Kichinev (actuelle Moldavie), 1903
- Pogrom commis par ‘les Cent-Noirs’, mouvement orthodoxe antisémite, nationaliste et
monarchiste d'extrême droite apparu dans l'Empire russe pendant la révolution de 1905. Ici en
1905 à Tomsk, en Sibérie occidentale.
- Jeunes victimes juives d'un pogrom à Dnipropetrovsk,1905.
Affaire Dreyfus, Shoah, crimes staliniens
L’antisémitisme en France se déchaîne de 1894 à 1906 autour
de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif
d'origine alsacienne, qui est finalement innocenté.
La haine et la folie atteignent leur paroxysme avec la Shoah*
(en hébreu ‫שואה‬ la "catastrophe") pendant la 2ème Guerre mondiale :
le régime nazi extermine systématiquement 6 millions de Juifs (les
2/3 des Juifs d'Europe, environ 40 % des Juifs du monde).
L’ antisémitisme stalinien** est l'un des instruments de la
promotion du patriotisme soviétique à dominante russe, manifesté à
travers des slogans et des actes antisémites non-systématiques et
non obsessionnels (à la différence des régimes nazi et satellites) au
gré des intérêts et des méfiances du régime.
* Voir les diaporamas « Mémoire et reconnaissance de crimes du passé » sur le site
de l’IRNC, et notamment ceux sur le nazisme et sur les régimes communistes
** En 1928 Staline crée la région autonome juive. Vers la fin des années 1930, le
pouvoir de l'Union soviétique liquide presque toutes les organisations juives, y compris la
Yevsektsia. De nombreuses campagnes et purges antisémites sont organisées après la
Seconde Guerre mondiale, principalement à partir de 1948. Dans la nuit du 12 au 13 août
1952, appelée plus tard la "Nuit des poètes assassinés", 13 des écrivains yiddish les plus
importants d'Union soviétique sont exécutés sur l'ordre de Staline.
Moïse Maïmonide Baruch Spinoza Franz Kafka Sigmund Freud Henri Bergson
Espagne Pays-Bas Bohème Autriche France
La belle fécondité des communautés juives
Les communautés juives ont donné au monde d’immenses hommes spirituels,
scientifiques, créateurs, psychologues, sociologues, pédagogues, écrivains, artistes.
Albert Einstein Marc Chagall Primo Levi Janusz Korczak Moshe Feldenkrais Georges Moustaki
Allemagne Biélorussie Italie Pologne Ukraine Grèce
Le mouvement sioniste
Pour se mettre à l’abri des persécutions et pouvoir vivre librement
leur foi, mais aussi pour créer des bases européennes au Proche-Orient,
les communautés juives de par le monde ont eu l’idée et ont décidé de
se regrouper sur la terre où est née leur religion.
Le sionisme est une idéologie politique fondée sur un sentiment
national juif, décrite comme nationaliste par les uns et comme émanci-
patrice par les autres, prônant l'existence d'un centre territorial ou étati-
que peuplé par les Juifs en Terre d'Israël (Eretz Israël).
Son principal théoricien est journaliste et écrivain austro-hongrois
Theodor Herzl qui publie en 1896 Der Judenstaat (‘L'État des Juifs’). Sur
un plan idéologique et institutionnel, le sionisme entend œuvrer à donner
ou redonner aux Juifs un statut perdu depuis l'Antiquité et les royaumes
hasmonéen et hérodien, à savoir celui d'un peuple disposant d'un terri-
toire, mais à l’origine, le sionisme moderne est laïc. À l’opposé d’un État
juif, Herzl rêve d’un « foyer national juif » où les Juifs pourraient vivre en
harmonie avec les non-Juifs.
Après la Shoah, le mouvement sioniste est bien sûr légitimé et
renforcé pour mettre les Juifs définitivement à l’abri des persécutions.
Image : Theodor Herzl (1860-1904)
Le premier congrès sioniste à Bâle
Le Premier congrès sioniste se tient à Bâle, en Suisse,
du 29 août au 31 août 1897, réuni et présidé par Theodor Herzl.
Il est considéré comme l’événement fondateur du mouvement sioniste.
Les conséquences les plus importantes de ce congrès sont :
- la formulation de la plateforme sioniste, plus connue sous le nom de
‘programme de Bâle’. Un fonds national juif est créé, chargé de l’achat
de terres en Palestine.
- la fondation de ‘l'Organisation sioniste mondiale’,
- l'adoption comme hymne de l'Hatikvah, qui était déjà alors l'hymne
des ‘Amants de Sion’* et qui deviendra plus tard l'hymne national de
l'État d’Israël.
Images :
- Les délégués au congrès de Bâle.
- Léon Pinsker (1821-1891), médecin à Odessa (Ukraine, alors dans l’empire russe). À la
suite de pogroms antijuifs, il fonde en 1881 les ‘Amants de Sion’, mouvement juif populaire,
social et national, actif entre la fin du 19e et le début du 20e siècle. Son but est le renouveau du
peuple d'Israël, par le retour vers Sion et la reconstruction de sa patrie.
- Le mont Sion est une des collines de Jérusalem, située au Sud-Ouest de la vieille ville.
Sion est aussi un synonyme utilisé pour Jérusalem, et par extension la terre d'Israël.
L'Organisation sioniste mondiale
‘L’Organisation sioniste’ est créée le 3 septembre 1897 peu après le
premier congrès sioniste à Bâle. Elle prend le nom d’’Organisation sio-
niste mondiale’ (OSM) en 1960.
De 1897 à 1946, un congrès est organisé tous les deux ans (à l’ex-
ception des périodes des Guerres mondiales) dans différentes villes euro-
péennes, afin de construire toute l’infrastructure nécessaire à l’installation
des Juifs en Palestine.
Les finances de l’organisation sont gérées par le Jewish Colonial
Trust, fondé en 1899. L’acquisition de terres en Palestine est organisée
par le ‘Fonds national juif’, fondé en 1901. Le Keren Hayesod est créé en
1920 pour organiser les activités élémentaires nécessaires à l’existence
d’un État : les entreprises d’électricité, de banque et d’exploitation de la
potasse sont ainsi créées bien avant 1948.
L’OSM reste aujourd’hui la plus importante organisation internatio-
nale juive du monde. Son objectif primordial est d'œuvrer pour la défense
de l’identité juive et participer au soutien économique et politique d’Israël.
Images :
- Logo de l’OSM
- ‘Boîte bleue’ pour la collecte d’argent au profit du Fonds National Juif (Jewish National Fund ou
Keren Kayemeth LeIsrael - KKL)
- Le siège de l'OSM a été déplacé de façon permanente à Jérusalem, après avoir été situé dans
plusieurs capitales européennes comme Berlin, Londres mais aussi aux États-Unis, à New York, et
ici à Tel Aviv en 2011
Le colonialisme
des pays européens
1915-1916 : Accords Hussein-McMahon : les Britanniques
promettent aux Arabes la création d’un royaume sur l’ensemble de la
péninsule arabique, à l’issue de leur victoire sur l’Empire ottoman.
16 mai 1916 : Accords secrets Sykes-Picot. Le Royaume-Uni
et la France (avec l'aval de l'Empire russe et du royaume d'Italie) se
partagent le Proche-Orient en violation de l’accord Hussein-
McMahon, ce qui revenait à dépecer l'Empire ottoman. Il est prévu de
placer la Palestine, siège des lieux saints, sous statut international.
Images :
- La correspondance Hussein-McMahon est une série de 10 lettres échangées
de juillet 1915 à mars 1916, pendant la Première Guerre mondiale, entre Sayyed
Hussein ben Ali, Chérif de La Mecque et le lieutenant-colonel Henry McMahon, Haut-
Commissaire britannique en Égypte.
- Le Britannique Marc Sykes (1879-1919) et le Français François-Georges Picot
(1870-1951)
- Carte des accords Sykes-Picot : le Royaume-Uni et la France morcellent le
Moyen-Orient en 5 zones. Chacun de ces deux pays se réserve une zone «d'admi-
nistration directe» et une zone «d'influence» ; à ces 4 zones s'ajoute une 5ème, la
Palestine, censée devenir une zone internationale
La Déclaration Balfour de 1917
La Déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte datée du 2
novembre 1917 et signée par Arthur Balfour, Secrétaire d'État britan-
nique aux Affaires étrangères (Foreign Secretary). Elle est adressée à
Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), personnalité éminente de la
communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, aux
fins de retransmission.
Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l'établis-
sement en Palestine d'un projet national (présenté comme « un foyer
national pour le peuple juif », traduction de « a national home to the
Jewish people »). Cette déclaration est considérée comme une des
premières étapes dans la création de l'État d'Israël.
Dans une note de service datant de 1919, Balfour affirme ainsi que « le sionisme
s'enracine dans des traditions et des espoirs futurs bien plus importants que les désirs et les
préjugés de 700 000 Arabes qui habitent à présent sur cette terre historique ». Dans ce
raisonnement, Balfour présente les Arabes comme étant seulement des occupants conjoncturels
de la Palestine. Certains affirment que le projet de Balfour présentait des motivations antisémites
: créer un État juif en Palestine permettrait selon lui de se débarrasser des Juifs d'Europe.
Images : - Arthur Balfour (1848-1930), Secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères
- La lettre d’A. Balfour à W. Rothschild
- Lionel Walter Rothschild (1868-1937), baron, banquier, homme politique et zoologiste
britannique
Le mandat britannique (1917-1947)
Le 25 avril 1920, après la Première Guerre mondiale, la
conférence de San Remo décide que les territoires arabophones de
l'Empire ottoman, partie des Empires centraux défaits au cours de la
guerre, ne seront pas restitués à la Turquie, et adopte une résolution
attribuant au Royaume-Uni un mandat* sur la Palestine.
Le Royaume-Uni choisit de soutenir le sionisme plutôt que
l'arabisme pour imposer son contrôle sur la Palestine. Le 8 décembre
1920, les Britanniques déposent leur projet de mandat définitif. Le
Conseil de la ‘Société des Nations’ l'approuve le 24 juillet 1922.
Le mandat a pour objectif la mise en place en Palestine d’un
« foyer national pour le peuple juif sur la base du lien historique existant
entre le peuple juif avec la Palestine dans le but de reconstruire leur
foyer national dans ce pays, étant clairement entendu que rien ne
sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux
des collectivités non juives existantes en Palestine. »
* "mandat" est un mot pudique pour parler de "colonisation".
Images :
- Drapeau de la Palestine Mandataire
- Emblème du Haut Commissaire de Palestine
- Billet de banque trilingue (anglais, arabe et hébreu) de la Palestine mandataire.
La grande révolte arabe (1936-1939)
Lors de la grande révolte arabe de 1936-1939, les Arabes des
territoires sous mandat britannique revendiquent la fin de celui-ci, la
création d'un État arabe indépendant et la fin de l'immigration juive.
Un mois après le commencement d'une grève, les Arabes annon-
cent qu'ils ne paieront plus les impôts. Dans le même temps, une
insurrection armée sporadique se fait jour, qui devient plus organisée
par la suite. Les rebelles attaquent un pipeline passant de Kirkouk à
Haïfa, des lignes de chemin de fer, des trains, et s'en prennent à des
Juifs. Tel Aviv est marquée par de violents incidents entre Arabes et
Juifs.
Les Britanniques exécutent les insurgés, arrêtent plus de 9 000
suspects, pratiquent parfois la torture, expulsent les dirigeants locaux
hostiles, imposent des couvre-feux, mènent une politique de représailles
qui appauvrit la population arabe. Walid Khalidi cite les chiffres de 5 032
Arabes morts, dont 3 832 tués par les Britanniques et 1 200 victimes du
"terrorisme" juif.
Images
- Des insurgés arabes en Palestine
- Sabotage d'un pylône électrique par un commando arabe en 1938
- Sabotage d’un train
La grande révolte arabe (1936-1939)
Les milices sionistes, la Haganah, l’Irgoun et la Palmah, se structurent en
véritable armée. Leurs attentats font environ 1 200 victimes parmi les Arabes.
Images :
- Emblème d’Irgoun (en hébreu, "organisation"), milice clandestine juive fondée en 1931 en
Palestine par le ‘Parti sioniste révisionniste’.
- Elle est dirigée à partir de 1943 par Menahem Begin (1913-1992). Sur la photo, en chemise
blanche, il pose avec le major-général Ariel Sharon, ex- membre de l'organisation Haganah. En septem-
bre 1982, il laissera les phalangistes chrétiens libanais pénétrer dans les camps de réfugiés palestiniens
de Sabra et Chatila sous son occupation pour y combattre les militants palestiniens : selon les estima-
tions, le massacre fait entre 460 et 3 500 victimes. À la tête du gouvernement israélien entre 1977 et
1983, il négociera les accords de paix de Camp David, avec le président égyptien Anouar el-Sadate et
sous la médiation du président Jimmy Carter.
- Emblème de la Haganah (‘défense’ en hébreu). Cette organisation paramilitaire juive, créée sous
la domination turque et tolérée sous le mandat britannique comme police surnuméraire, assure la protec-
tion des colonies rurales israélites (kibboutzim) contre les razzias des Bédouins entre 1920 et 1948. Elle
sert d'ossature, avec le Palmah, à la création de l'armée israélienne (ou Tsahal, l'acronyme hébreu dési-
gnant l'armée d'Israël).
- Emblème de la Palmah (acronyme de Plugot Maḥatz, "unité de choc"), une des forces para-
militaires juives sionistes de Palestine mandataire. Dès la fin de l’année 1945, le Palmah retourne contre
les Britanniques les armes accumulées pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le mandat britannique (période 1937-1939)
1937 : Plan Peel, premier plan de partage attribuant 30 % de la
Palestine au Yishouv (ensemble des Juifs présents en Palestine avant la
création de l'État d'Israël).
1938 : Échec de la conférence d’Évian dont l’objectif était de venir
en aide aux réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le régime nazi.
1939 : Le 3ème ‘Livre blanc’ britannique* préconise l’indépendance
de la Palestine pour 1947, la soumission de l’immigration juive à l’accord
des habitants arabes et des mesures limitant l’acquisition de terres par
les sionistes.
Images :
- Projet de la Commission Peel (‘Commission royale pour la Palestine’), mise en place en
1936 afin de proposer des modifications au mandat britannique en Palestine à la suite du
déclenchement de la Grande Révolte arabe. Elle est dirigée par Lord William Peel (1867-1937)
- La Conférence d'Évian, organisée à l'initiative du président des États-Unis, Franklin D.
Roosevelt, se déroule du 6 au 16 juillet 1938 à Évian (France). Son but est de venir en aide aux
réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le nazisme, peu après l'Anschluss. Elle ne débouche
sur aucune mesure concrète, hormis la création du ‘Comité intergouvernemental pour les réfu-
giés’ (CIR).
- Les ‘Livres blancs’ (White Books) sont une série de lois et de mesures britanniques
fixant la politique mandataire relative à la situation en Palestine. Premier Livre blanc de Winston
Churchill (1974-1965), 3 juin 1922 ; 2ème Livre blanc de Lord Passfield (1859-1947); 3ème Livre
blanc de Malcolm MacDonald (1901-1981)
La Shoah
Le terrorisme sioniste
1941-1945 : Génocide des juifs d’Europe par le régime nazi*.
1942 : Le programme de Biltmore est adopté à New-York. Les sio-
nistes revendiquent un État juif sur l’ensemble de la Palestine.
Le 6 novembre 1944, le ministre résident britannique Lord Moyne
est assassiné au Caire par des membres du groupe sioniste Lehi.
Le 22 juillet 1946, une attaque à la bombe menée par l’organisation
extrémiste juive Irgoun, qui combat la présence anglaise en Palestine,
vise les bureaux des autorités britanniques à l’Hôtel King David à Jéru-
salem. Bilan : 91 morts et 46 blessés.
Images :
- Les Juifs dans les camps de concentration et d’extermination nazis
- La conférence de Biltmore est convoquée par la ‘Conférence Sioniste Extraordinaire’ et se
tient du 6 mai au 11 mai 1942 à l’hôtel Biltmore à New-York
- L'hôtel King David après l'explosion du 22 juillet 1946. Malgré leurs 100 000 hommes en
Palestine, les Britanniques sont démunis face à cette violence qu’ils ne peuvent mater comme la
révolte arabe de 1936-1939. Selon l’historien français Henry Laurens, il n’est pas possible pour
eux d’utiliser contre des Juifs occidentaux, et de surcroît après la Shoah, les méthodes utilisées
contre des indigènes arabes.
* Voir le diaporama ‘La mémoire de la Shoah’ dans la série ‘Mémoire et reconnaissance de
crimes du passé’.
Le retrait britannique
Le gouvernement britannique poursuit une politique davantage
favorable aux arabes tout en envisageant de plus en plus sérieusement
son retrait de la région.
La situation en Palestine est de plus en plus ingérable pour les
Britanniques qui cherchent de l’aide auprès de l’Organisation des Nations
Unies.
Le 25 mai 1946 est créé le ‘Royaume hachémite de Transjor-
danie’.
Le18 février 1947, les Britanniques annoncent l'abandon de leur
mandat sur la Palestine et remettent à l’ONU "la question de la Palestine".
Images :
- ‘L’Émirat de Transjordanie’ était un protectorat britannique (1921-1946) créé en avril 1921 à
la suite d'accords passés pendant la Première Guerre mondiale avec les princes arabes de la
dynastie hachémite en échange de leur révolte contre les Ottomans. Le 25 mai 1946, la Trans-
jordanie proclame son indépendance et devient le ‘Royaume hachémite de Jordanie’ avec pour
souverain Abdallah Ier. L'influence de Londres y demeure cependant prépondérante. En mai 1948,
5 pays arabes, dont la Jordanie, qui refusent le partage de la Palestine en deux États, juif et arabe,
attaquent le nouvel État d'Israël.
- Clement Attlee (1883-1967), chef du Parti travailliste de 1935 à 1955 et Premier ministre du
Royaume-Uni de 1945 à 1951. Il prend aussi la responsabilité de commencer en Inde la décoloni-
sation d'une partie significative de l'Empire britannique en nommant Louis Montbatten (1900-1970)
vice-roi et gouverneur général des Indes.
Le plan de partage de la Palestine (1947)
Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine
élaboré par le ‘Comité spécial des Nations unies sur la Palestine’
(UNSCOP) créé par l’Assemblée générale de l'ONU, est approuvé par
cette dernière à New-York, par le vote de sa résolution 181.
La résolution 181 recommande le partage de la Palestine en 3
parties :
- un « État juif » sur 55% de la Palestine avec environ 498 000 Juifs et
450 000 Arabes palestiniens,
- un « État arabe » sur 43% du territoire comprenant environ 725 000
Arabes palestiniens et 10 000 Juifs,
- un statut international pour le secteur de Jérusalem et sa proche
banlieue jusqu’à Bethléem comprenant 100 000 Juifs et 105 000
Arabes, en tant que corpus separatum.
Images :
- L’AG de l’ONU le 29 nov. 1947
- La carte du partage, État arabe en jaune, État juif en orange, Jérusalem en blanc
Réactions au plan de partage de la Palestine (1947)
Le plan de partage décidé par l’ONU est accepté par les dirigeants
du Yichouv (communauté juive en Palestine), par le biais de l'Agence juive,
mais rejeté par les factions sionistes de droite (de l'Irgoun et du Lehi).
Certains mouvements sionistes libéraux menés par le rabbin Judah
Leon Magnes ne s’opposent pas au partage mais lui auraient préféré le plan
minoritaire visant à la mise en place d’un État binational fonctionnant sous la
forme d’une fédération et où les droits de tous auraient pu être respectés.
Le plan est rejeté par la quasi-totalité des dirigeants de la commu-
nauté arabe, qui estiment que les Arabes de Palestine n’ont pas à payer
pour un crime commis à l’encontre des Juifs par les nations européennes.
Ils revendiquent l’ensemble du territoire et soutiennent que le partage
constitue une violation du droit de la majorité des habitants de la Palestine,
alors composée de 2/3 d'Arabes (1 200 000) et 1/3 de Juifs (600 000)
principalement immigrés d’Europe pendant la période du mandat.
Images :
- Le rabbin Judah Leon Magnes (1877-1948). Voir diaporama n° 3
- Emblème de la ‘Ligue arabe’
- Abdul Rahman Hassan Azzam (1893-1976), premier Secrétaire général de la ‘Ligue arabe’ de 1945 à
1952. Nationaliste égyptien et fervent partisan du panarabisme, il s'oppose fermement à la partition de
la Palestine.
Réactions au plan de partage de la Palestine (1947)
Le plan est toutefois accepté par le roi Abdallah Ier de Jordanie qui
a conclu un accord avec la Première Ministre israélienne Golda Meir
pour se partager la Palestine.
Il est rejeté aussi par le ‘Haut Comité arabe palestinien’, appuyé
par la ‘Ligue arabe’ qui annonce ses intentions de prendre « toutes les
mesures nécessaires pour empêcher l'exécution de la résolution » et par
certains États arabes qui déclarent leur intention d'attaquer l'État juif.
Les Britanniques, qui se sont abstenus lors du vote, annoncent
qu'ils ne collaboreront pas à sa mise en place.
Images :
- Golda Meir (1898-1978), participe à la création de l'État d'Israël, ministre des Affaires
étrangères, 4ème Première ministre d'Israël (mars 1969 à avril 1974)
- Le roi Addallah Ier de Jordanie (1852-1951), assassiné sur ordre probable de Hadj Amin al-
Husseini, le grand mufti de Jérusalem qui le juge trop complaisant à l'égard d’Israël
La création de l’État d’Israël en mai 1948
Première guerre israélo-arabe
Dès le 30 novembre 1947, lendemain du vote à l’ONU,
la violence débute, opposant les forces paramilitaires de chaque
camp et faisant de nombreuses victimes civiles.
En mars 1948, David Ben Gourion, président du ‘Conseil
national juif’, met en œuvre le plan Daleth (plan D) d’épuration
ethnique.
Le 14 mai 1948, Ben Gourion proclame la naissance de l'État
Israël dans une déclaration depuis le musée de Tel Aviv, en présence
des représentants des mouvements sionistes. Le nouvel État se
fonde sur la « loi du retour », c’est-à-dire que tout Juif du monde
entier a le droit de s’installer dans le pays. Au même moment nait le
conflit israélo-palestinien.
Le lendemain, le 15 mai, les pays arabes, Liban, Syrie, Irak,
Transjordanie et Égypte attaquent le nouvel État juif sur trois fronts.
En quelques mois, les forces israéliennes prennent l'avantage sur
leurs adversaires et occupent Jérusalem-Ouest. La première guerre
israélo-arabe aboutit à la création d’une ligne de démarcation entre
Israël et la Palestine, en vigueur jusqu’en 1967.
La Nakba en 1948
La guerre entraîne un bouleversement démographique :
environ 750 000 Arabes palestiniens (sur les 900 000 qui
vivaient dans les territoires qui seront sous contrôle israélien à
l'issue de la guerre) fuient ou sont chassés de leurs terres.
Ils se réfugient, la plupart du temps dans des camps de
réfugiés, dans en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, en
Transjordanie et au Liban : c’est la catastrophe, ‫نكبة‬ la Nakba en
arabe.
Durant la guerre, 369 villages arabes sont détruits,
évacués ou abandonnés.
Les réfugiés sont également dépossédés de leurs biens et
on leur refuse tout droit au retour.
Les descendants de ces personnes sont aujourd'hui plus
de 5 millions et sont connus sous le nom de réfugiés palesti-
niens.
Dans les années qui suivront, environ 600 000 Juifs
d'Europe et des pays arabes s'installent en Israël.
La Nakba :
369 villages détruits, désertés ou vidés
Selon l’historien israélien Benny Morris, sur les 369 localités arabes de l'État
israélien et des zones qui passèrent sous contrôle israélien pendant cette guerre,
- 187 ont été désertées lors d'attaques,
- 41 ont été le théâtre d'une expulsion après la conquête,
- 90 villages se sont vidés de leur population, affolée par l'approche des combats ou
par les témoignages de massacres, notamment celui de Deir Yassin.
- Pour 45 cas, l'historien avoue ignorer les causes du départ.
- Dans seulement 6 cas, il l'attribue à l'appel des autorités arabes locales.
Images
- Le massacre de Deir Yassin (9 avril 1948) est perpétré par 120 combattants juifs de l'Irgoun
et du Lehi. Les historiens évaluent aujourd'hui le nombre de tués entre 77 et 120.
- Benny Morris, né en 1948, professeur dans le département d'études du Moyen-Orient à
l'université Ben Gourion du Néguev à Beer-Sheva. Il est l'un des plus influents représentants des
nouveaux historiens, un groupe d'universitaires qui a remis en question certaines visions du conflit
israélo-palestinien.
"La Nakba continuelle"
Chaque 15 mai, les Palestiniens commémorent la Nakba.
En Israël, l'utilisation du terme Nakba est interdite dans les manuels
scolaires.
C’est sous la plume de Constantin Zureiq, un célèbre intellectuel
syrien, que le terme de Nakba entre dans le dictionnaire politique arabe. À
l’été 1948, à l’âge de 39 ans, pressentant que la débâcle des armées
arabes face aux troupes du jeune État israélien est irrémédiable, ce
penseur, alors professeur d’histoire à l’Université américaine de Beyrouth
(AUB), écrit un petit essai intitulé Ma’an Al Nakba ("La signification de la
catastrophe").
Dans un article de 2011, intitulé "La Nakba continuelle", l’écrivain
libanais Elias Khoury, compagnon de route de l’OLP, propose une relec-
ture critique de l’ouvrage fondateur de Constantin Zureiq. « Ce qu’il
n’avait pas compris à l’époque, c’est que la Nakba n’est pas un événe-
ment, mais un processus. Les confiscations de terres n’ont jamais cessé.
Nous vivons toujours dans l’ère de la Nakba ». La Nakba s’est accompa-
gnée d’un véritable « mémoricide » qui se poursuit aujourd’hui. Il fallait
conforter le mythe sioniste selon lequel la Palestine était « une terre sans
peuple pour un peuple sans terre ».
Images : - Constantin Zureiq (1909-2000)
- Elias Khoury (né en 1948),
Deuxième guerre israélo-arabe : 1956
En juillet 1956, le chef d’État de l’Égypte Gamal Abdel Nasser
nationalise la Compagnie internationale privée du canal de Suez. Le
3 novembre, les forces israéliennes s'emparent de Charm el-Cheikh.
Dès le 30 octobre, Français et Britanniques avaient lancé aux
gouvernements d'Israël et d'Égypte un ultimatum leur laissant douze
heures pour retirer leurs troupes à 15 km de part et d'autre du canal.
Le refus égyptien décide de l'intervention des forces franco-britan-
niques, qui débarquent à Port-Fouad et à Port-Saïd et occupent la
zone du canal jusqu'à El-Kantara.
Cette action tourne court devant la pression de l'ONU, de
l'URSS et des États-Unis. La police de l'ONU relève les contingents
français et anglais, réoccupe le Sinaï et rétablit entre Israël et l'Égypte
la ligne d'armistice de 1949.
Image du haut : En 1956, la première occupation de gaza par Israël
Troisième guerre israélo-arabe
ou "guerre des Six-Jours" : juin 1967
L'alliance politico-militaire entre l'URSS et l'Égypte de Nasser s'est
approfondie, les armées égyptienne et syrienne ont reçu de considérables
équipements en matériels modernes blindés et d'aviation ainsi que de nom-
breux conseillers soviétiques. De leur côté, les Occidentaux, dont les Fran-
çais, ont également fourni aux Israéliens des matériels très performants.
Le 19 mai 1967, l'Égypte demande et obtient la relève par sa propre
armée des Casques bleus de l'ONU en place au Sinaï depuis 1957. Elle
réoccupe donc Charm el-Cheikh et masse ouvertement des contingents blin-
dés dans le Sinaï. La Syrie fait de même à sa frontière.
Israël réagit dès le 5 juin par une campagne préventive. La guerre dure
six jours, elle est un succès considérable pour les forces israéliennes, qui,
dès le premier jour, détruisent l'aviation égyptienne sur ses aérodromes ainsi
que celles des Syriens, des Irakiens et des Jordaniens.
Image du haut : Mouvement de troupes israéliennes dans le Néguev dix jours avant le début de
l’offensive
La guerre des Six-Jours : juin 1967
Le général en chef israélien Yitzhak Rabin mène alors de rapides
opérations blindées à Gaza, dans le Sinaï et à Charm el-Cheikh du 5 au
8 juin; puis, du 6 au 8 juin, il conquiert la Cisjordanie contre les forces
jordaniennes du roi Husayn, qui subissent de très lourdes pertes. Enfin il se
tourne vers la Syrie et, après la saisie du plateau du Golan, marche sur
Damas, lorsque le cessez-le-feu, exigé par l'ONU dès le 7 juin, arrête la
campagne le 10.
Israël a conquis 70 000 km² de territoires arabes.
Images :
- Carte des territoires conquis par Israël (zones hachurées)
- En détruisant la quasi-totalité de l'aviation égyptienne au début de la guerre des Six-Jours, Israël s'est
assuré une supériorité aérienne totale durant tout le conflit ce qui a grandement contribué à sa victoire
écrasante. Ici, des Mirage IV de fabrication française.
- Prisonniers égyptiens
La résolution 242
des Nations unies
Le Conseil de Sécurité de l’ONU vote le 22 novembre 1967, à la majorité
absolue des 15 membres, la résolution 242 qui détermine les conditions
politiques d'un retour à la paix :
- retrait israélien des territoires occupés,
- reconnaissance d'Israël par les États arabes,
- « juste solution » du problème des réfugiés palestiniens,
- liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région,
- inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région,
par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées.
La résolution n'a jamais été acceptée par Israël.
Le 15 novembre 1988, devant le Conseil national palestinien réuni à Alger,
Yasser Arafat fera d'une pierre deux coups en acceptant la résolution 242 et en
proclamant la naissance de l'État palestinien. Une façon de reconnaître
implicitement Israël, dans ses frontières de 1949.
Quatrième guerre israélo-arabe
ou ‘guerre du Kippour’ : octobre 1973
Très soigneusement et secrètement préparée par l'Égypte et
la Syrie, la guerre a pour but de reconquérir les territoires occupés par
Israël depuis 1967. Elle est déclenchée le samedi 6 octobre 1973 – jour de
fête et de repos du Yom Kippour en Israël – simultanément par une attaque
massive syrienne au Golan et un franchissement égyptien du canal de
Suez. L'Iraq, la Jordanie, le Maroc et l'Algérie y participent. L'arrière-
pensée politique du président égyptien Anouar el Sadate semble bien avoir
été de provoquer, quelle que puisse être l'issue du conflit, une intervention
internationale et d'obtenir ainsi l'application de la résolution 242.
Après de durs combats, Israël reprend le contrôle du plateau du Golan et du
désert du Sinaï. Même si Israël réussit finalement à repousser l'offensive, les Israé-
liens sont stupéfaits par l'ampleur de l'attaque, qui a vu voler en éclats ses certitudes
relatives à l'invulnérabilité de son armée et l'infaillibilité de ses services de renseigne-
ment.
À l'issue du séjour de Henry Kissinger à Moscou, le Conseil de
sécurité de l'ONU adopte 23 octobre une résolution américano-soviétique
pour un cessez-le-feu immédiat, accepté par Israël et l'Égypte et rejeté
dans un premier temps par la Syrie, l'Iraq, l'OLP et la Libye, et fait adopter
le principe de l'envoi sur place d'une force de 7 000 Casques bleus. La
guerre a duré 18 jours.
Image du haut : Les forces égyptiennes traversent le canal de Suez le 7 octobre 1973.
La normalisation des relations
avec les pays arabes proches
Dans les années qui suivent 1967, les gouvernements israéliens refusent les
propositions de paix ouvertes et secrètes des Égyptiens. Le camp israélien de la paix est
une voix insignifiante dans sa revendication d’une volonté de restituer tous les territoires
occupés en échange de la paix. Le gouvernement israélien affirme que sa supériorité
militaire est telle que ni les Égyptiens ni les Syriens n’oseraient déclencher une guerre.
Ce n’est qu’après le traumatisme de la guerre de 1973 et la pression étatsunienne
que le gouvernement israélien accepte de s’orienter vers la voie de la paix avec l’Égypte
(avec un soutien massif de l’opinion publique) et de restituer la totalité du territoire
conquis à l’Égypte. En conséquence, la menace existentielle pour la sécurité égyptienne
est considérablement réduite.
En 1994, la Jordanie devient le deuxième pays arabe à normaliser ses relations
avec Israël.
Images :
- Le 17 septembre 1978, le Président égyptien Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin
concluent sous l'égide du Président étatsunien Jimmy Carter les accords de Camp David, à une centaine de kilomètres
de Washington.
- Le 26 mars 1979, ils signent à Washington le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, aux termes duquel
l'Égypte récupérera la péninsule du Sinaï en 1982.
1987 à 1993 :
première Intifada
La première Intifada, appelée également « guerre des pierres », désigne la période de
conflit entre les Palestiniens des territoires occupés et Israël, qui s'étend du 9 décembre 1987
à la signature des accords d'Oslo en 1993.
Elle est marquée par le soulèvement de la population palestinienne et est caractérisée
par des émeutes violentes et par la répression de l'armée israélienne. Elle est accompagnée
par des attentats contre la population israélienne et par des conflits entre factions palesti-
niennes.
Des actions non-violentes, notamment une campagne de désobéissance civile
préconisée par Mubarak Awad, alternent avec actions plus ou moins violentes : blocage des
routes avec des barricades, souvent de pneus incendiés, jets des pierres, souvent à l'aide de
frondes, engins explosifs improvisés, souvent des cocktails Molotov.
Israël réagit par des tortures physiques, des déportations, des arrestations sans procès,
la fermeture des universités, des sanctions économiques et le développement des colonies
dans les Territoires occupés.
D'après l'organisation de défense des droits humains B'Tselem, 1 162 Palestiniens (dont
241 mineurs) et 277 Israéliens (dont 19 mineurs) trouvent la mort.
Les accords d’Oslo
(1993-1994)
S’exprimant à Stockholm en décembre 1988, Yasser Arafat déclare que
l’OLP « accepte l’existence d’Israël » et déclare son rejet et sa « condamnation du
terrorisme sous toutes ses formes ».
Les accords d'Oslo sont le résultat d'un ensemble de discussions menées
en secret, en parallèle de celles publiques consécutives à la conférence de Madrid
de 1991, entre des négociateurs israéliens et palestiniens à Oslo (Norvège), pour
poser les premiers jalons d'une résolution du conflit israélo-palestinien.
Une déclaration générale de principes "reconnaît leurs droits politiques
mutuels et légitimes" et établit "un cadre pour la période intérimaire" en vue de
l'autogouvernement (self-government) des deux régions de la bande de Gaza et
de Jéricho (puis étendu à d'autres villes de Cisjordanie). L'auto-gouvernement sur
ces deux régions se fera par le biais d'une autorité intérimaire palestinienne. Au
bout de trois ans au plus tard, commenceront les négociations sur le statut final où
seront abordées les questions des réfugiés palestiniens, de Jérusalem, des
implantations israéliennes, des frontières définitives et les problèmes de sécurité
d'Israël.
Images : - De gauche à droite, Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat et à la Maison Blanche le 13
septembre 1993
- La signature des accords
L’échec des accords d’Oslo
(1993-1994)
Il est prévu une coopération israélo-palestinienne dans les domaines économiques,
surtout la création d'une commission bipartite pour la gestion et le partage de l'eau.
Cet accord connaît immédiatement de fortes oppositions, aussi bien du côté
israélien (Likoud, extrême droite, colons) que palestinien (Hamas, Djihad islamique, FPLP,
FDLP, et aussi l’intellectuel Edward Saïd pour qui « Israël poursuit l’occupation de la
Cisjordanie et de Gaza. La préoccupation principale du document concerne la sécurité
d’Israël, tandis qu’il n’est aucunement question de la sécurité des Palestiniens contre les
incursions d’Israël. »
Les accords sont torpillés par la droite nationaliste israélienne. Dans une entrevue
de 2001, ne sachant pas que les caméras tournaient, Benyamin Netanyahou s'est vanté
d'avoir fait échouer les accords d'Oslo au moyen de fausses déclarations et d'ambiguïtés.
Le 25 février 1994, un colon israélien extrémiste, Baruch Goldstein, tue 29 Pales-
tiniens en prière et en blesse 125 autres dans la mosquée d’Abraham. Ce massacre
marque le début d’une spirale de violence caractérisée par des attentats suicides du
Hamas et du Djihad islamique, d’avril 1994 à août 1995.
Images : Le tombeau des Patriarches dans la mosquée d’Abraham à Hébron
Hommage aux victimes palestiniennes du massacre d’Hébron
L’assassinat
d’Yitzhak Rabin
Un second "accord d’Oslo" est en fait signé à Taba, en Égypte, le 24 septembre
1995. Le plan consiste à partir du premier accord et à rapprocher encore davantage les
deux camps de la négociation d’un règlement permanent.
L’accord divise la Cisjordanie en plusieurs zones qui feraient l’objet d’une coopération économique et en
matière de sécurité entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) :
* Zone A : sous le contrôle de l’AP (principalement des poches de terre centrées sur les principales villes palesti-
niennes)
* Zone B : sous contrôle partagé israélo-palestinien
* Zone C : sous contrôle israélien (principalement dans l’est de la Cisjordanie, près de la frontière avec la Jordanie)
Les zones B et C représentaient à elles deux 80 % de la Cisjordanie. L’objectif à long terme était de transférer
progressivement ces zones aux autorités palestiniennes. À l’heure actuelle, elles font toujours l’objet d’un contrôle
israélien.
Mais le 4 novembre 1995, 5 semaines après la signature du second accord,
Yitzhak Rabin est assassiné par Yigal Amir, un Israélien juif opposé aux accords. Ce
meurtre est commis après que Rabin a prononcé un discours lors d'une manifestation
pour la paix sur la place des Rois d'Israël, à Tel Aviv.
Images :
- Yitzhak Rabin (1922-1995). Une hostilité ouverte contre le Premier ministre, accusé de brader la « terre d'Israël »,
s'était développée dans le camp nationaliste israélien, et en particulier parmi les sionistes religieux.
- Tombe d'Yitzhak et Leah Rabin
- Le monument sur le lieu de l'assassinat, composé de pierres brisées, qui figurent le séisme politique que représente
cet assassinat.
Le rejet de l’initiative de paix
de la Ligue arabe en 2002
La différence de puissance militaire entre Israël et les Palesti-
niens – qui n'ont ni État ni armée – est si grande que les dirigeants
israéliens ne prennent même pas la peine d'envisager sérieusement
l'initiative de paix sans précédent de la Ligue arabe de 2002, sur
proposition du prince d'Arabie saoudite.
Selon cette proposition, en échange de la fin à l'occupation et
d’une solution concertée au problème des réfugiés, tous les États
arabes reconnaîtraient et feraient la paix avec Israël - une assurance de
la sécurité existentielle d'Israël.
Images :
- Le prince d'Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud (1924-2015)
- La Ligue arabe, fondée en mars 1945 au Caire par 6 États, compte 22 États membres en 2023.
Sept. 2000 à fév. 2005 : Deuxième Intifada
Le déplacement du responsable politique d’extrême droite Ariel
Sharon, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, le 28 septem-
bre 2000, entraîne de nombreuses manifestations violemment
réprimées dans les territoires palestiniens. Israël réoccupe les villes
autonomes de Cisjordanie, puis lance lance ‘l'opération Rempart’ en
avril 2002, marquée par la bataille de Jénine et la construction d'un
mur de séparation. Suivront également plusieurs opérations militaires
La deuxième Intifada se caractérise avant tout par son
caractère populaire et massif, par la participation de l’ensemble
des forces politiques palestiniennes aux diverses initiatives et
par l’étendue et la rapidité de la répression israélienne.
Le bilan entre 2000 et 2008 est de 1 062 morts israéliens
et 3 057 morts palestiniens.
L’exacerbation des rivalités au sein de la direction de
l’Autorité palestinienne se manifeste par les appels à la «
réforme » et par la prise de distance de plus en plus visible de
Mahmoud Abbas, chef de file des opposants à l’Intifada, à
l’égard de Yasser Arafat.
Le blocus de Gaza
En 2006, les islamistes du Hamas remportent les élections,
puis contrôlent Gaza après une lutte fratricide avec le Fatah de
Mahmoud Abbas. Avec l’appui de l’Égypte, Israël établit le blocus
terrestre, aérien et maritime de Gaza, qui devient une prison à ciel
ouvert*.
Suite à l’attaque d’Israël contre une flottille d’aide humanitaire en
route vers Gaza le 31 mai 2010 et aux condamnations internationales
qui en résultent, Israël fait quelques pas en vue d’un relâchement du
blocus.
Subissant des tirs de roquettes depuis Gaza, Israël y lance des
attaques sanglantes en 2008, 2012, 2014.
En 2018, suite à la provocation du président Donald Trump, est
ouverte l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, ce qui provoque un
bain de sang.
* Israël a construit un mur de séparation de fer de 12 mètres de hauteur autour de Gaza. Il
n’existe que deux points pour entrer et sortir de Gaza par voie terrestre : Erez au nord, contrôlé
par Israël, et Rafah au sud, contrôlé par l’Égypte à la demande d’Israël. L’Égypte a construit
actuellement un mur d’acier souterrain près de sa frontière avec Gaza afin d’empêcher les
Gazaouis de creuser des tunnels de contrebande entre l’Égypte et Gaza. Israël contrôle aussi
l’espace aérien de Gaza ainsi que ses eaux côtières au-delà de trois kilomètres de la rive.
2018-2019 :
‘La marche du retour’
‘La Marche du retour’ est une série de manifestations et de confronta-
tions initiées à partir du 30 mars 2018 jusqu’en mars 2019 dans la bande de
Gaza, le long de la frontière avec Israël. C’est originellement l'édition annuelle
d'une manifestation organisée par les Palestiniens pour commémorer la
Nakba, l'exode palestinien de 1948.
Ces manifestations décrites par le Hamas comme « désarmées et
pacifiques, en dehors d'une minorité d'actions » ont une large couverture
médiatique et suscitent de nombreuses critiques envers Israël du fait des
nombreux morts et blessés par balles parmi les manifestants.
À la date du 30 mars 2019, selon un recensement de l'agence humani-
taire de l'ONU, 270 manifestants Palestiniens ont été tués et 29 000 blessés,
« certains alors qu’ils étaient inactifs loin de la clôture » selon Le Monde. Les
tireurs d’élite israéliens ont tiré dans les genoux et les chevilles pour faire un
maximum d'estropiés et d'amputés.
Des centaines de cerfs-volants portant des engins incendiaires lancés
par les manifestants palestiniens au-dessus de la barrière frontalière avec
Israël dévastent des centaines d'hectares de champs agricoles, de forêts et
de réserves naturelles. ■ Suite de l’historique : diaporama n° 2
Photos : Les manifestations de la ‘marche du retour’. Les engins incendiaires lancés par les
ballons décrédibilisent totalement le caractère non-violent des manifestations.

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Israël-Palestine. — 01. Historique du conflit. Quelle stratégie pour les Palestiniens ?

  • 1. Israël-Palestine 1- Historique du conflit (Diaporama provisoire, encore en chantier Merci de vos suggestions d’amélioration) Étienne Godinot - 14.02.2024
  • 2. La Palestine L’histoire des Palestiniens remonte très loin dans le passé du Proche-Orient. Charnière entre la vallée du Nil et la "terre entre les fleuves" (Mésopotamie), la région de la Palestine est habitée depuis des millénaires et a connu la présence et le brassage de nombreux peuples et la domination de nombreux empires : Cananéens, Hébreux/Juifs, Assyriens, Perses, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Croisés chrétiens, Mamelouks (Égypte) puis Ottomans (Turquie), et Britanniques. Images : Carte de la Palestine ancienne ( du temps de l’occupation romaine) Carte de la Palestine ottomane (1516-1917) Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l'est du Jourdain et au nord du Sinaï. La région comprend aujourd'hui l'État d'Israël, les territoires palestiniens occupés, la bande de Gaza et parfois également une partie du royaume de Jordanie, le Liban du Sud et le plateau du Golan.
  • 3. Israël ne doit accaparer ni les sols, ni l’histoire de la Palestine Originaires d'Égypte, les Cananéens occupent la Palestine et l'actuel Liban au 3ème millénaire avant notre ère, bien avant les Hébreux. Ils sont probablement les fondateurs des cités telles que Tyr, Sidon, Byblos, Jéricho. Images - Sculptures à Azor (ou Hatsor), une cité importante de l'âge du bronze et de l'âge du fer, des environs de - 2 600 jusqu'à sa destruction par les Assyriens en - 732. Vers -1 250, les Israélites (cf. livre de Josué) incendient cette cité cananéenne. - À Jéricho, les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements successifs de la cité, dont le premier remonte à - 9 000 ans. - Akko (Acre), fondée sur le modèle de la cité grecque par les Lagides, royaume hellénis- tique situé en Égypte et dirigé par la dynastie lagide issue du général macédonien Ptolémée. - Aqueduc de Césarée maritime, capitale de Hérode Ier le Grand, roi de Judée, État vassal de Rome, reconstruite entre - 20 à - 10 après avoir été une cité grecque.
  • 4. La "terre promise" ? La Terre promise représente ce que dans la Genèse, la Torah (Bible hébraïque) désigne sous le nom de "Terre d'Israël" dans le pays de Canaan, "pays où coulent le lait et le miel", qui, selon les textes, fut promise par Dieu au patriarche hébreu Abraham.* À la fin du 19ème siècle, ce concept s'incarne dans le sionisme inspiré par Théodore Herzl. En réalité, Baruch Spinoza affirmait que l’élection du peuple hébreu n’est pas le fait d’une quelconque préférence de "Dieu", mais un artifice pédagogique imaginé afin que les Hébreux s’approprient et pratiquent la Torah. * Abraham, selon les exégètes contemporains, est un personnage symbolique et non historique. Voir les diaporamas de l’IRNC « Chercheurs de sens ». La "terre promise" est symboliquement la société de justice, de liberté, de paix et d’interconvictionnalité que cherchent la philosophie, les religions et les spiritualités (ainsi, les negro spirituals afro-étatsuniens et Martin Luther King invoquent l'image de la "Terre promise" comme société libérée de l'esclavage), mais en aucune façon un territoire géographique soi-disant attribué par "Dieu" aux croyants d’une religion particulière. - Photo du bas : Martin Luther King pendant son dernier discours, le 3 avril 1968, au Bishop Charles Mason Temple à Memphis (Tennessee) : « Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise ».
  • 5. La conquête du pays de Canaan par les Israélites La conquête du pays de Canaan par les Hébreux est racontée dans le livre de Josué*. Quelle que soit la réalité historique, le récit conquérant fait penser la Nakba de 1948… Les fouilles archéologiques nous conduisent à reconstituer une his- toire très différente de celle du récit biblique. Selon le professeur Israël Finkelstein, de l’Université de Tel Aviv, l’histoire de la conquête de Canaan par les Israélites est un mythe inventé tardivement. Le livre de Josué, présenté comme un homme aussi remarquable- ment rusé qu’impitoyablement cruel, avait simplement pour ambition de conforter les ambitions du roi Josias, qui a régné de - 640 à - 609. * D’après le livre de Josué, la première ville qui tombe après la traversée du Jourdain est Jéricho, dont les murailles s’effondrent au son des trompettes... Puis vient la prise de la ville d’Aï, dont le nom signifie "ruine". Les Hébreux progressent alors vers l’ouest et le sud, et se rendent maîtres des villes de Libnah, Lakish, Eglon, Hébron et Debir. La bataille décisive a lieu dans un endroit nommé "les eaux de Mérôm". Les Hébreux poursuivent ensuite leurs ennemis vers Sidon au nord-ouest, et en direction de la vallée de Mitzpéh au nord-est. Lors de leur retour ils brûlent la ville d’Hatzor. - Image du haut : Illustration de la conquête de Jéricho selon le récit biblique, repris à la mode romantique par Victor Hugo en 1853 : « À la septième fois, les murailles tombèrent »
  • 6. Israël ne doit accaparer ni les sols, ni l’histoire de la Palestine Les Juifs extrémistes ou fondamentalistes n’ont aucune légiti- mité à se prétendre les plus anciens habitants de la Palestine, et encore moins à vouloir en expulser les Non-juifs. Images - Église de l’Éléona (ou église du Pater Noster) sur les vestiges de celle construite au 4ème siècle par l’empereur Constantin à Jérusalem et détruite en 614 par les Perses. - La grande mosquée de Gaza, née de la transformation, entre 1297 et 1329, d'une église construite par les Francs entre 1150 et 1187. - Mausolée du Bab à Jaffa. Y sont enterrés les restes de Bāb (Sayyid Ali Muḥam- mad Širazi, 1819-1850). Le premier disciple du Bāb, le Persan Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī (1817-1892), fonde en 1863 la religion baha’ie, une religion destinée à être sur Terre la pierre angulaire d’un royaume de paix, de justice, de liberté et d’humanité. Il passe les quarante dernières années de sa vie en exil ou en prison.
  • 7. Les Palestiniens dans l’histoire Sabri Giroud a pointé les épisodes d’apparition et d’invisibilisation de la Palestine ou des Palestiniens à travers l’histoire au gré des colonisations occidentales, l’archevêque de Canterbury déclarant même devant la reine Victoria : « La Palestine est essentiellement nôtre ! ». ll redonne sa place au temps long des historiens alors que l’actualité incandescente peut conduire au sentiment de la fin de l’histoire. Images : En Palestine, les débuts de l’humanité - Les vestiges du site préhistorique du Pont des Filles de Jacob (Gesher Bnot Ya'aqov), entre la Haute Galilée et le plateau du Golan (restes de graines brulées, olivier brûlé, pierres fortement chauffées) datés de 790 000 ans, pourraient bien représenter la plus ancienne utilisation du feu documentée. Ici un outil lithique acheuléen. - En janvier 2018 est annoncée la découverte, en Palestine occupée par Israël, du plus ancien Homo sapiens hors d’Afrique qui serait vieux de 180 000 ans. Photo : sa demi-mâchoire découverte dans la grotte de Misliya, sur le mont Carmel. - Le fossile de "l'Homme de Galilée", du type Homo heidelbergensis, date d'environ 140 000 ans. Photo : moulage du crâne humain de Qafzeh
  • 8. Quatre siècles de cohabitation pacifique Sous l’Empire ottoman (1516-1917), Juifs, Musulmans et Chrétiens vivent pacifiquement à l’intérieur du cadre défini par la charia. Vers la fin du 19ème siècle, ces traditions de vie commune disparaissent peu à peu avec l’arrivée des premiers colons sionistes. La période du mandat britannique transforme les relations entre les deux communautés et sème les germes du conflit meurtrier qui déchire le pays à la suite de la résolution du 29 novembre 1947 des Nations unies sur le partage de la Palestine entre les Arabes et les Juifs. Depuis, les deux peuples ne cessent de s’affronter dans un conflit qui apparaît comme l’un des plus longs de l’histoire contem- poraine. - Photo du bas : Amnon Cohen, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem. Grâce aux archives des minutes du tribunal islamique de Jérusalem, il retrace l’histoire de la Palestine depuis la conquête du territoire par les Arabes musulmans au 7ème siècle jusqu’à la création de l’État d’Israël en 1948. Sans parti pris, il démontre qu’en prenant la voie du compromis au lieu de la confrontation, la coexistence entre Juifs et Arabes peut être rétablie.
  • 9. Un peuple expulsé Au début du 20ème siècle, par exemple pendant la période du "mandat" britannique, on parlait de la Palestine, mais pas des Palestiniens. Aujourd’hui, on parle des Palestiniens, on ne parle plus guère de la Palestine… « Expulsés des lieux comme du temps, les Palestiniens souffrent jusqu’à ce jour de se voir dénier leur existence mais aussi leurs racines, et donc leur avenir », écrit Sabri Giroud. Images : - Pour raconter cette histoire plurimillénaire, multiple et métissée, inscrite génération après génération à la croisée du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Égypte, un collectif international de spécialistes pluridisciplinaires − archéologues, historiens, anthropologues, chercheurs en sciences sociales et politi- ques, journalistes – dresse des portraits d’hommes et de femmes, illustres ou inconnus, révélant à la fois des trajectoires individuelles et des pans de l’histoire sociale, intellectuelle et politique de la Palestine, de la préhistoire à nos jours. La Palestine en 50 portraits est le fruit de 8 ans de travail avec 45 contributeurs de 12 pays différents. - Cet ouvrage a été coordonné par Sabri Giroud. Archéologue franco-palestinien, il anime une agence spécialisée dans l’organisation de voyages culturels et solidaires en Palestine, ‘Diwan Voyage’.
  • 10. Le judaïsme Le judaïsme est l’ensemble des croyances religieuses, de la philoso- phie et de la culture du peuple juif*, constitué des descendants des Israé- lites provenant de l’antique terre d'Israël et de ceux qui les ont rejoints par la conversion. Les premières communautés juives sont fondées dans le bassin méditerranéen, puis en Europe après l’arrivée des armées romaines (Arles, Trèves, etc.) La communauté séfarade héritière des savoirs orientaux, s’épanouit dans l’ancienne Ibérie (Espagne) où les conflits entre Chrétiens et Musulmans permettent aux Juifs d’exister hors des marges de la société. La communauté ashkénaze se développe en France, en Allemagne et dans toute l’Europe (Grèce, pays baltes, Pologne, Biélorussie, Ukraine, etc.) jusqu’en Russie. Suite aux persécutions anti-juives qui débutent en Espagne en 1391, (massacre de 5 000 Juifs à Séville le 6 juin 1391), et à l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, beaucoup se réfugient au Portugal, en Afrique du Nord, en Italie, en Sardaigne, en Corse, etc. * Grandes figures du judaïsme religieux et philosophique jusqu’au 18ème siècle : Moïse Maïmonide, Moïse Nahmanide, Moïse Cordovero, Isaac Louria, Yossef Caro en Espagne, Rachi à Troyes, Guershom à Mayence, Yaakov Ben Asher à Cologne, Baruch Spinoza aux Pays-Bas, Juda Lœw ben Bezalel dit le Maharal à Prague, Ba’al Shem Tov et Dov Baer de Mezeritch en Ukraine, Moïse Mendelssohn en Allemagne.
  • 11. Les Juifs persécutés depuis l’Antiquité L’antisémitisme (ou plus exactement l’antijudaïsme) est la discrimi- nation et l'hostilité manifestées à l'encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou supposément racial. Les Juifs ont subi tout au long de leur histoire des persécutions odieuses. Les Romains tuent des dizaines de milliers de Juifs, et déportent pour les vendre sur les marchés d’esclaves les survivants de ces tueries. Les Juifs subissent ensuite l’accusation de la responsabilité de la peste noire, les discriminations, expropriations, expulsions, tortures, exécutions, commises par l’Église catholique dès le 4ème siècle et notam- ment pendant les Croisades et l’Inquisition espagnole, - Image 2 : Philippe Auguste avait expulsé les juifs de son domaine royal. En 1215, sous le pape Innocent III, le concile de Latran IV instaure l’obligation pour « les juifs et les sarrasins » de porter un signe distinctif, le signum en latin, sans précision sur la forme de ce signe. La finalité de cette mesure est d’éviter les unions mixtes. Louis IX, canonisé sous le nom de Saint Louis, met en œuvre cette décision et impose aux Juifs le port de la rouelle. Ici, un Juif de Worms - Image 3 à droite : Le pouvoir nazi, relayé par le régime de Vichy, s’inspirera de la mesure « du roi très chrétien » et leur impo- -sera le port de l’étoile de David. - Image 4 : À l'instigation de Nicolas Donin, un Juif converti au christianisme, et après une "disputation", un tribunal religieux juge que le Talmud est « un livre infâme » et qu'il doit être brûlé selon les recommandations du pape Grégoire IX. Louis IX fait brûler solennellement 24 charretées de Talmud sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris en juin 1242.
  • 12. La persécution des Juifs dans l’histoire Les Juifs sont aussi persécutés et massacrés par les Musulmans, par les Orthodoxes, par les nationalistes : pogroms en Russie de 1880 à 1920 (60 000 morts), en Lituanie, en Syrie, etc. Images : - Massacre des Banu Qurayza, une tribu juive de Médine, par les troupes de Mahomet en 627. (NB : le roi David et Mahomet, dirigeants politiques et chefs de guerre, sont des prédécesseurs de Jésus et de Mansur al Hallaj, figures spirituelles universelles). Plus tard, et malgré le verset coranique "Nulle contrainte en religion", des communautés juives d'Afrique du Nord sont converties de force, et des synagogues sont détruites. Des milliers de Juifs sont tués dans des pogroms organisés dans la Grenade musulmane en 1066 ou à Fez en 1465. De nouveaux pogroms ont lieu à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème, principalement en Afrique du Nord. - Massacres des Juifs à Barcelone (Espagne) en 1391. - Exécution au Mexique en 1596 de Francisca Nuñez de Carabajal, une Juive convertie de force, accusée d'être restée secrètement fidèle au judaïsme. - Des corps dans la rue après le pogrom de Kichinev (actuelle Moldavie), 1903 - Pogrom commis par ‘les Cent-Noirs’, mouvement orthodoxe antisémite, nationaliste et monarchiste d'extrême droite apparu dans l'Empire russe pendant la révolution de 1905. Ici en 1905 à Tomsk, en Sibérie occidentale. - Jeunes victimes juives d'un pogrom à Dnipropetrovsk,1905.
  • 13. Affaire Dreyfus, Shoah, crimes staliniens L’antisémitisme en France se déchaîne de 1894 à 1906 autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne, qui est finalement innocenté. La haine et la folie atteignent leur paroxysme avec la Shoah* (en hébreu ‫שואה‬ la "catastrophe") pendant la 2ème Guerre mondiale : le régime nazi extermine systématiquement 6 millions de Juifs (les 2/3 des Juifs d'Europe, environ 40 % des Juifs du monde). L’ antisémitisme stalinien** est l'un des instruments de la promotion du patriotisme soviétique à dominante russe, manifesté à travers des slogans et des actes antisémites non-systématiques et non obsessionnels (à la différence des régimes nazi et satellites) au gré des intérêts et des méfiances du régime. * Voir les diaporamas « Mémoire et reconnaissance de crimes du passé » sur le site de l’IRNC, et notamment ceux sur le nazisme et sur les régimes communistes ** En 1928 Staline crée la région autonome juive. Vers la fin des années 1930, le pouvoir de l'Union soviétique liquide presque toutes les organisations juives, y compris la Yevsektsia. De nombreuses campagnes et purges antisémites sont organisées après la Seconde Guerre mondiale, principalement à partir de 1948. Dans la nuit du 12 au 13 août 1952, appelée plus tard la "Nuit des poètes assassinés", 13 des écrivains yiddish les plus importants d'Union soviétique sont exécutés sur l'ordre de Staline.
  • 14. Moïse Maïmonide Baruch Spinoza Franz Kafka Sigmund Freud Henri Bergson Espagne Pays-Bas Bohème Autriche France La belle fécondité des communautés juives Les communautés juives ont donné au monde d’immenses hommes spirituels, scientifiques, créateurs, psychologues, sociologues, pédagogues, écrivains, artistes. Albert Einstein Marc Chagall Primo Levi Janusz Korczak Moshe Feldenkrais Georges Moustaki Allemagne Biélorussie Italie Pologne Ukraine Grèce
  • 15. Le mouvement sioniste Pour se mettre à l’abri des persécutions et pouvoir vivre librement leur foi, mais aussi pour créer des bases européennes au Proche-Orient, les communautés juives de par le monde ont eu l’idée et ont décidé de se regrouper sur la terre où est née leur religion. Le sionisme est une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif, décrite comme nationaliste par les uns et comme émanci- patrice par les autres, prônant l'existence d'un centre territorial ou étati- que peuplé par les Juifs en Terre d'Israël (Eretz Israël). Son principal théoricien est journaliste et écrivain austro-hongrois Theodor Herzl qui publie en 1896 Der Judenstaat (‘L'État des Juifs’). Sur un plan idéologique et institutionnel, le sionisme entend œuvrer à donner ou redonner aux Juifs un statut perdu depuis l'Antiquité et les royaumes hasmonéen et hérodien, à savoir celui d'un peuple disposant d'un terri- toire, mais à l’origine, le sionisme moderne est laïc. À l’opposé d’un État juif, Herzl rêve d’un « foyer national juif » où les Juifs pourraient vivre en harmonie avec les non-Juifs. Après la Shoah, le mouvement sioniste est bien sûr légitimé et renforcé pour mettre les Juifs définitivement à l’abri des persécutions. Image : Theodor Herzl (1860-1904)
  • 16. Le premier congrès sioniste à Bâle Le Premier congrès sioniste se tient à Bâle, en Suisse, du 29 août au 31 août 1897, réuni et présidé par Theodor Herzl. Il est considéré comme l’événement fondateur du mouvement sioniste. Les conséquences les plus importantes de ce congrès sont : - la formulation de la plateforme sioniste, plus connue sous le nom de ‘programme de Bâle’. Un fonds national juif est créé, chargé de l’achat de terres en Palestine. - la fondation de ‘l'Organisation sioniste mondiale’, - l'adoption comme hymne de l'Hatikvah, qui était déjà alors l'hymne des ‘Amants de Sion’* et qui deviendra plus tard l'hymne national de l'État d’Israël. Images : - Les délégués au congrès de Bâle. - Léon Pinsker (1821-1891), médecin à Odessa (Ukraine, alors dans l’empire russe). À la suite de pogroms antijuifs, il fonde en 1881 les ‘Amants de Sion’, mouvement juif populaire, social et national, actif entre la fin du 19e et le début du 20e siècle. Son but est le renouveau du peuple d'Israël, par le retour vers Sion et la reconstruction de sa patrie. - Le mont Sion est une des collines de Jérusalem, située au Sud-Ouest de la vieille ville. Sion est aussi un synonyme utilisé pour Jérusalem, et par extension la terre d'Israël.
  • 17. L'Organisation sioniste mondiale ‘L’Organisation sioniste’ est créée le 3 septembre 1897 peu après le premier congrès sioniste à Bâle. Elle prend le nom d’’Organisation sio- niste mondiale’ (OSM) en 1960. De 1897 à 1946, un congrès est organisé tous les deux ans (à l’ex- ception des périodes des Guerres mondiales) dans différentes villes euro- péennes, afin de construire toute l’infrastructure nécessaire à l’installation des Juifs en Palestine. Les finances de l’organisation sont gérées par le Jewish Colonial Trust, fondé en 1899. L’acquisition de terres en Palestine est organisée par le ‘Fonds national juif’, fondé en 1901. Le Keren Hayesod est créé en 1920 pour organiser les activités élémentaires nécessaires à l’existence d’un État : les entreprises d’électricité, de banque et d’exploitation de la potasse sont ainsi créées bien avant 1948. L’OSM reste aujourd’hui la plus importante organisation internatio- nale juive du monde. Son objectif primordial est d'œuvrer pour la défense de l’identité juive et participer au soutien économique et politique d’Israël. Images : - Logo de l’OSM - ‘Boîte bleue’ pour la collecte d’argent au profit du Fonds National Juif (Jewish National Fund ou Keren Kayemeth LeIsrael - KKL) - Le siège de l'OSM a été déplacé de façon permanente à Jérusalem, après avoir été situé dans plusieurs capitales européennes comme Berlin, Londres mais aussi aux États-Unis, à New York, et ici à Tel Aviv en 2011
  • 18. Le colonialisme des pays européens 1915-1916 : Accords Hussein-McMahon : les Britanniques promettent aux Arabes la création d’un royaume sur l’ensemble de la péninsule arabique, à l’issue de leur victoire sur l’Empire ottoman. 16 mai 1916 : Accords secrets Sykes-Picot. Le Royaume-Uni et la France (avec l'aval de l'Empire russe et du royaume d'Italie) se partagent le Proche-Orient en violation de l’accord Hussein- McMahon, ce qui revenait à dépecer l'Empire ottoman. Il est prévu de placer la Palestine, siège des lieux saints, sous statut international. Images : - La correspondance Hussein-McMahon est une série de 10 lettres échangées de juillet 1915 à mars 1916, pendant la Première Guerre mondiale, entre Sayyed Hussein ben Ali, Chérif de La Mecque et le lieutenant-colonel Henry McMahon, Haut- Commissaire britannique en Égypte. - Le Britannique Marc Sykes (1879-1919) et le Français François-Georges Picot (1870-1951) - Carte des accords Sykes-Picot : le Royaume-Uni et la France morcellent le Moyen-Orient en 5 zones. Chacun de ces deux pays se réserve une zone «d'admi- nistration directe» et une zone «d'influence» ; à ces 4 zones s'ajoute une 5ème, la Palestine, censée devenir une zone internationale
  • 19. La Déclaration Balfour de 1917 La Déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte datée du 2 novembre 1917 et signée par Arthur Balfour, Secrétaire d'État britan- nique aux Affaires étrangères (Foreign Secretary). Elle est adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), personnalité éminente de la communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, aux fins de retransmission. Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l'établis- sement en Palestine d'un projet national (présenté comme « un foyer national pour le peuple juif », traduction de « a national home to the Jewish people »). Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l'État d'Israël. Dans une note de service datant de 1919, Balfour affirme ainsi que « le sionisme s'enracine dans des traditions et des espoirs futurs bien plus importants que les désirs et les préjugés de 700 000 Arabes qui habitent à présent sur cette terre historique ». Dans ce raisonnement, Balfour présente les Arabes comme étant seulement des occupants conjoncturels de la Palestine. Certains affirment que le projet de Balfour présentait des motivations antisémites : créer un État juif en Palestine permettrait selon lui de se débarrasser des Juifs d'Europe. Images : - Arthur Balfour (1848-1930), Secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères - La lettre d’A. Balfour à W. Rothschild - Lionel Walter Rothschild (1868-1937), baron, banquier, homme politique et zoologiste britannique
  • 20. Le mandat britannique (1917-1947) Le 25 avril 1920, après la Première Guerre mondiale, la conférence de San Remo décide que les territoires arabophones de l'Empire ottoman, partie des Empires centraux défaits au cours de la guerre, ne seront pas restitués à la Turquie, et adopte une résolution attribuant au Royaume-Uni un mandat* sur la Palestine. Le Royaume-Uni choisit de soutenir le sionisme plutôt que l'arabisme pour imposer son contrôle sur la Palestine. Le 8 décembre 1920, les Britanniques déposent leur projet de mandat définitif. Le Conseil de la ‘Société des Nations’ l'approuve le 24 juillet 1922. Le mandat a pour objectif la mise en place en Palestine d’un « foyer national pour le peuple juif sur la base du lien historique existant entre le peuple juif avec la Palestine dans le but de reconstruire leur foyer national dans ce pays, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existantes en Palestine. » * "mandat" est un mot pudique pour parler de "colonisation". Images : - Drapeau de la Palestine Mandataire - Emblème du Haut Commissaire de Palestine - Billet de banque trilingue (anglais, arabe et hébreu) de la Palestine mandataire.
  • 21. La grande révolte arabe (1936-1939) Lors de la grande révolte arabe de 1936-1939, les Arabes des territoires sous mandat britannique revendiquent la fin de celui-ci, la création d'un État arabe indépendant et la fin de l'immigration juive. Un mois après le commencement d'une grève, les Arabes annon- cent qu'ils ne paieront plus les impôts. Dans le même temps, une insurrection armée sporadique se fait jour, qui devient plus organisée par la suite. Les rebelles attaquent un pipeline passant de Kirkouk à Haïfa, des lignes de chemin de fer, des trains, et s'en prennent à des Juifs. Tel Aviv est marquée par de violents incidents entre Arabes et Juifs. Les Britanniques exécutent les insurgés, arrêtent plus de 9 000 suspects, pratiquent parfois la torture, expulsent les dirigeants locaux hostiles, imposent des couvre-feux, mènent une politique de représailles qui appauvrit la population arabe. Walid Khalidi cite les chiffres de 5 032 Arabes morts, dont 3 832 tués par les Britanniques et 1 200 victimes du "terrorisme" juif. Images - Des insurgés arabes en Palestine - Sabotage d'un pylône électrique par un commando arabe en 1938 - Sabotage d’un train
  • 22. La grande révolte arabe (1936-1939) Les milices sionistes, la Haganah, l’Irgoun et la Palmah, se structurent en véritable armée. Leurs attentats font environ 1 200 victimes parmi les Arabes. Images : - Emblème d’Irgoun (en hébreu, "organisation"), milice clandestine juive fondée en 1931 en Palestine par le ‘Parti sioniste révisionniste’. - Elle est dirigée à partir de 1943 par Menahem Begin (1913-1992). Sur la photo, en chemise blanche, il pose avec le major-général Ariel Sharon, ex- membre de l'organisation Haganah. En septem- bre 1982, il laissera les phalangistes chrétiens libanais pénétrer dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila sous son occupation pour y combattre les militants palestiniens : selon les estima- tions, le massacre fait entre 460 et 3 500 victimes. À la tête du gouvernement israélien entre 1977 et 1983, il négociera les accords de paix de Camp David, avec le président égyptien Anouar el-Sadate et sous la médiation du président Jimmy Carter. - Emblème de la Haganah (‘défense’ en hébreu). Cette organisation paramilitaire juive, créée sous la domination turque et tolérée sous le mandat britannique comme police surnuméraire, assure la protec- tion des colonies rurales israélites (kibboutzim) contre les razzias des Bédouins entre 1920 et 1948. Elle sert d'ossature, avec le Palmah, à la création de l'armée israélienne (ou Tsahal, l'acronyme hébreu dési- gnant l'armée d'Israël). - Emblème de la Palmah (acronyme de Plugot Maḥatz, "unité de choc"), une des forces para- militaires juives sionistes de Palestine mandataire. Dès la fin de l’année 1945, le Palmah retourne contre les Britanniques les armes accumulées pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • 23. Le mandat britannique (période 1937-1939) 1937 : Plan Peel, premier plan de partage attribuant 30 % de la Palestine au Yishouv (ensemble des Juifs présents en Palestine avant la création de l'État d'Israël). 1938 : Échec de la conférence d’Évian dont l’objectif était de venir en aide aux réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le régime nazi. 1939 : Le 3ème ‘Livre blanc’ britannique* préconise l’indépendance de la Palestine pour 1947, la soumission de l’immigration juive à l’accord des habitants arabes et des mesures limitant l’acquisition de terres par les sionistes. Images : - Projet de la Commission Peel (‘Commission royale pour la Palestine’), mise en place en 1936 afin de proposer des modifications au mandat britannique en Palestine à la suite du déclenchement de la Grande Révolte arabe. Elle est dirigée par Lord William Peel (1867-1937) - La Conférence d'Évian, organisée à l'initiative du président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, se déroule du 6 au 16 juillet 1938 à Évian (France). Son but est de venir en aide aux réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le nazisme, peu après l'Anschluss. Elle ne débouche sur aucune mesure concrète, hormis la création du ‘Comité intergouvernemental pour les réfu- giés’ (CIR). - Les ‘Livres blancs’ (White Books) sont une série de lois et de mesures britanniques fixant la politique mandataire relative à la situation en Palestine. Premier Livre blanc de Winston Churchill (1974-1965), 3 juin 1922 ; 2ème Livre blanc de Lord Passfield (1859-1947); 3ème Livre blanc de Malcolm MacDonald (1901-1981)
  • 24. La Shoah Le terrorisme sioniste 1941-1945 : Génocide des juifs d’Europe par le régime nazi*. 1942 : Le programme de Biltmore est adopté à New-York. Les sio- nistes revendiquent un État juif sur l’ensemble de la Palestine. Le 6 novembre 1944, le ministre résident britannique Lord Moyne est assassiné au Caire par des membres du groupe sioniste Lehi. Le 22 juillet 1946, une attaque à la bombe menée par l’organisation extrémiste juive Irgoun, qui combat la présence anglaise en Palestine, vise les bureaux des autorités britanniques à l’Hôtel King David à Jéru- salem. Bilan : 91 morts et 46 blessés. Images : - Les Juifs dans les camps de concentration et d’extermination nazis - La conférence de Biltmore est convoquée par la ‘Conférence Sioniste Extraordinaire’ et se tient du 6 mai au 11 mai 1942 à l’hôtel Biltmore à New-York - L'hôtel King David après l'explosion du 22 juillet 1946. Malgré leurs 100 000 hommes en Palestine, les Britanniques sont démunis face à cette violence qu’ils ne peuvent mater comme la révolte arabe de 1936-1939. Selon l’historien français Henry Laurens, il n’est pas possible pour eux d’utiliser contre des Juifs occidentaux, et de surcroît après la Shoah, les méthodes utilisées contre des indigènes arabes. * Voir le diaporama ‘La mémoire de la Shoah’ dans la série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’.
  • 25. Le retrait britannique Le gouvernement britannique poursuit une politique davantage favorable aux arabes tout en envisageant de plus en plus sérieusement son retrait de la région. La situation en Palestine est de plus en plus ingérable pour les Britanniques qui cherchent de l’aide auprès de l’Organisation des Nations Unies. Le 25 mai 1946 est créé le ‘Royaume hachémite de Transjor- danie’. Le18 février 1947, les Britanniques annoncent l'abandon de leur mandat sur la Palestine et remettent à l’ONU "la question de la Palestine". Images : - ‘L’Émirat de Transjordanie’ était un protectorat britannique (1921-1946) créé en avril 1921 à la suite d'accords passés pendant la Première Guerre mondiale avec les princes arabes de la dynastie hachémite en échange de leur révolte contre les Ottomans. Le 25 mai 1946, la Trans- jordanie proclame son indépendance et devient le ‘Royaume hachémite de Jordanie’ avec pour souverain Abdallah Ier. L'influence de Londres y demeure cependant prépondérante. En mai 1948, 5 pays arabes, dont la Jordanie, qui refusent le partage de la Palestine en deux États, juif et arabe, attaquent le nouvel État d'Israël. - Clement Attlee (1883-1967), chef du Parti travailliste de 1935 à 1955 et Premier ministre du Royaume-Uni de 1945 à 1951. Il prend aussi la responsabilité de commencer en Inde la décoloni- sation d'une partie significative de l'Empire britannique en nommant Louis Montbatten (1900-1970) vice-roi et gouverneur général des Indes.
  • 26. Le plan de partage de la Palestine (1947) Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine élaboré par le ‘Comité spécial des Nations unies sur la Palestine’ (UNSCOP) créé par l’Assemblée générale de l'ONU, est approuvé par cette dernière à New-York, par le vote de sa résolution 181. La résolution 181 recommande le partage de la Palestine en 3 parties : - un « État juif » sur 55% de la Palestine avec environ 498 000 Juifs et 450 000 Arabes palestiniens, - un « État arabe » sur 43% du territoire comprenant environ 725 000 Arabes palestiniens et 10 000 Juifs, - un statut international pour le secteur de Jérusalem et sa proche banlieue jusqu’à Bethléem comprenant 100 000 Juifs et 105 000 Arabes, en tant que corpus separatum. Images : - L’AG de l’ONU le 29 nov. 1947 - La carte du partage, État arabe en jaune, État juif en orange, Jérusalem en blanc
  • 27. Réactions au plan de partage de la Palestine (1947) Le plan de partage décidé par l’ONU est accepté par les dirigeants du Yichouv (communauté juive en Palestine), par le biais de l'Agence juive, mais rejeté par les factions sionistes de droite (de l'Irgoun et du Lehi). Certains mouvements sionistes libéraux menés par le rabbin Judah Leon Magnes ne s’opposent pas au partage mais lui auraient préféré le plan minoritaire visant à la mise en place d’un État binational fonctionnant sous la forme d’une fédération et où les droits de tous auraient pu être respectés. Le plan est rejeté par la quasi-totalité des dirigeants de la commu- nauté arabe, qui estiment que les Arabes de Palestine n’ont pas à payer pour un crime commis à l’encontre des Juifs par les nations européennes. Ils revendiquent l’ensemble du territoire et soutiennent que le partage constitue une violation du droit de la majorité des habitants de la Palestine, alors composée de 2/3 d'Arabes (1 200 000) et 1/3 de Juifs (600 000) principalement immigrés d’Europe pendant la période du mandat. Images : - Le rabbin Judah Leon Magnes (1877-1948). Voir diaporama n° 3 - Emblème de la ‘Ligue arabe’ - Abdul Rahman Hassan Azzam (1893-1976), premier Secrétaire général de la ‘Ligue arabe’ de 1945 à 1952. Nationaliste égyptien et fervent partisan du panarabisme, il s'oppose fermement à la partition de la Palestine.
  • 28. Réactions au plan de partage de la Palestine (1947) Le plan est toutefois accepté par le roi Abdallah Ier de Jordanie qui a conclu un accord avec la Première Ministre israélienne Golda Meir pour se partager la Palestine. Il est rejeté aussi par le ‘Haut Comité arabe palestinien’, appuyé par la ‘Ligue arabe’ qui annonce ses intentions de prendre « toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'exécution de la résolution » et par certains États arabes qui déclarent leur intention d'attaquer l'État juif. Les Britanniques, qui se sont abstenus lors du vote, annoncent qu'ils ne collaboreront pas à sa mise en place. Images : - Golda Meir (1898-1978), participe à la création de l'État d'Israël, ministre des Affaires étrangères, 4ème Première ministre d'Israël (mars 1969 à avril 1974) - Le roi Addallah Ier de Jordanie (1852-1951), assassiné sur ordre probable de Hadj Amin al- Husseini, le grand mufti de Jérusalem qui le juge trop complaisant à l'égard d’Israël
  • 29. La création de l’État d’Israël en mai 1948 Première guerre israélo-arabe Dès le 30 novembre 1947, lendemain du vote à l’ONU, la violence débute, opposant les forces paramilitaires de chaque camp et faisant de nombreuses victimes civiles. En mars 1948, David Ben Gourion, président du ‘Conseil national juif’, met en œuvre le plan Daleth (plan D) d’épuration ethnique. Le 14 mai 1948, Ben Gourion proclame la naissance de l'État Israël dans une déclaration depuis le musée de Tel Aviv, en présence des représentants des mouvements sionistes. Le nouvel État se fonde sur la « loi du retour », c’est-à-dire que tout Juif du monde entier a le droit de s’installer dans le pays. Au même moment nait le conflit israélo-palestinien. Le lendemain, le 15 mai, les pays arabes, Liban, Syrie, Irak, Transjordanie et Égypte attaquent le nouvel État juif sur trois fronts. En quelques mois, les forces israéliennes prennent l'avantage sur leurs adversaires et occupent Jérusalem-Ouest. La première guerre israélo-arabe aboutit à la création d’une ligne de démarcation entre Israël et la Palestine, en vigueur jusqu’en 1967.
  • 30. La Nakba en 1948 La guerre entraîne un bouleversement démographique : environ 750 000 Arabes palestiniens (sur les 900 000 qui vivaient dans les territoires qui seront sous contrôle israélien à l'issue de la guerre) fuient ou sont chassés de leurs terres. Ils se réfugient, la plupart du temps dans des camps de réfugiés, dans en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, en Transjordanie et au Liban : c’est la catastrophe, ‫نكبة‬ la Nakba en arabe. Durant la guerre, 369 villages arabes sont détruits, évacués ou abandonnés. Les réfugiés sont également dépossédés de leurs biens et on leur refuse tout droit au retour. Les descendants de ces personnes sont aujourd'hui plus de 5 millions et sont connus sous le nom de réfugiés palesti- niens. Dans les années qui suivront, environ 600 000 Juifs d'Europe et des pays arabes s'installent en Israël.
  • 31. La Nakba : 369 villages détruits, désertés ou vidés Selon l’historien israélien Benny Morris, sur les 369 localités arabes de l'État israélien et des zones qui passèrent sous contrôle israélien pendant cette guerre, - 187 ont été désertées lors d'attaques, - 41 ont été le théâtre d'une expulsion après la conquête, - 90 villages se sont vidés de leur population, affolée par l'approche des combats ou par les témoignages de massacres, notamment celui de Deir Yassin. - Pour 45 cas, l'historien avoue ignorer les causes du départ. - Dans seulement 6 cas, il l'attribue à l'appel des autorités arabes locales. Images - Le massacre de Deir Yassin (9 avril 1948) est perpétré par 120 combattants juifs de l'Irgoun et du Lehi. Les historiens évaluent aujourd'hui le nombre de tués entre 77 et 120. - Benny Morris, né en 1948, professeur dans le département d'études du Moyen-Orient à l'université Ben Gourion du Néguev à Beer-Sheva. Il est l'un des plus influents représentants des nouveaux historiens, un groupe d'universitaires qui a remis en question certaines visions du conflit israélo-palestinien.
  • 32. "La Nakba continuelle" Chaque 15 mai, les Palestiniens commémorent la Nakba. En Israël, l'utilisation du terme Nakba est interdite dans les manuels scolaires. C’est sous la plume de Constantin Zureiq, un célèbre intellectuel syrien, que le terme de Nakba entre dans le dictionnaire politique arabe. À l’été 1948, à l’âge de 39 ans, pressentant que la débâcle des armées arabes face aux troupes du jeune État israélien est irrémédiable, ce penseur, alors professeur d’histoire à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), écrit un petit essai intitulé Ma’an Al Nakba ("La signification de la catastrophe"). Dans un article de 2011, intitulé "La Nakba continuelle", l’écrivain libanais Elias Khoury, compagnon de route de l’OLP, propose une relec- ture critique de l’ouvrage fondateur de Constantin Zureiq. « Ce qu’il n’avait pas compris à l’époque, c’est que la Nakba n’est pas un événe- ment, mais un processus. Les confiscations de terres n’ont jamais cessé. Nous vivons toujours dans l’ère de la Nakba ». La Nakba s’est accompa- gnée d’un véritable « mémoricide » qui se poursuit aujourd’hui. Il fallait conforter le mythe sioniste selon lequel la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Images : - Constantin Zureiq (1909-2000) - Elias Khoury (né en 1948),
  • 33. Deuxième guerre israélo-arabe : 1956 En juillet 1956, le chef d’État de l’Égypte Gamal Abdel Nasser nationalise la Compagnie internationale privée du canal de Suez. Le 3 novembre, les forces israéliennes s'emparent de Charm el-Cheikh. Dès le 30 octobre, Français et Britanniques avaient lancé aux gouvernements d'Israël et d'Égypte un ultimatum leur laissant douze heures pour retirer leurs troupes à 15 km de part et d'autre du canal. Le refus égyptien décide de l'intervention des forces franco-britan- niques, qui débarquent à Port-Fouad et à Port-Saïd et occupent la zone du canal jusqu'à El-Kantara. Cette action tourne court devant la pression de l'ONU, de l'URSS et des États-Unis. La police de l'ONU relève les contingents français et anglais, réoccupe le Sinaï et rétablit entre Israël et l'Égypte la ligne d'armistice de 1949. Image du haut : En 1956, la première occupation de gaza par Israël
  • 34. Troisième guerre israélo-arabe ou "guerre des Six-Jours" : juin 1967 L'alliance politico-militaire entre l'URSS et l'Égypte de Nasser s'est approfondie, les armées égyptienne et syrienne ont reçu de considérables équipements en matériels modernes blindés et d'aviation ainsi que de nom- breux conseillers soviétiques. De leur côté, les Occidentaux, dont les Fran- çais, ont également fourni aux Israéliens des matériels très performants. Le 19 mai 1967, l'Égypte demande et obtient la relève par sa propre armée des Casques bleus de l'ONU en place au Sinaï depuis 1957. Elle réoccupe donc Charm el-Cheikh et masse ouvertement des contingents blin- dés dans le Sinaï. La Syrie fait de même à sa frontière. Israël réagit dès le 5 juin par une campagne préventive. La guerre dure six jours, elle est un succès considérable pour les forces israéliennes, qui, dès le premier jour, détruisent l'aviation égyptienne sur ses aérodromes ainsi que celles des Syriens, des Irakiens et des Jordaniens. Image du haut : Mouvement de troupes israéliennes dans le Néguev dix jours avant le début de l’offensive
  • 35. La guerre des Six-Jours : juin 1967 Le général en chef israélien Yitzhak Rabin mène alors de rapides opérations blindées à Gaza, dans le Sinaï et à Charm el-Cheikh du 5 au 8 juin; puis, du 6 au 8 juin, il conquiert la Cisjordanie contre les forces jordaniennes du roi Husayn, qui subissent de très lourdes pertes. Enfin il se tourne vers la Syrie et, après la saisie du plateau du Golan, marche sur Damas, lorsque le cessez-le-feu, exigé par l'ONU dès le 7 juin, arrête la campagne le 10. Israël a conquis 70 000 km² de territoires arabes. Images : - Carte des territoires conquis par Israël (zones hachurées) - En détruisant la quasi-totalité de l'aviation égyptienne au début de la guerre des Six-Jours, Israël s'est assuré une supériorité aérienne totale durant tout le conflit ce qui a grandement contribué à sa victoire écrasante. Ici, des Mirage IV de fabrication française. - Prisonniers égyptiens
  • 36. La résolution 242 des Nations unies Le Conseil de Sécurité de l’ONU vote le 22 novembre 1967, à la majorité absolue des 15 membres, la résolution 242 qui détermine les conditions politiques d'un retour à la paix : - retrait israélien des territoires occupés, - reconnaissance d'Israël par les États arabes, - « juste solution » du problème des réfugiés palestiniens, - liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région, - inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées. La résolution n'a jamais été acceptée par Israël. Le 15 novembre 1988, devant le Conseil national palestinien réuni à Alger, Yasser Arafat fera d'une pierre deux coups en acceptant la résolution 242 et en proclamant la naissance de l'État palestinien. Une façon de reconnaître implicitement Israël, dans ses frontières de 1949.
  • 37. Quatrième guerre israélo-arabe ou ‘guerre du Kippour’ : octobre 1973 Très soigneusement et secrètement préparée par l'Égypte et la Syrie, la guerre a pour but de reconquérir les territoires occupés par Israël depuis 1967. Elle est déclenchée le samedi 6 octobre 1973 – jour de fête et de repos du Yom Kippour en Israël – simultanément par une attaque massive syrienne au Golan et un franchissement égyptien du canal de Suez. L'Iraq, la Jordanie, le Maroc et l'Algérie y participent. L'arrière- pensée politique du président égyptien Anouar el Sadate semble bien avoir été de provoquer, quelle que puisse être l'issue du conflit, une intervention internationale et d'obtenir ainsi l'application de la résolution 242. Après de durs combats, Israël reprend le contrôle du plateau du Golan et du désert du Sinaï. Même si Israël réussit finalement à repousser l'offensive, les Israé- liens sont stupéfaits par l'ampleur de l'attaque, qui a vu voler en éclats ses certitudes relatives à l'invulnérabilité de son armée et l'infaillibilité de ses services de renseigne- ment. À l'issue du séjour de Henry Kissinger à Moscou, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte 23 octobre une résolution américano-soviétique pour un cessez-le-feu immédiat, accepté par Israël et l'Égypte et rejeté dans un premier temps par la Syrie, l'Iraq, l'OLP et la Libye, et fait adopter le principe de l'envoi sur place d'une force de 7 000 Casques bleus. La guerre a duré 18 jours. Image du haut : Les forces égyptiennes traversent le canal de Suez le 7 octobre 1973.
  • 38. La normalisation des relations avec les pays arabes proches Dans les années qui suivent 1967, les gouvernements israéliens refusent les propositions de paix ouvertes et secrètes des Égyptiens. Le camp israélien de la paix est une voix insignifiante dans sa revendication d’une volonté de restituer tous les territoires occupés en échange de la paix. Le gouvernement israélien affirme que sa supériorité militaire est telle que ni les Égyptiens ni les Syriens n’oseraient déclencher une guerre. Ce n’est qu’après le traumatisme de la guerre de 1973 et la pression étatsunienne que le gouvernement israélien accepte de s’orienter vers la voie de la paix avec l’Égypte (avec un soutien massif de l’opinion publique) et de restituer la totalité du territoire conquis à l’Égypte. En conséquence, la menace existentielle pour la sécurité égyptienne est considérablement réduite. En 1994, la Jordanie devient le deuxième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. Images : - Le 17 septembre 1978, le Président égyptien Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin concluent sous l'égide du Président étatsunien Jimmy Carter les accords de Camp David, à une centaine de kilomètres de Washington. - Le 26 mars 1979, ils signent à Washington le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, aux termes duquel l'Égypte récupérera la péninsule du Sinaï en 1982.
  • 39. 1987 à 1993 : première Intifada La première Intifada, appelée également « guerre des pierres », désigne la période de conflit entre les Palestiniens des territoires occupés et Israël, qui s'étend du 9 décembre 1987 à la signature des accords d'Oslo en 1993. Elle est marquée par le soulèvement de la population palestinienne et est caractérisée par des émeutes violentes et par la répression de l'armée israélienne. Elle est accompagnée par des attentats contre la population israélienne et par des conflits entre factions palesti- niennes. Des actions non-violentes, notamment une campagne de désobéissance civile préconisée par Mubarak Awad, alternent avec actions plus ou moins violentes : blocage des routes avec des barricades, souvent de pneus incendiés, jets des pierres, souvent à l'aide de frondes, engins explosifs improvisés, souvent des cocktails Molotov. Israël réagit par des tortures physiques, des déportations, des arrestations sans procès, la fermeture des universités, des sanctions économiques et le développement des colonies dans les Territoires occupés. D'après l'organisation de défense des droits humains B'Tselem, 1 162 Palestiniens (dont 241 mineurs) et 277 Israéliens (dont 19 mineurs) trouvent la mort.
  • 40. Les accords d’Oslo (1993-1994) S’exprimant à Stockholm en décembre 1988, Yasser Arafat déclare que l’OLP « accepte l’existence d’Israël » et déclare son rejet et sa « condamnation du terrorisme sous toutes ses formes ». Les accords d'Oslo sont le résultat d'un ensemble de discussions menées en secret, en parallèle de celles publiques consécutives à la conférence de Madrid de 1991, entre des négociateurs israéliens et palestiniens à Oslo (Norvège), pour poser les premiers jalons d'une résolution du conflit israélo-palestinien. Une déclaration générale de principes "reconnaît leurs droits politiques mutuels et légitimes" et établit "un cadre pour la période intérimaire" en vue de l'autogouvernement (self-government) des deux régions de la bande de Gaza et de Jéricho (puis étendu à d'autres villes de Cisjordanie). L'auto-gouvernement sur ces deux régions se fera par le biais d'une autorité intérimaire palestinienne. Au bout de trois ans au plus tard, commenceront les négociations sur le statut final où seront abordées les questions des réfugiés palestiniens, de Jérusalem, des implantations israéliennes, des frontières définitives et les problèmes de sécurité d'Israël. Images : - De gauche à droite, Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat et à la Maison Blanche le 13 septembre 1993 - La signature des accords
  • 41. L’échec des accords d’Oslo (1993-1994) Il est prévu une coopération israélo-palestinienne dans les domaines économiques, surtout la création d'une commission bipartite pour la gestion et le partage de l'eau. Cet accord connaît immédiatement de fortes oppositions, aussi bien du côté israélien (Likoud, extrême droite, colons) que palestinien (Hamas, Djihad islamique, FPLP, FDLP, et aussi l’intellectuel Edward Saïd pour qui « Israël poursuit l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza. La préoccupation principale du document concerne la sécurité d’Israël, tandis qu’il n’est aucunement question de la sécurité des Palestiniens contre les incursions d’Israël. » Les accords sont torpillés par la droite nationaliste israélienne. Dans une entrevue de 2001, ne sachant pas que les caméras tournaient, Benyamin Netanyahou s'est vanté d'avoir fait échouer les accords d'Oslo au moyen de fausses déclarations et d'ambiguïtés. Le 25 février 1994, un colon israélien extrémiste, Baruch Goldstein, tue 29 Pales- tiniens en prière et en blesse 125 autres dans la mosquée d’Abraham. Ce massacre marque le début d’une spirale de violence caractérisée par des attentats suicides du Hamas et du Djihad islamique, d’avril 1994 à août 1995. Images : Le tombeau des Patriarches dans la mosquée d’Abraham à Hébron Hommage aux victimes palestiniennes du massacre d’Hébron
  • 42. L’assassinat d’Yitzhak Rabin Un second "accord d’Oslo" est en fait signé à Taba, en Égypte, le 24 septembre 1995. Le plan consiste à partir du premier accord et à rapprocher encore davantage les deux camps de la négociation d’un règlement permanent. L’accord divise la Cisjordanie en plusieurs zones qui feraient l’objet d’une coopération économique et en matière de sécurité entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) : * Zone A : sous le contrôle de l’AP (principalement des poches de terre centrées sur les principales villes palesti- niennes) * Zone B : sous contrôle partagé israélo-palestinien * Zone C : sous contrôle israélien (principalement dans l’est de la Cisjordanie, près de la frontière avec la Jordanie) Les zones B et C représentaient à elles deux 80 % de la Cisjordanie. L’objectif à long terme était de transférer progressivement ces zones aux autorités palestiniennes. À l’heure actuelle, elles font toujours l’objet d’un contrôle israélien. Mais le 4 novembre 1995, 5 semaines après la signature du second accord, Yitzhak Rabin est assassiné par Yigal Amir, un Israélien juif opposé aux accords. Ce meurtre est commis après que Rabin a prononcé un discours lors d'une manifestation pour la paix sur la place des Rois d'Israël, à Tel Aviv. Images : - Yitzhak Rabin (1922-1995). Une hostilité ouverte contre le Premier ministre, accusé de brader la « terre d'Israël », s'était développée dans le camp nationaliste israélien, et en particulier parmi les sionistes religieux. - Tombe d'Yitzhak et Leah Rabin - Le monument sur le lieu de l'assassinat, composé de pierres brisées, qui figurent le séisme politique que représente cet assassinat.
  • 43. Le rejet de l’initiative de paix de la Ligue arabe en 2002 La différence de puissance militaire entre Israël et les Palesti- niens – qui n'ont ni État ni armée – est si grande que les dirigeants israéliens ne prennent même pas la peine d'envisager sérieusement l'initiative de paix sans précédent de la Ligue arabe de 2002, sur proposition du prince d'Arabie saoudite. Selon cette proposition, en échange de la fin à l'occupation et d’une solution concertée au problème des réfugiés, tous les États arabes reconnaîtraient et feraient la paix avec Israël - une assurance de la sécurité existentielle d'Israël. Images : - Le prince d'Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud (1924-2015) - La Ligue arabe, fondée en mars 1945 au Caire par 6 États, compte 22 États membres en 2023.
  • 44. Sept. 2000 à fév. 2005 : Deuxième Intifada Le déplacement du responsable politique d’extrême droite Ariel Sharon, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, le 28 septem- bre 2000, entraîne de nombreuses manifestations violemment réprimées dans les territoires palestiniens. Israël réoccupe les villes autonomes de Cisjordanie, puis lance lance ‘l'opération Rempart’ en avril 2002, marquée par la bataille de Jénine et la construction d'un mur de séparation. Suivront également plusieurs opérations militaires La deuxième Intifada se caractérise avant tout par son caractère populaire et massif, par la participation de l’ensemble des forces politiques palestiniennes aux diverses initiatives et par l’étendue et la rapidité de la répression israélienne. Le bilan entre 2000 et 2008 est de 1 062 morts israéliens et 3 057 morts palestiniens. L’exacerbation des rivalités au sein de la direction de l’Autorité palestinienne se manifeste par les appels à la « réforme » et par la prise de distance de plus en plus visible de Mahmoud Abbas, chef de file des opposants à l’Intifada, à l’égard de Yasser Arafat.
  • 45. Le blocus de Gaza En 2006, les islamistes du Hamas remportent les élections, puis contrôlent Gaza après une lutte fratricide avec le Fatah de Mahmoud Abbas. Avec l’appui de l’Égypte, Israël établit le blocus terrestre, aérien et maritime de Gaza, qui devient une prison à ciel ouvert*. Suite à l’attaque d’Israël contre une flottille d’aide humanitaire en route vers Gaza le 31 mai 2010 et aux condamnations internationales qui en résultent, Israël fait quelques pas en vue d’un relâchement du blocus. Subissant des tirs de roquettes depuis Gaza, Israël y lance des attaques sanglantes en 2008, 2012, 2014. En 2018, suite à la provocation du président Donald Trump, est ouverte l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, ce qui provoque un bain de sang. * Israël a construit un mur de séparation de fer de 12 mètres de hauteur autour de Gaza. Il n’existe que deux points pour entrer et sortir de Gaza par voie terrestre : Erez au nord, contrôlé par Israël, et Rafah au sud, contrôlé par l’Égypte à la demande d’Israël. L’Égypte a construit actuellement un mur d’acier souterrain près de sa frontière avec Gaza afin d’empêcher les Gazaouis de creuser des tunnels de contrebande entre l’Égypte et Gaza. Israël contrôle aussi l’espace aérien de Gaza ainsi que ses eaux côtières au-delà de trois kilomètres de la rive.
  • 46. 2018-2019 : ‘La marche du retour’ ‘La Marche du retour’ est une série de manifestations et de confronta- tions initiées à partir du 30 mars 2018 jusqu’en mars 2019 dans la bande de Gaza, le long de la frontière avec Israël. C’est originellement l'édition annuelle d'une manifestation organisée par les Palestiniens pour commémorer la Nakba, l'exode palestinien de 1948. Ces manifestations décrites par le Hamas comme « désarmées et pacifiques, en dehors d'une minorité d'actions » ont une large couverture médiatique et suscitent de nombreuses critiques envers Israël du fait des nombreux morts et blessés par balles parmi les manifestants. À la date du 30 mars 2019, selon un recensement de l'agence humani- taire de l'ONU, 270 manifestants Palestiniens ont été tués et 29 000 blessés, « certains alors qu’ils étaient inactifs loin de la clôture » selon Le Monde. Les tireurs d’élite israéliens ont tiré dans les genoux et les chevilles pour faire un maximum d'estropiés et d'amputés. Des centaines de cerfs-volants portant des engins incendiaires lancés par les manifestants palestiniens au-dessus de la barrière frontalière avec Israël dévastent des centaines d'hectares de champs agricoles, de forêts et de réserves naturelles. ■ Suite de l’historique : diaporama n° 2 Photos : Les manifestations de la ‘marche du retour’. Les engins incendiaires lancés par les ballons décrédibilisent totalement le caractère non-violent des manifestations.