Chercheurs de sens. — 02. Préhistoire et antiquité jusqu’à J.-C.
Le conflit Israël-Palestine. — 03. Figures de la résistance à l'occupation israélienne de la Palestine et de la recherche de paix entre 1850 et 1940
1. Figures de la résistance
à l’occupation israélienne de la Palestine
et de la recherche de paix
1 - 1850 à 1940
Étienne Godinot - 14.02.2024
2. Shalom Salam Paix
Les personnes présentées dans ce diaporama sont
favorables à des compromis permettant une cohabitation pacifique
des deux communautés, et opposées à tout ce qui peut rendre difficile
ou impossible les négociations, comme l’implantation de nouvelles
colonies.
Beaucoup d’entre elles sont favorables à l’action non-violente
exerçant une pression et une contrainte pour "rééquilibrer la balance"
et rendre possible une négociation.
- Les personnes dont le nom est en bleu dont israéliennes ou
d’ascendance juive.
- Celles dont le nom est en vert sont palestiniennes.
- Celles dont le nom prénom et le nom sont de couleurs différentes
sont palestiniennes de nationalité israélienne.
- Celles dont le nom est en noir ne sont ni palestiniennes, ni
israéliennes, parfois juives, mais engagées dans la lutte pour les
droits des Palestiniens.
3. Ahad Ha'am
(Asher Hirsch Ginsberg, 1856-1927, nom de plume Ahad Ha'am,
"Un du peuple" au sens d’homme ordinaire), penseur nationaliste juif et
leader des ‘Amants de Sion’*. Né en Russie, appelle à la renaissance mo-
rale de chacun, indispensable avant toute action. Est de ceux qui pensent
qu'on ne peut ramener la totalité du peuple Juif sur la terre d'Israël, et qu'un
État juif ne peut être la solution idéale aux problèmes de l'ensemble du
peuple juif. Pour lui, la Spiritual Revival passe par la création d'un centre
spirituel sur la Terre d'Israël. Opposé au sionisme politique de Theodor
Herzl, duquel il reste en marge durant toute son existence. Soutient dans
La Vérité d'Erets-Israël (1891) que l'État juif échouerait s'il devenait un
simple État politique. Séjourne plusieurs fois en Palestine, participe à la
fondation d'une école à Jaffa et d'une maison d'édition à Odessa, et dirige
(1897-1907) la revue Ha-Shiloah, organe du sionisme et de la littérature
hébraïque d'Europe centrale.
S’installe définitivement en 1922. Avec courage et transparence, dé-
nonce les lacunes inhérentes aux nouvelles implantations juives, particuliè-
rement celles sous la coupe du baron Edmond de Rothschild. Sa vision
relève du sionisme culturel et spirituel opposé au sionisme politique. Dans
ses essais réunis sous le titre Au carrefour, et qu'il commence à publier en
1895, proclame la primauté de la sauvegarde du judaïsme, porteur d'une
mission morale et historique, sur celle des Juifs eux-mêmes.
* mouvement juif populaire, social et national, actif entre la fin du XIXe et le début du
XXe siècle et dont le but était le renouveau du peuple d'Israël, par le retour vers Sion et la
reconstruction de sa patrie.
4. Judah Leib Magnes
(1877-1948), rabbin étatsunien né à San Francisco, pacifiste notoire
pendant la Première Guerre mondiale. Une des voix les plus reconnues du
judaïsme réformé étatsunien au 20ème siècle. Émigre en 1922 vers la
Palestine sous mandat britannique.
Cofondateur en 1925 de l'Université hébraïque de Jérusalem, aux
côtés d’Haïm Weizmann et d’Albert Einstein. Premier chancelier puis
président de cette université qu’il considère comme un lieu idéal pour
encourager et favoriser la coopération arabe et juive. En 1929, alors que
les révoltes conduisent à des effusions de sang à travers la Palestine,
appelle à une solution binationale. Avec le philosophe Martin Buber (1878-
1965), autre "sioniste gandhien" ami comme lui de Louis Massignon
(1883-1962) et Moshe Slimansky (1874-1953), cofonde en 1942 le parti
politique Ihud (‘Unité’), favorable à un État binational où Arabes et Juifs
cohabiteraient « à égalité ». Rejette la partition décidée par l’ONU en 1947.
Continue à se battre pendant le reste de sa vie pour un État judéo-arabe
binational, ou « solution à un État ».
Rejette le choix un État uniquement juif et œuvre pour la récon-
ciliation et la collboration avec les Palestiniens. Pour cela, est dénigré et
attaqué par ses compatriotes juifs locaux et étrangers, ainsi que par les
journaux juifs dans le monde.
5. Folke Bernadotte
(1895-1948), diplomate suédois, comte de Wisborg, petit-fils du roi
Oscar II de Suède. Vice-président de la Croix Rouge suédoise, négocie
la libération de 15 000 prisonniers des camps de concentration durant
la Seconde Guerre mondiale.
À la suite du plan de partage de la Palestine de 1947, alors que
des affrontements éclatent entre juifs et Arabes, nommé médiateur des
Nations unies en Palestine en mai 1948. En juin puis en septembre,
propose des plans de partage de la Palestine. Critique « le pillage
sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans nécessité
militaire apparente. »
Assassiné le 17 septembre 1948 à Jérusalem, par des membres
du groupe terroriste juif sioniste Lehi, et avec lui le colonel français
André Sérot, chef des observateurs des Nations unies à Jérusalem.
« Ce serait offenser les principes élémentaires que d'empêcher
ces innocentes victimes (palestiniennes) du conflit de retourner à leur
foyer, alors que les immigrants juifs affluent en Palestine et de plus
menacent de façon permanente de remplacer les réfugiés arabes
enracinés dans cette terre depuis des siècles ».
6. Alexandre Glasberg
(1902-1981), prêtre catholique. D’origine juive ukrainienne, connaît
les pogroms, fuit à Vienne puis en France, se convertit au catholicisme, est
ordonné prêtre en 1938. Se consacre à l’accueil des réfugiés à Lyon
(Républicains espagnols, Allemands antinazis, etc.), est nommé par le
cardinal Gerlier délégué du ‘Comité d’aide aux réfugiés’ (CAR).
Joue un rôle actif dans la Résistance lors de la Seconde Guerre
mondiale, contribue au sauvetage de nombreux Juifs*. Dès la Libération,
fonde le Centre d’orientation sociale (COS), œuvre originale de soutien
juridique et d'intégration sociale et professionnelle des réfugiés de l’après
guerre démunis de tout.
S’investit après la guerre dans la mise en place de réseaux d’exfil-
tration des Juifs vers Israël, participant aux opérations ‘Exodus’ et ‘Ezra et
Néhémie’, un pont aérien organisé par le Mossad pour évacuer les Juifs
irakiens. En octobre 1947, évoque, après l’adoption à New York du plan de
partage de la Palestine, l’idée d’une garantie conjointe de l’Église et de
l’ONU en faveur d’un règlement juste de la question palestinienne. Dans
Vers une nouvelle charte sociale. L’espoir palestinien (1948), vante « la
réalisation d’un système inspiré des plus hauts principes d’un socialisme
pratique et moral ». ../..
* La médaille des ‘Justes parmi les nations’ lui est décernée par l’Institut Yad Vashem en 2003
7. Alexandre Glasberg
Après la guerre des Six Jours, est déçu par la tournure que pren-
nent les événements. Lié au mouvement ‘La Paix maintenant’, initié
après 1978 par un groupe de soldats et officiers réservistes, ne cache pas
ses sympathies pour la gauche israélienne, écrivant même qu’« il faut
chasser les religieux du gouvernement et mettre à leur place les gens de
Chalom Archav. »
En 1971, fonde avec quelques amis fidèles* l’association ‘France
Terre d’Asile’.
Impossible à cataloguer : émigré juif devenu prêtre catholique, mais
détaché de l’Église ; défenseur passionné des étrangers et francophile
ardent ; militant socialiste qui n’a pas le temps pour les théories et les
doctrines ; sioniste qui a fui toute expression du nationalisme ; ami
d’Israël qui défend le peuple palestinien ; très sociable tout en restant
très réservé.
« Une des causes, et non des moindres, de cette trahison (des
idéaux sionistes socialistes) a été l’existence du courant religieux qui,
aidé par l’influence américaine, a transformé Israël en une société
théocratique, d’où la naissance de l’ultranationalisme, du racisme, et
l’anéantissement de l’idéal socialiste. Tout cela lié à un mensonge, puis-
que la population reste à 80 % incroyante. »
* le pasteur Jacques Beaumont, le docteur Gérold de Wangen et Jacques Debu-Bridel
8. Yeshayahou Leibowitz
(1903-1994), chimiste, historien de la science, philosophe,
moraliste et écrivain israélien né en Lettonie (alors dans l’empire russe).
Études et doctorats à Berlin et à Bâle. Émigre en Palestine en 1934.
Supervise la rédaction de l'Encyclopaedia Hebraïca de 1956 à 1972.
Religieux et sioniste, mais fervent combattant du "sionisme
religieux". Hostile à l’arme nucléaire. Un des intellectuels les plus
marquants de la société israélienne, surnommé en Israël "le prophète de
la colère".
Tonne contre le rabbinat, « une des institutions les plus
méprisables dans l’histoire du peuple juif ». Pendant l’invasion du Liban
en 1982, affirme que les exactions des soldats israéliens au Liban
démontrent « l'existence d'une mentalité judéo-nazie ».
Ardent critique de la politique israélienne, tant dans le système de
gouvernement (coalitions de partis, corruption) que ../..
9. Yeshayahou Leibowitz
dans l'occupation de territoires palestiniens, affirmant que l'occupation
détruit la moralité de l’occupant. Soutient les objecteurs de conscience
refusant de servir dans les Territoires occupés.
« Israël n'est pas l’État du judaïsme, Israël est l’État de certains Juifs
contemporains. »
« L’occupation de la Palestine fait perdre son âme au peuple d’Israël. »
« Si l’État d’Israël ne conclut pas la paix avec ses voisins arabes, avec le
temps, il ne pourra pas continuer à exister. Pour durer vraiment, il a
besoin de la paix. »
« La violence est devenue l’essence de l’État d’Israël. La violence est
devenue, chez nous, monnaie courante. Et nous nous sommes habitués
à vivre avec elle. »
10. Bruno Hussar
(1911-1996), religieux franco-israélien né au Caire d’un père
juif hongrois et d’une mère française. Sort ingénieur de ‘l’École
Centrale de Paris’ avec "le désir de construire des ponts… entre les
hommes". Devenu religieux dominicain, est envoyé en Israël en 1952
en raison de ses origines juives, et fonde à Jérusalem la ‘Maison
Saint-Isaïe’, centre dominicain d'études du judaïsme. Obtient la
nationalité israélienne en 1966.
Avec Anne Le Meignen, assistante sociale française (1925-2020),
initie des rencontres judéo-christiano-musulmanes en 1970 près du
monastère de Latroun, entre Jérusalem et Tel-Aviv. Crée avec elle en
1974 dans ce village Neve Shalom - Wahat as Salam ("Oasis de Paix")
où habitent aujourd’hui 70 personnes juives ou arabes qui oeuvrent à
l’égalité des droits et à l’entente entre les deux peuples. ‘L’École de la
Paix’ de l’Oasis propose rencontres et séminaires aux jeunes comme
aux adultes. 45 000 personnes y ont déjà participé, des entraînements
à la gestion des conflits y sont proposés.
Actuellement, plus de 200 familles juives et palestiniennes sont sur
liste d’attente pour venir vivre à l’Oasis, mais le gouvernement israé-
lien refuse toujours l’agrandissement de ce village.
11. Yehudi Menuhin
(1916-1999), violoniste états-unien d’origine juive, puis citoyen
suisse. Premier violon de l’orchestre philharmonique Lamoureux à
Paris à l’âge de 10 ans. Un des plus grands violonistes du XXe siècle.
Indésirable en URSS pour ses positions contre le régime soviétique.
Déplore un judéo-centrisme obsessionnel* consécutif à la
Shoah qui pousse bien des Juifs à ne percevoir en Israël que le
persécuté et l'opprimé des siècles passés, et non le persécuteur et
l'oppresseur d'aujourd'hui. En 1971, opposé à la politique coloniale
israélienne, donne un concert au profit d'orphelins palestiniens, est
aussitôt placé sur une liste noire par la droite sioniste. Joue pour les
réfugiés palestiniens et prend position en faveur d'un État unique laïc
israélo-palestinien.
« Cette façon dévastatrice de gouverner par la peur, par le mépris
de la dignité fondamentale de la vie, cette asphyxie continue d'un
peuple dépendant devraient être les dernières méthodes adoptées
par ceux qui, eux-mêmes, connaissent trop bien l'horrible signification,
la souffrance inoubliable d'une telle existence... Cela n'est pas digne
de mon grand peuple, les Juifs. »
* Le crime antisémite une monstruosité unique dans l'histoire de l'humanité, mais il ne
faut pas oublier le sort équivalent subi durant la Seconde Guerre mondiale par les innom-
brables victimes non juives des déportations et exactions nazies (Tsiganes, homosexuels,
handicapés, opposants politiques, Églises, Résistants, etc.). Et aussi la destruction des
Amérindiens par les maladies venues d'Europe et par la cruauté de leurs asservisseurs, le
massif et atroce esclavage des Noirs d’Afrique, l'énormité des hécatombes du communisme
12. André Chouraqui
(1917-2007) avocat, écrivain, penseur et homme politique
français puis israélien. Né en Algérie française, Résistant, avocat, docteur
en droit international public à l'Université de Paris.
Voyant venir l’indépendance de l’Algérie, s'installe en Israël en
1958. En 1965, est élu vice-maire de Jérusalem. En 1967, fonde avec
Jean Daniélou l'association ‘Fraternité d'Abraham’, qui promeut le
dialogue interreligieux. Traducteur de la Bible et du Coran. Membre du
comité de parrainage de la ‘Coordination française pour la Décennie de la
culture de paix et de non-violence’.
Avec l’aide du roi Hassan II du Maroc, tisse des liens entre Israël
et les pays arabes.
« Un long chemin, douloureux peut-être, devra être franchi avant
l’établissement de la vraie paix, entre Arabes et Israéliens, mais nul ne
pourra plus dire qu’elle est utopique : ensemble, ils ont fait les frais d’un
conflit dont d’autres comptabilisent les bénéfices. Il est fatal qu’un jour le
bon sens – ou, à son défaut, le sens de l’honneur ou le simple instinct de
conservation – triomphent de l’aveuglement d’une haine artificiellement
créée ou entretenue. Mon espoir de paix se fonde, au-delà des péripéties
de nos conflits actuels, sur l’extraordinaire parallélisme de l’histoire des
Arabes et des juifs qui se proclament ensemble fils d’Abraham, ../..
13. André Chouraqui
qui prennent leur essor dans la même partie du monde où ils entretien-
nent dès la plus haute antiquité des relations spirituelles, intellectuelles,
commerciales et sociales. »
« Techniquement, je continue de penser que la paix ne sera
possible que lorsque les peuples et les gouvernements seront assez
mûrs pour envisager la création d’une fédération ou d’une confédéra-
tion des États associés du Proche-Orient. (…)
La solution qui pourrait concilier les légitimes intérêts d’Israël,
de la Jordanie et des Palestiniens serait de créer sur leurs territoires
réunifiés une fédération où chaque entité ethnique verrait ses droits
nationaux reconnus et garantis. (…)
Deux Parlements librement élus, celui d’Israël et celui d’Ismaël
(avec en ce dernier deux chambres, l’une jordanienne, l’autre
palestinienne) promulgueraient les lois. Tous les Arabes d’Israël, quel
que soit le lieu de leur résidence, seraient électeurs et éligibles au
Parlement arabe. Tous les Israéliens, même ceux établis en territoires à
majorité arabes, appartiendraient à la cité d’Israël. Jérusalem à jamais
réunifiée aurait pour vocation d’être le centre spirituel des peuples
réconciliés. »
14. Stéphane Hessel
(1917-2013), diplomate et militant politique français né allemand,
grand-père Juif polonais. Normalien, Résistant, déporté à Buchenwald, a
été secrétaire de la commission qui a rédigé la Déclaration universelle des
droits de l’homme, animée par René Cassin. A travaillé sur le
développement, la coopération, l’immigration.
Dans petit livre « Indignez-vous !» publié en 2010, explique que la
situation de 3 millions de Palestiniens chassés de leur terre par Israël et
privés de leurs droits les plus élémentaires est son principal sujet d’indi-
gnation aujourd’hui dans le monde.
"Dans ces territoires occupés, les Palestiniens sont dans une
constante mise à l’épreuve par la présence israélienne. Je pense en
particulier au cas de Gaza : jamais l’occupation allemande n’a entouré le
territoire français de tels obstacles."
15. Anouar el-Sadate
(1918-1981), homme d'État égyptien. Président de l'Assemblée
nationale, vice-président de la République du général Gamal Abdel
Nasser, président de la République de 1970 jusqu'à son assassinat, en
1981.
En novembre 1977, est premier dirigeant arabe à effectuer une visite
officielle en Israël. Y rencontre le premier ministre Menahem Begin, et
prend la parole devant la Knesset à Jérusalem. Effectue cette visite après
avoir été invité par Begin et recherche un accord de paix permanent.
Beaucoup d'autorités du monde arabe réagissent très défavorablement à
cette visite, du fait qu'Israël est alors considéré comme un "État voyou" et
un symbole de l'impérialisme.
Reçoit le prix Nobel de la paix en 1978, conjointement avec le
Premier ministre israélien Menahem Begin pour son rôle dans
les accords de Camp David.
Le 6 octobre 1981, un mois après la vague d'arrestation de
ses opposants, est assassiné durant une parade militaire par
des membres de l'armée qui appartiennent à l'organisation du
‘Jihad islamique’ égyptien, fondée par d'anciens membres des
‘Frères musulmans’. Ils s'opposaient particulièrement à la
négociation entamée par Sadate avec Israël.
16. Uri Avnery
Helmut Ostermann (1923-2018), Juif allemand israélien. Sa
famille, fuyant le nazisme, arrive en Palestine en 1933. Fonde en 1946
le mouvement Eretz Yisrael Hatz'ira. Participe comme soldat dans
l'armée israélienne à la guerre israélo-arabe de 1948. Éditorialiste au
quotidien Haaretz puis à l'hebdomadaire Haolam Hazeh. Député à la
Knesset de 1965 à 1973 et de 1979 à 1981 dans le parti Haolam
Hazeh.
Crée en 1993 le mouvement Gush Shalom (‘Le bloc de la paix’),
qui milite pour le retour aux frontières de 1967, la partition de Jérusa-
lem et la création d'un État palestinien sous le slogan de « Deux
peuples, deux États ».
« Notre rôle n'est qu'un petit rôle dans une lutte mondiale pour la
paix, la justice et l'égalité entre les êtres humains et entre les nations,
pour la préservation de notre planète. Tout cela peut se résumer en un
mot, qui à la fois en hébreu et en arabe signifie pas seulement la paix,
mais aussi l'intégrité, sécurité et bien-être : Shalom, Salam. »
17. Matti Peled
Mattityahu Peled (1923-1995), général israélien, membre de
l’état-major et artisan de la victoire de la ‘Guerre des Six Jours’ en 1967,
directeur du département de Langue et littérature arabe de l'Université de
Tel-Aviv.
Première personnalité israélienne, avec Uri Avneri, à jeter les
bases du dialogue direct avec l'O.L.P. alors interdit par la loi israélienne,
en rencontrant dès mai 1976 Issam Sartaoui, représentant de l’OLP à
Paris. Président du Comité pour la paix israelo-palestinienne, demande
le retrait complet des territoires occupés. Député de gauche à la
Knesset.
Après la signature des accords d'Oslo en 1993, participe à Lyon,
Marseille et Nice à une série de grandes rencontres publiques du FTM
aux côtés du Dr Ahmad Hamzeh, membre du Conseil National
Palestinien et de Toufik Ziyad, poète et député-maire de Nazareth.
Père de Nourit Peled-Elhanan, créatrice du ‘Forum des Familles
Endeuillées’. Grand- père de Elik, du mouvement des Refuzniks, ces militaires
israéliens qui refusent l'occupation de la Palestine.
18. Yehuda Amichaï
Ludwig Pfeuffer (1924-2000), poète juif israélien de langue hébraïque,
né en Allemagne. Émigre avec ses parents effrayés dès 1935 par les per-
sécutions nazies et gagne la Palestine en 1936. Pendant la Deuxième
Guerre mondiale, s’engage dans la Brigade juive de l’armée britannique puis
dans la branche armée de la Haganah. Reçoit en 1946 le nom hébraïque de
Yehuda Amichaï (: "Mon peuple vit"). Participe à la guerre du Kippour en
1973.
Maître de conférence à l‘Université hébraïque de Jérusalem. Travaille
avec des écrivains palestiniens, avocat du dialogue et de la réconciliation
dans la région, un des fondateurs du mouvement ‘La paix maintenant’. Invité
par Itzhak Rabin à lire un poème lors de la cérémonie de remise du prix
Nobel de la Paix
« Toute poésie à dimension réaliste contient un engagement politique,
parce qu’un poème réaliste a quelque chose à voir avec une réponse
humaine en friction avec le monde vécu. »
« Après Auschwitz, il n’y a pas de théologie : les matricules aux bras des
prisonniers de l’extermination sont les numéros de téléphone de Dieu,
des numéros sans réponse aujourd’hui déconnectés, les uns après les
autres. Après Auschwitz, il n’y a pas de théologie : les juifs morts dans la
Shoah sont devenus maintenant semblables à leur Dieu qui n’a pas d’image,
qui n’a pas de corps. »
19. Anne Le Meignen
(1925-2020), assistante sociale franco-israélienne. Venue de sa
Bretagne natale dans les années 1960 pour travailler quelques mois dans
les kibboutz, tombe amoureuse d’Israël, s’y installe définitivement en 1968,
et reçoit la citoyenneté israélienne en 1988. Cofondatrice de ‘l’Oasis de
Paix’ Neve Shalom- Wahat as-Salam avec le dominicain Bruno Hussar
dans les années 1970. Durant des dizaines d’années, anime La Lettre de la
colline, moyen de faire vivre l’idéal de ce village peu ordinaire où Juifs,
Musulmans et Chrétiens vivent ensemble en harmonie. Pendant près de 25
ans, est fidèle au mouvement des "Femmes en noir" qui se réunissent
chaque vendredi pour dénoncer les discriminations, la violence et l’occupa-
tion des Territoires palestiniens. Née catholique, passionnée par le judaïs-
me, ne s’est pourtant jamais convertie.
« S’asseoir à la même table pour parler, au lieu de garder voire de
cultiver chacun ses préjugés, ça change complètement le comportement. »
« Profondément croyante, je me sens judéo-chrétienne, bien que je
sois plutôt éloignée des religions… Les religions aident la foi à s’exprimer
en communauté, mais elles peuvent devenir des moyens d’oppression et
tomber dans le fondamentalisme. C’est ce qui se passe malheureusement
ici au sein du judaïsme orthodoxe, mais aussi dans l’islam.»
Image du haut : Avec Bruno Hussar dans les années 1970
20. Reuven Moskovitz
Juif né en 1928 en Roumanie, survit à la Shoah. Émigre en 1947
en Palestine, cofonde un kibboutz. Dès 1967, dénonce la politique
israélienne de mépris, d’expropriation et d’enfermement des
Palestiniens.
En 1970, participe avec Bruno Hussar à la création du village Neve
Shalom / Wahat al-Salam (Oasis de paix) qui regroupe et Juifs et des
Arabes palestiniens, tous citoyens d’Israël et mène un travail éducatif
pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les deux peuples.
Coorganisateur de l‘association Juifs européens pour une paix
juste, réseau de 18 organisations juives de 10 pays européens qui
demande la fin de l’occupation israélienne.
Participe en septembre 2010 à l’action du catamaran Irene
contre le blocus maritime de Gaza.
21. Taoufik Ziyad
(1929-1994), Palestinien arabe, poète et auteur, homme
politique. Études de littérature en URSS. Maire de Nazareth et membre
de la Knesset de 1973 à 1994 sous la liste du Rakah, Parti commu-
niste. Un rapport qu'il coécrit sur les conditions dans les prisons et
l'usage de la torture concernant les détenus palestiniens est publié
dans le journal israélien Al HaMishmar.
Fondateur dans les années 1950 du mouvement non-violent
al-Ard ("La Terre"), interdit par Israël, qui organise des manifestations
pacifiques pour le droit à la terre. La grève et la manifestation du 30
mars 1976 qui protestent contre les confiscations foncières en Galilée
sont réprimées par la violence : 6 morts et une centaine de blessés.
Depuis lors, le 30 mars est devenu la "Journée de la terre" (Yom al-
Ard) célébrée par les Palestiniens en Israël, au Neguev et dans les
territoires occupés.
Tué le 5 juillet 1994 dans une collision frontale dans la vallée
du Jourdain, sur le chemin du retour de Jéricho où il a accueilli Yasser
Arafat, président de ‘l'Organisation de Libération de la Palestine’, de
retour d'exil.
22. Hassan II
(1929-1999), roi du Maroc de 1961 à 1999. Le père d’Hassan II,
Mohammed V, avait eu une nourrice juive. Pendant la 2ème Guerre
mondiale, la communauté juive a été protégée au Maroc.
Par l’intermédiaire de Maurice Druon, invite en février 1977 l’Isra-
élien André Chouraqui et sa femme Annette à le rencontrer, brisant un
tabou, car d’un côté comme de l’autre il était impossible de concevoir
une quelconque entrevue (le gouvernement israélien a longtemps
menacé de prison celui de ses ressortissants qui nouerait contact avec
des Arabes).
Déclare à André Chouraqui : « Soyez mon messager officiel pour
assurer votre gouvernement de ce que les États arabes veulent la paix.
Les temps du refus d’Israël par les États arabes sont révolus. Plus
personne ne nie la légitimité de l’État d’Israël, et plus personne n’en
conteste l’existence. Le conflit ne sert plus que les intérêts du commu-
nisme mondial. Il fait le jeu des puissances étrangères, des marchands
de canon, des pétroliers et des stratèges qui l’exploitent au profit
d’intérêts qui ne sont pas ceux des Arabes ou des Juifs. (…)
C’est sur le plan spirituel que nous devons entreprendre notre
dialogue afin de mieux asseoir l’œuvre de paix. »
Le message d’Hassan II est transmis par André Chouraqui au
Président israélien Ephraïm Katzir en avril 1977. (photo du bas)
23. Akiva Orr
surnommé Aki, né Karl Sebastian Sonnenberg (1931-2013), mili-
tant politique israélien né à Berlin. En 1934, après l'arrivée du nazisme
en Allemagne, sa famille émigre en Palestine. En 1948, membre des
commandos de marine du Palmach, une des forces paramilitaires juives
sionistes de Palestine sous mandat britannique. En 1951, dirige la grève
des marins de Haïfa, puis rejoint le Parti communiste dont il est exclu en
1962.
Avec Oded Pilavsky, Moshe Machover et Haim Hanegbi, fonde
alors le Matzpen, parti d'extrême gauche internationaliste et antisioniste
en Israël.*
En 1964, quitte Israël et s'installe à Londres. Sa maison devient
un foyer où se retrouvent les figures de la gauche radicale européenne
et mondiale. Développe une pensée antiautoritaire et autogestion-naire.
Revenu en Israël en 1990, est très proche de l’Alternative Information
Center (AIC) et notamment de l'équipe de Beit Sahour.*
En 1986, cofonde le Comité de soutien à Mordechai Vanunu,
technicien nucléaire et militant pacifiste israélien. Milite pour un Moyen-
Orient sans armes nucléaires, chimiques et biologiques. Partisan de la
solution à un État. ../..
* En 1964, ils sont rejoints par un groupe venant de la branche de Haïfa du PCI
comprenant des militants arabes dont Jabra Nicola et Daoud Turki, et plus tard par Ilan Halevy.
** L'AIC a une codirection israélo-palestinienne avec un bureau à Jérusalem-Ouest, et
un à Beit Sahour près de Bethléem.
24. Le Matzpen
Matzpen (en hébreu, ‘Boussole’) était l'organe mensuel de ‘l’Orga-
nisation socialiste en Israël’ (Hairgoun Hasotzialisti Beisrael), un parti
israélien d'extrême-gauche, révolutionnaire, internationaliste et
antisioniste qui exista de 1962 à 1983. C'est sous le nom de Matzpen
qu'on a pris l'habitude de désigner ce parti. Il se donnait pour but la
transformation socialiste du Proche-Orient et considérait le sionisme
comme une forme de colonialisme.
Il s'opposait à la fois au sionisme et au nationalisme arabe,
prônant un État judéo-arabe s'opposant autant à un État juif qu'à un État
palestinien. Ainsi, il se démarquait du Parti communiste israélien en consi-
dérant que la guerre de 1948 était une "épuration ethnique".
En 1967, ils sont les seuls à s'opposer à l'occupation des
territoires palestiniens. Le 8 juin alors que la ‘Guerre des Six Jours’ vient
de commencer depuis trois jours, les responsables du Matzpen signent
une tribune commune avec les responsables du ‘Front démocratique
palestinien’ condamnant l'« agression israélienne ».
../..
25. Le Matzpen
Le programme de Matzpen, formalisé dans son Manifeste de
mai 1967, prévoit notamment la séparation totale de la religion et de
l’État, qui implique la « désionisation » d’Israël; la fin de la « loi du
retour » pour les Juifs résidant à l’étranger ; la création d’une union
économique et politique socialiste du Moyen-Orient, fondée sur la
solidarité internationale et le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Matzpen
continue son action de solidarité entre militants israéliens et pales-
tiniens : lancement du Committee for Solidarity in Hebron, avec l’aide
de militants sionistes de gauche, création en 1981 du Committee for
Solidarity with the University of Bir Zeit, puis du Committe against the
War in Lebanon en 1982.
Ce parti n'a toujours été qu'extrêmement minoritaire en Israël,
ne regroupant que quelques dizaines de membres, juifs et arabes.
Toutefois, il a fortement marqué de son empreinte les sociétés, ne
serait qu'à travers un « champ sémantique alternatif » pour penser
autrement le conflit israélo-palestinien (vocables d'« occupation
israélienne », de « conflit colonial »...).
Photo du bas : Oded Pilavsky (1932-2011), autre cofondateur du Matzpen
26. Abd el-Jawad Saleh
Palestinien né en 1931, diplômé en économie politique de
l'Université américaine du Caire en 1955. Ancien maire d’El Bireh, près
de Ramallah. Activiste au sein du mouvement dans la mobilisation du
mouvement associatif des femmes, des centres culturels et des
organisations de jeunesse. En 1974, élu au Comité exécutif de l'OLP.
Un des fondateurs du ‘Front National Palestinien’, ancien
ministre de l’Agriculture démissionnaire après les accords d’Oslo.
Probablement le meilleur théoricien d’une stratégie de résistance
non-violente en Palestine. Dès 2001, dénonce la militarisation de
l’Intifada.
« Pour résister pacifiquement, il faut que les dirigeants soient
forts, mais le mouvement palestinien de résistance non-violente avait
des forces à revendre. En 1973, la création du Front National Pales-
tinien a donné le jour à une direction centrale nécessaire regroupant
des représentants de tous les territoires occupés. Son objectif ?
S’opposer collectivement à l’occupation israélienne par des moyens
non-violents. » ../..
27. Abd el-Jawad Saleh
« La première Intifada a réussi parce qu’elle a empêché Israël
de faire le plein usage de sa force militaire. L’utilisation d’armes à feu
fait le jeu d’Israël qui impose ses conditions et ses règles du jeu. Ainsi
Israël peut utiliser une terminologie trompeuse telle que "guerre entre
deux parties" et perpétuer une fausse image de la situation.
L’action militaire facilite l’usage de la force* par Israël pour
réprimer un soulèvement populaire. Elle permet à Israël de justifier la
destruction complète de l’économie fragile des territoires et de
redessiner les cartes en déplaçant temporairement ou définitivement
les populations.
L’utilisation de la résistance armée écarte aussi de la lutte
certains groupes, en particulier les femmes. »
* Le terme de "force" est ici impropre, il aurait fallu dire "violence". La force qui oblige
l’adversaire à céder et à négocier n’est pas la violence qui le détruit ou le meurtrit. L’action
non-violente est l’exercice d’un rapport de force qui refuse la violence, un combat
respectueux de l’adversaire, avec une visée de justice et de réconciliation. NDLR
28. Rima Tarazi
Palestinienne née en 1932. Études de musique à Paris et de
psychologie à Beyrouth. Musicienne, pianiste, chanteuse et
compositrice, cofondatrice et présidente de l’Edward Saïd National
Conservatory of Music. Présidente de la General Union of Palestinian
Women in Palestine.
Créé une association de formation pour les femmes, In Ash el
Usra, qui parraine des enfants orphelins ou privés de parents (tués,
disparus ou emprisonnés) et leur famille, et 5 orchestres, dont un
d’instruments à vent, un pour les enfants, un pour les jeunes élèves.
« Du temps de l’Empire ottoman puis des Anglais, les Juifs,
Chrétiens et Musulmans étaient tous Palestiniens et vivaient en bonne
entente. En 1948, on a mis un État religieux au milieu de la Palestine,
est ce fut le début de la discrimination et de la division. (…) Nous
n’avons pas le droit d’aller à Jérusalem ou à Gaza voir nos familles ou
nos amis. »
29. Michel Sabbah
Palestinien né en 1933, études à Beyrouth et à Paris. Patriarche
catholique latin de Jérusalem (Israël-Palestine, Jordanie, Chypre) de 1987
à 2008. Le premier arabe d'origine palestinienne à avoir été nommé à
cette fonction. Président de ‘Pax Christi International’ (1999-2007).
Condamne clairement toute forme de violence et de terrorisme,
mais obverse que les violences sont la conséquence de l’occupation
militaire et de la poursuite de la colonisation. Prend position pour la
coexistence d'un État palestinien et d'Israël et pour le droit de retour des
réfugiés palestiniens. Critique le mur de séparation et appelle à la fin de
l'occupation de la Cisjordanie. Affirme que la non-violence est le meilleur
moyen pour les Palestiniens d’obtenir la reconnaissance de leurs droits,
constate qu’elle requiert une éducation qui pour l’instant n’existe pas.
« Il faut croire dans notre capacité d’aimer, nous tous, Israéliens et
Palestiniens. Nous sommes capables d’aimer et de faire justice pour
nous-mêmes et pour les autres. »
30. Edward Saïd
(1935-2003), théoricien littéraire, critique, intellectuel et pianiste
états-unien d’origine palestinienne. Professeur de littérature anglaise et
de littérature comparée à l'université Columbia de New York.
Dans La question de Palestine (1979), offre une analyse docu-
mentée et subtile de l’affrontement, à la fin du 19ème siècle et durant la
première moitié du 20ème siècle, entre la société palestinienne, occultée
par l’idéologie dominante en Europe, et le mouvement sioniste, consi-
déré comme une partie intégrante de l’entreprise coloniale européenne*.
Analyse le colonialisme et l'histoire du discours colonial sur les
populations orientales placées sous domination européenne.
Plaide pour la légitimité politique et l'authenticité philosophique
des revendications sionistes des droits à une patrie juive, mais aussi du
droit inhérent à l'autodétermination nationale du peuple palestinien.
Cofondateur avec Daniel Barenboïm du West-Eastern Divan
Orchestra, orchestre israélo-palestinien.
* Ses trois ouvrages La question de Palestine, L’Orientalisme et L’Islam dans les médias
constituent un triptyque ayant pour objet la critique du regard porté par les pays occidentaux sur
l’Orient, et plus précisément sur le Moyen-Orient.
31. Zeev Sternhell
Né en 1935 dans une famille juive de la Galicie polonaise,
enfance en France. Historien et penseur politique israélien, diplômé de
‘l'Institut d'études politiques de Paris’, professeur de science politique
à l'université hébraïque de Jérusalem. Lauréat en 2008 du prix Israël
pour ses travaux en sciences politiques.
Un des fondateurs du mouvement israélien Shalom Akhchav
("La paix maintenant"), prône un compromis de paix avec les
Palestiniens.
« Il y a deux façons de voir les choses. Les uns, dont je suis,
pensent en termes de droits universels. Il y a deux peuples sur la
même terre, il convient de s’assurer que chacun puisse y jouir des
mêmes droits. La meilleure façon d’y parvenir est la partage de la
terre. Les autres disent que le Juifs sont propriétaires de cette terre
parce qu’elle leur a été donnée par une décision divine ».
32. Lillian Rosengarten
Née en 1935 à Frankfurt, États-unienne. Ses parents, Juifs
allemands, fuient le nazisme et émigrent aux États-Unis. Psychothé-
rapeute dans la vallée de l’Hudson, écrivain, poète, pratiquante
bouddhiste.
Militante pour les droits des Palestiniens, dénonce l’occupation des
terres et le nettoyage ethnique, menés par l’État d’Israël qui se déclare
propriétaire des terres en invoquant des versets de l’Ancien Testament.
En septembre 2010, membre de l’équipage du catamaran Irene
(sous pavillon britannique) qui proteste contre le blocus maritime de la
bande de Gaza, capturé dans les eaux internationales par la marine
israélienne.
« Israël est maintenant de plus en plus isolé et ne peut survivre s’il
continue dans cette voie de la paranoïa et du racisme. »
33. Abou Jihad
De son vrai nom Khalil al-Wazir (1936-1988), chef militaire et
politique palestinien. Né à Ramleh, exilé dans le camp d’Al-Burej, en
lisière de Gaza. Dès son adolescence, prend part à des actions de
fedayin contre les villages israéliens frontaliers. Avec Yasser Arafat,
crée clandestinement le Fatah, en 1959, sur le modèle du FLN
algérien. Commande les opérations armées extérieures du Fatah. En
1982, s’installe à Tunis, où l’Organisation de Libération de la Palestine
(OLP) obtient la permission d’installer ses quartiers généraux.
En 1987, comprenant que la lutte armée n’est pas une bonne
stratégie, demande et ordonne que ne soit utilisée aucune arme à feu
lors de la première Intifada dans les territoires occupés, qui a un
double objectif : 1) prendre en charge les secteurs vitaux négligés par
l’autorité israélienne (hôpitaux, agriculture); 2) développer la con-
science nationale pour une mobilisation politique de masse. La 1ère
Intifada, mis à part les jets de pierres, a un caractère essentiellement
non-violent.
Assassiné sous les yeux de sa femme en avril 1988 à Sidi Bou
Saïd, au nord-est de Tunis, par un commando du Mossad israélien.
Les médecins légistes relèveront sur son corps 75 impacts de balles.
34. Marek Halter
Né en 1936, écrivain français, juif d'origine polonaise. Mime,
peintre, puis écrivain. Milite pour le respect des droits de l'homme
(URSS, Argentine), contre le racisme et l'antisémitisme et pour la
paix au Proche-Orient. En 1968, fonde avec sa femme Clara la
revue Éléments à laquelle collaborent à la fois des Israéliens, des
Palestiniens et des Arabes. Cofondateur de SOS Racisme.
En 1992, participe à l’organisation de rencontres secrètes
entre Israéliens et Palestiniens à Paris puis à Oslo.
« Au même titre qu'existent en nous des pulsions du mal, il y a
également des pulsions du bien qui travaillent en nous. Dès lors, il y
a quelque chose à faire contre des idéologies qui prônent
l'intolérance. L'idéal est de parler à chaque individu séparément, car
à l'inverse du groupe, l'individu a une conscience. Le mal est
contagieux, le bien l'est aussi ".
35. Avraham Yehoshua
dit Boolie, (1936-2022), écrivain israélien, né de parents d’origines
grecques et marocaines, publie ses premières nouvelles en 1963. Depuis,
ses romans et pièces ont été traduits de l’hébreu en plus de 30 langues.
En 1995, il reçoit le prix d’Israël, plus importante reconnaissance cultu-
relle de son pays. Lauréat du prix Médicis étranger.
Défenseur des droits des Palestiniens, membre de B’Tselem,
organisation israélienne de défense des droits humains et fervente
opposante à l’occupation des territoires palestiniens par Israël. Cette
association a salué, un homme ayant « dévoué son temps et son énergie
à l’égalité, la paix et les droits humains pour tous ».
« La solution du conflit par la création d’un Etat palestinien au côté
d’Israël, qui passait pour extravagante et irréaliste il y a cinquante ans,
quand Lova Eliav l’exposait devant les cellules du Parti travailliste (…) est
devenue aujourd’hui la pierre angulaire de tout le système politique. (…)
L’identité juive et sioniste de l’État d’Israël ne court aucun danger en ce
moment, mais c’est plutôt son humanité et celle des Palestiniens soumis
à notre pouvoir qui sont menacées.»
Interview à l’hebdomadaire français ‘L’Obs’ en 2018, à l’occasion des 70 ans de l’Etat
d’Israël.
36. Bernard Ravenel
(1936-2023), historien et militant politique français. Agrégé et
professeur d’histoire. Oriente son travail de recherche sur les questions
méditerranéennes. Cofondateur, en 1960, du ‘Parti socialiste unifié’ (PSU) et
responsable des relations internationales dans ce parti.
Président de ‘l’Association France-Palestine Solidarité’ (AFPS) de
2001 à 2009, et de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine
(2001-2011), condamne tout dérapage antisémite dans la lutte en faveur du
peuple palestinien. Un des organisateurs du ‘Tribunal Russell sur la
Palestine’.
« En 1987, la direction extérieure de l'OLP à Tunis et son stratège,
Abou Djihad, demandent et ordonnent que ne soit utilisée aucune arme à
feu. Cette décision, historique, fut respectée intégralement pendant de
nombreux mois, démontrant ainsi l'incontestable légitimité populaire de la
centrale palestinienne. À partir de ce moment, se développe une
insurrection civile sans précédent dans le monde arabe. La véritable
surprise a été sa nature durablement non-violente.(…)
Le recours aux pierres, mais non aux armes à feu, a démontré aux
yeux du monde, et en particulier aux citoyens israéliens, que la "menace"
../..
37. Bernard Ravenel
palestinienne venue de l'Intifada ne mettait pas en cause, même
symboliquement, l'existence physique ou la "sécurité" d'Israël, au
nom de laquelle il justifiait ses guerres.
Face à cette nouvelle insurrection qu’est la seconde
Intifada, la stratégie israélienne est claire : éviter à tout prix le
renouvellement d’une Intifada du type de la première, restée
longtemps non armée et dont la tentative de répression militaire
avait été délégitimée par l’opinion internationale, permettant ainsi
une victoire politique palestinienne. D’où la décision de militariser
le conflit en provoquant une réaction armée des Palestiniens,
afin de se voir reconnu le droit d’employer les armes, y compris
les plus lourdes (chars, hélicoptères). Ce qui s’est d’ailleurs
effectivement produit.
L’actuel objet de la bataille médiatique et sémantique
des autorités israéliennes est d’assimiler toute résistance
palestinienne, en particulier celle non-violente, au terrorisme et à
l’antisémitisme.»
38. Naïm Ateek
Né en 1937, Palestinien, pasteur de l’Église anglicane,
fondateur du Sabeel Ecumenical Liberation Theology Center à
Jérusalem. (Sabeel : "sentier, chemin", mais aussi "ruisseau").
Articule la théologie de la libération avec la situation de la
Palestine occupée, dénonce l’occupation, la violence, la discri-
mination, les violations des droits humains : mur de séparation,
colonies illégales, checkpoints, confiscation et démolition de
maisons, camps de réfugiés, dégradation de l’environnement. Lutte
pour la justice dans une visée de réconciliation.
Sabeel organise des formations pour les jeunes, les femmes,
des voyages sur les lieux saints, une vague de prière chaque
semaine le jeudi, édite la revue Cornerstone ("Pierre d’angle"), a des
relais dans le monde entier (Europe, Scandinavie, États- Unis,
Canada, Australie)
39. Michael Nagler
Né en 1937, universitaire américain et militant de la paix états-
unien, ex-professeur de littérature, ex-président du Peace And Conflict
Studies Program à l’Université de Californie (Berkeley). Président du
Blue Montain Center of Meditation.
Membre du conseil consultatif de la Faculty for Israeli-Palestinian
Peace-USA, réseau de professeurs et d’étudiants palestiniens,
israéliens et internationaux, travaillant pour la fin de l'occupation des
territoires palestiniens par Israël et pour une paix dans la justice.
Fondateur et président du Metta Center for Nonviolence, dont la
mission est de "promouvoir la tradition de la non-violence que Gandhi a
donnée au monde, à travers des projets innovants, l'éducation et la mise
en pratique de ses principes".
40. Violette Khoury
Née en 1938, Palestinienne-Israélienne, Chrétienne melkite.
Est née et vit toujours à Nazareth où elle a exercé comme
pharmacienne. Infatigable militante, dénonce les injustices dont est
victime la population palestinienne israélienne (les Palestiniens
restés sur le territoire israélien en 1948 et leurs descendants).
Fondatrice et directrice du centre Sabeel de Nazareth.
Sabeel est une association œcuménique qui lutte pour les droits de
tous les Palestiniens et qui fonde son action sur la théologie de la
libération.
« Voir le visage de Dieu en toute personne ne veut pas dire
consentir au mal ou à l’oppression de sa part. L’amour consiste
plutôt à corriger le mal et à arrêter l’oppression. »
« Il est temps que cessent la discrimination, la ségrégation et
la restriction des déplacements. Il est temps d’honorer tous ceux
qui ont souffert, Palestiniens et Israéliens »
41. Elias Chacour
Né en 1939. Arabe palestinien, citoyen d’Israël, archevêque
de St Jean d’Acre, Haïfa, Nazareth et Galilée de l’église catholique
grecque-melkite.
Originaire du village de Kafar Bire’m, dont il est chassé à
l’âge de 8 ans quand son village et la maison de ses parents sont
détruits par l’armée israélienne d’occupation.*
Fondateur et animateur de l’Université Mar Elias, près
d’Haïfa, premier établissement universitaire arabe à l’intérieur
d’Israël, qui accueillait plus de 2 000 étudiants juifs, musulmans,
druzes ou chrétiens. Cet établissement est aujourd’hui intégré à
une autre structure. ../..
* 518 villages palestiniens ont été détruits depuis 1948
42. Elias Chacour
Organise de nombreuses marches et actions pour la paix,
notamment après les massacres de Sabra et Chatila, et donne des
conférences sur tous les continents sur le conditions de la paix au
Moyen-Orient.
Militant infatigable de la paix et de la réconciliation israélo-
palestinienne, proclame, comme le faisait sa mère, que Juifs et
Palestiniens sont "frères de sang".
« Israël répond à la bestialité du terrorisme, lequel ne
représente qu’une infime minorité du peuple de Palestine, par le
châtiment collectif. Gaza est bouclée, le Cisjordanie aussi.
L’école, l’hôpital, le travail, la liberté d’aller et de venir, voilà l’antidote
radical contre l’extrémisme. La paix sans justice n’est qu’un slogan
creux. »
Le « mur de la honte » autour de la Cisjordanie
43. Amos Oz
(1939-2018), nom de naissance et de plume : Amos Klausner,
poète, romancier et essayiste israélien né de parents ukrainiens. Sa mère
se suicide alors qu'il est âgé de 12 ans, événement qui marquera
profondément son œuvre Rejoint le kibboutz de Houlda à l'âge de 15 ans
et adopte le nom "Oz" ("force" en hébreu). Professeur de littérature à
l'université Ben Gourion de Beer-Sheva, auteur de 18 ouvrages.
Cofondateur du mouvement ‘La Paix maintenant’ et fervent partisan
de la solution d'un double État. En nov. 2008, rallie la ‘Nouvelle gauche’
(parti de la gauche sioniste favorable à un partage territorial) pour contrer
le ‘Likoud’ (droite nationaliste).
Dénonce la politique favorable à la colonisation de B. Netanyahu,
boycotte les événements officiels organisés par Israël à l'étranger pour
protester contre l'"extrémisme croissant" du gouvernement, tout en
dénonçant ceux qui prônent la destruction d'Israël.
«Sans l’option rapide de deux États, il est fort probable que, afin
d’empêcher l’établissement d’un État arabe coincé entre la Méditerranée
et le Jourdain, s’instaure une dictature temporaire de juifs fanatiques, un
régime raciste qui opprimera à la fois les Arabes et ses opposants juifs. »
44. Les habitants de Kafar Bire’m
Kafar Bire’m est le village natal d’Élias Chacour, en Haute
Galilée, pas loin de la frontière du Liban. Le gouvernement
israélien l’a fait évacuer en novembre 1948, alors qu’il y avait
1 050 habitants, et l’a fait détruire en septembre 1953.
Depuis 1967, les expatriés de Kafar Bire’m, dispersés sur
tout le territoire d’Israël ou ailleurs, ne cessent d’enterrer leurs
défunts dans leur village. Ils réclament le droit de retour à la
superficie "hors d’usage" de 2 227 acres. Ils éduquent leurs
enfants à s’attacher à ce droit, y organisent la colonie de
vacances annuelle.
Cinq personnes depuis fin 2013 dorment chaque fin de
semaine sous des tentes dans la seule maison qui ait encore un
toit.
45. Haïm Oron
Israélien né en 1940 de parents émigrés de Pologne. Pendant
sa jeunesse, membre du mouvement Hashomer Hatzaïr (socialisme,
sionisme, scoutisme, fraternité entre les peuples).
Ex-secrétaire national du mouvement des kibboutzim. Ex-
ministre de l’Agriculture, député du Meretz à la Knesset jusqu’en 2011.
Un des fondateurs de Shalom Akhshav ("La Paix Maintenant" ),
signataire des Accords de Genève.
« Il nous faut aujourd’hui trouver une solution de gagnant-
gagnant, parce que toute autre alternative est pire. J’ai deux objectifs :
1) Arriver à une solution réaliste qui permettra, si tant est que ce soit
possible, de maintenir la paix à long terme. 2) Avoir quelque chance de
la faire accepter à mon peuple.
(…) L’idée de Genève était de tout mettre sur la table dès le départ, de
ne laisser aucune question ouverte, puis de procéder par étapes
successives. »
Photo du bas : Logo du mouvement Hashomer Hatzaïr