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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de sens
(art, religion, philosophie, spiritualité)
8 - de 1850 à 1875
É. G. .31.05.2021
Jean-Marie Guyau
(1854-1888), philosophe et poète français. Publie à 24 ans
un chef-d’oeuvre sur Épicure et sur l’histoire de la philosophie,
concilie épicurisme et stoïcisme. Enseignant au lycée Condorcet à
Paris, puis éditeur dans le Midi.
Plein de douceur, de générosité et de compassion, animé de
préoccupations sociales et progressistes, préconise l’immanence
plutôt que la transcendance, le refus du moralisme et du nihilisme,
la goût du risque plutôt que la sécurité, le devenir plutôt que
l’immuable, l’action plutôt que la prière.
Meurt à 33 ans de la tuberculose.
Compare l’histoire à « une grande épave portant des
hommes. (…) Nulle main ne nous dirige, nul œil ne voit pour nous;
le gouvernail est brisé depuis longtemps, ou plutôt il n’y en a
jamais eu, il est à faire : c’est une grande tâche et c’est notre
tâche. »
Adolf von Harnack
(1851-1930), professeur balte-prussien protestant, docteur en
théologie, en droit, en médecine et en philosophie. Républicain
conservateur, prend position pour la démocratie sociale contre la ligne
majoritaire du protestantisme, alors presque entièrement anti-républicain.
Auteur d’ouvrages sur la littérature chrétienne ancienne, sur
L’essence du christianisme, sur Marcion (qu’il considère comme la figure
la plus importante de l’histoire de l’Église entre Paul et Augustin), sur le
monachisme et surtout sur l’histoire des dogmes. Les dogmes, dit-il, sont
une création humaine, ils évoluent avec le temps.
Oppose un christianisme primitif sans dogmes à un catholicisme
pétri d’hellénisme, "hiérarchique, dogmatique et rituel". Refusant de
transformer le christianisme en objet du passé, admirable, certes, mais
renvoyé aux musées, veut ouvrir un nouvel âge " postdogmatique ", en
redécouvrant la simplicité du christianisme des origines purifié de ses
scories.
Affirme qu’il faut revenir à l’essence de la foi au Père révélé par le
Fils en « rejetant comme un vêtement les pensées et les formes qui, un
certain temps, avaient été tenues pour saintes. »
Ahmadou Bamba
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (Aḥmad ibn Muḥammad ibn
Ḥabīb Allāh) dit Khadimoul Rassoul (en arabe : " serviteur du Prophète"
et Serigne Touba (le marabout de Touba), (1853-1927), théologien
sénégalais, juriste musulman et soufi. Une des figures les plus
importantes de l'islam de la région en qualité de fondateur de la confrérie
des Mourides. Grand poète.
Prêche la paix, la quête intellectuelle, le travail et la discipline,
fonde la ville de Touba (Sénégal) en 1887. Arrêté par les autorités
coloniales françaises, qui l'enferment dans la prison de Saint-Louis,
avant de l'envoyer en exil, en 1895, au Gabon. Retourne à Dakar en
1902, est acclamé par la foule. Arrêté en 1903, déporté 4 ans en
Mauritanie.
Après 1910, les autorités françaises réalisent qu’il ne désire pas
la guerre contre le colonisateur et décident de collaborer avec lui. Refuse
la Légion d’Honneur.
« Jamais je ne porterai préjudice à qui que ce soit. »
« J’ai fait cette guerre sainte avec pour seules armes le savoir et
la piété. »
Vincent van Gogh
(1853-1890), peintre et dessinateur néerlandais. Fils de pasteur,
marchand d’art chez Goupil et Cie , se dégoûte de cette activité. Reclus, lit
intensément la Bible. Professeur puis prédicateur en Angleterre et en
Belgique, renonce à devenir pasteur. Peintre à Nuenen, Anvers, puis à
Paris (1886). Intègre les milieux impressionnistes : scènes de rues ou de
restaurant, natures mortes, portraits. Relation personnelle et profession-
nelle très forte avec son frère Théo, marchand d’art.
Fatigué, dépressif, s’installe à Arles en 1888. Tente d’exorciser par
la peinture le tumulte intérieur qui le mine. Se fâche à son ami Paul
Gauguin (1848-1903), le menace, se mutile partiellement l'oreille droite.
Soigné à l'asile de Saint-Rémy de Provence, s’installe à Auvers-sur-Oise,
se confie au Dr Paul Gachet, ami des peintres. Se suicide à 37 ans.
Auteur de plus de 2 000 toiles et dessins.
« Il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens. »
« Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales,
si majestueuses et si imposantes soient-elles. L'âme d'un être humain,
même les yeux d'un pitoyable gueux ou d'une fille du trottoir, sont plus
intéressants selon moi. ».
Images : Autoportrait (1889),
Portrait du Dr Gachet avec branche de digitale (1890)
Jules-Auguste Lemire
(1853-1928), connu sous le nom d'abbé Lemire, prêtre catholique
et homme politique français. Après la trentaine, aspire à une réconciliation
de l'Église et des classes populaires, selon les idées d'un modèle de
catholicisme social instauré par le cardinal Henry Edward Manning (1808-
1892) sur lequel il écrit un essai.
Figure marquante de la démocratie chrétienne, député du Nord
après 1893. Favorable à la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905),
tout en désapprouvant la manière forte. En 1910, réélu avec les voix des
républicains contre un concurrent catholique, Pierre Margerin du Metz,
avocat à Hazebrouck. L'évêque de Lille lui interdit toute nouvelle candida-
ture. Frappé de suspens a divinis lorsqu'il se représente en 1914, réélu
pour la 6ème fois. Élu maire d'Hazebrouck en 1914.
Milite contre la peine de mort, pour la limitation du temps de
travail à 11 h par jour, la réglementation du travail de nuit des femmes et
des enfants, pour le repos hebdomadaire, les allocations familiales,
contre le cumul des mandats des élus.
À l'origine du développement en France des jardins ouvriers :
fonde en 1896 la ‘Ligue française du Coin de Terre et du Foyer’, dont est
issue la ‘Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs’.
Benoît XV
Giacomo della Chiesa (1854-1922), pape de l’Église romaine.
Docteur en droit civil et en droit canonique. En 1887, participe à la
négociation entre l'Allemagne et l'Espagne au sujet des Îles Carolines et
organise les secours durant une épidémie de choléra. Archevêque de
Bologne. Élu pape en 1914. Promeut une piété populaire.
Pendant la 1ère Guerre Mondiale*, proclame la neutralité du Saint
Siège. En novembre 1914, dénonce le « carnage affreux », « l’horrible
boucherie qui déshonore l’Europe ». Déplore que les nations les plus
grandes et les plus riches « armées des plus terribles engins de mort (…),
cherchent, avec une barbarie raffinée, à s’anéantir mutuellement. (…) Si
des droits ont été violés, il est, pour les rétablir, d’autres moyens que les
armes. »
En juillet 1915, s’adressant aux dirigeants des pays en guerre
dans l’encyclique Ad beatissimi, écrit : « Qu’on y réfléchisse
bien : les nations ne meurent pas. Humiliées et oppressées,
elles portent frémissantes le joug qui leur est imposé, préparant
la revanche et se transmettant de génération en génération un
triste héritage de haine et de vengeance. » ../..
*qu’il explique par la société laïque et libérale issue, en France, de la Révolution
française, et en Italie, du Risorgimento…
Benoît XV
Demande aux belligérants d'autoriser l'échange de
prisonniers blessés.
En août 1917, en vue d'une paix « juste et durable »,
propose le désarmement des deux parties, l'arbitrage comme
moyen de résolution des conflits, l'abandon de toutes les demandes
de réparation, l'évacuation totale de la Belgique et du territoire
français, la liberté des mers, la restitution par l'Entente des colonies
allemandes.
Georges Clemenceau le décrit comme un « pape boche »
tandis que les Allemands le prénomment le « pape français ».
Dans son encyclique Pacem, Dei munus pulcherrimum de
mai 1920, désapprouve le traitement jugé trop humiliant réservé à
l'Allemagne et condamne le découpage opéré par le traité de
Versailles (juin 1919) qui n'a pas « extirpé les germes des anciennes
discordes ».
Photos 1 - Les « gueules cassées ». 2 - Premiers chars d’assaut. 3 - John Maynard
Keynes, membre de la délégation britannique qui négociait le traité, défendait une position
conciliante à l'égard de l'Allemagne. N'ayant pas été écouté, il publie ce pamphlet qui
deviendra un best-seller quand Hitler vilipendera le Diktat de Versailles
../..
Benoît XV
Les prises de position courageuses de Benoît XV sont à comparer
à d’autres à la même époque :
Yves de la Brière, jésuite (1877-1941), reprenant dans la
revue Études les affirmations de Joseph de Maistre (1753-1821) :
« La guerre est (…) l’application d’une loi divine qui exige, qui
féconde et qui glorifie l’expiation, la rédemption par le sang. »
Antonin de Sertillanges (1863-1948), dominicain : « Très Saint
Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels à la
paix. »
Charles de Foucauld : « Pour le salut de la civilisation
chrétienne, de la morale chrétienne, de la liberté de l’Église et de la
liberté des peuples, Dieu veut une guerre longue. » « Dieu a laissé
se déchaîner cette guerre pour qu’elle soit la plus utile et la plus
sanglante des croisades. »
Pierre Teilhard de Chardin : L’expérience du front , « c’est celle
d’une immense liberté. (…) Tous les ressorts de l’être peuvent se
tendre. Toutes les hardiesses sont de mise. Pour une fois, la tâche
humaine se découvre plus grande que nos désirs. »
Charles Webster Leadbeater
(1854-1934), chercheur spirituel anglais. Prêtre anglican, devient
membre de la ‘Société théosophique’ après avoir lu Helena Blavatsky
(1831-1891) et Alfred Percy Sinnet (1840-1921). Après des voyages en
Inde, ses travaux, qu'il affirme réalisés par clairvoyance, donnent lieu à
des ouvrages ésotériques tels que Les Chakras et L'Homme, visible et
invisible, traitant de l'aura humaine et des chakras. Participe à la
formation de Jiddu Khrishnamurti (1895-1986).
Le premier à employer le terme de "mémoire akashique" (âkâshic
record) dans son livre Clairvoyance (1899). Le concept est repris par
Rudolf Steiner (Chronique de l’Akasha, 1904), enseigné ensuite
notamment par Johnny Prochaska (diapo suivante).
En 1915, se rend en Australie et y rencontre James Ingall
Wedgwood (1892-1950), théosophe, martiniste* et premier évêque de
l'Église catholique libérale, qui l'initie en franc-maçonnerie dans la
fédération australienne du ‘Droit Humain’. ../..
* Martinisme : branche maçonnique de mysticisme judéo-chrétien basée sur les
enseignements de Louis Claude de Saint-Martin (1743-1803) et désignation d'un degré
maçonnique.
Charles Webster Leadbeater et les mémoires akashiques
Johnny Prochaska (photo du haut), noble espagnol d’ascendance
tchécoslovaque, réfugié au Mexique après l’avènement de Franco. Lors d'un
voyage, rencontre une femme d'aspect Maya qu’il voyait dans ses rêves depuis
plus de 3 ans. Au cours d'une cérémonie, elle lui donne la prière sacrée pour ouvrir
les archives akashiques et lui apprend à s'en servir. Enseigne aux États-Unis à la
fin des années 1960, s’installe en Amérique du Sud à la fin des années 1970.
Mary Dean Parker (photo du bas), disciple de J. Prochaska, fondatrice
d’Akashic Records Consultants International - ARCI, dont feront partie Lauralyn
Bunn, Katherine Kim Lopa, Ernesto Ortiz, etc.
Les mémoires akashiques* sont une sorte de mémoire cosmique,
de nature éthérique, lue par les initiés, qui, telle une pellicule sensible,
enregistrerait les événements du monde.
Les clairvoyants akashiques affirment recevoir de "Maîtres
ascensionnés", "Guides" ou "Enseignants" (Isis, Marie, Jésus, Hilarion,
Maître St Germain, Kuthumi, Lanto, Paul le Vénitien, Sérapis Bey, Lady
Nada, El Morya Khan, le Dragon d’Or, le Bouddha médecin, etc.) des
informations sur "l’âme" de leur interlocuteur pour l’aider à faire face aux
épreuves, pardonner, guérir, se déployer.
* En sanskrit, akasha : éther, substance primordiale, lieu de naissance des
autres substances. Les mémoires akashiques seraient appelées "Livre du
souvenir" dans la tradition juive et "Livre de la vie" dans la tradition chrétienne.
Josiah Royce
(1855-1916), philosophe états-unien issu de familles anglaises.
Professeur à l'université Johns-Hopkins, puis à Harvard. Protestant,
apprend le sanskrit pour étudier le bouddhisme.
Travaille le concept de communauté, où les individus restent des
individus à part entière, mais en formant une telle association, ils
participent à une réalité qui s'étend au-delà de leur propre existence
individuelle.
Soutient que le mal est une force réelle, qui doit être combattue
comme telle ; la souffrance est quant à elle un fait d'expérience
irréductible. Comme Dieu n'est pas un être séparé, la souffrance et la
douleur des êtres humains sont également la souffrance et la douleur de
Dieu. Considère comme des "causes universelles" : l'accès total à la
vérité ; la connaissance complète de la nature de la réalité par la
recherche et l'interprétation ; l'expansion universelle de la fidélité à la
loyauté elle-même.
Dans Le problème du christianisme, affirme la pertinence des
idées fondamentales du christianisme (communauté, péché, expiation,
grâce qui sauve) pour la confluence des religions du monde, appelle à
transformation personnelle faite de loyauté envers la communauté de
toute la famille humaine.
Fernand Portal
(1855-1926), prêtre lazariste français. Pionnier du dialogue
œcuménique contemporain par les rapprochements qu'il tente entre
l'Église catholique et la communion anglicane en compagnie du laïc
Charles Lindley Wood, vicomte d'Halifax (1839-1934).
Désavoué par Léon XIII, rappelé à Paris pour diriger le nouveau
séminaire universitaire Saint-Vincent-de-Paul, fait de l'endroit un lieu
d'ouverture et d'échanges, n'hésitant pas à inviter des Anglicans, des
Protestants ou des incroyants.
Soupçonné de modernisme, est démis de ses fonctions en 1908
par le cardinal Merry del Val, secrétaire d'État du pape Pie XI, avec
interdiction définitive de publier et de parler en public.
Préconise l’animation chrétienne d’une société sécularisée et
pluraliste, affirme que l’Église ne doit favoriser aucune force politique
et ne contrôler aucune science, fut-ce l’exégèse.
Disciple de Newman, ami de Teilhard de Chardin, père spirituel
d'Antoine Martel, Pierre Pascal, Jean Guitton, Yves Congar, Marcel
Légaut.
‟Homne-réseau” et ‟vrai passe-muraille” selon Émile Poulat.
Marie-Joseph Lagrange
(1855-1938), docteur en droit, dominicain, exégète et théologien
catholique, auteur d’une trentaine de livres.
Étudie seul à Salamanque et à Toulouse le syriaque, l'arabe et
l'assyrien, et à Vienne la philologie, l’arabe, l'égyptien hiéroglyphique et
hiératique, l'hébreu, quelques autres langues du Moyen-Orient, l’exégèse
rabbinique et la Mishna.
Fonde en 1890 l‘’École Biblique et Archéologique Française de
Jérusalem’ et en 1892 la Revue biblique. Applique la méthode historico-
critique à l'étude de la Bible.
Soupçonné de modernisme et de rationalisme, subit des interdictions de
publication et des blâmes en 1907 et 1911.
« Une école où l'on pratiquerait inlassablement d'une part l'analyse des
textes par la critique (critique textuelle et critique littéraire des écrits, critique
historique des écrits), d'autre part la confrontation des textes et du terrain
(géographie, archéologie, épigraphie, ethnologie) ».
Sigmund Freud
(1856-1939), médecin neurologue autrichien d’origine juive, pionnier
de la psychanalyse, exploration des processus mentaux inconscients.
Étudies les névroses, l’hystérie, les phobies, les pulsions,
développe l’interprétation des rêves, les concepts de refoulement, de
censure, de narcissisme, de sublimation, de Moi et d'idéal du Moi.
Considère la religion comme une illusion ou névrose.
Menacé par le régime nazi, s’exile à Londres.
« Le sauvage n’est nullement un meurtrier impénitent. Lorsqu’il
revient vainqueur du sentier de la guerre, il n’a pas le droit de pénétrer
dans son village ni de toucher sa femme sans avoir expié ses meurtres
guerriers par des pénitences souvent longues et pénibles. »
L’homme primitif faisait preuve d’une « délicatesse morale qui
s’est perdue chez nous, hommes civilisés. »
Herbert Thurston
(1856-1939), prêtre anglais de l'Église catholique, jésuite et érudit
prolifique sur les questions liturgiques, littéraires, historiques et spiritu-
elles, expert du spiritisme. Auteur de 150 contributions à l'Encyclopédie
catholique (1907-1913).
Se joint à la Society for Psychical Research en 1919, est un ami du
chercheur en psychologie Everard Feilding (1867-1936). Ses articles sur
le mysticisme (1919-1939) sont rassemblés dans un livre posthume Les
phénomènes physiques du mysticisme : lévitation, stigmates, télékinésie,
phénomènes lumineux, élongation corporelle, inédie, incorruptibilité du
corps, vision extra-oculaire*, "incendie d’amour", etc.
Beaucoup de ses articles montrent une attitude sceptique envers les
légendes populaires sur la vie des saints et sur les reliques sacrées.
Attribue les phénomènes de stigmates aux effets de la suggestion. Criti-
que le spiritisme pour sa croyance que les médiums communiquent avec
les morts. Pense que certaines communications peuvent provenir du
subconscient du médium. D'un autre côté, son traitement du spiritisme et
du paranormal est considéré comme "trop sympathique" par certains
membres de la communauté catholique.
* Thurston étudie longuement le cas de Mollie Fancher (1848-1910), fille états- unienne,
"l'énigme de Brooklyn". Suite à 2 accidents graves, elle devient aveugle et clouée au lit à 17 ans.
Elle vit encore 44 ans avec des phénomènes remarquables de voyance et de personnalité multiple
: ne prend aucune nourriture pendant neuf ans, lit des lettres cachetées, etc.
Alfred Loisy
(1857-1940), prêtre et théologien catholique français, exégète, un
des fondateurs de l’histoire des religions.
Révoqué en 1893 de ses cours à l'Institut catholique de Paris en
raison de ses idées modernistes, nommé aumônier dans un pensionnat
de jeunes filles à Neuilly. De plus en plus en porte-à-faux avec les
dogmes de l'Église romaine.
Enjoint de mettre fin à sa revue L’enseignement biblique, mais
soutenu par Mgr Eudoxe-Irénée Mignot, archevêque d’Albi, par le baron
Friedrich von Hügel, par Henri Brémond et par le jésuite anglais George
Tyrell.
Ayant refusé de souscrire à l'encyclique Pascendi de Pie X qui
condamne le modernisme, est excommunié vitandus* en 1908. Nommé
professeur d’histoire des religions au Collège de France.
Démontre que Jésus était avant tout le prédicateur du "Royaume",
c’est-à-dire d’un monde nouveau, ne cesse de dénoncer les limites de la
raison et d'affirmer la nécessité de la religion, une "religion de l'humanité
* C'est-à-dire qu'il était interdit à tout catholique de lui adresser la parole…
../..
Alfred Loisy
Décrit lui-même en 1937 son itinéraire personnel comme un
passage "de la croyance à la foi".
« Jésus n’avait pas réglé d’avance la constitution de l’Église
comme celle d’un gouvernement établi sur la terre et destiné à s’y
perpétuer pendant une longue série de siècles. Mais il y a quelque
chose de bien plus étranger encore à sa pensée et à son
enseignement authentiques, c’est l’idée d’une société invisible, formée
à perpétuité par ceux qui auraient foi dans leur cœur à la bonté de
Dieu. On a vu que l’Évangile de Jésus avait déjà un rudiment
d’organisation sociale, et que le Royaume aussi devait avoir une forme
de société. Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est
venue ».
« Loisy annonçait un catholicisme moderne, et c’est
l’excommunication qui est venue », diront les commentateurs…
Édouard Le Roy (voir 1870) ,
Gustave Bardy, Joseph Deconinck, Louis Dennefeld
victimes de la répression antimoderniste
Gustave Bardy (1881-1955), chanoine et historien catholique.
Docteur en théologie (1910), professeur de philosophie à Besançon puis
à Faculté de théologie de l’Institut catholique de Lille (1919-1924),
spécialiste de la patristique grecque.
Son petit ouvrage de vulgarisation En lisant les Pères et sa thèse
de doctorat ès lettres sur Paul de Samosate (1923) sont dénoncés à
Rome et condamnés par le Saint Office : doit abandonner sa chaire et à
quitter Lille.
Appelé à Dijon en 1927, y devient professeur au grand séminaire
(1932-1955).
Louis Dennefeld (1883-1954), exégète, professeur à la faculté de
théologie de Strasbourg, auteur d’un travail sur Le Messianisme dans la
Bible, est mis à l’Index en 1930.
../..
Édouard Le Roy (voir 1870),
Gustave Bardy, Joseph Deconinck, Louis Dennefeld
victimes de la répression antimoderniste
Joseph Deconinck (1882-19), condisciple de Bardy au
séminaire d’Issy, docteur en théologie à Rome, «découragé de se
donner aux bonnes études », explique ainsi sa position en
commentant le désaveu public infligé par la Consistoriale au père
Lagrange :
« Je prie avec toi, mon cher Gustave, pour qu’il y ait encore
des savants dans l’Église, je ne serai pas savant et me livrerai de
plus en plus à mes gosses* de quinze ans, qui n’en demandent pas
si long. »
* élèves
Charles de Foucauld
Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand, vicomte de
Foucauld (1858-1916), officier, explorateur, géographe, ermite et
linguiste français. École St Cyr, officier, vit dans la richesse, le plaisir
et le luxe.
À 23 ans, démissionne de l’armée pour explorer le Maroc en se
faisant passer pour un juif. Retrouve la foi et devient religieux chez les
trappistes, puis ermite en Palestine, puis dans le Sahara algérien à
Béni-Abbès.
Vit avec les Berbères, puis avec les Touaregs, étudie durant 12
ans leur culture et publie le premier dictionnaire touareg-français.
Prêche par son exemple de "frère universel" plus que par le discours.
Reste profondément nationaliste et belliciste durant la première
guerre mondiale. Tué par un garçon de 15 ans qui craignait qu’il ne
s’enfuie, devant son ermitage où il avait caché des armes.
« Envelopper tous les hommes, en vue de Dieu, dans un même
amour et un même oubli. »
Max Planck
(1858-1947), physicien allemand. À Berlin, poursuit des travaux en
thermodynamique, électromagnétisme et physique statistique.
En 1900, découvre la loi spectrale du rayonnement d'un corps noir et
émet la théorie d'une limite de l'univers ("le mur de Planck" ). Prix Nobel de
physique en 1918 pour ses travaux en théorie des quanta d’énergie.
L'idée de quantification est développée par d'autres, notamment
Einstein qui en étudiant l'effet photoélectrique propose un modèle et une
équation dans lesquels la lumière est non seulement émise mais aussi
absorbée par paquets ou photons. C'est l'introduction de la nature
corpusculaire de la lumière. Les théories quantiques décrivent le
comportement des atomes et des particules, l’infiniment petit.
« Il n'existe pas, à proprement parler, de matière ! Toute matière tire
son origine et n'existe qu'en vertu d'une force qui fait vibrer les particules de
l'atome et tient en un seul morceau ce minuscule système solaire qu'est
l'atome (...)
Nous devons supposer, derrière cette force, l'existence d'un Esprit
conscient et intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute matière. »
Henri Bergson
(1859-1941), philosophe français issu de familles juives polonaise et
anglaise. ‘École Normale Supérieure’, agrégation de philosophie.
Étudie le cerveau, la perception, la mémoire, le rire, la théorie de
l'évolution, étend plus tard ses théories à la morale, à la religion, à la
société, à la guerre, à la métapsychique et à la mystique.
Affirme que la vie existe pour être créatrice et que l’affirmation de la vie
provoque la joie.
Influe sur les 14 résolutions proposées en janvier 1918 par le Président
Wilson afin de créer une instance gouvernementale internationale pour
prévenir les conflits armés. Président de l’’Académie des sciences morales
et politiques’, Prix Nobel de Littérature 1927.
Renonce à tous ses titres et honneurs, plutôt que d’accepter
l’exemption des lois antisémites du régime de Vichy.
« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du
terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent
triomphal. » ../..
Henri Bergson
Montre que le chemin vers l’accomplissement passe souvent
par une "nuit obscure", une caractéristique du mystique qui décide
d’être actif dans le monde : elle apporte à l’âme une surabondance
de vie.
Pour lui, la métaphysique, c'est reconnaître que tout n'est
pas parfait dans l'ordre du savoir, que l'insatisfaction y règne même,
et qu'il faut, pour appréhender le monde, utiliser l'intuition. Bref, ce
n'est pas quitter un monde instable et mouvant pour rejoindre une
réalité ferme et stable, c'est plutôt plonger au cœur des choses,
saisir la vie même.
Son livre Les deux sources de la morale et de la religion
constitue un vigoureux plaidoyer en faveur du recours au témoi-
gnage, celui des personnalités héroïques ou religieuses, des grands
saints et saintes, et plus encore des grands mystiques : seuls leur
contribution et plus encore leur exemple peuvent, aux humains que
nous sommes, donner un accès au divin.
Paul Ricœur, à sa suite, affirme que les concepts de témoignage,
d’attestation, d’écoute constituent à ses yeux des éléments-clés de toute
identité personnelle ou collective, et finalement de son éthique philosophique
tout entière.
Jean Jaurès
(1859-1914), homme politique français, orateur et parlementaire
socialiste.
Proclame le respect de soi et de l’autre, l’amour de la patrie et de
l’humanité, l’espoir d’un au-delà, le refus d’un monde désenchanté.
Soutient le capitaine Alfred Dreyfus injustement accusé, défend en
1908 le droit de vote des femmes (reconnu en 1946) et s’élève contre la
peine de mort (abolie en 1981), dénonce le colonialisme.
Assassiné par un nationaliste car il s’oppose à la guerre.
« La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas
faire la loi. »
« Je crois d’une foi profonde que la vie humaine a un sens, que
l’univers est un tout, que toutes ses forces, tous ses éléments conspirent
à une œuvre, et que la vie de l’homme ne peut être isolée de l’infini où
elle se meut et où elle tend. »
« Tout acte de bonté est une intuition du vrai, tout effort dans la
justice est une prise de possession de Dieu. (…) Les vrais croyants sont
ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et, par
suite, les haines d’homme à homme, les haines aussi de race à race, de
nation à nation, toutes les haines, et créer vraiment l’humanité qui n’est
pas encore ».
Voir aussi Jean Jaurès dans le trombinoscope "Chercheurs de changement sociétal"
Joseph Turmel
(1859-1943), ordonné prêtre en 1882 et nommé professeur au
Grand séminaire de Rennes où il perd la foi. Ses méthodes modernes
sur l'exégèse des textes sacrés lui valent d'être privé de sa chaire : on
lui donne en 1893 dans un couvent de religieuses à Rennes une place
d’aumônier qu’il garde jusqu’en 1930.
Au cours de ces années de solitude, travaille comme historien de
la dogmatique et devint expert en Patristique. Souligne les variations et
les évolutions des croyances chrétiennes censées officiellement avoir
une continuité sans faille.
Remet en cause la prétendue unanimité de foi et de théologie des
pères de l’Église qui les fait considérer comme des représentants
qualifiés de la Tradition.
En 1910, refuse de prêter le serment anti-moderniste.
Excommunié en novembre 1930. Ses livres sont mis à l’Index.
« Je me suis contenté de rapporter modestement ce que j’ai lu et
de dire ‟Voilà ce qu’on a cru à telle époque et voilà ce qu’on a cru à
telle autre”. Est-ce ma faute si exposer les variations de croyances,
c’est faire la guerre à l’Église ? »
Lucien Laberthonnière
(1860-1932), prêtre français de l'Oratoire, théologien, philosophe et
historien de la philosophie. Devient l'ami intime de Maurice Blondel après
avoir été enthousiasmé par sa thèse intitulée L'Action. Soucieux de
définir ce que pourrait être une philosophie chrétienne, oppose le
« réalisme chrétien et l'idéalisme grec ». Directeur de la revue Annales
de philosophie chrétienne de 1905 à 1913, est vivement critiqué par les
théologiens officiels.
En 1906, ses ouvrages précédents ainsi que les Essais de
philosophie religieuse sont condamnés par la censure romaine. En 1913,
l'Index condamne les Annales. Laberthonnière se soumet à l'interdiction
définitive de publier quoi que ce soit.
- Conçoit la foi chrétienne non comme la soumission à une autorité
extérieure, mais comme une ‟expérience de vie” incluant la bonté.
- Dénonce l'influence nocive de la pensée grecque sur la pensée
chrétienne, s'en prend au thomisme qu'il trouve trop dépendant de
l'aristotélisme.
- Refuse l'identification faite entre 'Église' et 'hiérarchie ecclésiastique', la
conception absolutiste de l'autorité qui idolâtre les vérités dogmatiques,
mais délaisse les vertus de charité.
George Tyrrell
(1861-1909), Irlandais issu d’une famille ouvrière pauvre. Anglican
converti au catholicisme, entre chez les Jésuites et devient un éminent
thomiste. En 1896, envoyé à Londres comme rédacteur à la revue The
Month. Son article Perverted devotion sur l’enfer (1899) est vivement
critiqué par les censeurs jésuites de Rome.
Promoteur enthousiaste et influent du modernisme théologique, et
fréquemment en conflit avec la doctrine officielle de l'Église catholique,
est expulsé de la ‘Compagnie de Jésus’ en 1906. En 1907, publie son
livre Through Scylla and Charybis – The old theology and the new :
insistance sur l’expérience personnelle, anti-intellectualisme, distinction
entre dogmes et révélation. Excommunié en 1907.
Ne désire pas revenir au protestantisme, mais souhaite organiser
un ‟fort noyau d’excommuniés qui constituerait une protestation vivante
contre la papauté”.
Dans une réplique au cardinal Mercier (1908), dénonce le
‟médiévalisme du catholicisme actuel” et veut montrer ce que serait un
vrai christianisme ‟à la croisée des chemins”. Une sépulture religieuse
lui est déniée, car il s'est refusé à toute rétractation publique.
Maurice Blondel
(1861-1949), philosophe français un peu oublié, trop catholique pour
les universitaires, trop rationnel pour les Catholiques… Admis à l‘’École
normale supérieure’, rédige sa thèse L'Action - Essai d'une critique de la
vie et d'une science de la pratique (1893), approche du mystère de
l’homme et de Dieu à partir du vécu de l’homme animé par le souci de
l’authenticité. Professeur de philosophie à Lille puis Aix-en-Provence.
Développe une philosophie de l'action intégrant des éléments du
pragmatisme moderne dans le contexte de la philosophie chrétienne. Les
théologiens néothomistes et maurrassiens, qui tiennent à cette époque les
études théologiques en France, le rejettent et lui font un procès intellectuel.
« Oui ou non, la vie humaine a-t-elle un sens, et l'homme a t-il une
destinée? J'agis, mais sans même savoir ce qu'est l'action, sans avoir
souhaité de vivre, sans connaître au juste ni qui je suis ni si je suis. »
« Il est bon de proposer à l'homme toutes les exigences de la vie, toute
la plénitude cachée de ses œuvres, pour raffermir en lui, avec la force
d'affirmer et de croire, le courage d'agir. »
« Mais s’il est permis d’ajouter un mot, un seul, qui dépasse le
domaine de la science humaine et de la compétence de la philosophie,
l’unique mot capable, en face du christianisme, d’exprimer cette part, la
meilleure, de la certitude qui ne peut être communiquée parce qu’elle ne
surgit que de l’intimité de l’action toute personnelle, un mot qui soit lui-
même une action, il faut le dire : « C’est ! ».
Rudolf Steiner
(1861-1925), philosophe, occultiste et penseur sociétal autrichien.
Dès son enfance, fait l’expérience de la réalité d’un monde suprasensi-
ble, au-delà de la réalité physique. En 1880, fait la connaissance de
Félix Kogutzki (1833-1909), cueilleur d’herbes médicinales qui l'initie à
l'occultisme traditionnel et lui aurait fait rencontrer un ‘maître spirituel’
éminent.
Docteur en philosophie, diplômé de l’’École Polytechnique de
Vienne’, disciple de Goethe. En 1902, cofonde la section allemande de
la ‘Société théosophique’, puis fonde en 1906 son propre rite de "Franc-
maçonnerie ésotérique". Recherchant sa propre manière, occidentale et
moderne, de cheminer vers le sens, fonde en 1913 l’anthroposophie
qu’il qualifie de chemin de connaissance visant à restaurer les liens
entre les hommes, la nature et les mondes spirituels.
Après l’incendie criminel du premier Goetheanum en bois (1913-
déc. 1922) sur la colline de Dornach, près de Bâle, construit en pleine
guerre par les membres de 17 nations ennemies, un 2nd Goetheanum
en béton armé est construit entre 1925 et 1928.
../..
Rudolf Steiner
Tout au long de sa vie, travaille au développement d’une
nouvelle conception du monde qui replace le lien entre l’être humain
et le cosmos au centre de la conscience. Considère l’homme dans sa
double dimension physique et spirituelle.
Sa pensée est à l’origine : - de l’eurythmie (1911), langage
codifié dansé ou art du mouvement, - des écoles Waldorf (1919), -
des médicaments Weleda (1921, avec Ita Wegman), - de l’agriculture
biodynamique (1924), - du mouvement Camphill fondé par Karl König
en 1939, pédagogie curative pour enfants avec un handicap mental
ou physique.
De nombreux avatars modernes du mouvement anthropo-
sophique sont souvent revisités à travers une influence New Age.
« Ô Éternel, vaste Esprit embrassant le Tout, que ma pensée s’élève
à ta sagesse, mon sentiment à ta révélation, ma volonté à ton acte
créateur. Ainsi puisse mon âme s’élever triplement et en ses
profondeurs s’unir à ton Être dès maintenant et à jamais ! Ô Éternel,
vaste Esprit embrassant le Tout, Éternel ! »
Texte inspiré d’un poème de R. Steiner, musique d’Éric Noyer
Rabindranath Tagore
Rabindranath Takur, surnommé Gurudev, (1861-1941), composi-
teur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe indien bengali. Étudie
le droit à Londres. Fonde un ashram à Santiniketan (Bengale
occidental) en 1901. Prix Nobel de littérature en 1913.
En 1921, fonde avec l'économiste agricole Leonard Elmhirst
l‘’Institut pour la reconstruction rurale’ (qui sera par la suite renommé
‘Maison de la Paix’). Recrute des spécialistes, des donateurs et des
soutiens officiels de nombreux pays pour aider l'institut à mettre en
œuvre la scolarisation comme moyen de « libération des villages des
fers de l'impuissance et de l'ignorance » en « revitalisant le savoir »
Sa vie est tragique - il perd quasiment toute sa famille et est
profondément affligé par le déclin du Bengale - mais ses œuvres lui
survivent, sous la forme de poésies, romans, pièces, essais et
peintures, de même que l'institution qu'il a fondée à Shantiniketan,
l‘’Université de Visva-Bharati’.
Après 1930, combat l’Intouchabilité, appelle les autorités du
temple de Gurovayoor à admettre les Intouchables (dalits). ../..
Rabindranath Tagore
Visite plus de 30 pays sur les 5 continents entre 1878 et 1932.
Ses derniers voyages à l'étranger (Perse et Irak en 1932, Ceylan en
1933), l’amènent à affiner ses opinions au sujet des divisions
humaines et du nationalisme.
Reproche publiquement à son ami Mohandas Gandhi de
présenter le tremblement de terre le 15 janvier 1934 au Bihar comme
un châtiment divin pour l'oppression des dalits.
Deux chants de son canon Rabindrasangeet sont devenus
hymnes nationaux respectifs du Bangladesh et de l'Inde : Amar
Shonar Bangla et Jana Gana Mana.
« Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillai et
vis que la vie n’était que service. Je servis et je compris que le service
est joie. »
« Reconnaissez la diversité, et vous atteindrez l’unité. »
« Ma vanité de poète meurt de honte à ta vue, Ô Maître-Poète ! Je
me suis assis à tes pieds. Que seulement je fasse de ma vie une chose
simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de
musique. »
Alfred North Whitehead
(1861-1947), philosophe, logicien et mathématicien britannique,
professeur au Trinity College de Cambridge puis à l’université de
Harvard (États-Unis).
Sa pensée, partie des mathématiques, s'oriente vers une
philosophie de la nature dans laquelle le monde est toujours en
mouvement (Process and Reality, 1929). Mais il ne s'agit pas
simplement d'un flux événementiel car le monde implique aussi la
permanence que l'on retrouve dans les objets, qu'ils soient sensibles ou
éternels. Il inclut la multiplicité des entités qui s’actualisent en
recherchant leur propre satisfaction.
Dans la ligne des philosophies de Spinoza ou de Leibniz, Dieu,
selon lui, agit dans le monde d'une manière immanente (il est la cause
efficiente de l'actualisation des entités), mais aussi de manière
transcendante (il agit aussi par la voie de la finalité). Fondateur de la
"théologie du process" (ou "théologie du dynamisme créateur de Dieu"),
représentée aussi par John B. Cobb.
« C’est un non-sens de concevoir la nature comme un fait statique. Il
n’y a pas de nature sans transition. »
Lou Andreas-Salomé
Luíza Gustavovna Salomé (1861-1937), femme de lettres allemande
d'origine russe, romancière, essayiste, auteure pour enfants, nouvelliste,
et psychanalyste. Grande voyageuse, muse ou égérie de grands hommes
: amie et disciple de Friedrich Nietzsche, maîtresse de Rainer-Maria
Rilke, élève de Sigmund Freud.
« La pulsion fondamentale, c’est l’amour de la vie. »
« Comme l’ami aime l’ami, Ainsi je t’aime, vie surprenante !
Que je jubile ou pleure en toi, Que tu me donnes souffrance ou joie,
Je t’aime avec ton bonheur et ta peine. Et si tu dois m’anéantir, En te
quittant je souffrirai. Comme l’ami qui s’attache au bras de l’ami,
Je t’étreins avec toute ma force : Si tu n’as plus aucun bonheur pour moi
Soit ! Il me reste la souffrance. »
« Plus nous nous plongeons dans "l’exigence du moment", dans
l’instant tel qu’il se présente, dans des conditions variables d’un cas à
l’autre, au lieu de suivre le fil conducteur de prescriptions, de directives
(écrites par l’homme ! ), plus nous sommes, dans nos actes, justement en
relation avec le tout, poussés par la force vivante qui relie tout avec
tout. »
« Plus je me rapproche du terme de mon existence, plus il me
devient possible d’embrasser dans son ensemble cet étrange objet qu’est
une vie. »
Swami Vivekananda
(du sanskrit viveka : discernement et ananda : béatitude).
Narendranath Nath Datta (1863-1902), issu d’une famille bourgeoise de
Calcutta. Au Scottish Church College, entend parler de Sri Ramakrishna
dont il devient disciple. Parcourt l’Inde en tous sens, généralement à pied,
cherchant des solutions aux problèmes qui assaillent son pays.
Représente l’hindouisme au ‘Parlement mondial des religions’ à
Chicago en 1893. Son appel à l’unité religieuse et à la tolérance de toutes
les religions lui vaut un grand succès. Fonde la Vedanta Society à New-
York. En 1897, de retour en Inde, fonde un ashram à Belur et la ‘Mission
Ramakrishna’, destinée à venir en aide aux masses souffrantes par une
action éducative, culturelle, sanitaire et sociale.
Met en avant les "4 voies" : sagesse, amour, méditation, service,
combat l’intolérance et la discrimination sexuelle.
« Aussi longtemps qu’il y aura un chien errant et affamé dans la rue, ma
spiritualité consistera à lui trouver à manger. Pas à chercher Dieu. »
« Une religion qui nous donne la foi en nous et le respect des autres, le
pouvoir de nourrir les affamés, de vaincre la misère, de relever les masses.
Si vous voulez trouver Dieu, servez l’homme ! »
Une de ses disciples les plus attachés est la mystique allemande Christina
Greenstidel (1866-1930) plus connue comme Sister Christine.
Henri Bremond
(1865-1933), prêtre catholique, historien et critique littéraire
français. Jésuite de 1882 à 1904, enseignant, directeur de la revue
Études, quitte l’ordre afin de se consacrer pleinement à ses travaux
critiques et littéraires. Ses contacts avec Maurice Blondel, le baron von
Hügel, Alfred Loisy et surtout George Tyrrell le rendent suspect aux yeux
des autorités religieuses. Sa participation aux funérailles (juillet 1907) de
son ami George Tyrrell, ancien jésuite excommunié pour ses opinions
modernistes, ne font qu'aggraver les choses. Élu membre de l‘’Académie
française’ en 1923.
Privilégie l’inquiétude religieuse (titre de son premier recueil),
opposée aux trompeuses sécurités du dogmatisme. Son Histoire littéraire
du sentiment religieux en France (11 tomes) remet en lumière de
nombreux spirituels qui n’étaient connus que de rares spécialistes ou
demeuraient tout à fait occultés. Montre notamment que la spiritualité
française du 16ème siècle n’a rien à envier à celle du Siècle d’Or espagnol.
A l’ambition de découvrir partout l’oraison mystique, de montrer
que nous sommes tous mystiques, tous poètes, tous inspirés. Le discours
mystique permet de supporter le silence de Dieu, il révèle que Dieu ne se
manifeste jamais mieux que dans et par le silence.
Miguel de Unamuno
(1864-1936), poète, romancier, dramaturge, critique littéraire et
philosophe espagnol. Recteur de l'université de Salamanque, destitué
de sa charge en 1914 pour son hostilité à la monarchie espagnole et sa
prise de position en faveur des Alliés. Déporté aux Canaries en 1924.
Assigné à résidence par le régime franquiste.
Envers et contre tout, maintient et défend* le bien-fondé existen-
tiel de la croyance en l'immortalité personnelle de l'âme. Cette foi
satisfait la volonté et donc la vie, même si elle contredit la raison. Dieu
est la seule justification possible de l'amour et de la compassion : le
croyant désire que Dieu existe et se conduit comme s'il existait (ce qui
constitue en quelque sorte une preuve irrationnelle de l'existence de
Dieu). Les vertus chrétiennes de foi, d'espérance et de charité ne peuvent se
déduire d'une conviction rationnelle ou mathématique. Le Dieu vivant ne peut se
déduire d'un Dieu logique ou mort. Pose la lutte comme dimension essentielle de
la vie. Sa posture se rapproche de celle de Don Quichotte
« Toute tentative d'accord et d'harmonie persistante entre la
raison et la vie, entre la philosophie et la religion est impossible. Et la
tragique histoire de la pensée humaine n'est autre que la lutte entre la
raison et la vie. Telle est l'histoire de la philosophie, inséparable de celle
de la religion. »
*dans Del sentimiento trágico de la vida (1913), qui lui vaut la condamnation du Saint-Office
Léon Chestov
« Le philosophe est avant tout un témoin, évidemment ; et il
témoigne de quelque chose que l’on ne peut vérifier. S’il en est ainsi, il
lui faut être sincère et véridique. Mais comment pourrait-il l’être ? »
« La tâche de l'homme ne consiste pas à accepter et à réaliser
dans la vie les vérités de la raison, mais au contraire à disperser par la
force de la foi ces vérités. »
« On n'a recours à la prédication, au Bien et au Mal, que
lorsque la philosophie ne répond plus - et parce qu'on ne peut vivre
sans réponse… »
Léon Issaakovitch Chestov, né Jehuda Leib Schwarzmann
(1866-1938), avocat, écrivain et philosophe russe d’ascendance juive.
Thèse de doctorat de droit à Kiev sur la législation ouvrière refusée, car
jugée trop subversive. Avocat à Moscou, dirige la manufacture familiale,
puis se tourne vers la philosophie. Exilé après la révolution soviétique,
s’installe en 1921 à Paris.
Marqué par Tolstoï, Dostoiëvski, Nietzsche, Pascal et Kierkegaard,
écrit à leur sujet, confronte sa pensée à la leur. Après eux, dénonce les
vérités évidentes et rassurantes de la raison, leur oppose l’expérience de
l’absurde et du tragique de l’existence humaine.
Nathan Söderblom
Lars Olof Jonathan Söderblom (1866-1931), pasteur luthérien
suédois. Études en grec, hébreu, arabe et latin, docteur en théologie.
Professeur d’histoire des religions à Uppsala puis Leipzig. Aumônier à
l'hôpital psychiatrique d'Uppsala, puis à l'ambassade de Suède à
Paris. En 1901, obtient un doctorat de religion comparée de la
Sorbonne pour une thèse portant sur le mazdéisme.
Avant Rudolf Otto, tente de donner une description du sacré.
Archevêque d'Uppsala en 1914, primat de l’Église suédoise, promeut
une réforme liturgique et travaille inlassablement à l'amélioration de
la condition des prisonniers de guerre et des réfugiés.
Architecte du mouvement œcuménique au 20ème siècle. La
conférence de Stockholm pour un ‘christianisme pratique’, qu’il
organise en 1925, notamment avec Wilfred Monod, rassemble
Anglicans, Protestants, et Chrétiens Orthodoxes.
Reçoit le Prix Nobel de la paix en 1930 « pour ses efforts
pour impliquer les églises pas seulement dans le travail pour l'union
œcuménique, mais aussi pour la paix mondiale. »
.
Benedetto Croce
(1866-1952), philosophe, historien, écrivain, critique littéraire et
homme politique italien. Continuateur de la pensée de Hegel, s’oppose
au fascisme, à la pensée raciale et aux différentes formes du racisme.
Historien des idées, formule en matière d'esthétique littéraire une
doctrine qui pose tout ensemble la spécificité de la création et sa force
d'intégration qui absorbe biographie, histoire et idéologie. Fondateur du
‘Parti libéral italien’ au lendemain de la 2ème Guerre mondiale.
Ne se plaçant pas sur le terrain du sentiment, de la foi ou de la
mystique, mais s’appuyant sur un constat anthropologique, estime que le
christianisme a représenté « la plus grande révolution que l’humanité ait
jamais accomplie : si grande, si complète et si profonde, si féconde de
conséquences, si inattendue et si irrésistible dans sa réalisation, que l’on
ne s’étonne pas qu’elle ait pu apparaître comme (…) une intervention de
Dieu dans les choses humaines ». Pour lui, la principale révolution
introduite par le christianisme, c’est d’avoir agi « au centre de l’âme,
dans la conscience morale (…); en mettant l’accent sur l’intimité et la
particularité de la conscience, elle semble presque avoir donné à celle-ci
une nouvelle vertu, une nouvelle qualité spirituelle qui avait jusque là fait
défaut à l’humanité ».
« Nous ne pouvons pas ne pas nous dire des chrétiens. » Par ce
"nous", il désigne les hommes de la modernité, qu’ils soient ou non des
croyants.
Julien Benda
(1867-1956) critique, philosophe et écrivain français, défenseur d’Alfred
Dreyfus.
Reproche aux intellectuels ("les clercs") d'avoir quitté le monde de la
pensée désintéressée pour se commettre dans des passions politiques de
race, nation, classe ou parti : antisémitisme, xénophobie, nationalisme,
militarisme, nationalisme, marxisme, etc.
La mission des clercs est de défendre les valeurs spirituelles, et donc
immuables, universelles et désintéressées, de la justice, de la vérité et de la
raison, d’honorer « les caractéristiques mêmes de l’espèce humaine, celles
sans lesquelles on n’a pas l’Homme ».
Fustige « la soif du résultat immédiat, l'unique souci du but, le mépris de
l'argument, l'outrance, la haine, l'idée fixe. » Exige que l’intellectuel ne
descende sur la place publique et n'intervienne dans le débat séculier que
pour faire triompher les idéaux abstraits et désintéressés : la vérité, la justice,
la raison, la beauté, la liberté.
La mission de l'intellectuel en tout pays est celle de gardien des valeurs
humaines et spirituelles. ../..
Julien Benda
Son pamphlet Le rapport d’Uriel (1846) est le rapport que fait l’ange
Uriel à Dieu sur « une étrange espèce, dite humaine » qui s’agite sur la
planète Terre… et sur les cercles intellectuels, religieux ou politiques de la
France d'alors.
« À d'autres moments, elle (l’idée qu’ils se font de vous) provient d'un
besoin tout autre : trouver un agent de consolidation (ils disent de consola-
tion, ce qui est la même pensée, voire le même mot) parmi le sentiment
qu'ils ont de leur misère, de leur faiblesse, et leur insécurité essentielle. (…)
Les qualités dont ils vous dotent varient avec la nature de leur
infortune et d'un instant à l'autre. (…)
Un propre de leur race étant l'horreur de se régir eux-mêmes et la soif
d'une volonté supérieure qui sait ce qui leur est bon, à laquelle ils se livrent,
vous êtes cette volonté. (…) Vous êtes d'ailleurs pour eux aussi une
volonté, mais une volonté à laquelle ils ordonnent ce qu'elle doit vouloir. (…)
D'autres toutefois renversent les rôles. Agissant de leur propre chef,
ils proclament qu'ils le font en vous obéissant. Ils brûlent les villes, égorgent
les hommes, violent les femmes en s'écriant : " Dieu est avec nous".
La cohésion des idées n'a rien à faire dans l'entreprise sentimentale
qu'est leur théologie.»
Photo du haut : Mosaïque de l’archange Uriel par James Powell et fils dans l’église
anglicane Saint-Jean-l’Évangéliste de Warminster (Wiltshire)
Wilfred Monod
William Frédéric Monod (1867-1943), pasteur et théologien réformé
français. Docteur en théologie. Assure l'éducation religieuse des jeunes
protestants du quartier des Halles et des enfants de familles défavori-
sées, fonde l’’École du Jeudi’. S’engage dans le christianisme social ,
propose un programme social que les Églises protestantes devraient
s’efforcer de réaliser.
S’implique activement dans le mouvement de rassemblement des
Églises protestantes qu’avait créé en 1908 l’évêque suédois luthérien
Nathan Söderblom (1866-1931) sous le nom de ‘Christianisme pratique’,
qui tente d’oublier les querelles théologiques pour se concentrer sur la
question sociale.
Crée avec son fils Théodore (1902-2000) en 1923 la ‘Commu-
nauté des Veilleurs’, fraternité de prière centrée sur la vie chrétienne
pratique et la méditation de la Bible, dont la liturgie a pour fondement les
Béatitudes et s’inspire des liturgies de différentes confessions.
Parce qu’il ne fait pas de la rigueur de la problématique théologique
sa préoccupation première, est écarté en 1929 de la Faculté de
Théologie de Paris, ce qu’il ressent très douloureusement.
Alain
Émile-Auguste Chartier (1868-1951), philosophe français, journaliste,
essayiste. ‘École Normale Supérieure’, agrégation de philosophie.
À l'approche de la guerre, milite pour la paix. Lorsque la guerre est
déclarée, bien que non mobilisable, s'engage, fidèle à un serment
prononcé en 1888 et ne supportant pas l'idée de demeurer à l'arrière
quand les "meilleurs" sont envoyés au massacre. En mai 1916, se broie le
pied dans un rayon de roue de chariot lors d'un transport de munitions
vers Verdun. Publie en 1921 Mars ou la guerre jugée.
S’engage aux côtés du mouvement radical en faveur d'une république
libérale strictement contrôlée par le peuple.
En 1927, signe la pétition contre la loi sur l’organisation générale de
la nation pour le temps de guerre, qui abroge toute indépendance
intellectuelle et toute liberté d’opinion.
En 1936, malgré son état physique, participe aux travaux du Comité
de vigilance des intellectuels antifascistes.
../..
Alain - Émile-Auguste Chartier
« L’optimisme, c’est la volonté alliée au courage. »
« Qui n’a point de ressources en lui-même, l’ennui le guette et
bientôt le tient. »
« Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d’autrui ;
mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux
pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. »
« L’art de vivre consiste d’abord, il me semble, à ne pas se
quereller soi-même sur le parti qu’on a pris ni sur le métier qu’on fait.
Non pas, mais le faire bien . (…) Tout lot est bon si l’on veut le rendre
bon.»
« L’habitude est une sorte d’idole, qui a pouvoir par notre
obéissance; et c’est la pensée ici qui nous trompe, car ce qui nous est
impossible à penser nous semble aussi impossible à faire. (…)
L’imagination ne sait pas inventer, mais c’est l’action qui invente. »
« Mieux on remplit sa voie, moins on craint de la perdre. »
« Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont
point cherché. »
Paul Claudel
(1868-1955), dramaturge, poète, essayiste et français. Licence de
droit à l’École libre des sciences politiques.
Se convertit au catholicisme, religion de son enfance, en assistant en
curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris le 25 décembre 1886, jour de
Noël. Diplomate de 1893 à 1936 (États-Unis, Chine, Europe, Brésil,
Belgique). Membre de l’Académie française.
« Qu'importe la douleur d'aujourd'hui puisqu'elle est le commencement
d'autre chose ! »
« Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’en a qu’une. »
« Il y a des yeux qui reçoivent la lumière et il y a des yeux qui la
donnent »
« À tous les surhommes, il faut préférer ce spectacle rare entre tous :
un homme juste, et juste un homme. »
« Cette voix (…), elle n’est pas en arrière, c’est en avant qu’elle
m’appelle. »
Frère de la sculptrice Camille Claudel que sa famille fait interner en 1913 en
asile d'aliénés (il est le seul à lui rendre visite) et dont les restes seront transférés dans
une fosse commune, aucun membre de la famille n'ayant proposé de sépulture.
« Heureusement qu’il n’y avait pas la paire ! » dit Sacha Guitry à la sortie de la
pièce Le soulier de satin, qui dure environ 11 heures…
Alexandra David-Néel
(1868-1969), née d’un père français et d’une mère belge,
chanteuse d’opéra, orientaliste, tibétologue, franc-maçonne,
journaliste, écrivain et exploratrice.
Voyage au Sikkim, en Inde, au Japon, en Corée, en Chine, au
Tibet où elle traduit la Prajnaparamita, ensemble de textes du
bouddhisme mahajama.
À l’âge de 100 ans, demande le renouvellement de son
passeport au préfet des Basses-Alpes…
‟Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se
déplace”
‟ Négliger les petites choses sous prétexte qu’on voudrait en
faire des grandes, c’est l’excuse des lâches.”
‟ C’est en rêve seulement que les êtres nous sont doux et qu’il
est bon de les avoir près de nous. Dans la vie réelle, ils sont des
pierres aux angles aigus desquels on se heurte et on se blesse.”
Mohandas Gandhi
Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948), dirigeant politique
indien, guide spirituel et leader du mouvement pour l’indépendance de
l’Inde, initiateur de la non-violence politique dans l’histoire.
Alors que l’objectif de Nehru et des autres leaders du Congrès est
de chasser les Britanniques et de conquérir l’indépendance nationale,
Gandhi veut libérer les Indiens de toutes les aliénations et de toutes
les oppressions qui pesaient sur eux, et qui ne s’expliquent pas toutes
par la domination anglaise.
« Rappelez-vous la face de l’homme le plus pauvre et le plus
faible que vous ayez rencontré, et demandez-vous si l’acte que vous
envisagez lui sera utile. (…) Cela va-t-il conduire à la libération les
multitudes qui ont faim dans leur corps et dans leur esprit ? »
« Soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans
le monde ! »
../..
Gandhi
« Si malgré tout, en dépit des efforts les plus acharnés, on ne
peut obtenir des riches qu’ils protègent vraiment les pauvres, et
si ces derniers sont de plus en plus opprimés au point de mourir
de faim, que faire ? C’est en essayant de trouver une réponse à
cette question que les moyens de la non-coopération et de la
désobéissance civile me sont apparus comme les seuls à être à
la fois justes et efficaces ».
« C'est l'action et non le fruit de l'action qui importe. Vous
devez faire ce qui est juste. Il n'est peut-être pas en votre
pouvoir, peut être pas en votre temps, qu'il y ait des fruits.
Toutefois, cela ne signifie pas que vous deviez cesser de
faire ce qui est juste. Vous ne saurez peut être jamais ce
qui résultera de votre geste, mais si vous ne faites rien, il
n'en résultera rien. »
../..
Gandhi
« Faites de nous de meilleurs Hindous, cela sera plus
chrétien que de nous convertir ! »
« Il est plus juste de dire que la vérité est Dieu, que de
dire que Dieu est la vérité. »
« La religion est un seul arbre avec de nombreuses
branches. Si l’on ne voit que les branches, on est tenté de dire
qu’il y a beaucoup de religions ; mais si l’on voit l’arbre entier, on
comprend qu’il y a une seule religion. »
« Le meilleur moyen de connaître Dieu est de pratiquer la
non-violence. »
Voir le diaporama complet sur Gandhi dans le Trombinoscope de la non-violence
André Gide
(1869-1951), écrivain français. Enfant inquiet et maladif, protégé à
l'excès par une mère austère et puritaine. Décidé à embrasser la vie, à devenir
écrivain pour se libérer du fardeau que faisait peser sur lui le puritanisme moral
qu'il prête à son entourage. Prône la légitimité d’un bonheur humaniste face
aux pesanteurs de la morale conventionnelle. Dénonce les excès du colonialis-
me. Après un voyage en Afrique noire, se rapproche du Parti communiste avant
de s’opposer au stalinisme.
Européen, cosmopolite, citoyen du monde, mais aussi ambassadeur
de la culture française. Exalte toute forme d’action qui rend aux hommes leur
liberté intérieure. Homosexuel, rend compte avec une sincérité lucide et une
exigence littéraire de la complexité de sa vie morale, sentimentale et intellec-
tuelle. Revendique « une existence pathétique plutôt que la tranquillité ». Prix
Nobel de littérature 1947. L’intégralité de son œuvre est mise à l’Index en 1948
par l’Église romaine.
« Il y a sur Terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne
et d’horreur que l’homme heureux n’y peut songer sans prendre honte de son
bonheur. Et pourtant, ne peut rien pour le bonheur d’autrui celui qui ne sait être
heureux lui-même. Je sens en moi l’impérieuse obligation d’être heureux.
(…) C’est de don qu’est fait le bonheur, et la mort ne me retirera des mains pas
grand-chose. (…). Mon bonheur est d’augmenter celui des autres. J’ai besoin
du bonheur de tous pour être heureux. »
André Gide
« Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la
trouvent. »
« Belle fonction à assurer, celle d’inquiéteur. »
« Si vraiment j’ai représenté quelque chose, je crois que c’est
l’esprit de libre examen, d’indépendance et même d’insubordination,
de protestation contre ce que le cœur et la raison se refusent à
approuver. »
« Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis.
Sans eux, c’en est fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que
nous aimions et qui donnait à note présence sur Terre une justification
secrète. Ils sont, ces insoumis, "le sel de la terre", et les responsables
de Dieu ».
« Savoir qu’ils sont là, ces jeunes gens, qu’ils sont vivants, eux, le
sel de la terre, c’est là précisément ce qui nous maintient, nous les
aînés, en confiance; c’est là ce qui me permet à moi, si vieux déjà et si
près de quitter la vie, de ne pas mourir désespéré. (…) Je crois à la
vertu des petits peuples ; je crois à la vertu du petit nombre : le monde
sera sauvé par quelques uns ! »
« (Le monde) ne tient qu’à l’homme, et c’est de l’homme qu’il faut
partir. Le monde, ce monde absurde, cessera d’être absurde, il ne
tient qu’à vous. Le monde sera ce que vous le ferez »
Rudolf Otto
(1869-1937), théologien luthérien allemand, spécialiste d’étude
comparée des religions. Professeur à l'université de Göttingen, de Breslau,
puis de Marbourg. En 1911 et 1912, réalise un voyage en Afrique puis en
Inde et au Japon. Travaille sur une comparaison des spiritualités orientales
et des spiritualités occidentales.
Pour lui, l’expérience religieuse n’est pas réductible en termes
d'idée, de concept, de notion abstraite, de précepte moral. Dans son
ouvrage Das Heilige ("Le Sacré" , 1917), définit le concept de sacré
comme étant "numineux", (du latin numen, la puissance agissante de la
divinité). Cette notion fait référence à une « expérience non-rationnelle, se
passant des sens ou des sentiments et dont l'objet premier et immédiat se
trouve en dehors du soi. » Propose ainsi un paradigme pour l'étude des
religions, se focalisant sur le besoin de réaliser le sentiment religieux,
considéré comme non réductible et comme une catégorie en soi.
Une expérience numineuse est une expérience que l’on pourrait
qualifier de mystique, où l’on se sent plein de force, de sérénité, d’amour,
de compassion, de créativité et/ou d’inspiration, ou encore du Tout-Autre.
Ahmad al-'Alāoui
Sidi (ou Cheikh) Ahmād Ibn Mustāfā al-'Alāoui (1869-1934), maître
soufi algérien originaire de Mostaganem. Travaille jeune dans l’artisanat
de la chaussure. S’adonne à la lecture, passant souvent des nuits entières
plongé dans les livres. Rencontre Muhammad Ibn al-Habîb al-Buzîdî
(1824-1909), maître de la tarîqa* Derkaouiya, branche de la tarîqa
Shâdhiliyya, dont l’enseignement le séduit immédiatement, et lui succède
en 1909.
Fonde en 1914 l'un des plus importants mouvements soufis du 20ème
siècle, la tarîqa 'Alawiyya, une branche de l'ordre Chadhiliyya. Manifeste
de l’intérêt pour tous types de sciences et toutes sortes de cultures a priori
étrangères à sa propre perspective. En contact avec René Guénon, et
proche du médecin français Marcel Carret, agnostique, qui voit en lui une
figure christique. Écrit de nombreux livres (soufisme, droit musulman,
philosophie, sciences, astronomie), et des poésies spirituelles. Son
enseignement rayonne dans tous les pays du Maghreb, au Moyen-Orient
ainsi qu'en Europe avec la fondation de plusieurs zawiya* en Angleterre
(Birmingham) et en France où il participe notamment à l'inauguration de la
grande mosquée de Paris en juillet 1926.
« As-tu perçu l'appel de Celui qui appelle ? »
* Tarîqa : confrérie mystique du soufisme, dont les fidèles sont réunis autour d'une figure
sainte, ancienne ou récente, autour de son lignage et de ses disciples.
Zawiya : édifice religieux de la confrérie soufie, et par extension, la confrérie elle-même.
Édouard Le Roy
( 1870-1954), mathématicien et philosophe français. Agrégé de
mathématiques, docteur ès sciences, professeur de ‘Mathématiques
spéciales’ au lycée Saint-Louis de Paris. Ami de Teilhard de Chardin
et de Bergson. Membre du ‘Collège de France’ et de l’’Académie
Française’.
Son anti-intellectualisme le conduit, dans le domaine de la
religion, à privilégier le cœur, le sentiment ou la foi instinctive, et à
rejeter les dogmes, la théologie spéculative, les raisonnements
abstraits. La démarche vers Dieu n’est pas de l’ordre de la démons-
tration rationnelle, mais de l’ordre vital, moral.
Son livre Dogme et critique (1907), développe l’idée que les
affirmations du dogme; qui viennent de l’extérieur, ne disent rien
d’expérimental au sujet de Dieu.
Son ouvrage La Pensée intuitive. Le problème de Dieu
(1929, image du bas), dans lequel il estime le dogme « invérifiable,
inutile et infécond », est mis à l’Index en 1931.
Proche fidèle de Fernand Portal et du groupe Légaut de Paris.
Paul Valéry
(1871-1945), écrivain, poète et philosophe français. En 1892, connaît
une "grave crise existentielle", décide de consacrer l'essentiel de son
existence à "la vie de l'esprit".
Sous l’occupation nazie, refusant de collaborer, prononce comme
secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du "juif Henri Bergson".
Enterré au cimetière marin de Sète.
« Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir
ancien. »
« Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le
désordre. »
« Si l'État est fort, il nous écrase. S'il est faible, nous périssons. »
« La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les
regarde. »
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous
sommes mortelles. »
« Le temps du monde fini commence. »
« Le meilleur moyen de réaliser ses rêves est de se réveiller. »
Georges Gurdjieff
(1872 ? -1949), mystique, philosophe, guide spirituel et compositeur
né en Arménie, alors dans l'Empire russe. Intéressé dès sa jeunesse par
l’astrologie, la télépathie, le spiritisme et les tables tournantes, la divination
et la possession démoniaque, la danse mystique, les pouvoirs psychiques,
l’ennéagramme. Aurait voyagé en Égypte, en Inde, en Afghanistan, au Tibet,
à la Mecque.
S’installe en 1912 à Moscou comme marchand de tapis orientaux et
groupe autour de lui des disciples recrutés dans les milieux occultistes,
notamment théosophes. Déménage successivement en Arménie, à Istanbul,
Berlin, Dresde, et enfin, en 1922, en France.
Estime que la plupart des humains, ne possédant pas une conscience unifiée
esprit-émotion-corps, vivent leur vie dans un état hypnotique de sommeil éveillé, mais
qu'il est possible de passer à un état supérieur de conscience et d'atteindre le plein
potentiel humain. Élabore pour atteindre ce potentiel une méthode qu'il nomme Le
travail (sur soi) ou la méthode. Afin d'éveiller sa conscience, cette méthode unit les
techniques du fakir, du moine et du yogi : il l'appelle la Quatrième voie. Distingue l’être
essentiel et la personnalité superficielle, assigne à ses élèves des exercices divers
ayant pour but d’affaiblir les conditionnements. Ces méthodes relèvent d’un travail
psycho-physique et de la thérapie de groupe.
Jean-François Revel, disciple de Gurdjieff autour de 1947, le décrit
comme « un imposteur et un escroc. » Louis Pauwels rapporte qu'il était
surnommé "le nouveau Pythagore" et écrit « Le péché de Gurdjieff est de ne
s'être pas retiré à temps. »
Siva Yogaswami
Sadavisam (1872-1964), maître spirituel hindouiste shaivite tamoul
sri-lankais. Après ses études, magasinier dans le département d'irrigation à
Kilinochchi. Marqué en 1889 par Swami Vivekananda (1863-1902) à Jaffna.
En 1905, rencontre le sadhu Chellappa, dont il devient le disciple pendant 5
ans. Médite pendant des années sous un olivier à Colombuthurai puis
s’installe dans une cabane proche.
Lors d’un voyage en train de Colombo à Jaffna, un pandit estimé et
savant à bord d'une autre voiture déclare à plusieurs reprises qu'il a senti
un "grand jyoti" (une lumière) dans le train, pleure en le voyant, annule ses
conférences et se rend à l’ashram de Yogaswami. Dès lors, des gens de
tous âges et de tous horizons, sans distinction de croyance, de caste ou de
race, vont à lui, cherchent du réconfort et des conseils spirituels. Devient
Illathusiddhar, ‘le Perfectionné d'Illangai’. Marche de longs kilomètres pour
visiter Chellachchi Ammaiyar, une sainte femme plongée dans la médita-
tion. De nombreux témoignages racontent comment il guérit de loin.
Un jour, rend visite à Sri Ramana Maharshi (1879-1950) à son
ashram d'Arunachalam. Les deux restent assis tout l'après-midi, face à
face en silence. De retour à Jaffna, déclare « Nous avons dit tout ce qu'il y
avait à dire !».
En fauteuil roulant à partir de 1961, continue de recevoir des milliers
de visiteurs de toutes croyances venus chercher son aide et ses conseils.
« Laissez Dieu agir à travers vous ! »
Sri Aurobindo
Aurobindo Ghose (1872-1950), philosophe, poète et spirituel
indien. Études en Angleterre à Cambridge.
Emprisonné en 1908 en raison d’actions pour l'indépendance de
l'Inde. Pendant une année de prison, vit des expériences spirituelles
qui le conduisent, dit-il, à expérimenter des états de conscience au-
delà du Nirvana. Pour échapper aux Anglais, s'établit à Pondichéry, ville
sous autorité française.
Affirmant qu'il y a une lutte pour l'avenir de l'humanité au-delà de
la lutte légitime pour l'indépendance de l'Inde, se consacre à ses
recherches spirituelles et à la composition de ses œuvres. De plus en
plus de disciples viennent vivre auprès de lui et de sa collaboratrice
française, Mirra Alfassa, que lui et ses disciples nomment "Mère". Elle
prendra la direction matérielle de l'âshram fondé dans les années 1920.
Selon lui, l'homme n'est aujourd'hui qu'à un niveau imparfait de son
évolution : « l'homme est un être de transition. » Développe un "yoga
intégral" qui voudrait permettre la progression spirituelle individuelle et
collective vers un nouvel état et cherche à nous faire prendre conscience d'
« une même loi supérieure [qui] gouverne la matière et l'esprit ».
Swami Prajnanpad lui reproche d’être resté dans le domaine du
mental.
Charles Péguy
(1873-1914), écrivain, poète et essayiste français. Militant
socialiste, anticlérical puis dreyfusard au cours de ses études, se
rapproche du catholicisme à partir de 1908 et du conservatisme
nationaliste et belliciste.
Dans ses essais, exprime ses préoccupations sociales et son
rejet du monde moderne et de la course aux biens matériels.
Quitte l’Église catholique parce que le dogme de l’enfer lui paraît
intolérable et revient à elle sans changer d’avis sur ce point. Refuse
de réciter les passages du Credo qui lui sont obscurs.
« Ils disaient en riant, et pour embêter les curés, que travailler
c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire. »
« Comme nous sommes solidaires de damnés de la terre, (…)
nous sommes solidaires des damnés éternels. Nous n’admettons pas
qu’il y ait des hommes qui soient traités inhumainement. (…) Nous
n’admettons pas qu’il y ait une seule exception »
../..
Charles Péguy
« Le devoir d'arracher les misérables à la misère et le devoir de
répartir également les biens ne sont pas du même ordre : le premier est
un devoir d'urgence ; le deuxième est un devoir de convenance; (…)
autant il est passionnant, inquiétant de savoir qu'il y a encore des
hommes dans la misère, autant il m'est égal de savoir si, hors de la
misère, les hommes ont des morceaux plus ou moins grands de fortune;
(…) au contraire il suffit qu'un seul homme soit tenu sciemment, ou, ce
qui revient au même, sciemment laissé dans la misère pour que le pacte
civique tout entier soit nul ; aussi longtemps qu'il y a un homme dehors,
la porte qui lui est fermée au nez ferme une cité d'injustice et de haine. »
« Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée.
C'est d'avoir une pensée toute faite. (…) Il y a quelque chose de pire
que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée. »
« Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains. Et nous,
nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses;
nous avons quelquefois les mains pleines. »
../..
Charles Péguy
« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’ Espérance. La Foi ça
ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma
création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant.
Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur
de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.
Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas.
(…) La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais
l’ Espérance ne va pas de soi. (…)
Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé, sur la route montante,
traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la
main, la petite espérance s’avance, et on ne prend seulement pas garde
à elle. (…) Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. (…)
L’Espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité. Pour ainsi
dire dans le futur de l’éternité.»
« Je ne vous demande pas ce que vous dites. Je vous demande
comment vous le dites… »
Richard Wilhelm
et Étienne Perrot
R.W. (1873-1930), pasteur et missionnaire protestant, traducteur et
sinologue allemand, ami de Carl Gustav Jung. On lui doit la traduction de
nombreux ouvrages de philosophie du chinois en allemand, qui à partir de
cette langue ont été à leur tour traduits dans d'autres langues européennes.
Traduit notamment et publie en 1924 le Yi King, ou Livre des transfor-
mations, système de signes et de symboles organisés et interprétés, dont la
lecture permet toujours une seconde lecture, qui peut être utilisé pour faire
des divinations.
Ce texte de sagesse, datant du 8ème siècle avant J.-C. et traduit par
les jésuites résidant à la cour de Pékin, est à la fois ésotérique et
pragmatique, philosophique et moral. Le Yi King propose des pistes sur une
situation et ses évolutions possibles, jouant le rôle d'un oracle qu'on
consulte avant de prendre une décision sur une question difficile.
En 1973, un des traducteurs principaux de Carl Gustav Jung, Étienne
Perrot (1922-1996, photo du bas), psychanalyste et spécialiste d'alchimie,
traduit en français du livre de Richard Wilhelm et ouvre en France l'intérêt
pour le Yi King auprès du grand public.
Thérèse de Lisieux
Thérèse Martin (1873-1897), religieuse carmélite, mystique française.
Perd sa mère à l'âge de 4 ans et demi, élevée par ses sœurs aînées Marie
et Pauline. Entre au carmel de Lisieux à l’âge de 15 ans sous le nom de
sœur Agnès de Jésus.
Après 9 années de vie religieuse, dont les deux dernières passées
dans une "nuit de la foi", meurt de la tuberculose à l'âge de 24 ans.
Sa spiritualité propose de rechercher la sainteté non pas dans les
grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus
insignifiants ("la petite voie").
« Je voudrais en même temps annoncer l'Évangile dans toutes les
parties du monde, et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais
être missionnaire, non seulement pendant quelques années, mais je
voudrais l'avoir été depuis la création du monde, et continuer de l'être
jusqu'à la consommation des siècles. »
« Je choisis tout ! »
« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre. »
Marc Sangnier
(1873-1950), journaliste et homme politique français. Promoteur du
catholicisme démocratique et progressiste, directeur de la revue et du
mouvement Le Sillon, qui promeuvent l’émancipation politique,
économique et intellectuelle.
Affirme l’autorité des Chrétiens sur l’Église et non celle du pape et
des évêques. Condamné par le pape Pie X en 1910.
Fondateur du quotidien La démocratie, engagé pour les droits
civiques des femmes, le scrutin proportionnel, l'éducation populaire.
Fondateur de la ‘Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse’.
Défend après 1918 l'idée d'une véritable réconciliation franco-
allemande.
Durant l'occupation nazie, met l'imprimerie de son journal L’éveil
des peuples au service de la Résistance : arrêté par la ‘Gestapo’ et
incarcéré quelques semaines à la prison de Fresnes.
Député du ‘Mouvement républicain populaire’ (MRP).
Nicolas Berdiaev
(1874-1948), philosophe russe de langue russe et française,
existentialiste chrétien, admirateur de Jacob Böhme. Fonde à Moscou
en 1919 l’’Académie libre de culture spirituelle’, expulsé de Russie en
1922. Exilé à Berlin, puis à Paris (Petit-Clamart).
Ses thèmes de réflexion sont la liberté, la tendresse et l’isolement.
Selon lui, le mal, c'est la liberté qui se retourne contre elle-même, c'est
l'asservissement de l'homme par les idoles de l'art, de la science et de
la religion qui reproduisent « les rapports d'esclavage et de domination
dont est issue l'histoire de l'humanité ».
Se dressant contre toutes les formes d'oppression sociale,
politique, religieuse, son œuvre agit comme un vaccin contre toutes les
formes d'utopies meurtrières du passé et de l'avenir. Avant l'heure,
dénonce le monde de la machine et l'accélération du temps dans le
monde moderne
Dénonce notamment la théologie de l’enfer, « l’une des plus
monstrueuses élucubrations des “bons” ».
« M’occuper de mon pain est une préoccupation matérielle.
M’inquiéter du pain de mon frère est une préoccupation spirituelle. »
Nicolas Berdiaev
« Maintenant encore, je voudrais pouvoir recommencer ma vie de
manière à rechercher encore et toujours la vérité, le sens de la vie. La
vérité possède une éternelle nouveauté, une jeunesse infinie. J’ai déjà dit
que j’ai une curieuse disposition d’esprit : pour moi, un développement
ne se passe pas comme une ligne montant toit droit. La vérité se
présente à moi éternellement neuve, comme fraîche éclose et révélée.
Aucune institution, aucun parti politique, aucune Église, aucun
personnage emblématique ne saurait dispenser chacun d’entre nous de
l’épreuve personnelle des valeurs qui valent la peine de risquer des
militances qui incarnent de nouvelles naissances. Croire que de simples
appartenances pourraient nous en dispenser conduit aux pires
aberrations. L’avenir ne sera fait ni de la répétition du passé ni de
l’installation satisfaite dans la critique de nos idolâtries. Il est ce que nous
allons commencer ensemble. »
« Agis de telle sorte que tu puisses affirmer en tout, partout, et à
l'égard de tout et de tous, la vie éternelle.(…). La mort de la dernière et
de la plus infime créature comporte quelque chose d'intolérable, et si elle
n'est pas vaincue en ce qui la concerne, alors le monde n'a aucune
justification et ne peut être accueilli. »
Emmanuel Suhard
Auguste Rosi
E.S. (1874-1949) : prêtre catholique français, cardinal-archevêque
de Paris pendant l’occupation allemande.
Sur le modèle de la ‘Mission de France’, crée en 1943 la ‘Mission
de Paris’, destinée spécifiquement à former des prêtres pour la classe
ouvrière parisienne, et la communauté de Saint-Séverin. Accompagne
l'expérience des prêtres-ouvriers.
« Un mur sépare le monde ouvrier de l'Église, ce mur il faut
l'abattre. »
A. R. (1892-1980) : prêtre français, missionnaire du Sacré-Cœur,
fondateur d'ateliers (menuiserie, bâtiment, etc.) et d’une école de
coiffeuses destinés aux jeunes chômeurs dans le 18ème arrondissement de
Paris. Habite le presbytère de la paroisse, rue des Roses, partage la vie
de la communauté et assure une présence sacerdotale auprès des
prostituées de Pigalle, d’où son surnom de "Père Pigalle".
En 1954, refuse de s’incliner devant les consignes de son
supérieur qui veut le voir changer d’affectation*.
* Héros du livre de Jean Sulivan Car je t’aime, ô Éternité dans lequel il apparaît sous les traits de
Jérôme Strozzi.
Ernst Cassirer
(1874-1945), philosophe allemand issue d’une famille juive. Études de
droit, littérature, philologie et philosophie à Marburg, Berlin, Leipzig et
Heidelberg. Maître de conférences à Berlin, puis professeur à l’université de
Hambourg. Quitte l’Allemagne pour la Suède quand Hitler accède au pouvoir
(professeur à Göteborg), puis pour les États-Unis (professeur à Yale).
Développe une tentative originale pour unifier les modes de pensée
scientifique et non-scientifique. Grâce à l'exploration des « formes symbo-
liques », sortes d'invariants de la culture humaine, espère réunir la science et
les autres productions culturelles de l'esprit dans une même vision philoso-
phique. Les "formes symboliques" (directions empruntées par le sens) sont
multiples : l’art, le langage, la pensée mythico-religieuse, la science en sont
les formes principales. La symbolisation part de la perception brute telle
qu'elle est donnée par les sens, pour ensuite la structurer au moyen de
concepts et idées toujours plus exactes. S’efforce de créer une grammaire
de la fonction symbolique.
« La psychologie, l’ethnologie, l’anthropologie et l’histoire ont réuni un
ensemble de faits d’une richesse étonnante et qui ne cesse de croître. [...] Si
nous ne parvenons pas à trouver un fil d’Ariane pour sortir de ce labyrinthe,
aucune connaissance réelle du caractère général de la culture humaine ne
sera possible. »
Gilbert Keith Chesterton
(1874-1936), écrivain, poète, biographe et journaliste anglais, auteur
de 80 livres, 200 nouvelles, 4 000 articles. Écrits pleins d'humour, utilise la
plaisanterie et le paradoxe pour faire des observations profondes sur le
monde, la politique, le gouvernement, la philosophie, etc.
D’abord fasciné par l'occultisme, se convertit au catholicisme en
1922. Met ses pas dans ceux de François d'Assise, soucieux d'aimer non
pas l'humanité, mais les hommes, et non pas le christianisme, mais Jésus.
. À l'idée déprimante d'un divin informe et éthéré, oppose sa foi
joyeuse en des choses élevées palpables et incarnées. Estime que
l'alternative n'est pas entre la foi catholique et le protestantisme, entre la foi
catholique et la science, ou entre la foi catholique et la philosophie, mais
entre la foi catholique et le pessimisme absolu des religions orientales.
Mène une campagne victorieuse contre un amendement déposé
par Winston Churchill à la loi de 1913 sur les handicapés mentaux, visant à
instaurer un programme de stérilisations contraintes. Influence Gandhi
dans sa recherche d’une voie pour l’indépendance indienne.
« Être bon représente une aventure autrement violente et osée que
de faire le tour du monde à la voile. »
« Non seulement nous sommes tous embarqués sur le même
bateau, mais nous avons tous le mal de mer. »
Albert Schweitzer
(1875-1965), philosophe et médecin alsacien, musicien organiste,
pasteur et théologien protestant.
Publie, en 1906, une étude exhaustive de tous les travaux sur Jésus
de Nazareth qu’il conclut en disant que la personne du Jésus historique est
définitivement enfouie dans les évangiles : jamais, selon lui, on ne pourra
l’atteindre.
En 1915, pendant son incarcération par l’armée française en tant que
citoyen allemand, lui sont révélées l’idée et éthique du respect de la vie,
inspiré des religions de l’Inde, qui le conduira au végétarisme. Dans
Kulturphilosophie, étude philosophique de la civilisation, aborde la pensée
éthique à travers l’histoire et invite ses contemporains à mettre en œuvre
une philosophie de respect de la vie.
Fonde en 1913 l’hôpital de Lambaréné au Gabon, un village-hôpital de
bois, de tôle et de torchis où il soigne notamment les lépreux, et un hôpital-
refuge pour les animaux. Prix Nobel de la paix (1952).
Dénonce et combat l’arme nucléaire à partir de 1954.
../..
Albert Schweitzer
Sceptique à l’égard des dogmes, raconte qu’encore étudiant, il
y voyait des constructions spéculatives, artificielles et inutiles, « un
brouillard de connaissances incertaines. » Président d'honneur de
l'Association française des protestants libéraux, très proche des
unitariens états-uniens.
Comprend le christianisme non comme une religion axée sur
l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer
le monde. À sa future femme Hélène en 1903, il écrit en 1903: « Je
crois parce que j’agis » (et non : « J’agis parce que je crois »). Il
reprend à son compte la phrase de Goethe (dont il est un grand
connaisseur : « Au commencement était l’action. » En 1904, déclare à
ses paroissiens : « Quand vous dit de rester tranquille, c’est le diable
qui parle ; lorsque on vous dit de vous lever et d’agir, c’est sûrement
Dieu. »
« Accepter aveuglément une vérité sans y réfléchir mine à l'avance
la vie spirituelle. »
« L'éthique c'est, la reconnaissance de notre responsabilité envers
tout ce qui vit. » ../..
Albert Schweitzer
« Soudain m'apparurent, sans que je les eusse pressentis ou
cherchés, les mots "respect de la vie". (…) Enfin je m'étais ouvert
une voie vers le centre où l'affirmation du monde et l'affirmation de
la vie se rejoignent dans l'éthique. Je tenais la racine du problème.
Je savais que cet ensemble qui détermine une civilisation digne de
ce nom, trouve son fondement dans la pensée. »
« Toute vie émane d’une vie et engendre une vie… Je suis vie
qui veut vivre, au milieu des vies qui veulent vivre. »
« Nous sommes en présence d'une mystique chaque fois
qu'un homme considère comme abolie la distinction entre le
terrestre et le supraterrestre, le temporel et l'éternel, et qu'il a le
sentiment, tout en restant encore dans le domaine du terrestre et
temporel, d'appartenir déjà au domaine supraterrestre et éternel. »
Rainer Maria Rilke
(1875-1926), écrivain et poète, né à Prague. D’abord
journaliste, puis études d'histoire de l'art et de littérature et de
philosophie.
Rencontre Léon Tolstoï, est secrétaire d’Auguste Rodin. De
langue allemande, écrit aussi en français. S’installe en Suisse en
1919.
« Je voudrais vous prier, autant que je sais le faire, d’être
patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur.
Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme
une pièce qui vous serait fermée, comme un livre écrit dans une
langue étrangère.
Ne cherchez pas pour le moment des réponses qui ne peuvent
vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en
pratique, les vivre. Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez pour
l’instant que vos questions. Peut-être, simplement en les vivant,
finirez-vous par rentrer insensiblement, un jour, dans les réponses. »
Evelyn Underhill
(1875 -1941), mystique, poète, romancière, enseignante et pacifiste
anglaise. Études de biologie, philosophie et sciences sociales,
rédactrice et critique pour The Spectator. Marquée par Plotin et par
William Blake, accompagnée au plan spirituel par le baron Friedrich von
Hügel (1852-1925), philosophe austro-anglais, bibliste catholique
moderniste. Première femme à donner des conférences au clergé et à
prêcher des retraites spirituelles pour l'Église d'Angleterre.
Pour elle, l'expérience mystique suppose de l’attention, de la
concentration. La recherche d’un état sans avidité, l’élimination de
l’intérêt personnel et l’amour des choses savourées pour elles-mêmes
sont le secret de l’ajustement, de la flexibilité face aux évènements et
génèrent de la vie et de l’énergie créative.
« Le mysticisme est l'art de l'union avec la réalité. Le mystique est
une personne qui a atteint cette union à un degré plus ou moins élevé;
ou qui vise et croit en cette réalisation. »
« L'homme actif est un mystique quand il sait que ses actions font
partie d'une action plus grande que lui. »
« Comme un poisson dans la mer, l’âme engloutie en Dieu, vivant
dans la prière est soutenue, emplie, transformée en beauté par une
vitalité et un pouvoir qui ne lui appartiennent pas ».
Carl Gustav Jung
(1875-1961), médecin psychiatre suisse, psychologue et essayiste,
pionnier de la psychologie des profondeurs. Études de médecine et de
psychiatrie à Bâle. Thèse de doctorat sur le cas d'une jeune médium,
Hélène Preiswerk. Professeur de psychiatrie à l'université de Zurich. Un
des premiers disciples de Sigmund Freud, dont il se sépare par la suite en
raison de divergences théoriques et personnelles.
S’appuie sur ses études de la mythologie, de l’alchimie et des
sociétés primitives approchées lors de ses voyages. Établit aussi des
parallèles entre la pensée orientale (Kundalinî yoga) et les théories
psychanalytiques. Introduit dans sa méthode des notions de sciences
humaines puisées dans l’anthropologie, l’alchimie, l’étude des rêves, la
mythologie, la religion, pour appréhender la « réalité de l’âme ».
On lui doit des concepts nouveaux : ‘inconscient collectif’, ‘arché-
types’, ‘individuation’, ‘types psychologiques’, ‘complexe’, ’imagination
active’, ‘déterminisme psychique’, ‘synchronicité’.
Propose à chacun un processus d’individuation, qui va bien au-delà
du développement personnel. Considère en effet que la transformation du
plomb en or en alchimie est une métaphore de la transformation psychi-
que liée au processus d’individuation.
Carl Gustav Jung
« Ressent » Dieu, depuis son plus jeune âge, comme une
Totalité unissant en elle tous les contraires, tels la lumière et l’ombre,
le Bien et le Mal.
Dans l’héritage de Johann Eckhart, considère la possibilité du
renouvellement de l’attitude religieuse en Occident. Un tel vécu de
l’expérience mystique permet à l’individu de trouver son sens intérieur
et de développer une force d’âme et une autonomie spirituelle.
« Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas
par hasard. Ils nous servent d'indicateurs pour rectifier une trajectoire,
explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de
vie. »
« L'homme qui n'est pas ancré dans le divin n'est pas en état de
résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance
physique et morale qui émane du monde extérieur. »
« Les plus belles vérités du monde ne servent de rien tant que leur
teneur n’est pas devenue pour chacun une expérience intérieure
originale. »
« Par l’addition de consciences ayant développé un tel sens
propre pourraient être évitées de nouvelles folies collectives modernes. »
Tierno Bokar
Bokar Salif Habi (1875-1939), tailleur et brodeur, sage et mystique
malien de la confrérie soufie Tidjâniyya. Subit la double influence d'une
mère courageuse, douce et pieuse, Aïssata, et d'un maître vénéré qui lui
enseigne les sciences islamiques, Amadou Tafsirou Bâ.
Ouvre en 1907 une école coranique à Bandiagara, au cœur du
pays des Dogons. Veut pour ses disciples - à ses "frères réfléchis" - un
cœur ouvert, de la bonne volonté, une âme ardente.
Un jour, en 1933, au cours d'une leçon de théologie, un poussin
d'hirondelle tombe d'un nid fixé au plafond. Interrompt son exposé, grimpe
sur un escabeau improvisé, raccommode à l'aiguille le nid
endommagé, y replace l'oisillon, et reprend son cours.
Maître et ami d’Amadou Hampaté Bâ, avec qui il partage la
passion pour les chiffres et la valeur numérique des lettres de
l’alphabet. Ami de Théodore Monod qui le fait découvrir.
../..
Photo : Ancienne mosquée de Bandiagara de temps de T. Bokar
Tierno Bokar
« La foi et l'incroyance sont comme deux champs contigus. La
prière marque leur limite. Celui qui prie est appelé fidèle, quel que soit
le poids de ses péchés. Celui qui ne prie pas est infidèle, quelle que
soit la sagesse de sa vie.»
« Il faut toujours bénir et ses amis et ses ennemis. Non
seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa
mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou
l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée. »
« Notre planète n'est ni la plus grande ni la plus petite de
toutes celles que Notre Seigneur a créées... Nous ne devons nous
croire ni supérieurs, ni inférieurs à tous les autres êtres. Les meilleures
des créatures seront parmi celles qui s'élèvent dans l'amour, la charité
et l'estime du prochain. Celles-là seront lumineuses comme un soleil
montant tout droit dans le ciel. » T. B.
« C'est une grande joie pour le chercheur sincère et sans doute un des
rares motifs qui lui reste de ne pas désespérer entièrement de l'être humain, que
de retrouver sans cesse, dans tous les temps, dans tous les pays, chez toutes
les races, dans toutes les religions, la preuve de cette affirmation de l'Écriture :
«L'Esprit souffle où il veut.» Théodore Monod
Photos : Maison de T. Bokar à Bandiagara. Tombes présumées d'Aïssata et de Tierno Bokar
Antonio Machado
(1875-1939), poète espagnol. Traducteur à Paris, professeur
de français à Soria puis à Segovia.
Met sa plume au service du ‘Parti républicain’, contraint de fuir
vers la France après la victoire de Franco. Décède à Collioure.
Son œuvre interroge constamment les grands mystères de la
vie humaine, dans une contemplation attentive des hommes et du
monde.
« Voyageur, le chemin, c'est les traces de tes pas. C'est tout.
Voyageur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.
Et quand tu regardes en arrière, tu vois le sentier que jamais tu ne
dois à nouveau fouler.
Voyageur ! Il n'y a pas de chemins. Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure. Mais notre affaire est de passer.
De passer en traçant des chemins. Des chemins sur la mer. »
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  • 1. Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens (art, religion, philosophie, spiritualité) 8 - de 1850 à 1875 É. G. .31.05.2021
  • 2. Jean-Marie Guyau (1854-1888), philosophe et poète français. Publie à 24 ans un chef-d’oeuvre sur Épicure et sur l’histoire de la philosophie, concilie épicurisme et stoïcisme. Enseignant au lycée Condorcet à Paris, puis éditeur dans le Midi. Plein de douceur, de générosité et de compassion, animé de préoccupations sociales et progressistes, préconise l’immanence plutôt que la transcendance, le refus du moralisme et du nihilisme, la goût du risque plutôt que la sécurité, le devenir plutôt que l’immuable, l’action plutôt que la prière. Meurt à 33 ans de la tuberculose. Compare l’histoire à « une grande épave portant des hommes. (…) Nulle main ne nous dirige, nul œil ne voit pour nous; le gouvernail est brisé depuis longtemps, ou plutôt il n’y en a jamais eu, il est à faire : c’est une grande tâche et c’est notre tâche. »
  • 3. Adolf von Harnack (1851-1930), professeur balte-prussien protestant, docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie. Républicain conservateur, prend position pour la démocratie sociale contre la ligne majoritaire du protestantisme, alors presque entièrement anti-républicain. Auteur d’ouvrages sur la littérature chrétienne ancienne, sur L’essence du christianisme, sur Marcion (qu’il considère comme la figure la plus importante de l’histoire de l’Église entre Paul et Augustin), sur le monachisme et surtout sur l’histoire des dogmes. Les dogmes, dit-il, sont une création humaine, ils évoluent avec le temps. Oppose un christianisme primitif sans dogmes à un catholicisme pétri d’hellénisme, "hiérarchique, dogmatique et rituel". Refusant de transformer le christianisme en objet du passé, admirable, certes, mais renvoyé aux musées, veut ouvrir un nouvel âge " postdogmatique ", en redécouvrant la simplicité du christianisme des origines purifié de ses scories. Affirme qu’il faut revenir à l’essence de la foi au Père révélé par le Fils en « rejetant comme un vêtement les pensées et les formes qui, un certain temps, avaient été tenues pour saintes. »
  • 4. Ahmadou Bamba Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (Aḥmad ibn Muḥammad ibn Ḥabīb Allāh) dit Khadimoul Rassoul (en arabe : " serviteur du Prophète" et Serigne Touba (le marabout de Touba), (1853-1927), théologien sénégalais, juriste musulman et soufi. Une des figures les plus importantes de l'islam de la région en qualité de fondateur de la confrérie des Mourides. Grand poète. Prêche la paix, la quête intellectuelle, le travail et la discipline, fonde la ville de Touba (Sénégal) en 1887. Arrêté par les autorités coloniales françaises, qui l'enferment dans la prison de Saint-Louis, avant de l'envoyer en exil, en 1895, au Gabon. Retourne à Dakar en 1902, est acclamé par la foule. Arrêté en 1903, déporté 4 ans en Mauritanie. Après 1910, les autorités françaises réalisent qu’il ne désire pas la guerre contre le colonisateur et décident de collaborer avec lui. Refuse la Légion d’Honneur. « Jamais je ne porterai préjudice à qui que ce soit. » « J’ai fait cette guerre sainte avec pour seules armes le savoir et la piété. »
  • 5. Vincent van Gogh (1853-1890), peintre et dessinateur néerlandais. Fils de pasteur, marchand d’art chez Goupil et Cie , se dégoûte de cette activité. Reclus, lit intensément la Bible. Professeur puis prédicateur en Angleterre et en Belgique, renonce à devenir pasteur. Peintre à Nuenen, Anvers, puis à Paris (1886). Intègre les milieux impressionnistes : scènes de rues ou de restaurant, natures mortes, portraits. Relation personnelle et profession- nelle très forte avec son frère Théo, marchand d’art. Fatigué, dépressif, s’installe à Arles en 1888. Tente d’exorciser par la peinture le tumulte intérieur qui le mine. Se fâche à son ami Paul Gauguin (1848-1903), le menace, se mutile partiellement l'oreille droite. Soigné à l'asile de Saint-Rémy de Provence, s’installe à Auvers-sur-Oise, se confie au Dr Paul Gachet, ami des peintres. Se suicide à 37 ans. Auteur de plus de 2 000 toiles et dessins. « Il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens. » « Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales, si majestueuses et si imposantes soient-elles. L'âme d'un être humain, même les yeux d'un pitoyable gueux ou d'une fille du trottoir, sont plus intéressants selon moi. ». Images : Autoportrait (1889), Portrait du Dr Gachet avec branche de digitale (1890)
  • 6. Jules-Auguste Lemire (1853-1928), connu sous le nom d'abbé Lemire, prêtre catholique et homme politique français. Après la trentaine, aspire à une réconciliation de l'Église et des classes populaires, selon les idées d'un modèle de catholicisme social instauré par le cardinal Henry Edward Manning (1808- 1892) sur lequel il écrit un essai. Figure marquante de la démocratie chrétienne, député du Nord après 1893. Favorable à la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905), tout en désapprouvant la manière forte. En 1910, réélu avec les voix des républicains contre un concurrent catholique, Pierre Margerin du Metz, avocat à Hazebrouck. L'évêque de Lille lui interdit toute nouvelle candida- ture. Frappé de suspens a divinis lorsqu'il se représente en 1914, réélu pour la 6ème fois. Élu maire d'Hazebrouck en 1914. Milite contre la peine de mort, pour la limitation du temps de travail à 11 h par jour, la réglementation du travail de nuit des femmes et des enfants, pour le repos hebdomadaire, les allocations familiales, contre le cumul des mandats des élus. À l'origine du développement en France des jardins ouvriers : fonde en 1896 la ‘Ligue française du Coin de Terre et du Foyer’, dont est issue la ‘Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs’.
  • 7. Benoît XV Giacomo della Chiesa (1854-1922), pape de l’Église romaine. Docteur en droit civil et en droit canonique. En 1887, participe à la négociation entre l'Allemagne et l'Espagne au sujet des Îles Carolines et organise les secours durant une épidémie de choléra. Archevêque de Bologne. Élu pape en 1914. Promeut une piété populaire. Pendant la 1ère Guerre Mondiale*, proclame la neutralité du Saint Siège. En novembre 1914, dénonce le « carnage affreux », « l’horrible boucherie qui déshonore l’Europe ». Déplore que les nations les plus grandes et les plus riches « armées des plus terribles engins de mort (…), cherchent, avec une barbarie raffinée, à s’anéantir mutuellement. (…) Si des droits ont été violés, il est, pour les rétablir, d’autres moyens que les armes. » En juillet 1915, s’adressant aux dirigeants des pays en guerre dans l’encyclique Ad beatissimi, écrit : « Qu’on y réfléchisse bien : les nations ne meurent pas. Humiliées et oppressées, elles portent frémissantes le joug qui leur est imposé, préparant la revanche et se transmettant de génération en génération un triste héritage de haine et de vengeance. » ../.. *qu’il explique par la société laïque et libérale issue, en France, de la Révolution française, et en Italie, du Risorgimento…
  • 8. Benoît XV Demande aux belligérants d'autoriser l'échange de prisonniers blessés. En août 1917, en vue d'une paix « juste et durable », propose le désarmement des deux parties, l'arbitrage comme moyen de résolution des conflits, l'abandon de toutes les demandes de réparation, l'évacuation totale de la Belgique et du territoire français, la liberté des mers, la restitution par l'Entente des colonies allemandes. Georges Clemenceau le décrit comme un « pape boche » tandis que les Allemands le prénomment le « pape français ». Dans son encyclique Pacem, Dei munus pulcherrimum de mai 1920, désapprouve le traitement jugé trop humiliant réservé à l'Allemagne et condamne le découpage opéré par le traité de Versailles (juin 1919) qui n'a pas « extirpé les germes des anciennes discordes ». Photos 1 - Les « gueules cassées ». 2 - Premiers chars d’assaut. 3 - John Maynard Keynes, membre de la délégation britannique qui négociait le traité, défendait une position conciliante à l'égard de l'Allemagne. N'ayant pas été écouté, il publie ce pamphlet qui deviendra un best-seller quand Hitler vilipendera le Diktat de Versailles ../..
  • 9. Benoît XV Les prises de position courageuses de Benoît XV sont à comparer à d’autres à la même époque : Yves de la Brière, jésuite (1877-1941), reprenant dans la revue Études les affirmations de Joseph de Maistre (1753-1821) : « La guerre est (…) l’application d’une loi divine qui exige, qui féconde et qui glorifie l’expiation, la rédemption par le sang. » Antonin de Sertillanges (1863-1948), dominicain : « Très Saint Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels à la paix. » Charles de Foucauld : « Pour le salut de la civilisation chrétienne, de la morale chrétienne, de la liberté de l’Église et de la liberté des peuples, Dieu veut une guerre longue. » « Dieu a laissé se déchaîner cette guerre pour qu’elle soit la plus utile et la plus sanglante des croisades. » Pierre Teilhard de Chardin : L’expérience du front , « c’est celle d’une immense liberté. (…) Tous les ressorts de l’être peuvent se tendre. Toutes les hardiesses sont de mise. Pour une fois, la tâche humaine se découvre plus grande que nos désirs. »
  • 10. Charles Webster Leadbeater (1854-1934), chercheur spirituel anglais. Prêtre anglican, devient membre de la ‘Société théosophique’ après avoir lu Helena Blavatsky (1831-1891) et Alfred Percy Sinnet (1840-1921). Après des voyages en Inde, ses travaux, qu'il affirme réalisés par clairvoyance, donnent lieu à des ouvrages ésotériques tels que Les Chakras et L'Homme, visible et invisible, traitant de l'aura humaine et des chakras. Participe à la formation de Jiddu Khrishnamurti (1895-1986). Le premier à employer le terme de "mémoire akashique" (âkâshic record) dans son livre Clairvoyance (1899). Le concept est repris par Rudolf Steiner (Chronique de l’Akasha, 1904), enseigné ensuite notamment par Johnny Prochaska (diapo suivante). En 1915, se rend en Australie et y rencontre James Ingall Wedgwood (1892-1950), théosophe, martiniste* et premier évêque de l'Église catholique libérale, qui l'initie en franc-maçonnerie dans la fédération australienne du ‘Droit Humain’. ../.. * Martinisme : branche maçonnique de mysticisme judéo-chrétien basée sur les enseignements de Louis Claude de Saint-Martin (1743-1803) et désignation d'un degré maçonnique.
  • 11. Charles Webster Leadbeater et les mémoires akashiques Johnny Prochaska (photo du haut), noble espagnol d’ascendance tchécoslovaque, réfugié au Mexique après l’avènement de Franco. Lors d'un voyage, rencontre une femme d'aspect Maya qu’il voyait dans ses rêves depuis plus de 3 ans. Au cours d'une cérémonie, elle lui donne la prière sacrée pour ouvrir les archives akashiques et lui apprend à s'en servir. Enseigne aux États-Unis à la fin des années 1960, s’installe en Amérique du Sud à la fin des années 1970. Mary Dean Parker (photo du bas), disciple de J. Prochaska, fondatrice d’Akashic Records Consultants International - ARCI, dont feront partie Lauralyn Bunn, Katherine Kim Lopa, Ernesto Ortiz, etc. Les mémoires akashiques* sont une sorte de mémoire cosmique, de nature éthérique, lue par les initiés, qui, telle une pellicule sensible, enregistrerait les événements du monde. Les clairvoyants akashiques affirment recevoir de "Maîtres ascensionnés", "Guides" ou "Enseignants" (Isis, Marie, Jésus, Hilarion, Maître St Germain, Kuthumi, Lanto, Paul le Vénitien, Sérapis Bey, Lady Nada, El Morya Khan, le Dragon d’Or, le Bouddha médecin, etc.) des informations sur "l’âme" de leur interlocuteur pour l’aider à faire face aux épreuves, pardonner, guérir, se déployer. * En sanskrit, akasha : éther, substance primordiale, lieu de naissance des autres substances. Les mémoires akashiques seraient appelées "Livre du souvenir" dans la tradition juive et "Livre de la vie" dans la tradition chrétienne.
  • 12. Josiah Royce (1855-1916), philosophe états-unien issu de familles anglaises. Professeur à l'université Johns-Hopkins, puis à Harvard. Protestant, apprend le sanskrit pour étudier le bouddhisme. Travaille le concept de communauté, où les individus restent des individus à part entière, mais en formant une telle association, ils participent à une réalité qui s'étend au-delà de leur propre existence individuelle. Soutient que le mal est une force réelle, qui doit être combattue comme telle ; la souffrance est quant à elle un fait d'expérience irréductible. Comme Dieu n'est pas un être séparé, la souffrance et la douleur des êtres humains sont également la souffrance et la douleur de Dieu. Considère comme des "causes universelles" : l'accès total à la vérité ; la connaissance complète de la nature de la réalité par la recherche et l'interprétation ; l'expansion universelle de la fidélité à la loyauté elle-même. Dans Le problème du christianisme, affirme la pertinence des idées fondamentales du christianisme (communauté, péché, expiation, grâce qui sauve) pour la confluence des religions du monde, appelle à transformation personnelle faite de loyauté envers la communauté de toute la famille humaine.
  • 13. Fernand Portal (1855-1926), prêtre lazariste français. Pionnier du dialogue œcuménique contemporain par les rapprochements qu'il tente entre l'Église catholique et la communion anglicane en compagnie du laïc Charles Lindley Wood, vicomte d'Halifax (1839-1934). Désavoué par Léon XIII, rappelé à Paris pour diriger le nouveau séminaire universitaire Saint-Vincent-de-Paul, fait de l'endroit un lieu d'ouverture et d'échanges, n'hésitant pas à inviter des Anglicans, des Protestants ou des incroyants. Soupçonné de modernisme, est démis de ses fonctions en 1908 par le cardinal Merry del Val, secrétaire d'État du pape Pie XI, avec interdiction définitive de publier et de parler en public. Préconise l’animation chrétienne d’une société sécularisée et pluraliste, affirme que l’Église ne doit favoriser aucune force politique et ne contrôler aucune science, fut-ce l’exégèse. Disciple de Newman, ami de Teilhard de Chardin, père spirituel d'Antoine Martel, Pierre Pascal, Jean Guitton, Yves Congar, Marcel Légaut. ‟Homne-réseau” et ‟vrai passe-muraille” selon Émile Poulat.
  • 14. Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), docteur en droit, dominicain, exégète et théologien catholique, auteur d’une trentaine de livres. Étudie seul à Salamanque et à Toulouse le syriaque, l'arabe et l'assyrien, et à Vienne la philologie, l’arabe, l'égyptien hiéroglyphique et hiératique, l'hébreu, quelques autres langues du Moyen-Orient, l’exégèse rabbinique et la Mishna. Fonde en 1890 l‘’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem’ et en 1892 la Revue biblique. Applique la méthode historico- critique à l'étude de la Bible. Soupçonné de modernisme et de rationalisme, subit des interdictions de publication et des blâmes en 1907 et 1911. « Une école où l'on pratiquerait inlassablement d'une part l'analyse des textes par la critique (critique textuelle et critique littéraire des écrits, critique historique des écrits), d'autre part la confrontation des textes et du terrain (géographie, archéologie, épigraphie, ethnologie) ».
  • 15. Sigmund Freud (1856-1939), médecin neurologue autrichien d’origine juive, pionnier de la psychanalyse, exploration des processus mentaux inconscients. Étudies les névroses, l’hystérie, les phobies, les pulsions, développe l’interprétation des rêves, les concepts de refoulement, de censure, de narcissisme, de sublimation, de Moi et d'idéal du Moi. Considère la religion comme une illusion ou névrose. Menacé par le régime nazi, s’exile à Londres. « Le sauvage n’est nullement un meurtrier impénitent. Lorsqu’il revient vainqueur du sentier de la guerre, il n’a pas le droit de pénétrer dans son village ni de toucher sa femme sans avoir expié ses meurtres guerriers par des pénitences souvent longues et pénibles. » L’homme primitif faisait preuve d’une « délicatesse morale qui s’est perdue chez nous, hommes civilisés. »
  • 16. Herbert Thurston (1856-1939), prêtre anglais de l'Église catholique, jésuite et érudit prolifique sur les questions liturgiques, littéraires, historiques et spiritu- elles, expert du spiritisme. Auteur de 150 contributions à l'Encyclopédie catholique (1907-1913). Se joint à la Society for Psychical Research en 1919, est un ami du chercheur en psychologie Everard Feilding (1867-1936). Ses articles sur le mysticisme (1919-1939) sont rassemblés dans un livre posthume Les phénomènes physiques du mysticisme : lévitation, stigmates, télékinésie, phénomènes lumineux, élongation corporelle, inédie, incorruptibilité du corps, vision extra-oculaire*, "incendie d’amour", etc. Beaucoup de ses articles montrent une attitude sceptique envers les légendes populaires sur la vie des saints et sur les reliques sacrées. Attribue les phénomènes de stigmates aux effets de la suggestion. Criti- que le spiritisme pour sa croyance que les médiums communiquent avec les morts. Pense que certaines communications peuvent provenir du subconscient du médium. D'un autre côté, son traitement du spiritisme et du paranormal est considéré comme "trop sympathique" par certains membres de la communauté catholique. * Thurston étudie longuement le cas de Mollie Fancher (1848-1910), fille états- unienne, "l'énigme de Brooklyn". Suite à 2 accidents graves, elle devient aveugle et clouée au lit à 17 ans. Elle vit encore 44 ans avec des phénomènes remarquables de voyance et de personnalité multiple : ne prend aucune nourriture pendant neuf ans, lit des lettres cachetées, etc.
  • 17. Alfred Loisy (1857-1940), prêtre et théologien catholique français, exégète, un des fondateurs de l’histoire des religions. Révoqué en 1893 de ses cours à l'Institut catholique de Paris en raison de ses idées modernistes, nommé aumônier dans un pensionnat de jeunes filles à Neuilly. De plus en plus en porte-à-faux avec les dogmes de l'Église romaine. Enjoint de mettre fin à sa revue L’enseignement biblique, mais soutenu par Mgr Eudoxe-Irénée Mignot, archevêque d’Albi, par le baron Friedrich von Hügel, par Henri Brémond et par le jésuite anglais George Tyrell. Ayant refusé de souscrire à l'encyclique Pascendi de Pie X qui condamne le modernisme, est excommunié vitandus* en 1908. Nommé professeur d’histoire des religions au Collège de France. Démontre que Jésus était avant tout le prédicateur du "Royaume", c’est-à-dire d’un monde nouveau, ne cesse de dénoncer les limites de la raison et d'affirmer la nécessité de la religion, une "religion de l'humanité * C'est-à-dire qu'il était interdit à tout catholique de lui adresser la parole… ../..
  • 18. Alfred Loisy Décrit lui-même en 1937 son itinéraire personnel comme un passage "de la croyance à la foi". « Jésus n’avait pas réglé d’avance la constitution de l’Église comme celle d’un gouvernement établi sur la terre et destiné à s’y perpétuer pendant une longue série de siècles. Mais il y a quelque chose de bien plus étranger encore à sa pensée et à son enseignement authentiques, c’est l’idée d’une société invisible, formée à perpétuité par ceux qui auraient foi dans leur cœur à la bonté de Dieu. On a vu que l’Évangile de Jésus avait déjà un rudiment d’organisation sociale, et que le Royaume aussi devait avoir une forme de société. Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue ». « Loisy annonçait un catholicisme moderne, et c’est l’excommunication qui est venue », diront les commentateurs…
  • 19. Édouard Le Roy (voir 1870) , Gustave Bardy, Joseph Deconinck, Louis Dennefeld victimes de la répression antimoderniste Gustave Bardy (1881-1955), chanoine et historien catholique. Docteur en théologie (1910), professeur de philosophie à Besançon puis à Faculté de théologie de l’Institut catholique de Lille (1919-1924), spécialiste de la patristique grecque. Son petit ouvrage de vulgarisation En lisant les Pères et sa thèse de doctorat ès lettres sur Paul de Samosate (1923) sont dénoncés à Rome et condamnés par le Saint Office : doit abandonner sa chaire et à quitter Lille. Appelé à Dijon en 1927, y devient professeur au grand séminaire (1932-1955). Louis Dennefeld (1883-1954), exégète, professeur à la faculté de théologie de Strasbourg, auteur d’un travail sur Le Messianisme dans la Bible, est mis à l’Index en 1930. ../..
  • 20. Édouard Le Roy (voir 1870), Gustave Bardy, Joseph Deconinck, Louis Dennefeld victimes de la répression antimoderniste Joseph Deconinck (1882-19), condisciple de Bardy au séminaire d’Issy, docteur en théologie à Rome, «découragé de se donner aux bonnes études », explique ainsi sa position en commentant le désaveu public infligé par la Consistoriale au père Lagrange : « Je prie avec toi, mon cher Gustave, pour qu’il y ait encore des savants dans l’Église, je ne serai pas savant et me livrerai de plus en plus à mes gosses* de quinze ans, qui n’en demandent pas si long. » * élèves
  • 21. Charles de Foucauld Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand, vicomte de Foucauld (1858-1916), officier, explorateur, géographe, ermite et linguiste français. École St Cyr, officier, vit dans la richesse, le plaisir et le luxe. À 23 ans, démissionne de l’armée pour explorer le Maroc en se faisant passer pour un juif. Retrouve la foi et devient religieux chez les trappistes, puis ermite en Palestine, puis dans le Sahara algérien à Béni-Abbès. Vit avec les Berbères, puis avec les Touaregs, étudie durant 12 ans leur culture et publie le premier dictionnaire touareg-français. Prêche par son exemple de "frère universel" plus que par le discours. Reste profondément nationaliste et belliciste durant la première guerre mondiale. Tué par un garçon de 15 ans qui craignait qu’il ne s’enfuie, devant son ermitage où il avait caché des armes. « Envelopper tous les hommes, en vue de Dieu, dans un même amour et un même oubli. »
  • 22. Max Planck (1858-1947), physicien allemand. À Berlin, poursuit des travaux en thermodynamique, électromagnétisme et physique statistique. En 1900, découvre la loi spectrale du rayonnement d'un corps noir et émet la théorie d'une limite de l'univers ("le mur de Planck" ). Prix Nobel de physique en 1918 pour ses travaux en théorie des quanta d’énergie. L'idée de quantification est développée par d'autres, notamment Einstein qui en étudiant l'effet photoélectrique propose un modèle et une équation dans lesquels la lumière est non seulement émise mais aussi absorbée par paquets ou photons. C'est l'introduction de la nature corpusculaire de la lumière. Les théories quantiques décrivent le comportement des atomes et des particules, l’infiniment petit. « Il n'existe pas, à proprement parler, de matière ! Toute matière tire son origine et n'existe qu'en vertu d'une force qui fait vibrer les particules de l'atome et tient en un seul morceau ce minuscule système solaire qu'est l'atome (...) Nous devons supposer, derrière cette force, l'existence d'un Esprit conscient et intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute matière. »
  • 23. Henri Bergson (1859-1941), philosophe français issu de familles juives polonaise et anglaise. ‘École Normale Supérieure’, agrégation de philosophie. Étudie le cerveau, la perception, la mémoire, le rire, la théorie de l'évolution, étend plus tard ses théories à la morale, à la religion, à la société, à la guerre, à la métapsychique et à la mystique. Affirme que la vie existe pour être créatrice et que l’affirmation de la vie provoque la joie. Influe sur les 14 résolutions proposées en janvier 1918 par le Président Wilson afin de créer une instance gouvernementale internationale pour prévenir les conflits armés. Président de l’’Académie des sciences morales et politiques’, Prix Nobel de Littérature 1927. Renonce à tous ses titres et honneurs, plutôt que d’accepter l’exemption des lois antisémites du régime de Vichy. « La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. » ../..
  • 24. Henri Bergson Montre que le chemin vers l’accomplissement passe souvent par une "nuit obscure", une caractéristique du mystique qui décide d’être actif dans le monde : elle apporte à l’âme une surabondance de vie. Pour lui, la métaphysique, c'est reconnaître que tout n'est pas parfait dans l'ordre du savoir, que l'insatisfaction y règne même, et qu'il faut, pour appréhender le monde, utiliser l'intuition. Bref, ce n'est pas quitter un monde instable et mouvant pour rejoindre une réalité ferme et stable, c'est plutôt plonger au cœur des choses, saisir la vie même. Son livre Les deux sources de la morale et de la religion constitue un vigoureux plaidoyer en faveur du recours au témoi- gnage, celui des personnalités héroïques ou religieuses, des grands saints et saintes, et plus encore des grands mystiques : seuls leur contribution et plus encore leur exemple peuvent, aux humains que nous sommes, donner un accès au divin. Paul Ricœur, à sa suite, affirme que les concepts de témoignage, d’attestation, d’écoute constituent à ses yeux des éléments-clés de toute identité personnelle ou collective, et finalement de son éthique philosophique tout entière.
  • 25. Jean Jaurès (1859-1914), homme politique français, orateur et parlementaire socialiste. Proclame le respect de soi et de l’autre, l’amour de la patrie et de l’humanité, l’espoir d’un au-delà, le refus d’un monde désenchanté. Soutient le capitaine Alfred Dreyfus injustement accusé, défend en 1908 le droit de vote des femmes (reconnu en 1946) et s’élève contre la peine de mort (abolie en 1981), dénonce le colonialisme. Assassiné par un nationaliste car il s’oppose à la guerre. « La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas faire la loi. » « Je crois d’une foi profonde que la vie humaine a un sens, que l’univers est un tout, que toutes ses forces, tous ses éléments conspirent à une œuvre, et que la vie de l’homme ne peut être isolée de l’infini où elle se meut et où elle tend. » « Tout acte de bonté est une intuition du vrai, tout effort dans la justice est une prise de possession de Dieu. (…) Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et, par suite, les haines d’homme à homme, les haines aussi de race à race, de nation à nation, toutes les haines, et créer vraiment l’humanité qui n’est pas encore ». Voir aussi Jean Jaurès dans le trombinoscope "Chercheurs de changement sociétal"
  • 26. Joseph Turmel (1859-1943), ordonné prêtre en 1882 et nommé professeur au Grand séminaire de Rennes où il perd la foi. Ses méthodes modernes sur l'exégèse des textes sacrés lui valent d'être privé de sa chaire : on lui donne en 1893 dans un couvent de religieuses à Rennes une place d’aumônier qu’il garde jusqu’en 1930. Au cours de ces années de solitude, travaille comme historien de la dogmatique et devint expert en Patristique. Souligne les variations et les évolutions des croyances chrétiennes censées officiellement avoir une continuité sans faille. Remet en cause la prétendue unanimité de foi et de théologie des pères de l’Église qui les fait considérer comme des représentants qualifiés de la Tradition. En 1910, refuse de prêter le serment anti-moderniste. Excommunié en novembre 1930. Ses livres sont mis à l’Index. « Je me suis contenté de rapporter modestement ce que j’ai lu et de dire ‟Voilà ce qu’on a cru à telle époque et voilà ce qu’on a cru à telle autre”. Est-ce ma faute si exposer les variations de croyances, c’est faire la guerre à l’Église ? »
  • 27. Lucien Laberthonnière (1860-1932), prêtre français de l'Oratoire, théologien, philosophe et historien de la philosophie. Devient l'ami intime de Maurice Blondel après avoir été enthousiasmé par sa thèse intitulée L'Action. Soucieux de définir ce que pourrait être une philosophie chrétienne, oppose le « réalisme chrétien et l'idéalisme grec ». Directeur de la revue Annales de philosophie chrétienne de 1905 à 1913, est vivement critiqué par les théologiens officiels. En 1906, ses ouvrages précédents ainsi que les Essais de philosophie religieuse sont condamnés par la censure romaine. En 1913, l'Index condamne les Annales. Laberthonnière se soumet à l'interdiction définitive de publier quoi que ce soit. - Conçoit la foi chrétienne non comme la soumission à une autorité extérieure, mais comme une ‟expérience de vie” incluant la bonté. - Dénonce l'influence nocive de la pensée grecque sur la pensée chrétienne, s'en prend au thomisme qu'il trouve trop dépendant de l'aristotélisme. - Refuse l'identification faite entre 'Église' et 'hiérarchie ecclésiastique', la conception absolutiste de l'autorité qui idolâtre les vérités dogmatiques, mais délaisse les vertus de charité.
  • 28. George Tyrrell (1861-1909), Irlandais issu d’une famille ouvrière pauvre. Anglican converti au catholicisme, entre chez les Jésuites et devient un éminent thomiste. En 1896, envoyé à Londres comme rédacteur à la revue The Month. Son article Perverted devotion sur l’enfer (1899) est vivement critiqué par les censeurs jésuites de Rome. Promoteur enthousiaste et influent du modernisme théologique, et fréquemment en conflit avec la doctrine officielle de l'Église catholique, est expulsé de la ‘Compagnie de Jésus’ en 1906. En 1907, publie son livre Through Scylla and Charybis – The old theology and the new : insistance sur l’expérience personnelle, anti-intellectualisme, distinction entre dogmes et révélation. Excommunié en 1907. Ne désire pas revenir au protestantisme, mais souhaite organiser un ‟fort noyau d’excommuniés qui constituerait une protestation vivante contre la papauté”. Dans une réplique au cardinal Mercier (1908), dénonce le ‟médiévalisme du catholicisme actuel” et veut montrer ce que serait un vrai christianisme ‟à la croisée des chemins”. Une sépulture religieuse lui est déniée, car il s'est refusé à toute rétractation publique.
  • 29. Maurice Blondel (1861-1949), philosophe français un peu oublié, trop catholique pour les universitaires, trop rationnel pour les Catholiques… Admis à l‘’École normale supérieure’, rédige sa thèse L'Action - Essai d'une critique de la vie et d'une science de la pratique (1893), approche du mystère de l’homme et de Dieu à partir du vécu de l’homme animé par le souci de l’authenticité. Professeur de philosophie à Lille puis Aix-en-Provence. Développe une philosophie de l'action intégrant des éléments du pragmatisme moderne dans le contexte de la philosophie chrétienne. Les théologiens néothomistes et maurrassiens, qui tiennent à cette époque les études théologiques en France, le rejettent et lui font un procès intellectuel. « Oui ou non, la vie humaine a-t-elle un sens, et l'homme a t-il une destinée? J'agis, mais sans même savoir ce qu'est l'action, sans avoir souhaité de vivre, sans connaître au juste ni qui je suis ni si je suis. » « Il est bon de proposer à l'homme toutes les exigences de la vie, toute la plénitude cachée de ses œuvres, pour raffermir en lui, avec la force d'affirmer et de croire, le courage d'agir. » « Mais s’il est permis d’ajouter un mot, un seul, qui dépasse le domaine de la science humaine et de la compétence de la philosophie, l’unique mot capable, en face du christianisme, d’exprimer cette part, la meilleure, de la certitude qui ne peut être communiquée parce qu’elle ne surgit que de l’intimité de l’action toute personnelle, un mot qui soit lui- même une action, il faut le dire : « C’est ! ».
  • 30. Rudolf Steiner (1861-1925), philosophe, occultiste et penseur sociétal autrichien. Dès son enfance, fait l’expérience de la réalité d’un monde suprasensi- ble, au-delà de la réalité physique. En 1880, fait la connaissance de Félix Kogutzki (1833-1909), cueilleur d’herbes médicinales qui l'initie à l'occultisme traditionnel et lui aurait fait rencontrer un ‘maître spirituel’ éminent. Docteur en philosophie, diplômé de l’’École Polytechnique de Vienne’, disciple de Goethe. En 1902, cofonde la section allemande de la ‘Société théosophique’, puis fonde en 1906 son propre rite de "Franc- maçonnerie ésotérique". Recherchant sa propre manière, occidentale et moderne, de cheminer vers le sens, fonde en 1913 l’anthroposophie qu’il qualifie de chemin de connaissance visant à restaurer les liens entre les hommes, la nature et les mondes spirituels. Après l’incendie criminel du premier Goetheanum en bois (1913- déc. 1922) sur la colline de Dornach, près de Bâle, construit en pleine guerre par les membres de 17 nations ennemies, un 2nd Goetheanum en béton armé est construit entre 1925 et 1928. ../..
  • 31. Rudolf Steiner Tout au long de sa vie, travaille au développement d’une nouvelle conception du monde qui replace le lien entre l’être humain et le cosmos au centre de la conscience. Considère l’homme dans sa double dimension physique et spirituelle. Sa pensée est à l’origine : - de l’eurythmie (1911), langage codifié dansé ou art du mouvement, - des écoles Waldorf (1919), - des médicaments Weleda (1921, avec Ita Wegman), - de l’agriculture biodynamique (1924), - du mouvement Camphill fondé par Karl König en 1939, pédagogie curative pour enfants avec un handicap mental ou physique. De nombreux avatars modernes du mouvement anthropo- sophique sont souvent revisités à travers une influence New Age. « Ô Éternel, vaste Esprit embrassant le Tout, que ma pensée s’élève à ta sagesse, mon sentiment à ta révélation, ma volonté à ton acte créateur. Ainsi puisse mon âme s’élever triplement et en ses profondeurs s’unir à ton Être dès maintenant et à jamais ! Ô Éternel, vaste Esprit embrassant le Tout, Éternel ! » Texte inspiré d’un poème de R. Steiner, musique d’Éric Noyer
  • 32. Rabindranath Tagore Rabindranath Takur, surnommé Gurudev, (1861-1941), composi- teur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe indien bengali. Étudie le droit à Londres. Fonde un ashram à Santiniketan (Bengale occidental) en 1901. Prix Nobel de littérature en 1913. En 1921, fonde avec l'économiste agricole Leonard Elmhirst l‘’Institut pour la reconstruction rurale’ (qui sera par la suite renommé ‘Maison de la Paix’). Recrute des spécialistes, des donateurs et des soutiens officiels de nombreux pays pour aider l'institut à mettre en œuvre la scolarisation comme moyen de « libération des villages des fers de l'impuissance et de l'ignorance » en « revitalisant le savoir » Sa vie est tragique - il perd quasiment toute sa famille et est profondément affligé par le déclin du Bengale - mais ses œuvres lui survivent, sous la forme de poésies, romans, pièces, essais et peintures, de même que l'institution qu'il a fondée à Shantiniketan, l‘’Université de Visva-Bharati’. Après 1930, combat l’Intouchabilité, appelle les autorités du temple de Gurovayoor à admettre les Intouchables (dalits). ../..
  • 33. Rabindranath Tagore Visite plus de 30 pays sur les 5 continents entre 1878 et 1932. Ses derniers voyages à l'étranger (Perse et Irak en 1932, Ceylan en 1933), l’amènent à affiner ses opinions au sujet des divisions humaines et du nationalisme. Reproche publiquement à son ami Mohandas Gandhi de présenter le tremblement de terre le 15 janvier 1934 au Bihar comme un châtiment divin pour l'oppression des dalits. Deux chants de son canon Rabindrasangeet sont devenus hymnes nationaux respectifs du Bangladesh et de l'Inde : Amar Shonar Bangla et Jana Gana Mana. « Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillai et vis que la vie n’était que service. Je servis et je compris que le service est joie. » « Reconnaissez la diversité, et vous atteindrez l’unité. » « Ma vanité de poète meurt de honte à ta vue, Ô Maître-Poète ! Je me suis assis à tes pieds. Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique. »
  • 34. Alfred North Whitehead (1861-1947), philosophe, logicien et mathématicien britannique, professeur au Trinity College de Cambridge puis à l’université de Harvard (États-Unis). Sa pensée, partie des mathématiques, s'oriente vers une philosophie de la nature dans laquelle le monde est toujours en mouvement (Process and Reality, 1929). Mais il ne s'agit pas simplement d'un flux événementiel car le monde implique aussi la permanence que l'on retrouve dans les objets, qu'ils soient sensibles ou éternels. Il inclut la multiplicité des entités qui s’actualisent en recherchant leur propre satisfaction. Dans la ligne des philosophies de Spinoza ou de Leibniz, Dieu, selon lui, agit dans le monde d'une manière immanente (il est la cause efficiente de l'actualisation des entités), mais aussi de manière transcendante (il agit aussi par la voie de la finalité). Fondateur de la "théologie du process" (ou "théologie du dynamisme créateur de Dieu"), représentée aussi par John B. Cobb. « C’est un non-sens de concevoir la nature comme un fait statique. Il n’y a pas de nature sans transition. »
  • 35. Lou Andreas-Salomé Luíza Gustavovna Salomé (1861-1937), femme de lettres allemande d'origine russe, romancière, essayiste, auteure pour enfants, nouvelliste, et psychanalyste. Grande voyageuse, muse ou égérie de grands hommes : amie et disciple de Friedrich Nietzsche, maîtresse de Rainer-Maria Rilke, élève de Sigmund Freud. « La pulsion fondamentale, c’est l’amour de la vie. » « Comme l’ami aime l’ami, Ainsi je t’aime, vie surprenante ! Que je jubile ou pleure en toi, Que tu me donnes souffrance ou joie, Je t’aime avec ton bonheur et ta peine. Et si tu dois m’anéantir, En te quittant je souffrirai. Comme l’ami qui s’attache au bras de l’ami, Je t’étreins avec toute ma force : Si tu n’as plus aucun bonheur pour moi Soit ! Il me reste la souffrance. » « Plus nous nous plongeons dans "l’exigence du moment", dans l’instant tel qu’il se présente, dans des conditions variables d’un cas à l’autre, au lieu de suivre le fil conducteur de prescriptions, de directives (écrites par l’homme ! ), plus nous sommes, dans nos actes, justement en relation avec le tout, poussés par la force vivante qui relie tout avec tout. » « Plus je me rapproche du terme de mon existence, plus il me devient possible d’embrasser dans son ensemble cet étrange objet qu’est une vie. »
  • 36. Swami Vivekananda (du sanskrit viveka : discernement et ananda : béatitude). Narendranath Nath Datta (1863-1902), issu d’une famille bourgeoise de Calcutta. Au Scottish Church College, entend parler de Sri Ramakrishna dont il devient disciple. Parcourt l’Inde en tous sens, généralement à pied, cherchant des solutions aux problèmes qui assaillent son pays. Représente l’hindouisme au ‘Parlement mondial des religions’ à Chicago en 1893. Son appel à l’unité religieuse et à la tolérance de toutes les religions lui vaut un grand succès. Fonde la Vedanta Society à New- York. En 1897, de retour en Inde, fonde un ashram à Belur et la ‘Mission Ramakrishna’, destinée à venir en aide aux masses souffrantes par une action éducative, culturelle, sanitaire et sociale. Met en avant les "4 voies" : sagesse, amour, méditation, service, combat l’intolérance et la discrimination sexuelle. « Aussi longtemps qu’il y aura un chien errant et affamé dans la rue, ma spiritualité consistera à lui trouver à manger. Pas à chercher Dieu. » « Une religion qui nous donne la foi en nous et le respect des autres, le pouvoir de nourrir les affamés, de vaincre la misère, de relever les masses. Si vous voulez trouver Dieu, servez l’homme ! » Une de ses disciples les plus attachés est la mystique allemande Christina Greenstidel (1866-1930) plus connue comme Sister Christine.
  • 37. Henri Bremond (1865-1933), prêtre catholique, historien et critique littéraire français. Jésuite de 1882 à 1904, enseignant, directeur de la revue Études, quitte l’ordre afin de se consacrer pleinement à ses travaux critiques et littéraires. Ses contacts avec Maurice Blondel, le baron von Hügel, Alfred Loisy et surtout George Tyrrell le rendent suspect aux yeux des autorités religieuses. Sa participation aux funérailles (juillet 1907) de son ami George Tyrrell, ancien jésuite excommunié pour ses opinions modernistes, ne font qu'aggraver les choses. Élu membre de l‘’Académie française’ en 1923. Privilégie l’inquiétude religieuse (titre de son premier recueil), opposée aux trompeuses sécurités du dogmatisme. Son Histoire littéraire du sentiment religieux en France (11 tomes) remet en lumière de nombreux spirituels qui n’étaient connus que de rares spécialistes ou demeuraient tout à fait occultés. Montre notamment que la spiritualité française du 16ème siècle n’a rien à envier à celle du Siècle d’Or espagnol. A l’ambition de découvrir partout l’oraison mystique, de montrer que nous sommes tous mystiques, tous poètes, tous inspirés. Le discours mystique permet de supporter le silence de Dieu, il révèle que Dieu ne se manifeste jamais mieux que dans et par le silence.
  • 38. Miguel de Unamuno (1864-1936), poète, romancier, dramaturge, critique littéraire et philosophe espagnol. Recteur de l'université de Salamanque, destitué de sa charge en 1914 pour son hostilité à la monarchie espagnole et sa prise de position en faveur des Alliés. Déporté aux Canaries en 1924. Assigné à résidence par le régime franquiste. Envers et contre tout, maintient et défend* le bien-fondé existen- tiel de la croyance en l'immortalité personnelle de l'âme. Cette foi satisfait la volonté et donc la vie, même si elle contredit la raison. Dieu est la seule justification possible de l'amour et de la compassion : le croyant désire que Dieu existe et se conduit comme s'il existait (ce qui constitue en quelque sorte une preuve irrationnelle de l'existence de Dieu). Les vertus chrétiennes de foi, d'espérance et de charité ne peuvent se déduire d'une conviction rationnelle ou mathématique. Le Dieu vivant ne peut se déduire d'un Dieu logique ou mort. Pose la lutte comme dimension essentielle de la vie. Sa posture se rapproche de celle de Don Quichotte « Toute tentative d'accord et d'harmonie persistante entre la raison et la vie, entre la philosophie et la religion est impossible. Et la tragique histoire de la pensée humaine n'est autre que la lutte entre la raison et la vie. Telle est l'histoire de la philosophie, inséparable de celle de la religion. » *dans Del sentimiento trágico de la vida (1913), qui lui vaut la condamnation du Saint-Office
  • 39. Léon Chestov « Le philosophe est avant tout un témoin, évidemment ; et il témoigne de quelque chose que l’on ne peut vérifier. S’il en est ainsi, il lui faut être sincère et véridique. Mais comment pourrait-il l’être ? » « La tâche de l'homme ne consiste pas à accepter et à réaliser dans la vie les vérités de la raison, mais au contraire à disperser par la force de la foi ces vérités. » « On n'a recours à la prédication, au Bien et au Mal, que lorsque la philosophie ne répond plus - et parce qu'on ne peut vivre sans réponse… » Léon Issaakovitch Chestov, né Jehuda Leib Schwarzmann (1866-1938), avocat, écrivain et philosophe russe d’ascendance juive. Thèse de doctorat de droit à Kiev sur la législation ouvrière refusée, car jugée trop subversive. Avocat à Moscou, dirige la manufacture familiale, puis se tourne vers la philosophie. Exilé après la révolution soviétique, s’installe en 1921 à Paris. Marqué par Tolstoï, Dostoiëvski, Nietzsche, Pascal et Kierkegaard, écrit à leur sujet, confronte sa pensée à la leur. Après eux, dénonce les vérités évidentes et rassurantes de la raison, leur oppose l’expérience de l’absurde et du tragique de l’existence humaine.
  • 40. Nathan Söderblom Lars Olof Jonathan Söderblom (1866-1931), pasteur luthérien suédois. Études en grec, hébreu, arabe et latin, docteur en théologie. Professeur d’histoire des religions à Uppsala puis Leipzig. Aumônier à l'hôpital psychiatrique d'Uppsala, puis à l'ambassade de Suède à Paris. En 1901, obtient un doctorat de religion comparée de la Sorbonne pour une thèse portant sur le mazdéisme. Avant Rudolf Otto, tente de donner une description du sacré. Archevêque d'Uppsala en 1914, primat de l’Église suédoise, promeut une réforme liturgique et travaille inlassablement à l'amélioration de la condition des prisonniers de guerre et des réfugiés. Architecte du mouvement œcuménique au 20ème siècle. La conférence de Stockholm pour un ‘christianisme pratique’, qu’il organise en 1925, notamment avec Wilfred Monod, rassemble Anglicans, Protestants, et Chrétiens Orthodoxes. Reçoit le Prix Nobel de la paix en 1930 « pour ses efforts pour impliquer les églises pas seulement dans le travail pour l'union œcuménique, mais aussi pour la paix mondiale. » .
  • 41. Benedetto Croce (1866-1952), philosophe, historien, écrivain, critique littéraire et homme politique italien. Continuateur de la pensée de Hegel, s’oppose au fascisme, à la pensée raciale et aux différentes formes du racisme. Historien des idées, formule en matière d'esthétique littéraire une doctrine qui pose tout ensemble la spécificité de la création et sa force d'intégration qui absorbe biographie, histoire et idéologie. Fondateur du ‘Parti libéral italien’ au lendemain de la 2ème Guerre mondiale. Ne se plaçant pas sur le terrain du sentiment, de la foi ou de la mystique, mais s’appuyant sur un constat anthropologique, estime que le christianisme a représenté « la plus grande révolution que l’humanité ait jamais accomplie : si grande, si complète et si profonde, si féconde de conséquences, si inattendue et si irrésistible dans sa réalisation, que l’on ne s’étonne pas qu’elle ait pu apparaître comme (…) une intervention de Dieu dans les choses humaines ». Pour lui, la principale révolution introduite par le christianisme, c’est d’avoir agi « au centre de l’âme, dans la conscience morale (…); en mettant l’accent sur l’intimité et la particularité de la conscience, elle semble presque avoir donné à celle-ci une nouvelle vertu, une nouvelle qualité spirituelle qui avait jusque là fait défaut à l’humanité ». « Nous ne pouvons pas ne pas nous dire des chrétiens. » Par ce "nous", il désigne les hommes de la modernité, qu’ils soient ou non des croyants.
  • 42. Julien Benda (1867-1956) critique, philosophe et écrivain français, défenseur d’Alfred Dreyfus. Reproche aux intellectuels ("les clercs") d'avoir quitté le monde de la pensée désintéressée pour se commettre dans des passions politiques de race, nation, classe ou parti : antisémitisme, xénophobie, nationalisme, militarisme, nationalisme, marxisme, etc. La mission des clercs est de défendre les valeurs spirituelles, et donc immuables, universelles et désintéressées, de la justice, de la vérité et de la raison, d’honorer « les caractéristiques mêmes de l’espèce humaine, celles sans lesquelles on n’a pas l’Homme ». Fustige « la soif du résultat immédiat, l'unique souci du but, le mépris de l'argument, l'outrance, la haine, l'idée fixe. » Exige que l’intellectuel ne descende sur la place publique et n'intervienne dans le débat séculier que pour faire triompher les idéaux abstraits et désintéressés : la vérité, la justice, la raison, la beauté, la liberté. La mission de l'intellectuel en tout pays est celle de gardien des valeurs humaines et spirituelles. ../..
  • 43. Julien Benda Son pamphlet Le rapport d’Uriel (1846) est le rapport que fait l’ange Uriel à Dieu sur « une étrange espèce, dite humaine » qui s’agite sur la planète Terre… et sur les cercles intellectuels, religieux ou politiques de la France d'alors. « À d'autres moments, elle (l’idée qu’ils se font de vous) provient d'un besoin tout autre : trouver un agent de consolidation (ils disent de consola- tion, ce qui est la même pensée, voire le même mot) parmi le sentiment qu'ils ont de leur misère, de leur faiblesse, et leur insécurité essentielle. (…) Les qualités dont ils vous dotent varient avec la nature de leur infortune et d'un instant à l'autre. (…) Un propre de leur race étant l'horreur de se régir eux-mêmes et la soif d'une volonté supérieure qui sait ce qui leur est bon, à laquelle ils se livrent, vous êtes cette volonté. (…) Vous êtes d'ailleurs pour eux aussi une volonté, mais une volonté à laquelle ils ordonnent ce qu'elle doit vouloir. (…) D'autres toutefois renversent les rôles. Agissant de leur propre chef, ils proclament qu'ils le font en vous obéissant. Ils brûlent les villes, égorgent les hommes, violent les femmes en s'écriant : " Dieu est avec nous". La cohésion des idées n'a rien à faire dans l'entreprise sentimentale qu'est leur théologie.» Photo du haut : Mosaïque de l’archange Uriel par James Powell et fils dans l’église anglicane Saint-Jean-l’Évangéliste de Warminster (Wiltshire)
  • 44. Wilfred Monod William Frédéric Monod (1867-1943), pasteur et théologien réformé français. Docteur en théologie. Assure l'éducation religieuse des jeunes protestants du quartier des Halles et des enfants de familles défavori- sées, fonde l’’École du Jeudi’. S’engage dans le christianisme social , propose un programme social que les Églises protestantes devraient s’efforcer de réaliser. S’implique activement dans le mouvement de rassemblement des Églises protestantes qu’avait créé en 1908 l’évêque suédois luthérien Nathan Söderblom (1866-1931) sous le nom de ‘Christianisme pratique’, qui tente d’oublier les querelles théologiques pour se concentrer sur la question sociale. Crée avec son fils Théodore (1902-2000) en 1923 la ‘Commu- nauté des Veilleurs’, fraternité de prière centrée sur la vie chrétienne pratique et la méditation de la Bible, dont la liturgie a pour fondement les Béatitudes et s’inspire des liturgies de différentes confessions. Parce qu’il ne fait pas de la rigueur de la problématique théologique sa préoccupation première, est écarté en 1929 de la Faculté de Théologie de Paris, ce qu’il ressent très douloureusement.
  • 45. Alain Émile-Auguste Chartier (1868-1951), philosophe français, journaliste, essayiste. ‘École Normale Supérieure’, agrégation de philosophie. À l'approche de la guerre, milite pour la paix. Lorsque la guerre est déclarée, bien que non mobilisable, s'engage, fidèle à un serment prononcé en 1888 et ne supportant pas l'idée de demeurer à l'arrière quand les "meilleurs" sont envoyés au massacre. En mai 1916, se broie le pied dans un rayon de roue de chariot lors d'un transport de munitions vers Verdun. Publie en 1921 Mars ou la guerre jugée. S’engage aux côtés du mouvement radical en faveur d'une république libérale strictement contrôlée par le peuple. En 1927, signe la pétition contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion. En 1936, malgré son état physique, participe aux travaux du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. ../..
  • 46. Alain - Émile-Auguste Chartier « L’optimisme, c’est la volonté alliée au courage. » « Qui n’a point de ressources en lui-même, l’ennui le guette et bientôt le tient. » « Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d’autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. » « L’art de vivre consiste d’abord, il me semble, à ne pas se quereller soi-même sur le parti qu’on a pris ni sur le métier qu’on fait. Non pas, mais le faire bien . (…) Tout lot est bon si l’on veut le rendre bon.» « L’habitude est une sorte d’idole, qui a pouvoir par notre obéissance; et c’est la pensée ici qui nous trompe, car ce qui nous est impossible à penser nous semble aussi impossible à faire. (…) L’imagination ne sait pas inventer, mais c’est l’action qui invente. » « Mieux on remplit sa voie, moins on craint de la perdre. » « Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont point cherché. »
  • 47. Paul Claudel (1868-1955), dramaturge, poète, essayiste et français. Licence de droit à l’École libre des sciences politiques. Se convertit au catholicisme, religion de son enfance, en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris le 25 décembre 1886, jour de Noël. Diplomate de 1893 à 1936 (États-Unis, Chine, Europe, Brésil, Belgique). Membre de l’Académie française. « Qu'importe la douleur d'aujourd'hui puisqu'elle est le commencement d'autre chose ! » « Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’en a qu’une. » « Il y a des yeux qui reçoivent la lumière et il y a des yeux qui la donnent » « À tous les surhommes, il faut préférer ce spectacle rare entre tous : un homme juste, et juste un homme. » « Cette voix (…), elle n’est pas en arrière, c’est en avant qu’elle m’appelle. » Frère de la sculptrice Camille Claudel que sa famille fait interner en 1913 en asile d'aliénés (il est le seul à lui rendre visite) et dont les restes seront transférés dans une fosse commune, aucun membre de la famille n'ayant proposé de sépulture. « Heureusement qu’il n’y avait pas la paire ! » dit Sacha Guitry à la sortie de la pièce Le soulier de satin, qui dure environ 11 heures…
  • 48. Alexandra David-Néel (1868-1969), née d’un père français et d’une mère belge, chanteuse d’opéra, orientaliste, tibétologue, franc-maçonne, journaliste, écrivain et exploratrice. Voyage au Sikkim, en Inde, au Japon, en Corée, en Chine, au Tibet où elle traduit la Prajnaparamita, ensemble de textes du bouddhisme mahajama. À l’âge de 100 ans, demande le renouvellement de son passeport au préfet des Basses-Alpes… ‟Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace” ‟ Négliger les petites choses sous prétexte qu’on voudrait en faire des grandes, c’est l’excuse des lâches.” ‟ C’est en rêve seulement que les êtres nous sont doux et qu’il est bon de les avoir près de nous. Dans la vie réelle, ils sont des pierres aux angles aigus desquels on se heurte et on se blesse.”
  • 49. Mohandas Gandhi Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948), dirigeant politique indien, guide spirituel et leader du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, initiateur de la non-violence politique dans l’histoire. Alors que l’objectif de Nehru et des autres leaders du Congrès est de chasser les Britanniques et de conquérir l’indépendance nationale, Gandhi veut libérer les Indiens de toutes les aliénations et de toutes les oppressions qui pesaient sur eux, et qui ne s’expliquent pas toutes par la domination anglaise. « Rappelez-vous la face de l’homme le plus pauvre et le plus faible que vous ayez rencontré, et demandez-vous si l’acte que vous envisagez lui sera utile. (…) Cela va-t-il conduire à la libération les multitudes qui ont faim dans leur corps et dans leur esprit ? » « Soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans le monde ! » ../..
  • 50. Gandhi « Si malgré tout, en dépit des efforts les plus acharnés, on ne peut obtenir des riches qu’ils protègent vraiment les pauvres, et si ces derniers sont de plus en plus opprimés au point de mourir de faim, que faire ? C’est en essayant de trouver une réponse à cette question que les moyens de la non-coopération et de la désobéissance civile me sont apparus comme les seuls à être à la fois justes et efficaces ». « C'est l'action et non le fruit de l'action qui importe. Vous devez faire ce qui est juste. Il n'est peut-être pas en votre pouvoir, peut être pas en votre temps, qu'il y ait des fruits. Toutefois, cela ne signifie pas que vous deviez cesser de faire ce qui est juste. Vous ne saurez peut être jamais ce qui résultera de votre geste, mais si vous ne faites rien, il n'en résultera rien. » ../..
  • 51. Gandhi « Faites de nous de meilleurs Hindous, cela sera plus chrétien que de nous convertir ! » « Il est plus juste de dire que la vérité est Dieu, que de dire que Dieu est la vérité. » « La religion est un seul arbre avec de nombreuses branches. Si l’on ne voit que les branches, on est tenté de dire qu’il y a beaucoup de religions ; mais si l’on voit l’arbre entier, on comprend qu’il y a une seule religion. » « Le meilleur moyen de connaître Dieu est de pratiquer la non-violence. » Voir le diaporama complet sur Gandhi dans le Trombinoscope de la non-violence
  • 52. André Gide (1869-1951), écrivain français. Enfant inquiet et maladif, protégé à l'excès par une mère austère et puritaine. Décidé à embrasser la vie, à devenir écrivain pour se libérer du fardeau que faisait peser sur lui le puritanisme moral qu'il prête à son entourage. Prône la légitimité d’un bonheur humaniste face aux pesanteurs de la morale conventionnelle. Dénonce les excès du colonialis- me. Après un voyage en Afrique noire, se rapproche du Parti communiste avant de s’opposer au stalinisme. Européen, cosmopolite, citoyen du monde, mais aussi ambassadeur de la culture française. Exalte toute forme d’action qui rend aux hommes leur liberté intérieure. Homosexuel, rend compte avec une sincérité lucide et une exigence littéraire de la complexité de sa vie morale, sentimentale et intellec- tuelle. Revendique « une existence pathétique plutôt que la tranquillité ». Prix Nobel de littérature 1947. L’intégralité de son œuvre est mise à l’Index en 1948 par l’Église romaine. « Il y a sur Terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne et d’horreur que l’homme heureux n’y peut songer sans prendre honte de son bonheur. Et pourtant, ne peut rien pour le bonheur d’autrui celui qui ne sait être heureux lui-même. Je sens en moi l’impérieuse obligation d’être heureux. (…) C’est de don qu’est fait le bonheur, et la mort ne me retirera des mains pas grand-chose. (…). Mon bonheur est d’augmenter celui des autres. J’ai besoin du bonheur de tous pour être heureux. »
  • 53. André Gide « Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent. » « Belle fonction à assurer, celle d’inquiéteur. » « Si vraiment j’ai représenté quelque chose, je crois que c’est l’esprit de libre examen, d’indépendance et même d’insubordination, de protestation contre ce que le cœur et la raison se refusent à approuver. » « Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis. Sans eux, c’en est fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à note présence sur Terre une justification secrète. Ils sont, ces insoumis, "le sel de la terre", et les responsables de Dieu ». « Savoir qu’ils sont là, ces jeunes gens, qu’ils sont vivants, eux, le sel de la terre, c’est là précisément ce qui nous maintient, nous les aînés, en confiance; c’est là ce qui me permet à moi, si vieux déjà et si près de quitter la vie, de ne pas mourir désespéré. (…) Je crois à la vertu des petits peuples ; je crois à la vertu du petit nombre : le monde sera sauvé par quelques uns ! » « (Le monde) ne tient qu’à l’homme, et c’est de l’homme qu’il faut partir. Le monde, ce monde absurde, cessera d’être absurde, il ne tient qu’à vous. Le monde sera ce que vous le ferez »
  • 54. Rudolf Otto (1869-1937), théologien luthérien allemand, spécialiste d’étude comparée des religions. Professeur à l'université de Göttingen, de Breslau, puis de Marbourg. En 1911 et 1912, réalise un voyage en Afrique puis en Inde et au Japon. Travaille sur une comparaison des spiritualités orientales et des spiritualités occidentales. Pour lui, l’expérience religieuse n’est pas réductible en termes d'idée, de concept, de notion abstraite, de précepte moral. Dans son ouvrage Das Heilige ("Le Sacré" , 1917), définit le concept de sacré comme étant "numineux", (du latin numen, la puissance agissante de la divinité). Cette notion fait référence à une « expérience non-rationnelle, se passant des sens ou des sentiments et dont l'objet premier et immédiat se trouve en dehors du soi. » Propose ainsi un paradigme pour l'étude des religions, se focalisant sur le besoin de réaliser le sentiment religieux, considéré comme non réductible et comme une catégorie en soi. Une expérience numineuse est une expérience que l’on pourrait qualifier de mystique, où l’on se sent plein de force, de sérénité, d’amour, de compassion, de créativité et/ou d’inspiration, ou encore du Tout-Autre.
  • 55. Ahmad al-'Alāoui Sidi (ou Cheikh) Ahmād Ibn Mustāfā al-'Alāoui (1869-1934), maître soufi algérien originaire de Mostaganem. Travaille jeune dans l’artisanat de la chaussure. S’adonne à la lecture, passant souvent des nuits entières plongé dans les livres. Rencontre Muhammad Ibn al-Habîb al-Buzîdî (1824-1909), maître de la tarîqa* Derkaouiya, branche de la tarîqa Shâdhiliyya, dont l’enseignement le séduit immédiatement, et lui succède en 1909. Fonde en 1914 l'un des plus importants mouvements soufis du 20ème siècle, la tarîqa 'Alawiyya, une branche de l'ordre Chadhiliyya. Manifeste de l’intérêt pour tous types de sciences et toutes sortes de cultures a priori étrangères à sa propre perspective. En contact avec René Guénon, et proche du médecin français Marcel Carret, agnostique, qui voit en lui une figure christique. Écrit de nombreux livres (soufisme, droit musulman, philosophie, sciences, astronomie), et des poésies spirituelles. Son enseignement rayonne dans tous les pays du Maghreb, au Moyen-Orient ainsi qu'en Europe avec la fondation de plusieurs zawiya* en Angleterre (Birmingham) et en France où il participe notamment à l'inauguration de la grande mosquée de Paris en juillet 1926. « As-tu perçu l'appel de Celui qui appelle ? » * Tarîqa : confrérie mystique du soufisme, dont les fidèles sont réunis autour d'une figure sainte, ancienne ou récente, autour de son lignage et de ses disciples. Zawiya : édifice religieux de la confrérie soufie, et par extension, la confrérie elle-même.
  • 56. Édouard Le Roy ( 1870-1954), mathématicien et philosophe français. Agrégé de mathématiques, docteur ès sciences, professeur de ‘Mathématiques spéciales’ au lycée Saint-Louis de Paris. Ami de Teilhard de Chardin et de Bergson. Membre du ‘Collège de France’ et de l’’Académie Française’. Son anti-intellectualisme le conduit, dans le domaine de la religion, à privilégier le cœur, le sentiment ou la foi instinctive, et à rejeter les dogmes, la théologie spéculative, les raisonnements abstraits. La démarche vers Dieu n’est pas de l’ordre de la démons- tration rationnelle, mais de l’ordre vital, moral. Son livre Dogme et critique (1907), développe l’idée que les affirmations du dogme; qui viennent de l’extérieur, ne disent rien d’expérimental au sujet de Dieu. Son ouvrage La Pensée intuitive. Le problème de Dieu (1929, image du bas), dans lequel il estime le dogme « invérifiable, inutile et infécond », est mis à l’Index en 1931. Proche fidèle de Fernand Portal et du groupe Légaut de Paris.
  • 57. Paul Valéry (1871-1945), écrivain, poète et philosophe français. En 1892, connaît une "grave crise existentielle", décide de consacrer l'essentiel de son existence à "la vie de l'esprit". Sous l’occupation nazie, refusant de collaborer, prononce comme secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du "juif Henri Bergson". Enterré au cimetière marin de Sète. « Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir ancien. » « Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le désordre. » « Si l'État est fort, il nous écrase. S'il est faible, nous périssons. » « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » « Le temps du monde fini commence. » « Le meilleur moyen de réaliser ses rêves est de se réveiller. »
  • 58. Georges Gurdjieff (1872 ? -1949), mystique, philosophe, guide spirituel et compositeur né en Arménie, alors dans l'Empire russe. Intéressé dès sa jeunesse par l’astrologie, la télépathie, le spiritisme et les tables tournantes, la divination et la possession démoniaque, la danse mystique, les pouvoirs psychiques, l’ennéagramme. Aurait voyagé en Égypte, en Inde, en Afghanistan, au Tibet, à la Mecque. S’installe en 1912 à Moscou comme marchand de tapis orientaux et groupe autour de lui des disciples recrutés dans les milieux occultistes, notamment théosophes. Déménage successivement en Arménie, à Istanbul, Berlin, Dresde, et enfin, en 1922, en France. Estime que la plupart des humains, ne possédant pas une conscience unifiée esprit-émotion-corps, vivent leur vie dans un état hypnotique de sommeil éveillé, mais qu'il est possible de passer à un état supérieur de conscience et d'atteindre le plein potentiel humain. Élabore pour atteindre ce potentiel une méthode qu'il nomme Le travail (sur soi) ou la méthode. Afin d'éveiller sa conscience, cette méthode unit les techniques du fakir, du moine et du yogi : il l'appelle la Quatrième voie. Distingue l’être essentiel et la personnalité superficielle, assigne à ses élèves des exercices divers ayant pour but d’affaiblir les conditionnements. Ces méthodes relèvent d’un travail psycho-physique et de la thérapie de groupe. Jean-François Revel, disciple de Gurdjieff autour de 1947, le décrit comme « un imposteur et un escroc. » Louis Pauwels rapporte qu'il était surnommé "le nouveau Pythagore" et écrit « Le péché de Gurdjieff est de ne s'être pas retiré à temps. »
  • 59. Siva Yogaswami Sadavisam (1872-1964), maître spirituel hindouiste shaivite tamoul sri-lankais. Après ses études, magasinier dans le département d'irrigation à Kilinochchi. Marqué en 1889 par Swami Vivekananda (1863-1902) à Jaffna. En 1905, rencontre le sadhu Chellappa, dont il devient le disciple pendant 5 ans. Médite pendant des années sous un olivier à Colombuthurai puis s’installe dans une cabane proche. Lors d’un voyage en train de Colombo à Jaffna, un pandit estimé et savant à bord d'une autre voiture déclare à plusieurs reprises qu'il a senti un "grand jyoti" (une lumière) dans le train, pleure en le voyant, annule ses conférences et se rend à l’ashram de Yogaswami. Dès lors, des gens de tous âges et de tous horizons, sans distinction de croyance, de caste ou de race, vont à lui, cherchent du réconfort et des conseils spirituels. Devient Illathusiddhar, ‘le Perfectionné d'Illangai’. Marche de longs kilomètres pour visiter Chellachchi Ammaiyar, une sainte femme plongée dans la médita- tion. De nombreux témoignages racontent comment il guérit de loin. Un jour, rend visite à Sri Ramana Maharshi (1879-1950) à son ashram d'Arunachalam. Les deux restent assis tout l'après-midi, face à face en silence. De retour à Jaffna, déclare « Nous avons dit tout ce qu'il y avait à dire !». En fauteuil roulant à partir de 1961, continue de recevoir des milliers de visiteurs de toutes croyances venus chercher son aide et ses conseils. « Laissez Dieu agir à travers vous ! »
  • 60. Sri Aurobindo Aurobindo Ghose (1872-1950), philosophe, poète et spirituel indien. Études en Angleterre à Cambridge. Emprisonné en 1908 en raison d’actions pour l'indépendance de l'Inde. Pendant une année de prison, vit des expériences spirituelles qui le conduisent, dit-il, à expérimenter des états de conscience au- delà du Nirvana. Pour échapper aux Anglais, s'établit à Pondichéry, ville sous autorité française. Affirmant qu'il y a une lutte pour l'avenir de l'humanité au-delà de la lutte légitime pour l'indépendance de l'Inde, se consacre à ses recherches spirituelles et à la composition de ses œuvres. De plus en plus de disciples viennent vivre auprès de lui et de sa collaboratrice française, Mirra Alfassa, que lui et ses disciples nomment "Mère". Elle prendra la direction matérielle de l'âshram fondé dans les années 1920. Selon lui, l'homme n'est aujourd'hui qu'à un niveau imparfait de son évolution : « l'homme est un être de transition. » Développe un "yoga intégral" qui voudrait permettre la progression spirituelle individuelle et collective vers un nouvel état et cherche à nous faire prendre conscience d' « une même loi supérieure [qui] gouverne la matière et l'esprit ». Swami Prajnanpad lui reproche d’être resté dans le domaine du mental.
  • 61. Charles Péguy (1873-1914), écrivain, poète et essayiste français. Militant socialiste, anticlérical puis dreyfusard au cours de ses études, se rapproche du catholicisme à partir de 1908 et du conservatisme nationaliste et belliciste. Dans ses essais, exprime ses préoccupations sociales et son rejet du monde moderne et de la course aux biens matériels. Quitte l’Église catholique parce que le dogme de l’enfer lui paraît intolérable et revient à elle sans changer d’avis sur ce point. Refuse de réciter les passages du Credo qui lui sont obscurs. « Ils disaient en riant, et pour embêter les curés, que travailler c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire. » « Comme nous sommes solidaires de damnés de la terre, (…) nous sommes solidaires des damnés éternels. Nous n’admettons pas qu’il y ait des hommes qui soient traités inhumainement. (…) Nous n’admettons pas qu’il y ait une seule exception » ../..
  • 62. Charles Péguy « Le devoir d'arracher les misérables à la misère et le devoir de répartir également les biens ne sont pas du même ordre : le premier est un devoir d'urgence ; le deuxième est un devoir de convenance; (…) autant il est passionnant, inquiétant de savoir qu'il y a encore des hommes dans la misère, autant il m'est égal de savoir si, hors de la misère, les hommes ont des morceaux plus ou moins grands de fortune; (…) au contraire il suffit qu'un seul homme soit tenu sciemment, ou, ce qui revient au même, sciemment laissé dans la misère pour que le pacte civique tout entier soit nul ; aussi longtemps qu'il y a un homme dehors, la porte qui lui est fermée au nez ferme une cité d'injustice et de haine. » « Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. (…) Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée. » « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains. Et nous, nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses; nous avons quelquefois les mains pleines. » ../..
  • 63. Charles Péguy « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’ Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. (…) La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’ Espérance ne va pas de soi. (…) Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé, sur la route montante, traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance, et on ne prend seulement pas garde à elle. (…) Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. (…) L’Espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité.» « Je ne vous demande pas ce que vous dites. Je vous demande comment vous le dites… »
  • 64. Richard Wilhelm et Étienne Perrot R.W. (1873-1930), pasteur et missionnaire protestant, traducteur et sinologue allemand, ami de Carl Gustav Jung. On lui doit la traduction de nombreux ouvrages de philosophie du chinois en allemand, qui à partir de cette langue ont été à leur tour traduits dans d'autres langues européennes. Traduit notamment et publie en 1924 le Yi King, ou Livre des transfor- mations, système de signes et de symboles organisés et interprétés, dont la lecture permet toujours une seconde lecture, qui peut être utilisé pour faire des divinations. Ce texte de sagesse, datant du 8ème siècle avant J.-C. et traduit par les jésuites résidant à la cour de Pékin, est à la fois ésotérique et pragmatique, philosophique et moral. Le Yi King propose des pistes sur une situation et ses évolutions possibles, jouant le rôle d'un oracle qu'on consulte avant de prendre une décision sur une question difficile. En 1973, un des traducteurs principaux de Carl Gustav Jung, Étienne Perrot (1922-1996, photo du bas), psychanalyste et spécialiste d'alchimie, traduit en français du livre de Richard Wilhelm et ouvre en France l'intérêt pour le Yi King auprès du grand public.
  • 65. Thérèse de Lisieux Thérèse Martin (1873-1897), religieuse carmélite, mystique française. Perd sa mère à l'âge de 4 ans et demi, élevée par ses sœurs aînées Marie et Pauline. Entre au carmel de Lisieux à l’âge de 15 ans sous le nom de sœur Agnès de Jésus. Après 9 années de vie religieuse, dont les deux dernières passées dans une "nuit de la foi", meurt de la tuberculose à l'âge de 24 ans. Sa spiritualité propose de rechercher la sainteté non pas dans les grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus insignifiants ("la petite voie"). « Je voudrais en même temps annoncer l'Évangile dans toutes les parties du monde, et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais être missionnaire, non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l'avoir été depuis la création du monde, et continuer de l'être jusqu'à la consommation des siècles. » « Je choisis tout ! » « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre. »
  • 66. Marc Sangnier (1873-1950), journaliste et homme politique français. Promoteur du catholicisme démocratique et progressiste, directeur de la revue et du mouvement Le Sillon, qui promeuvent l’émancipation politique, économique et intellectuelle. Affirme l’autorité des Chrétiens sur l’Église et non celle du pape et des évêques. Condamné par le pape Pie X en 1910. Fondateur du quotidien La démocratie, engagé pour les droits civiques des femmes, le scrutin proportionnel, l'éducation populaire. Fondateur de la ‘Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse’. Défend après 1918 l'idée d'une véritable réconciliation franco- allemande. Durant l'occupation nazie, met l'imprimerie de son journal L’éveil des peuples au service de la Résistance : arrêté par la ‘Gestapo’ et incarcéré quelques semaines à la prison de Fresnes. Député du ‘Mouvement républicain populaire’ (MRP).
  • 67. Nicolas Berdiaev (1874-1948), philosophe russe de langue russe et française, existentialiste chrétien, admirateur de Jacob Böhme. Fonde à Moscou en 1919 l’’Académie libre de culture spirituelle’, expulsé de Russie en 1922. Exilé à Berlin, puis à Paris (Petit-Clamart). Ses thèmes de réflexion sont la liberté, la tendresse et l’isolement. Selon lui, le mal, c'est la liberté qui se retourne contre elle-même, c'est l'asservissement de l'homme par les idoles de l'art, de la science et de la religion qui reproduisent « les rapports d'esclavage et de domination dont est issue l'histoire de l'humanité ». Se dressant contre toutes les formes d'oppression sociale, politique, religieuse, son œuvre agit comme un vaccin contre toutes les formes d'utopies meurtrières du passé et de l'avenir. Avant l'heure, dénonce le monde de la machine et l'accélération du temps dans le monde moderne Dénonce notamment la théologie de l’enfer, « l’une des plus monstrueuses élucubrations des “bons” ». « M’occuper de mon pain est une préoccupation matérielle. M’inquiéter du pain de mon frère est une préoccupation spirituelle. »
  • 68. Nicolas Berdiaev « Maintenant encore, je voudrais pouvoir recommencer ma vie de manière à rechercher encore et toujours la vérité, le sens de la vie. La vérité possède une éternelle nouveauté, une jeunesse infinie. J’ai déjà dit que j’ai une curieuse disposition d’esprit : pour moi, un développement ne se passe pas comme une ligne montant toit droit. La vérité se présente à moi éternellement neuve, comme fraîche éclose et révélée. Aucune institution, aucun parti politique, aucune Église, aucun personnage emblématique ne saurait dispenser chacun d’entre nous de l’épreuve personnelle des valeurs qui valent la peine de risquer des militances qui incarnent de nouvelles naissances. Croire que de simples appartenances pourraient nous en dispenser conduit aux pires aberrations. L’avenir ne sera fait ni de la répétition du passé ni de l’installation satisfaite dans la critique de nos idolâtries. Il est ce que nous allons commencer ensemble. » « Agis de telle sorte que tu puisses affirmer en tout, partout, et à l'égard de tout et de tous, la vie éternelle.(…). La mort de la dernière et de la plus infime créature comporte quelque chose d'intolérable, et si elle n'est pas vaincue en ce qui la concerne, alors le monde n'a aucune justification et ne peut être accueilli. »
  • 69. Emmanuel Suhard Auguste Rosi E.S. (1874-1949) : prêtre catholique français, cardinal-archevêque de Paris pendant l’occupation allemande. Sur le modèle de la ‘Mission de France’, crée en 1943 la ‘Mission de Paris’, destinée spécifiquement à former des prêtres pour la classe ouvrière parisienne, et la communauté de Saint-Séverin. Accompagne l'expérience des prêtres-ouvriers. « Un mur sépare le monde ouvrier de l'Église, ce mur il faut l'abattre. » A. R. (1892-1980) : prêtre français, missionnaire du Sacré-Cœur, fondateur d'ateliers (menuiserie, bâtiment, etc.) et d’une école de coiffeuses destinés aux jeunes chômeurs dans le 18ème arrondissement de Paris. Habite le presbytère de la paroisse, rue des Roses, partage la vie de la communauté et assure une présence sacerdotale auprès des prostituées de Pigalle, d’où son surnom de "Père Pigalle". En 1954, refuse de s’incliner devant les consignes de son supérieur qui veut le voir changer d’affectation*. * Héros du livre de Jean Sulivan Car je t’aime, ô Éternité dans lequel il apparaît sous les traits de Jérôme Strozzi.
  • 70. Ernst Cassirer (1874-1945), philosophe allemand issue d’une famille juive. Études de droit, littérature, philologie et philosophie à Marburg, Berlin, Leipzig et Heidelberg. Maître de conférences à Berlin, puis professeur à l’université de Hambourg. Quitte l’Allemagne pour la Suède quand Hitler accède au pouvoir (professeur à Göteborg), puis pour les États-Unis (professeur à Yale). Développe une tentative originale pour unifier les modes de pensée scientifique et non-scientifique. Grâce à l'exploration des « formes symbo- liques », sortes d'invariants de la culture humaine, espère réunir la science et les autres productions culturelles de l'esprit dans une même vision philoso- phique. Les "formes symboliques" (directions empruntées par le sens) sont multiples : l’art, le langage, la pensée mythico-religieuse, la science en sont les formes principales. La symbolisation part de la perception brute telle qu'elle est donnée par les sens, pour ensuite la structurer au moyen de concepts et idées toujours plus exactes. S’efforce de créer une grammaire de la fonction symbolique. « La psychologie, l’ethnologie, l’anthropologie et l’histoire ont réuni un ensemble de faits d’une richesse étonnante et qui ne cesse de croître. [...] Si nous ne parvenons pas à trouver un fil d’Ariane pour sortir de ce labyrinthe, aucune connaissance réelle du caractère général de la culture humaine ne sera possible. »
  • 71. Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), écrivain, poète, biographe et journaliste anglais, auteur de 80 livres, 200 nouvelles, 4 000 articles. Écrits pleins d'humour, utilise la plaisanterie et le paradoxe pour faire des observations profondes sur le monde, la politique, le gouvernement, la philosophie, etc. D’abord fasciné par l'occultisme, se convertit au catholicisme en 1922. Met ses pas dans ceux de François d'Assise, soucieux d'aimer non pas l'humanité, mais les hommes, et non pas le christianisme, mais Jésus. . À l'idée déprimante d'un divin informe et éthéré, oppose sa foi joyeuse en des choses élevées palpables et incarnées. Estime que l'alternative n'est pas entre la foi catholique et le protestantisme, entre la foi catholique et la science, ou entre la foi catholique et la philosophie, mais entre la foi catholique et le pessimisme absolu des religions orientales. Mène une campagne victorieuse contre un amendement déposé par Winston Churchill à la loi de 1913 sur les handicapés mentaux, visant à instaurer un programme de stérilisations contraintes. Influence Gandhi dans sa recherche d’une voie pour l’indépendance indienne. « Être bon représente une aventure autrement violente et osée que de faire le tour du monde à la voile. » « Non seulement nous sommes tous embarqués sur le même bateau, mais nous avons tous le mal de mer. »
  • 72. Albert Schweitzer (1875-1965), philosophe et médecin alsacien, musicien organiste, pasteur et théologien protestant. Publie, en 1906, une étude exhaustive de tous les travaux sur Jésus de Nazareth qu’il conclut en disant que la personne du Jésus historique est définitivement enfouie dans les évangiles : jamais, selon lui, on ne pourra l’atteindre. En 1915, pendant son incarcération par l’armée française en tant que citoyen allemand, lui sont révélées l’idée et éthique du respect de la vie, inspiré des religions de l’Inde, qui le conduira au végétarisme. Dans Kulturphilosophie, étude philosophique de la civilisation, aborde la pensée éthique à travers l’histoire et invite ses contemporains à mettre en œuvre une philosophie de respect de la vie. Fonde en 1913 l’hôpital de Lambaréné au Gabon, un village-hôpital de bois, de tôle et de torchis où il soigne notamment les lépreux, et un hôpital- refuge pour les animaux. Prix Nobel de la paix (1952). Dénonce et combat l’arme nucléaire à partir de 1954. ../..
  • 73. Albert Schweitzer Sceptique à l’égard des dogmes, raconte qu’encore étudiant, il y voyait des constructions spéculatives, artificielles et inutiles, « un brouillard de connaissances incertaines. » Président d'honneur de l'Association française des protestants libéraux, très proche des unitariens états-uniens. Comprend le christianisme non comme une religion axée sur l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer le monde. À sa future femme Hélène en 1903, il écrit en 1903: « Je crois parce que j’agis » (et non : « J’agis parce que je crois »). Il reprend à son compte la phrase de Goethe (dont il est un grand connaisseur : « Au commencement était l’action. » En 1904, déclare à ses paroissiens : « Quand vous dit de rester tranquille, c’est le diable qui parle ; lorsque on vous dit de vous lever et d’agir, c’est sûrement Dieu. » « Accepter aveuglément une vérité sans y réfléchir mine à l'avance la vie spirituelle. » « L'éthique c'est, la reconnaissance de notre responsabilité envers tout ce qui vit. » ../..
  • 74. Albert Schweitzer « Soudain m'apparurent, sans que je les eusse pressentis ou cherchés, les mots "respect de la vie". (…) Enfin je m'étais ouvert une voie vers le centre où l'affirmation du monde et l'affirmation de la vie se rejoignent dans l'éthique. Je tenais la racine du problème. Je savais que cet ensemble qui détermine une civilisation digne de ce nom, trouve son fondement dans la pensée. » « Toute vie émane d’une vie et engendre une vie… Je suis vie qui veut vivre, au milieu des vies qui veulent vivre. » « Nous sommes en présence d'une mystique chaque fois qu'un homme considère comme abolie la distinction entre le terrestre et le supraterrestre, le temporel et l'éternel, et qu'il a le sentiment, tout en restant encore dans le domaine du terrestre et temporel, d'appartenir déjà au domaine supraterrestre et éternel. »
  • 75. Rainer Maria Rilke (1875-1926), écrivain et poète, né à Prague. D’abord journaliste, puis études d'histoire de l'art et de littérature et de philosophie. Rencontre Léon Tolstoï, est secrétaire d’Auguste Rodin. De langue allemande, écrit aussi en français. S’installe en Suisse en 1919. « Je voudrais vous prier, autant que je sais le faire, d’être patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme une pièce qui vous serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour le moment des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les vivre. Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez pour l’instant que vos questions. Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par rentrer insensiblement, un jour, dans les réponses. »
  • 76. Evelyn Underhill (1875 -1941), mystique, poète, romancière, enseignante et pacifiste anglaise. Études de biologie, philosophie et sciences sociales, rédactrice et critique pour The Spectator. Marquée par Plotin et par William Blake, accompagnée au plan spirituel par le baron Friedrich von Hügel (1852-1925), philosophe austro-anglais, bibliste catholique moderniste. Première femme à donner des conférences au clergé et à prêcher des retraites spirituelles pour l'Église d'Angleterre. Pour elle, l'expérience mystique suppose de l’attention, de la concentration. La recherche d’un état sans avidité, l’élimination de l’intérêt personnel et l’amour des choses savourées pour elles-mêmes sont le secret de l’ajustement, de la flexibilité face aux évènements et génèrent de la vie et de l’énergie créative. « Le mysticisme est l'art de l'union avec la réalité. Le mystique est une personne qui a atteint cette union à un degré plus ou moins élevé; ou qui vise et croit en cette réalisation. » « L'homme actif est un mystique quand il sait que ses actions font partie d'une action plus grande que lui. » « Comme un poisson dans la mer, l’âme engloutie en Dieu, vivant dans la prière est soutenue, emplie, transformée en beauté par une vitalité et un pouvoir qui ne lui appartiennent pas ».
  • 77. Carl Gustav Jung (1875-1961), médecin psychiatre suisse, psychologue et essayiste, pionnier de la psychologie des profondeurs. Études de médecine et de psychiatrie à Bâle. Thèse de doctorat sur le cas d'une jeune médium, Hélène Preiswerk. Professeur de psychiatrie à l'université de Zurich. Un des premiers disciples de Sigmund Freud, dont il se sépare par la suite en raison de divergences théoriques et personnelles. S’appuie sur ses études de la mythologie, de l’alchimie et des sociétés primitives approchées lors de ses voyages. Établit aussi des parallèles entre la pensée orientale (Kundalinî yoga) et les théories psychanalytiques. Introduit dans sa méthode des notions de sciences humaines puisées dans l’anthropologie, l’alchimie, l’étude des rêves, la mythologie, la religion, pour appréhender la « réalité de l’âme ». On lui doit des concepts nouveaux : ‘inconscient collectif’, ‘arché- types’, ‘individuation’, ‘types psychologiques’, ‘complexe’, ’imagination active’, ‘déterminisme psychique’, ‘synchronicité’. Propose à chacun un processus d’individuation, qui va bien au-delà du développement personnel. Considère en effet que la transformation du plomb en or en alchimie est une métaphore de la transformation psychi- que liée au processus d’individuation.
  • 78. Carl Gustav Jung « Ressent » Dieu, depuis son plus jeune âge, comme une Totalité unissant en elle tous les contraires, tels la lumière et l’ombre, le Bien et le Mal. Dans l’héritage de Johann Eckhart, considère la possibilité du renouvellement de l’attitude religieuse en Occident. Un tel vécu de l’expérience mystique permet à l’individu de trouver son sens intérieur et de développer une force d’âme et une autonomie spirituelle. « Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d'indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie. » « L'homme qui n'est pas ancré dans le divin n'est pas en état de résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. » « Les plus belles vérités du monde ne servent de rien tant que leur teneur n’est pas devenue pour chacun une expérience intérieure originale. » « Par l’addition de consciences ayant développé un tel sens propre pourraient être évitées de nouvelles folies collectives modernes. »
  • 79. Tierno Bokar Bokar Salif Habi (1875-1939), tailleur et brodeur, sage et mystique malien de la confrérie soufie Tidjâniyya. Subit la double influence d'une mère courageuse, douce et pieuse, Aïssata, et d'un maître vénéré qui lui enseigne les sciences islamiques, Amadou Tafsirou Bâ. Ouvre en 1907 une école coranique à Bandiagara, au cœur du pays des Dogons. Veut pour ses disciples - à ses "frères réfléchis" - un cœur ouvert, de la bonne volonté, une âme ardente. Un jour, en 1933, au cours d'une leçon de théologie, un poussin d'hirondelle tombe d'un nid fixé au plafond. Interrompt son exposé, grimpe sur un escabeau improvisé, raccommode à l'aiguille le nid endommagé, y replace l'oisillon, et reprend son cours. Maître et ami d’Amadou Hampaté Bâ, avec qui il partage la passion pour les chiffres et la valeur numérique des lettres de l’alphabet. Ami de Théodore Monod qui le fait découvrir. ../.. Photo : Ancienne mosquée de Bandiagara de temps de T. Bokar
  • 80. Tierno Bokar « La foi et l'incroyance sont comme deux champs contigus. La prière marque leur limite. Celui qui prie est appelé fidèle, quel que soit le poids de ses péchés. Celui qui ne prie pas est infidèle, quelle que soit la sagesse de sa vie.» « Il faut toujours bénir et ses amis et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée. » « Notre planète n'est ni la plus grande ni la plus petite de toutes celles que Notre Seigneur a créées... Nous ne devons nous croire ni supérieurs, ni inférieurs à tous les autres êtres. Les meilleures des créatures seront parmi celles qui s'élèvent dans l'amour, la charité et l'estime du prochain. Celles-là seront lumineuses comme un soleil montant tout droit dans le ciel. » T. B. « C'est une grande joie pour le chercheur sincère et sans doute un des rares motifs qui lui reste de ne pas désespérer entièrement de l'être humain, que de retrouver sans cesse, dans tous les temps, dans tous les pays, chez toutes les races, dans toutes les religions, la preuve de cette affirmation de l'Écriture : «L'Esprit souffle où il veut.» Théodore Monod Photos : Maison de T. Bokar à Bandiagara. Tombes présumées d'Aïssata et de Tierno Bokar
  • 81. Antonio Machado (1875-1939), poète espagnol. Traducteur à Paris, professeur de français à Soria puis à Segovia. Met sa plume au service du ‘Parti républicain’, contraint de fuir vers la France après la victoire de Franco. Décède à Collioure. Son œuvre interroge constamment les grands mystères de la vie humaine, dans une contemplation attentive des hommes et du monde. « Voyageur, le chemin, c'est les traces de tes pas. C'est tout. Voyageur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. Et quand tu regardes en arrière, tu vois le sentier que jamais tu ne dois à nouveau fouler. Voyageur ! Il n'y a pas de chemins. Rien que des sillages sur la mer. Tout passe et tout demeure. Mais notre affaire est de passer. De passer en traçant des chemins. Des chemins sur la mer. » « Ta vérité ? Non. Garde-la-toi. La vérité. Nous allons la chercher ensemble. » ■