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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de sens
(art, religion, philosophie, spiritualité)
9 - de 1876 à 1887
É. G. .31.05.2021
Rupert Mayer
(1876-1945), prêtre jésuite allemand. Étudie philosophie, théologie et
histoire à Fribourg (Suisse), Munich et Tübingen. Ordonné prêtre en 1899 à
Rottenburg. De 1906 à 1911, donne des missions populaires dans différen-
tes régions d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche. En 1912, nommé à Munich
pour venir en aide matériellement et spirituellement aux immigrants, met sur
pied plusieurs organisations sociales. En 1914, fonde une congrégation
religieuse féminine, les 'Sœurs de la Sainte famille‘. Aumônier volontaire
dans l’armée pendant la 1ère Guerre mondiale, amputé de la jambe gauche.
Après la guerre, donne 70 enseignements par mois, introduit une
Eucharistie dominicale à la gare principale de Munich pour satisfaire les
voyageurs.
Opposé à l’idéologie nationale-socialiste dès les premières années,
figure de proue de la résistance catholique au nazisme, dénonce la persé-
cution envers les religions et la haine raciale. Arrêté trois fois par la Gestapo
entre 1937 et 1939, envoyé au camp de concentration d’Oranienburg-
Sachsenhausen, près de Berlin. Après 7 mois, sa santé se détériore
tellement que les responsables du camp craignent qu’il ne meure et ne
veulent pas faire de ce prêtre si populaire, un martyr. Placé en isolement
solitaire dans l’abbaye bénédictine d’Ettal, délivré par les soldats états-
uniens en mai 1945.
Léon-Paul Fargue
(1876-1947), poète et écrivain français. N’est reconnu par son père
que tardivement : cette circonstance influe notablement sur son
existence et peut être à l'origine de sa mélancolie chronique et de sa
sensibilité exacerbée. Déçoit les attentes de sa famille qui le souhaitait
normalien en choisissant la poésie, tout en étant sensible à la peinture et
au piano.
S'exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un
langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples,
parfois cocasses, plus rarement onirique. Parisien amoureux de sa ville
écrit aussi la solitude oppressante noyée dans la nuit et l'alcool.
« Discerner le murmure des mémoires, le murmure de l'herbe, le
murmure des gonds. Il s'agit de devenir silencieux pour que le silence
nous livre ses mélodies. »
« J'appelle ‘bourgeois’ quiconque renonce à soi-même, au combat et
à l'amour, pour sa réussite. »
« La poésie est cette vie de secours où l’on apprend à s’évader des
conditions du réel, pour y revenir en force et le faire prisonnier. »
« Je parle et j’écris pour tous ceux qui marchent comme moi,
courbés dans leur vie. »
Hermann Hesse
(1877-1962), romancier, poète, peintre et essayiste allemand.
Fils de missionnaires qui le destinent à devenir pasteur, s’enfuit en
1892 du couvent de Maulbronn et se forme seul tout en exerçant
divers métiers. S’établit en Suisse en 1899 et publie ses premières
œuvres.
Un des rares intellectuels européens à comprendre la monstruo-
sité de la 1ère Guerre mondiale, l’abjection de la haine nationaliste et
les impostures de la propagande. Obtient la nationalité suisse en
1924. En 1932, s'exprime pour les auteurs - juifs ou non - pourchassés
par les nazis.
Écrivain des déchirements de l’existence humaine, aspire à une
civilisation où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité.
Prix Nobel de littérature en 1946.
« Nos maîtres nous enseignaient pourtant, dans cette discipline si
amusante nommée histoire, que le monde a toujours été gouverné et
transformé par des hommes qui s’étaient donné une loi personnelle
après avoir rompu avec la tradition. »
../..
Hermann Hesse
« Le vrai protestant se défend contre sa propre Église aussi
bien que contre les autres, car sa mentalité lui fait préférer l’évolution à
la stagnation. Et, dans ce sens, je pense que Bouddha était, lui aussi,
un protestant ».
« Rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et
d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet
optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer
généreusement le médiocre, le normal, le passable. »
À propos du possédant et du sédentaire : « car il est tant de
choses qu’il ne veut pas qu’on lui rappelle : l’instabilité de toute
existence, l’incessante décomposition de toute vie, la mort glacée et
inexorable dans laquelle baigne l’univers. »
« Voilà longtemps que nous avons perdu le paradis, et le
paradis nouveau dont nous rêvons ou que nous voulons édifier ne se
trouvera pas sur l’équateur ni au bord des mers chaudes d’Orient : il
est en nous et dans notre avenir d’hommes du Nord. » ../..
Hermann Hesse
« Il fallait continuer à fixer le chaos avec l’espoir tantôt s’allumant,
tantôt s’éteignant, de trouver au-delà de ce chaos la nature de
l’innocence. Chaque homme éveillé à sa pleine conscience doit suivre
au moins une fois ce sentier désertique, mais ce serait peine perdue
que d’en parler à d’autres. »
« Et pourtant toute notre vie n’avait un sens que si l’on parvenait à
mener à la fois ces deux existences : Créer sans payer cette création
du prix de sa vie ! Vivre sans pour cela renoncer au noble destin du
créateur ! »
« Là où nous passons de la puissance à l’acte, de la possibilité à
la réalisation, nous avons part à l’être véritable, nous nous rapprochons
d’un pas du divin et de la perfection. Se réaliser, c’est cela. Tu dois
connaître par ta propre expérience ce processus. »
« La seule paix qui soit est celle qu’il faut conquérir toujours et
toujours par un incessant combat et reconquérir sans cesse. Tu ne vois
pas ma lutte, tu ne connais ni mes combats dans mes études, ni mes
combats dans ma cellule quand je suis en prières. » ../..
Hermann Hesse
« Beaucoup d'entre nous pensent que tenir le coup nous rend
plus fort ; mais parfois c'est le fait de lâcher prise. »
« Je connais bien le sentiment de tristesse qu'inspire la
précarité de toute chose, je l'éprouve à chaque fois qu'une fleur se fane.
Mais il s'agit là d'une tristesse sans désespoir. »
« L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il
est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de
souffrir et de supporter. »
« Dans ce jardin de la vieillesse s'épanouissent les fleurs que
nous aurions à peine songé cultiver autrefois. Ici fleurit la patience, une
plante noble. Nous devenons paisibles, tolérants, et plus notre désir
d'intervenir, d'agir diminue, plus nous voyons croître notre capacité à
observer, à écouter la nature aussi bien que les hommes. »
Jules Isaac
(1877-1963), historien français issu d’une famille juive. Agrégé et
professeur d’histoire, auteur, à la suite d'Albert Malet, des célèbres manuels
d'histoire Malet-Isaac en 7 volumes. Ami de Charles Péguy, membre de la
‘Ligue des droits de l'homme et du citoyen’, puis du ‘Comité de vigilance des
intellectuels antifascistes’, s'engage en faveur d'une meilleure
compréhension entre Français et Allemands, et milite en particulier pour une
révision des manuels scolaires. Âgé de 63 ans en 1940, est révoqué en
vertu du statut discriminatoire des Juifs.
Pionnier des ‘Amitiés judéo-chrétiennes’, notamment à travers sa
participation active aux travaux de la conférence de Seelisberg (été 1947,
photo du haut) qui étudie les causes de l’antisémitisme chrétien, propose avec
le grand rabbin Kaplan 18 points de redressement de l'enseignement
chrétien concernant Israël. En octobre 1949, demande à Pie XII la révision
de la prière universelle du Vendredi saint dont l'oraison Oremus et pro
perfidis Judaeis (« Prions aussi pour les Juifs perfides »).
Cela sera fait en 1959 par son ami Jean XXIII. La déclaration conci-
liaire Nosta Aetate (1965) préparée par le cardinal jésuite Augustin Bea
(1881-1968, photo du bas), bibliste et exégète allemand, affirme : « l’Église (…)
déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme,
qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les
Juifs. »
Muhammad Iqbal
(1877-1939) poète, philosophe et juriste musulman, indien puis
pakistanais. Séjour de 3 ans en Europe (Cambridge, Allemagne),
rencontre Bergson et Massignon.
Reconstruit la pensée religieuse dans une optique dynamique
créatrice et heureuse, défendant la nécessité de l'ijtihad (effort
d'interprétation) et d'adapter l’islam aux contextes présents. Met en
parallèle la pensée de différents penseurs musulmans et occiden-
taux, fait découvrir la grandeur de la philosophie musulmane active.
Combat la pauvreté, le défaitisme, la fatalité, l’esclavage des
peuples et le racisme. Sa vie est jalonnée de discours et de déclara-
tions dans lesquels transparaît un soufisme actif et dynamique,
orienté vers le progrès et la science.
À la fin de sa vie, "se fourvoie en politique"*, et, élu à
l’assemblée législative du Pendjab, contribue par son influence à la
naissance de la République musulmane du Pakistan.
Le but principal du Coran est « d’éveiller en l’homme une
conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et
l’univers. »
« Le Coran n’est pas un code légal. »
* selon l’expression d’Abdennour Bidar
Edgar Cayce
(1877-1945), médium, guérisseur et mystique étatsunien. Homme très
simple, peu instruit. Ses dons lui seraient venus, à 5 ans, après une maladie
qui l'aurait plongé dans le coma. Baptisé à 13 ans, fait une expérience
mystique de la vision d'un ange.
Appelé "Sleeping Prophet" (prophète dormant), manifeste des
capacités de clairvoyance, livre plus de 14 000 messages en transe par
autohypnose. Lors de ‘lectures’ (readings), répond à des questions relatives
à un individu. Ces lectures concernent, au début, la santé physique. Les
conseils se diversifient et portent par la suite sur l'interprétation des rêves,
les phénomènes psychiques, la santé mentale, la méditation, la prière, le
développement spirituel, la vie professionnelle, les vies antérieures et
l'Atlantide.
Toute sa vie, membre des ‘Disciples du Christ’ (Église protestante). Les
chrétiens classiques ont critiqué ses prises de position théologiques, con-
cernant notamment la réincarnation et les archives akashiques.
L’Association for Research and Enlightenment-ARE (’Association pour la
recherche et l'enseignement spirituel’), basée à Virginia Beach, promeut ses
travaux et conserve toutes ses lectures.
Piotr Ouspenski
(1878-1947), philosophe et ésotériste russe. Étudie le mysticisme
et l’ésotérisme, visite Constantinople, Smyrne, la Grèce, l’Égypte,
Ceylan et l’Inde, à la recherche du miraculeux et « d’une route
entièrement nouvelle ». En 1907, découvre la littérature théosophique
interdite en Russie.
Rencontre Georges Gurdjieff en 1915, devient pendant 10 ans le
principal propagateur de ses enseignements.
Utilise la géométrie dans ses réflexions sur la psychologie et les
« dimensions supérieures » de l'existence, crée un petit groupe
d’étudiants à Londres, Prenant ses distances avec Gurdjieff, fonde
l’Historico-Psychological Society. De 1941 à 1946, organise à New York
des réunions qui attirent du monde.
À la fin de sa vie, réalise qu’au niveau visible son travail n’a pu
déboucher ni sur la fondation d’une École, ni sur une connexion avec la
‘Source’, abandonne la ‘Quatrième voie’ et laisse ses étudiants libres
de poursuivre leur recherche, de la façon et dans la direction qui leur
semblerait la meilleure.
« Sans efforts l'évolution est impossible, et sans aide elle l'est
tout autant. »
Martin Buber
(1878-1965) philosophe, conteur et pédagogue autrichien
d’origine juive, puis israélien.
Études à Vienne. Avec Franz Rosenzweig (1885-1929),
traduit la bible hébraïque en allemand. De 1924 à 1933,
enseigne la philosophie religieuse juive à l‘’Université J.- W.
Goethe’ de Frankfurt. Fuit le nazisme en 1938.
Professeur d'anthropologie et de sociologie à l‘’Université
hébraïque de Jérusalem’. Membre du parti ‘Yi'hud’ (L’Union),
travaille à une meilleure entente entre Israéliens et Arabes, se
fait l'apôtre d'un État binational et démocratique en Palestine.
Après la 2ème Guerre mondiale, tournée de conférences
en Europe et aux États-Unis, esquisse un rapprochement avec
les intellectuels allemands. Crée à Jérusalem, en 1949, l‘’École
de formation d'éducateurs d'adultes’.
../..
Martin Buber
« Toute vie réelle est rencontre » : le dialogue repose sur la
réciprocité et la responsabilité, laquelle existe uniquement là où il y a
réponse réelle à la voix humaine. Dialoguer avec l'autre, c'est affronter
sa réalité et l'assumer dans la vie vécue.
« Au commencement est la relation ». L'être humain est par
essence un homo dialogus, la personne est incapable de se réaliser
sans communier avec l'humanité, avec la création et avec le
Créateur. Qui se soucie de sa propre image est absolument incapable
d'écouter ses frères humains.
«Ce que la Bible nous enseigne avec tant de simplicité et de
force, et qui ne peut s'apprendre dans aucun autre livre, c'est qu'il y a
la vérité et le mensonge, et que l'existence humaine se tient
inexorablement du côté de la vérité; c'est qu'il y a la justice et
l'injustice, et que le salut de l'humanité réside dans le choix de la
justice et le rejet de l'injustice».
../..
Martin Buber
« Il incombe à chacun de bien savoir vers quelle voie le
pousse son cœur et d’embrasser alors celle-ci en y mettant toutes
ses forces. Avec chaque homme vient au monde quelque chose de
nouveau qui n’a pas encore existé, quelque chose d’initial et d’unique.
C’est avant tout cette qualité unique et exceptionnelle que chacun est
commis à développer et à mettre en œuvre. »
« Certes nous devons apprendre et respecter, mais jamais
imiter. Ce qui a été fait de saint et de grand est pour nous exemplaire
car il nous montre ce que sont la sainteté et la grandeur, mais il n’y a
pas de modèle à suivre. Si petites que soient nos performances en
comparaison de ce que firent nos ancêtres, elles n’en sont pas moins
importantes car elles reflètent ce que nous avons fait par nos propres
moyens. »
Mirra Alfassa
dite "la Mère" (1878-1973), née à Paris de mère native d’ Égypte
et de père natif de Turquie, tous deux juifs. Se rend en Inde avec son
mari, en 1914, à Pondichéry et rencontre Sri Aurobindo. Avec lui, appelle
"yoga intégral" un chemin de transformation personnelle et de découverte
du divin en soi, y compris dans les cellules de notre corps, pour collaborer
ensuite à la transformation de notre humanité.
Crée en 1951 un Centre international d’éducation, puis en 1968,
près de Pondichéry, une ville internationale, Auroville ("la ville de l’au-
rore"), qui se veut un laboratoire expérimental,« le lieu d'une vie commu-
nautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en
paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions
politiques et nationalités. »
Laisse son journal Prières et méditations, les Entretiens (cau-
series aux membres de l‘ashram). Les 13 tomes de L'Agenda de Mère
recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem (Bernard Enginger)
racontent ce qu'elle nomme « sa percée au cœur de la matière », pour
donner naissance à « l'espèce nouvelle » ou « la vie sans mort ».
« C’est la présence divine qui donne valeur à la vie. Cette
présence est la source de toute paix, de toute joie, de toute sécurité.
Trouve cette présence en toi-même et tes problèmes vont disparaître. »
Photo du bas : vue aérienne d’Auroville
Alfred Döblin
(1878-1957), médecin neurologue et écrivain allemand. Exerce la
profession de médecin à Ratisbonne, Fribourg puis Berlin. Passe la
majeure partie de la Première Guerre mondiale comme médecin militaire
en Alsace-Lorraine.
Écrivain influent dans l'Allemagne de la République de Weimar :
son roman Berlin Alexanderplatz (1929) lui vaut une reconnaissance
mondiale. En 1933, quitte l'Allemagne nazie pour la France, naturalisé
français, puis les États-Unis en 1945. Un des premiers écrivains à rentrer
d'exil, devient inspecteur littéraire de l'administration militaire française,
d'abord à Baden-Baden, puis à Mayence.
Se tourne un temps vers la RDA et entre à l'académie de l'art, qu'il
quitte rapidement à cause du dogmatisme socialiste.
D’origine juive, se convertit au catholicisme en 1941 dans la
cathédrale de Mende. Relate cette conversion dans son récit autobio-
graphique Schicksalsreise ("Voyage et destin"). Dans son livre Der
unsterbliche Mensch (L’homme immortel"), met en scène le dialogue
entre un vieil homme et un jeune catholique. Ces deux figures
représentent l’auteur avant et après sa conversion.
Yaël Hirsch, dans sa thèse parue sous le titre Rester Juif ? (2015) étudie des parcours d’intellectuels juifs
convertis au XXe siècle en Europe de l’Ouest, comme Henri Bergson, Simone Weil, Jean-Marie Lustiger, Max
Jacob, Edith Stein, Hermann Broch, Franz Rosenzweig ou Etty Hillesum,
Clemens August von Galen
(1878-1946). Allemand, évêque de Münster en Westphalie,
surnommé "le lion de Münster" par son opposition au national-
socialisme.
Durant l’été 1941, condamne les brutalités de la Gestapo *,
porte plainte contre les crimes commis dans son diocèse, dénonce
avec force le programme Aktion T4 d’assassinat des personnes
ayant un handicap physique ou mental.
Ses sermons circulent en Allemagne et jusque sur les lignes
de front.
Bormann veut le supprimer, mais Goebbels s’y oppose, car la
population de Westphalie serait perdue pour la durée de la guerre.
En août 1941, Hitler fait interrompre l’élimination des
malades.
* GeStaPo : GeheimeStaatsPolizei, police secrète d’État du régime nazi
C.A. v. G. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence
Ramana Maharsi
(1879-1950), Indien du Tamil Nadu, un des grands maîtres de
l’école philosophique du Védanta.
À 16 ans, saisi par une terreur de mourir, connaît une
expérience mystique, distingue le corps mortel et la conscience
immortelle.
Vit en ermite, devient maître de milliers de disciples.
Exhorte tous ceux qui l’écoutent à se poser inlassablement la
question "Qui suis-je ?"
« Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je
sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la
voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui
transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le
corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis
un esprit immortel ».
Albert Einstein
(1879-1955), physicien théoricien d’origine allemande, issu d’une
famille juive. Publie en 1915 une théorie de la gravitation dite relativité
générale, contribue au développement de la mécanique quantique et de la
cosmologie. Avec Albert lui, ce sont les fondements mêmes de notre
univers, les grandeurs physiques et leurs significations, qui sont décisive-
ment bouleversés : l'espace et le temps fusionnés, combinés avec la
matière elle-même pour constituer une nouvelle géométrie du monde réel.
Émerveillé par la nature, se définit comme "un non-croyant profondé-
ment religieux".
Cherche avec hantise l’unification des champs du savoir humain, la
formule unique qui unifierait la théorie quantique de Planck, de Heisen-
berg, de Bohr, et sa propre théorie de la relativité. Ne s’intéresse pas
seulement à la mise en équation de l’univers : en des moments de total
silence, pratique une contemplation apparentée à la prière.
« Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous
dirai si j’y crois ! »
../..
Voir aussi A. Einstein dans les diaporamas "Chercheurs et acteurs de changement
sociétal" et "Figures de la résistance à l’arme nucléaire".
Albert Einstein
« Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle dans l’harmonie
de tout ce qui existe, mais non en un Dieu qui se préoccuperait du
destin et des actes des humains. »
« Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise
humaine..., mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue. »
« La science sans religion est boiteuse, la religion sans
science est aveugle. »
« La plus belle chose que nous puissions expérimenter est
le mystérieux. C'est la source de tout art et de toute science. »
« La religion du futur sera une religion cosmique. Elle devra
transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le
dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le
spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de
l’expérience de toutes les choses, naturelles et spirituelles,
considérées comme un ensemble sensé.(…) Le bouddhisme
répond à cette description.(…) S’il existe une religion qui pourrait
être en accord avec les impératifs de la science moderne, c’est le
bouddhisme. »
« La valeur d'un homme tient dans sa capacité à donner et
non dans sa capacité à recevoir. »
Alice Bailey
Alice LaTrobe Bateman (1880-1949), écrivain occultiste
britannique. En 1915, entre en contact avec la Theosopical Society
dans laquelle elle s'engage activement. À partir de 1919, dit se trouver
en contact télépathique avec le maître tibétain Djwhal Khul, sous
l'inspiration duquel elle rédige la plupart de ses ouvrages.
Avec son époux, Foster Bailey, et quelques amis, fonde en
1922 sa propre maison d'édition, le Lucis Trust, puis, en 1923, l’Arcane
School, une école d'entrainement spirituel "d'avant-garde". En 1937,
fait connaître au monde une prière ou "mantram" ésotérique, La
Grande Invocation, utilisée aujourd'hui dans le monde entier par de
multiples groupes New Age.
Auteure de plus de 20 d'ouvrages traitant d'occultisme et
d'ésotérisme. Le thème de ses ouvrages consiste en un enseignement
ésotérique autonome, se proposant d'être un complément plus détaillé
et structuré de l'étude des Stances de Dzyan, ouvrage sacré hindou
analysé auparavant par la théosophe Helana Blavatsky dans son
œuvre La Doctrine Secrète.
Par son usage fréquent et précurseur de l'expression New Age
dans ses ouvrages, est souvent présentée comme l'une des fondatri-
ces du mouvement New Age. ../..
Alice Bailey et Djwal Khôl
Le philosophe Michel Lacroix considère qu'Alice Bailey n'a pas
inventé mais plagié le New Age. En effet, dans l'Angleterre de l'après
Édouard VII (1841-1910), naissait sous la direction du socialiste A.R.
Orage une revue intitulée New Age.
Djwal Khôl (appelé aussi "le Tibétain", Djwhal Khôl, Djwal Kûl, ou
souvent D.K.) est dans les milieux liés à la Société théosophique un
maître de sagesse qui a "inspiré" l'œuvre d'Alice Bailey par télépathie. La
réalité historique du personnage n'a jamais été prouvée, elle est souvent
mise en doute. Le psychanalyste Carl Jung, contemporain d'Alice Bailey,
voit en Djwal Khôl une incarnation d'une sorte de surmoi pour l'écrivaine.
Les thèmes abordés dans l’œuvre de Bailey-Khôl sont :
- Le fonctionnement de l'âme (à partir des Yoga Sutras de Patañjali),
- La méditation occulte,
- La réincarnation et la question du Karma,
- L'influence des sept rayons, énergies spirituelles supposées influencer la vie dans
les différents domaines de l'existence : civilisations, nations, règnes de la nature,
psychologie et vie spirituelle de toute entité individualisée, etc.,
- Les centres ou chakras, leurs fonctions, leur évolution.
Paul Couturier
(1881-1953), prêtre français. Professeur de physique à Lyon.
En 1923, vient en aide à des réfugiés qui ont fui la Révolution russe de
1917, apprend à connaître et estimer, à leur contact, le christianisme
orthodoxe. Oblat au prieuré de Chevetogne en Belgique.
En janvier 1933, organise à Lyon 3 jours de prière pour l'unité
des Chrétiens. En 1936, suscite la première rencontre spirituelle
interconfessionnelle à Erlenbach (Suisse alémanique), entre des
pasteurs réformés et des prêtres catholiques. C’est le point de départ
du "Groupe des Dombes", qui réunira ensuite, chaque année, environ
40 théologiens catholiques et protestants, pour un dialogue théologique
œcuménique.
En 1942, publie le premier numéro des Pages Documentaires,
l’ancêtre de la revue Unité chrétienne.
« Accorde-nous de nous rencontrer tous en Toi, afin que, de
nos âmes et de nos lèvres, monte incessamment ta prière pour
l’unité de tous, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. »
Photo du bas : passerelle Paul Couturier sur la Saône à Lyon
Jean Nabert
(1881-1960), philosophe et moraliste français. Agrégé de philoso-
phie. Après avoir enseigné en Bretagne et à Metz, professeur en khâgne
au lycée Henri-IV de 1931 à 1941. Son œuvre est habitée à la fois par
une haute exigence philosophique et par une affirmation éthique qui
rejoint tout lecteur dans son cheminement existentiel. Trace deux
directions, celle d’un idéalisme rigoureux et universel et celle d’un idéa-
lisme incarné et intime, qui nécessite une appropriation de soi.
Représentant de la philosophie réflexive, qui est une réflexion sur
la vie intérieure, fondée sur la productivité de la conscience, dans laquelle
l'esprit est surtout considéré dans ses actes et dans ses productions. Elle
ne cherche pas à énoncer la vérité, mais à donner une signification de
valeur à l’existence.
En 1955, publie son Essai sur le mal où il affronte la question du
mal radical. Développe une philosophie de l'expérience de foi appuyée à
la fois sur le désir d'être et sur l'ouverture au témoignage absolu.
« Il appartient à chacun de nous de reconnaître dans notre existence
le sens particulier que prennent pour nous la pureté, la liberté et l’unité
que nous aspirons à réaliser. »
« Ne faut-il pas renoncer tout d’abord et fondamentalement au dieu
des philosophes pour retrouver le Dieu du message, le Dieu existentiel ?
(…) Il n’y a qu’un Dieu, le Dieu de la religion. »
Pierre Teilhard de Chardin
(1881-1955), jésuite, philosophe, géologue et paléontologue
français. Tout au long de sa vie, essaye de concilier sa foi chrétienne et
la vision du monde donnée par la science.
Fait la description du chemin de l’Être, du divin répandu partout,
observe que cette expérience peut être le fait d’un athée. Annonce la
fécondité spirituelle de la femme du 21ème siècle.
Évincé de sa chaire de géologie à l’’Institut catholique de Paris’,
éloigné de Paris, interdit d’accepter une chaire au ‘Collège de France’.
Mort à New-York à Pâques 1955 sans avoir été reconnu ni réhabilité.
Un monitum de Rome en 1962 demande de retirer ses oeuvres des
séminaires et de s'en méfier. Aura un réel impact sur le concile Vatican II.
Dans l’histoire de l’univers, ajoute aux deux axes de l'infiniment
petit et l'infiniment grand celui de la complexité en organisation
croissante, constatant l'émergence de la spiritualité humaine à son plus
haut degré d'organisation, celle du système nerveux verticalisé. Matière
et esprit ne sont que les deux facettes d’une même réalité. ../..
Pierre Teilhard de Chardin
Emprunte à Vernadsky la notion de "noosphère" pour
conceptualiser une harmonisation des consciences, une « pellicule
de pensée enveloppant la Terre, formée des communications
humaines ».
« Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues,
les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour !
Alors, pour la seconde fois, l’homme aura découvert le feu. »
« Un goût passionné de grandir, d’être, voilà ce qu'il nous
faut. Arrière donc les pusillanimes et les sceptiques, les pessimistes
et les tristes, les fatigués et les immobilistes. La vie est perpétuelle
découverte. La vie est mouvement .»
« Tout ce qui monte converge. »
« Ma foi la plus chère est que quelque chose d'aimant
constitue la nature la plus profonde de l'univers en expansion. »
« Plus nous perdrons pied dans l’avenir mouvant et obscur,
plus nous pénètrerons en Dieu. »
Stefan Zweig
(1881-1942), écrivain, dramaturge, poète, romancier, journaliste et
biographe autrichien, issu d’une famille juive. Étudie la philosophie et
l’histoire de la littérature, parcourt le monde. Jugé inapte au front, enrôlé
en 1914 dans les services des archives militaires. Sauvé de la dépression
par l’opiniâtreté de son maître Romain Rolland dans sa lutte contre la
guerre. Connaît le succès littéraire et la célébrité, parcourt l’Europe,
donne des conférences, préconise l’unification de l’Europe. Influencé par
la psychanalyse de Sigmund Freud dont il est ami. Assemble une collec-
tion inestimable de manuscrits, partitions et autographes.
Fuit le nazisme en fév. 1934, se réfugie à Londres (naturalisé
britannique) puis à New-York, puis au Brésil. Hanté par l'inéluctabilité de
la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de sa compagne Lotte et
moralement détruit par la guerre, décide qu’il ne peut plus continuer à
assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. S’empoisonne avec
Lotte qui refuse de lui survivre.
« Ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. (…) Je
salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue
nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »
Jean XXIII
Angelo Guiseppe Roncalli (1881-1963), Italien, prêtre de
l’Église catholique romaine, délégué apostolique en Bulgarie, Turquie,
nonce en France, puis patriarche de Venise.
Élu pape “de transition” après 10 tours de scrutin infructueux en
octobre 1958. Convoque en janvier 1959 le concile Vatican II qui ouvre
l’Église catholique au monde. “Pour que l’air rentre !” dit-il au cardinal
Roger Etchegaray, en ouvrant la fenêtre de son bureau.
Ce concile - un des rares qui n’ait pas prononcé de condam-
nation - ouvre l’Église catholique au monde moderne et à la culture
contemporaine, admet la liberté religieuse, prend en compte les
progrès technologiques, l'émancipation des peuples et la sécularisation
croissante, définit le rôle des laïcs, ouvre au dialogue oecuménique et
interreligieux, réforme la liturgie qui peut se célébrer en langue locale,
etc.
«Aujourd’hui, plus que jamais, plus que dans les siècles
précédents certainement, nous sommes appelés à servir l’homme
comme tel, et pas seulement les catholiques; à défendre, par dessus
tout et partout, les droits de la personne humaine, et pas seulement
ceux de l’Église catholique.(…) Ce n’est pas que l’Évangile a changé :
c’est que nous avons commencé à mieux le comprendre.» ../..
Jean XXIII
« Nos textes ne sont pas des dépôts sacrés, mais une
fontaine de village.»
« Je suis un homme capable de peu. J’écris très lentement.
Paresseux de nature, je me laisse facilement distraire dans mon
travail.»
« Quand on ne peut utiliser un cheval, un âne peut être
utile ».
Le nonce Roncalli à Édouard Herriot, également corpulent :
“Monsieur le Maire, nous sommes du même arrondissement !”
À un interlocuteur qui le félicite pour sa plume dans une de
ses encycliques, il répond : “Cher Monsieur, ce texte dont vous me
parlez, je l’ai lu !”.
À un journaliste qui lui demande combien de personnes
travaillent au Vatican, il répond malicieusement : “Peut-être la
moitié !”
Certains papes méritent bien leur nom de pontifes*.
*Ponti-fex : bâtisseur de pont (entre les hommes, entre la Terre et le Ciel)
Jacques et Raïssa Maritain
(1882-1973), philosophe français, auteur de 50 ouvrages.
Converti au catholicisme en 1904 après sa rencontre avec Léon Bloy.
La religion imprègne profondément sa philosophie.
Après une phase antimoderniste, où il est proche de l‘’Action
française’, s'en détache et finit par accepter la démocratie et la laïcité
(Humanisme intégral, 1936).
Sa femme Raïssa Oumançoff (1883-1960), immigrée juive
d'origine ukrainienne dont la famille a fui les pogroms, poète et
mystique, est toujours associée à sa recherche passionnée de vérité.
Promettent de se donner la mort s’ils ne trouvent pas de sens à leur
vie. Leur maison de Meudon devient un lieu de rencontre.
Se demande si « la technique de Gandhi", une fois réadaptée,
"ne pourrait pas, comme lui-même l'a souvent déclaré, être appliquée
en Occident comme en Orient, et y renouveler les combats temporels
pour la personne humaine et la liberté".
« L’exemple de Gandhi est propre à nous faire honte. »
Jacques et Raïssa Maritain
« Le religieux parfait prie si bien qu'il ignore qu'il prie. Le
communisme est si profondément une religion - terrestre - qu'il ignore
qu'il est une religion. »
« Non seulement l'état d'esprit démocratique vient de
l'inspiration évangélique, mais il ne peut pas subsister sans elle. »
« Notre affaire est de chercher le positif en toutes choses,
d'user du vrai, moins pour frapper que pour guérir. Il y a si peu
d’amour dans le monde, les cœurs sont si froids, si gelés, même chez
ceux qui ont raison, les seuls qui pourraient aider les autres. Il faut
avoir l’esprit dur et le cœur doux. Sans compter les esprits mous au
cœur sec, le monde n’est presque fait que d’esprits durs au cœur sec
et de cœurs doux à l’esprit mou. »
« La personne humaine, si dépendante qu'elle soit des
moindres accidents de la matière, existe de l'existence même de son
âme, qui domine le temps et la mort. C'est l'esprit qui est la racine de
la personnalité. »
Igor Stravinsky
(1882-1971), compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe
(naturalisé français en 1934, puis états-unien en 1945) de musique
moderne, un des compositeurs les plus influents du 20ème siècle.
Marqué par son apprentissage auprès de Nikolaï Rimski-
Korsakov. Accède à la célébrité par la création de trois ballets dont il
compose la musique pour les Ballets russes de Serge Diaghilev :
L'Oiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et son œuvre maîtresse
Le Sacre du printemps (1913) qui ont une influence considérable sur
la façon d'aborder le rythme en musique classique. On divise son
évolution en 3 périodes : russe, néoclassique et sérielle. Recrée plus
qu'il n'emprunte le matériau folklorique.
Orthodoxe "fanatiquement croyant", dixit la pianiste, chef
d’orchestre et compositrice Nadia Boulanger.
La musique est selon lui destinée à « instituer un ordre dans
les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps
(...). La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit. »
« Pour créer, il faut une force dynamique, et quelle force est
plus puissante que l’amour ? »
Joseph Cardijn
(1882-1967), prêtre catholique. Fils d’ouvrier, fait le serment face
au lit de mort de son père de consacrer sa vie au service de la justice
sociale.
En 1912, vicaire dans une paroisse ouvrière de la banlieue
bruxelloise, réunit sa première équipe de jeunes ouvriers. Adoptant une
méthode simple et originale de "révision de vie" (Voir-juger-agir), les aide à
réfléchir sur leur vie, leurs conditions de travail et surtout à voir comment,
ensemble, ils peuvent remédier aux détresses et aux abus les plus
évidents qu’ils constatent.
Fondateur en 1925 de la "Jeunesse ouvrière chrétienne"
(JOC). Créé cardinal en 1965 par le pape Paul VI. Un des
principaux acteurs de l’engagement social de l’Église catholi-
que au début du 20ème siècle.
« La vie d'un jeune travailleur, d'une jeune travailleuse vaut plus que
tout l'or du monde, car il/elle est fils/fille de Dieu. »
Karl Jaspers
(1883-1969), psychiatre allemand puis, après 40 ans, philosophe
représentatif de l'existentialisme chrétien.
Après avoir épousé une Juive, est destitué de sa chaire par les
nazis. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la
psychologie, la psychiatrie et la philosophie.
Après 1945, prononce à l'Université de Heidelberg une série
célèbre de conférences sur la "culpabilité allemande" face aux crimes
du 3ème Reich :
- La culpabilité criminelle désigne des actes objectivement établis
réprouvés par la morale et punis par la loi.
- La culpabilité politique : un crime reste un crime, même s’il a été
ordonné par l’autorité. Chaque citoyen se trouve responsable des
actes de l’État auquel il appartient.
- La culpabilité morale : chaque individu est coupable chaque fois qu’il
n’a pas agi pour protéger ceux qui étaient menacés, pour diminuer
l’injustice.
../..
Karl Jaspers
- la culpabilité métaphysique : chacun est coresponsable de toute
l’injustice et de tout le mal commis dans le monde : faute d’agir pour
l’éviter, on s’en fait le complice.
S’intéresse dans l’histoire de l’humanité au tournant axial des
religions du salut (judaïsme, christianisme, islam), qui apporte
l’universalisme, l’idée de transcendance et le sens d’un destin au-
delà du monde.
« Faire de la philosophie, c’est être en route ; les questions en
philosophie sont plus essentielles que les réponses. »
« Quand elle est vraiment personnelle et jaillie des origines, la
prière se trouve à la limite de la pensée philosophique, elle devient
philosophie dans l'instant où s'abolit toute relation intéressée avec la
divinité. »
Louis Massignon
(1883-1962), universitaire et islamologue français.
Après une période d’athéisme et d’agnosticisme, se lie d’amitié
avec Charles de Foucauld et retrouve la foi de son enfance. Entre aux
côtés de Lawrence d’Arabie dans Jérusalem libérée de l’occupation
ottomane.
Soutient en 1922 une thèse sur le mystique et martyr soufi
Mansur al-Hallaj, flagellé et crucifié à Bagdad en 922.
Acteur majeur de l’établissement d’un dialogue entre l’islam et
l’Église catholique. S’engage à fond pour la reconnaissance de la
Palestine après 1948.
Président des ‘Amis de Gandhi’, dénonce pendant la guerre
d’Algérie avec Lanza del Vasto, François Mauriac et l’abbé Pierre les
exactions de la France envers les Algériens. Gardé à vue une nuit en
1960, à l’âge de 77 ans.
“À la limite, nous ne vivons pas ici-bas pour conquérir, mais pour
témoigner, et passer à de plus jeunes que nous le témoignage.”
L.M. est aussi dans la trombinoscope de la non-violence
Marie Noël
Marie Rouget (1883-1967, passe toute sa vie à Auxerre),
poétesse française. Amour de jeunesse déçu, attente d’un grand amour
qui ne viendra jamais, mort de son jeune frère un lendemain de Noël
(d’où son pseudonyme), crises de sa foi catholique.
Mystique, passionnée et tourmentée. Dans son poème pour
l'enfant mort, véritable ‟hurlement”, le déchirement entre foi et désespoir
culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti. Grand prix de
poésie de l'Académie française en 1962.
« Tous meurent. Nul ne sait mourir. Mourir est l'ouvrage pour
lequel il n'est ni apprentissage, ni expérience.»
« Dans la plante, les feuilles et les fleurs sont beauté, les fruits,
richesse, mais la racine n’est que force de foi. La racine n’est qu’espé-
rance, montée patiente dans le noir vers le jour qu’elle ne sait pas et
qu’elle ne verra jamais…, vers la fleur qu’elle ne sait pas et que sa nuit
allaite. »
« Il y a dans le catholique un être satisfait, supérieur - celui
qui possède la vérité - plein de sécurité et de certitude. C’est
en quoi je suis mal catholique. »
Kahlil Gibran
(1883-1931), écrivain et poète libanais, séjourne à plusieurs
reprises en Europe et aux États-Unis.
En 1928, à la suite de problèmes de santé, cherche refuge dans
l’alcool, ce qui aggrave son état peu à peu.
Sa mystique est au confluent du christianisme, de l’islam, du
soufisme (le concept d'union avec Dieu et l'unicité de l'existence), des
grandes religions de l’Inde, de la théosophie.
« En vérité, la soif du confort assassine la passion de l’âme et va
en ricanant à son enterrement.»
« Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens. C’est
lorsque vous donnez de vous que vous donnez réellement.»
«Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué, du courage pour
l’âme abattue, de la consolation pour l’âme endeuillée.»
« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles
de l’appel de la Vie à elle-même, ils viennent à travers vous mais non de
vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. »
Gaston Bachelard
(1884-1962), philosophe français des sciences, de la poésie et du
temps. Études de physique, chimie, agrégation de philosophie. Occupe
la chaire d'histoire et de philosophie des sciences à la Sorbonne.
Un des principaux représentants de l'école française d'épistémolo-
gie historique. Interroge les rapports entre la littérature et la science,
c'est-à-dire entre l'imaginaire et la rationalité. Comprend l'imaginaire et
non la perception comme l'origine première de la vie psychique. Il faut
accepter une véritable rupture entre la connaissance sensible et la
connaissance scientifique. À cette unique condition l’homme peut
atteindre « la physique de la sérénité » et devenir un être en harmonie
parfaite avec le cosmos.
Meuble l'espace de symboles au croisement de la science et de la
culture. Classe les inspirations poétiques en quatre catégories, corres-
pondant aux quatre éléments des Anciens et des alchimistes : l'eau, le
feu l'air et la terre.
« L'imagination trouve plus de réalité à ce qui se cache qu'à ce
qui se montre. »
« Devant une flamme, dès qu'on rêve, ce que l'on perçoit n'est
rien au regard de ce qu'on imagine. »
Rudolf Bultmann
(1884-1976), théologien et exégète allemand de tradition
luthérienne, opposé au nazisme. Professeur d'études néotestamen-
taires à Marburg.
Démontre que les caractéristiques des sources chrétiennes ne
sont pas des comptes-rendus journalistiques, ni des documents
historiques, mais des témoignages de foi situés dans le contexte
vivant des communautés chrétiennes primitives.
Développe la démythologisation de l’Évangile, réinterprétation
pour le rendre recevable et compréhensible aux contemporains,
clarifie la véritable intention du mythe, et donc, la véritable intention
du texte.
Construit une nouvelle anthropologie pour un homme mieux à
même de comprendre le sens des Évangiles.
« Un événement historique - la venue et le départ de Jésus, sa
croix - est l'événement eschatologique. Mais pas sa résurrection,
non ! Seule la foi des premiers disciples en sa résurrection peut être
qualifiée d'événement historique. »
Niels Bohr
(1885-1962), physicien danois, professeur à l’université de
Copenhague, père de la mécanique quantique.
Prix Nobel de physique en 1922 "pour ses études de la
structure des atomes et des radiations qui en proviennent".
Pendant la 2ème guerre mondiale, travaille à Los Alamos au
projet de bombe atomique.
Milite ensuite pour une utilisation pacifique de l'énergie
nucléaire.
« Deux sortes de vérités. De l’une sont les propositions si
simples et si claires que la proposition contraire est évidemment
insoutenable. De l’autre, de celle des "vérités profondes", sont les
propositions dont le contraire contient aussi une vérité profonde. »
« Quand un enfant jette sa poupée hors du berceau, Sirius est
ébranlé dans sa trajectoire. »
« Quiconque n'est pas choqué par la théorie quantique ne la
comprend pas. »
David Herbert Lawrence
(1885-1930), écrivain britannique. Auteur de nouvelles, romans,
poèmes, pièces de théâtre, essais, livres de voyage, traductions et lettres.
Professeur à l’université de Nottigham, puis mène une vie d’errance à
travers le monde. Décède à Vence (France).
Dans son sulfureux roman L’Amant de Lady Chatterley (1928), fait le récit de
la relation d’une femme mariée aristocrate et du garde-chasse de son mari, ce
dernier étant impuissant et indifférent, ou comment l'amour ne fait qu'un avec
l'expérience de la transformation.
« Quand l'émerveillement quitte un homme, cet homme est mort. Il
n'est plus alors qu'un insecte.»
« Un homme doit se battre pour ce à quoi il croit, et ensuite il doit
faire confiance à quelque chose qui le dépasse. On ne peut pas s'assurer
sur l'avenir, sauf en faisant confiance à ce que l'on a de meilleur en soi-
même et aux puissances qui vous dépassent. »
« Époque essentiellement tragique que la nôtre : aussi refusons-
nous de la prendre au tragique. (…) L'avenir ne comporte plus de voie
d'accès facile. Mais nous contournons les obstacles, ou nous les
escaladons. Il nous faut vivre, en dépit de tous les ciels qui se sont
écroulés. (…) Le tragique devrait être comme un grand coup de pied
donné au malheur. »
Ernst Bloch
(1885-1977), philosophe allemand issu d’une famille juive. Étudie la
physique, la philosophie, la musique. Penseur de la religion, athée,
intègre le marxisme dans sa philosophie. Un des critiques les plus
corrosifs de la civilisation occidentale.
Manifeste très tôt son intérêt pour les œuvres hétérodoxes. Refuse
le militarisme prussien et la guerre 1914-18 avec ses amis dadaïstes,
passe cette période en Suisse où il publie le journal Die freie Zeitung.
Dénonce le nazisme. Déchu de sa nationalité en 1935, émigre à
Philadelphie, aux États-Unis.
En 1961, refuse le marxisme sclérosé des démocraties populaires,
quitte l’université de Leipzig (Allemagne de l’Est) pour celle de Tübingen
(Allemagne de l’Ouest).
Met l’accent sur le potentiel révolutionnaire de la religion, qui
témoigne du refus du désespoir et anticipe une autre société. Plaide
pour le caractère révolutionnaire du judéo-christianisme.
../..
Ernst Bloch
Pour lui, tout processus de changement sociétal s’accompagne
d’une alliance permanente entre l’imaginaire et le scientifique, l’utopie et
la technique, le rêve et le réel. Si l’engagement pour la transformation de
la société est fondé d’abord sur des objectifs concrets, il a besoin
également du rêve éveillé d’un monde meilleur, sous peine de se couper
des lieux d’apparition du désir même de changement.
Invite au rêve, "ancrage de la conscience anticipatrice". Le rêve
nous révèle l’insoupçonné en nous, exhume notre face d’ombre; mais il
nous fait peur, car nous n’avons pas la maîtrise des multiples forces qui
travaillent en nous.
« Nous n’avons pas d’assurance, nous n’avons que l’espoir. »
« L’homme est quelque chose qui reste encore à découvrir »
« Joyeux Noël ! Mais pensez-y : l’Avent dure toujours… »
René Guénon
(1886-1951), philosophe et métaphysicien français, érudit
franc-maçon, spécialiste de l’ésotérisme, du symbolisme et de
l’étude comparée des religions.
Après un passage dans les milieux occultistes, propose une
réfutation globale des thèses réincarnationnistes dans son ouvrage
L'Erreur spirite.
Naturalisé Égyptien en 1949, sous le nom d’Abd al-Wâhid
Yahyâ, auteur de 27 titres dont 10 posthumes.
Son œuvre se divise en 4 axes :
- exposé de principes métaphysiques;
- études sur le symbolisme;
- études sur l’initiation;
- critique du monde moderne.
"Modifier la mentalité d'un milieu est le seul moyen d'y produire,
même socialement, un changement profond et durable, et vouloir
commencer par les conséquences est une méthode éminemment
illogique, qui n'est digne que de l'agitation impatiente et stérile des
Occidentaux actuels ».
Karl Barth
(1886-1968), théologien et pasteur protestant suisse, une des
personnalités majeures de la théologie chrétienne du 20ème siècle.
Toute son œuvre est une protestation contre les tentatives
humaines (politiques, morales, religieuses et même théologiques) pour
instrumentaliser Dieu en l'identifiant à une cause ou à une doctrine.
Affirme l'altérité radicale de Dieu, qui est libre à l'égard de tout ce
que l'on peut en dire ou en faire dans les Églises ou les doctrines.
En 1934, principal auteur de la "Déclaration théologique de
Barmen", texte fondamental d'opposition chrétienne à l'idéologie nazie.
À la fin de sa vie, participe à la lutte contre la prolifération des
armements atomiques.
« Nous devons savoir à la fois que nous devons parler de Dieu et
que nous ne le pouvons pas. »
« S'il y a bien un athéisme de l'homme, un homme sans Dieu, il n'y
a pas de Dieu sans l'homme. »
Paul Tillich
(1886-1965), écrivain allemand, philosophe et théologien protestant.
Chassé de l'Université en 1933 pour avoir pris la défense d'étudiants
juifs molestés par les nazis, s'exile aux États-Unis. En 1961, cofonda-
teur de la Society for the Arts, Religion and Contemporary Culture.
Pour lui, la foi n’est ni une connaissance, ni un sentiment, ni une
tranquillité. Elle est une question et une recherche, celle du sens ultime
de notre existence et du monde. Elle n’élimine pas le doute, elle l’inclut
et l’affronte constamment. Elle s’exprime dans des symboles qui devien-
nent idolâtres si on les prend à la lettre. Dieu est toujours "au-dessus de
Dieu", c’est-à-dire au-dessus de ce que nous en disons, au-dessus
même du nom par lequel le désignons. Propose de ne plus parler de
"Dieu", mais de "la profondeur de l’être".
Selon lui, la question centrale de toute quête philosophique revient
toujours à la question de l'être : que signifie être, exister, être un être
humain fini ?
Énumère les 3 angoisses fondamentales de l’homme : 1) la peur
de mourir (plan physique); 2) la culpabilité (plan moral); 3) l’absurde,
l’inquiétude au sujet de l’orientation de sa propre vie (plan spirituel).
../..
Paul Tillich
Affirme que l’amour de Dieu pour l’homme est le fondement premier
ou ultime du courage d’être. Il faut penser Dieu non pas comme extérieur
à nous ni comme identique à nous, mais comme cette puissance d’être,
cette puissance pour la vie qui nous habite et agit en nous sans se con-
fondre avec nous.
La vie demande toujours du courage et le courage est toujours une
foi. Si le courage se rencontre parfois dans des circonstances exception-
nelles (l’héroïsme), il se déploie d’abord et surtout dans le quotidien, dans
l’ordinaire de l’existence. La foi - pas forcément religieuse, mais foi en
des valeurs, en la vie - est le courage d’être et de vivre.
Le courage, l’affirmation de soi qu’implique chaque moment de notre
existence, implique une transcendance, puisque sa source ne se situe ni
dans le monde ni en nous. Tillich nous invite à nous étonner du banal et à
développer une spiritualité du quotidien. ../..
Photos : Le transi ( = le trépassé), sculpture du squelette de René de Chalon, prince d’Orange, par
Ligier Richier (1547, église St Étienne de Bar-le-Duc). Le squelette, le bras tendu vers le ciel,
présente dans sa main son cœur saignant à Dieu. Cette sculpture évoque l’angoisse, la révolte, le
questionnement de l’être humain face à la mort et sa mise en accusation de Dieu.
Paul Tillich
« Tout le monde a la préoccupation de l’ultime, et cette préoccupation
existe dans un acte de foi, même si l'acte de foi inclut le refus de Dieu. Là
où il y a la préoccupation de l’ultime, Dieu ne peut être refusé que dans le
nom de Dieu. »
« Le penchant naturel vers la sécurité, la perfection et la certitude (…)
est biologiquement nécessaire, mais il devient un facteur de destruction
biologique s’il nous fait éviter tout risque d’insécurité, d’imperfection et
d’incertitude. »
« Les dangers qui accompagnent le changement, le caractère
inconnu des choses qui arrivent, l’obscurité de l’avenir, tout cela contribue à
faire de l’homme moyen un défenseur fanatique de l’ordre établi. »
« L’acte d’accepter l’absence de sens est en lui-même un acte plein
de sens : il est un acte de foi. Celui qui possède le courage d’affirmer son
être en dépit des angoisses du destin (…) ne les a pas supprimées : il
demeure sous leur menace et il subit leurs coups. (…) La foi qui crée le
courage de les intégrer n’a pas de contenu spécifique : c’est la foi, tout
simplement, sans direction précise, absolue. »
Prosper Monier
(1886-1977), jésuite français. Suit les cours de l’’École Biblique de
Jérusalem’ qui vient d’être fondée par le Père Lagrange.
Renonce à une carrière de professeur d’Écriture sainte, ne pouvant
supporter, dans l’atmosphère de conservatisme catholique de l’époque, de
devoir voiler sa pensée en enseignant une religion conventionnelle.
Aumônier d’étudiants en France et en Afrique du Nord, communique
sa flamme et sa parole libérée et libératrice à de jeunes auditeurs assoiffés
de spiritualité ouverte et vivante, prêche ensuite des retraites.
S’engage de 1958 à 1970 dans le projet ‘Air et Vie’ à Marmoutier
(Bas-Rhin), petite structure d’accueil sans étiquette religieuse mais ouverte
au tout venant, avec essentiellement un climat de convivialité.
Aime à surprendre en disant que le christianisme n’est pas
fondamentalement une "religion" (au sens d’un système de normes et de
pratiques religieuses), mais une "relation" personnelle à Dieu. Porte une
parole libératrice des peurs (de l’enfer, du péché …) , des interdits, des
contraintes formalistes et des attentes de récompense "donnant-donnant",
dont le rapport de l’homme à Dieu est trop souvent perverti. La profondeur
de sa réflexion théologique et spirituelle se double d’une acuité sur les
petites choses, d’un enthousiasme ancré dans le quotidien le plus
ordinaire.
Jean Flory
(1886-1949) prêtre catholique français, Résistant et
pédagogue. Adolescent, milite à ‘l’Association catholique de la
jeunesse française’. Ordonné en 1911, devient aumônier militaire
dans les Chasseurs alpins de 1914 à 1918. En 1917 à Seppois-le-
Bas, sauve du feu les rouleaux de la Thora de la synagogue
détruite par les bombardements.
De 1937 à 1949, archiprêtre de l’église Saint-Maimbœuf de
Montbéliard. Défie les Allemands à Noël 1942 en rappelant l’origine
juive de Jésus, Marie et Joseph, sur les santons desquels il colle
en effigies des étoiles jaunes.
Lors de la journée des prisonniers de guerre, lit en en chaire
les noms des prisonniers, mais également ceux déportés et des
juifs de Montbéliard déportés par la Gestapo.
Ami du père Pierre Chaillet qu’il a rencontré par l’entre-mise
de son frère aîné Charles Flory, est actif au sein du réseau des
Cahiers du Témoignage chrétien.
Simon Kimbangu
(1887-1951), leader religieux congolais. Né dans le futur Congo
belge, catéchiste à la mission baptiste pour l’ethnie Ba-Kongo. Ouvrier
dans les huileries de Kinshasa vers 1920, est en contact avec des militants
américains anticolonialistes.
Commence son ministère de guérison et de prédication en 1921 à
N’kamba. Réclame et obtient la destruction des fétiches, la proscription de
l’alcool, de la polygamie, des danses collectives éroto-extatiques, de la
sorcellerie, africanise le culte. Préconise la non-violence.
Sa carrière publique ne dure que 6 mois, car son succès dérange les
colonialistes et les missionnaires. Inculpé de sédition, condamné à mort
par un juge militaire belge, peine commuée par le roi Albert 1er en déten-
tion perpétuelle après 120 coups de fouet. Le village de N’kamba est rasé
par les autorités belges.
Meurt après 30 années de prison après avoir partagé ses maigres
rations de nourriture avec d'autres prisonniers.
Son enseignement donnera par la suite naissance à l’Église
kimbanguiste, admise en 1969 au Conseil œcuménique des Églises.
Après s'être organisée et avoir épuré son dogme et sa liturgie, elle perd sa force
novatrice et contestataire et devient un partenaire du nouveau pouvoir zaïrois.
Padre Pio
Francesco Forgione (1887-1968), capucin et prêtre italien. Prend le
nom de Pie (en italien Pio), en hommage au pape Pie V, quand il rejoint
l'ordre des frères mineurs capucins. Infirmier pendant la Première Guerre
mondiale. Expériences de nuit spirituelle et de tentations.
En août 1918, tandis qu'il confesse les jeunes scolastiques de son
couvent, ses mains, ses pieds, sa poitrine sont percés et ruissellent de
sang. Les médecins concluent que « le fait constitue en soi un phéno-
mène que n'est pas capable d'expliquer la seule science humaine ».
Intuition, bon sens, modestie et humour. Des foules viennent à son
monastère de San Giovanni Rotondo pour se confesser : il rappelle
parfois lui-même aux pénitents des fautes qu'ils ont oubliées.
Ouvre en 1944 un hôpital appelé la Casa Sollievo della Sofferenza,
puis des groupes de prière. Canonisé par Jean-Paul II en 2002.
« Quand une prophétie vient de Dieu, elle ne parle que d’amour et
de miséricorde ».
Swami Shivananda Saraswati
(1887-1963), maître spirituel hindou enseignant du yoga et du
vedānta. Médecin et directeur d’hôpital en Malaisie, renonce au monde
et commence une vie monastique en 1923.
Fonde en 1936 la Divine Life Society ("La Société de la vie
divine"), qui œuvre à la paix et la formation de citoyens pratiquant un
yoga intégral.
Précurseur de l'ouverture de l'hindouisme aux occidentaux sur la
base d'un principe : "Servir, aimer, purifier, donner, méditer et réaliser".
Auteur de 296 livres, fondateur d’un ashram près de la ville de
Rishikesh ("la demeure des sages") au bord du Gange et d’une
pharmacie ayurvédique.
« Le yoga est une aide à la pratique des vérités spirituelles de
base dans toutes les religions. Le yoga peut être pratiqué par un
chrétien ou un bouddhiste, un musulman, un soufi ou un athée.
Le yoga est union avec Dieu, union avec tous.»
Marc Chagall
(1887-1985) Moïche Zakharovitch Chagalov, peintre né d’une
famille juive en en Biélorussie (alors intégrée à la Russie tsariste).
Études à Saint Pétersbourg, travaille à Paris, Vitesbsk, Moscou,
Berlin puis Paris, naturalisé français en 1937.
Ivre d'images, de sentiments et d'idées, exprime l'irruption de
l'imaginaire et des passions dans le monde quotidien des objets
familiers.
Son œuvre chromatiste onirique, (peintures, gravures,
mosaïques, vitraux) inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl
(village juif en Europe de l'Est) et le folklore russe, présente des
caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme.
« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant
la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. » ■

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  • 2. Rupert Mayer (1876-1945), prêtre jésuite allemand. Étudie philosophie, théologie et histoire à Fribourg (Suisse), Munich et Tübingen. Ordonné prêtre en 1899 à Rottenburg. De 1906 à 1911, donne des missions populaires dans différen- tes régions d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche. En 1912, nommé à Munich pour venir en aide matériellement et spirituellement aux immigrants, met sur pied plusieurs organisations sociales. En 1914, fonde une congrégation religieuse féminine, les 'Sœurs de la Sainte famille‘. Aumônier volontaire dans l’armée pendant la 1ère Guerre mondiale, amputé de la jambe gauche. Après la guerre, donne 70 enseignements par mois, introduit une Eucharistie dominicale à la gare principale de Munich pour satisfaire les voyageurs. Opposé à l’idéologie nationale-socialiste dès les premières années, figure de proue de la résistance catholique au nazisme, dénonce la persé- cution envers les religions et la haine raciale. Arrêté trois fois par la Gestapo entre 1937 et 1939, envoyé au camp de concentration d’Oranienburg- Sachsenhausen, près de Berlin. Après 7 mois, sa santé se détériore tellement que les responsables du camp craignent qu’il ne meure et ne veulent pas faire de ce prêtre si populaire, un martyr. Placé en isolement solitaire dans l’abbaye bénédictine d’Ettal, délivré par les soldats états- uniens en mai 1945.
  • 3. Léon-Paul Fargue (1876-1947), poète et écrivain français. N’est reconnu par son père que tardivement : cette circonstance influe notablement sur son existence et peut être à l'origine de sa mélancolie chronique et de sa sensibilité exacerbée. Déçoit les attentes de sa famille qui le souhaitait normalien en choisissant la poésie, tout en étant sensible à la peinture et au piano. S'exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples, parfois cocasses, plus rarement onirique. Parisien amoureux de sa ville écrit aussi la solitude oppressante noyée dans la nuit et l'alcool. « Discerner le murmure des mémoires, le murmure de l'herbe, le murmure des gonds. Il s'agit de devenir silencieux pour que le silence nous livre ses mélodies. » « J'appelle ‘bourgeois’ quiconque renonce à soi-même, au combat et à l'amour, pour sa réussite. » « La poésie est cette vie de secours où l’on apprend à s’évader des conditions du réel, pour y revenir en force et le faire prisonnier. » « Je parle et j’écris pour tous ceux qui marchent comme moi, courbés dans leur vie. »
  • 4. Hermann Hesse (1877-1962), romancier, poète, peintre et essayiste allemand. Fils de missionnaires qui le destinent à devenir pasteur, s’enfuit en 1892 du couvent de Maulbronn et se forme seul tout en exerçant divers métiers. S’établit en Suisse en 1899 et publie ses premières œuvres. Un des rares intellectuels européens à comprendre la monstruo- sité de la 1ère Guerre mondiale, l’abjection de la haine nationaliste et les impostures de la propagande. Obtient la nationalité suisse en 1924. En 1932, s'exprime pour les auteurs - juifs ou non - pourchassés par les nazis. Écrivain des déchirements de l’existence humaine, aspire à une civilisation où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité. Prix Nobel de littérature en 1946. « Nos maîtres nous enseignaient pourtant, dans cette discipline si amusante nommée histoire, que le monde a toujours été gouverné et transformé par des hommes qui s’étaient donné une loi personnelle après avoir rompu avec la tradition. » ../..
  • 5. Hermann Hesse « Le vrai protestant se défend contre sa propre Église aussi bien que contre les autres, car sa mentalité lui fait préférer l’évolution à la stagnation. Et, dans ce sens, je pense que Bouddha était, lui aussi, un protestant ». « Rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable. » À propos du possédant et du sédentaire : « car il est tant de choses qu’il ne veut pas qu’on lui rappelle : l’instabilité de toute existence, l’incessante décomposition de toute vie, la mort glacée et inexorable dans laquelle baigne l’univers. » « Voilà longtemps que nous avons perdu le paradis, et le paradis nouveau dont nous rêvons ou que nous voulons édifier ne se trouvera pas sur l’équateur ni au bord des mers chaudes d’Orient : il est en nous et dans notre avenir d’hommes du Nord. » ../..
  • 6. Hermann Hesse « Il fallait continuer à fixer le chaos avec l’espoir tantôt s’allumant, tantôt s’éteignant, de trouver au-delà de ce chaos la nature de l’innocence. Chaque homme éveillé à sa pleine conscience doit suivre au moins une fois ce sentier désertique, mais ce serait peine perdue que d’en parler à d’autres. » « Et pourtant toute notre vie n’avait un sens que si l’on parvenait à mener à la fois ces deux existences : Créer sans payer cette création du prix de sa vie ! Vivre sans pour cela renoncer au noble destin du créateur ! » « Là où nous passons de la puissance à l’acte, de la possibilité à la réalisation, nous avons part à l’être véritable, nous nous rapprochons d’un pas du divin et de la perfection. Se réaliser, c’est cela. Tu dois connaître par ta propre expérience ce processus. » « La seule paix qui soit est celle qu’il faut conquérir toujours et toujours par un incessant combat et reconquérir sans cesse. Tu ne vois pas ma lutte, tu ne connais ni mes combats dans mes études, ni mes combats dans ma cellule quand je suis en prières. » ../..
  • 7. Hermann Hesse « Beaucoup d'entre nous pensent que tenir le coup nous rend plus fort ; mais parfois c'est le fait de lâcher prise. » « Je connais bien le sentiment de tristesse qu'inspire la précarité de toute chose, je l'éprouve à chaque fois qu'une fleur se fane. Mais il s'agit là d'une tristesse sans désespoir. » « L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter. » « Dans ce jardin de la vieillesse s'épanouissent les fleurs que nous aurions à peine songé cultiver autrefois. Ici fleurit la patience, une plante noble. Nous devenons paisibles, tolérants, et plus notre désir d'intervenir, d'agir diminue, plus nous voyons croître notre capacité à observer, à écouter la nature aussi bien que les hommes. »
  • 8. Jules Isaac (1877-1963), historien français issu d’une famille juive. Agrégé et professeur d’histoire, auteur, à la suite d'Albert Malet, des célèbres manuels d'histoire Malet-Isaac en 7 volumes. Ami de Charles Péguy, membre de la ‘Ligue des droits de l'homme et du citoyen’, puis du ‘Comité de vigilance des intellectuels antifascistes’, s'engage en faveur d'une meilleure compréhension entre Français et Allemands, et milite en particulier pour une révision des manuels scolaires. Âgé de 63 ans en 1940, est révoqué en vertu du statut discriminatoire des Juifs. Pionnier des ‘Amitiés judéo-chrétiennes’, notamment à travers sa participation active aux travaux de la conférence de Seelisberg (été 1947, photo du haut) qui étudie les causes de l’antisémitisme chrétien, propose avec le grand rabbin Kaplan 18 points de redressement de l'enseignement chrétien concernant Israël. En octobre 1949, demande à Pie XII la révision de la prière universelle du Vendredi saint dont l'oraison Oremus et pro perfidis Judaeis (« Prions aussi pour les Juifs perfides »). Cela sera fait en 1959 par son ami Jean XXIII. La déclaration conci- liaire Nosta Aetate (1965) préparée par le cardinal jésuite Augustin Bea (1881-1968, photo du bas), bibliste et exégète allemand, affirme : « l’Église (…) déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs. »
  • 9. Muhammad Iqbal (1877-1939) poète, philosophe et juriste musulman, indien puis pakistanais. Séjour de 3 ans en Europe (Cambridge, Allemagne), rencontre Bergson et Massignon. Reconstruit la pensée religieuse dans une optique dynamique créatrice et heureuse, défendant la nécessité de l'ijtihad (effort d'interprétation) et d'adapter l’islam aux contextes présents. Met en parallèle la pensée de différents penseurs musulmans et occiden- taux, fait découvrir la grandeur de la philosophie musulmane active. Combat la pauvreté, le défaitisme, la fatalité, l’esclavage des peuples et le racisme. Sa vie est jalonnée de discours et de déclara- tions dans lesquels transparaît un soufisme actif et dynamique, orienté vers le progrès et la science. À la fin de sa vie, "se fourvoie en politique"*, et, élu à l’assemblée législative du Pendjab, contribue par son influence à la naissance de la République musulmane du Pakistan. Le but principal du Coran est « d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et l’univers. » « Le Coran n’est pas un code légal. » * selon l’expression d’Abdennour Bidar
  • 10. Edgar Cayce (1877-1945), médium, guérisseur et mystique étatsunien. Homme très simple, peu instruit. Ses dons lui seraient venus, à 5 ans, après une maladie qui l'aurait plongé dans le coma. Baptisé à 13 ans, fait une expérience mystique de la vision d'un ange. Appelé "Sleeping Prophet" (prophète dormant), manifeste des capacités de clairvoyance, livre plus de 14 000 messages en transe par autohypnose. Lors de ‘lectures’ (readings), répond à des questions relatives à un individu. Ces lectures concernent, au début, la santé physique. Les conseils se diversifient et portent par la suite sur l'interprétation des rêves, les phénomènes psychiques, la santé mentale, la méditation, la prière, le développement spirituel, la vie professionnelle, les vies antérieures et l'Atlantide. Toute sa vie, membre des ‘Disciples du Christ’ (Église protestante). Les chrétiens classiques ont critiqué ses prises de position théologiques, con- cernant notamment la réincarnation et les archives akashiques. L’Association for Research and Enlightenment-ARE (’Association pour la recherche et l'enseignement spirituel’), basée à Virginia Beach, promeut ses travaux et conserve toutes ses lectures.
  • 11. Piotr Ouspenski (1878-1947), philosophe et ésotériste russe. Étudie le mysticisme et l’ésotérisme, visite Constantinople, Smyrne, la Grèce, l’Égypte, Ceylan et l’Inde, à la recherche du miraculeux et « d’une route entièrement nouvelle ». En 1907, découvre la littérature théosophique interdite en Russie. Rencontre Georges Gurdjieff en 1915, devient pendant 10 ans le principal propagateur de ses enseignements. Utilise la géométrie dans ses réflexions sur la psychologie et les « dimensions supérieures » de l'existence, crée un petit groupe d’étudiants à Londres, Prenant ses distances avec Gurdjieff, fonde l’Historico-Psychological Society. De 1941 à 1946, organise à New York des réunions qui attirent du monde. À la fin de sa vie, réalise qu’au niveau visible son travail n’a pu déboucher ni sur la fondation d’une École, ni sur une connexion avec la ‘Source’, abandonne la ‘Quatrième voie’ et laisse ses étudiants libres de poursuivre leur recherche, de la façon et dans la direction qui leur semblerait la meilleure. « Sans efforts l'évolution est impossible, et sans aide elle l'est tout autant. »
  • 12. Martin Buber (1878-1965) philosophe, conteur et pédagogue autrichien d’origine juive, puis israélien. Études à Vienne. Avec Franz Rosenzweig (1885-1929), traduit la bible hébraïque en allemand. De 1924 à 1933, enseigne la philosophie religieuse juive à l‘’Université J.- W. Goethe’ de Frankfurt. Fuit le nazisme en 1938. Professeur d'anthropologie et de sociologie à l‘’Université hébraïque de Jérusalem’. Membre du parti ‘Yi'hud’ (L’Union), travaille à une meilleure entente entre Israéliens et Arabes, se fait l'apôtre d'un État binational et démocratique en Palestine. Après la 2ème Guerre mondiale, tournée de conférences en Europe et aux États-Unis, esquisse un rapprochement avec les intellectuels allemands. Crée à Jérusalem, en 1949, l‘’École de formation d'éducateurs d'adultes’. ../..
  • 13. Martin Buber « Toute vie réelle est rencontre » : le dialogue repose sur la réciprocité et la responsabilité, laquelle existe uniquement là où il y a réponse réelle à la voix humaine. Dialoguer avec l'autre, c'est affronter sa réalité et l'assumer dans la vie vécue. « Au commencement est la relation ». L'être humain est par essence un homo dialogus, la personne est incapable de se réaliser sans communier avec l'humanité, avec la création et avec le Créateur. Qui se soucie de sa propre image est absolument incapable d'écouter ses frères humains. «Ce que la Bible nous enseigne avec tant de simplicité et de force, et qui ne peut s'apprendre dans aucun autre livre, c'est qu'il y a la vérité et le mensonge, et que l'existence humaine se tient inexorablement du côté de la vérité; c'est qu'il y a la justice et l'injustice, et que le salut de l'humanité réside dans le choix de la justice et le rejet de l'injustice». ../..
  • 14. Martin Buber « Il incombe à chacun de bien savoir vers quelle voie le pousse son cœur et d’embrasser alors celle-ci en y mettant toutes ses forces. Avec chaque homme vient au monde quelque chose de nouveau qui n’a pas encore existé, quelque chose d’initial et d’unique. C’est avant tout cette qualité unique et exceptionnelle que chacun est commis à développer et à mettre en œuvre. » « Certes nous devons apprendre et respecter, mais jamais imiter. Ce qui a été fait de saint et de grand est pour nous exemplaire car il nous montre ce que sont la sainteté et la grandeur, mais il n’y a pas de modèle à suivre. Si petites que soient nos performances en comparaison de ce que firent nos ancêtres, elles n’en sont pas moins importantes car elles reflètent ce que nous avons fait par nos propres moyens. »
  • 15. Mirra Alfassa dite "la Mère" (1878-1973), née à Paris de mère native d’ Égypte et de père natif de Turquie, tous deux juifs. Se rend en Inde avec son mari, en 1914, à Pondichéry et rencontre Sri Aurobindo. Avec lui, appelle "yoga intégral" un chemin de transformation personnelle et de découverte du divin en soi, y compris dans les cellules de notre corps, pour collaborer ensuite à la transformation de notre humanité. Crée en 1951 un Centre international d’éducation, puis en 1968, près de Pondichéry, une ville internationale, Auroville ("la ville de l’au- rore"), qui se veut un laboratoire expérimental,« le lieu d'une vie commu- nautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités. » Laisse son journal Prières et méditations, les Entretiens (cau- series aux membres de l‘ashram). Les 13 tomes de L'Agenda de Mère recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem (Bernard Enginger) racontent ce qu'elle nomme « sa percée au cœur de la matière », pour donner naissance à « l'espèce nouvelle » ou « la vie sans mort ». « C’est la présence divine qui donne valeur à la vie. Cette présence est la source de toute paix, de toute joie, de toute sécurité. Trouve cette présence en toi-même et tes problèmes vont disparaître. » Photo du bas : vue aérienne d’Auroville
  • 16. Alfred Döblin (1878-1957), médecin neurologue et écrivain allemand. Exerce la profession de médecin à Ratisbonne, Fribourg puis Berlin. Passe la majeure partie de la Première Guerre mondiale comme médecin militaire en Alsace-Lorraine. Écrivain influent dans l'Allemagne de la République de Weimar : son roman Berlin Alexanderplatz (1929) lui vaut une reconnaissance mondiale. En 1933, quitte l'Allemagne nazie pour la France, naturalisé français, puis les États-Unis en 1945. Un des premiers écrivains à rentrer d'exil, devient inspecteur littéraire de l'administration militaire française, d'abord à Baden-Baden, puis à Mayence. Se tourne un temps vers la RDA et entre à l'académie de l'art, qu'il quitte rapidement à cause du dogmatisme socialiste. D’origine juive, se convertit au catholicisme en 1941 dans la cathédrale de Mende. Relate cette conversion dans son récit autobio- graphique Schicksalsreise ("Voyage et destin"). Dans son livre Der unsterbliche Mensch (L’homme immortel"), met en scène le dialogue entre un vieil homme et un jeune catholique. Ces deux figures représentent l’auteur avant et après sa conversion. Yaël Hirsch, dans sa thèse parue sous le titre Rester Juif ? (2015) étudie des parcours d’intellectuels juifs convertis au XXe siècle en Europe de l’Ouest, comme Henri Bergson, Simone Weil, Jean-Marie Lustiger, Max Jacob, Edith Stein, Hermann Broch, Franz Rosenzweig ou Etty Hillesum,
  • 17. Clemens August von Galen (1878-1946). Allemand, évêque de Münster en Westphalie, surnommé "le lion de Münster" par son opposition au national- socialisme. Durant l’été 1941, condamne les brutalités de la Gestapo *, porte plainte contre les crimes commis dans son diocèse, dénonce avec force le programme Aktion T4 d’assassinat des personnes ayant un handicap physique ou mental. Ses sermons circulent en Allemagne et jusque sur les lignes de front. Bormann veut le supprimer, mais Goebbels s’y oppose, car la population de Westphalie serait perdue pour la durée de la guerre. En août 1941, Hitler fait interrompre l’élimination des malades. * GeStaPo : GeheimeStaatsPolizei, police secrète d’État du régime nazi C.A. v. G. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence
  • 18. Ramana Maharsi (1879-1950), Indien du Tamil Nadu, un des grands maîtres de l’école philosophique du Védanta. À 16 ans, saisi par une terreur de mourir, connaît une expérience mystique, distingue le corps mortel et la conscience immortelle. Vit en ermite, devient maître de milliers de disciples. Exhorte tous ceux qui l’écoutent à se poser inlassablement la question "Qui suis-je ?" « Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel ».
  • 19. Albert Einstein (1879-1955), physicien théoricien d’origine allemande, issu d’une famille juive. Publie en 1915 une théorie de la gravitation dite relativité générale, contribue au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie. Avec Albert lui, ce sont les fondements mêmes de notre univers, les grandeurs physiques et leurs significations, qui sont décisive- ment bouleversés : l'espace et le temps fusionnés, combinés avec la matière elle-même pour constituer une nouvelle géométrie du monde réel. Émerveillé par la nature, se définit comme "un non-croyant profondé- ment religieux". Cherche avec hantise l’unification des champs du savoir humain, la formule unique qui unifierait la théorie quantique de Planck, de Heisen- berg, de Bohr, et sa propre théorie de la relativité. Ne s’intéresse pas seulement à la mise en équation de l’univers : en des moments de total silence, pratique une contemplation apparentée à la prière. « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois ! » ../.. Voir aussi A. Einstein dans les diaporamas "Chercheurs et acteurs de changement sociétal" et "Figures de la résistance à l’arme nucléaire".
  • 20. Albert Einstein « Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle dans l’harmonie de tout ce qui existe, mais non en un Dieu qui se préoccuperait du destin et des actes des humains. » « Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine..., mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue. » « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. » « La plus belle chose que nous puissions expérimenter est le mystérieux. C'est la source de tout art et de toute science. » « La religion du futur sera une religion cosmique. Elle devra transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de l’expérience de toutes les choses, naturelles et spirituelles, considérées comme un ensemble sensé.(…) Le bouddhisme répond à cette description.(…) S’il existe une religion qui pourrait être en accord avec les impératifs de la science moderne, c’est le bouddhisme. » « La valeur d'un homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir. »
  • 21. Alice Bailey Alice LaTrobe Bateman (1880-1949), écrivain occultiste britannique. En 1915, entre en contact avec la Theosopical Society dans laquelle elle s'engage activement. À partir de 1919, dit se trouver en contact télépathique avec le maître tibétain Djwhal Khul, sous l'inspiration duquel elle rédige la plupart de ses ouvrages. Avec son époux, Foster Bailey, et quelques amis, fonde en 1922 sa propre maison d'édition, le Lucis Trust, puis, en 1923, l’Arcane School, une école d'entrainement spirituel "d'avant-garde". En 1937, fait connaître au monde une prière ou "mantram" ésotérique, La Grande Invocation, utilisée aujourd'hui dans le monde entier par de multiples groupes New Age. Auteure de plus de 20 d'ouvrages traitant d'occultisme et d'ésotérisme. Le thème de ses ouvrages consiste en un enseignement ésotérique autonome, se proposant d'être un complément plus détaillé et structuré de l'étude des Stances de Dzyan, ouvrage sacré hindou analysé auparavant par la théosophe Helana Blavatsky dans son œuvre La Doctrine Secrète. Par son usage fréquent et précurseur de l'expression New Age dans ses ouvrages, est souvent présentée comme l'une des fondatri- ces du mouvement New Age. ../..
  • 22. Alice Bailey et Djwal Khôl Le philosophe Michel Lacroix considère qu'Alice Bailey n'a pas inventé mais plagié le New Age. En effet, dans l'Angleterre de l'après Édouard VII (1841-1910), naissait sous la direction du socialiste A.R. Orage une revue intitulée New Age. Djwal Khôl (appelé aussi "le Tibétain", Djwhal Khôl, Djwal Kûl, ou souvent D.K.) est dans les milieux liés à la Société théosophique un maître de sagesse qui a "inspiré" l'œuvre d'Alice Bailey par télépathie. La réalité historique du personnage n'a jamais été prouvée, elle est souvent mise en doute. Le psychanalyste Carl Jung, contemporain d'Alice Bailey, voit en Djwal Khôl une incarnation d'une sorte de surmoi pour l'écrivaine. Les thèmes abordés dans l’œuvre de Bailey-Khôl sont : - Le fonctionnement de l'âme (à partir des Yoga Sutras de Patañjali), - La méditation occulte, - La réincarnation et la question du Karma, - L'influence des sept rayons, énergies spirituelles supposées influencer la vie dans les différents domaines de l'existence : civilisations, nations, règnes de la nature, psychologie et vie spirituelle de toute entité individualisée, etc., - Les centres ou chakras, leurs fonctions, leur évolution.
  • 23. Paul Couturier (1881-1953), prêtre français. Professeur de physique à Lyon. En 1923, vient en aide à des réfugiés qui ont fui la Révolution russe de 1917, apprend à connaître et estimer, à leur contact, le christianisme orthodoxe. Oblat au prieuré de Chevetogne en Belgique. En janvier 1933, organise à Lyon 3 jours de prière pour l'unité des Chrétiens. En 1936, suscite la première rencontre spirituelle interconfessionnelle à Erlenbach (Suisse alémanique), entre des pasteurs réformés et des prêtres catholiques. C’est le point de départ du "Groupe des Dombes", qui réunira ensuite, chaque année, environ 40 théologiens catholiques et protestants, pour un dialogue théologique œcuménique. En 1942, publie le premier numéro des Pages Documentaires, l’ancêtre de la revue Unité chrétienne. « Accorde-nous de nous rencontrer tous en Toi, afin que, de nos âmes et de nos lèvres, monte incessamment ta prière pour l’unité de tous, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. » Photo du bas : passerelle Paul Couturier sur la Saône à Lyon
  • 24. Jean Nabert (1881-1960), philosophe et moraliste français. Agrégé de philoso- phie. Après avoir enseigné en Bretagne et à Metz, professeur en khâgne au lycée Henri-IV de 1931 à 1941. Son œuvre est habitée à la fois par une haute exigence philosophique et par une affirmation éthique qui rejoint tout lecteur dans son cheminement existentiel. Trace deux directions, celle d’un idéalisme rigoureux et universel et celle d’un idéa- lisme incarné et intime, qui nécessite une appropriation de soi. Représentant de la philosophie réflexive, qui est une réflexion sur la vie intérieure, fondée sur la productivité de la conscience, dans laquelle l'esprit est surtout considéré dans ses actes et dans ses productions. Elle ne cherche pas à énoncer la vérité, mais à donner une signification de valeur à l’existence. En 1955, publie son Essai sur le mal où il affronte la question du mal radical. Développe une philosophie de l'expérience de foi appuyée à la fois sur le désir d'être et sur l'ouverture au témoignage absolu. « Il appartient à chacun de nous de reconnaître dans notre existence le sens particulier que prennent pour nous la pureté, la liberté et l’unité que nous aspirons à réaliser. » « Ne faut-il pas renoncer tout d’abord et fondamentalement au dieu des philosophes pour retrouver le Dieu du message, le Dieu existentiel ? (…) Il n’y a qu’un Dieu, le Dieu de la religion. »
  • 25. Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), jésuite, philosophe, géologue et paléontologue français. Tout au long de sa vie, essaye de concilier sa foi chrétienne et la vision du monde donnée par la science. Fait la description du chemin de l’Être, du divin répandu partout, observe que cette expérience peut être le fait d’un athée. Annonce la fécondité spirituelle de la femme du 21ème siècle. Évincé de sa chaire de géologie à l’’Institut catholique de Paris’, éloigné de Paris, interdit d’accepter une chaire au ‘Collège de France’. Mort à New-York à Pâques 1955 sans avoir été reconnu ni réhabilité. Un monitum de Rome en 1962 demande de retirer ses oeuvres des séminaires et de s'en méfier. Aura un réel impact sur le concile Vatican II. Dans l’histoire de l’univers, ajoute aux deux axes de l'infiniment petit et l'infiniment grand celui de la complexité en organisation croissante, constatant l'émergence de la spiritualité humaine à son plus haut degré d'organisation, celle du système nerveux verticalisé. Matière et esprit ne sont que les deux facettes d’une même réalité. ../..
  • 26. Pierre Teilhard de Chardin Emprunte à Vernadsky la notion de "noosphère" pour conceptualiser une harmonisation des consciences, une « pellicule de pensée enveloppant la Terre, formée des communications humaines ». « Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour ! Alors, pour la seconde fois, l’homme aura découvert le feu. » « Un goût passionné de grandir, d’être, voilà ce qu'il nous faut. Arrière donc les pusillanimes et les sceptiques, les pessimistes et les tristes, les fatigués et les immobilistes. La vie est perpétuelle découverte. La vie est mouvement .» « Tout ce qui monte converge. » « Ma foi la plus chère est que quelque chose d'aimant constitue la nature la plus profonde de l'univers en expansion. » « Plus nous perdrons pied dans l’avenir mouvant et obscur, plus nous pénètrerons en Dieu. »
  • 27. Stefan Zweig (1881-1942), écrivain, dramaturge, poète, romancier, journaliste et biographe autrichien, issu d’une famille juive. Étudie la philosophie et l’histoire de la littérature, parcourt le monde. Jugé inapte au front, enrôlé en 1914 dans les services des archives militaires. Sauvé de la dépression par l’opiniâtreté de son maître Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre. Connaît le succès littéraire et la célébrité, parcourt l’Europe, donne des conférences, préconise l’unification de l’Europe. Influencé par la psychanalyse de Sigmund Freud dont il est ami. Assemble une collec- tion inestimable de manuscrits, partitions et autographes. Fuit le nazisme en fév. 1934, se réfugie à Londres (naturalisé britannique) puis à New-York, puis au Brésil. Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de sa compagne Lotte et moralement détruit par la guerre, décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. S’empoisonne avec Lotte qui refuse de lui survivre. « Ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. (…) Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »
  • 28. Jean XXIII Angelo Guiseppe Roncalli (1881-1963), Italien, prêtre de l’Église catholique romaine, délégué apostolique en Bulgarie, Turquie, nonce en France, puis patriarche de Venise. Élu pape “de transition” après 10 tours de scrutin infructueux en octobre 1958. Convoque en janvier 1959 le concile Vatican II qui ouvre l’Église catholique au monde. “Pour que l’air rentre !” dit-il au cardinal Roger Etchegaray, en ouvrant la fenêtre de son bureau. Ce concile - un des rares qui n’ait pas prononcé de condam- nation - ouvre l’Église catholique au monde moderne et à la culture contemporaine, admet la liberté religieuse, prend en compte les progrès technologiques, l'émancipation des peuples et la sécularisation croissante, définit le rôle des laïcs, ouvre au dialogue oecuménique et interreligieux, réforme la liturgie qui peut se célébrer en langue locale, etc. «Aujourd’hui, plus que jamais, plus que dans les siècles précédents certainement, nous sommes appelés à servir l’homme comme tel, et pas seulement les catholiques; à défendre, par dessus tout et partout, les droits de la personne humaine, et pas seulement ceux de l’Église catholique.(…) Ce n’est pas que l’Évangile a changé : c’est que nous avons commencé à mieux le comprendre.» ../..
  • 29. Jean XXIII « Nos textes ne sont pas des dépôts sacrés, mais une fontaine de village.» « Je suis un homme capable de peu. J’écris très lentement. Paresseux de nature, je me laisse facilement distraire dans mon travail.» « Quand on ne peut utiliser un cheval, un âne peut être utile ». Le nonce Roncalli à Édouard Herriot, également corpulent : “Monsieur le Maire, nous sommes du même arrondissement !” À un interlocuteur qui le félicite pour sa plume dans une de ses encycliques, il répond : “Cher Monsieur, ce texte dont vous me parlez, je l’ai lu !”. À un journaliste qui lui demande combien de personnes travaillent au Vatican, il répond malicieusement : “Peut-être la moitié !” Certains papes méritent bien leur nom de pontifes*. *Ponti-fex : bâtisseur de pont (entre les hommes, entre la Terre et le Ciel)
  • 30. Jacques et Raïssa Maritain (1882-1973), philosophe français, auteur de 50 ouvrages. Converti au catholicisme en 1904 après sa rencontre avec Léon Bloy. La religion imprègne profondément sa philosophie. Après une phase antimoderniste, où il est proche de l‘’Action française’, s'en détache et finit par accepter la démocratie et la laïcité (Humanisme intégral, 1936). Sa femme Raïssa Oumançoff (1883-1960), immigrée juive d'origine ukrainienne dont la famille a fui les pogroms, poète et mystique, est toujours associée à sa recherche passionnée de vérité. Promettent de se donner la mort s’ils ne trouvent pas de sens à leur vie. Leur maison de Meudon devient un lieu de rencontre. Se demande si « la technique de Gandhi", une fois réadaptée, "ne pourrait pas, comme lui-même l'a souvent déclaré, être appliquée en Occident comme en Orient, et y renouveler les combats temporels pour la personne humaine et la liberté". « L’exemple de Gandhi est propre à nous faire honte. »
  • 31. Jacques et Raïssa Maritain « Le religieux parfait prie si bien qu'il ignore qu'il prie. Le communisme est si profondément une religion - terrestre - qu'il ignore qu'il est une religion. » « Non seulement l'état d'esprit démocratique vient de l'inspiration évangélique, mais il ne peut pas subsister sans elle. » « Notre affaire est de chercher le positif en toutes choses, d'user du vrai, moins pour frapper que pour guérir. Il y a si peu d’amour dans le monde, les cœurs sont si froids, si gelés, même chez ceux qui ont raison, les seuls qui pourraient aider les autres. Il faut avoir l’esprit dur et le cœur doux. Sans compter les esprits mous au cœur sec, le monde n’est presque fait que d’esprits durs au cœur sec et de cœurs doux à l’esprit mou. » « La personne humaine, si dépendante qu'elle soit des moindres accidents de la matière, existe de l'existence même de son âme, qui domine le temps et la mort. C'est l'esprit qui est la racine de la personnalité. »
  • 32. Igor Stravinsky (1882-1971), compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe (naturalisé français en 1934, puis états-unien en 1945) de musique moderne, un des compositeurs les plus influents du 20ème siècle. Marqué par son apprentissage auprès de Nikolaï Rimski- Korsakov. Accède à la célébrité par la création de trois ballets dont il compose la musique pour les Ballets russes de Serge Diaghilev : L'Oiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et son œuvre maîtresse Le Sacre du printemps (1913) qui ont une influence considérable sur la façon d'aborder le rythme en musique classique. On divise son évolution en 3 périodes : russe, néoclassique et sérielle. Recrée plus qu'il n'emprunte le matériau folklorique. Orthodoxe "fanatiquement croyant", dixit la pianiste, chef d’orchestre et compositrice Nadia Boulanger. La musique est selon lui destinée à « instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps (...). La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit. » « Pour créer, il faut une force dynamique, et quelle force est plus puissante que l’amour ? »
  • 33. Joseph Cardijn (1882-1967), prêtre catholique. Fils d’ouvrier, fait le serment face au lit de mort de son père de consacrer sa vie au service de la justice sociale. En 1912, vicaire dans une paroisse ouvrière de la banlieue bruxelloise, réunit sa première équipe de jeunes ouvriers. Adoptant une méthode simple et originale de "révision de vie" (Voir-juger-agir), les aide à réfléchir sur leur vie, leurs conditions de travail et surtout à voir comment, ensemble, ils peuvent remédier aux détresses et aux abus les plus évidents qu’ils constatent. Fondateur en 1925 de la "Jeunesse ouvrière chrétienne" (JOC). Créé cardinal en 1965 par le pape Paul VI. Un des principaux acteurs de l’engagement social de l’Église catholi- que au début du 20ème siècle. « La vie d'un jeune travailleur, d'une jeune travailleuse vaut plus que tout l'or du monde, car il/elle est fils/fille de Dieu. »
  • 34. Karl Jaspers (1883-1969), psychiatre allemand puis, après 40 ans, philosophe représentatif de l'existentialisme chrétien. Après avoir épousé une Juive, est destitué de sa chaire par les nazis. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. Après 1945, prononce à l'Université de Heidelberg une série célèbre de conférences sur la "culpabilité allemande" face aux crimes du 3ème Reich : - La culpabilité criminelle désigne des actes objectivement établis réprouvés par la morale et punis par la loi. - La culpabilité politique : un crime reste un crime, même s’il a été ordonné par l’autorité. Chaque citoyen se trouve responsable des actes de l’État auquel il appartient. - La culpabilité morale : chaque individu est coupable chaque fois qu’il n’a pas agi pour protéger ceux qui étaient menacés, pour diminuer l’injustice. ../..
  • 35. Karl Jaspers - la culpabilité métaphysique : chacun est coresponsable de toute l’injustice et de tout le mal commis dans le monde : faute d’agir pour l’éviter, on s’en fait le complice. S’intéresse dans l’histoire de l’humanité au tournant axial des religions du salut (judaïsme, christianisme, islam), qui apporte l’universalisme, l’idée de transcendance et le sens d’un destin au- delà du monde. « Faire de la philosophie, c’est être en route ; les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses. » « Quand elle est vraiment personnelle et jaillie des origines, la prière se trouve à la limite de la pensée philosophique, elle devient philosophie dans l'instant où s'abolit toute relation intéressée avec la divinité. »
  • 36. Louis Massignon (1883-1962), universitaire et islamologue français. Après une période d’athéisme et d’agnosticisme, se lie d’amitié avec Charles de Foucauld et retrouve la foi de son enfance. Entre aux côtés de Lawrence d’Arabie dans Jérusalem libérée de l’occupation ottomane. Soutient en 1922 une thèse sur le mystique et martyr soufi Mansur al-Hallaj, flagellé et crucifié à Bagdad en 922. Acteur majeur de l’établissement d’un dialogue entre l’islam et l’Église catholique. S’engage à fond pour la reconnaissance de la Palestine après 1948. Président des ‘Amis de Gandhi’, dénonce pendant la guerre d’Algérie avec Lanza del Vasto, François Mauriac et l’abbé Pierre les exactions de la France envers les Algériens. Gardé à vue une nuit en 1960, à l’âge de 77 ans. “À la limite, nous ne vivons pas ici-bas pour conquérir, mais pour témoigner, et passer à de plus jeunes que nous le témoignage.” L.M. est aussi dans la trombinoscope de la non-violence
  • 37. Marie Noël Marie Rouget (1883-1967, passe toute sa vie à Auxerre), poétesse française. Amour de jeunesse déçu, attente d’un grand amour qui ne viendra jamais, mort de son jeune frère un lendemain de Noël (d’où son pseudonyme), crises de sa foi catholique. Mystique, passionnée et tourmentée. Dans son poème pour l'enfant mort, véritable ‟hurlement”, le déchirement entre foi et désespoir culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti. Grand prix de poésie de l'Académie française en 1962. « Tous meurent. Nul ne sait mourir. Mourir est l'ouvrage pour lequel il n'est ni apprentissage, ni expérience.» « Dans la plante, les feuilles et les fleurs sont beauté, les fruits, richesse, mais la racine n’est que force de foi. La racine n’est qu’espé- rance, montée patiente dans le noir vers le jour qu’elle ne sait pas et qu’elle ne verra jamais…, vers la fleur qu’elle ne sait pas et que sa nuit allaite. » « Il y a dans le catholique un être satisfait, supérieur - celui qui possède la vérité - plein de sécurité et de certitude. C’est en quoi je suis mal catholique. »
  • 38. Kahlil Gibran (1883-1931), écrivain et poète libanais, séjourne à plusieurs reprises en Europe et aux États-Unis. En 1928, à la suite de problèmes de santé, cherche refuge dans l’alcool, ce qui aggrave son état peu à peu. Sa mystique est au confluent du christianisme, de l’islam, du soufisme (le concept d'union avec Dieu et l'unicité de l'existence), des grandes religions de l’Inde, de la théosophie. « En vérité, la soif du confort assassine la passion de l’âme et va en ricanant à son enterrement.» « Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens. C’est lorsque vous donnez de vous que vous donnez réellement.» «Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué, du courage pour l’âme abattue, de la consolation pour l’âme endeuillée.» « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. »
  • 39. Gaston Bachelard (1884-1962), philosophe français des sciences, de la poésie et du temps. Études de physique, chimie, agrégation de philosophie. Occupe la chaire d'histoire et de philosophie des sciences à la Sorbonne. Un des principaux représentants de l'école française d'épistémolo- gie historique. Interroge les rapports entre la littérature et la science, c'est-à-dire entre l'imaginaire et la rationalité. Comprend l'imaginaire et non la perception comme l'origine première de la vie psychique. Il faut accepter une véritable rupture entre la connaissance sensible et la connaissance scientifique. À cette unique condition l’homme peut atteindre « la physique de la sérénité » et devenir un être en harmonie parfaite avec le cosmos. Meuble l'espace de symboles au croisement de la science et de la culture. Classe les inspirations poétiques en quatre catégories, corres- pondant aux quatre éléments des Anciens et des alchimistes : l'eau, le feu l'air et la terre. « L'imagination trouve plus de réalité à ce qui se cache qu'à ce qui se montre. » « Devant une flamme, dès qu'on rêve, ce que l'on perçoit n'est rien au regard de ce qu'on imagine. »
  • 40. Rudolf Bultmann (1884-1976), théologien et exégète allemand de tradition luthérienne, opposé au nazisme. Professeur d'études néotestamen- taires à Marburg. Démontre que les caractéristiques des sources chrétiennes ne sont pas des comptes-rendus journalistiques, ni des documents historiques, mais des témoignages de foi situés dans le contexte vivant des communautés chrétiennes primitives. Développe la démythologisation de l’Évangile, réinterprétation pour le rendre recevable et compréhensible aux contemporains, clarifie la véritable intention du mythe, et donc, la véritable intention du texte. Construit une nouvelle anthropologie pour un homme mieux à même de comprendre le sens des Évangiles. « Un événement historique - la venue et le départ de Jésus, sa croix - est l'événement eschatologique. Mais pas sa résurrection, non ! Seule la foi des premiers disciples en sa résurrection peut être qualifiée d'événement historique. »
  • 41. Niels Bohr (1885-1962), physicien danois, professeur à l’université de Copenhague, père de la mécanique quantique. Prix Nobel de physique en 1922 "pour ses études de la structure des atomes et des radiations qui en proviennent". Pendant la 2ème guerre mondiale, travaille à Los Alamos au projet de bombe atomique. Milite ensuite pour une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. « Deux sortes de vérités. De l’une sont les propositions si simples et si claires que la proposition contraire est évidemment insoutenable. De l’autre, de celle des "vérités profondes", sont les propositions dont le contraire contient aussi une vérité profonde. » « Quand un enfant jette sa poupée hors du berceau, Sirius est ébranlé dans sa trajectoire. » « Quiconque n'est pas choqué par la théorie quantique ne la comprend pas. »
  • 42. David Herbert Lawrence (1885-1930), écrivain britannique. Auteur de nouvelles, romans, poèmes, pièces de théâtre, essais, livres de voyage, traductions et lettres. Professeur à l’université de Nottigham, puis mène une vie d’errance à travers le monde. Décède à Vence (France). Dans son sulfureux roman L’Amant de Lady Chatterley (1928), fait le récit de la relation d’une femme mariée aristocrate et du garde-chasse de son mari, ce dernier étant impuissant et indifférent, ou comment l'amour ne fait qu'un avec l'expérience de la transformation. « Quand l'émerveillement quitte un homme, cet homme est mort. Il n'est plus alors qu'un insecte.» « Un homme doit se battre pour ce à quoi il croit, et ensuite il doit faire confiance à quelque chose qui le dépasse. On ne peut pas s'assurer sur l'avenir, sauf en faisant confiance à ce que l'on a de meilleur en soi- même et aux puissances qui vous dépassent. » « Époque essentiellement tragique que la nôtre : aussi refusons- nous de la prendre au tragique. (…) L'avenir ne comporte plus de voie d'accès facile. Mais nous contournons les obstacles, ou nous les escaladons. Il nous faut vivre, en dépit de tous les ciels qui se sont écroulés. (…) Le tragique devrait être comme un grand coup de pied donné au malheur. »
  • 43. Ernst Bloch (1885-1977), philosophe allemand issu d’une famille juive. Étudie la physique, la philosophie, la musique. Penseur de la religion, athée, intègre le marxisme dans sa philosophie. Un des critiques les plus corrosifs de la civilisation occidentale. Manifeste très tôt son intérêt pour les œuvres hétérodoxes. Refuse le militarisme prussien et la guerre 1914-18 avec ses amis dadaïstes, passe cette période en Suisse où il publie le journal Die freie Zeitung. Dénonce le nazisme. Déchu de sa nationalité en 1935, émigre à Philadelphie, aux États-Unis. En 1961, refuse le marxisme sclérosé des démocraties populaires, quitte l’université de Leipzig (Allemagne de l’Est) pour celle de Tübingen (Allemagne de l’Ouest). Met l’accent sur le potentiel révolutionnaire de la religion, qui témoigne du refus du désespoir et anticipe une autre société. Plaide pour le caractère révolutionnaire du judéo-christianisme. ../..
  • 44. Ernst Bloch Pour lui, tout processus de changement sociétal s’accompagne d’une alliance permanente entre l’imaginaire et le scientifique, l’utopie et la technique, le rêve et le réel. Si l’engagement pour la transformation de la société est fondé d’abord sur des objectifs concrets, il a besoin également du rêve éveillé d’un monde meilleur, sous peine de se couper des lieux d’apparition du désir même de changement. Invite au rêve, "ancrage de la conscience anticipatrice". Le rêve nous révèle l’insoupçonné en nous, exhume notre face d’ombre; mais il nous fait peur, car nous n’avons pas la maîtrise des multiples forces qui travaillent en nous. « Nous n’avons pas d’assurance, nous n’avons que l’espoir. » « L’homme est quelque chose qui reste encore à découvrir » « Joyeux Noël ! Mais pensez-y : l’Avent dure toujours… »
  • 45. René Guénon (1886-1951), philosophe et métaphysicien français, érudit franc-maçon, spécialiste de l’ésotérisme, du symbolisme et de l’étude comparée des religions. Après un passage dans les milieux occultistes, propose une réfutation globale des thèses réincarnationnistes dans son ouvrage L'Erreur spirite. Naturalisé Égyptien en 1949, sous le nom d’Abd al-Wâhid Yahyâ, auteur de 27 titres dont 10 posthumes. Son œuvre se divise en 4 axes : - exposé de principes métaphysiques; - études sur le symbolisme; - études sur l’initiation; - critique du monde moderne. "Modifier la mentalité d'un milieu est le seul moyen d'y produire, même socialement, un changement profond et durable, et vouloir commencer par les conséquences est une méthode éminemment illogique, qui n'est digne que de l'agitation impatiente et stérile des Occidentaux actuels ».
  • 46. Karl Barth (1886-1968), théologien et pasteur protestant suisse, une des personnalités majeures de la théologie chrétienne du 20ème siècle. Toute son œuvre est une protestation contre les tentatives humaines (politiques, morales, religieuses et même théologiques) pour instrumentaliser Dieu en l'identifiant à une cause ou à une doctrine. Affirme l'altérité radicale de Dieu, qui est libre à l'égard de tout ce que l'on peut en dire ou en faire dans les Églises ou les doctrines. En 1934, principal auteur de la "Déclaration théologique de Barmen", texte fondamental d'opposition chrétienne à l'idéologie nazie. À la fin de sa vie, participe à la lutte contre la prolifération des armements atomiques. « Nous devons savoir à la fois que nous devons parler de Dieu et que nous ne le pouvons pas. » « S'il y a bien un athéisme de l'homme, un homme sans Dieu, il n'y a pas de Dieu sans l'homme. »
  • 47. Paul Tillich (1886-1965), écrivain allemand, philosophe et théologien protestant. Chassé de l'Université en 1933 pour avoir pris la défense d'étudiants juifs molestés par les nazis, s'exile aux États-Unis. En 1961, cofonda- teur de la Society for the Arts, Religion and Contemporary Culture. Pour lui, la foi n’est ni une connaissance, ni un sentiment, ni une tranquillité. Elle est une question et une recherche, celle du sens ultime de notre existence et du monde. Elle n’élimine pas le doute, elle l’inclut et l’affronte constamment. Elle s’exprime dans des symboles qui devien- nent idolâtres si on les prend à la lettre. Dieu est toujours "au-dessus de Dieu", c’est-à-dire au-dessus de ce que nous en disons, au-dessus même du nom par lequel le désignons. Propose de ne plus parler de "Dieu", mais de "la profondeur de l’être". Selon lui, la question centrale de toute quête philosophique revient toujours à la question de l'être : que signifie être, exister, être un être humain fini ? Énumère les 3 angoisses fondamentales de l’homme : 1) la peur de mourir (plan physique); 2) la culpabilité (plan moral); 3) l’absurde, l’inquiétude au sujet de l’orientation de sa propre vie (plan spirituel). ../..
  • 48. Paul Tillich Affirme que l’amour de Dieu pour l’homme est le fondement premier ou ultime du courage d’être. Il faut penser Dieu non pas comme extérieur à nous ni comme identique à nous, mais comme cette puissance d’être, cette puissance pour la vie qui nous habite et agit en nous sans se con- fondre avec nous. La vie demande toujours du courage et le courage est toujours une foi. Si le courage se rencontre parfois dans des circonstances exception- nelles (l’héroïsme), il se déploie d’abord et surtout dans le quotidien, dans l’ordinaire de l’existence. La foi - pas forcément religieuse, mais foi en des valeurs, en la vie - est le courage d’être et de vivre. Le courage, l’affirmation de soi qu’implique chaque moment de notre existence, implique une transcendance, puisque sa source ne se situe ni dans le monde ni en nous. Tillich nous invite à nous étonner du banal et à développer une spiritualité du quotidien. ../.. Photos : Le transi ( = le trépassé), sculpture du squelette de René de Chalon, prince d’Orange, par Ligier Richier (1547, église St Étienne de Bar-le-Duc). Le squelette, le bras tendu vers le ciel, présente dans sa main son cœur saignant à Dieu. Cette sculpture évoque l’angoisse, la révolte, le questionnement de l’être humain face à la mort et sa mise en accusation de Dieu.
  • 49. Paul Tillich « Tout le monde a la préoccupation de l’ultime, et cette préoccupation existe dans un acte de foi, même si l'acte de foi inclut le refus de Dieu. Là où il y a la préoccupation de l’ultime, Dieu ne peut être refusé que dans le nom de Dieu. » « Le penchant naturel vers la sécurité, la perfection et la certitude (…) est biologiquement nécessaire, mais il devient un facteur de destruction biologique s’il nous fait éviter tout risque d’insécurité, d’imperfection et d’incertitude. » « Les dangers qui accompagnent le changement, le caractère inconnu des choses qui arrivent, l’obscurité de l’avenir, tout cela contribue à faire de l’homme moyen un défenseur fanatique de l’ordre établi. » « L’acte d’accepter l’absence de sens est en lui-même un acte plein de sens : il est un acte de foi. Celui qui possède le courage d’affirmer son être en dépit des angoisses du destin (…) ne les a pas supprimées : il demeure sous leur menace et il subit leurs coups. (…) La foi qui crée le courage de les intégrer n’a pas de contenu spécifique : c’est la foi, tout simplement, sans direction précise, absolue. »
  • 50. Prosper Monier (1886-1977), jésuite français. Suit les cours de l’’École Biblique de Jérusalem’ qui vient d’être fondée par le Père Lagrange. Renonce à une carrière de professeur d’Écriture sainte, ne pouvant supporter, dans l’atmosphère de conservatisme catholique de l’époque, de devoir voiler sa pensée en enseignant une religion conventionnelle. Aumônier d’étudiants en France et en Afrique du Nord, communique sa flamme et sa parole libérée et libératrice à de jeunes auditeurs assoiffés de spiritualité ouverte et vivante, prêche ensuite des retraites. S’engage de 1958 à 1970 dans le projet ‘Air et Vie’ à Marmoutier (Bas-Rhin), petite structure d’accueil sans étiquette religieuse mais ouverte au tout venant, avec essentiellement un climat de convivialité. Aime à surprendre en disant que le christianisme n’est pas fondamentalement une "religion" (au sens d’un système de normes et de pratiques religieuses), mais une "relation" personnelle à Dieu. Porte une parole libératrice des peurs (de l’enfer, du péché …) , des interdits, des contraintes formalistes et des attentes de récompense "donnant-donnant", dont le rapport de l’homme à Dieu est trop souvent perverti. La profondeur de sa réflexion théologique et spirituelle se double d’une acuité sur les petites choses, d’un enthousiasme ancré dans le quotidien le plus ordinaire.
  • 51. Jean Flory (1886-1949) prêtre catholique français, Résistant et pédagogue. Adolescent, milite à ‘l’Association catholique de la jeunesse française’. Ordonné en 1911, devient aumônier militaire dans les Chasseurs alpins de 1914 à 1918. En 1917 à Seppois-le- Bas, sauve du feu les rouleaux de la Thora de la synagogue détruite par les bombardements. De 1937 à 1949, archiprêtre de l’église Saint-Maimbœuf de Montbéliard. Défie les Allemands à Noël 1942 en rappelant l’origine juive de Jésus, Marie et Joseph, sur les santons desquels il colle en effigies des étoiles jaunes. Lors de la journée des prisonniers de guerre, lit en en chaire les noms des prisonniers, mais également ceux déportés et des juifs de Montbéliard déportés par la Gestapo. Ami du père Pierre Chaillet qu’il a rencontré par l’entre-mise de son frère aîné Charles Flory, est actif au sein du réseau des Cahiers du Témoignage chrétien.
  • 52. Simon Kimbangu (1887-1951), leader religieux congolais. Né dans le futur Congo belge, catéchiste à la mission baptiste pour l’ethnie Ba-Kongo. Ouvrier dans les huileries de Kinshasa vers 1920, est en contact avec des militants américains anticolonialistes. Commence son ministère de guérison et de prédication en 1921 à N’kamba. Réclame et obtient la destruction des fétiches, la proscription de l’alcool, de la polygamie, des danses collectives éroto-extatiques, de la sorcellerie, africanise le culte. Préconise la non-violence. Sa carrière publique ne dure que 6 mois, car son succès dérange les colonialistes et les missionnaires. Inculpé de sédition, condamné à mort par un juge militaire belge, peine commuée par le roi Albert 1er en déten- tion perpétuelle après 120 coups de fouet. Le village de N’kamba est rasé par les autorités belges. Meurt après 30 années de prison après avoir partagé ses maigres rations de nourriture avec d'autres prisonniers. Son enseignement donnera par la suite naissance à l’Église kimbanguiste, admise en 1969 au Conseil œcuménique des Églises. Après s'être organisée et avoir épuré son dogme et sa liturgie, elle perd sa force novatrice et contestataire et devient un partenaire du nouveau pouvoir zaïrois.
  • 53. Padre Pio Francesco Forgione (1887-1968), capucin et prêtre italien. Prend le nom de Pie (en italien Pio), en hommage au pape Pie V, quand il rejoint l'ordre des frères mineurs capucins. Infirmier pendant la Première Guerre mondiale. Expériences de nuit spirituelle et de tentations. En août 1918, tandis qu'il confesse les jeunes scolastiques de son couvent, ses mains, ses pieds, sa poitrine sont percés et ruissellent de sang. Les médecins concluent que « le fait constitue en soi un phéno- mène que n'est pas capable d'expliquer la seule science humaine ». Intuition, bon sens, modestie et humour. Des foules viennent à son monastère de San Giovanni Rotondo pour se confesser : il rappelle parfois lui-même aux pénitents des fautes qu'ils ont oubliées. Ouvre en 1944 un hôpital appelé la Casa Sollievo della Sofferenza, puis des groupes de prière. Canonisé par Jean-Paul II en 2002. « Quand une prophétie vient de Dieu, elle ne parle que d’amour et de miséricorde ».
  • 54. Swami Shivananda Saraswati (1887-1963), maître spirituel hindou enseignant du yoga et du vedānta. Médecin et directeur d’hôpital en Malaisie, renonce au monde et commence une vie monastique en 1923. Fonde en 1936 la Divine Life Society ("La Société de la vie divine"), qui œuvre à la paix et la formation de citoyens pratiquant un yoga intégral. Précurseur de l'ouverture de l'hindouisme aux occidentaux sur la base d'un principe : "Servir, aimer, purifier, donner, méditer et réaliser". Auteur de 296 livres, fondateur d’un ashram près de la ville de Rishikesh ("la demeure des sages") au bord du Gange et d’une pharmacie ayurvédique. « Le yoga est une aide à la pratique des vérités spirituelles de base dans toutes les religions. Le yoga peut être pratiqué par un chrétien ou un bouddhiste, un musulman, un soufi ou un athée. Le yoga est union avec Dieu, union avec tous.»
  • 55. Marc Chagall (1887-1985) Moïche Zakharovitch Chagalov, peintre né d’une famille juive en en Biélorussie (alors intégrée à la Russie tsariste). Études à Saint Pétersbourg, travaille à Paris, Vitesbsk, Moscou, Berlin puis Paris, naturalisé français en 1937. Ivre d'images, de sentiments et d'idées, exprime l'irruption de l'imaginaire et des passions dans le monde quotidien des objets familiers. Son œuvre chromatiste onirique, (peintures, gravures, mosaïques, vitraux) inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl (village juif en Europe de l'Est) et le folklore russe, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. » ■