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Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité"
Penseurs et acteurs
d’un changement sociétal
0 - de 1500 à 1849
Étienne Godinot 29.11.2018
Trombinoscopes
Chercheurs d’humanité
Parmi les diaporamas en ligne sur ce site Internet figurent 5 séries de
"trombinoscopes" ou galeries de portraits :
1 - Penseurs et acteurs d’alternatives économiques
2 - Penseurs et acteurs d’un changement sociétal (éducation, santé, droits
humains, urbanisme, politique, etc.)
3 - Penseurs et acteurs de la non-violence et de la résolution n-v des conflits
4 - Penseurs et acteurs de l’écologie et de l’altercroissance
5 - Chercheurs de sens (art, religion, science, philosophie, spiritualité).
Ce classement en 5 familles pour des raisons pratiques, bien sûr peu satisfaisant,
est destiné à stimuler la réflexion. Chacune des figures présentées pourrait figurer la
plupart du temps - et figure parfois - dans plusieurs familles à la fois.
Un répertoire alphabétique permet de chercher chaque personne dans une des
familles, à partir de son nom et de son année de naissance.
Trombinoscopes
Chercheurs d’humanité
Cette suite de brefs portraits, présentés par ordre d’année de
naissance des personnes concernées, n’a pour but que d’ouvrir la
tête et toucher le cœur :
- montrer au lecteur des figures de femmes et d’hommes et une
évolution,
- lui donner envie de faire davantage de recherches sur les
personnages qui l’intéressent et peut-être de s’engager à leur suite.
La sélection des personnes retenues parmi une quantité considérable
de chercheurs, penseurs et acteurs
et le contenu de leur présentation (en caractères relativement gros,
et, dans la grande majorité des cas, sur l’espace d’une seule diapositive)
ont été faits selon des critères qui présentent évidemment une
grande part de subjectivité.
Précisions
Orthographe
J’ai pris le parti d’écrire selon le code suivant :
- un livre anglais, un bain turc, un temple indien, un texte hébreu, une fête juive, un rite
chrétien, un voile musulman, un poème soufi, un temple protestant, l’Afrique noire, etc.
- les Anglais, les Turcs, les Indiens, les Hébreux, les Juifs, les Sadducéens, les Chrétiens, les
Musulmans, les Soufis, les Protestants, les Anabaptistes, les Francs-maçons, les Blancs, les
Noirs, les Girondins, les Intouchables, les Résistants de la 2ème
Guerre Mondiale, etc.,
mais les croyants, les incroyants, les athées, les agnostiques, les socialistes,
les franquistes, les communistes, les nazis, la droite, le centre, la gauche, etc.;
- un rabbin, un prêtre, un imam, un pasteur, le pape X, le cardinal Y, le métropolite Z, un
dominicain, un jésuite, un swami, un préfet, un juge, un général, etc.
sauf exceptions : les Grands Prêtres, le Grand Inquisiteur, etc.
- Louis XVIII, Jean XXIII, la VIème
dynastie (pour respecter la tradition), mais le 18ème
siècle (pour
faciliter la lecture).
Droits d’auteur
Les images présentées dans les diaporama du site www.irnc.org m’ont été fournies par des
sources diverses. Ne pouvant pas m’assurer qu’elles ne sont pas soumises au régime des
droits d’auteur, je prie leurs ayants-droits éventuels de me préciser s’ils souhaitent qu’elles
soient retirées.
Citations
Compte-tenu du peu de texte sur chaque personnage, il ne m’est pas possible de donner les
références des citations (en « italique » et avec des guillemets en bas de chaque diapo).
L’objectif de ces 5 familles de diaporamas est de donner une information de base et d’inciter
Ambroise Paré
(v. 1510-1590), chirurgien et anatomiste français.
Marmiton, aide-soignant d'un barbier, puis compagnon chirurgien
à l'Hôtel-Dieu, maître barbier-chirurgien en 1536. Chirurgien du roi et
des champs de bataille. Inventeur de nombreux instruments et de
prothèses (comme la prothèse palatine*).
Dans les amputations, pratique la ligature des artères, qu'il
substitue à la cautérisation, panse la plaie avec un mélange de jaune
d'œuf, d'huile rosate et de térébenthine. Découvre l'asticothérapie**.
Empruntant sans le dire à Pierre Franco (v.1500-v.1565), améliore le
traitement de la lithiase urinaire ("la pierre").
Avec l’appui du roi, reçoit le bonnet de maître en 1554 , malgré
l'opposition de la faculté de médecine et sa piètre connaissance du latin,
pourtant obligatoire.
A une conception exigeante de sa profession, tant sur le plan
technique que sur le plan humain (« Je soigne les pauvres comme des 
rois »), publie ses livres en français.
* dispostif prothétique destiné à obstruer une perte de substance au niveau du palais.
** Asticothérapie ou larvothérapie : soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots de
diptères, principalement de la mouche verte (Lucilia sericata). Les asticots de cette mouche ont
la propriété de ne consommer que les tissus nécrosés.
Chrétien-Guillaume de Malesherbes
Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794),
magistrat, botaniste et homme politique français. Substitut du procureur
général, Conseiller d’État au Parlement de Paris.
Président de la Cour des Aides, s’insurge contre les hausses
d’impôts voulues par le pouvoir royal. Louis XV condamne cet affront
en supprimant cette juridiction fiscale.
Directeur de la Librairie, autorité de la censure royale, apporte en
vain son soutien à la publication de l'Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert. Orateur remarquable, partisan de la liberté de pensée et
des idées de justice et d'humanité. Exilé dans son château du Loiret.
Membre du Conseil du Roi, fait adopter par Louis XVI l’édit de
Versailles (nov. 1787) qui organise l’état-civil des Protestants. En
désaccord avec certaines pratiques (les lettres de cachet) ou
personnalités, démissionne un an seulement après avoir été nommé.
Quitte la France quand éclate la Révolution. Quand il apprend
que la Convention va juger le Roi, rentre en juin 1792, et avec une
grande simplicité dans son courage, demande à être le défenseur de
son ancien maître. Décapité en avril 1794 sous la Terreur avec
l’ensemble de sa famille.
Pascal Paoli
(1725-1807), général et homme politique corse. Contraint à l'âge de
15 ans de suivre son père condamné à l’exil, part avec lui à Naples.
De retour en Corse en 1755, élu général en chef, dirige une Corse
indépendante. Dote l'État corse d'une constitution républicaine, d'une
administration, d'une justice, d'une monnaie, encourage le développement
de l'agriculture, assèche des marais, stimule le commerce, organise l'école
primaire et fonde une université. Après la vente de la Corse à la France par
les Génois, est battu par les troupes du roi Louis XV (bataille de Ponte
Novu, mai 1769). Reprend le chemin de l'exil, trouve l'hospitalité en
Angleterre et voyage en Europe. Accepte le décret de l'Assemblée constitu-
ante de mars 1790 faisant de la Corse un département français. Les
relations avec la France se dégradant, prend en 1793 le contrôle de la
majorité de l'île, est déclaré traître à la République et décrété d'arrestation.
Le vice-roi Gilbert Elliot nommé par les Anglais à la tête de la Corse
s'inquiète de l'ombre que pourrait lui faire Paoli et le fait rappeler à Londres.
Fort attaché à son île natale et à sa culture, homme des Lumières,
tisse des relations d'amitié ou épistolaires à travers toute l'Europe. Apporte
son aide à l'élaboration de la constitution des États-Unis.
       « Ma vie entière, j’ose le dire, a été un serment ininterrompu à la 
liberté. »
Cesare Beccaria
(1738-1794), juriste italien, criminaliste, philosophe, économiste et
homme de lettres, marqué par Montesquieu.
Dans son ouvrage Des délits et des peines, fonde le droit pénal
moderne, établit les bases et les limites du droit de punir, recommande de
proportionner la peine au délit. L’objectif est d’éviter la récidive, non de
faire souffrir inutilement. Développe la toute première argumentation
contre la peine de mort qui n'est « ni utile, ni nécessaire ».
Juge aussi « barbare » la pratique de la torture : les violences
physiques, même infligées par l’autorité reconnue, ont des effets
contraires aux objectifs recherchés : on risquerait de s’habiter à la
violence, voire de la légitimer. Recommande de prévenir le crime plutôt
que de le réprimer. Pose aussi en principe la séparation des pouvoirs
religieux et judiciaire.
           «  Il me paraît absurde que les lois, qui sont l’expression de la 
volonté publique, qui détestent et punissent l’homicide, en commettent un 
elles-mêmes, et que pour éloigner les citoyens de l’assassinat, elles 
ordonnent un assassinat public. » 
            « Le moyen le plus sûr mais le plus difficile de prévenir les délits 
est de perfectionner l’éducation ». 
Louis Dufourny de Villiers
(1739-1796), architecte, ingénieur en chef de la ville de Paris,
homme politique français de la Révolution. Président du district des
Mathurins et membre du directoire du département de Paris.
Publie en avril 1789, au moment des États généraux de la
France, les « Cahiers du quatrième Ordre, c'est-à-dire « des infortunés, 
des infirmes, des indigents », « des journaliers », « des salariés 
abandonnés de la société », « contraints par la misère à donner tout leur 
temps, toutes leurs forces, leur santé même pour un salaire qui 
représente à peine le pain nécessaire pour leur nourriture ».
Invite « les curés, les sociétés philanthropiques, les 
administrateurs des hôpitaux » à lui faire parvenir des mémoires sur la
nature et les causes de la misère dans leur district, qu'il se chargerait de
publier. Ainsi alertés, les députés pourraient prendre des mesures pour
« la protection, la conservation des faibles de la dernière classe »,
véritable devoir moral de toute société.
Les constitutionnels du tiers-état au contraire proscrivent aux confins de la
cité ces citoyens qui n’en possèdent que le nom, estimés incompétents pour
participer aux assemblées nationales.
Nicolas de Condorcet
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet,
(1743-1794), philosophe, économiste, mathématicien et homme politique
français, représentant des Lumières. Effectue des travaux pionniers sur
la statistique et les probabilités, le calcul intégral, une analyse des
modes de scrutin possibles ("paradoxe de Condorcet"). Rédige pour
l’Encyclopédie des articles d'économie politique
Mène une action politique, tant avant la Révolution que sous
celle-ci. Combat la peine de mort et l’esclavage, lutte en faveur de
l’égalité des droits. Siégeant parmi les Girondins, propose des réformes
du système éducatif (gratuité, obligation, laïcité et universalité) ainsi que
du droit pénal (dénonciation des lettres de cachet, jury pénal). Ne vote
pas la mort de Louis XVI.
La Convention nationale ordonne son arrestation en 1793. Écrit
dans la clandestinité son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit 
humain, où, convaincu du développement indéfini des sciences, il affirme
que le progrès intellectuel et moral de l’humanité peut être assuré grâce
à une éducation bien orientée. Emprisonné en 1794, trouvé mort dans sa
cellule deux jours plus tard, probablement suicidé par empoisonnement.
              « Nous ne désirons pas que les hommes pensent comme nous 
mais qu'ils apprennent à penser d'après eux-mêmes. »
François Dominique Toussaint-Louverture
F. D. Toussaint Bréda (1743-1803), général et homme politique
haïtien. Fils d’un esclave originaire du Bénin, nait dans une plantation
coloniale en Haïti, alors colonie française appelée Saint-Domingue.
Devient cocher puis palefrenier, se fait affranchir à 33 ans.
Lorsqu'arrive la Révolution française, se rallie aux révolutionnai-
res. En 1791, les esclaves noirs se révoltent contre les planteurs et
colons français. Devient un des chefs de la révolte, combat avec ses
4 000 hommes du côté des Espagnols, ennemis de la France et
installés à l’Est de l’île.
En mai 1794, rallie les Français qui ont décrété l'abolition de
l'esclavage dans leurs colonies antillaises. Aide les troupes françaises
à chasser de l'île les Espagnols et leurs alliés anglais. Nommé
général de brigade (premier général noir de l’armée française) et
en 1801 gouverneur de l'île de Saint- Domingue. Proclame
l’autonomie de l’île dans le cadre de la République française, se
nomme gouverneur à vie.
../..
François Dominique Toussaint-Louverture
En 1801, Napoléon Bonaparte envoie 17 000 hommes, et 6 000
autres en 1802, pour reconquérir l'île, considérée comme la "perle des
Antilles" et rétablir l’esclavage après 8 années d’abolition.
Vaincu, trahi, déporté en France au fort de Joux, près de Pontarlier.
Meurt en prison, de froid et de maladie non soignée, en avril 1803. À
travers le face à face Napoléon/Toussaint se jouent déjà des éléments
essentiels du rapport Nord/Sud.
En janvier 1804, son lieutenant Jacques Dessalines proclame
l'indépendance de l'île après en avoir chassé les Français. Haïti devint la
première république noire indépendante du monde.
La France n’abolit définitivement l’esclavage qu’en 1848.
            « En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de 
l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes  et 
nombreuses. »                                 F. D. T-L
              « Toussaint n’est pas seulement un héros haïtien, il est avant tout 
le héros des masses noires, celui qui nous a libérés de nos chaînes et qui a 
ouvert la porte de l’émancipation du peuple noir. Toussaint est universel, il 
est même le premier Noir universel. »
Pierre Buteau, historien haïtien
Johann Heinrich Pestalozzi
(1746-1827), pédagogue, éducateur et penseur suisse. Influencé par les
idées de Jean-Jacques Rousseau, voue sa vie à l'éducation des enfants
pauvres, sourds-muets, etc. Les diverses écoles qu'il fonde avec sa femme
Anna - notamment à Stans, Berthoud et Yverdon-les-Bains - servent de
modèles dans toute l'Europe.
Ses méthodes d'éducation, concrètes et directes, fondées sur le
développement progressif de toutes les facultés, sont exposées dans ses
ouvrages. Pionnier de la pédagogie moderne.
Ses principes éducatifs sont :
•présenter l'aspect concret avant d'introduire les concepts abstraits ;
•commencer par l'environnement proche avant de s'occuper de ce qui est
distant ;
•faire précéder d'exercices simples les exercices compliqués ;
•procéder graduellement et lentement.
Sa pédagogie reste ancrée dans les domaines agricole et professionnel
et elle préconise l'enseignement mutuel.
Olympe de Gouges
Marie Gouze (1748-1793), née à Montauban dans une famille
modeste. Suite à la mort de son époux, part avec son fils s'installer à
Paris, ne voulant pas tenir son rôle de bourgeoise provinciale. Rêvant
de célébrité, prend le pseudonyme d'Olympe de Gouges, créé à partir
du prénom de sa mère et de son patronyme. Devient une femme de
lettres, publie à partir de 1780 des romans et des pièces de théâtre.
Dans ses pièces et autres écrits, dénonce l'esclavage et la peine de
mort.
Face à l'Assemblée Constituante qui ne donne pas droit de cité
aux femmes, publie la "Déclaration des droits de la femme et de la 
citoyenne". Y prône l'émancipation de la femme et l'égalité totale et
inconditionnelle entre les deux sexes. Demande le droit de divorce et le
remplacement du mariage religieux par un contrat civil.
Soutient le roi Louis XVI, lors de son procès. Après la chute des
Girondins, est accusée d’être l’auteur d’une affiche girondine. Arrêtée,
condamnée à mort et guillotinée en novembre 1793. Pionnière du
féminisme.
             « Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est 
en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. »
Andrew Bell
(1753-1832), pasteur écossais de l’Eglise anglicane et quaker.
Ayant trouvé dans l'Inde la pratique de l'enseignement mutuel, en
fait l'application avec succès de 1790 à 1795 dans une école de
Madras, la Madrasa Homme Orphan Asylum, institution fondée par
la Compagnie des Indes orientales pour les fils de ses soldats.
Choisit un garçon dégourdi (moniteur) à qui il apprend à
enseigner l'alphabet à ses camarades en écrivant sur le sable, puis
à d'autres garçons comment enseigner d'autres matières.
De retour à Londres, y fait connaître les résultats qu'il avait
obtenus dans un ouvrage intitulé : Expériences sur l'éducation faite
à l'école des garçons à Madras. Joseph Lancaster, maître d'école à
Londres, a un peu modifié la méthode. À son décès, la Société pour
la promotion de l'éducation des pauvres avait créé 12.000 écoles en
Grande-Bretagne.
Fondateur en Europe de l'enseignement mutuel, pédagogie
active et coopérative (méthode Bell-Lancaster, ou système des
moniteurs).
Manon Roland
Jeanne-Marie Philippon (1754-1793), femme de lettres française. Très
cultivée, courtisée, fidèle à son vieux mari Jean-Marie de la Platière, quoique
très éprise d’un autre, s’installe à Paris en 1791. Fidèle esprit des Lumières,
révolutionnaire passionnée de la première heure, devient la muse du club
des Girondins, modérés qui veulent sauver le Roi de l’échafaud et s'élèvent
contre la mise en place du Tribunal Révolutionnaire.
Calomniés par les Montagnards qui affirment "Pas de liberté pour les
ennemis de la liberté !" et par la Commune, ils sont arrêtés en juin 1793 sur
ordre de la Convention, notamment sous l'impulsion de Danton, Robespierre
et Saint Just, et guillotinés entre le 31 octobre et le 8 novembre 1793.
« Les tyrans peuvent me persécuter : mais m’avilir ? Jamais, jamais ! »
« Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution. Eh bien !
j’en ai honte. Elle est ternie par des scélérats, elle est devenue hideuse. »
Avant de monter sur l’échafaud sur la place de la Révolution, le 8
novembre 1793, se serait écriée, s’inclinant devant la statue de la Liberté :
« Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »
Samuel Hahnemann
Christian Friedrich Samuel Hahnemann (1755-1843), médecin,
chimiste, traducteur et écrivain allemand. À sa sortie de l'école, fait un
discours sur l'importance spirituelle de la main, intermédiaire entre la
pensée et l'acte. Études de médecine à Leipzig et à Vienne. Médecin
personnel du gouverneur de Transylvanie pendant 21 mois. Études de
chimie à Dresde.
Traduit les ouvrages des médecins Christopher Nugent (1698-
1775), John Hunter (1728-1793), lit Paraclese (1493-1541), Jean-Baptiste
Van Helmont (1579-1644). Son éditeur lui propose la traduction - il parle 7
langues - d'un ouvrage récent (Traité des matières médicales) de William
Cullen, médecin écossais (1710-1790), sur le quinquina du Pérou.
Remarque une coïncidence entre la toxicologie du quinquina et ses
propriétés antipyrétiques*, en contrôle les effets sur lui-même. Se souvient
de la loi de similitude énoncée par Hippocrate, Similia similibus curantur :
"Les semblables sont guéris par les semblables".
Fonde en 1796 l’homéopathie (du grec ομοιοξ, semblable et παθη,
maladie), ou "traitement du semblable par le semblable". Expérimente
18 drogues dont une majorité d’origine végétale. Médecin particulier du
duc d'Anhalt à Köthen.
* qui combat la fièvre
Samuel Hahnemann
En 1810, écrit l’Organon. « La méthode homéopathique est celle
qui, calculant bien la dose, emploie contre l’ensemble des symptômes
d’une maladie naturelle, un remède capable de provoquer chez l’homme
bien portant des symptômes aussi semblables que possible à ceux que
l’on observe chez le malade. »
En 1825, dans son Traité des maladies chroniques, définit la
deuxième loi de l'homéopathie, la loi d'infinitésimalité : l’homéopathie
donne en remède une dose infinitésimale de la cause du mal.
En 1831, est à l'origine du déploiement de l'homéopathie pour
soigner le choléra : le taux de guérison est de 96%, comparé au taux de
41% de l'allopathie.
En 1835, guérit de la phtisie et épouse la Française Mélanie
d’Hervilly-Gohier (1800-1978), de 40 ans plus jeune que lui, désireuse de
propager son œuvre, et s’installe avec elle à Paris.
L’homéopathie ne peut être assimilée à l’effet placebo puisqu’elle
guérit des animaux. Le médecin et immunologiste français Jacques
Benveniste, découvreur du PAF-Acether, sous contrat avec les
laboratoires Boiron, s’engage en 1984 sur la voie difficile de la recherche
d’explications scientifiques à l’homéopathie.
Wilhelm von Humboldt
(1767-1835) philosophe et pédagogue prussien, diplomate et
ministre de l'éducation, fondateur de l'université de Berlin. Auteur d’un
plaidoyer en faveur des libertés des Lumières et sur les limites de
l’action de l’État.
Réforme profondément le système scolaire, en se fondant sur les
idées de J. H. Pestalozzi. Le système d'éducation dont il est l’architecte
a fortement inspiré ceux des États-Unis et du Japon. Jette les bases du
développement des sciences humaines modernes. S'intéresse à la
philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, à la
religion. Linguiste, apporte d’importantes contributions à la philosophie
du langage.*
« La tâche ultime de notre existence est d'accorder la plus grande
place au concept d'humanité dans notre propre personne (…) à travers
l'impact de nos actions dans nos vies (…) L'éducation individuelle ne
peut continuer que dans le contexte plus large du développement du
monde».
* Esprit pénétré du don des langues, en manie une soixantaine, du malgache au guarani,
en passant par le copte, le lapon, le mandchou, l'auvergnat et le wolof. Compose une trentaine
de grammaires, est le principal découvreur des langues du Nouveau Monde et de l'Océanie.
Alexander von Humboldt
(1769-1859), explorateur allemand, naturaliste, géographe, géolo-
gue, physicien, chimiste, botaniste, zoologiste, astronome, météorologue
et climatologue. Mère issue d’une famille française huguenote, marqué
par les Encyclopédistes. Explorations botaniques et géologiques et
recherches sur l’électricité en Europe. Avec son ami français Aimé
Bonpland (1773-1858), remonte les fleuves d’Amérique du Sud en
pirogue, ouvre un chemin dans les forêts vierges, escalade les plus
hautes montagnes, accumule les observations, relevés et échantillons
tout au long des 15.000 km de leur trajet. Scandalisé par l’esclavage,
refuse d’être transporté sur une chaise à porteurs.
Mène des expériences scientifiques avec ses amis Louis Joseph
Gay-Lussac (1778-1850) et François Arago (1786-1853). Âgé de 58 ans,
traverse et explore la Sibérie.
Membre associé de l’Académie des sciences française et président
de la Société de géographie de Paris. Par la qualité des relevés effectués
lors de ses expéditions, fonde les bases des explorations scientifiques.
« N'oublions pas que toutes les croyances populaires, même les
plus absurdes en apparence, reposent sur des faits réels, mais mal
observés. En les traitant avec dédain, on peut perdre la trace d'une
découverte. »
Friedrich Hölderlin
(1770-1843), poète et philosophe allemand de la période
classico-romantique. Précepteur, notamment à Bordeaux, et surtout à
Tübingen pendant 36 ans chez le menuisier Zimmer. Ami de Hegel et
Schelling.
Ses vers, sa prose sont des tentatives de s'envoler là-bas, de
vouloir faire revenir dans son Allemagne les anciens dieux et les
communautés d'hommes libres. La seule porte permettant d'accéder
aux secrets enfouis est pour lui la nature. Propose d’habiter poétique-
ment le monde.
« Et pourquoi des poètes en temps de détresse? (…) Plein de
mérites, mais en poète l'homme habite sur cette terre ».
« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve. »
Cette formule correspond à une vision hégélienne du changement où
toute action provoque sa réaction contraire. Elle est souvent utilisée par Edgar
Morin pour montrer que les contradictions d’un système sécrètent les bases de
leur propre dépassement. Ainsi les catastrophes entrainent des élans de
solidarité, les crises économiques peuvent provoquer des réactions salutaires des
États, des citoyens, créant ainsi les bases d’une nouvelle société.
Mais, peut-on objecter, alors que la cordée est faite pour protéger des
chutes individuelles, si plusieurs décrochent, la cordée toute entière sera
entrainée dans le vide. Il faudrait ajouter : « Là où croît ce qui sauve, croît un
nouveau danger… »
Xavier Bichat
Marie François Xavier Bichat (1771-1802), médecin et
anatomo-pathologiste français. Études de médecine à Lyon et à Paris,
y rencontre des maîtres, Marc-Antoine Petit (1776-1811) et Pierre-
Joseph Desault (1738-1795). Professeur, médecin en chef de l'Hôtel-
Dieu à Paris. Fait d'immenses recherches anatomiques et publie des
ouvrages marquants, notamment Recherches sur la vie et la mort, et
Anatomie descriptive pour lequel il dissèque près de 600 cadavres.
Pour établir que le cœur est indépendant du cerveau, s'appuie sur le
galvanisme.
Rénovateur de l'anatomie pathologique, étudie, à travers
l'autopsie et l'expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme
unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés
physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme.
Adopte les idées de Théophile de Bordeu (1722-1776) et de
Paul Joseph de Barthez (1734-1806) sur la force vitale, mais en
distinguant la vie animale de la vie organique : place spécialement
cette dernière dans les tissus qui enveloppaient les viscères et
recherche le mode de vitalité propre à chaque tissu.
Mort à Paris d’une méningite tuberculeuse à l'âge de 30 ans.
« La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. »
Charles Fourier
(1772-1837), philosophe et économiste français de l’école utopiste.
Commis-voyageur et caissier, fonde en 1832 l’hebdomadaire Le
Phalanstère.
Transpose la loi d’attraction dans les rapports humains et élabore une
organisation sociale constituée d’individus aux caractères différents et
complémentaires, regroupés par combinaison des 13 passions humaines
fondamentales, et qui mène à l’harmonie universelle. Les phalanstères
sont des groupements de production et de consommation dans lesquels
chaque phalanstérien pratique plusieurs métiers par alternance, ce qui lui
permet de développer toutes ses facultés. Les revenus sont répartis entre
le capital, le travail et le talent. Promeut ainsi plusieurs idées très innovan-
tes dont la création de crèches.
N’attend rien de l’action politique, ni de l’intervention du peuple, ni du
recours à la violence. Le passage de la société actuelle à la société
nouvelle doit se faire par contagion.
Participe lui-même en 1833 avec Victor Considerant au premier essai de
réalisation : la "Colonie sociétaire" de Condé-sur-Vesgre, près de Rambouillet, sera
un échec mais abrite aujourd’hui une douzaine de familles et reste un lieu de
rencontres.
René Laënnec
René-Théophile-Marie-Hyacinthe Laënnec (1781-1826),
médecin français. Études de médecine à Paris, pratique l'anatomie
pathologique avec Gaspard Laurent Bayle (1774-1816) et étudie les
maladies à partir des lésions constatées à l’autopsie, en particulier la
cirrhose. S’intéresse aux maladies pulmonaires et utilise la technique
de percussion décrite par le médecin autrichien Leopold Auenbrugger
(1722-1809).
Créateur du diagnostic médical par auscultation (Traité de
l'auscultation médiate, 1819) grâce à l'invention du stéthoscope (du
grec stethos, poitrine et skopein, examiner) ». Sa classification des
bruits d’auscultation* est toujours utilisée par les médecins.
Décrit la péritonite, la cirrhose, les métastases pulmonaires du
mélanome, apporte de nombreuses contributions à la connaissance
de la tuberculose.
Introduit dans la médecine un rigueur toute scientifique qui
impose des règles d’observation objectives.
« La partie la plus importante de notre art consiste à être en
mesure d’observer correctement. »
* les râles sonores (ou ronflements), les râles sibilants (ou sifflements) et les râles
muqueux (ou gargouillements)
Nikolai Grundtvig
(1783-1872), pasteur luthérien, écrivain, poète, linguiste,
historien, et pédagogue danois. Initiateur des écoles populaires,
considéré comme le père de la formation tout au long de la vie ou
formation continue.
Plutôt que de former des érudits, affirme que l’école et
l'université doivent éduquer les élèves à une participation active dans
la société. S’efforce particulièrement d’associer l’instruction en
commun à l’éducation dans la famille, et d’imprimer à l’enseignement
une direction locale en vue de rendre essor à la vie populaire.
Ainsi, les compétences pratiques ainsi que la poésie et l'histoire
nationale doivent constituer une partie essentielle de l'instruction.
Promeut dans toutes les branches de la vie éducative l’esprit de
liberté, la poésie et la créativité disciplinée, les valeurs telles que la
sagesse, la compassion, l'égalité, la coopération et la découverte.
Richard Hutton et Wharton Hood
Richard Hutton (1801-1871), bone-setter, rebouteux londonien
célèbre. Affirme : « Une articulation doit être remise à l’inverse de la
direction dans laquelle elle a été démise. (… ) Tirer ne sert pas à
grand chose ; c’est la torsion qui est importante. ». Rend les leviers
des membres utilisables pour l’obtention de la puissance nécessaire
à l’accomplissement de ses objectifs, ce qui lui permet de se passer
complètement d’appareillages extérieurs.
Wharton Hood (1833-1916), médecin anglais.
Son père médecin, dans les années 1870, soigne d’une grave
maladie R. Hutton qui, pour le remercier, communique à Wharton
l’ensemble de son savoir et de son savoir-faire. Hood explique que
l’état articulaire stiff (dur ou résistant), painfull (douloureux à la
palpation) et helpless (faible, sans défense) intervient toujours soit
après un état inflammatoire (pathologique ou post traumatique), soit
après une immobilisation prolongée. Son hypothèse géniale
concerne les adhérences et le changement d’état des tissus
articulaires. Défend la pratique du rebouteux qu’il estime complé-
mentaire de la pratique médicale et chirurgicale.
Victor Schoelcher
(1804-1893), homme politique français. Famille aisée, courtes
études au lycée Condorcet, côtoie les milieux littéraires et artistiques
parisiens. Son père, industriel dans la porcelaine, l’envoie en Amérique
latine entre 1828 et 1830 pour faire du commerce. Profondément révolté
par l'esclavage qu’il découvre à Cuba.
De retour en France, devient journaliste et adhère à la Société
pour la libération des esclaves. Dénonce l'esclavage par des articles
dans des journaux et des livres. Dans le gouvernement provisoire de
1848 (IIème République), nommé sous-secrétaire d'État à la marine et
aux colonies. Contribue à faire signer un décret d’abolition définitive de
l'esclavage dans les colonies le 27 avril 1848.
Député de Martinique et de Guadeloupe (1848-1851), puis
sénateur de Martinique (1871-1893). En 1877, dépose une proposition
de loi pour interdire la bastonnade dans les bagnes. Milite aussi contre la
peine de mort et défend les droits civils des femmes.
« Le seul, l'unique remède aux maux incalculables de la servitude,
c'est la liberté. Il est impossible d'introduire l'humanité dans l'esclavage. Il
n'existe qu'un moyen d'améliorer réellement le sort des Nègres, c'est de
prononcer l'émancipation complète et immédiate. »
Jeanne Deroin
(1805-1894), féministe et socialiste française. Ouvrière lingère
autodidacte, obtient le brevet d'institutrice. Rédige dès 1831 un plaidoyer
contre "l'assujettissement de la femme". Épouse en 1832 le saint-
simonien Antoine Desroches, tout en refusant de prendre son nom et en
insistant lors de la cérémonie civile sur son statut d'égalité. Malgré son
adhésion - critique - aux idées des socialistes utopiques, reste peu active
jusque 1848, car elle élève leurs trois enfants.
En juin 1848, fonde avec Désirée Gay (1810-1891) et Eugénie
Niboyet (1796-1883) La Politique des Femmes, "journal publié pour les
intérêts des femmes et par une société d’ouvrières". Lors de la Révolu-
tion de 1848, se présente comme candidate aux élections législatives du
13 mai. Pierre-Joseph Proudhon, comme la plupart des socialistes, juge
cette candidature "excentrique", et même des femmes comme George
Sand l'estiment déplacée. Les caricatures d’Honoré Daumier (image du bas)
tournent en ridicule les aspirations de ses contemporaines au vote ou au
travail et présentent leur émancipation comme une catastrophe pour
l'ordre domestique.
Après le coup d'État du 2 déc. 1851, doit s'exiler en Angleterre où
elle meurt dans la pauvreté.
Victor Considerant
(1808-1893), philosophe et économiste français. Polytechnicien,
ingénieur militaire, abandonne la carrière pour se consacrer à la diffusion
des idées de son maître et ami Charles Fourier. Fonde le journal La
Phalange, qui devient en 1843 Démocratie pacifique.
Élu député, siège à l'extrême-gauche, affirme le droit au travail qui
devient une des idées fortes des socialistes français de 1848. En droit
constitutionnel, inventeur, en 1846, de la représentation proportionnelle.
En juin 1848, seul député à proposer le droit de vote pour les femmes.
Exilé suite à une manifestation avec Ledru-Rollin contre Louis-
Napoléon Bonaparte, se réfugie en Belgique puis crée au Texas, avec
l’appui de Jean-Baptiste Godin et du fouriériste états-unien Albert
Brisbane, la colonie de Réunion, près de Dallas (1854-1858)
Critique les évolutions économiques et technologiques de son
époque considérées comme trop rapides, prend la défense de la petite
entreprise contre la grande, soutient la révolte des Canuts à Lyon.
Partisan déclaré d’une fédération européenne, comme Victor Hugo.
Adhère un temps à la Première Internationale, puis se retire définitive-
ment de la vie politique.
Abd el-Kader
(1808-1883), homme politique et chef militaire algérien, écrivain
et poète, philosophe et théologien soufi, humaniste et exégète.
Combat la colonisation française en Algérie de 1832 à 1847, est
mis hors la loi en Algérie et au Maroc. En 1843, 21 ans avant la
convention de Genève, promulgue une charte des droits des
prisonniers. Emprisonné à Toulon, à Pau puis à Ambroise, exilé en
Turquie puis en Syrie.
En juillet 1860, des fanatiques sunnites attaquent les quartiers
chrétiens, grecs et maronites, tuant plus de 5 000 habitants.
Intervient pour arrêter le massacre et protège au péril de sa vie la
communauté des chrétiens de Damas. Consacre le reste de sa vie à
des œuvres de bienfaisances, à l'étude des textes scientifiques et
sacrés et à la méditation.
"Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez
plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu’il est. Si
l’eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c’est
qu’elle vient d’une source pure."
Wilhelm Weitling
(1808-1871), enfant illégitime d’une domestique et d'un officier de
l'armée française d'occupation de Napoléon, compagnon tailleur
allemand.
Premier théoricien du communisme, représentant du socialisme
utopique aux convictions chrétiennes.
Quitte la Ligue des bannis
(association constituée d’Allemands exilés en France, parce que persé-
cutés dans leur pays d’origine à cause de leurs idées démocratiques et
révolutionnaires), et crée la Ligue des justes (Bund der Gerechten).
Celle-ci, précurseur des futurs partis socialistes et communistes en
Europe et dans le monde, prône la lutte sociale au détriment de la
pratique conspirative.
S’établit en Suisse en 1841. Incarcéré 10 mois à Zürich, émigre en
Angleterre puis aux États-Unis. En 1846, s’oppose à Karl Marx car les
deux hommes ont des conceptions différentes de la révolution. Édite
entre 1850 et 1855 à New-York la revue Republik der Arbeiter
(République des travailleurs).
« Il y aura toujours des révolutions, mais elles ne seront pas toujours
sanglantes. »
Pierre-Joseph Proudhon
(1809-1865), socialiste français. Ouvrier typographe, puis
correcteur, imprimeur, conseil juridique dans une entreprise de transports
fluviaux, journaliste, député. Polémiste, économiste, philosophe et
sociologue.
Écrit dans Philosophie de la misère en 1846 que la propriété
manifeste l’inégalité, mais est l'objet même de la liberté; le machinisme
accroît la productivité, mais détruit l’artisanat et aliène le salarié; la liberté
elle-même est indispensable, mais cause l'inégalité.
Élabore la théorie du crédit à taux zéro qui anticipe le fonctionne-
ment des mutuelles d’aujourd'hui. Imagine la création d’une banque
d’échange ou "banque du peuple", dont le but est l’abolition de la monnaie,
du salariat, la suppression de toute prise d’intérêt et de toute réalisation de
profit dans le cadre des structures d’échange entre les individus.
Condamné à la prison (1849-1852) pour son opposition à Louis-
Napoléon Bonaparte. À nouveau condamné en 1857 pour sa critique
contre la religion chrétienne, s’exile en Belgique, est amnistié
Père du syndicalisme ouvrier, précurseur de l'anarchisme. Un des
premiers théoriciens du fédéralisme, entendu non pas seulement comme
libre association des communes, mais comme point de jonction entre
l’industrie et la campagne, l’ouvrier et le paysan.
../..
Pierre-Joseph Proudhon
Considère la guerre comme une conséquence des maux écono-
miques et du paupérisme, et en prévoit l'élimination dans la société
future fondée sur le travail. Réfute l'hypothèse d'une révolution violente.
Auteur de plus de 60 livres, seul théoricien révolutionnaire du 19ème
siècle à être issu du milieu ouvrier. Ses partisans s’opposeront aux
représentants du socialisme marxiste lors de la 1ère
Internationale à
Londres en sept. 1864. Par ailleurs très conservateur au sujet du rôle
des femmes, antisémite, défend l’esclavage.
« La propriété, c’est le vol » (1840)
« Ne nous posons pas en apôtres d’une nouvelle religion ; cette
religion fût-elle la religion de la logique, la religion de la raison. Accueil-
lons, encourageons toutes les protestations ; flétrissons toutes les
exclusions, tous les mysticismes ; ne regardons jamais une question
comme épuisée, et quand nous aurons usé jusqu’à notre dernier
argument, recommençons s’il faut, avec l’éloquence et l’ironie. À cette
condition, j’entrerai avec plaisir dans votre association, sinon, non ! »
Lettre à Karl Marx qui lui propose d'être son
correspondant attitré pour la France, mai 1846
« L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir. » (1849)
Louis Braille
(1809-1852), Français, fils d’un bourrelier. Âgé de 3 ans,
alors qu’il fait des trous dans un morceau de cuir avec une alêne, se
blesse l’œil droit. L'infection s'étend à l'œil gauche, et provoque la
cécité. Admis à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, école
fondée en 1784 par Valentin Haüy. Enseigne la grammaire,
l'histoire, la géographie, l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, le
piano, le violoncelle, l’orgue.
À l'école, les enfants apprennent à lire sur des lettres en
relief mais ne peuvent pas écrire, car l'impression est faite avec des
lettres cousues sur du papier. En 1821, le capitaine Barbier de la
Serre présente son système phonétique en relief, l’ "écriture
nocturne", destiné à être utilisé dans l'obscurité par l'armée. Braille
invente alors un système d’écriture tactile à 6 points saillants : le
braille. Invente aussi une méthode nouvelle (décapoint) "pour
représenter par des points la forme même des lettres, les cartes de
géographie, les figures de géométrie, les caractères de musique,
etc." Crée en 1847 la première machine à écrire le braille.
Meurt de la tuberculose.
Harriet Beecher Stowe
(1811-1896), femme de lettres états-unienne. Épouse un pasteur
avec qui elle partage un engagement contre l'esclavagisme.
Son roman d'inspiration chrétienne, humaniste et féministe La
case de l'oncle Tom (1852) dénonce l'institution et le commerce de
l'esclavage. Vendu à des millions d'exemplaires, il est reçu comme un
électrochoc pour la conscience publique américaine, au moment où les
tensions légales et sociales entre esclavagistes et abolitionnistes
deviennent de plus en plus tendues.
« Osez me dire qu'un homme doit travailler toute sa vie, depuis
l'aube jusqu'au soir, sous l’œil vigilant d'un maître, sans pouvoir
manifester une fois sa volonté, courbé sous la même tâche monotone
et terrible, avec tout juste assez de nourriture pour être en état de
continuer sa tâche ! »
« Les convulsions qui bouleversent aujourd'hui les peuples ne
sont, je l'espère, que l'enfantement douloureux de la paix et de la
fraternité universelles. »
Mikhaïl Bakounine
(1814-1876), écrivain et militant russe. D'origine noble, d'abord
officier d'artillerie, quitte l'armée, apprend la philosophie à l'Université de
Moscou. Se rend en Allemagne pour étudier Hegel, découvre la politique.
Contraint de s'exiler à Paris en 1842, rencontre Marx, Engels,
Proudhon et Herzen, participe avec enthousiasme à la Révolution de 1848.
Condamné à mort par les Allemands, gracié, 6 ans de cachot, livré à la
police politique russe, s'évade d'un camp de déportation de Sibérie en
1861. Après un périple via Japon et États-Unis, s'installe en Angleterre, se
rallie à la Première Internationale.
Séduit par les idées de Proudhon, élabore une nouvelle théorie
politique, l'anarchisme. Fonde l'"Alliance Internationale de la démocratie
socialiste". S'oppose à Karl Marx qu'il juge trop autoritaire, s'installe en
Suisse en 1867, se retire progressivement de la vie politique. En désaccord
avec l'étatisme prôné par Marx, rompt définitivement avec lui en 1872 lors
du congrès de La Haye.
Pour lui, à travers Dieu, c'est l'autorité, la hiérarchie et, au bout du
compte, l'État qui sont sacralisés, permettant ainsi de justifier toutes formes
d'oppression.
Karl Marx
(1818-1883), philosophe allemand, historien, journaliste, écono-
miste, sociologue, essayiste, militant politique. Grands-parents de
tradition juive, baptisé dans le luthérianisme. Études de droit, d’histoire
et de philosophie à Trèves, Bonn et Berlin. Marqué par Hegel et
Feuerbach.
Journaliste à Cologne, puis à Paris (1843) à cause de la censure
prussienne. Se lie d’amitié avec Friedrich Engels (1820-1893), se
brouille avec Proudhon. Expulsé de Paris (1845), s’installe à Bruxelles,
revient à Paris lors de la révolution de 1848, puis à Cologne, Paris et
Londres (1849). Rédige des articles "alimentaires" pour des journaux
tout en se livrant à des recherches approfondies en économie, histoire,
politique. Développe une conception matérialiste de l'histoire. Ses
revenus très précaires permettent à peine d’entretenir sa femme Jenny
von Westphalen et leurs enfants.
En 1859, se rapproche du journal Das Volk alors que Ferdinand
Lassale et Wilhelm Liebknecht fondent un parti ouvrier, l’Association
générale des travailleurs allemands (Allgemeiner Deutscher Arbeiter
verein - ADAV). ../..
Karl Marx
En 1864, tente d’unifier le mouvement ouvrier et socialiste en
participant à l’ "Association internationale des travailleurs" (1ère
Internatio-
nale). Son ouvrage Le capital (1867) décrit les rouages du capitalisme.
Consacre la fin de sa vie à l’organisation de l’Internationale, à l’écriture de
la suite du Capital et, en plus des langues vivantes qu'il maîtrisait déjà
(allemand, français, anglais, italien), apprend le russe.
Affirme que la lutte des classes (exploiteurs et exploités) est le
moteur de l'histoire. Le prolétariat doit s'organiser à l'échelle internatio-
nale afin de s'emparer du pouvoir et, après une période de transition
("dictature du prolétariat"), conduire à l'abolition des classes et la
disparition de l'État (communisme).
Les critiques du marxisme (y compris les socialistes sociaux-
démocrates) voient dans le concept de "dictature du prolétariat" un
danger fatal pour la démocratie, et arguent qu'en son nom, dirigeants
politiques (Lénine, Staline, Mao, etc.), bureaucratie et nomenklatura ont
accaparé le pouvoir de manière dictatoriale et sanglante dans les régimes
politiques se réclamant du marxisme. ../..
Karl Marx
« Un homme qui ne dispose d'aucun loisir dont la vie tout
entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour
le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le
capitaliste, est moins qu'une bête de somme. C'est une simple
machine à produire la richesse pour autrui, écrasée physiquement et
abrutie intellectuellement. »
« La propriété privée nous a rendus si stupides et si bornés
qu’un objet n’est nôtre que lorsque nous le possédons. »
« La religion est le soupir de la créature opprimée (…) Elle est
l'opium du peuple. »
« Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le
monde, il s'agit maintenant de le transformer. »
« De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses
besoins. »
Image de bas : Affiche du film de Raoul Peck avec l'aide de Pascal Bonitzer Le jeune Karl
Marx (2017)
Louis Pasteur
(1822-1895), scientifique français, spécialisé en chimie et
en microbiologie. Thèse sur la cristallographie. Professeur à Dijon,
Strasbourg, Lille puis Paris
Prouve que les levures sont des micro-organismes
responsables de la fermentation. Étudie à Alès les causes de la
pébrine, maladie des vers à soie. En 1865, dépose un procédé de
conservation et d'amélioration des vins, de la bière et autres par
chauffage, sous le nom de pasteurisation. Travaille sur les maladies
de la bière, se consacre exclusivement après 1877 à la recherche
sur les maladies contagieuses des animaux et de l'homme.
En 1878, énonce les conditions idéales de stérilisation.
Découvre le vaccin contre les maladies du charbon (chez les
moutons), le choléra (chez les poules). Lorsqu’un jeune alsacien
mordu par un chien enragé est amené à son laboratoire, prend le
risque de le vacciner et le sauve de la rage. De ce formidable
succès naît l’institut Pasteur, inauguré en 1888.
« La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. »
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »
Henri Dunant
(1828-1910), homme d'affaire humaniste suisse, Chrétien
Protestant.
Pendant un voyage d'affaires en juin 1859, se trouve à proximité
de la ville italienne de Solferino et découvre les dégâts humains de la
bataille qui vient de s’y dérouler (38 000 morts et blessés).
Obtient des Français que les médecins autrichiens faits prisonniers
aident à la prise en charge des blessés. Met en place d'autres hôpitaux
et fait venir du matériel à ses frais.
L’année suivante, participe à Genève à la fondation du "Comité
international de secours aux militaires blessés", désigné dès 1876 sous
le nom de "Comité international de la Croix-Rouge"".
Avec Frédéric Passy, premier prix Nobel de la paix en 1901.
« Seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu'ils peuvent changer le
monde y parviennent ! »
Andrew Taylor Still
(1828-1917), thérapeute états-unien, fondateur du concept de
l'ostéopathie. Fils d’un pasteur méthodiste médecin qui soigne notamment
les Amérindiens Shawnee. À partir de 1851, commence à mener une activité
de "médecin" itinérant. Dissèque des centaines de cadavres, surtout
indiens, et acquiert une grande connaissance de l'anatomie. Député anti-
esclavagiste du Kansas, chirurgien militaire durant la guerre de Sécession.
En 1865, une épidémie de méningite cause la mort de sa femme et de
3 de ses enfants. Traumatisé par son impuissance face à la maladie, dit
vouloir soigner plus efficacement. Termine sa formation au Kansas College
of Medicine and Surgery
En 1874, guérit un enfant de la dysenterie, uniquement avec ses
mains, puis 17 autres. Rompt définitivement avec la médecine américaine de
son temps qui n'a jamais vraiment répondu à ses espérances et expose ses
théories et résultats sur l’ostéopathie. Comme tout novateur, rencontre de
grandes difficultés et se heurte à l'ostracisme de ses confrères médecins et
du clergé. En 1892, crée l’American School of Osteopathy à Kirksville.
Médecine manuelle, l'ostéopathie vise à comprendre les causes des
symptômes du patient à partir d'une analyse des différents systèmes du corps humain
dans leur ensemble. « L’ostéopathie repose sur l’utilisation du contact manuel pour le
diagnostic et le traitement.(…). Elle place l’accent sur l’intégrité structurelle et
fonctionnelle du corps et la tendance intrinsèque de l’organisme à s’auto-guérir. »
(Définition selon l’OMS)
Louise Michel
(1830-1905), institutrice, militante féministe, révolutionnaire et
libertaire française.
À Paris, aide les femmes à vivre par le travail et mène une activité
politique. Très active pendant la Commune de Paris, déportée en
Nouvelle-Calédonie. Accueillie par la foule à son retour à Paris, reprend
son activité militante, donne des conférences, intervient dans des
meetings, défend l'abolition de la peine de mort, les ouvriers et les
chômeurs. En 1888, un extrémiste attente à sa vie et la blesse à la tête,
mais elle témoigne à son procès pour qu’il n’aille pas en prison.
Lassée par les calomnies et le manque de liberté d’expression,
s’installe à Londres en 1890 et y gère une école libertaire. Revient en
France en 1895.
Arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, emprisonnée
pendant trois ans, libérée sur l'intervention de Clemenceau. Une foule de
120 000 personnes l’accompagne lors de ses funérailles jusqu’au
cimetière de Levallois.
"La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation,
est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter."
Élisée Reclus
(1830-1905), géographe libertaire français. Communard, militant et
théoricien anarchiste, pédagogue et écrivain prolifique, citoyen du
monde avant l’heure, précurseur de la géographie sociale, de la
géopolitique et de l'écologie. Cofondateur d’une banque et de sociétés
coopératives.
Ses ouvrages majeurs sont Histoire d’un ruisseau, sa Géographie
universelle en 19 volumes et L'Homme et la Terre en 6 volumes.
Sa vision embrasse l’écologie, le social, l’économique, le
psychologique, l’impact des migrations et des masses sur
l’environnement. Termine sa vie en Belgique.
« C’est dans la famille surtout, c’est dans ses relations journalières
avec les siens que l’on peut le mieux juger l’homme : s’il respecte
absolument la liberté de sa femme, si les droits, la dignité de ses fils et
de ses filles lui sont aussi précieux que les siens, alors la preuve est
faite ; il est digne d’entrer dans une assemblée de citoyens libres ;
sinon, il est encore esclave, puisqu’il est tyran. »
../..
Élisée Reclus
« Notre destinée, c'est d'arriver à cet état de perfection idéale
où les nations n'auront plus besoin d'être sous la tutelle d'un
gouvernement ou d'une autre nation; c'est l'absence de
gouvernement, c'est l'anarchie, la plus haute expression de l'ordre. »
« Prendre définitivement conscience de notre humanité
solidaire, faisant corps avec la planète elle-même, embrasser du
regard nos origines, notre présent, notre but rapproché, notre idéal
lointain, c’est en cela que consiste le progrès. »
« Devenu la conscience de la Terre, l’homme assume par cela
même une responsabilité dans l’harmonie et la beauté de la nature
environnante. »
« M. Reclus est un homme fort instruit, laborieux et d’habitudes régulières,
mais très rêveur, bizarre, obstiné dans ses idées et croyant à la réalisation de
la fraternité universelle »
Rapport du 9 janvier 1874, Archives de la Préfecture de Police
Tatanka Yotanka
(1831-1890), "bison mâle qui se roule dans la poussière" (mal
traduit par Sitting Bull, "taureau assis"), chef de tribu et médecin des
Lakotas Hunkpapas (Sioux).
A une intense spiritualité qui a alimente une constante recherche
de compréhension de l'univers et de la manière dont, personnellement,
il pourrait apporter ses pouvoirs au profit de son peuple.
Un des principaux Peaux Rouges résistants face à l'armée
américaine lors de la conquête du far-west. Assassiné par la police
indienne sous prétexte de résistance alors qu’on venait l’arrêter pour sa
participation présumée à un mouvement de protestation.
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le
dernier poisson capturé, alors le Visage pâle réalisera que l'argent ne se
mange pas »*.
* Cette citation est parfois attribuée à Géromino, guerrier apache (1829-1909)
Jules Ferry
(1832-1893) homme politique français. Opposant à l'Empire, est
après la chute de celui-ci en 1870, membre du gouvernement
provisoire, et maire de Paris pour quelques mois. Franc-maçon et
anticlérical, mais pas antireligieux. Sous la IIIe
République, ministre de
l’Instruction publique, auteur des lois restaurant l'instruction obligatoire
et gratuite qui avait été instituée en 1793, sous l'impulsion de Louis-
Joseph Charlier.
Promoteur de « l'école publique laïque, gratuite et obligatoire »,
considéré, plusieurs décennies après sa mort, comme l'un des pères
fondateurs de l'identité républicaine. Incite les enseignants à respecter
scrupuleusement l'autorité des parents, condition nécessaire pour
« communiquer la sagesse du genre humain, […] une de ces idées
d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer
dans le patrimoine de l'humanité ».
Favorise le développement des libertés publiques en France :
liberté de réunion, de la presse, autorisation des syndicats de salariés.
Montre au cours de sa carrière politique un fort engagement
pour l'expansion coloniale française : « Les races supérieures (…) ont
le devoir de civiliser les races inférieures. » Cette affirmation indigne
l’anticolonialiste Georges Clémenceau.
Alfred Nobel
(1833-1896), chimiste, industriel et fabricant d'armes suédois.
Etudes à St Pétersbourg puis aux États-Unis. Inventeur de la dynamite à
partir de la nitroglycérine. Possède l'entreprise d'armement Bofors.
Réside à Paris à partir de 1875, puis en Italie en 1890.
Écrit en 1892 à son amie Bertha von Suttner que la dynamite, par
sa puissance destructrice, mettra peut être fin à la guerre avant tous les
parlements.
Dans son testament, lègue son immense fortune pour la création
du prix Nobel. 20 ans plus tard, la dynamite explose sur les champs de
bataille de la 1ère
guerre mondiale.
« Le jour où deux armées auront la possibilité de s’anéantir
mutuellement en l’espace d’une seconde, toutes les nations civilisées du
monde reculeront devant cette horreur et démobiliseront leur troupes ».
(Ce raisonnement est repris par les théoriciens de la dissuasion nucléaire,
qui croient encore au père Nobel et préconisent le renforcement de l’arsenal de
leur pays…)
Photo : Prix Nobel de la paix 2014 à Malala Yousafzai et à Kailash Satyarthi pour leur lutte en
faveur des droits des enfants.
Pauline Kergomard
(1838-1925), née Reclus, institutrice, directrice d’une école privée
puis directrice de L'Ami de l'enfance, revue pour les salles d'asile, lieux de
protection des enfants d’ouvrières.
Transforme les salles d'asile, établissements à vocation
essentiellement sociale, en écoles maternelles, formant la base du
système scolaire. Introduit le jeu, qu'elle considère comme pédagogique,
et les activités artistiques et sportives.
Prône une initiation à la lecture, à l'écriture et au calcul, avant 5
ans. S'oppose toutefois à la tendance qui veut faire de ces écoles des
lieux d'instruction à part entière, voulant plutôt favoriser le
développement naturel” de l'enfant. Nommée en 1881 Inspectrice‟
générale des écoles maternelles.
« Laisser faire aux enfants leur métier d'enfants, pour que, devenus
hommes, ils puissent faire leur métier d'hommes. (…) Que l'on respecte
leur curiosité, qu'ils n'apprennent qu'après avoir observé, déduit,
raisonné, exprimé. Il faut leur donner le goût de la beauté, il faut faire
éclore dans leur coeur les germes de bonté, de générosité,
d'enthousiasme qu'ils renferment. »
Émile Zola
(1840- 1902), écrivain et journaliste français. Auteur de Les Rougon-
Macquart, fresque romanesque en 20 volumes dépeignant la société
française et mettant en scène la trajectoire d’une famille à travers ses
différentes générations.
Engagé dans la défense du capitaine Alfred Dreyfus, injustement
accusé à cause de ses origines juives. Publie en janvier 1898, dans le
quotidien L'Aurore, l'article intitulé "J'accuse" (titre choisi par Georges
Clémenceau) qui lui vaut un procès pour diffamation et un exil à Londres.
À l'issue du procès a lieu en février 1898 la première réunion jetant
les bases de la future Ligue des droits de l'homme.
« J'accuse enfin le premier Conseil de Guerre d'avoir violé le droit,
en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le
second Conseil de Guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en
commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un
coupable. »
Gustave Le Bon
(1841-1931), médecin, anthropologue, psychologue social et sociolo-
gue français. Parcourt l’Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord, écrit des récits
de voyage, des ouvrages d’archéologie et d’anthropologie sur les
civilisations de l’Orient. Crée la ‘Bibliothèque de philosophie scientifique’
chez Flammarion.
Ne soutient pas la théorie d’une hiérarchisation des civilisations,
mais admet des différences au niveau des stades de développement. Se
différencie en cela fortement d'Arthur de Gobineau et dénonce à plusieurs
reprises dans ses œuvres le « mythe de la race aryenne ».
Détermine plusieurs causes d’action des hommes : biologiques,
émotionnelles, rationnelles, collectives, mystiques.
Définit la foule comme une réunion momentanée d'individus soumis
à une émotion forte à la suite d'un événement et/ou d'un discours ou d'une
image provoquant la peur, la haine, ou, au contraire, l'enthousiasme et
l'amour. Source d’ivresse, l’hypnose émotionnelle et intellectuelle
collective réduit à néant la moindre impulsion de volonté individuelle et
l’aptitude à l’esprit critique.
../..
Gustave Le Bon
Impulsives et irritables, les foules peuvent être excitées
facilement et parcourir rapidement la gamme des émotions les plus
contradictoires. Il se produit ensuite spontanément dans la foule un
phénomène de contagion : l’idée dominante se répand dans les
esprits galvanisés par l’émotion commune. D’une suggestibilité et
d’une crédulité extrêmes, la foule perçoit alors les événements dans
une totale subjectivité ou rien n’est invraisemblable, jusqu’à
l’hallucination collective, puis elle transforme en actes la suggestion
reçue.
En raison de leur irritabilité et de leur impulsivité, les foules ne
peuvent pas réussir à s’autodiscipliner ; elles ont besoin d’un leader
fédérateur personnifiant leurs aspirations : un homme d’action
éloquent, doté d’une foi inébranlable dans l’idéal répandu dans la
foule, pour lequel il est prêt à tout sacrifier.
« Malmenez les hommes tant qu’il vous plaira, massacrez-les
par millions, amenez invasions sur invasions, tout vous est permis si
vous possédez un degré suffisant de prestige et le talent nécessaire
pour le maintenir. »
Bertha von Suttner
Bertha Sophie Felicitas Kinsky, baronne von Suttner (1843-1914),
journaliste, écrivaine et militante autrichienne. Issue de la haute
aristocratie austro-hongroise, apprend dès son plus jeune âge à parler
plusieurs langues.
Lutte contre l’anti-slavisme et l’antisémitisme. Grande amie de
Theodor Herzl, fonde avec son mari Arthur Gudaccar von Suttner en
1891 une ‘Association de Défense contre l’Antisémitisme’ : conférences,
brochure, journal, réactions immédiates aux actes anti-Juifs.
Pacifiste affirmant que la guerre ne doit plus être employée,
fondatrice de plusieurs associations pacifistes dont l’Österreichische
Gesellschaft der Friedensfreunde et la Deutsche Friedensgesellschaft.
Secrétaire d'Alfred Nobel en 1876 quand celui-ci réside à Paris. Élue à
Rome vice-présidente du Bureau international de la paix en 1892..
En
juin 1904, une des participantes les plus importantes de la Conférence
internationale des femmes à Berlin.
Lauréate en 1905 du prix Nobel de la paix.
Daniel David Palmer
Bartlett Joshua Palmer
D.D. P. (1845-1913), homme érudit et passionné par la science.
En 1895, à Davenport (Iowa), guérit de sa surdité le concierge de
son immeuble, Harvey Lillard : par un mouvement rapide appelé thrust,
repositionne une vertèbre déplacée 17 ans plus tôt par un faux mouve-
ment. Présente cette méthode sous un éclairage religieux, déclarant
l'avoir reçue de "l' autre monde", emprisonné pour exercice illégal de la
médecine. Fondateur de la chiropraxie (du grec cheir, main et praxis,
action) ou chiropratique.
Son fils, Bartlett Joshua (1882-1961), "BJ" dans le milieu, colonel
de réserve dans la Garde nationale, souvent en désaccord avec son
père, poursuit son travail en le développant techniquement et en
l'adaptant aux connaissances scientifiques de l'époque. Fonde une
école de chiropraxie près de Chicago en 1902 et ouvre une clinique en
1935. En association avec des ingénieurs, développe un neuro-
calorimètre* destiné à démontrer, de façon quantifiable, la validité et
l’efficacité de la chiropraxie sur la circulation des influx nerveux*.
La ‘Fédération mondiale de chiropratique’ (WFC) est membre de
l'OMS depuis 1993.
* Cet appareil sont est l’ancêtre de la thermographie diagnostique et de l’électro-
encéphalogramme actuels.
Hubertine Auclert
(1848-1914), militante féministe française. Jugée trop indépendante
par les religieuses, est écartée à deux reprises de la vie monacale. Choisit
l’engagement républicain et la conquête de la liberté pour les femmes par
la révision des lois du code Napoléon.
À Paris, rejoint l'"Association pour le droit des femmes", dissoute en
1977 et reconstituée sous le nom de "Ligue française pour le droit des
femmes". En 1876, fonde la société "Le droit des femmes" qui soutient le
droit de vote pour les femmes et qui devient en 1883 la société "Le suffrage
des femmes".
Entame, à partir de 1880, une grève de l'impôt en défendant l’idée
que, faute de représentation légale, les femmes ne devraient pas être
imposables. En 1881, lance La Citoyenne, journal qui plaide avec force
pour la libération féminine. En 1888, s’établit pour 4 ans avec son mari en
Algérie et elle y fait une enquête de terrain sur les femmes de ce pays.
En avril 1910, de concert avec Marguerite Durand, se présente
comme candidate aux élections législatives, imitée par deux autres
femmes, Renée Mortier et Gabrielle Chapuis. Leur candidature n'est pas
retenue.
« La femme doit participer à la vie publique, coopérer à la transfor-
mation de la société, afin de s’assurer de n’être point sacrifiée dans l’orga-
nisation sociale future. »
Emmeline Pankhurst
(1858-1928), militante anglaise. Avec son mari Richard, crée en
1889 la Women's Franchise League qui demande le droit de vote pour
les femmes.
Après le décès de son mari, fonde en 1903, avec sa fille
Christabel, la Women's Social and Political Union (WSPU) ou
mouvement des suffragettes.
Organise de nombreuses manifestations (enchaînements aux
lampadaires, grèves de la faim, feux dans des immeubles, section des
fils des télégraphes). Arrêtée cinq fois entre 1912 et 1917.
Bien qu’utilisant aussi des méthodes violentes, le mouvement des
suffragettes marque profondément Gandhi qui admire leur lutte et
cherche alors des moyens d’action conciliant l’éthique et l’efficacité
politique.
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  • 1. Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité" Penseurs et acteurs d’un changement sociétal 0 - de 1500 à 1849 Étienne Godinot 29.11.2018
  • 2. Trombinoscopes Chercheurs d’humanité Parmi les diaporamas en ligne sur ce site Internet figurent 5 séries de "trombinoscopes" ou galeries de portraits : 1 - Penseurs et acteurs d’alternatives économiques 2 - Penseurs et acteurs d’un changement sociétal (éducation, santé, droits humains, urbanisme, politique, etc.) 3 - Penseurs et acteurs de la non-violence et de la résolution n-v des conflits 4 - Penseurs et acteurs de l’écologie et de l’altercroissance 5 - Chercheurs de sens (art, religion, science, philosophie, spiritualité). Ce classement en 5 familles pour des raisons pratiques, bien sûr peu satisfaisant, est destiné à stimuler la réflexion. Chacune des figures présentées pourrait figurer la plupart du temps - et figure parfois - dans plusieurs familles à la fois. Un répertoire alphabétique permet de chercher chaque personne dans une des familles, à partir de son nom et de son année de naissance.
  • 3. Trombinoscopes Chercheurs d’humanité Cette suite de brefs portraits, présentés par ordre d’année de naissance des personnes concernées, n’a pour but que d’ouvrir la tête et toucher le cœur : - montrer au lecteur des figures de femmes et d’hommes et une évolution, - lui donner envie de faire davantage de recherches sur les personnages qui l’intéressent et peut-être de s’engager à leur suite. La sélection des personnes retenues parmi une quantité considérable de chercheurs, penseurs et acteurs et le contenu de leur présentation (en caractères relativement gros, et, dans la grande majorité des cas, sur l’espace d’une seule diapositive) ont été faits selon des critères qui présentent évidemment une grande part de subjectivité.
  • 4. Précisions Orthographe J’ai pris le parti d’écrire selon le code suivant : - un livre anglais, un bain turc, un temple indien, un texte hébreu, une fête juive, un rite chrétien, un voile musulman, un poème soufi, un temple protestant, l’Afrique noire, etc. - les Anglais, les Turcs, les Indiens, les Hébreux, les Juifs, les Sadducéens, les Chrétiens, les Musulmans, les Soufis, les Protestants, les Anabaptistes, les Francs-maçons, les Blancs, les Noirs, les Girondins, les Intouchables, les Résistants de la 2ème Guerre Mondiale, etc., mais les croyants, les incroyants, les athées, les agnostiques, les socialistes, les franquistes, les communistes, les nazis, la droite, le centre, la gauche, etc.; - un rabbin, un prêtre, un imam, un pasteur, le pape X, le cardinal Y, le métropolite Z, un dominicain, un jésuite, un swami, un préfet, un juge, un général, etc. sauf exceptions : les Grands Prêtres, le Grand Inquisiteur, etc. - Louis XVIII, Jean XXIII, la VIème dynastie (pour respecter la tradition), mais le 18ème siècle (pour faciliter la lecture). Droits d’auteur Les images présentées dans les diaporama du site www.irnc.org m’ont été fournies par des sources diverses. Ne pouvant pas m’assurer qu’elles ne sont pas soumises au régime des droits d’auteur, je prie leurs ayants-droits éventuels de me préciser s’ils souhaitent qu’elles soient retirées. Citations Compte-tenu du peu de texte sur chaque personnage, il ne m’est pas possible de donner les références des citations (en « italique » et avec des guillemets en bas de chaque diapo). L’objectif de ces 5 familles de diaporamas est de donner une information de base et d’inciter
  • 5. Ambroise Paré (v. 1510-1590), chirurgien et anatomiste français. Marmiton, aide-soignant d'un barbier, puis compagnon chirurgien à l'Hôtel-Dieu, maître barbier-chirurgien en 1536. Chirurgien du roi et des champs de bataille. Inventeur de nombreux instruments et de prothèses (comme la prothèse palatine*). Dans les amputations, pratique la ligature des artères, qu'il substitue à la cautérisation, panse la plaie avec un mélange de jaune d'œuf, d'huile rosate et de térébenthine. Découvre l'asticothérapie**. Empruntant sans le dire à Pierre Franco (v.1500-v.1565), améliore le traitement de la lithiase urinaire ("la pierre"). Avec l’appui du roi, reçoit le bonnet de maître en 1554 , malgré l'opposition de la faculté de médecine et sa piètre connaissance du latin, pourtant obligatoire. A une conception exigeante de sa profession, tant sur le plan technique que sur le plan humain (« Je soigne les pauvres comme des  rois »), publie ses livres en français. * dispostif prothétique destiné à obstruer une perte de substance au niveau du palais. ** Asticothérapie ou larvothérapie : soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots de diptères, principalement de la mouche verte (Lucilia sericata). Les asticots de cette mouche ont la propriété de ne consommer que les tissus nécrosés.
  • 6. Chrétien-Guillaume de Malesherbes Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), magistrat, botaniste et homme politique français. Substitut du procureur général, Conseiller d’État au Parlement de Paris. Président de la Cour des Aides, s’insurge contre les hausses d’impôts voulues par le pouvoir royal. Louis XV condamne cet affront en supprimant cette juridiction fiscale. Directeur de la Librairie, autorité de la censure royale, apporte en vain son soutien à la publication de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Orateur remarquable, partisan de la liberté de pensée et des idées de justice et d'humanité. Exilé dans son château du Loiret. Membre du Conseil du Roi, fait adopter par Louis XVI l’édit de Versailles (nov. 1787) qui organise l’état-civil des Protestants. En désaccord avec certaines pratiques (les lettres de cachet) ou personnalités, démissionne un an seulement après avoir été nommé. Quitte la France quand éclate la Révolution. Quand il apprend que la Convention va juger le Roi, rentre en juin 1792, et avec une grande simplicité dans son courage, demande à être le défenseur de son ancien maître. Décapité en avril 1794 sous la Terreur avec l’ensemble de sa famille.
  • 7. Pascal Paoli (1725-1807), général et homme politique corse. Contraint à l'âge de 15 ans de suivre son père condamné à l’exil, part avec lui à Naples. De retour en Corse en 1755, élu général en chef, dirige une Corse indépendante. Dote l'État corse d'une constitution républicaine, d'une administration, d'une justice, d'une monnaie, encourage le développement de l'agriculture, assèche des marais, stimule le commerce, organise l'école primaire et fonde une université. Après la vente de la Corse à la France par les Génois, est battu par les troupes du roi Louis XV (bataille de Ponte Novu, mai 1769). Reprend le chemin de l'exil, trouve l'hospitalité en Angleterre et voyage en Europe. Accepte le décret de l'Assemblée constitu- ante de mars 1790 faisant de la Corse un département français. Les relations avec la France se dégradant, prend en 1793 le contrôle de la majorité de l'île, est déclaré traître à la République et décrété d'arrestation. Le vice-roi Gilbert Elliot nommé par les Anglais à la tête de la Corse s'inquiète de l'ombre que pourrait lui faire Paoli et le fait rappeler à Londres. Fort attaché à son île natale et à sa culture, homme des Lumières, tisse des relations d'amitié ou épistolaires à travers toute l'Europe. Apporte son aide à l'élaboration de la constitution des États-Unis.        « Ma vie entière, j’ose le dire, a été un serment ininterrompu à la  liberté. »
  • 8. Cesare Beccaria (1738-1794), juriste italien, criminaliste, philosophe, économiste et homme de lettres, marqué par Montesquieu. Dans son ouvrage Des délits et des peines, fonde le droit pénal moderne, établit les bases et les limites du droit de punir, recommande de proportionner la peine au délit. L’objectif est d’éviter la récidive, non de faire souffrir inutilement. Développe la toute première argumentation contre la peine de mort qui n'est « ni utile, ni nécessaire ». Juge aussi « barbare » la pratique de la torture : les violences physiques, même infligées par l’autorité reconnue, ont des effets contraires aux objectifs recherchés : on risquerait de s’habiter à la violence, voire de la légitimer. Recommande de prévenir le crime plutôt que de le réprimer. Pose aussi en principe la séparation des pouvoirs religieux et judiciaire.            «  Il me paraît absurde que les lois, qui sont l’expression de la  volonté publique, qui détestent et punissent l’homicide, en commettent un  elles-mêmes, et que pour éloigner les citoyens de l’assassinat, elles  ordonnent un assassinat public. »              « Le moyen le plus sûr mais le plus difficile de prévenir les délits  est de perfectionner l’éducation ». 
  • 9. Louis Dufourny de Villiers (1739-1796), architecte, ingénieur en chef de la ville de Paris, homme politique français de la Révolution. Président du district des Mathurins et membre du directoire du département de Paris. Publie en avril 1789, au moment des États généraux de la France, les « Cahiers du quatrième Ordre, c'est-à-dire « des infortunés,  des infirmes, des indigents », « des journaliers », « des salariés  abandonnés de la société », « contraints par la misère à donner tout leur  temps, toutes leurs forces, leur santé même pour un salaire qui  représente à peine le pain nécessaire pour leur nourriture ». Invite « les curés, les sociétés philanthropiques, les  administrateurs des hôpitaux » à lui faire parvenir des mémoires sur la nature et les causes de la misère dans leur district, qu'il se chargerait de publier. Ainsi alertés, les députés pourraient prendre des mesures pour « la protection, la conservation des faibles de la dernière classe », véritable devoir moral de toute société. Les constitutionnels du tiers-état au contraire proscrivent aux confins de la cité ces citoyens qui n’en possèdent que le nom, estimés incompétents pour participer aux assemblées nationales.
  • 10. Nicolas de Condorcet Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, (1743-1794), philosophe, économiste, mathématicien et homme politique français, représentant des Lumières. Effectue des travaux pionniers sur la statistique et les probabilités, le calcul intégral, une analyse des modes de scrutin possibles ("paradoxe de Condorcet"). Rédige pour l’Encyclopédie des articles d'économie politique Mène une action politique, tant avant la Révolution que sous celle-ci. Combat la peine de mort et l’esclavage, lutte en faveur de l’égalité des droits. Siégeant parmi les Girondins, propose des réformes du système éducatif (gratuité, obligation, laïcité et universalité) ainsi que du droit pénal (dénonciation des lettres de cachet, jury pénal). Ne vote pas la mort de Louis XVI. La Convention nationale ordonne son arrestation en 1793. Écrit dans la clandestinité son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit  humain, où, convaincu du développement indéfini des sciences, il affirme que le progrès intellectuel et moral de l’humanité peut être assuré grâce à une éducation bien orientée. Emprisonné en 1794, trouvé mort dans sa cellule deux jours plus tard, probablement suicidé par empoisonnement.               « Nous ne désirons pas que les hommes pensent comme nous  mais qu'ils apprennent à penser d'après eux-mêmes. »
  • 11. François Dominique Toussaint-Louverture F. D. Toussaint Bréda (1743-1803), général et homme politique haïtien. Fils d’un esclave originaire du Bénin, nait dans une plantation coloniale en Haïti, alors colonie française appelée Saint-Domingue. Devient cocher puis palefrenier, se fait affranchir à 33 ans. Lorsqu'arrive la Révolution française, se rallie aux révolutionnai- res. En 1791, les esclaves noirs se révoltent contre les planteurs et colons français. Devient un des chefs de la révolte, combat avec ses 4 000 hommes du côté des Espagnols, ennemis de la France et installés à l’Est de l’île. En mai 1794, rallie les Français qui ont décrété l'abolition de l'esclavage dans leurs colonies antillaises. Aide les troupes françaises à chasser de l'île les Espagnols et leurs alliés anglais. Nommé général de brigade (premier général noir de l’armée française) et en 1801 gouverneur de l'île de Saint- Domingue. Proclame l’autonomie de l’île dans le cadre de la République française, se nomme gouverneur à vie. ../..
  • 12. François Dominique Toussaint-Louverture En 1801, Napoléon Bonaparte envoie 17 000 hommes, et 6 000 autres en 1802, pour reconquérir l'île, considérée comme la "perle des Antilles" et rétablir l’esclavage après 8 années d’abolition. Vaincu, trahi, déporté en France au fort de Joux, près de Pontarlier. Meurt en prison, de froid et de maladie non soignée, en avril 1803. À travers le face à face Napoléon/Toussaint se jouent déjà des éléments essentiels du rapport Nord/Sud. En janvier 1804, son lieutenant Jacques Dessalines proclame l'indépendance de l'île après en avoir chassé les Français. Haïti devint la première république noire indépendante du monde. La France n’abolit définitivement l’esclavage qu’en 1848.             « En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de  l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes  et  nombreuses. »                                 F. D. T-L               « Toussaint n’est pas seulement un héros haïtien, il est avant tout  le héros des masses noires, celui qui nous a libérés de nos chaînes et qui a  ouvert la porte de l’émancipation du peuple noir. Toussaint est universel, il  est même le premier Noir universel. » Pierre Buteau, historien haïtien
  • 13. Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827), pédagogue, éducateur et penseur suisse. Influencé par les idées de Jean-Jacques Rousseau, voue sa vie à l'éducation des enfants pauvres, sourds-muets, etc. Les diverses écoles qu'il fonde avec sa femme Anna - notamment à Stans, Berthoud et Yverdon-les-Bains - servent de modèles dans toute l'Europe. Ses méthodes d'éducation, concrètes et directes, fondées sur le développement progressif de toutes les facultés, sont exposées dans ses ouvrages. Pionnier de la pédagogie moderne. Ses principes éducatifs sont : •présenter l'aspect concret avant d'introduire les concepts abstraits ; •commencer par l'environnement proche avant de s'occuper de ce qui est distant ; •faire précéder d'exercices simples les exercices compliqués ; •procéder graduellement et lentement. Sa pédagogie reste ancrée dans les domaines agricole et professionnel et elle préconise l'enseignement mutuel.
  • 14. Olympe de Gouges Marie Gouze (1748-1793), née à Montauban dans une famille modeste. Suite à la mort de son époux, part avec son fils s'installer à Paris, ne voulant pas tenir son rôle de bourgeoise provinciale. Rêvant de célébrité, prend le pseudonyme d'Olympe de Gouges, créé à partir du prénom de sa mère et de son patronyme. Devient une femme de lettres, publie à partir de 1780 des romans et des pièces de théâtre. Dans ses pièces et autres écrits, dénonce l'esclavage et la peine de mort. Face à l'Assemblée Constituante qui ne donne pas droit de cité aux femmes, publie la "Déclaration des droits de la femme et de la  citoyenne". Y prône l'émancipation de la femme et l'égalité totale et inconditionnelle entre les deux sexes. Demande le droit de divorce et le remplacement du mariage religieux par un contrat civil. Soutient le roi Louis XVI, lors de son procès. Après la chute des Girondins, est accusée d’être l’auteur d’une affiche girondine. Arrêtée, condamnée à mort et guillotinée en novembre 1793. Pionnière du féminisme.              « Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est  en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. »
  • 15. Andrew Bell (1753-1832), pasteur écossais de l’Eglise anglicane et quaker. Ayant trouvé dans l'Inde la pratique de l'enseignement mutuel, en fait l'application avec succès de 1790 à 1795 dans une école de Madras, la Madrasa Homme Orphan Asylum, institution fondée par la Compagnie des Indes orientales pour les fils de ses soldats. Choisit un garçon dégourdi (moniteur) à qui il apprend à enseigner l'alphabet à ses camarades en écrivant sur le sable, puis à d'autres garçons comment enseigner d'autres matières. De retour à Londres, y fait connaître les résultats qu'il avait obtenus dans un ouvrage intitulé : Expériences sur l'éducation faite à l'école des garçons à Madras. Joseph Lancaster, maître d'école à Londres, a un peu modifié la méthode. À son décès, la Société pour la promotion de l'éducation des pauvres avait créé 12.000 écoles en Grande-Bretagne. Fondateur en Europe de l'enseignement mutuel, pédagogie active et coopérative (méthode Bell-Lancaster, ou système des moniteurs).
  • 16. Manon Roland Jeanne-Marie Philippon (1754-1793), femme de lettres française. Très cultivée, courtisée, fidèle à son vieux mari Jean-Marie de la Platière, quoique très éprise d’un autre, s’installe à Paris en 1791. Fidèle esprit des Lumières, révolutionnaire passionnée de la première heure, devient la muse du club des Girondins, modérés qui veulent sauver le Roi de l’échafaud et s'élèvent contre la mise en place du Tribunal Révolutionnaire. Calomniés par les Montagnards qui affirment "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !" et par la Commune, ils sont arrêtés en juin 1793 sur ordre de la Convention, notamment sous l'impulsion de Danton, Robespierre et Saint Just, et guillotinés entre le 31 octobre et le 8 novembre 1793. « Les tyrans peuvent me persécuter : mais m’avilir ? Jamais, jamais ! » « Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution. Eh bien ! j’en ai honte. Elle est ternie par des scélérats, elle est devenue hideuse. » Avant de monter sur l’échafaud sur la place de la Révolution, le 8 novembre 1793, se serait écriée, s’inclinant devant la statue de la Liberté : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »
  • 17. Samuel Hahnemann Christian Friedrich Samuel Hahnemann (1755-1843), médecin, chimiste, traducteur et écrivain allemand. À sa sortie de l'école, fait un discours sur l'importance spirituelle de la main, intermédiaire entre la pensée et l'acte. Études de médecine à Leipzig et à Vienne. Médecin personnel du gouverneur de Transylvanie pendant 21 mois. Études de chimie à Dresde. Traduit les ouvrages des médecins Christopher Nugent (1698- 1775), John Hunter (1728-1793), lit Paraclese (1493-1541), Jean-Baptiste Van Helmont (1579-1644). Son éditeur lui propose la traduction - il parle 7 langues - d'un ouvrage récent (Traité des matières médicales) de William Cullen, médecin écossais (1710-1790), sur le quinquina du Pérou. Remarque une coïncidence entre la toxicologie du quinquina et ses propriétés antipyrétiques*, en contrôle les effets sur lui-même. Se souvient de la loi de similitude énoncée par Hippocrate, Similia similibus curantur : "Les semblables sont guéris par les semblables". Fonde en 1796 l’homéopathie (du grec ομοιοξ, semblable et παθη, maladie), ou "traitement du semblable par le semblable". Expérimente 18 drogues dont une majorité d’origine végétale. Médecin particulier du duc d'Anhalt à Köthen. * qui combat la fièvre
  • 18. Samuel Hahnemann En 1810, écrit l’Organon. « La méthode homéopathique est celle qui, calculant bien la dose, emploie contre l’ensemble des symptômes d’une maladie naturelle, un remède capable de provoquer chez l’homme bien portant des symptômes aussi semblables que possible à ceux que l’on observe chez le malade. » En 1825, dans son Traité des maladies chroniques, définit la deuxième loi de l'homéopathie, la loi d'infinitésimalité : l’homéopathie donne en remède une dose infinitésimale de la cause du mal. En 1831, est à l'origine du déploiement de l'homéopathie pour soigner le choléra : le taux de guérison est de 96%, comparé au taux de 41% de l'allopathie. En 1835, guérit de la phtisie et épouse la Française Mélanie d’Hervilly-Gohier (1800-1978), de 40 ans plus jeune que lui, désireuse de propager son œuvre, et s’installe avec elle à Paris. L’homéopathie ne peut être assimilée à l’effet placebo puisqu’elle guérit des animaux. Le médecin et immunologiste français Jacques Benveniste, découvreur du PAF-Acether, sous contrat avec les laboratoires Boiron, s’engage en 1984 sur la voie difficile de la recherche d’explications scientifiques à l’homéopathie.
  • 19. Wilhelm von Humboldt (1767-1835) philosophe et pédagogue prussien, diplomate et ministre de l'éducation, fondateur de l'université de Berlin. Auteur d’un plaidoyer en faveur des libertés des Lumières et sur les limites de l’action de l’État. Réforme profondément le système scolaire, en se fondant sur les idées de J. H. Pestalozzi. Le système d'éducation dont il est l’architecte a fortement inspiré ceux des États-Unis et du Japon. Jette les bases du développement des sciences humaines modernes. S'intéresse à la philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, à la religion. Linguiste, apporte d’importantes contributions à la philosophie du langage.* « La tâche ultime de notre existence est d'accorder la plus grande place au concept d'humanité dans notre propre personne (…) à travers l'impact de nos actions dans nos vies (…) L'éducation individuelle ne peut continuer que dans le contexte plus large du développement du monde». * Esprit pénétré du don des langues, en manie une soixantaine, du malgache au guarani, en passant par le copte, le lapon, le mandchou, l'auvergnat et le wolof. Compose une trentaine de grammaires, est le principal découvreur des langues du Nouveau Monde et de l'Océanie.
  • 20. Alexander von Humboldt (1769-1859), explorateur allemand, naturaliste, géographe, géolo- gue, physicien, chimiste, botaniste, zoologiste, astronome, météorologue et climatologue. Mère issue d’une famille française huguenote, marqué par les Encyclopédistes. Explorations botaniques et géologiques et recherches sur l’électricité en Europe. Avec son ami français Aimé Bonpland (1773-1858), remonte les fleuves d’Amérique du Sud en pirogue, ouvre un chemin dans les forêts vierges, escalade les plus hautes montagnes, accumule les observations, relevés et échantillons tout au long des 15.000 km de leur trajet. Scandalisé par l’esclavage, refuse d’être transporté sur une chaise à porteurs. Mène des expériences scientifiques avec ses amis Louis Joseph Gay-Lussac (1778-1850) et François Arago (1786-1853). Âgé de 58 ans, traverse et explore la Sibérie. Membre associé de l’Académie des sciences française et président de la Société de géographie de Paris. Par la qualité des relevés effectués lors de ses expéditions, fonde les bases des explorations scientifiques. « N'oublions pas que toutes les croyances populaires, même les plus absurdes en apparence, reposent sur des faits réels, mais mal observés. En les traitant avec dédain, on peut perdre la trace d'une découverte. »
  • 21. Friedrich Hölderlin (1770-1843), poète et philosophe allemand de la période classico-romantique. Précepteur, notamment à Bordeaux, et surtout à Tübingen pendant 36 ans chez le menuisier Zimmer. Ami de Hegel et Schelling. Ses vers, sa prose sont des tentatives de s'envoler là-bas, de vouloir faire revenir dans son Allemagne les anciens dieux et les communautés d'hommes libres. La seule porte permettant d'accéder aux secrets enfouis est pour lui la nature. Propose d’habiter poétique- ment le monde. « Et pourquoi des poètes en temps de détresse? (…) Plein de mérites, mais en poète l'homme habite sur cette terre ». « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve. » Cette formule correspond à une vision hégélienne du changement où toute action provoque sa réaction contraire. Elle est souvent utilisée par Edgar Morin pour montrer que les contradictions d’un système sécrètent les bases de leur propre dépassement. Ainsi les catastrophes entrainent des élans de solidarité, les crises économiques peuvent provoquer des réactions salutaires des États, des citoyens, créant ainsi les bases d’une nouvelle société. Mais, peut-on objecter, alors que la cordée est faite pour protéger des chutes individuelles, si plusieurs décrochent, la cordée toute entière sera entrainée dans le vide. Il faudrait ajouter : « Là où croît ce qui sauve, croît un nouveau danger… »
  • 22. Xavier Bichat Marie François Xavier Bichat (1771-1802), médecin et anatomo-pathologiste français. Études de médecine à Lyon et à Paris, y rencontre des maîtres, Marc-Antoine Petit (1776-1811) et Pierre- Joseph Desault (1738-1795). Professeur, médecin en chef de l'Hôtel- Dieu à Paris. Fait d'immenses recherches anatomiques et publie des ouvrages marquants, notamment Recherches sur la vie et la mort, et Anatomie descriptive pour lequel il dissèque près de 600 cadavres. Pour établir que le cœur est indépendant du cerveau, s'appuie sur le galvanisme. Rénovateur de l'anatomie pathologique, étudie, à travers l'autopsie et l'expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme. Adopte les idées de Théophile de Bordeu (1722-1776) et de Paul Joseph de Barthez (1734-1806) sur la force vitale, mais en distinguant la vie animale de la vie organique : place spécialement cette dernière dans les tissus qui enveloppaient les viscères et recherche le mode de vitalité propre à chaque tissu. Mort à Paris d’une méningite tuberculeuse à l'âge de 30 ans. « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. »
  • 23. Charles Fourier (1772-1837), philosophe et économiste français de l’école utopiste. Commis-voyageur et caissier, fonde en 1832 l’hebdomadaire Le Phalanstère. Transpose la loi d’attraction dans les rapports humains et élabore une organisation sociale constituée d’individus aux caractères différents et complémentaires, regroupés par combinaison des 13 passions humaines fondamentales, et qui mène à l’harmonie universelle. Les phalanstères sont des groupements de production et de consommation dans lesquels chaque phalanstérien pratique plusieurs métiers par alternance, ce qui lui permet de développer toutes ses facultés. Les revenus sont répartis entre le capital, le travail et le talent. Promeut ainsi plusieurs idées très innovan- tes dont la création de crèches. N’attend rien de l’action politique, ni de l’intervention du peuple, ni du recours à la violence. Le passage de la société actuelle à la société nouvelle doit se faire par contagion. Participe lui-même en 1833 avec Victor Considerant au premier essai de réalisation : la "Colonie sociétaire" de Condé-sur-Vesgre, près de Rambouillet, sera un échec mais abrite aujourd’hui une douzaine de familles et reste un lieu de rencontres.
  • 24. René Laënnec René-Théophile-Marie-Hyacinthe Laënnec (1781-1826), médecin français. Études de médecine à Paris, pratique l'anatomie pathologique avec Gaspard Laurent Bayle (1774-1816) et étudie les maladies à partir des lésions constatées à l’autopsie, en particulier la cirrhose. S’intéresse aux maladies pulmonaires et utilise la technique de percussion décrite par le médecin autrichien Leopold Auenbrugger (1722-1809). Créateur du diagnostic médical par auscultation (Traité de l'auscultation médiate, 1819) grâce à l'invention du stéthoscope (du grec stethos, poitrine et skopein, examiner) ». Sa classification des bruits d’auscultation* est toujours utilisée par les médecins. Décrit la péritonite, la cirrhose, les métastases pulmonaires du mélanome, apporte de nombreuses contributions à la connaissance de la tuberculose. Introduit dans la médecine un rigueur toute scientifique qui impose des règles d’observation objectives. « La partie la plus importante de notre art consiste à être en mesure d’observer correctement. » * les râles sonores (ou ronflements), les râles sibilants (ou sifflements) et les râles muqueux (ou gargouillements)
  • 25. Nikolai Grundtvig (1783-1872), pasteur luthérien, écrivain, poète, linguiste, historien, et pédagogue danois. Initiateur des écoles populaires, considéré comme le père de la formation tout au long de la vie ou formation continue. Plutôt que de former des érudits, affirme que l’école et l'université doivent éduquer les élèves à une participation active dans la société. S’efforce particulièrement d’associer l’instruction en commun à l’éducation dans la famille, et d’imprimer à l’enseignement une direction locale en vue de rendre essor à la vie populaire. Ainsi, les compétences pratiques ainsi que la poésie et l'histoire nationale doivent constituer une partie essentielle de l'instruction. Promeut dans toutes les branches de la vie éducative l’esprit de liberté, la poésie et la créativité disciplinée, les valeurs telles que la sagesse, la compassion, l'égalité, la coopération et la découverte.
  • 26. Richard Hutton et Wharton Hood Richard Hutton (1801-1871), bone-setter, rebouteux londonien célèbre. Affirme : « Une articulation doit être remise à l’inverse de la direction dans laquelle elle a été démise. (… ) Tirer ne sert pas à grand chose ; c’est la torsion qui est importante. ». Rend les leviers des membres utilisables pour l’obtention de la puissance nécessaire à l’accomplissement de ses objectifs, ce qui lui permet de se passer complètement d’appareillages extérieurs. Wharton Hood (1833-1916), médecin anglais. Son père médecin, dans les années 1870, soigne d’une grave maladie R. Hutton qui, pour le remercier, communique à Wharton l’ensemble de son savoir et de son savoir-faire. Hood explique que l’état articulaire stiff (dur ou résistant), painfull (douloureux à la palpation) et helpless (faible, sans défense) intervient toujours soit après un état inflammatoire (pathologique ou post traumatique), soit après une immobilisation prolongée. Son hypothèse géniale concerne les adhérences et le changement d’état des tissus articulaires. Défend la pratique du rebouteux qu’il estime complé- mentaire de la pratique médicale et chirurgicale.
  • 27. Victor Schoelcher (1804-1893), homme politique français. Famille aisée, courtes études au lycée Condorcet, côtoie les milieux littéraires et artistiques parisiens. Son père, industriel dans la porcelaine, l’envoie en Amérique latine entre 1828 et 1830 pour faire du commerce. Profondément révolté par l'esclavage qu’il découvre à Cuba. De retour en France, devient journaliste et adhère à la Société pour la libération des esclaves. Dénonce l'esclavage par des articles dans des journaux et des livres. Dans le gouvernement provisoire de 1848 (IIème République), nommé sous-secrétaire d'État à la marine et aux colonies. Contribue à faire signer un décret d’abolition définitive de l'esclavage dans les colonies le 27 avril 1848. Député de Martinique et de Guadeloupe (1848-1851), puis sénateur de Martinique (1871-1893). En 1877, dépose une proposition de loi pour interdire la bastonnade dans les bagnes. Milite aussi contre la peine de mort et défend les droits civils des femmes. « Le seul, l'unique remède aux maux incalculables de la servitude, c'est la liberté. Il est impossible d'introduire l'humanité dans l'esclavage. Il n'existe qu'un moyen d'améliorer réellement le sort des Nègres, c'est de prononcer l'émancipation complète et immédiate. »
  • 28. Jeanne Deroin (1805-1894), féministe et socialiste française. Ouvrière lingère autodidacte, obtient le brevet d'institutrice. Rédige dès 1831 un plaidoyer contre "l'assujettissement de la femme". Épouse en 1832 le saint- simonien Antoine Desroches, tout en refusant de prendre son nom et en insistant lors de la cérémonie civile sur son statut d'égalité. Malgré son adhésion - critique - aux idées des socialistes utopiques, reste peu active jusque 1848, car elle élève leurs trois enfants. En juin 1848, fonde avec Désirée Gay (1810-1891) et Eugénie Niboyet (1796-1883) La Politique des Femmes, "journal publié pour les intérêts des femmes et par une société d’ouvrières". Lors de la Révolu- tion de 1848, se présente comme candidate aux élections législatives du 13 mai. Pierre-Joseph Proudhon, comme la plupart des socialistes, juge cette candidature "excentrique", et même des femmes comme George Sand l'estiment déplacée. Les caricatures d’Honoré Daumier (image du bas) tournent en ridicule les aspirations de ses contemporaines au vote ou au travail et présentent leur émancipation comme une catastrophe pour l'ordre domestique. Après le coup d'État du 2 déc. 1851, doit s'exiler en Angleterre où elle meurt dans la pauvreté.
  • 29. Victor Considerant (1808-1893), philosophe et économiste français. Polytechnicien, ingénieur militaire, abandonne la carrière pour se consacrer à la diffusion des idées de son maître et ami Charles Fourier. Fonde le journal La Phalange, qui devient en 1843 Démocratie pacifique. Élu député, siège à l'extrême-gauche, affirme le droit au travail qui devient une des idées fortes des socialistes français de 1848. En droit constitutionnel, inventeur, en 1846, de la représentation proportionnelle. En juin 1848, seul député à proposer le droit de vote pour les femmes. Exilé suite à une manifestation avec Ledru-Rollin contre Louis- Napoléon Bonaparte, se réfugie en Belgique puis crée au Texas, avec l’appui de Jean-Baptiste Godin et du fouriériste états-unien Albert Brisbane, la colonie de Réunion, près de Dallas (1854-1858) Critique les évolutions économiques et technologiques de son époque considérées comme trop rapides, prend la défense de la petite entreprise contre la grande, soutient la révolte des Canuts à Lyon. Partisan déclaré d’une fédération européenne, comme Victor Hugo. Adhère un temps à la Première Internationale, puis se retire définitive- ment de la vie politique.
  • 30. Abd el-Kader (1808-1883), homme politique et chef militaire algérien, écrivain et poète, philosophe et théologien soufi, humaniste et exégète. Combat la colonisation française en Algérie de 1832 à 1847, est mis hors la loi en Algérie et au Maroc. En 1843, 21 ans avant la convention de Genève, promulgue une charte des droits des prisonniers. Emprisonné à Toulon, à Pau puis à Ambroise, exilé en Turquie puis en Syrie. En juillet 1860, des fanatiques sunnites attaquent les quartiers chrétiens, grecs et maronites, tuant plus de 5 000 habitants. Intervient pour arrêter le massacre et protège au péril de sa vie la communauté des chrétiens de Damas. Consacre le reste de sa vie à des œuvres de bienfaisances, à l'étude des textes scientifiques et sacrés et à la méditation. "Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu’il est. Si l’eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c’est qu’elle vient d’une source pure."
  • 31. Wilhelm Weitling (1808-1871), enfant illégitime d’une domestique et d'un officier de l'armée française d'occupation de Napoléon, compagnon tailleur allemand. Premier théoricien du communisme, représentant du socialisme utopique aux convictions chrétiennes. Quitte la Ligue des bannis (association constituée d’Allemands exilés en France, parce que persé- cutés dans leur pays d’origine à cause de leurs idées démocratiques et révolutionnaires), et crée la Ligue des justes (Bund der Gerechten). Celle-ci, précurseur des futurs partis socialistes et communistes en Europe et dans le monde, prône la lutte sociale au détriment de la pratique conspirative. S’établit en Suisse en 1841. Incarcéré 10 mois à Zürich, émigre en Angleterre puis aux États-Unis. En 1846, s’oppose à Karl Marx car les deux hommes ont des conceptions différentes de la révolution. Édite entre 1850 et 1855 à New-York la revue Republik der Arbeiter (République des travailleurs). « Il y aura toujours des révolutions, mais elles ne seront pas toujours sanglantes. »
  • 32. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), socialiste français. Ouvrier typographe, puis correcteur, imprimeur, conseil juridique dans une entreprise de transports fluviaux, journaliste, député. Polémiste, économiste, philosophe et sociologue. Écrit dans Philosophie de la misère en 1846 que la propriété manifeste l’inégalité, mais est l'objet même de la liberté; le machinisme accroît la productivité, mais détruit l’artisanat et aliène le salarié; la liberté elle-même est indispensable, mais cause l'inégalité. Élabore la théorie du crédit à taux zéro qui anticipe le fonctionne- ment des mutuelles d’aujourd'hui. Imagine la création d’une banque d’échange ou "banque du peuple", dont le but est l’abolition de la monnaie, du salariat, la suppression de toute prise d’intérêt et de toute réalisation de profit dans le cadre des structures d’échange entre les individus. Condamné à la prison (1849-1852) pour son opposition à Louis- Napoléon Bonaparte. À nouveau condamné en 1857 pour sa critique contre la religion chrétienne, s’exile en Belgique, est amnistié Père du syndicalisme ouvrier, précurseur de l'anarchisme. Un des premiers théoriciens du fédéralisme, entendu non pas seulement comme libre association des communes, mais comme point de jonction entre l’industrie et la campagne, l’ouvrier et le paysan. ../..
  • 33. Pierre-Joseph Proudhon Considère la guerre comme une conséquence des maux écono- miques et du paupérisme, et en prévoit l'élimination dans la société future fondée sur le travail. Réfute l'hypothèse d'une révolution violente. Auteur de plus de 60 livres, seul théoricien révolutionnaire du 19ème siècle à être issu du milieu ouvrier. Ses partisans s’opposeront aux représentants du socialisme marxiste lors de la 1ère Internationale à Londres en sept. 1864. Par ailleurs très conservateur au sujet du rôle des femmes, antisémite, défend l’esclavage. « La propriété, c’est le vol » (1840) « Ne nous posons pas en apôtres d’une nouvelle religion ; cette religion fût-elle la religion de la logique, la religion de la raison. Accueil- lons, encourageons toutes les protestations ; flétrissons toutes les exclusions, tous les mysticismes ; ne regardons jamais une question comme épuisée, et quand nous aurons usé jusqu’à notre dernier argument, recommençons s’il faut, avec l’éloquence et l’ironie. À cette condition, j’entrerai avec plaisir dans votre association, sinon, non ! » Lettre à Karl Marx qui lui propose d'être son correspondant attitré pour la France, mai 1846 « L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir. » (1849)
  • 34. Louis Braille (1809-1852), Français, fils d’un bourrelier. Âgé de 3 ans, alors qu’il fait des trous dans un morceau de cuir avec une alêne, se blesse l’œil droit. L'infection s'étend à l'œil gauche, et provoque la cécité. Admis à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, école fondée en 1784 par Valentin Haüy. Enseigne la grammaire, l'histoire, la géographie, l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, le piano, le violoncelle, l’orgue. À l'école, les enfants apprennent à lire sur des lettres en relief mais ne peuvent pas écrire, car l'impression est faite avec des lettres cousues sur du papier. En 1821, le capitaine Barbier de la Serre présente son système phonétique en relief, l’ "écriture nocturne", destiné à être utilisé dans l'obscurité par l'armée. Braille invente alors un système d’écriture tactile à 6 points saillants : le braille. Invente aussi une méthode nouvelle (décapoint) "pour représenter par des points la forme même des lettres, les cartes de géographie, les figures de géométrie, les caractères de musique, etc." Crée en 1847 la première machine à écrire le braille. Meurt de la tuberculose.
  • 35. Harriet Beecher Stowe (1811-1896), femme de lettres états-unienne. Épouse un pasteur avec qui elle partage un engagement contre l'esclavagisme. Son roman d'inspiration chrétienne, humaniste et féministe La case de l'oncle Tom (1852) dénonce l'institution et le commerce de l'esclavage. Vendu à des millions d'exemplaires, il est reçu comme un électrochoc pour la conscience publique américaine, au moment où les tensions légales et sociales entre esclavagistes et abolitionnistes deviennent de plus en plus tendues. « Osez me dire qu'un homme doit travailler toute sa vie, depuis l'aube jusqu'au soir, sous l’œil vigilant d'un maître, sans pouvoir manifester une fois sa volonté, courbé sous la même tâche monotone et terrible, avec tout juste assez de nourriture pour être en état de continuer sa tâche ! » « Les convulsions qui bouleversent aujourd'hui les peuples ne sont, je l'espère, que l'enfantement douloureux de la paix et de la fraternité universelles. »
  • 36. Mikhaïl Bakounine (1814-1876), écrivain et militant russe. D'origine noble, d'abord officier d'artillerie, quitte l'armée, apprend la philosophie à l'Université de Moscou. Se rend en Allemagne pour étudier Hegel, découvre la politique. Contraint de s'exiler à Paris en 1842, rencontre Marx, Engels, Proudhon et Herzen, participe avec enthousiasme à la Révolution de 1848. Condamné à mort par les Allemands, gracié, 6 ans de cachot, livré à la police politique russe, s'évade d'un camp de déportation de Sibérie en 1861. Après un périple via Japon et États-Unis, s'installe en Angleterre, se rallie à la Première Internationale. Séduit par les idées de Proudhon, élabore une nouvelle théorie politique, l'anarchisme. Fonde l'"Alliance Internationale de la démocratie socialiste". S'oppose à Karl Marx qu'il juge trop autoritaire, s'installe en Suisse en 1867, se retire progressivement de la vie politique. En désaccord avec l'étatisme prôné par Marx, rompt définitivement avec lui en 1872 lors du congrès de La Haye. Pour lui, à travers Dieu, c'est l'autorité, la hiérarchie et, au bout du compte, l'État qui sont sacralisés, permettant ainsi de justifier toutes formes d'oppression.
  • 37. Karl Marx (1818-1883), philosophe allemand, historien, journaliste, écono- miste, sociologue, essayiste, militant politique. Grands-parents de tradition juive, baptisé dans le luthérianisme. Études de droit, d’histoire et de philosophie à Trèves, Bonn et Berlin. Marqué par Hegel et Feuerbach. Journaliste à Cologne, puis à Paris (1843) à cause de la censure prussienne. Se lie d’amitié avec Friedrich Engels (1820-1893), se brouille avec Proudhon. Expulsé de Paris (1845), s’installe à Bruxelles, revient à Paris lors de la révolution de 1848, puis à Cologne, Paris et Londres (1849). Rédige des articles "alimentaires" pour des journaux tout en se livrant à des recherches approfondies en économie, histoire, politique. Développe une conception matérialiste de l'histoire. Ses revenus très précaires permettent à peine d’entretenir sa femme Jenny von Westphalen et leurs enfants. En 1859, se rapproche du journal Das Volk alors que Ferdinand Lassale et Wilhelm Liebknecht fondent un parti ouvrier, l’Association générale des travailleurs allemands (Allgemeiner Deutscher Arbeiter verein - ADAV). ../..
  • 38. Karl Marx En 1864, tente d’unifier le mouvement ouvrier et socialiste en participant à l’ "Association internationale des travailleurs" (1ère Internatio- nale). Son ouvrage Le capital (1867) décrit les rouages du capitalisme. Consacre la fin de sa vie à l’organisation de l’Internationale, à l’écriture de la suite du Capital et, en plus des langues vivantes qu'il maîtrisait déjà (allemand, français, anglais, italien), apprend le russe. Affirme que la lutte des classes (exploiteurs et exploités) est le moteur de l'histoire. Le prolétariat doit s'organiser à l'échelle internatio- nale afin de s'emparer du pouvoir et, après une période de transition ("dictature du prolétariat"), conduire à l'abolition des classes et la disparition de l'État (communisme). Les critiques du marxisme (y compris les socialistes sociaux- démocrates) voient dans le concept de "dictature du prolétariat" un danger fatal pour la démocratie, et arguent qu'en son nom, dirigeants politiques (Lénine, Staline, Mao, etc.), bureaucratie et nomenklatura ont accaparé le pouvoir de manière dictatoriale et sanglante dans les régimes politiques se réclamant du marxisme. ../..
  • 39. Karl Marx « Un homme qui ne dispose d'aucun loisir dont la vie tout entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu'une bête de somme. C'est une simple machine à produire la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement. » « La propriété privée nous a rendus si stupides et si bornés qu’un objet n’est nôtre que lorsque nous le possédons. » « La religion est le soupir de la créature opprimée (…) Elle est l'opium du peuple. » « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer. » « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. » Image de bas : Affiche du film de Raoul Peck avec l'aide de Pascal Bonitzer Le jeune Karl Marx (2017)
  • 40. Louis Pasteur (1822-1895), scientifique français, spécialisé en chimie et en microbiologie. Thèse sur la cristallographie. Professeur à Dijon, Strasbourg, Lille puis Paris Prouve que les levures sont des micro-organismes responsables de la fermentation. Étudie à Alès les causes de la pébrine, maladie des vers à soie. En 1865, dépose un procédé de conservation et d'amélioration des vins, de la bière et autres par chauffage, sous le nom de pasteurisation. Travaille sur les maladies de la bière, se consacre exclusivement après 1877 à la recherche sur les maladies contagieuses des animaux et de l'homme. En 1878, énonce les conditions idéales de stérilisation. Découvre le vaccin contre les maladies du charbon (chez les moutons), le choléra (chez les poules). Lorsqu’un jeune alsacien mordu par un chien enragé est amené à son laboratoire, prend le risque de le vacciner et le sauve de la rage. De ce formidable succès naît l’institut Pasteur, inauguré en 1888. « La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. » « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »
  • 41. Henri Dunant (1828-1910), homme d'affaire humaniste suisse, Chrétien Protestant. Pendant un voyage d'affaires en juin 1859, se trouve à proximité de la ville italienne de Solferino et découvre les dégâts humains de la bataille qui vient de s’y dérouler (38 000 morts et blessés). Obtient des Français que les médecins autrichiens faits prisonniers aident à la prise en charge des blessés. Met en place d'autres hôpitaux et fait venir du matériel à ses frais. L’année suivante, participe à Genève à la fondation du "Comité international de secours aux militaires blessés", désigné dès 1876 sous le nom de "Comité international de la Croix-Rouge"". Avec Frédéric Passy, premier prix Nobel de la paix en 1901. « Seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu'ils peuvent changer le monde y parviennent ! »
  • 42. Andrew Taylor Still (1828-1917), thérapeute états-unien, fondateur du concept de l'ostéopathie. Fils d’un pasteur méthodiste médecin qui soigne notamment les Amérindiens Shawnee. À partir de 1851, commence à mener une activité de "médecin" itinérant. Dissèque des centaines de cadavres, surtout indiens, et acquiert une grande connaissance de l'anatomie. Député anti- esclavagiste du Kansas, chirurgien militaire durant la guerre de Sécession. En 1865, une épidémie de méningite cause la mort de sa femme et de 3 de ses enfants. Traumatisé par son impuissance face à la maladie, dit vouloir soigner plus efficacement. Termine sa formation au Kansas College of Medicine and Surgery En 1874, guérit un enfant de la dysenterie, uniquement avec ses mains, puis 17 autres. Rompt définitivement avec la médecine américaine de son temps qui n'a jamais vraiment répondu à ses espérances et expose ses théories et résultats sur l’ostéopathie. Comme tout novateur, rencontre de grandes difficultés et se heurte à l'ostracisme de ses confrères médecins et du clergé. En 1892, crée l’American School of Osteopathy à Kirksville. Médecine manuelle, l'ostéopathie vise à comprendre les causes des symptômes du patient à partir d'une analyse des différents systèmes du corps humain dans leur ensemble. « L’ostéopathie repose sur l’utilisation du contact manuel pour le diagnostic et le traitement.(…). Elle place l’accent sur l’intégrité structurelle et fonctionnelle du corps et la tendance intrinsèque de l’organisme à s’auto-guérir. » (Définition selon l’OMS)
  • 43. Louise Michel (1830-1905), institutrice, militante féministe, révolutionnaire et libertaire française. À Paris, aide les femmes à vivre par le travail et mène une activité politique. Très active pendant la Commune de Paris, déportée en Nouvelle-Calédonie. Accueillie par la foule à son retour à Paris, reprend son activité militante, donne des conférences, intervient dans des meetings, défend l'abolition de la peine de mort, les ouvriers et les chômeurs. En 1888, un extrémiste attente à sa vie et la blesse à la tête, mais elle témoigne à son procès pour qu’il n’aille pas en prison. Lassée par les calomnies et le manque de liberté d’expression, s’installe à Londres en 1890 et y gère une école libertaire. Revient en France en 1895. Arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, emprisonnée pendant trois ans, libérée sur l'intervention de Clemenceau. Une foule de 120 000 personnes l’accompagne lors de ses funérailles jusqu’au cimetière de Levallois. "La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter."
  • 44. Élisée Reclus (1830-1905), géographe libertaire français. Communard, militant et théoricien anarchiste, pédagogue et écrivain prolifique, citoyen du monde avant l’heure, précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique et de l'écologie. Cofondateur d’une banque et de sociétés coopératives. Ses ouvrages majeurs sont Histoire d’un ruisseau, sa Géographie universelle en 19 volumes et L'Homme et la Terre en 6 volumes. Sa vision embrasse l’écologie, le social, l’économique, le psychologique, l’impact des migrations et des masses sur l’environnement. Termine sa vie en Belgique. « C’est dans la famille surtout, c’est dans ses relations journalières avec les siens que l’on peut le mieux juger l’homme : s’il respecte absolument la liberté de sa femme, si les droits, la dignité de ses fils et de ses filles lui sont aussi précieux que les siens, alors la preuve est faite ; il est digne d’entrer dans une assemblée de citoyens libres ; sinon, il est encore esclave, puisqu’il est tyran. » ../..
  • 45. Élisée Reclus « Notre destinée, c'est d'arriver à cet état de perfection idéale où les nations n'auront plus besoin d'être sous la tutelle d'un gouvernement ou d'une autre nation; c'est l'absence de gouvernement, c'est l'anarchie, la plus haute expression de l'ordre. » « Prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même, embrasser du regard nos origines, notre présent, notre but rapproché, notre idéal lointain, c’est en cela que consiste le progrès. » « Devenu la conscience de la Terre, l’homme assume par cela même une responsabilité dans l’harmonie et la beauté de la nature environnante. » « M. Reclus est un homme fort instruit, laborieux et d’habitudes régulières, mais très rêveur, bizarre, obstiné dans ses idées et croyant à la réalisation de la fraternité universelle » Rapport du 9 janvier 1874, Archives de la Préfecture de Police
  • 46. Tatanka Yotanka (1831-1890), "bison mâle qui se roule dans la poussière" (mal traduit par Sitting Bull, "taureau assis"), chef de tribu et médecin des Lakotas Hunkpapas (Sioux). A une intense spiritualité qui a alimente une constante recherche de compréhension de l'univers et de la manière dont, personnellement, il pourrait apporter ses pouvoirs au profit de son peuple. Un des principaux Peaux Rouges résistants face à l'armée américaine lors de la conquête du far-west. Assassiné par la police indienne sous prétexte de résistance alors qu’on venait l’arrêter pour sa participation présumée à un mouvement de protestation. « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le Visage pâle réalisera que l'argent ne se mange pas »*. * Cette citation est parfois attribuée à Géromino, guerrier apache (1829-1909)
  • 47. Jules Ferry (1832-1893) homme politique français. Opposant à l'Empire, est après la chute de celui-ci en 1870, membre du gouvernement provisoire, et maire de Paris pour quelques mois. Franc-maçon et anticlérical, mais pas antireligieux. Sous la IIIe République, ministre de l’Instruction publique, auteur des lois restaurant l'instruction obligatoire et gratuite qui avait été instituée en 1793, sous l'impulsion de Louis- Joseph Charlier. Promoteur de « l'école publique laïque, gratuite et obligatoire », considéré, plusieurs décennies après sa mort, comme l'un des pères fondateurs de l'identité républicaine. Incite les enseignants à respecter scrupuleusement l'autorité des parents, condition nécessaire pour « communiquer la sagesse du genre humain, […] une de ces idées d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l'humanité ». Favorise le développement des libertés publiques en France : liberté de réunion, de la presse, autorisation des syndicats de salariés. Montre au cours de sa carrière politique un fort engagement pour l'expansion coloniale française : « Les races supérieures (…) ont le devoir de civiliser les races inférieures. » Cette affirmation indigne l’anticolonialiste Georges Clémenceau.
  • 48. Alfred Nobel (1833-1896), chimiste, industriel et fabricant d'armes suédois. Etudes à St Pétersbourg puis aux États-Unis. Inventeur de la dynamite à partir de la nitroglycérine. Possède l'entreprise d'armement Bofors. Réside à Paris à partir de 1875, puis en Italie en 1890. Écrit en 1892 à son amie Bertha von Suttner que la dynamite, par sa puissance destructrice, mettra peut être fin à la guerre avant tous les parlements. Dans son testament, lègue son immense fortune pour la création du prix Nobel. 20 ans plus tard, la dynamite explose sur les champs de bataille de la 1ère guerre mondiale. « Le jour où deux armées auront la possibilité de s’anéantir mutuellement en l’espace d’une seconde, toutes les nations civilisées du monde reculeront devant cette horreur et démobiliseront leur troupes ». (Ce raisonnement est repris par les théoriciens de la dissuasion nucléaire, qui croient encore au père Nobel et préconisent le renforcement de l’arsenal de leur pays…) Photo : Prix Nobel de la paix 2014 à Malala Yousafzai et à Kailash Satyarthi pour leur lutte en faveur des droits des enfants.
  • 49. Pauline Kergomard (1838-1925), née Reclus, institutrice, directrice d’une école privée puis directrice de L'Ami de l'enfance, revue pour les salles d'asile, lieux de protection des enfants d’ouvrières. Transforme les salles d'asile, établissements à vocation essentiellement sociale, en écoles maternelles, formant la base du système scolaire. Introduit le jeu, qu'elle considère comme pédagogique, et les activités artistiques et sportives. Prône une initiation à la lecture, à l'écriture et au calcul, avant 5 ans. S'oppose toutefois à la tendance qui veut faire de ces écoles des lieux d'instruction à part entière, voulant plutôt favoriser le développement naturel” de l'enfant. Nommée en 1881 Inspectrice‟ générale des écoles maternelles. « Laisser faire aux enfants leur métier d'enfants, pour que, devenus hommes, ils puissent faire leur métier d'hommes. (…) Que l'on respecte leur curiosité, qu'ils n'apprennent qu'après avoir observé, déduit, raisonné, exprimé. Il faut leur donner le goût de la beauté, il faut faire éclore dans leur coeur les germes de bonté, de générosité, d'enthousiasme qu'ils renferment. »
  • 50. Émile Zola (1840- 1902), écrivain et journaliste français. Auteur de Les Rougon- Macquart, fresque romanesque en 20 volumes dépeignant la société française et mettant en scène la trajectoire d’une famille à travers ses différentes générations. Engagé dans la défense du capitaine Alfred Dreyfus, injustement accusé à cause de ses origines juives. Publie en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, l'article intitulé "J'accuse" (titre choisi par Georges Clémenceau) qui lui vaut un procès pour diffamation et un exil à Londres. À l'issue du procès a lieu en février 1898 la première réunion jetant les bases de la future Ligue des droits de l'homme. « J'accuse enfin le premier Conseil de Guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second Conseil de Guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable. »
  • 51. Gustave Le Bon (1841-1931), médecin, anthropologue, psychologue social et sociolo- gue français. Parcourt l’Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord, écrit des récits de voyage, des ouvrages d’archéologie et d’anthropologie sur les civilisations de l’Orient. Crée la ‘Bibliothèque de philosophie scientifique’ chez Flammarion. Ne soutient pas la théorie d’une hiérarchisation des civilisations, mais admet des différences au niveau des stades de développement. Se différencie en cela fortement d'Arthur de Gobineau et dénonce à plusieurs reprises dans ses œuvres le « mythe de la race aryenne ». Détermine plusieurs causes d’action des hommes : biologiques, émotionnelles, rationnelles, collectives, mystiques. Définit la foule comme une réunion momentanée d'individus soumis à une émotion forte à la suite d'un événement et/ou d'un discours ou d'une image provoquant la peur, la haine, ou, au contraire, l'enthousiasme et l'amour. Source d’ivresse, l’hypnose émotionnelle et intellectuelle collective réduit à néant la moindre impulsion de volonté individuelle et l’aptitude à l’esprit critique. ../..
  • 52. Gustave Le Bon Impulsives et irritables, les foules peuvent être excitées facilement et parcourir rapidement la gamme des émotions les plus contradictoires. Il se produit ensuite spontanément dans la foule un phénomène de contagion : l’idée dominante se répand dans les esprits galvanisés par l’émotion commune. D’une suggestibilité et d’une crédulité extrêmes, la foule perçoit alors les événements dans une totale subjectivité ou rien n’est invraisemblable, jusqu’à l’hallucination collective, puis elle transforme en actes la suggestion reçue. En raison de leur irritabilité et de leur impulsivité, les foules ne peuvent pas réussir à s’autodiscipliner ; elles ont besoin d’un leader fédérateur personnifiant leurs aspirations : un homme d’action éloquent, doté d’une foi inébranlable dans l’idéal répandu dans la foule, pour lequel il est prêt à tout sacrifier. « Malmenez les hommes tant qu’il vous plaira, massacrez-les par millions, amenez invasions sur invasions, tout vous est permis si vous possédez un degré suffisant de prestige et le talent nécessaire pour le maintenir. »
  • 53. Bertha von Suttner Bertha Sophie Felicitas Kinsky, baronne von Suttner (1843-1914), journaliste, écrivaine et militante autrichienne. Issue de la haute aristocratie austro-hongroise, apprend dès son plus jeune âge à parler plusieurs langues. Lutte contre l’anti-slavisme et l’antisémitisme. Grande amie de Theodor Herzl, fonde avec son mari Arthur Gudaccar von Suttner en 1891 une ‘Association de Défense contre l’Antisémitisme’ : conférences, brochure, journal, réactions immédiates aux actes anti-Juifs. Pacifiste affirmant que la guerre ne doit plus être employée, fondatrice de plusieurs associations pacifistes dont l’Österreichische Gesellschaft der Friedensfreunde et la Deutsche Friedensgesellschaft. Secrétaire d'Alfred Nobel en 1876 quand celui-ci réside à Paris. Élue à Rome vice-présidente du Bureau international de la paix en 1892.. En juin 1904, une des participantes les plus importantes de la Conférence internationale des femmes à Berlin. Lauréate en 1905 du prix Nobel de la paix.
  • 54. Daniel David Palmer Bartlett Joshua Palmer D.D. P. (1845-1913), homme érudit et passionné par la science. En 1895, à Davenport (Iowa), guérit de sa surdité le concierge de son immeuble, Harvey Lillard : par un mouvement rapide appelé thrust, repositionne une vertèbre déplacée 17 ans plus tôt par un faux mouve- ment. Présente cette méthode sous un éclairage religieux, déclarant l'avoir reçue de "l' autre monde", emprisonné pour exercice illégal de la médecine. Fondateur de la chiropraxie (du grec cheir, main et praxis, action) ou chiropratique. Son fils, Bartlett Joshua (1882-1961), "BJ" dans le milieu, colonel de réserve dans la Garde nationale, souvent en désaccord avec son père, poursuit son travail en le développant techniquement et en l'adaptant aux connaissances scientifiques de l'époque. Fonde une école de chiropraxie près de Chicago en 1902 et ouvre une clinique en 1935. En association avec des ingénieurs, développe un neuro- calorimètre* destiné à démontrer, de façon quantifiable, la validité et l’efficacité de la chiropraxie sur la circulation des influx nerveux*. La ‘Fédération mondiale de chiropratique’ (WFC) est membre de l'OMS depuis 1993. * Cet appareil sont est l’ancêtre de la thermographie diagnostique et de l’électro- encéphalogramme actuels.
  • 55. Hubertine Auclert (1848-1914), militante féministe française. Jugée trop indépendante par les religieuses, est écartée à deux reprises de la vie monacale. Choisit l’engagement républicain et la conquête de la liberté pour les femmes par la révision des lois du code Napoléon. À Paris, rejoint l'"Association pour le droit des femmes", dissoute en 1977 et reconstituée sous le nom de "Ligue française pour le droit des femmes". En 1876, fonde la société "Le droit des femmes" qui soutient le droit de vote pour les femmes et qui devient en 1883 la société "Le suffrage des femmes". Entame, à partir de 1880, une grève de l'impôt en défendant l’idée que, faute de représentation légale, les femmes ne devraient pas être imposables. En 1881, lance La Citoyenne, journal qui plaide avec force pour la libération féminine. En 1888, s’établit pour 4 ans avec son mari en Algérie et elle y fait une enquête de terrain sur les femmes de ce pays. En avril 1910, de concert avec Marguerite Durand, se présente comme candidate aux élections législatives, imitée par deux autres femmes, Renée Mortier et Gabrielle Chapuis. Leur candidature n'est pas retenue. « La femme doit participer à la vie publique, coopérer à la transfor- mation de la société, afin de s’assurer de n’être point sacrifiée dans l’orga- nisation sociale future. »
  • 56. Emmeline Pankhurst (1858-1928), militante anglaise. Avec son mari Richard, crée en 1889 la Women's Franchise League qui demande le droit de vote pour les femmes. Après le décès de son mari, fonde en 1903, avec sa fille Christabel, la Women's Social and Political Union (WSPU) ou mouvement des suffragettes. Organise de nombreuses manifestations (enchaînements aux lampadaires, grèves de la faim, feux dans des immeubles, section des fils des télégraphes). Arrêtée cinq fois entre 1912 et 1917. Bien qu’utilisant aussi des méthodes violentes, le mouvement des suffragettes marque profondément Gandhi qui admire leur lutte et cherche alors des moyens d’action conciliant l’éthique et l’efficacité politique. ■