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PNM 262BON1 - XP6

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LA PRESSE NOUVELLE

Magazine
Progressiste
Juif

PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d’antisémitisme et de
racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l’Etat d’Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien.

N° 262 - JANV./FÉV. 2009 - 27e ANNÉE

MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E.

Le N° 5,50 €

Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide

Les armes doivent se taire !
2 Peuples, 2 Etats, 1 Paix négociée
OUI : l’UJRE a dès le premier jour
condamné la guerre d’Israël contre
Gaza, une guerre injuste, injustifiée,
inqualifiable. Et encore, à ce moment
là, nous ne savions pas qu’il y avait eu
usage de bombes au phosphore.
L’UJRE s’est déclarée solidaire de la
population de Gaza, de la population
palestinienne et du droit des
Palestiniens à vivre enfin dans un Etat
indépendant et viable. Ce faisant, elle
était et reste convaincue d'oeuvrer
aussi pour la sécurité de la population
Samedi 10 janvier 2009
israélienne.
l’U JRE défilait sous la banderole d’ Une autre voix juive (U AVJ )
NON : l'UJRE ne se sent pas coupable
d’avoir participé à des manifestations à côté et non pas avec des mouvements dont elle ne partage
pas nécessairement les positions et dont certains pêchent en eau trouble. Ces mouvements s’excluent
d’eux-mêmes d’une manifestation pour la paix lorsqu’ils adoptent pour slogan Mort aux juifs, mort
à Israël ! Ne soyons pas naïfs. Il y a ceux qui tirent les ficelles, ici comme là-bas. Mais il y a ceux
qui risquent de se laisser entraîner. Il y a aussi, et n’est-ce pas le premier objectif, le risque de détourner des indispensables manifestations de solidarité ceux qui viendraient d’enthousiasme, n’était la
présence des récupérateurs. Ce risque serait moins grand, les fauteurs de guerre seraient moins visibles, moins convaincants, si les démocrates de France étaient plus nombreux à demander justice.

Jacques LEWKOWICZ

A

PROCHE-ORIENT
Moi, je crois au processus d’Oslo A. Kapeliouk
Communiqués
UJRE
Black-out médiatique à Gaza
P.Kamenka
Le rêve de Barenboïm
J.L.

p.3
p.3
p.4
p.4

SOCIÉTÉ
L’air du temps rend de
méchante humeur

J. Levart p.5

HISTOIRE
du MNCR au MRAP

S.Goldstein p.3

ENQUETE
Pogrom à Buenos Aires

N.Mokobodzki p.8

MÉMOIRE
Belzec - Refus de la négation
(entretien avec G..Moscovitz)

Laura Laufer p.7

PORTRAIT
Le petit juif de Tunis
(entretien avec Georges Wolinski)

J.Dimet p.5

CULTURE
«Plus tard, tu comprendras» d’Amos Gitaï LL p.7

Trois préoccupations et quatre vœux

u seuil de l’année 2009, notre attention est attirée par trois problèmes
liés entre eux :
Le premier, au Proche-Orient, c’est bien évidemment le retour de la Paix. Le silence retombe sur un champ de ruines. Dans ces ruines, on
n’entend plus les hurlements des blessés. On
entend les lamentations d’incrédule épouvante
de ceux qui survivent. C’est dans ce décor dantesque et nulle par ailleurs, qu’il nous appartient
que se lève une génération pour la Paix.
Ce conflit a revêtu, une fois de plus, un caractère d’une violence extrême. Certes, les injustifiables tirs de roquettes du Hamas ont fourni l’occasion au gouvernement israélien de son agression contre la bande de Gaza. Mais ils étaient la
réponse au tout aussi injustifiable blocus qui
affamait la population de Gaza.. Nous sommes
horrifiés de cette guerre et l'attitude des dirigeants d'Israël nous choque profondément.
L’incroyable disproportion du nombre de victimes de part et d’autre, en faveur d’Israël et au
détriment des Palestiniens, montre bien que la
force est du côté israélien. Il faut appeler un chat
un chat : ainsi le plus fort s’attaque au plus faible
signant une très coupable lâcheté. Celle-ci n’est
que la suite logique de l’attitude israélienne qui

n’a jamais sérieusement agi, depuis 1967, pour
prendre l’initiative en vue de dégager une voie
non militaire vers la paix. Notre vœu est que
devant les protestations, chaque jour amplifiées,
qui se développent dans le monde, Israël se décide à reconnaître la légitimité des droits revendiqués par les Palestiniens et que ces derniers
réaffirment la légitimité du droit à l’existence
d’Israël, l’ensemble de ces orientations devant
se situer dans le cadre des différentes résolutions
pertinentes de l’ONU. Les uns et les autres doivent reprendre le dialogue et coopérer pour un
avenir de paix dans la région, dans l’intérêt
mutuel des deux peuples.
Ensuite, la crise financière qui devient, aujourd’hui, économique et sociale avec son cortège de
difficultés qui s’amoncellent pour les salariés et
les familles modestes. Certes, Sarkozy a annoncé un plan de relance. Mais, que peut-on attendre d’un plan qui se contente d’aider les entreprises et les banques sans s’attaquer à la racine du
mal : l’invraisemblable appât de profit ayant
conduit celles-ci à la spéculation et à la catastrophe actuelle ? Notre vœu est que se lève un
puissant mouvement social dont l’action pourra
seule conduire à prendre des mesures efficaces
et d’urgence contre la crise.

Enfin, les résurgences du néo-nazisme et l’antisémitisme : Nous en avons vu l’illustration
sous la forme de la croix gammée « taguée » en
décembre sur la porte de notre cher 14 rue de
Paradis au mépris du respect dû aux différentes
activités regroupées par les juifs progressistes
dans l’après guerre, rassemblés dans l’UJRE et
qui ont marqué l’histoire de ce lieu. Nous l’avons aussi remarqué dans la lamentable mascarade de Dieudonné, invitant le coupable négationniste Faurisson à recevoir un prix des mains
d’un comparse revêtu d’une tenue de déporté et
d’une étoile jaune. Le prix des places étant ce
qu’il est au Zénith, ce ne sont pas des blacks des
« quartiers » qui emplissaient la salle. Qu’on ne
s’y trompe pas : l’antisémitisme n’est qu’une
des branches du racisme comme le montrent les
différentes attaques contre les lieux musulmans.
Il en est ainsi du cimetière militaire d’Arras où
les tombes aussi bien musulmanes que juives
ont été recouvertes des mêmes croix gammées.
Notre vœu, ici, est que les pouvoirs publics prennent toutes les mesures nécessaires pour mettre
fin à ces menées.
A vous tous, nous souhaitons pour chacun
une très bonne année 2009 dans un monde
en paix.
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

2

N

ous sommes le 6 juin 1945 à Paris. D’où revient Mirka
Ghelbein, adolescente de 17 ans, quand elle écrit ce
poème, Les camps de la mort lente ? Et qu’est-elle devenue
depuis ? Sans le hasard d’une rencontre avec Lisa Sepel, conservatrice du Musée d’Histoire Vivante de Montreuil (voir PNM
n° 260 nov/déc 2008), ce poème aurait disparu des mémoires ...

Agenda de la Mémoire !

27

JANVIER 1945
L I B É R AT I O N D U C A M P D ’ A U S C H W I T Z

27 JANVIER 2009
JOURNÉE DE LA MÉMOIRE DE L 'H OLOCAUSTE ET DE
LA PRÉVENTION DES CRIMES CONTRE L ' HUMANITÉ
*
21 FÉVRIER 1944
Missak MANOUCHIAN, Joseph BOCZOV
et 20 de leurs camarades des FTP-MOI
tombent au Mont-Valérien sous les balles nazies
Olga BANCIC, seule femme du groupe, sera
décapitée en Allemagne le 10 mai suivant
2 0 0 9 À 11 H .
UN HOMMAGE AUX HÉROS DE L’AFFICHE ROUGE SERA
RENDU AU CIMETIÈRE PARISIEN D’IVRY-SUR-SEINE
22

FÉVRIER

AVIS

Décès

Carnet

Nous avons appris avec tristesse le départ de

Louisette KAHANE
Femme sensible et cultivée, née dans une famille juive immigrée
yiddishophone de sensibilité communiste, scénariste passionnée
de cinéma*, militante pour la reconnaissance du yiddish comme
grande langue de culture, Louisette n'est plus. C'est une grande
perte pour sa famille et tous ceux qui l'ont aimé, pour le Musée
d’art et d’histoire du Judaïsme dont elle contribua à créer le fonds
audio-visuel et pour la Maison de la Culture Yiddish dont elle fut
membre du conseil d’administration. Nous prenons part à leur
peine. Sincères condoléances. PNM
* Clara Lemlich : le journal d'une meneuse de grève d’Alex Szalat
et Louisette Kahane, France, 2004 (51 min.) JEM Productions

*
Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons avec
beaucoup d’émotion la disparition survenue le 19 janvier de

DE

R ECHERCHE

Volker Mall, de l’association Gegen Vergessen-Für Demokratie e.V.
(Contre l’oubli, Pour la Démocratie), est membre de la commission
Böblingen-Herrenberg-Tübingen qui documente l’histoire du camp
Hailfingen/Tailfingen, sous-camp de Natzweiler/Struthof. A ce
titre, ils ont déjà produit un ouvrage Spuren von Auschwitz ins GäuDas KZ-Außenlager Hailfingen/ Tailfingen (Préface de Gideon
Greif, Yad Vashem), Filderstadt 2007, deux documentaires et un portail internet : www.zeitreise-bb.de (>Themen >Tailfingen >KZ > U).
Leur projet : ouvrir un centre de documentation, une exposition et
publier un Livre-Mémorial avec 60 Portraits de victimes et survivants. L’un de ces survivants, Maurice Benadon, était membre de
l’UJRE. Aussi, Volker Mall recherche-t-il plus d´information à son
sujet, en particulier l´adresse de son fils pour recevoir des documents, photos etc.
Il a déjà l´ interview de l’USC Shoah Foundation et l’ouvrage de
Jean-Pierre Arthur Bernard, Paris Rouge, 1944-1964, Seyssel 1991
qui consacre un chapitre à Maurice Benadon.
Il sait qu’ont également survécu au camp d’Hailfingen les français
Emanuel Mink, Simon Gutman, Eric Breuer, Henry Bily et Maurice
Minkowski. Ce dernier quitta Drancy par le Convoi 77. Avec
quelques camarades, il tenta de s’évader. Pour compléter sa documentation, Volker Mall aimerait savoir qui était le "chef" de ce
groupe, celui que Maurice Minkowski, dans l’interview USC,
dénomme "le Grand Robert", membre célèbre de la résistance
toulousaine.
Vous avez des informations ? Merci d’avance de contacter le journal.
NB Le portrait de Maurice Benadon réalisé par Volker Mall figure sur le site UJRE

MISE AU POINT
20 janvier 2009 : la secrétaire nationale du Pcf, M.G. Buffet récuse les
propos de Richard Prasquier, président du Crif. Il vient, sur RFI, d’assimiler la position du Pcf sur le conflit israélo-palestinien «à celle des
groupes radicaux voire à celle du terrorisme international». Elle rappele «le combat des communistes français parmi lesquels de nombreux juifs contre l’antisémitisme et le racisme» et la position du Pcf :
arrêter les colonisations, le mur, fonder un Etat palestinien viable et
indépendant au côté d’un Etat israélien vivant en sécurité. Dont acte.

Micheline LASK
Née dans la tourmente en 1940, Micheline, enfant cachée, perd sa
mère en déportation. Après-guerre, elle passe un an dans le foyer
d’enfants « des tout-petits » de la CCE*, puis retrouve son père et son
frère Serge né en 1937. Son père reconstruit une famille dont naîtront Max et Evelyne. Micheline développe son idéal communiste
et laïque dans des mouvements tels les Auberges de Jeunesse, les
Jeunes Filles de France… et sait rester fidèle à son idéal. Engagée,
elle travaille longtemps chez notre confrère La Terrre. Jeune retraitée,
elle se consacre au bénévolat social au Secours Populaire Français,
entre autres. Nous garderons le souvenir d’une personne fidèle en
amitié, attentive aux autres et partageant dans son immeuble une
exceptionnelle convivialité : on avait toujours plaisir à la rencontrer.
Elle avait eu la douleur de perdre en 2002 son frère, le peintre Serge
Lask, dont l’oeuvre fut construite sur la mémoire et sur l'absence.
Cette absence, Micheline, nous la ressentons aujourd’hui. Nous prenons part à la peine de ta famille et de tous ceux qui t'ont aimée. PNM
* Après-guerre, la Commission Centrale de l’Enfance auprès de
l’UJRE ouvre nombre de foyers pour enfants de fusillés et déportés
(voir Pnm n° 253 février/mars 2008). Micheline adhèrera, dès sa
création, à l’Association des Amis de la CCE.

LE NOUVEL AN

L

e nouvel an commence sous de
bien sombres auspices. Bush quitte la Maison Blanche. Il laisse à son
successeur, Obama :
- Un monde en proie à une crise économique mondiale
- Le Proche-Orient en crise, et avec lui
le monde.
Car la guerre de Gaza ne doit pas faire
oublier toutes celles qui se livrent à
grande échelle sur la planète, pour des
enjeux qui n’ont rien à voir avec de
quelconques idéaux de démocratie.
Sans parler de cette guerre larvée qui
s’appelle la misère, escortée de la
maladie et de la faim.
Tous les quatre jours en Afrique, la
faim tue autant d’enfants que la
bombe d’Hiroshima a fait de victimes.
Mais on ne voit pas de champignon
atomique tandis que ces enfants agonisent en silence.
Là, pas besoin de black-out médiatique. Un enfant mort de faim, ça n’est
même pas un dommage collatéral !

Guerre de Gaza
DEMENTI

D

es bruits circulent, des courriels aussi, alors soyons clairs,
les faits sont les faits :
L’UJRE n’a NI pris l’initiative, NI
rejoint ceux qui ont pris l’initiative
de porter plainte contre Israël, que
ce soit pour crimes de guerre ou
pour crime contre l’humanité.
Cette déclaration ne vise en aucun
cas à donner quitus à Israël et ne
minimise pas, pour autant, le
désastre humanitaire causé par ses
forces armées.
LA PRESSE NOUVELLE
Magazine Progressiste Juif
édité par l’U.J.R.E.
Comité de rédaction :
Jacques Dimet, Bernard Frédérick,
Jeannette Galili-Lafon,Nicole Mokobodzki,
T.R. Staroswiecki, Nathan Zederman,
Roland Wlos, Solange Zoladz
N° paritaire 64825
(en cours de renouvellement)
C.C.P. Paris 5 701 33 R
Directeur de la Publication :
Jacques LEWKOWICZ
Rédaction - Administration :
14, rue de Paradis
75010 PARIS
Tel. : 01 47 70 62 16
Fax: 01 45 23 00 96
Mèl : ujre@wanadoo.fr
Site : http://ujre.monsite.wanadoo.fr
(bulletin d’abonnement téléchargeable)
Tarif d’abonnement :
France et Union européenne:
6 mois 28 euros
1 an
55 euros
Etranger, hors U.E : 70 euros
IMPRIMERIE DE CHABROL
PARIS

BULLETIN D’ABONNEMENT

Nous nous félicitons de la parution prochaine des
actes du colloque organisé par les Amis de la CCE
avec le concours de l’UJRE, du Musée de la
Résistance Nationale de Champigny, du groupe de
travail des anciens résistants de l’UJJ (Zone Sud) et
de MRJ-MOI. Nos lecteurs peuvent d'ores et déjà
souscrire à cet ouvrage qui contiendra de nombreux
textes additionnels sur la résistance juive en France.
Information : Amis de la CCE , 06 31 15 62 85 ou
amisdelacce@ aacce.org

Je souhaite m’abonner à votre journal
“pas comme les autres”,
magazine progressiste juif.
Je vous adresse ci-joint mes nom, adresse
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PA R R A I N A G E
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

«Moi, je crois au
processus d’Oslo»
nous déclare Amnon Kapeliouk

3

L’Ujre communique...
A. Kapeliouk

En 2006 déjà, à la demande de l’UJRE, ce journaliste franco-israélien, collaborateur du
Monde Diplomatique, était venu parler au « 14 », en présence d’un auditoire nombreux,
du conflit israélo-palestinien, après Gaza et Rafah ... Il répond de nouveau aujourd’hui
à nos questions, et cela, avant l'entrée en fonction d'Obama et l'arrêt des combats
Quels sont les enjeux de cette guerre lancée par Israël contre Gaza et sa population ?
Il y a plusieurs explications à cette situation. Il est clair que les dirigeants israéliens ont jugé habile de déclencher l’opération Plomb durci durant la période qui
sépare l’élection de Barack Obama et son
installation. Bush ne pouvait plus, à
quelques jours de l’expiration de son mandat, user de son droit de veto au Conseil
de sécurité des Nations Unies. Son successeur ne pouvait pas encore agir. D’où
l’abstention américaine lors du vote sur la
résolution de l’ONU ( résolution 1860 du 8
janvier appelant à un cessez-le-feu). Quant à
Obama, qui entre en fonction le 20 janvier, il s’est jusqu’à présent prononcé sur
les souffrances des Palestiniens et a déclaré que dès son arrivée à la Maison
Blanche, si le conflit se poursuivait, il
entreprendrait des démarches pour résoudre cette question.
Deuxième explication, l’enjeu des élections législatives israéliennes de février.
La cote du ministre de la Défense Ehoud
Barak était très basse dans les sondages.
Une seule chose pouvait l’aider à faire
remonter sa cote de popularité, selon de
nombreux observateurs en Israël, lancer
une opération militaire de grande envergure, c’est ce qu’il a fait (à Gaza) et le
résultat ne s’est pas fait attendre puisque
très rapidement sa popularité a sensiblement grimpé. En effet, il ne faut pas se
leurrer, la guerre est populaire en Israël.
Il y a aussi une autre raison à cette situation : il fallait qu’Israël rétablisse sa
force de dissuasion après les événements du Sud-Liban de 2006. L’armée
et les dirigeants politiques ont cherché ici
à faire oublier le grand fiasco par lequel
s’est soldé la guerre menée au Sud-Liban
contre le Hezbollah. Les opérations de
Gaza visent également à rappeler la
«leçon» qu’Israël a donnée au Hezbollah
en détruisant complètement son quartier
général. C’est la même chose qui est
entreprise ici, quand on voit les destructions massives qui sont faites à Gaza.
Côté palestinien, le Hamas a continué
malgré les menaces et les opérations des
militaires israéliens à lancer des missiles
artisanaux sur le territoire israélien. Il
visait, par ces tirs, à forcer Israël à mettre
fin au blocus de la bande de Gaza. Mais
aussi sur le plan politique, les dirigeants
du Hamas veulent montrer aux
Palestiniens que le Hamas est là, et dire à
l’Etat hébreu : Nous n’allons pas tolérer
cela.
Le mouvement du Hamas est apprécié par
les Palestiniens, quelle que que soit leur
position politique, car il apparaît comme
celui qui lutte, à sa façon, sur le terrain. Le
Fatah et Abou Mazen (le président de
l’Autorité palestinienne, Mahmoud
Abbas), ne participent pas à ces actions,
car ils sont opposés à la politique du
Hamas.
Il y a aussi à travers cette crise des enjeux
inter-palestiniens : certains se demandent
si le Hamas ne va pas hisser le drapeau
blanc devant les pertes terribles infligées à

Gaza aux Palestiniens, devant les destructions énormes causées par l’aviation,
devant, enfin, le déploiement des chars et
de l’infanterie autour de la ville de Gaza et
au nord du territoire.
Y a-t-il une réponse à travers l’opération
Plomb durci aux dirigeants de Téhéran,
face au dossier nucléaire?
George Bush, qui est en fin de mandat, n’a
semble-t-il pas voulu autoriser une opération (israélienne) en Iran, car personne
n’aurait été dupe (du feu vert américain),
car tout le monde connaît les relations
entre Israël et les USA. Bush n’a pas livré
à l’aviation israélienne de bombes sophistiquées pour attaquer les centrales iraniennes. Option désormais exclue, puisque
Barack Obama a indiqué son intention de
vouloir entamer des discussion avec les
dirigeants iraniens.
Quelles sont les perspectives de paix,
alors que la troisième semaine de guerre
est en cours et qu’Obama va prendre ses
fonctions ?
La paix va arriver, mais la question est de
savoir quand. Aujourd’hui, Israël continue
de mobiliser des réservistes et le Hamas
affirme vouloir poursuivre les combats. Il
est trop tôt pour savoir quand et comment
la paix va survenir, même si actuellement
l’éventualité d’une escalade est perçue
comme très dangereuse. Il y aura une
sorte d’accord, mais là, ce sont les politiciens qui vont négocier. Malgré les opérations militaires, les missiles (tirés par les
combattants du Hamas) continuent de
pleuvoir sur le territoire israélien.
Est-ce à dire que le processus d’Oslo est
enterré et qu’il n’y a pas d’avenir pour un
Etat palestinien ?
La seule solution passe par la création
d’un Etat palestinien. Moi, je crois au processus d’Oslo. C’est la droite nationaliste
qui l’a torpillé. Les accords d’Oslo, qui
incluaient le respect d’Israël dans les frontières de 1967, peuvent servir de base pour
de prochaines négociations.
Aujourd’hui, ce sont les canons qui parlent, mais dès que des négociations seront
entreprises, leur déroulement évoquera
nécessairement le processus de Madrid ou
celui d’Oslo.
Le nombre très élevé des victimes civiles
palestiniennes donne d’Israël une image
négative : cela ne risque-t-il pas de
retourner l’opinion contre Israël ?
La réponse officielle des dirigeants israéliens, c’est qu’il est important, impératif
même, de préserver la sécurité de la
population d’Israël. Mais cela ne
convainc pas l’opinion publique devant
le nombre très élevé de morts, qui atteint
déjà un millier, au moment de cette
interview. Les frappes actuelles contre
Gaza rappellent également par leur
ampleur et leurs destructions l’opération
menée par l’armée israélienne en 2006
contre le quartier de Chiyah dans la banlieue sud de Beyrouth.
Propos recueillis par Patrick Kamenka

15 janvier 2009 L’UJRE condamne les actes inacceptables commis en France
contre des synagogues et centres communutaires juifs. La démocratie française
interdit de stigmatiser ou agresser un individu en fonction de ses origines ou de sa
foi. L’UJRE, profondément attachée au vivre ensemble républicain, rappelle que le
conflit israélo-palestinien n’est ni religieux ni ethnique mais politique, et que propager la violence en France ne fera pas progresser la paix à Gaza.
8 janvier 2009 L’armée israélienne fait la guerre à la population de Gaza : 1,4
milion d’habitants sont enfermés dans une prison à ciel ouvert, sans frontières,
sans port, sans aéroport, sans communications terrestres. 85% d’entre eux vit audessous du seuil de pauvreté (moins de 1 $ par jour). Ce sont eux qu’Israël attaque,
avec son armée suréquipée et dotée de la plus haute technologie de renseignement.
A ce jour : 763 morts dont 200 enfants, et notamment 40 dans une école sous
contrôle de l’ONU. Les morgues débordent et l’on manque de sacs à morts.
Ajoutons 3.200 blessés et l’on manque d’ambulances, de médicaments (l’entrepôt
a été bombardé). Interrompant les pourparlers en cours avec le Hamas malgré les
tirs de roquettes, les autorités israéliennes ont donc choisi la force, comme elles le
font depuis plus de 40 ans, pour venir à bout de la volonté des Palestiniens de faire
aboutir leur droit, consacré par les résolutions de l’ONU, à se doter d’un Etat viable. Pareille agression serait impensable sans le soutien actif des USA et la complicité dégradante du Conseil des Ministres européen qui, contre le vote du
Parlement européen, vient de renforcer les relations commerciales avec Israël.
Cette offensive constitue une violation flagrante du droit international, consacré,
notamment par les conventions de Genève (protection des personnes civiles)
qu’Israël a ratifiées. C’est une atteinte aux valeurs de la civilisation et à la dignité
humaine. Pour toutes ces raisons, l’Union des Juifs pour la Résistance et
l’Entraide (UJRE), au nom de ses valeurs progressistes, proclame son soutien total
à la population de Gaza et au peuple palestinien dont les droits sont bafoués depuis
trop longtemps, ainsi qu’aux pacifistes israéliens qui manifestent courageusement
leur refus de la guerre, y compris à Sdérot. Elle participera et appelle à participer
largement à la manifestation du samedi 10 janvier à 15 heures place de la
République, à Paris, pour un arrêt immédiat des opérations militaires, pour des
sanctions européennes à l’égard d’Israël, jusqu’à ce que des négociations aboutissent à l’élaboration et l’application d’un plan de Paix
4 janvier 2009 Interrogé dimanche matin [04/01/2009] sur Judaïques FM, un
vice-président du Crif déclare que celui-ci appelle naturellement « au nom de toutes les associations du Crif » à une « manifestation de soutien à Israël », contrairement à la manifestation organisée la veille, qui à l’en croire, aurait été « une
manifestation de soutien au Hamas ». Membre fondateur du Crif, l’UJRE née de
et dans la résistance au nazisme et à l’antisémitisme dément ces propos du Crif sur
deux points : 1. Elle n’a aucunement manifesté son soutien au Hamas : la manifestation [du 03/01/2009] à laquelle elle a, avec nombre d’organisations et de partis politiques, appelé à participer et participé n’avait d’autre objectif que d’affirmer son hostilité à la guerre et de témoigner de sa solidarité avec le peuple palestinien et, plus particulièrement avec la population de Gaza qui, dès avant l’offensive de l’armée israélienne, vivait à 85% au-dessous du seuil de pauvreté et qui,
écrasée sous les bombardements, paye un lourd tribut à la guerre. Fidèle à la ligne
que l’UJRE n’a cessé de défendre, elle réaffirme sa conviction que la paix résulte
non de la guerre mais de la volonté à tous les niveaux, y compris à celui du gouvernement français, de l’UE et de l’ONU, de prendre des positions et des mesures
efficaces pour que s’instaure une paix juste et durable conforme aux décisions de
l’ONU, dans la reconnaissance du droit à l’existence de deux Etats, Israël et la
Palestine. 2. Elle dénie au Crif le droit de s’exprimer au nom de tous les juifs de
France. Elle n’a pas été consultée sur l’objectif de la manifestation d’aujourd’hui
[04/01/2009]. L’eût-elle été qu’elle se serait refusée à cautionner la politique d’un
Etat dont tel dirigeant vient de prédire « une guerre totale ». Appeler à « soutenir
Israël », formule vague au demeurant, ne conduira pas à la paix au Proche-Orient
mais peut très bien contribuer à propager en France ce conflit. L'UJRE demande au
Crif de bien vouloir prendre en compte le fait que la communauté juive de France
n'est pas israélienne et de respecter ses adhérents et leur diversité d'opinion.
3 janvier 2009 L’U.J.R.E. ne s’associera pas à la manifestation organisée par le
C.R.I.F. en soutien à Israël le dimanche 4 janvier à 14 h. Bien que l’U.J.R.E
condamne fermement l’envoi de missiles sur la population civile israélienne par
le Hamas, elle ne peut s’associer à une manifestation qui dans les faits, soutient la
politique agressive de l’Etat d’Israël. En effet, celui-ci, pendant la trêve, n’a pas
fait le moindre geste d’apaisement et au contraire, a renforcé le blocus de Gaza qui
rend exsangue et affame les Gazaouis, en les jetant ainsi dans les bras du Hamas.
L’U.J.R.E. par contre, participera à toute initiative en faveur de la Paix sur la base
d’une solution politique des problèmes du Moyen-Orient, qui respecte la reconnaissance de la légitimité de l’existence de l’Etat d’israël, des droits nationaux du
peuple palestinien et leur prise en compte effective.
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

4

Le rêve de
Barenboïm

Gaza

P

L

Le traditionnel concert du nouvel
an, donné par l’Orchestre philharmonique de Berlin était cette année
dirigé par Daniel Barenboïm, qui à cette
occasion, a formulé des vœux pour une
paix juste au Proche-Orient.

Un rêve
C’est, en effet son rêve. C’est pour contribuer à sa réalisation qu’il a créé et qu’il
dirige l’orchestre israélo-palestinien du
Divan, de même qu’il a demandé et obtenu la nationalité palestinienne. Il n’y a pas
de jour sans que le conflit israélo-palestinien ne le fasse souffrir. Il considère que
politiques et militaires n’ont fait qu’envenimer le conflit.

Enfance et jeunesse
D. Barenboïm est né d’une famille de juifs
russes originaire d’Allemagne (le nom
d’origine est Bachenbaum) qui se réfugie
en 1942 en Argentine. La famille de son
père, totalement assimilée, ne fréquentait
la synagogue que comme un lieu de sociabilité juive. Elle n’a pas souffert de l’antisémitisme mais, sous le règne de Peron,
moyennant argent, on accueillait aussi
bien les anciens nazis que les rescapés du
génocide. En 1952, lasse du péronisme et
de son climat de corruption, désireuse de
permettre aux dons musicaux du petit
Daniel de s’épanouir, la famille décide
d’émigrer en Israël où il est frappé par le
dynamisme et l’espoir dont fait preuve la
population.

Un choc : la découverte du problème palestinien
Une année fait date pour lui : 1967, où il
épouse la prestigieuse violoncelliste britannique Jacqueline du Pré, tout en
découvrant la réalité palestinienne. Ceux
qu’on lui décrivait comme des voleurs,
des êtres incultes qui avaient quitté Israël
parce qu’ils n’acceptaient pas un Etat juif,
il s’aperçoit qu’on les a encouragés à partir ou qu’on les a chassés. Les traditionalistes et la plupart des religieux ont considéré qu’Israël devait s’approprier les territoires occupés après 1967. Le choc est
redoublé lorsqu’en 1970 G. Meir affirme
que le seul peuple palestinien est israélien.
Barenboïm juge cette attitude moralement
inacceptable. Il est heurté du mépris dont
Israël fait preuve à l’égard de la population palestinienne. Il estime en effet que la
puissance occupante doit, à tout le moins
satisfaire les besoins essentiels. A ses
yeux, le gouvernement israélien manque
non seulement d’humanité mais de vision
d’avenir. Il s’interroge d’ailleurs : « où est
passée l’intelligence juive ? ».

Quel rêve ?
D. Barenboïm rêve que l’on comprenne
une bonne fois pour toute que chaque
victoire de l’armée israélienne se solde
par un affaiblissement politique d’Israël.
Et qu’il n’y a pas de solution militaire
au conflit. Israël doit admettre que la
Palestine
était
peuplée…
de
Palestiniens. Les Israéliens ont de leur
côté besoin de voir reconnue la légitimité de leur Etat. Les destins des deux peuples sont inextricablement liés. Il est
impératif de reprendre le dialogue et de
construire ensemble un avenir fondé sur
la coopération économique, scientifique
et culturelle.
Cette conviction, un Barenboïm la
met en œuvre en faisant vivre son
orchestre.
JL

Black out médiatique

2 Peuples, 2 Etats, 1 Paix
Rassemblement du 18 janvier 2009
à l’initiative de La Paix Maintenant.

U

n dimanche de janvier plutôt ensoleillé qui motive à la flânerie : pourquoi pas du côté de la Tour Eiffel et des
jardins du Trocadéro ? Nous y étions. Pas
en promenade. Nous avons avec nos
pancartes, bien modestes mais pourtant
visibles (y compris par les cameramen et
photographes) affirmé notre présence et
nos différences. Où ? Au rassemblement
organisé par Les amis de Shalom Arshav.
Oui, nous aussi nous aimons la Paix !
Mais nous l’aimons dans la justice rendue à tous les peuples de cette région, et
non dans la contrainte.
UJRE
10/01/09

Le Pen
disqualifié !

Paix à Gaza

L

e peuple de France a offert samedi
10 janvier une grande journée de
solidarité pour le retour de la paix à
Gaza, pour faire cesser le massacre des
Palestiniens en manifestant par centaines
de milliers dans de nombreuses villes de
l'hexagone.
Ces défilés constituent implicitement
une réponse cinglante à un Le Pen qui
s'est permis tout récemment de comparer
Gaza à "un véritable camp de concentration".
Venant du leader d'un parti de l'extrêmedroite française,qui a osé parler de
"détail" à propos des chambres à gaz,
comment a-t-il pu oser de tels amalgames ?
Lui, le chef du FN, qui exècre les deux
peuples, juif comme palestinien ?
Lui, qui a soufflé, toute sa vie politique
durant, sur les braises du racisme, de l'antisémitisme ?
Vous êtes disqualifié, M. Le Pen.
Paix à Gaza. Cela ne risque pas de vous
rappeler vos jeunes années, lorsque les
nôtres défilaient non sans risque en criant
Paix en Algérie. Cette semaine, la population française était aussi dans la rue
pour faire taire vos vociférations haineuses, vos provocations nauséabondes. Pas
lui, pas çà !

Le Droit
pour construire
la Paix

Rencontre

M

ercredi 10 décembre, se tenait à
Sarcelles une soirée organisée à la
Maison des Jeunes sur le thème : "La
Palestine et les droits de l’homme”.
Présence de Hind Khoury, déléguée
générale de la Palestine en France.
Assistance nombreuse. Projection d’un
documentaire montrant la vie des
Palestiniens au quotidien : une population qui a faim, qui subit des coupures
d’électricité, dont le système scolaire
est réduit à la portion congrue, contrôles
biquotidiens subis par les travailleurs
qui doivent “passer la ligne”. Deux
organisations juives (UJFP, UJRE) ont
marqué leur solidarité avec ceux qui luttent pour une solution s’appuyant sur le
Droit, sur les frontières décidées par
l’ONU, dans un sentiment d’égal respect
pour chacun.

lusieurs organisations syndicales
de
journalistes,
dont
la
Fédération internationale des
journalistes (FIJ, 600.000 membres sur
les 5 continents) et le SNJ-CGT, ont
condamné l’attitude du gouvernement
israélien qui interdit aux medias internationaux de couvrir les événements
qui se produisent à Gaza depuis 15
jours.
L’exclusion de Gaza par Israël des
médias étrangers depuis le 27 décembre suscite des questions quant à une
volonté systématique d’empêcher les
témoignages sur les actions de l’armée
israélienne, a déclaré Aidan White,
secrétaire général de la FIJ. Les yeux du
monde entier sont braqués sur Gaza
mais Israël tente de censurer l’information en maintenant à l’écart les
médias.Pour la FIJ, l’affirmation israélienne selon laquelle cette interdiction
est justifiée par la nécessité de garantir
la sécurité des journalistes n’est pas
tenable. L’interdiction frappe également la presse israélienne.
Pour sa part, le SNJ-CGT avait, après le
lancement de l’attaque terrestre, publié
un communiqué dans lequel il appelait
les responsables français, ceux de l'UE,
le Parlement européen et l'ONU à
condamner l'attitude des autorités
israéliennes qui maintiennent un blocus total sur Gaza où la population survit dans des conditions désastreuses et
à permettre enfin aux média de couvrir
les événements dans le territoire pales-

Gaza, le 15 janvier

Un être humain mort est
un “dommage collatéral”

L

es dirigeants israéliens affirment
avoir envoyé l'armée à Gaza pour
mettre fin aux tirs de rockets du Hamas
sur Israël.
Depuis 20 jours, l'aviation, l'artillerie,
l'infanterie, les chars, ont lancé un déluge
de feu sur la bande de Gaza en utilisant comme l’a reconnu un communiqué
israélien - des bombes au phosphore, des
obus Dime qui brûlent et déchiquètent
les corps.
Mais si les buts de guerre ne sont pas
encore atteints, selon la direction israélienne, le bilan des victimes parmi la
population civile palestinienne lui est tragiquement identifié :
1.100 Palestiniens ont été tués depuis le
début de l'opération, dont 670 sont des
civils innocents - et parmi eux un grand
nombre d'enfants. Les blessés se comptent par milliers (5.000, selon certains
chiffres).
Alors tous terroristes ces enfants, ces
femmes ?
Les bombes ne font pas de quartier. Elles
ne font pas non plus la différence entre
les combattants et une population paisible, prise en otage dans cette zone surpeuplée où manque l'eau, le pain, le gaz
l'électricité.
Le jeudi 15 janvier, c'est même un hôpital palestinien du Croissant rouge, une
agence de l'ONU et un immeuble abritant
plusieurs médias qui ont été visés par les
tirs de l’armée israélienne.
Et pendant ce temps-là, à l'autre bout du
monde, une chaîne humaine s'est
déployée pour sauver la vie d'un marin
compétiteur du Vendée globe.
Comprenne qui pourra.
PK

tinien.
Dans le même sens, la FIJ a appuyé les
efforts de l’association de la presse
étrangère, basée à Jérusalem, pour
obtenir que les journalistes puissent
accéder à Gaza, tout en soulignant que
cet accès ne doit être ni contrôlé, ni
supervisé par les autorités israéliennes.
Ce n’est pas à l’une des parties de dicter qui se rend dans la zone et de quelle façon, selon White ajoutant : Les
journalistes devraient pouvoir se
déplacer et travailler librement sans
entrave ni contrôle de la part de l’armée.
Israel a finalement autorisé quelques
journalistes « embedded » - c'est-à-dire
encadrés par l'armée israélienne et dont
les papiers et photos sont soumis à la
censure - à se rendre à Gaza après la
décision de la justice israélienne
condamnant l’interdiction de Tsahal
faite aux medias de couvrir les événements.
Parallèlement, la Fédération internationale des journalistes a apporté son
soutien aux journalistes palestiniens
qui travaillent à Gaza au péril de leur
vie pour les médias internationaux,
dont beaucoup se sont vus refuser toute
accréditation officielle par Israël et
n’ont aucune liberté de mouvement
dans la région.
Deux journalistes ont d’ailleurs payé
de leur vie leur présence à Gaza : Basel
Faraj, cameraman travaillant pour la
chaîne de télévision algérienne, est
mort de ses blessures après des tirs
israéliens tout comme son collègue
photographe Hamza Shahin.
PK

Israël

Des organisations
de femmes protestent
contre la guerre

«N

ous, organisations de femmes
pour la Paix, appartenant à un
large spectre d’opinions politiques,
exigeons la cessation des bombardements et autres moyens de mort et
demandons l’ouverture immédiate de
pourparlers pour la cessation des combats et l’instauration de la Paix. Il faut
en finir avec la danse macabre et son
cortège de destructions. Nous exigeons que la guerre cesse d’être une
option, la violence une stratégie, le
meurtre une alternative. Nous appelons de nos voeux une société au sein
de laquelle chacun puisse vivre avec la
garantie de sa sécurité personnelle,
économique et sociale.

»

31 décembre 2008

Duo
israélo-palestinien

F

élicitons IBA*, la télédif- Mira Awad
fusion israélienne, d’avoir choisi ce 11 janvier le duo israélopalestinien Mira Awad et Noa pour
représenter Israël à la 54e édition du
Concours Eurovision de la chanson
dont la finale est prévue le 16 mai
2009 à Moscou. Ce duo interprétera,
tout un programme, la chanson des
Beatles : "We can work it out".
La PNM souhaite que soit entendu le
message de ces artistes qui ont déjà
chanté pour la Paix, en Belgique,
Espagne, Israel...
* IBA : Israel Broadcasting Authority

et Noa
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

5

L’air du temps
rend de méchante humeur

Société

par Henri Levart

L

’actualité n’offre pas matière à
sourire. Trop de malheurs, trop de
souffrances, trop d’injustices serrent le cœur. Pour ne pas permettre de
les percevoir, d’en prendre la mesure,
d’en définir les causes, les cercles politico-médiatiques érigent un mur d’hypocrisie. Les vœux pieux, comme les
feuilles mortes, se ramassent à la pelle.
Egalité des chances : sept étudiants sur
dix contraints à de petits boulots précaires, rémunération du livret A ramenée à
2,5%, SDF enfin assurés d’une vie
meilleure par l’annonce de leur recensement.
Moralisation du capitalisme : un
homme nouveau est apparu sur le petit
écran. L’ex-patron d’Aventis reconverti en conseiller financier international nous procure, fort de sa « riche
expérience » ses conseils pour juguler
la crise.
Réformes : la démocratie avance à
grands pas avec les droits du Parlement
reniés, l’indépendance de la justice
bafouée, l’information muselée.
Solidarité : alors qu’il est constamment
fait appel à la générosité populaire, des
banquets à prix exorbitant se déroulent
au Château de Versailles, un magazine
truque une photo afin de ne pas montrer
la bague de forte valeur au doigt de la
Garde des Sceaux, hors de portée pour
les familles victimes du chômage ou de
la pauvreté.
Liberté d’expression : en son fallacieux respect, des salles sont encore
disponibles pour d’abjects spectacles à
provocations antisémites. Devant tant
de bassesse négationniste, ayons une
pensée salutaire envers Aimé Césaire,
ce grand intellectuel humaniste qui se
disait «Juif, Hindou, Noir de Harlem».
La négritude et la judaïté ne sauraient
être des ferments de division de la
société française.
Fraternité : un sémillant ministre,
naguère représenté un sac de riz sur l’épaule, fit partie d’un jury attribuant le
prix de la tolérance à l’Arabie saoudite.
No comment !
Ruptures : le poids des mots est trompeur. Il y a d’effectives ruptures, mais
avec le service public traité selon les
critères de rentabilité : démantèlement,
privatisation de la poste, de la santé, de
l’éducation nationale, du transport
ferroviaire, du gaz, de l’électricité, de
l’eau ; avec l’abandon du programme
du CONSEIL NATIONAL DE LA
RÉSISTANCE (objectif déclaré du
MEDEF), la destruction des conquêtes
sociales.
Droits de l’homme : les intransigeants
du slogan sont bien timorés à les invoquer, s’en tenant tardivement à de brèves apparitions, tandis que le bombardement et l’intrusion des tanks n’ont
cessé de s’amplifier. La cohorte de
bien-pensants, aux avis éclairés tous
azimuts, éternels invités des plateaux

télévisuels, s’y produisent comme si de
rien n’était, s’esbaudissant et se
congratulant.
Palestine : on dit bien les Palestiniens,
jamais la Palestine. Parce que dire la
Palestine, c’est énoncer un territoire
occupé ; c’est faire état d’un Etat dont
Israël ne veut pas ; c’est évoquer une
nation martyrisée. La France a appelé
Israël à ne pas utiliser d’obus au
phosphore : noble et vertueuse indignation. Il aurait pu être précisé qu’une
autre arme de « dissuasion » est également utilisée : de petites boules de carbone coupant des corps à deux mètres
et des jambes à huit mètres. Le message de notre diplomatie est en quelque
sorte le suivant : « Continue la besogne
en évitant toutefois cette sorte de munition ». L’opinion est bernée par l’affirmation d’un corridor humanitaire qui
est inexistant. C’est un pur mensonge
de propagande. C’est l’ordre d’arrêter
l’agression que la France, l’Europe, les
instances internationales auraient dû
intimer à Israël. La PNM dénonce avec
franchise les responsabilités et les agissements du Hamas. Il convient cependant de ne pas s’aligner sur les amalgames, les fausses similitudes propagées
par les zélateurs de la politique israélienne, les adeptes d’une impossible
solution militaire. Il y a d’un côté une
politique d’annexion programmée,
poursuivie avec acharnement ; de l’autre côté, un peuple opprimé, humilié,
affamé, massacré.
Communautarismes : il est fait grand
bruit d’ actes d’antisémitisme et d’islamophobie. Intolérables, nous les
dénonçons fermement comme nous l’avons toujours fait et comme nous le
ferons toujours. Les lanceurs de cocktails ou de voitures enflammées sur les
synagogues, les extrémistes juifs munis
de revolvers, les agresseurs d’imams
doivent être arrêtés et châtiés. Mais prenons garde, la guerre du Proche-Orient
n’est pas une confrontation religieuse,
même si les uns ont délaïcisé leur pays
en un «Etat des juifs» et si les autres
prônent l’avènement d’un Etat musulman. Transférer l’origine du conflit sur
le plan religieux, c’est verrouiller encore plus fermement la porte à une issue
politique juste et durable. En ce sens, si
les prières communes sont louables et
bienvenues, elles restent insuffisantes
en vue d’un règlement positif. Les forces intéressées au pourrissement de la
situation s’en accommodent pour masquer leurs objectifs. A ce propos, des
journaux comme La Croix et
Libération ont brandi des titres ahurissants : «Gaza, prévenir – empêcher la
contagion en France.» La confusion est
à son comble.
Pour notre part, continuons à donner au
pacifisme la clarté et la détermination
nécessaires.
Voilà le meilleur moyen d’éviter chez
nous de regrettables affrontements.

Portrait

Le petit juif de Tunis
par Jacques Dimet
G. Wolinski

Il a un nom polonais. Il est l’un des symboles de la libération crayonnée
de mai 68 et pourtant… il est né à Tunis. Rencontre avec Georges Wolinski.

tres religions, l’islam ou le christianisme. J’ai plus confiance dans les gens
qui ne croient pas que dans les gens qui
croient. » Ce qu’il a connu de juif à
Tunis et qu’il a perdu en France, c’était
Pessah (Pâque) et le shabbat : «Toute
la famille se réunissait le vendredi, sauf
mon
oncle
Victor** qui était
communiste italien ; or, ma
famille était anticommuniste».
« J’ai vécu à
Tunis comme un
petit juif ». Aux
juifs tunisiens
d’origine s’étaient ajoutés des
juifs venus du
Portugal
et
d’Italie. « Les
Arabes,
note
[Excusez cette parenG e o r g e s
thèse personnelle :
Wolinski,
les
celle que j’aimais,
avaient
bien
moi, c’était Paulette,
reçus, mais ils
la
Paulette
de
n’avaient aucuns
Pichard et Wolinski…
droits : les juifs
Ceux qui savent me
Illustration du poème «Après la bataille»
n’avaient
pas
comprendront...]
de Victor Hugo, parue dans Hara-Kiri en 1960
d’existence légale.
Chevalets, sculptuLes Français ont facilité la naturalisares, tableaux et dessins au mur.
tion des Juifs. Mes parents ont été natuBibliothèque débordant, regorgeant de
ralisés en se mariant et c’est ainsi que
livres, on parle du temps. De celui d’il
je suis né français. »
n’y a pas si longtemps, de l’autre côté
« Très petit, j’aimais me promener dans
de notre mer, la Méditerranée, quand
la Médina. J’allais me perdre [dans le
Wolinski Georges, fils d’un juif polonais
quartier réservé] et je regardais les
qui avait transité par l’Egypte et d’une
filles. » À Paris, dans les années soixante,
juive italienne, était un petit tunisien
Georges erre dans Belleville qui
(presque) comme un autre. Un gosse
« était complètement juif ». Il y dégussale à défaut d’être un sale gosse, qui
tait des bricks à l’œuf : « ça me rappeaimait se promener dans les ruelles.
lait à Tunis, la rue de Marseille, où à
Wolinski et les juifs, c’est toute une hiscôté de la maison il y avait un martoire. Je me remémore le live pamphlet
chand de beignets, saupoudrés de
écrit autrefois par André Wurmser, écrisucre, qu’on ramenait à la maison. »
vain de talent, injustement mis à l’écart
Gosse sale, c’est lui, Georges, qui le dit :
parce que communiste, éditorialiste,
« dans l’appartement, il n’y avait pas de
billettiste à l’Humanité : « L’Eternel, les
salle de bain, simplement un lavabo
juifs et moi ». Il y a de l’éternité chez
dans les chiottes. On se lavait le samedi
Wolinski : l’éternité des amours, l’émoi
dans une bassine. C’était une époque
devant les femmes, la soif de la justice.
où c’était normal d’être sale, mais la
Les juifs, il va nous en parler, justement
mer, la nature, elles, étaient propres. »
et « le moi », c’est-à-dire lui, il est préLa Tunisie, la guerre d’Algérie où
sent partout dans son œuvre. Et pourGeorges Wolinski sert dans le désert et
tant, il n’y a pas plus humble que
où il en profite pour dessiner. C’est là
Georges …
qu’il termine son hommage si particuLa vie du petit tunisien commence tralier à Victor Hugo en illustrant la totaligiquement. Son père, ferronnier d’art,
té de Après la bataille (vous savez :
est assassiné à coup de révolver par un
« mon père ce héros au regard si doux »),
de ses ouvriers révoltés alors qu’il avait
que Cavanna s’empressera de publier
deux ans, ce qui fera dire à la granddans Hara Kiri (le mensuel).
mère : « Ton père a été tué par les comQuant au conflit proche oriental
munistes ». Mais, voilà, un des oncles
Wolinski pense qu’il est « très difficile »
de Georges, le mouton noir de la famille
d’avoir « une opinion juste ». « Je ne
(ou peut être devrions nous écrire, le mouprétends pas, dit-il, détenir la vérité. Je
ron rouge), est un militant communiste,
suis français, donc je pense qu’une
secrétaire de la section du PCI* de
démocratie ne doit pas s’appuyer sur la
Tunis. Il a pris le petit Georges sous son
religion. Ce n’est pas à la religion de
aile et lui fait découvrir la lecture.
faire la loi. C’est ça qui me choque en
Bref, revenons aux Juifs.
Israël et dans les pays musulmans inté« Je suis juif, dit Wolinski qui, comme
gristes. »
chacun ne le sait pas, a « fait » sa barmitsva à Tunis, comme Obama est noir :
* PCI : Le Parti communiste italien avait à
l’époque une section dans l’immigration itaje suis né comme ça. Je ne renie pas mes
lienne de Tunis.
origines, mais je suis un laïc : plus
qu’un laïc, un athée. J’ai une méfiance
** L’oncle Victor a été placé dans un camp de
vis-à-vis de la religion juive qui est
concentration à Kef, comme militant communiste italien, jusqu’à la fin de la guerre.
aussi importante que vis-à-vis des au-

C

ode au pas de la porte. Escalier à
gravir. En haut de l’escalier, le
saint des saints. L’appartement,
l’atelier de Georges Wolinski.
Souvenirs. Mai 68 et après, la pub de
Mars détournée et qui donne : « un coup
de barre, Marx et ça repart ». HaraKiri, pour sûr, et ses
déclinaisons : Hara
Kiri Hebdo, l’Hebdo
Hara Kiri, Charlie
Hebdo après l’interdiction du précédent. Le mensuel
Charlie surtout où
Wolinski nous faisait
découvrir la grande
BD américaine. Le
dessin de presse,
chaque jour, à la
Une de l’Humanité,
Paris-Match, le JDD.
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

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Histoire

Du MNCR au MRAP

par Sylvain Goldstein

D

ès 1939, les dirigeants de la
branche juive de la MOI, du
fait de l’interdiction du Pcf et
de ses organisations, ont constitué un
mouvement nommé SOLIDARITÉ dont
la mission est de porter secours aux
familles juives en difficulté. Ce mouvement poursuivra ses activités jusqu’au moment où il est décidé de participer activement aux luttes pour la
libération de la France.
SOLIDARITÉ décide alors, sur instruction de la direction générale de la MOI
clandestine, de se scinder fin 1942 en
plusieurs organisations (ce qui deviendra effectif en 1943 en raison des difficultés dues à l’Occupation) : l’UJRE
(Union des Juifs pour la Résistance et
l’Entraide), l’UJJ (Union de la
Jeunesse Juive), l’UFJ (Union des
Femmes Juives), le MCR (Mouvement
contre le Racisme) qui deviendra le
MNCR (Mouvement National Contre le
Racisme).
Des journaux clandestins sont publiés :
l’UJRE et l’UJJ impriment la Naïe
Presse (fondé en 1934), Droit et
Liberté, et Jeune Combat. Quant au
MNCR, il fait paraître J’accuse en zone
Nord et Fraternité en zone Sud. Dès
octobre 1942, J’accuse publie des
témoignages sur l’extermination massive des juifs déportés en Europe de
l’Est. Après-guerre, l’UJRE publie le
quotidien Naïe Presse et l’hebdomadaire Droit et Liberté qu’elle cèdera au
MRAP en 1949.
En février 1945, le MNCR crée
l’Alliance Antiraciste qui regroupe des
militants venus d’horizons très divers.
Parmi ceux-ci se trouvent des membres de la LICA (Ligue internationale
contre l’antisémitisme) fondée par
Bernard Lecache et dissoute sous
l’Occupation. Très vite, des tensions
apparaissent au sein de la jeune
Alliance. Elles sont dues, en premier
lieu, à l’origine sociale : les membres
de la LICA sont plutôt des notables
COMMÉMORATION
Mardi 27 janvier - Journée
de la mémoire de l'Holocauste
et de la prévention
des crimes contre l'humanité
La France et l'Allemagne ont choisi la
date du 27 janvier, date de la libération
du camp d'Auschwitz, pour instituer
cette journée du souvenir.
En partenariat avec la chaine Toute l'histoire, le Mémorial propose une semaine
spéciale dédiée à la Shoah.
A noter également la prolongation de
l'exposition Dans les pas des Disparus,
photographies de Matt Mendelsohn,
jusqu'au 29 mars !
Information : Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy l’Asnier Paris 4°
01 42 77 44 72

quand le MNCR rassemble surtout des
ouvriers et de petits artisans.
En outre, les membres de la LICA
sont plus âgés que ceux du MNCR. Et
puis des désaccords politiques se
manifestent : entre les militants communistes et progressistes et le courant
gaulliste1.
Le 22 mai 1949 au Cirque d’Hiver, la
“journée nationale contre le racisme,
l’antisémitisme, et pour la paix”2
marque la naissance3 du MRAP
(Mouvement contre le racisme et
l’antisémitisme et pour la paix).
On voit ici la genèse de la cassure
entre la future LICRA et le MRAP.
NDLR. Nous reviendrons dans un prochain
numéro sur le racisme à l’encontre des juifs et
des émigrés et sur l’importante activité antiraciste du MRAP, promoteur, nous ne saurions trop le rappeler, de la première loi antiraciste jamais votée en Europe.
1. Historiquement, le MRAP sera toujours
considéré comme ayant des affinités avec
la gauche et notamment le Parti communiste, alors que la LICRA sera considérée
comme proche de la droite. On peut noter
par exemple que Mouloud Aounit, actuel
Président du MRAP, est élu au Conseil
régional d'Ile-de-France sous les couleurs
du Parti communiste (sans en avoir jamais
été membre), tandis que Patrick Gaubert,
actuel Président de la LICRA, est élu au
Parlement européen sous l'étiquette du
Parti Populaire Européen (Droite) après
avoir été le conseiller de Charles Pasqua,
ministre de l'Intérieur. On peut noter également que tous les présidents de SOS
RACISME furent des cadres du Parti
Socialiste.
2. Droit et Liberté nouvelle série n°28 (96)
du 15 Mai 1949, appel à la journée; Droit et
Liberté nouvelle série n°29 (97) du 1er Juin
1949: Compte rendu complet de la journée
nationale contre le racisme, l'antisémitisme, pour la Paix; manifeste Tous unis contre le racisme et pour la Paix en p. 12
3. Droit et Liberté 01/1987 - Naissance
d'un mouvement

Négationnisme

Faurisson, Ratzinger,
même combat ?
Le pape lève l'excommunication de
quatre évêques intégristes dont le britannique Richard Williamson. Ce dernier a déclaré sur une chaîne publique
de la télévision suédoise : "Je pense
qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz.
Je crois qu'il y a tout au plus 200.000
à 300.000 juifs qui sont morts dans les
camps de concentration". En France
l'auteur de ces propos serait passible
de poursuites. Au Vatican, apparemment, ce mensonge ne dérange pas.
C'est pourtant en qualité de prélat et
pas à titre personnel que Williamson
était invité.

Mémoire

Entretien avec Guillaume Moscovitz

Refus de la négation
Guillaume Moscovitz a 40 ans. D’abord parti faire du théâtre à Bruxelles, il a travaillé plusieurs
années comme comédien. En 1996, il réalise un premier court-métrage. Après cinq ans de travail, son premier long-métrage, Belzec, voit le jour grâce à sa ténacité et à celle de son producteur. Belzec est chronologiquement le premier centre de mise à mort de l’Aktion Reinhard, le
plan nazi d’extermination des Juifs des territoires de la Pologne occupée. Sa destruction totale,
au début de l’année 1943, un an avant le démantèlement des camps de Sobibor et de Treblinka,
témoigne de la volonté nazie d’effacer les traces de l’extermination des Juifs d’Europe.
centres de mise à mort. Ceux qui sont
Pourquoi le camp
gazés à Buchenwald ou à Dachau sont
d’extermination de
ceux qui n’ont plus la force de travailler,
Belzec, sujet de votre
mais il n’y avait pas de gazage systémafilm, est-il si peu
tique comme il y en aura à Belzec une
connu ?
fois transformé en centre de mise à mort.
Guillaume Moscovitz : Il
Les Tziganes et les handicapés ontn’y a quasiment pas eu de
ils été, comme les Juifs, déportés à
survivants : c’est la raison
Belzec ?
principale de cette
méconnaissance. Seules
GM : Non. Les handicapés ont été
deux personnes ont pu
exterminés en Allemagne, et les
témoigner après la guerre : Rudolf Reder,
Tziganes essentiellement à Birkenau.
décédé dans les années 1960, et Chaïm
Quelques convois de Tziganes ont aussi
Hirszmann, mort assassiné à Lublin en
été gazés à Treblinka. Le nombre total de
1946. Si on connaît les noms
Tziganes gazés varie entre 200.000 et
d’Auschwitz, Treblinka et Sobibor, c’est
500.000. À Belzec, on n’exterminera que
parce qu’il y a eu des survivants.
des Juifs. Les camps d’extermination
Auschwitz est le plus connu parce que
n’ont pas d’autre fonction que le meurc’est là qu’il y a eu le plus grand nombre
tre. C’est une erreur de qualifier ces
de personnes qui sont revenues. Il y a à
camps de camps « de la mort ». Non, ce
peu près une centaine de survivants de
sont des camps de meurtres. Les gazés de
Treblinka et de Sobibor. Avant le film de
ces camps ne sont pas « morts », comme
Lanzman, Shoah, je ne sais pas si ma
on peut mourir naturellement ou d’épuigénération connaissait les noms de
sement. Non, on les a tués, on les a assasTreblinka, Sobibor et Chelmno. À propos
sinés. Dans ces centres de mise à mort, il
de ces camps d’extermination, seuls leurs
n’y avait pas de sélection. La seule sélecnoms ont été évoqués au moment du protion concernait les quelques hommes ou
cès de Nuremberg, mais cela s’est arrêté
femmes qui deviendront les sonderkomlà, on n’en a pas parlé. Les procès des
mandos. Ceux qui ont été déportés dans
camps d’extermination ont eu lieu en
ces centres industriels de mise à mort
Allemagne, et c’est à partir de là qu’on a
étaient à 99 % éliminés dès leur arrivée.
été amené à connaître l’existence de ces
Alors qu’à Auschwitz, la sélection entre
camps. Il y a eu un procès Belzec en 1965.
ceux qui travailleraient et ceux qui
Sur les huit inculpés, sept ont été relaxés,
seraient tués se faisait principalement à la
au motif qu’ils avaient obéi aux ordres.
descente du train, à Belzec, Sobibor et
Treblinka, la sélection s’opérait dans les
Les différences entre camp de traghettos, avant même le départ des trains.
vail, camp de concentration et cenLes convois ainsi formés étaient des
tre de mise à mort sont importantes.
convois pour la mort.
Pourriez-vous les expliquer ?
En neuf mois, plus de 600.000 Juifs
GM : En Pologne, il y avait plein de
ont été tués à Belzec, mais ce camp,
camps de travail, surtout au début de
comme celui de Treblinka ou de
l’occupation, entre 1939 et 1941. Il y
Sobibor, a été détruit. Votre travail
avait ce qu’on appelait les bataillons du
participe à l’œuvre de mémoire...
travail. C’étaient des hommes qui, à partir de 15 ou 16 ans, pouvaient être arrêtés
GM : Je voudrais à ce propos revenir sur
dans la rue et envoyés en camp de travail,
la phrase qu’Himmler a prononcé en octomais ils en revenaient quelques semaines
bre 1943, lorsqu’il a déclaré, devant les
après. Les conditions étaient toutefois
généraux SS, que la destruction des Juifs
très dures et certains mouraient d’épuised’Europe devait être « une page glorieuse
ment. En 1939-1940, Belzec a d’abord
de notre histoire qui n’a jamais été écrite
été un camp de travail. Des Juifs et des
et qui ne devra jamais être écrite ».
Tsiganes travaillaient à la construction de
Belzec, comme centre de mise à mort, est
la ligne défensive germanique contre les
construit à partir de novembre 1941. La
Soviétiques, en creusant des fossés anticonférence de Wannsee*, qui se tient en
chars.
janvier 1942, n’est pas qu’un acte d’enreDans le camp de concentration, ce n’était
gistrement de la Solution finale. La phrase
pas cela : nombreux étaient les déportés
d’Himmler est dite après la destruction du
qui pouvaient être utilisés par les nazis
camp de Belzec, juste avant les révoltes
comme force de travail. Les déportés y
des camps de Sobibor et de Treblinka. Cet
étaient beaucoup plus nombreux et, en
effacement des traces, la négation du
général, on n’en revenait pas. Il n’y avait
crime faisaient partie du plan d’anéantispas que des Juifs en camp de concentrasement. Je ne pense absolument pas que
tion. On y trouvait aussi des Polonais,
l’effacement des traces soit un effet ou une
des politiques, des résistants, à
conséquence du plan d’extermination
Auschwitz par exemple. Ces camps de
nazi, mais une des conditions de sa réaliconcentration n’avaient pas pour foncsation. Pour que le crime soit possible, il
tion unique le meurtre de masse, même si
faut le nier. La place occupée par l’effacebeaucoup y sont morts. Il y avait aussi
ment des traces et la négation du crime est
des chambres à gaz dans ces camps, mais
centrale dans la compréhension de la desla sélection n’y était pas systématique.
truction des Juifs d’Europe.
Auschwitz était un camp de concentraPropos recueillis par Laura Laufer
tion, mais Belzec, comme Treblinka,
* Wannsee est une petite ville de la banSobibor, Chelmno et Birkenau étaient
lieue de Berlin.
uniquement des camps d’extermination,
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P.N.M. JANV. / FÉV. 2008

Belzec est diffusé sur FR2
le 5 février à 22H45 et 00H34
NDLR : Lire aussi notre présentation du film
Belzec dans la PNM n° 231 (déc. 2005) et
nos commentaires dans la PNM n° 233 (fév.
2006)
A noter la sortie par la Cie.
des Phares & Balises d’un
coffret double DVD (25€ ) ,
comprenant le film Belzec
(108 min.) et trois films
inédits
de
Guillaume
Moscovitz :
Braha, l’enfant cachée (33 min), Vivre (63
min) et Tuviah Friedmann, chasseur de Nazis
(118 min). Ce coffret inclut un livret pédagogique écrit avec la contribution d’Annette
Wieviorka et de Jean-François Forges. Avec
le soutien de la Fondation pour la Mémoire de
la Shoah.

Pogrom à Buenos Aires
(suite de la page 8)

.../... Les Etats tiennent à leur image. Et
puis, un peuple informé, c’est un peuple dangereux. Beaucoup de crimes
d’Etat restent impunis et surtout
occultés. Sans doute a-t-on compris
que la vérité est révolutionnaire. Saiton aussi que tout ce qui a été caché se
reproduira ? Somme toute, le pogrom
était à sa façon annonciateur de la terrible
dictature
militaire
que
l’Argentine subira entre 1976 et 1983.
Les descendants des communards
déportés à la Nouvelle-Calédonie
attendent toujours la réhabilitation de
leurs aïeux qui, selon eux, n’ont rien
fait de plus condamnable que les
Résistants de la deuxième guerre mondiale. Le jour où la France saura enseigner l’histoire de la Commune,
l’Argentine écrira sans doute l’histoire
du pogrom de janvier 1919. Ce jour-là…
Ce jour-là, la vie sera plus belle et le
soleil plus brillant sur les toits.
Nicole Mokobodzki
1. Tango célèbre, qui a fait le tour du monde
2. Juan Carulla, Al filo del medio siglo
3. Le terme de pogrom désigne ici “le mouvement dirigé par les autorités tsaristes
pour l’extermination des juifs”. Nous comprendrons plus loin à quel point il est
tristement justifié. Nda
4. « Ruso » signifie évidemment russe ;
mais en Argentine comme en Uruguay, le
mot a pris le sens de « juif », en raison de
l’importance de l’émigration de juifs russes. Les Russes non juifs n’avaient pas de
raisons de fuir les pogroms.
5. Soiza Reilly, Revue El Popular, N° 45,
03/02/1919
6. Arturo Cancela, Tres relatos porteños”
(Trois récits sur Buenos Aires)
7. En 1997, Fihman a remis à la Fondation
Juan B. Justo toute sa documentation,
ainsi qu’une courte version romancée des
événements intitulée « Le cri oublié ».
C’est ce cri que j’ai voulu faire entendre,
en présentant le récit de ces événements
comme l’aurait fait un reporter.
8. José Mendelson, Der Pogrom in
Buenos Aires, 01/1919 Bibliografia tematica sobre Judaismo Argentino, tercer tomo,
Centro Marc Turkow, Buenos Aires, 1985
9. Refuge comparable à ceux de l’Armée
du Salut
10. Sic ! C’est sans doute le yiddish qu’on
aura pris pour de l’hébreu.
11. El grito olvidado.

7

PLUS TARD TU COMPRENDRAS

Nous avons relevé au programme du
Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71 rue du Temple, Paris 3°
Informations : 01 53 01 86 53

film d’Amos Gitaï

Une exposition ...

FUTUR ANTÉRIEUR
L'avant-garde et le livre
yiddish (1914-1939)
Du 11 février au 17 mai 2009
« Nous avons tout à coup découvert la
magie de la yiddishkeit, nous avons été
entraînés par le grand mouvement d’émancipation spirituelle, par la résurrection de notre conscience nationale,
par le combat des masses ouvrières juives pour la justice sociale. Nous, artistes juifs semi-assimilés, sommes retournés vers le peuple. C’était, pour ainsi
dire, une contre-émancipation... »
Henryk Berlewi
1955

L’exposition Futur Antérieur raconte
l’histoire de cette contre-émancipation
qui s’incarne essentiellement dans le
livre yiddish illustré. Principaux
acteurs de cette renaissance, Lissitzky,
Chagall, Altman mais aussi des artistes
moins connus comme Ryback, Berlewi,
Tchaïkov ou d’autres dont les noms ont
été effacés comme Sarah Shor ou Mark
Epshteyn.
Leurs trajectoires individuelles se
dessinent à partir de cette prise de
conscience : pour certains, le suprématisme ou le constructivisme ; pour
d’autres, le réalisme socialiste...
Cette exposition est conçue à partir
d’une collection de livres imprimés et
d’esquisses originales que le musée a
acquise en 2000. Elle est complétée par
le fonds Boris et Lisa Aronson du
musée d’Israël et par un prêt exceptionnel du musée ethnographique de SaintPétersbourg qui conserve une partie de
la collecte ethnographique du dramaturge An-sky, auteur du Dybbouk et
instigateur de cette redécouverte de l’art
populaire juif.

Un cycle de films ...

KINOJUDAÏCA
Le cinéma juif de Russie
et d’Union soviétique
Dimanche 8 mars
de 12 h à 19h30
Une importante rétrospective de films à
thématique juive réalisés entre les
années 1910 et 1960 dans l’espace géographique relevant de l’empire russe
puis soviétique.

Un atelier enfant ...
IL ÉTAIT UNE FOIS UN TAILLEUR
Jeudi 19 février à 13 h 30
Durée 1h30. Les enfants rencontrent un
tailleur en train de confectionner des
vêtements somptueux pour une noce. De
fil en aiguille, il leur raconte pourquoi
ses ancêtres exercent, depuis le temps de
Moïse, des métiers liés au textile. Il les
emmène ensuite admirer les costumes et
les étoffes conservés au musée. De
retour dans l’atelier, tous préparent le
mariage, auquel ils sont conviés.

Jeanne Moreau avec Amos Gitaï dans la synagogue de la rue Copernic

N

ul ne saurait refaire ou défaire
l’histoire, et peut-on l’oublier ?
Telles sont les questions qui obsèdent
Victor né en 1945, d’une mère juive et
d’un père chrétien. Son enquête sur
l’Histoire et le passé de sa famille
devient une quête d’identité.
L’Histoire y ressurgit au cœur du quotidien, fantôme d’un passé dont subsistent quelques traces, telle la voix de
cette femme, témoin au procès Barbie
ou ces noms sur un mur, presque illisibles par leur nombre. Avec la disparition des derniers témoins directs comment se dira l’Histoire ?

Hippolyte Girardot devant le Mur du Souvenir

vit une spoliation dont il demande
réparation à l’administration. Mais le
solde de tout compte avec l’Histoire se
révèle incalculable dans la mémoire
d’un no man’s land.
LL
A lire aussi Plus tard, tu comprendras de
Jérôme Clément, Ed. Grasset,
Paris, 01/2009, 406 p., 18,90 ,
ISBN 9782246653929. Une centaine de pages, Maintenant, je sais, y
complètent l’édition originale de
2005. Elles décrivent l’aventure du
passage de l’écrit à l’écran par le
réalisateur Amos Gitaï.

Jeanne Moreau donne son étoile jaune à son petit-fils

Plus tard tu comprendras interroge le
lien entre le passé et le futur. Rivka
Gornick a gardé le silence pour ses
enfants ; à l’aube de sa mort, elle parlera à ses petits-enfants. Rivka, qui
toute sa vie a collectionné des objets
dérisoires, a gardé l’essentiel. Pour
son dernier Kippour et au sein même
de la synagogue, elle transmet son seul
héritage à son petit-fils : son étoile
jaune et la recommandation de toujours combattre les discriminations et
l’injustice.
Pour ce film en plans-séquence et
longs travellings, le cinéaste retrouve,
très émouvante, Jeanne Moreau,
Louis Sclavis qui compose une belle
musique au thème récurrent et
Caroline Champetier pour une photographie toujours magnifique.
La caméra explorant lieux, objets, gestes, visages retrouve la thématique
centrale des films de Gitaï, le territoire spolié. Ailleurs, c’était la terre
des
Palestiniens, ici c’est le
Yiddishland : une terre disparue mais
aussi une langue, celle des Gornick
qui vécurent rue de Paradis.
Victor tient ici du pèlerin sans destination et du profanateur qui entrouvre
une tombe inconnue. Sa quête
emprunte les méandres d’un couloir
sans fin et où le sol paraît se dérober.
Fouiller dans le passé fragilise le présent et rend le futur incertain.
Douloureux travail de deuil où Victor

Anima communique ...

N

ous sommes heureux de vous annoncer la sortie de Nokh Oyfn Veg
(Encore en chemin), CD de chants populaires yiddish interprétés par le Quintet
Oyfn Veg, harmonisés pour chœurs par
et sous la direction de Jean Golgevit, chef
de chœur et harmonisateur, conseiller
technique et pédagogique.
Ce deuxième opus fait suite au CD Oyfn
Veg (En chemin) interprété par le Trio de
femmes Isajoan.
Ces chants traditionnels sont pour la première fois harmonisés à plusieurs voix,
ce qui les rend accessibles à toutes les
chorales. Les textes - traduits par Batia
Baum - se trouvent intégralement dans le
recueil composé de 38 chansons yiddish,
Oyfn Veg, harmonisées pour chœurs de 2
à 6 voix égales ou mixtes par Jean
Golgevit, édité par la Maison de la
Culture Yiddish à Paris (www.yiddishweb.com). L'utilisateur peut, sans parler
le yiddish, comprendre la chanson et l'interpréter dans sa langue originelle.
Informations : www.les-independants.com
ou Anima & Cie - anima.cie@gmail.com
06 63 45 93 77
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8

Enquête

Pacte du silence

Pogrom à Buenos Aires

Un reportage de notre envoyé spécial

S

cènes d’épouvante dans les quartiers
commerçants de Once et Villa
Crespo, qui ressemblent un peu au
10ème arrondissement de Paris. Bizarre.
La chaleur de l’été, en ce mois de janvier,
porterait plutôt à la nonchalance. Ici et là,
on fredonne La cumparsita1. Pourtant,
Carulla, qui est généralement bien informé est formel2 : Il paraît qu’on est en
train d’incendier le quartier juif. J’y suis
allé voir. Arrivé à la hauteur de la Faculté
de médecine, j’ai été témoin de ce que l’on
pourrait appeler le premier pogrom3 de
l’histoire argentine. On se bat dans les
maisons, aux cris de « mort aux russes4 ».
On brûle en pleine rue des livres empilés,
des vêtements entassés, des meubles. Les
flammes éclairent la nuit d’une lueur
monstrueuse qui projette des reflets rouges sur les visages d’une foule en proie à
la panique. De temps à autre, je vois passer des vieillards barbus et des femmes
échevelées. Je n’oublierai jamais cet
homme à la figure violacée, au regard
implorant, cet enfant qui s’accroche en
sanglotant à une lévite noire en lambeaux.
De fait, Soizy Reilly, qui est un journaliste sérieux écrit5 : « J’ai vu des vieillards
à la barbe arrachée. L’un d’eux a soulevé
sa chemise pour me montrer deux côtes
ensanglantées qui lui transperçaient la
peau comme deux aiguilles. Deux adolescentes ont été violées. L’une d’elles a tenté
de résister. On lui a tranché la main droite d’un coup de hache. J’ai vu des
ouvriers juifs dont on brisait les jambes à
coups de pieds. Tous ces crimes sont commis par de la racaille qui hurle « mort aux
juifs » en brandissant le drapeau argentin !» / “De jeunes voyous porteurs de
brassards et armés de bâtons et de carabines arrêtent tout ce qui porte barbe.
Ceux qui ont des carabines leur crèvent le
ventre ; les autres jettent des pierres dans
les vitrines des magasins dont les propriétaires affichent des noms impossibles à
prononcer.»6
Et la police, elle laisse faire ? Mais non !
Elle est sur place. Il y a des flics ivres qui
achèvent les blessés à coups de bâtons ou
de sabre, quand ils ne leur crèvent pas le
ventre à coups de baïonnettes. Peu de juifs
sortent vivants du commissariat du 7ème
arrondissement, où comble de délicatesse,
on leur urine dans la bouche. Ce n’est
guère mieux dans celui du 9ème. Ala préfecture de police, on se relaye par équipes
de cinquante pour les martyriser : on
fouette ; on brûle les genoux avec des
allumettes ; on enfonce des rasoirs dans
les plaies ouvertes.
Impossible à l’heure où nous mettons sous
presse d’évaluer le nombre exact des victimes. Interrogé, le directeur de la police,
cherche à minimiser les chiffres.
Connaîtra-t-on jamais le nombre des grossesses déclarées en ce sinistre mois de janvier, sans parler de celui des avortements.
L’ambassadeur de Russie vient d’adresser
une note au ministre de l’Intérieur et une
autre au ministre des Affaires étrangères
pour exiger la protection des juifs russes.
Parions qu’elles resteront sans réponse.
L’ambassadeur de France note que la
police massacre sauvagement tout ce qui
est « russe » ou qui a « une gueule de
russe : c’est-à-dire de juif ».

et de substantielles augmentations de
salaires. La police tire sur la foule.
Quelques années plus tard,
la
Révolution de 1917 va porter au pouvoir Lénine et Trotski. Ce n’est pas
pour rassurer l’oligarchie : la révolution risque de faire tache d’huile. Les
dirigeants peuvent-ils s’offrir une nouvelle fois le luxe d’envoyer la troupe
contre les ouvriers ?
C’est ça ou trouver des boucs émissaires. Aux Etats-Unis, en 1920, les anarel est le récit que j’aurais dû
chistes Sacco et Vanzetti feront très
faire si j’avais assisté, il y a 90
bien l’affaire. D’autant que ce sont des
ans, à la Semana Tragica de
étrangers, ce qui permet d’accréditer
Buenos Aires, cette semaine de janque les ouvriers américains eux, sont
vier 1919 où les assassins hurlaient
de bons citoyens qui se satisfont de
« Mort aux juifs et aux Catalans ».
salaires de misère. Et l’Argentine ?
Cette page sombre de l’histoire de
Mais elle a, elle aussi ses étrangers :
l’Argentine a été arrachée à l’oubli par
des juifs immigrés, presque tous d’oriPablo R. Fihman7, qui n’est ni journagine russe. Qu’à cela ne tienne !
liste ni historien : simplement un juif
Janvier 1919, c’est d’abord la grande
dont l’enfance a été bercée par le récit
grève des ouvriers métallurgistes.
de ces horreurs et qui, parvenu à l’âge
Leurs revendications : ramener la jouradulte, a voulu en avoir le cœur net.
née de travail de 11h à 8h ; améliorer
Ses recherches lui ont pris de longues
les conditions d’hygiène ; respecter le
années. Elles n’ont guère intéressé, ni
repos dominical ; augmenter les salaises corréligionnaires, ni les historiens.
res ; réintégrer les délégués licenciés.
A signaler tout de même, une étude de
La répression est brutale. Il y a des
Naum Solominsky. L’auteur y repromorts. La police tire sur la foule qui
duit en partie un article de José
suit l’enterrement. Quarante morts et
8 qu’il juge fondamental
Mendelson
un climat d’émeute. L’oligarchie est
pour l’étude de la question.
peu encline à faire
«Les massacres de juifs
confiance au président
commis en Europe
Yrigoyen,
membre
orientale,
déclare
d’un parti modéré,
Mendelson, sont jeux
assez comparable au
d’enfants en comparaiparti radical de la
son de ce qui s’est
IIIème République en
passé dans les rues de
France.
Buenos Aires. Vétilles,
L’idée germe de profitous les pogroms, à
ter des troubles pour
côté des sévices inflirenverser Yrigoyen et
Meeting anarchiste en Argentine
gés à des vieillards
le remplacer par un
au début du XXe siècle
juifs dans les commispouvoir « fort ». La
sariats des 7ème et 9ème arrondissetentation est grande pour la droite clasment et à la Préfecture de police. La
sique et classiquement antisémite. Au
police montée traînait de vieux juifs
Cercle des officiers de marine, on
nus dans les rues ; ceux qui n’avaient
enseigne le maniement d’armes et le
plus la force de courir étaient tirés par
contre-amiral O’Connor apostrophe
la barbe ; ils s’écorchaient la peau sur
les jeunes, en termes qui ont le mérite
les pavés ; les coups de sabres et de
de la clarté : « Si les juifs et les
fouets pleuvaient. Peut-être verra-t-on
Catalans n’osent pas venir ici, c’est
des épisodes semblables sous Hitler,
nous qui irons les chercher ». L’Eglise
vingt ans après, ce qui est bien peu à
catholique apporte plus d’eau qu’il
l’échelle historique.»
n’en faut au moulin du crime et publie
Qui ? Pourquoi ? La date de 1919
en trois mois une douzaine d’éditos
fournit déjà une piste. A la fin du
violemment antisémites. Un évêque
19ème siècle, le mouvement ouvrier
harangue de jeunes nervis en ces tercommence à s’organiser sérieusement.
mes : “les juifs sont les seuls coupaNous avons vu que certains crient
bles de la pénurie ; ce sont de véritaMort aux juifs et aux Catalans. C’est
bles sangsues qui se font expulser de
qu’en Catalogne, il y a déjà eu une tentous les pays ».
tative d’instauration de la République,
Est-ce pour parer à l’éventualité d’un
et la répression contre les anarchistes
coup d’Etat de droite que le parti préest aussi sauvage que le courant anarsidentiel va perdre son honneur ? En
chiste y est vigoureux. Barcelone aura
tout état de cause, il est aujourd’hui
sa Semana Tragica avant Buenos
établi que la fédération radicale de
Aires. Le début du 20ème siècle est
Buenos Aires a délibérément transfortémoin, dans le monde entier, d’une
mé 2.000 de ses adhérents en assasmontée des revendications ouvrières
sins. Un dirigeant se vantera même
qui, somme toute, va de pair avec le
d’avoir à lui seul massacré quarante
développement du capitalisme indusjuifs en un jour ! La police, de son
triel. En 1905, déjà, Buenos Aires est
côté, prépare le terrain en répandant
en état de siège. Les manifestations
des rumeurs diverses. Des juifs
sont imposantes. En 1909, à l’appel
auraient pris une part active à l’attende leurs organisations d’obédience
tat commis contre le foyer9 et l’église
majoritairement anarchiste, 170.000
de Jesus Sacramentado. Les responsaouvriers font grève dans la capitale
bles de l’ « intense agitation anarchispour obtenir la journée de huit heures
te sont les nombreux ressortissants de
L’ambassadeur des Etats-Unis fait état de
1.356 morts et de 5.000 blessés. A quoi il
faut ajouter les 179 cadavres entassés à
l’intérieur de l’arsenal. Et puis, tous les
morts ne sont pas comptabilisés. Il y a des
cadavres qui sont incinérés au fur et à
mesure qu’ils sont déversés. En tout état
de cause, ces chiffres sont impressionnants quand on sait que les évaluations de
la population juive de la capitale varient
entre 70.000 et 100.000 personnes.

T

la communauté russo-israélite qui se
livrent à une propagande acharnée,
tant en russe qu’en hébreu10. Les
grandes grèves ouvrières qui viennent
d’avoir lieu auraient été provoquées
par un juif bundiste, un certain Pedro
(Pinie) Wald, présenté comme le dirigeant du futur soviet argentin».
Défense de sourire. Didier Daeninckx
raconte comment en 1918, l’armée
française a libéré l’Alsace qui venait
de hisser le drapeau rouge et de proclamer la République des soviets.
Seulement, voilà : les victimes du
pogrom de Buenos Aires étaient des
artisans et des ouvriers juifs industrieux, pieux et sincèrement patriotes.
Rendons hommage aux 400 membres
du parti radical qui ont déchiré leurs
cartes et à Francisco Beiro, haut
responsable de l’Union Civique
Radicale, qui eut le courage d’organiser une rencontre entre les représentants du Comité politique de la communauté israélite et le Président,
lequel déclare qu’il a lui-même été
victime de persécutions et qu’il s’engage à trouver les coupables et à les
châtier. En fait, il se contentera de
nommer Beiro ministre de l’intérieur.
Fin de l’épisode. Echec partiel de la
stratégie répressive : Le ministère de
l’Intérieur est contraint de négocier
avec les ouvriers qui obtiennent de
20% à 40% d’augmentation, ainsi que
la libération de leurs dirigeants. Quant
au pogrom de Buenos Aires, on n’en
entendra plus parler.
Et pourtant, Quién sabe, si supieras,
volviendo a tu pasado, chante La
Cumparsita (Si tu revenais sur ton
passé, qui sait, si tu savais…). Fihman
a raconté les faits dans un court roman
intitulé « Le cri oublié »11Puis un
jour, l’âge venu, il est allé remettre
toute sa documentation à la Fundacion
Juan B. Justo.
Devoir de mémoire ? Il avait aussi eu
la curiosité d’aller voir en quels termes
les manuels d’histoire rendent compte
de la Semaine tragique. “Il y eut, dit
l’un, de nombreux affrontements qui
firent beaucoup de victimes”. Un autre
avance même un chiffre : « une centaine de morts ». Un troisième risque une
justification : un « mouvement extrémiste obligea l’armée à intervenir ».
Un auteur, qui a d’ailleurs permis à
Fihman d’entreprendre ses recherches,
parle « d’actes de vandalisme commis
contre “des personnes innocentes,
totalement étrangères aux intérêts en
jeu », sans aller jusqu’à préciser que
les innocents sont des juifs. Un biographe du Président admet : “Il y a eu
beaucoup de morts, peut-être un
millier, et plusieurs milliers de blessés.
La plupart des victimes étaient non
pas des ouvriers, mais des passants ou
des personnes qui regardaient par le
fenêtre et qui reçurent une balle dans
la tête ». Bref, vous l’aurez compris :
les luttes ouvrières contraignent les
dirigeants à commettre des assassinats
mais jamais, au grand jamais, il n’y
eut d’antisémitisme en Argentine : la
morale est sauve ! Les coupables
n’ont pas été punis. Les innocents ont.../...
ils seulement été réhabilités ?
(suite et notes en page 7)

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La Nouvelle Presse Magazine 262 janvier fevrier 2009

  • 1. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:37 Page 1 LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d’antisémitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l’Etat d’Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien. N° 262 - JANV./FÉV. 2009 - 27e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5,50 € Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide Les armes doivent se taire ! 2 Peuples, 2 Etats, 1 Paix négociée OUI : l’UJRE a dès le premier jour condamné la guerre d’Israël contre Gaza, une guerre injuste, injustifiée, inqualifiable. Et encore, à ce moment là, nous ne savions pas qu’il y avait eu usage de bombes au phosphore. L’UJRE s’est déclarée solidaire de la population de Gaza, de la population palestinienne et du droit des Palestiniens à vivre enfin dans un Etat indépendant et viable. Ce faisant, elle était et reste convaincue d'oeuvrer aussi pour la sécurité de la population Samedi 10 janvier 2009 israélienne. l’U JRE défilait sous la banderole d’ Une autre voix juive (U AVJ ) NON : l'UJRE ne se sent pas coupable d’avoir participé à des manifestations à côté et non pas avec des mouvements dont elle ne partage pas nécessairement les positions et dont certains pêchent en eau trouble. Ces mouvements s’excluent d’eux-mêmes d’une manifestation pour la paix lorsqu’ils adoptent pour slogan Mort aux juifs, mort à Israël ! Ne soyons pas naïfs. Il y a ceux qui tirent les ficelles, ici comme là-bas. Mais il y a ceux qui risquent de se laisser entraîner. Il y a aussi, et n’est-ce pas le premier objectif, le risque de détourner des indispensables manifestations de solidarité ceux qui viendraient d’enthousiasme, n’était la présence des récupérateurs. Ce risque serait moins grand, les fauteurs de guerre seraient moins visibles, moins convaincants, si les démocrates de France étaient plus nombreux à demander justice. Jacques LEWKOWICZ A PROCHE-ORIENT Moi, je crois au processus d’Oslo A. Kapeliouk Communiqués UJRE Black-out médiatique à Gaza P.Kamenka Le rêve de Barenboïm J.L. p.3 p.3 p.4 p.4 SOCIÉTÉ L’air du temps rend de méchante humeur J. Levart p.5 HISTOIRE du MNCR au MRAP S.Goldstein p.3 ENQUETE Pogrom à Buenos Aires N.Mokobodzki p.8 MÉMOIRE Belzec - Refus de la négation (entretien avec G..Moscovitz) Laura Laufer p.7 PORTRAIT Le petit juif de Tunis (entretien avec Georges Wolinski) J.Dimet p.5 CULTURE «Plus tard, tu comprendras» d’Amos Gitaï LL p.7 Trois préoccupations et quatre vœux u seuil de l’année 2009, notre attention est attirée par trois problèmes liés entre eux : Le premier, au Proche-Orient, c’est bien évidemment le retour de la Paix. Le silence retombe sur un champ de ruines. Dans ces ruines, on n’entend plus les hurlements des blessés. On entend les lamentations d’incrédule épouvante de ceux qui survivent. C’est dans ce décor dantesque et nulle par ailleurs, qu’il nous appartient que se lève une génération pour la Paix. Ce conflit a revêtu, une fois de plus, un caractère d’une violence extrême. Certes, les injustifiables tirs de roquettes du Hamas ont fourni l’occasion au gouvernement israélien de son agression contre la bande de Gaza. Mais ils étaient la réponse au tout aussi injustifiable blocus qui affamait la population de Gaza.. Nous sommes horrifiés de cette guerre et l'attitude des dirigeants d'Israël nous choque profondément. L’incroyable disproportion du nombre de victimes de part et d’autre, en faveur d’Israël et au détriment des Palestiniens, montre bien que la force est du côté israélien. Il faut appeler un chat un chat : ainsi le plus fort s’attaque au plus faible signant une très coupable lâcheté. Celle-ci n’est que la suite logique de l’attitude israélienne qui n’a jamais sérieusement agi, depuis 1967, pour prendre l’initiative en vue de dégager une voie non militaire vers la paix. Notre vœu est que devant les protestations, chaque jour amplifiées, qui se développent dans le monde, Israël se décide à reconnaître la légitimité des droits revendiqués par les Palestiniens et que ces derniers réaffirment la légitimité du droit à l’existence d’Israël, l’ensemble de ces orientations devant se situer dans le cadre des différentes résolutions pertinentes de l’ONU. Les uns et les autres doivent reprendre le dialogue et coopérer pour un avenir de paix dans la région, dans l’intérêt mutuel des deux peuples. Ensuite, la crise financière qui devient, aujourd’hui, économique et sociale avec son cortège de difficultés qui s’amoncellent pour les salariés et les familles modestes. Certes, Sarkozy a annoncé un plan de relance. Mais, que peut-on attendre d’un plan qui se contente d’aider les entreprises et les banques sans s’attaquer à la racine du mal : l’invraisemblable appât de profit ayant conduit celles-ci à la spéculation et à la catastrophe actuelle ? Notre vœu est que se lève un puissant mouvement social dont l’action pourra seule conduire à prendre des mesures efficaces et d’urgence contre la crise. Enfin, les résurgences du néo-nazisme et l’antisémitisme : Nous en avons vu l’illustration sous la forme de la croix gammée « taguée » en décembre sur la porte de notre cher 14 rue de Paradis au mépris du respect dû aux différentes activités regroupées par les juifs progressistes dans l’après guerre, rassemblés dans l’UJRE et qui ont marqué l’histoire de ce lieu. Nous l’avons aussi remarqué dans la lamentable mascarade de Dieudonné, invitant le coupable négationniste Faurisson à recevoir un prix des mains d’un comparse revêtu d’une tenue de déporté et d’une étoile jaune. Le prix des places étant ce qu’il est au Zénith, ce ne sont pas des blacks des « quartiers » qui emplissaient la salle. Qu’on ne s’y trompe pas : l’antisémitisme n’est qu’une des branches du racisme comme le montrent les différentes attaques contre les lieux musulmans. Il en est ainsi du cimetière militaire d’Arras où les tombes aussi bien musulmanes que juives ont été recouvertes des mêmes croix gammées. Notre vœu, ici, est que les pouvoirs publics prennent toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à ces menées. A vous tous, nous souhaitons pour chacun une très bonne année 2009 dans un monde en paix.
  • 2. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:37 Page 2 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 2 N ous sommes le 6 juin 1945 à Paris. D’où revient Mirka Ghelbein, adolescente de 17 ans, quand elle écrit ce poème, Les camps de la mort lente ? Et qu’est-elle devenue depuis ? Sans le hasard d’une rencontre avec Lisa Sepel, conservatrice du Musée d’Histoire Vivante de Montreuil (voir PNM n° 260 nov/déc 2008), ce poème aurait disparu des mémoires ... Agenda de la Mémoire ! 27 JANVIER 1945 L I B É R AT I O N D U C A M P D ’ A U S C H W I T Z 27 JANVIER 2009 JOURNÉE DE LA MÉMOIRE DE L 'H OLOCAUSTE ET DE LA PRÉVENTION DES CRIMES CONTRE L ' HUMANITÉ * 21 FÉVRIER 1944 Missak MANOUCHIAN, Joseph BOCZOV et 20 de leurs camarades des FTP-MOI tombent au Mont-Valérien sous les balles nazies Olga BANCIC, seule femme du groupe, sera décapitée en Allemagne le 10 mai suivant 2 0 0 9 À 11 H . UN HOMMAGE AUX HÉROS DE L’AFFICHE ROUGE SERA RENDU AU CIMETIÈRE PARISIEN D’IVRY-SUR-SEINE 22 FÉVRIER AVIS Décès Carnet Nous avons appris avec tristesse le départ de Louisette KAHANE Femme sensible et cultivée, née dans une famille juive immigrée yiddishophone de sensibilité communiste, scénariste passionnée de cinéma*, militante pour la reconnaissance du yiddish comme grande langue de culture, Louisette n'est plus. C'est une grande perte pour sa famille et tous ceux qui l'ont aimé, pour le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme dont elle contribua à créer le fonds audio-visuel et pour la Maison de la Culture Yiddish dont elle fut membre du conseil d’administration. Nous prenons part à leur peine. Sincères condoléances. PNM * Clara Lemlich : le journal d'une meneuse de grève d’Alex Szalat et Louisette Kahane, France, 2004 (51 min.) JEM Productions * Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons avec beaucoup d’émotion la disparition survenue le 19 janvier de DE R ECHERCHE Volker Mall, de l’association Gegen Vergessen-Für Demokratie e.V. (Contre l’oubli, Pour la Démocratie), est membre de la commission Böblingen-Herrenberg-Tübingen qui documente l’histoire du camp Hailfingen/Tailfingen, sous-camp de Natzweiler/Struthof. A ce titre, ils ont déjà produit un ouvrage Spuren von Auschwitz ins GäuDas KZ-Außenlager Hailfingen/ Tailfingen (Préface de Gideon Greif, Yad Vashem), Filderstadt 2007, deux documentaires et un portail internet : www.zeitreise-bb.de (>Themen >Tailfingen >KZ > U). Leur projet : ouvrir un centre de documentation, une exposition et publier un Livre-Mémorial avec 60 Portraits de victimes et survivants. L’un de ces survivants, Maurice Benadon, était membre de l’UJRE. Aussi, Volker Mall recherche-t-il plus d´information à son sujet, en particulier l´adresse de son fils pour recevoir des documents, photos etc. Il a déjà l´ interview de l’USC Shoah Foundation et l’ouvrage de Jean-Pierre Arthur Bernard, Paris Rouge, 1944-1964, Seyssel 1991 qui consacre un chapitre à Maurice Benadon. Il sait qu’ont également survécu au camp d’Hailfingen les français Emanuel Mink, Simon Gutman, Eric Breuer, Henry Bily et Maurice Minkowski. Ce dernier quitta Drancy par le Convoi 77. Avec quelques camarades, il tenta de s’évader. Pour compléter sa documentation, Volker Mall aimerait savoir qui était le "chef" de ce groupe, celui que Maurice Minkowski, dans l’interview USC, dénomme "le Grand Robert", membre célèbre de la résistance toulousaine. Vous avez des informations ? Merci d’avance de contacter le journal. NB Le portrait de Maurice Benadon réalisé par Volker Mall figure sur le site UJRE MISE AU POINT 20 janvier 2009 : la secrétaire nationale du Pcf, M.G. Buffet récuse les propos de Richard Prasquier, président du Crif. Il vient, sur RFI, d’assimiler la position du Pcf sur le conflit israélo-palestinien «à celle des groupes radicaux voire à celle du terrorisme international». Elle rappele «le combat des communistes français parmi lesquels de nombreux juifs contre l’antisémitisme et le racisme» et la position du Pcf : arrêter les colonisations, le mur, fonder un Etat palestinien viable et indépendant au côté d’un Etat israélien vivant en sécurité. Dont acte. Micheline LASK Née dans la tourmente en 1940, Micheline, enfant cachée, perd sa mère en déportation. Après-guerre, elle passe un an dans le foyer d’enfants « des tout-petits » de la CCE*, puis retrouve son père et son frère Serge né en 1937. Son père reconstruit une famille dont naîtront Max et Evelyne. Micheline développe son idéal communiste et laïque dans des mouvements tels les Auberges de Jeunesse, les Jeunes Filles de France… et sait rester fidèle à son idéal. Engagée, elle travaille longtemps chez notre confrère La Terrre. Jeune retraitée, elle se consacre au bénévolat social au Secours Populaire Français, entre autres. Nous garderons le souvenir d’une personne fidèle en amitié, attentive aux autres et partageant dans son immeuble une exceptionnelle convivialité : on avait toujours plaisir à la rencontrer. Elle avait eu la douleur de perdre en 2002 son frère, le peintre Serge Lask, dont l’oeuvre fut construite sur la mémoire et sur l'absence. Cette absence, Micheline, nous la ressentons aujourd’hui. Nous prenons part à la peine de ta famille et de tous ceux qui t'ont aimée. PNM * Après-guerre, la Commission Centrale de l’Enfance auprès de l’UJRE ouvre nombre de foyers pour enfants de fusillés et déportés (voir Pnm n° 253 février/mars 2008). Micheline adhèrera, dès sa création, à l’Association des Amis de la CCE. LE NOUVEL AN L e nouvel an commence sous de bien sombres auspices. Bush quitte la Maison Blanche. Il laisse à son successeur, Obama : - Un monde en proie à une crise économique mondiale - Le Proche-Orient en crise, et avec lui le monde. Car la guerre de Gaza ne doit pas faire oublier toutes celles qui se livrent à grande échelle sur la planète, pour des enjeux qui n’ont rien à voir avec de quelconques idéaux de démocratie. Sans parler de cette guerre larvée qui s’appelle la misère, escortée de la maladie et de la faim. Tous les quatre jours en Afrique, la faim tue autant d’enfants que la bombe d’Hiroshima a fait de victimes. Mais on ne voit pas de champignon atomique tandis que ces enfants agonisent en silence. Là, pas besoin de black-out médiatique. Un enfant mort de faim, ça n’est même pas un dommage collatéral ! Guerre de Gaza DEMENTI D es bruits circulent, des courriels aussi, alors soyons clairs, les faits sont les faits : L’UJRE n’a NI pris l’initiative, NI rejoint ceux qui ont pris l’initiative de porter plainte contre Israël, que ce soit pour crimes de guerre ou pour crime contre l’humanité. Cette déclaration ne vise en aucun cas à donner quitus à Israël et ne minimise pas, pour autant, le désastre humanitaire causé par ses forces armées. LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif édité par l’U.J.R.E. Comité de rédaction : Jacques Dimet, Bernard Frédérick, Jeannette Galili-Lafon,Nicole Mokobodzki, T.R. Staroswiecki, Nathan Zederman, Roland Wlos, Solange Zoladz N° paritaire 64825 (en cours de renouvellement) C.C.P. Paris 5 701 33 R Directeur de la Publication : Jacques LEWKOWICZ Rédaction - Administration : 14, rue de Paradis 75010 PARIS Tel. : 01 47 70 62 16 Fax: 01 45 23 00 96 Mèl : ujre@wanadoo.fr Site : http://ujre.monsite.wanadoo.fr (bulletin d’abonnement téléchargeable) Tarif d’abonnement : France et Union européenne: 6 mois 28 euros 1 an 55 euros Etranger, hors U.E : 70 euros IMPRIMERIE DE CHABROL PARIS BULLETIN D’ABONNEMENT Nous nous félicitons de la parution prochaine des actes du colloque organisé par les Amis de la CCE avec le concours de l’UJRE, du Musée de la Résistance Nationale de Champigny, du groupe de travail des anciens résistants de l’UJJ (Zone Sud) et de MRJ-MOI. Nos lecteurs peuvent d'ores et déjà souscrire à cet ouvrage qui contiendra de nombreux textes additionnels sur la résistance juive en France. Information : Amis de la CCE , 06 31 15 62 85 ou amisdelacce@ aacce.org Je souhaite m’abonner à votre journal “pas comme les autres”, magazine progressiste juif. Je vous adresse ci-joint mes nom, adresse postale, date de naissance, mèl et téléphone PA R R A I N A G E (10 € pour 3 mois) J’OFFRE UN ABONNEMENT À : Nom et prénom .............. Adresse ....................... Téléphone ..................... Courriel ......................
  • 3. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:37 Page 3 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 «Moi, je crois au processus d’Oslo» nous déclare Amnon Kapeliouk 3 L’Ujre communique... A. Kapeliouk En 2006 déjà, à la demande de l’UJRE, ce journaliste franco-israélien, collaborateur du Monde Diplomatique, était venu parler au « 14 », en présence d’un auditoire nombreux, du conflit israélo-palestinien, après Gaza et Rafah ... Il répond de nouveau aujourd’hui à nos questions, et cela, avant l'entrée en fonction d'Obama et l'arrêt des combats Quels sont les enjeux de cette guerre lancée par Israël contre Gaza et sa population ? Il y a plusieurs explications à cette situation. Il est clair que les dirigeants israéliens ont jugé habile de déclencher l’opération Plomb durci durant la période qui sépare l’élection de Barack Obama et son installation. Bush ne pouvait plus, à quelques jours de l’expiration de son mandat, user de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies. Son successeur ne pouvait pas encore agir. D’où l’abstention américaine lors du vote sur la résolution de l’ONU ( résolution 1860 du 8 janvier appelant à un cessez-le-feu). Quant à Obama, qui entre en fonction le 20 janvier, il s’est jusqu’à présent prononcé sur les souffrances des Palestiniens et a déclaré que dès son arrivée à la Maison Blanche, si le conflit se poursuivait, il entreprendrait des démarches pour résoudre cette question. Deuxième explication, l’enjeu des élections législatives israéliennes de février. La cote du ministre de la Défense Ehoud Barak était très basse dans les sondages. Une seule chose pouvait l’aider à faire remonter sa cote de popularité, selon de nombreux observateurs en Israël, lancer une opération militaire de grande envergure, c’est ce qu’il a fait (à Gaza) et le résultat ne s’est pas fait attendre puisque très rapidement sa popularité a sensiblement grimpé. En effet, il ne faut pas se leurrer, la guerre est populaire en Israël. Il y a aussi une autre raison à cette situation : il fallait qu’Israël rétablisse sa force de dissuasion après les événements du Sud-Liban de 2006. L’armée et les dirigeants politiques ont cherché ici à faire oublier le grand fiasco par lequel s’est soldé la guerre menée au Sud-Liban contre le Hezbollah. Les opérations de Gaza visent également à rappeler la «leçon» qu’Israël a donnée au Hezbollah en détruisant complètement son quartier général. C’est la même chose qui est entreprise ici, quand on voit les destructions massives qui sont faites à Gaza. Côté palestinien, le Hamas a continué malgré les menaces et les opérations des militaires israéliens à lancer des missiles artisanaux sur le territoire israélien. Il visait, par ces tirs, à forcer Israël à mettre fin au blocus de la bande de Gaza. Mais aussi sur le plan politique, les dirigeants du Hamas veulent montrer aux Palestiniens que le Hamas est là, et dire à l’Etat hébreu : Nous n’allons pas tolérer cela. Le mouvement du Hamas est apprécié par les Palestiniens, quelle que que soit leur position politique, car il apparaît comme celui qui lutte, à sa façon, sur le terrain. Le Fatah et Abou Mazen (le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas), ne participent pas à ces actions, car ils sont opposés à la politique du Hamas. Il y a aussi à travers cette crise des enjeux inter-palestiniens : certains se demandent si le Hamas ne va pas hisser le drapeau blanc devant les pertes terribles infligées à Gaza aux Palestiniens, devant les destructions énormes causées par l’aviation, devant, enfin, le déploiement des chars et de l’infanterie autour de la ville de Gaza et au nord du territoire. Y a-t-il une réponse à travers l’opération Plomb durci aux dirigeants de Téhéran, face au dossier nucléaire? George Bush, qui est en fin de mandat, n’a semble-t-il pas voulu autoriser une opération (israélienne) en Iran, car personne n’aurait été dupe (du feu vert américain), car tout le monde connaît les relations entre Israël et les USA. Bush n’a pas livré à l’aviation israélienne de bombes sophistiquées pour attaquer les centrales iraniennes. Option désormais exclue, puisque Barack Obama a indiqué son intention de vouloir entamer des discussion avec les dirigeants iraniens. Quelles sont les perspectives de paix, alors que la troisième semaine de guerre est en cours et qu’Obama va prendre ses fonctions ? La paix va arriver, mais la question est de savoir quand. Aujourd’hui, Israël continue de mobiliser des réservistes et le Hamas affirme vouloir poursuivre les combats. Il est trop tôt pour savoir quand et comment la paix va survenir, même si actuellement l’éventualité d’une escalade est perçue comme très dangereuse. Il y aura une sorte d’accord, mais là, ce sont les politiciens qui vont négocier. Malgré les opérations militaires, les missiles (tirés par les combattants du Hamas) continuent de pleuvoir sur le territoire israélien. Est-ce à dire que le processus d’Oslo est enterré et qu’il n’y a pas d’avenir pour un Etat palestinien ? La seule solution passe par la création d’un Etat palestinien. Moi, je crois au processus d’Oslo. C’est la droite nationaliste qui l’a torpillé. Les accords d’Oslo, qui incluaient le respect d’Israël dans les frontières de 1967, peuvent servir de base pour de prochaines négociations. Aujourd’hui, ce sont les canons qui parlent, mais dès que des négociations seront entreprises, leur déroulement évoquera nécessairement le processus de Madrid ou celui d’Oslo. Le nombre très élevé des victimes civiles palestiniennes donne d’Israël une image négative : cela ne risque-t-il pas de retourner l’opinion contre Israël ? La réponse officielle des dirigeants israéliens, c’est qu’il est important, impératif même, de préserver la sécurité de la population d’Israël. Mais cela ne convainc pas l’opinion publique devant le nombre très élevé de morts, qui atteint déjà un millier, au moment de cette interview. Les frappes actuelles contre Gaza rappellent également par leur ampleur et leurs destructions l’opération menée par l’armée israélienne en 2006 contre le quartier de Chiyah dans la banlieue sud de Beyrouth. Propos recueillis par Patrick Kamenka 15 janvier 2009 L’UJRE condamne les actes inacceptables commis en France contre des synagogues et centres communutaires juifs. La démocratie française interdit de stigmatiser ou agresser un individu en fonction de ses origines ou de sa foi. L’UJRE, profondément attachée au vivre ensemble républicain, rappelle que le conflit israélo-palestinien n’est ni religieux ni ethnique mais politique, et que propager la violence en France ne fera pas progresser la paix à Gaza. 8 janvier 2009 L’armée israélienne fait la guerre à la population de Gaza : 1,4 milion d’habitants sont enfermés dans une prison à ciel ouvert, sans frontières, sans port, sans aéroport, sans communications terrestres. 85% d’entre eux vit audessous du seuil de pauvreté (moins de 1 $ par jour). Ce sont eux qu’Israël attaque, avec son armée suréquipée et dotée de la plus haute technologie de renseignement. A ce jour : 763 morts dont 200 enfants, et notamment 40 dans une école sous contrôle de l’ONU. Les morgues débordent et l’on manque de sacs à morts. Ajoutons 3.200 blessés et l’on manque d’ambulances, de médicaments (l’entrepôt a été bombardé). Interrompant les pourparlers en cours avec le Hamas malgré les tirs de roquettes, les autorités israéliennes ont donc choisi la force, comme elles le font depuis plus de 40 ans, pour venir à bout de la volonté des Palestiniens de faire aboutir leur droit, consacré par les résolutions de l’ONU, à se doter d’un Etat viable. Pareille agression serait impensable sans le soutien actif des USA et la complicité dégradante du Conseil des Ministres européen qui, contre le vote du Parlement européen, vient de renforcer les relations commerciales avec Israël. Cette offensive constitue une violation flagrante du droit international, consacré, notamment par les conventions de Genève (protection des personnes civiles) qu’Israël a ratifiées. C’est une atteinte aux valeurs de la civilisation et à la dignité humaine. Pour toutes ces raisons, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), au nom de ses valeurs progressistes, proclame son soutien total à la population de Gaza et au peuple palestinien dont les droits sont bafoués depuis trop longtemps, ainsi qu’aux pacifistes israéliens qui manifestent courageusement leur refus de la guerre, y compris à Sdérot. Elle participera et appelle à participer largement à la manifestation du samedi 10 janvier à 15 heures place de la République, à Paris, pour un arrêt immédiat des opérations militaires, pour des sanctions européennes à l’égard d’Israël, jusqu’à ce que des négociations aboutissent à l’élaboration et l’application d’un plan de Paix 4 janvier 2009 Interrogé dimanche matin [04/01/2009] sur Judaïques FM, un vice-président du Crif déclare que celui-ci appelle naturellement « au nom de toutes les associations du Crif » à une « manifestation de soutien à Israël », contrairement à la manifestation organisée la veille, qui à l’en croire, aurait été « une manifestation de soutien au Hamas ». Membre fondateur du Crif, l’UJRE née de et dans la résistance au nazisme et à l’antisémitisme dément ces propos du Crif sur deux points : 1. Elle n’a aucunement manifesté son soutien au Hamas : la manifestation [du 03/01/2009] à laquelle elle a, avec nombre d’organisations et de partis politiques, appelé à participer et participé n’avait d’autre objectif que d’affirmer son hostilité à la guerre et de témoigner de sa solidarité avec le peuple palestinien et, plus particulièrement avec la population de Gaza qui, dès avant l’offensive de l’armée israélienne, vivait à 85% au-dessous du seuil de pauvreté et qui, écrasée sous les bombardements, paye un lourd tribut à la guerre. Fidèle à la ligne que l’UJRE n’a cessé de défendre, elle réaffirme sa conviction que la paix résulte non de la guerre mais de la volonté à tous les niveaux, y compris à celui du gouvernement français, de l’UE et de l’ONU, de prendre des positions et des mesures efficaces pour que s’instaure une paix juste et durable conforme aux décisions de l’ONU, dans la reconnaissance du droit à l’existence de deux Etats, Israël et la Palestine. 2. Elle dénie au Crif le droit de s’exprimer au nom de tous les juifs de France. Elle n’a pas été consultée sur l’objectif de la manifestation d’aujourd’hui [04/01/2009]. L’eût-elle été qu’elle se serait refusée à cautionner la politique d’un Etat dont tel dirigeant vient de prédire « une guerre totale ». Appeler à « soutenir Israël », formule vague au demeurant, ne conduira pas à la paix au Proche-Orient mais peut très bien contribuer à propager en France ce conflit. L'UJRE demande au Crif de bien vouloir prendre en compte le fait que la communauté juive de France n'est pas israélienne et de respecter ses adhérents et leur diversité d'opinion. 3 janvier 2009 L’U.J.R.E. ne s’associera pas à la manifestation organisée par le C.R.I.F. en soutien à Israël le dimanche 4 janvier à 14 h. Bien que l’U.J.R.E condamne fermement l’envoi de missiles sur la population civile israélienne par le Hamas, elle ne peut s’associer à une manifestation qui dans les faits, soutient la politique agressive de l’Etat d’Israël. En effet, celui-ci, pendant la trêve, n’a pas fait le moindre geste d’apaisement et au contraire, a renforcé le blocus de Gaza qui rend exsangue et affame les Gazaouis, en les jetant ainsi dans les bras du Hamas. L’U.J.R.E. par contre, participera à toute initiative en faveur de la Paix sur la base d’une solution politique des problèmes du Moyen-Orient, qui respecte la reconnaissance de la légitimité de l’existence de l’Etat d’israël, des droits nationaux du peuple palestinien et leur prise en compte effective.
  • 4. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:37 Page 4 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 4 Le rêve de Barenboïm Gaza P L Le traditionnel concert du nouvel an, donné par l’Orchestre philharmonique de Berlin était cette année dirigé par Daniel Barenboïm, qui à cette occasion, a formulé des vœux pour une paix juste au Proche-Orient. Un rêve C’est, en effet son rêve. C’est pour contribuer à sa réalisation qu’il a créé et qu’il dirige l’orchestre israélo-palestinien du Divan, de même qu’il a demandé et obtenu la nationalité palestinienne. Il n’y a pas de jour sans que le conflit israélo-palestinien ne le fasse souffrir. Il considère que politiques et militaires n’ont fait qu’envenimer le conflit. Enfance et jeunesse D. Barenboïm est né d’une famille de juifs russes originaire d’Allemagne (le nom d’origine est Bachenbaum) qui se réfugie en 1942 en Argentine. La famille de son père, totalement assimilée, ne fréquentait la synagogue que comme un lieu de sociabilité juive. Elle n’a pas souffert de l’antisémitisme mais, sous le règne de Peron, moyennant argent, on accueillait aussi bien les anciens nazis que les rescapés du génocide. En 1952, lasse du péronisme et de son climat de corruption, désireuse de permettre aux dons musicaux du petit Daniel de s’épanouir, la famille décide d’émigrer en Israël où il est frappé par le dynamisme et l’espoir dont fait preuve la population. Un choc : la découverte du problème palestinien Une année fait date pour lui : 1967, où il épouse la prestigieuse violoncelliste britannique Jacqueline du Pré, tout en découvrant la réalité palestinienne. Ceux qu’on lui décrivait comme des voleurs, des êtres incultes qui avaient quitté Israël parce qu’ils n’acceptaient pas un Etat juif, il s’aperçoit qu’on les a encouragés à partir ou qu’on les a chassés. Les traditionalistes et la plupart des religieux ont considéré qu’Israël devait s’approprier les territoires occupés après 1967. Le choc est redoublé lorsqu’en 1970 G. Meir affirme que le seul peuple palestinien est israélien. Barenboïm juge cette attitude moralement inacceptable. Il est heurté du mépris dont Israël fait preuve à l’égard de la population palestinienne. Il estime en effet que la puissance occupante doit, à tout le moins satisfaire les besoins essentiels. A ses yeux, le gouvernement israélien manque non seulement d’humanité mais de vision d’avenir. Il s’interroge d’ailleurs : « où est passée l’intelligence juive ? ». Quel rêve ? D. Barenboïm rêve que l’on comprenne une bonne fois pour toute que chaque victoire de l’armée israélienne se solde par un affaiblissement politique d’Israël. Et qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit. Israël doit admettre que la Palestine était peuplée… de Palestiniens. Les Israéliens ont de leur côté besoin de voir reconnue la légitimité de leur Etat. Les destins des deux peuples sont inextricablement liés. Il est impératif de reprendre le dialogue et de construire ensemble un avenir fondé sur la coopération économique, scientifique et culturelle. Cette conviction, un Barenboïm la met en œuvre en faisant vivre son orchestre. JL Black out médiatique 2 Peuples, 2 Etats, 1 Paix Rassemblement du 18 janvier 2009 à l’initiative de La Paix Maintenant. U n dimanche de janvier plutôt ensoleillé qui motive à la flânerie : pourquoi pas du côté de la Tour Eiffel et des jardins du Trocadéro ? Nous y étions. Pas en promenade. Nous avons avec nos pancartes, bien modestes mais pourtant visibles (y compris par les cameramen et photographes) affirmé notre présence et nos différences. Où ? Au rassemblement organisé par Les amis de Shalom Arshav. Oui, nous aussi nous aimons la Paix ! Mais nous l’aimons dans la justice rendue à tous les peuples de cette région, et non dans la contrainte. UJRE 10/01/09 Le Pen disqualifié ! Paix à Gaza L e peuple de France a offert samedi 10 janvier une grande journée de solidarité pour le retour de la paix à Gaza, pour faire cesser le massacre des Palestiniens en manifestant par centaines de milliers dans de nombreuses villes de l'hexagone. Ces défilés constituent implicitement une réponse cinglante à un Le Pen qui s'est permis tout récemment de comparer Gaza à "un véritable camp de concentration". Venant du leader d'un parti de l'extrêmedroite française,qui a osé parler de "détail" à propos des chambres à gaz, comment a-t-il pu oser de tels amalgames ? Lui, le chef du FN, qui exècre les deux peuples, juif comme palestinien ? Lui, qui a soufflé, toute sa vie politique durant, sur les braises du racisme, de l'antisémitisme ? Vous êtes disqualifié, M. Le Pen. Paix à Gaza. Cela ne risque pas de vous rappeler vos jeunes années, lorsque les nôtres défilaient non sans risque en criant Paix en Algérie. Cette semaine, la population française était aussi dans la rue pour faire taire vos vociférations haineuses, vos provocations nauséabondes. Pas lui, pas çà ! Le Droit pour construire la Paix Rencontre M ercredi 10 décembre, se tenait à Sarcelles une soirée organisée à la Maison des Jeunes sur le thème : "La Palestine et les droits de l’homme”. Présence de Hind Khoury, déléguée générale de la Palestine en France. Assistance nombreuse. Projection d’un documentaire montrant la vie des Palestiniens au quotidien : une population qui a faim, qui subit des coupures d’électricité, dont le système scolaire est réduit à la portion congrue, contrôles biquotidiens subis par les travailleurs qui doivent “passer la ligne”. Deux organisations juives (UJFP, UJRE) ont marqué leur solidarité avec ceux qui luttent pour une solution s’appuyant sur le Droit, sur les frontières décidées par l’ONU, dans un sentiment d’égal respect pour chacun. lusieurs organisations syndicales de journalistes, dont la Fédération internationale des journalistes (FIJ, 600.000 membres sur les 5 continents) et le SNJ-CGT, ont condamné l’attitude du gouvernement israélien qui interdit aux medias internationaux de couvrir les événements qui se produisent à Gaza depuis 15 jours. L’exclusion de Gaza par Israël des médias étrangers depuis le 27 décembre suscite des questions quant à une volonté systématique d’empêcher les témoignages sur les actions de l’armée israélienne, a déclaré Aidan White, secrétaire général de la FIJ. Les yeux du monde entier sont braqués sur Gaza mais Israël tente de censurer l’information en maintenant à l’écart les médias.Pour la FIJ, l’affirmation israélienne selon laquelle cette interdiction est justifiée par la nécessité de garantir la sécurité des journalistes n’est pas tenable. L’interdiction frappe également la presse israélienne. Pour sa part, le SNJ-CGT avait, après le lancement de l’attaque terrestre, publié un communiqué dans lequel il appelait les responsables français, ceux de l'UE, le Parlement européen et l'ONU à condamner l'attitude des autorités israéliennes qui maintiennent un blocus total sur Gaza où la population survit dans des conditions désastreuses et à permettre enfin aux média de couvrir les événements dans le territoire pales- Gaza, le 15 janvier Un être humain mort est un “dommage collatéral” L es dirigeants israéliens affirment avoir envoyé l'armée à Gaza pour mettre fin aux tirs de rockets du Hamas sur Israël. Depuis 20 jours, l'aviation, l'artillerie, l'infanterie, les chars, ont lancé un déluge de feu sur la bande de Gaza en utilisant comme l’a reconnu un communiqué israélien - des bombes au phosphore, des obus Dime qui brûlent et déchiquètent les corps. Mais si les buts de guerre ne sont pas encore atteints, selon la direction israélienne, le bilan des victimes parmi la population civile palestinienne lui est tragiquement identifié : 1.100 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'opération, dont 670 sont des civils innocents - et parmi eux un grand nombre d'enfants. Les blessés se comptent par milliers (5.000, selon certains chiffres). Alors tous terroristes ces enfants, ces femmes ? Les bombes ne font pas de quartier. Elles ne font pas non plus la différence entre les combattants et une population paisible, prise en otage dans cette zone surpeuplée où manque l'eau, le pain, le gaz l'électricité. Le jeudi 15 janvier, c'est même un hôpital palestinien du Croissant rouge, une agence de l'ONU et un immeuble abritant plusieurs médias qui ont été visés par les tirs de l’armée israélienne. Et pendant ce temps-là, à l'autre bout du monde, une chaîne humaine s'est déployée pour sauver la vie d'un marin compétiteur du Vendée globe. Comprenne qui pourra. PK tinien. Dans le même sens, la FIJ a appuyé les efforts de l’association de la presse étrangère, basée à Jérusalem, pour obtenir que les journalistes puissent accéder à Gaza, tout en soulignant que cet accès ne doit être ni contrôlé, ni supervisé par les autorités israéliennes. Ce n’est pas à l’une des parties de dicter qui se rend dans la zone et de quelle façon, selon White ajoutant : Les journalistes devraient pouvoir se déplacer et travailler librement sans entrave ni contrôle de la part de l’armée. Israel a finalement autorisé quelques journalistes « embedded » - c'est-à-dire encadrés par l'armée israélienne et dont les papiers et photos sont soumis à la censure - à se rendre à Gaza après la décision de la justice israélienne condamnant l’interdiction de Tsahal faite aux medias de couvrir les événements. Parallèlement, la Fédération internationale des journalistes a apporté son soutien aux journalistes palestiniens qui travaillent à Gaza au péril de leur vie pour les médias internationaux, dont beaucoup se sont vus refuser toute accréditation officielle par Israël et n’ont aucune liberté de mouvement dans la région. Deux journalistes ont d’ailleurs payé de leur vie leur présence à Gaza : Basel Faraj, cameraman travaillant pour la chaîne de télévision algérienne, est mort de ses blessures après des tirs israéliens tout comme son collègue photographe Hamza Shahin. PK Israël Des organisations de femmes protestent contre la guerre «N ous, organisations de femmes pour la Paix, appartenant à un large spectre d’opinions politiques, exigeons la cessation des bombardements et autres moyens de mort et demandons l’ouverture immédiate de pourparlers pour la cessation des combats et l’instauration de la Paix. Il faut en finir avec la danse macabre et son cortège de destructions. Nous exigeons que la guerre cesse d’être une option, la violence une stratégie, le meurtre une alternative. Nous appelons de nos voeux une société au sein de laquelle chacun puisse vivre avec la garantie de sa sécurité personnelle, économique et sociale. » 31 décembre 2008 Duo israélo-palestinien F élicitons IBA*, la télédif- Mira Awad fusion israélienne, d’avoir choisi ce 11 janvier le duo israélopalestinien Mira Awad et Noa pour représenter Israël à la 54e édition du Concours Eurovision de la chanson dont la finale est prévue le 16 mai 2009 à Moscou. Ce duo interprétera, tout un programme, la chanson des Beatles : "We can work it out". La PNM souhaite que soit entendu le message de ces artistes qui ont déjà chanté pour la Paix, en Belgique, Espagne, Israel... * IBA : Israel Broadcasting Authority et Noa
  • 5. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:38 Page 5 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 5 L’air du temps rend de méchante humeur Société par Henri Levart L ’actualité n’offre pas matière à sourire. Trop de malheurs, trop de souffrances, trop d’injustices serrent le cœur. Pour ne pas permettre de les percevoir, d’en prendre la mesure, d’en définir les causes, les cercles politico-médiatiques érigent un mur d’hypocrisie. Les vœux pieux, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. Egalité des chances : sept étudiants sur dix contraints à de petits boulots précaires, rémunération du livret A ramenée à 2,5%, SDF enfin assurés d’une vie meilleure par l’annonce de leur recensement. Moralisation du capitalisme : un homme nouveau est apparu sur le petit écran. L’ex-patron d’Aventis reconverti en conseiller financier international nous procure, fort de sa « riche expérience » ses conseils pour juguler la crise. Réformes : la démocratie avance à grands pas avec les droits du Parlement reniés, l’indépendance de la justice bafouée, l’information muselée. Solidarité : alors qu’il est constamment fait appel à la générosité populaire, des banquets à prix exorbitant se déroulent au Château de Versailles, un magazine truque une photo afin de ne pas montrer la bague de forte valeur au doigt de la Garde des Sceaux, hors de portée pour les familles victimes du chômage ou de la pauvreté. Liberté d’expression : en son fallacieux respect, des salles sont encore disponibles pour d’abjects spectacles à provocations antisémites. Devant tant de bassesse négationniste, ayons une pensée salutaire envers Aimé Césaire, ce grand intellectuel humaniste qui se disait «Juif, Hindou, Noir de Harlem». La négritude et la judaïté ne sauraient être des ferments de division de la société française. Fraternité : un sémillant ministre, naguère représenté un sac de riz sur l’épaule, fit partie d’un jury attribuant le prix de la tolérance à l’Arabie saoudite. No comment ! Ruptures : le poids des mots est trompeur. Il y a d’effectives ruptures, mais avec le service public traité selon les critères de rentabilité : démantèlement, privatisation de la poste, de la santé, de l’éducation nationale, du transport ferroviaire, du gaz, de l’électricité, de l’eau ; avec l’abandon du programme du CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE (objectif déclaré du MEDEF), la destruction des conquêtes sociales. Droits de l’homme : les intransigeants du slogan sont bien timorés à les invoquer, s’en tenant tardivement à de brèves apparitions, tandis que le bombardement et l’intrusion des tanks n’ont cessé de s’amplifier. La cohorte de bien-pensants, aux avis éclairés tous azimuts, éternels invités des plateaux télévisuels, s’y produisent comme si de rien n’était, s’esbaudissant et se congratulant. Palestine : on dit bien les Palestiniens, jamais la Palestine. Parce que dire la Palestine, c’est énoncer un territoire occupé ; c’est faire état d’un Etat dont Israël ne veut pas ; c’est évoquer une nation martyrisée. La France a appelé Israël à ne pas utiliser d’obus au phosphore : noble et vertueuse indignation. Il aurait pu être précisé qu’une autre arme de « dissuasion » est également utilisée : de petites boules de carbone coupant des corps à deux mètres et des jambes à huit mètres. Le message de notre diplomatie est en quelque sorte le suivant : « Continue la besogne en évitant toutefois cette sorte de munition ». L’opinion est bernée par l’affirmation d’un corridor humanitaire qui est inexistant. C’est un pur mensonge de propagande. C’est l’ordre d’arrêter l’agression que la France, l’Europe, les instances internationales auraient dû intimer à Israël. La PNM dénonce avec franchise les responsabilités et les agissements du Hamas. Il convient cependant de ne pas s’aligner sur les amalgames, les fausses similitudes propagées par les zélateurs de la politique israélienne, les adeptes d’une impossible solution militaire. Il y a d’un côté une politique d’annexion programmée, poursuivie avec acharnement ; de l’autre côté, un peuple opprimé, humilié, affamé, massacré. Communautarismes : il est fait grand bruit d’ actes d’antisémitisme et d’islamophobie. Intolérables, nous les dénonçons fermement comme nous l’avons toujours fait et comme nous le ferons toujours. Les lanceurs de cocktails ou de voitures enflammées sur les synagogues, les extrémistes juifs munis de revolvers, les agresseurs d’imams doivent être arrêtés et châtiés. Mais prenons garde, la guerre du Proche-Orient n’est pas une confrontation religieuse, même si les uns ont délaïcisé leur pays en un «Etat des juifs» et si les autres prônent l’avènement d’un Etat musulman. Transférer l’origine du conflit sur le plan religieux, c’est verrouiller encore plus fermement la porte à une issue politique juste et durable. En ce sens, si les prières communes sont louables et bienvenues, elles restent insuffisantes en vue d’un règlement positif. Les forces intéressées au pourrissement de la situation s’en accommodent pour masquer leurs objectifs. A ce propos, des journaux comme La Croix et Libération ont brandi des titres ahurissants : «Gaza, prévenir – empêcher la contagion en France.» La confusion est à son comble. Pour notre part, continuons à donner au pacifisme la clarté et la détermination nécessaires. Voilà le meilleur moyen d’éviter chez nous de regrettables affrontements. Portrait Le petit juif de Tunis par Jacques Dimet G. Wolinski Il a un nom polonais. Il est l’un des symboles de la libération crayonnée de mai 68 et pourtant… il est né à Tunis. Rencontre avec Georges Wolinski. tres religions, l’islam ou le christianisme. J’ai plus confiance dans les gens qui ne croient pas que dans les gens qui croient. » Ce qu’il a connu de juif à Tunis et qu’il a perdu en France, c’était Pessah (Pâque) et le shabbat : «Toute la famille se réunissait le vendredi, sauf mon oncle Victor** qui était communiste italien ; or, ma famille était anticommuniste». « J’ai vécu à Tunis comme un petit juif ». Aux juifs tunisiens d’origine s’étaient ajoutés des juifs venus du Portugal et d’Italie. « Les Arabes, note [Excusez cette parenG e o r g e s thèse personnelle : Wolinski, les celle que j’aimais, avaient bien moi, c’était Paulette, reçus, mais ils la Paulette de n’avaient aucuns Pichard et Wolinski… droits : les juifs Ceux qui savent me Illustration du poème «Après la bataille» n’avaient pas comprendront...] de Victor Hugo, parue dans Hara-Kiri en 1960 d’existence légale. Chevalets, sculptuLes Français ont facilité la naturalisares, tableaux et dessins au mur. tion des Juifs. Mes parents ont été natuBibliothèque débordant, regorgeant de ralisés en se mariant et c’est ainsi que livres, on parle du temps. De celui d’il je suis né français. » n’y a pas si longtemps, de l’autre côté « Très petit, j’aimais me promener dans de notre mer, la Méditerranée, quand la Médina. J’allais me perdre [dans le Wolinski Georges, fils d’un juif polonais quartier réservé] et je regardais les qui avait transité par l’Egypte et d’une filles. » À Paris, dans les années soixante, juive italienne, était un petit tunisien Georges erre dans Belleville qui (presque) comme un autre. Un gosse « était complètement juif ». Il y dégussale à défaut d’être un sale gosse, qui tait des bricks à l’œuf : « ça me rappeaimait se promener dans les ruelles. lait à Tunis, la rue de Marseille, où à Wolinski et les juifs, c’est toute une hiscôté de la maison il y avait un martoire. Je me remémore le live pamphlet chand de beignets, saupoudrés de écrit autrefois par André Wurmser, écrisucre, qu’on ramenait à la maison. » vain de talent, injustement mis à l’écart Gosse sale, c’est lui, Georges, qui le dit : parce que communiste, éditorialiste, « dans l’appartement, il n’y avait pas de billettiste à l’Humanité : « L’Eternel, les salle de bain, simplement un lavabo juifs et moi ». Il y a de l’éternité chez dans les chiottes. On se lavait le samedi Wolinski : l’éternité des amours, l’émoi dans une bassine. C’était une époque devant les femmes, la soif de la justice. où c’était normal d’être sale, mais la Les juifs, il va nous en parler, justement mer, la nature, elles, étaient propres. » et « le moi », c’est-à-dire lui, il est préLa Tunisie, la guerre d’Algérie où sent partout dans son œuvre. Et pourGeorges Wolinski sert dans le désert et tant, il n’y a pas plus humble que où il en profite pour dessiner. C’est là Georges … qu’il termine son hommage si particuLa vie du petit tunisien commence tralier à Victor Hugo en illustrant la totaligiquement. Son père, ferronnier d’art, té de Après la bataille (vous savez : est assassiné à coup de révolver par un « mon père ce héros au regard si doux »), de ses ouvriers révoltés alors qu’il avait que Cavanna s’empressera de publier deux ans, ce qui fera dire à la granddans Hara Kiri (le mensuel). mère : « Ton père a été tué par les comQuant au conflit proche oriental munistes ». Mais, voilà, un des oncles Wolinski pense qu’il est « très difficile » de Georges, le mouton noir de la famille d’avoir « une opinion juste ». « Je ne (ou peut être devrions nous écrire, le mouprétends pas, dit-il, détenir la vérité. Je ron rouge), est un militant communiste, suis français, donc je pense qu’une secrétaire de la section du PCI* de démocratie ne doit pas s’appuyer sur la Tunis. Il a pris le petit Georges sous son religion. Ce n’est pas à la religion de aile et lui fait découvrir la lecture. faire la loi. C’est ça qui me choque en Bref, revenons aux Juifs. Israël et dans les pays musulmans inté« Je suis juif, dit Wolinski qui, comme gristes. » chacun ne le sait pas, a « fait » sa barmitsva à Tunis, comme Obama est noir : * PCI : Le Parti communiste italien avait à l’époque une section dans l’immigration itaje suis né comme ça. Je ne renie pas mes lienne de Tunis. origines, mais je suis un laïc : plus qu’un laïc, un athée. J’ai une méfiance ** L’oncle Victor a été placé dans un camp de vis-à-vis de la religion juive qui est concentration à Kef, comme militant communiste italien, jusqu’à la fin de la guerre. aussi importante que vis-à-vis des au- C ode au pas de la porte. Escalier à gravir. En haut de l’escalier, le saint des saints. L’appartement, l’atelier de Georges Wolinski. Souvenirs. Mai 68 et après, la pub de Mars détournée et qui donne : « un coup de barre, Marx et ça repart ». HaraKiri, pour sûr, et ses déclinaisons : Hara Kiri Hebdo, l’Hebdo Hara Kiri, Charlie Hebdo après l’interdiction du précédent. Le mensuel Charlie surtout où Wolinski nous faisait découvrir la grande BD américaine. Le dessin de presse, chaque jour, à la Une de l’Humanité, Paris-Match, le JDD.
  • 6. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:38 Page 6 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 6 Histoire Du MNCR au MRAP par Sylvain Goldstein D ès 1939, les dirigeants de la branche juive de la MOI, du fait de l’interdiction du Pcf et de ses organisations, ont constitué un mouvement nommé SOLIDARITÉ dont la mission est de porter secours aux familles juives en difficulté. Ce mouvement poursuivra ses activités jusqu’au moment où il est décidé de participer activement aux luttes pour la libération de la France. SOLIDARITÉ décide alors, sur instruction de la direction générale de la MOI clandestine, de se scinder fin 1942 en plusieurs organisations (ce qui deviendra effectif en 1943 en raison des difficultés dues à l’Occupation) : l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide), l’UJJ (Union de la Jeunesse Juive), l’UFJ (Union des Femmes Juives), le MCR (Mouvement contre le Racisme) qui deviendra le MNCR (Mouvement National Contre le Racisme). Des journaux clandestins sont publiés : l’UJRE et l’UJJ impriment la Naïe Presse (fondé en 1934), Droit et Liberté, et Jeune Combat. Quant au MNCR, il fait paraître J’accuse en zone Nord et Fraternité en zone Sud. Dès octobre 1942, J’accuse publie des témoignages sur l’extermination massive des juifs déportés en Europe de l’Est. Après-guerre, l’UJRE publie le quotidien Naïe Presse et l’hebdomadaire Droit et Liberté qu’elle cèdera au MRAP en 1949. En février 1945, le MNCR crée l’Alliance Antiraciste qui regroupe des militants venus d’horizons très divers. Parmi ceux-ci se trouvent des membres de la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme) fondée par Bernard Lecache et dissoute sous l’Occupation. Très vite, des tensions apparaissent au sein de la jeune Alliance. Elles sont dues, en premier lieu, à l’origine sociale : les membres de la LICA sont plutôt des notables COMMÉMORATION Mardi 27 janvier - Journée de la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité La France et l'Allemagne ont choisi la date du 27 janvier, date de la libération du camp d'Auschwitz, pour instituer cette journée du souvenir. En partenariat avec la chaine Toute l'histoire, le Mémorial propose une semaine spéciale dédiée à la Shoah. A noter également la prolongation de l'exposition Dans les pas des Disparus, photographies de Matt Mendelsohn, jusqu'au 29 mars ! Information : Mémorial de la Shoah 17 rue Geoffroy l’Asnier Paris 4° 01 42 77 44 72 quand le MNCR rassemble surtout des ouvriers et de petits artisans. En outre, les membres de la LICA sont plus âgés que ceux du MNCR. Et puis des désaccords politiques se manifestent : entre les militants communistes et progressistes et le courant gaulliste1. Le 22 mai 1949 au Cirque d’Hiver, la “journée nationale contre le racisme, l’antisémitisme, et pour la paix”2 marque la naissance3 du MRAP (Mouvement contre le racisme et l’antisémitisme et pour la paix). On voit ici la genèse de la cassure entre la future LICRA et le MRAP. NDLR. Nous reviendrons dans un prochain numéro sur le racisme à l’encontre des juifs et des émigrés et sur l’importante activité antiraciste du MRAP, promoteur, nous ne saurions trop le rappeler, de la première loi antiraciste jamais votée en Europe. 1. Historiquement, le MRAP sera toujours considéré comme ayant des affinités avec la gauche et notamment le Parti communiste, alors que la LICRA sera considérée comme proche de la droite. On peut noter par exemple que Mouloud Aounit, actuel Président du MRAP, est élu au Conseil régional d'Ile-de-France sous les couleurs du Parti communiste (sans en avoir jamais été membre), tandis que Patrick Gaubert, actuel Président de la LICRA, est élu au Parlement européen sous l'étiquette du Parti Populaire Européen (Droite) après avoir été le conseiller de Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur. On peut noter également que tous les présidents de SOS RACISME furent des cadres du Parti Socialiste. 2. Droit et Liberté nouvelle série n°28 (96) du 15 Mai 1949, appel à la journée; Droit et Liberté nouvelle série n°29 (97) du 1er Juin 1949: Compte rendu complet de la journée nationale contre le racisme, l'antisémitisme, pour la Paix; manifeste Tous unis contre le racisme et pour la Paix en p. 12 3. Droit et Liberté 01/1987 - Naissance d'un mouvement Négationnisme Faurisson, Ratzinger, même combat ? Le pape lève l'excommunication de quatre évêques intégristes dont le britannique Richard Williamson. Ce dernier a déclaré sur une chaîne publique de la télévision suédoise : "Je pense qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz. Je crois qu'il y a tout au plus 200.000 à 300.000 juifs qui sont morts dans les camps de concentration". En France l'auteur de ces propos serait passible de poursuites. Au Vatican, apparemment, ce mensonge ne dérange pas. C'est pourtant en qualité de prélat et pas à titre personnel que Williamson était invité. Mémoire Entretien avec Guillaume Moscovitz Refus de la négation Guillaume Moscovitz a 40 ans. D’abord parti faire du théâtre à Bruxelles, il a travaillé plusieurs années comme comédien. En 1996, il réalise un premier court-métrage. Après cinq ans de travail, son premier long-métrage, Belzec, voit le jour grâce à sa ténacité et à celle de son producteur. Belzec est chronologiquement le premier centre de mise à mort de l’Aktion Reinhard, le plan nazi d’extermination des Juifs des territoires de la Pologne occupée. Sa destruction totale, au début de l’année 1943, un an avant le démantèlement des camps de Sobibor et de Treblinka, témoigne de la volonté nazie d’effacer les traces de l’extermination des Juifs d’Europe. centres de mise à mort. Ceux qui sont Pourquoi le camp gazés à Buchenwald ou à Dachau sont d’extermination de ceux qui n’ont plus la force de travailler, Belzec, sujet de votre mais il n’y avait pas de gazage systémafilm, est-il si peu tique comme il y en aura à Belzec une connu ? fois transformé en centre de mise à mort. Guillaume Moscovitz : Il Les Tziganes et les handicapés ontn’y a quasiment pas eu de ils été, comme les Juifs, déportés à survivants : c’est la raison Belzec ? principale de cette méconnaissance. Seules GM : Non. Les handicapés ont été deux personnes ont pu exterminés en Allemagne, et les témoigner après la guerre : Rudolf Reder, Tziganes essentiellement à Birkenau. décédé dans les années 1960, et Chaïm Quelques convois de Tziganes ont aussi Hirszmann, mort assassiné à Lublin en été gazés à Treblinka. Le nombre total de 1946. Si on connaît les noms Tziganes gazés varie entre 200.000 et d’Auschwitz, Treblinka et Sobibor, c’est 500.000. À Belzec, on n’exterminera que parce qu’il y a eu des survivants. des Juifs. Les camps d’extermination Auschwitz est le plus connu parce que n’ont pas d’autre fonction que le meurc’est là qu’il y a eu le plus grand nombre tre. C’est une erreur de qualifier ces de personnes qui sont revenues. Il y a à camps de camps « de la mort ». Non, ce peu près une centaine de survivants de sont des camps de meurtres. Les gazés de Treblinka et de Sobibor. Avant le film de ces camps ne sont pas « morts », comme Lanzman, Shoah, je ne sais pas si ma on peut mourir naturellement ou d’épuigénération connaissait les noms de sement. Non, on les a tués, on les a assasTreblinka, Sobibor et Chelmno. À propos sinés. Dans ces centres de mise à mort, il de ces camps d’extermination, seuls leurs n’y avait pas de sélection. La seule sélecnoms ont été évoqués au moment du protion concernait les quelques hommes ou cès de Nuremberg, mais cela s’est arrêté femmes qui deviendront les sonderkomlà, on n’en a pas parlé. Les procès des mandos. Ceux qui ont été déportés dans camps d’extermination ont eu lieu en ces centres industriels de mise à mort Allemagne, et c’est à partir de là qu’on a étaient à 99 % éliminés dès leur arrivée. été amené à connaître l’existence de ces Alors qu’à Auschwitz, la sélection entre camps. Il y a eu un procès Belzec en 1965. ceux qui travailleraient et ceux qui Sur les huit inculpés, sept ont été relaxés, seraient tués se faisait principalement à la au motif qu’ils avaient obéi aux ordres. descente du train, à Belzec, Sobibor et Treblinka, la sélection s’opérait dans les Les différences entre camp de traghettos, avant même le départ des trains. vail, camp de concentration et cenLes convois ainsi formés étaient des tre de mise à mort sont importantes. convois pour la mort. Pourriez-vous les expliquer ? En neuf mois, plus de 600.000 Juifs GM : En Pologne, il y avait plein de ont été tués à Belzec, mais ce camp, camps de travail, surtout au début de comme celui de Treblinka ou de l’occupation, entre 1939 et 1941. Il y Sobibor, a été détruit. Votre travail avait ce qu’on appelait les bataillons du participe à l’œuvre de mémoire... travail. C’étaient des hommes qui, à partir de 15 ou 16 ans, pouvaient être arrêtés GM : Je voudrais à ce propos revenir sur dans la rue et envoyés en camp de travail, la phrase qu’Himmler a prononcé en octomais ils en revenaient quelques semaines bre 1943, lorsqu’il a déclaré, devant les après. Les conditions étaient toutefois généraux SS, que la destruction des Juifs très dures et certains mouraient d’épuised’Europe devait être « une page glorieuse ment. En 1939-1940, Belzec a d’abord de notre histoire qui n’a jamais été écrite été un camp de travail. Des Juifs et des et qui ne devra jamais être écrite ». Tsiganes travaillaient à la construction de Belzec, comme centre de mise à mort, est la ligne défensive germanique contre les construit à partir de novembre 1941. La Soviétiques, en creusant des fossés anticonférence de Wannsee*, qui se tient en chars. janvier 1942, n’est pas qu’un acte d’enreDans le camp de concentration, ce n’était gistrement de la Solution finale. La phrase pas cela : nombreux étaient les déportés d’Himmler est dite après la destruction du qui pouvaient être utilisés par les nazis camp de Belzec, juste avant les révoltes comme force de travail. Les déportés y des camps de Sobibor et de Treblinka. Cet étaient beaucoup plus nombreux et, en effacement des traces, la négation du général, on n’en revenait pas. Il n’y avait crime faisaient partie du plan d’anéantispas que des Juifs en camp de concentrasement. Je ne pense absolument pas que tion. On y trouvait aussi des Polonais, l’effacement des traces soit un effet ou une des politiques, des résistants, à conséquence du plan d’extermination Auschwitz par exemple. Ces camps de nazi, mais une des conditions de sa réaliconcentration n’avaient pas pour foncsation. Pour que le crime soit possible, il tion unique le meurtre de masse, même si faut le nier. La place occupée par l’effacebeaucoup y sont morts. Il y avait aussi ment des traces et la négation du crime est des chambres à gaz dans ces camps, mais centrale dans la compréhension de la desla sélection n’y était pas systématique. truction des Juifs d’Europe. Auschwitz était un camp de concentraPropos recueillis par Laura Laufer tion, mais Belzec, comme Treblinka, * Wannsee est une petite ville de la banSobibor, Chelmno et Birkenau étaient lieue de Berlin. uniquement des camps d’extermination,
  • 7. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:38 Page 7 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 Belzec est diffusé sur FR2 le 5 février à 22H45 et 00H34 NDLR : Lire aussi notre présentation du film Belzec dans la PNM n° 231 (déc. 2005) et nos commentaires dans la PNM n° 233 (fév. 2006) A noter la sortie par la Cie. des Phares & Balises d’un coffret double DVD (25€ ) , comprenant le film Belzec (108 min.) et trois films inédits de Guillaume Moscovitz : Braha, l’enfant cachée (33 min), Vivre (63 min) et Tuviah Friedmann, chasseur de Nazis (118 min). Ce coffret inclut un livret pédagogique écrit avec la contribution d’Annette Wieviorka et de Jean-François Forges. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Pogrom à Buenos Aires (suite de la page 8) .../... Les Etats tiennent à leur image. Et puis, un peuple informé, c’est un peuple dangereux. Beaucoup de crimes d’Etat restent impunis et surtout occultés. Sans doute a-t-on compris que la vérité est révolutionnaire. Saiton aussi que tout ce qui a été caché se reproduira ? Somme toute, le pogrom était à sa façon annonciateur de la terrible dictature militaire que l’Argentine subira entre 1976 et 1983. Les descendants des communards déportés à la Nouvelle-Calédonie attendent toujours la réhabilitation de leurs aïeux qui, selon eux, n’ont rien fait de plus condamnable que les Résistants de la deuxième guerre mondiale. Le jour où la France saura enseigner l’histoire de la Commune, l’Argentine écrira sans doute l’histoire du pogrom de janvier 1919. Ce jour-là… Ce jour-là, la vie sera plus belle et le soleil plus brillant sur les toits. Nicole Mokobodzki 1. Tango célèbre, qui a fait le tour du monde 2. Juan Carulla, Al filo del medio siglo 3. Le terme de pogrom désigne ici “le mouvement dirigé par les autorités tsaristes pour l’extermination des juifs”. Nous comprendrons plus loin à quel point il est tristement justifié. Nda 4. « Ruso » signifie évidemment russe ; mais en Argentine comme en Uruguay, le mot a pris le sens de « juif », en raison de l’importance de l’émigration de juifs russes. Les Russes non juifs n’avaient pas de raisons de fuir les pogroms. 5. Soiza Reilly, Revue El Popular, N° 45, 03/02/1919 6. Arturo Cancela, Tres relatos porteños” (Trois récits sur Buenos Aires) 7. En 1997, Fihman a remis à la Fondation Juan B. Justo toute sa documentation, ainsi qu’une courte version romancée des événements intitulée « Le cri oublié ». C’est ce cri que j’ai voulu faire entendre, en présentant le récit de ces événements comme l’aurait fait un reporter. 8. José Mendelson, Der Pogrom in Buenos Aires, 01/1919 Bibliografia tematica sobre Judaismo Argentino, tercer tomo, Centro Marc Turkow, Buenos Aires, 1985 9. Refuge comparable à ceux de l’Armée du Salut 10. Sic ! C’est sans doute le yiddish qu’on aura pris pour de l’hébreu. 11. El grito olvidado. 7 PLUS TARD TU COMPRENDRAS Nous avons relevé au programme du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme Hôtel de Saint-Aignan 71 rue du Temple, Paris 3° Informations : 01 53 01 86 53 film d’Amos Gitaï Une exposition ... FUTUR ANTÉRIEUR L'avant-garde et le livre yiddish (1914-1939) Du 11 février au 17 mai 2009 « Nous avons tout à coup découvert la magie de la yiddishkeit, nous avons été entraînés par le grand mouvement d’émancipation spirituelle, par la résurrection de notre conscience nationale, par le combat des masses ouvrières juives pour la justice sociale. Nous, artistes juifs semi-assimilés, sommes retournés vers le peuple. C’était, pour ainsi dire, une contre-émancipation... » Henryk Berlewi 1955 L’exposition Futur Antérieur raconte l’histoire de cette contre-émancipation qui s’incarne essentiellement dans le livre yiddish illustré. Principaux acteurs de cette renaissance, Lissitzky, Chagall, Altman mais aussi des artistes moins connus comme Ryback, Berlewi, Tchaïkov ou d’autres dont les noms ont été effacés comme Sarah Shor ou Mark Epshteyn. Leurs trajectoires individuelles se dessinent à partir de cette prise de conscience : pour certains, le suprématisme ou le constructivisme ; pour d’autres, le réalisme socialiste... Cette exposition est conçue à partir d’une collection de livres imprimés et d’esquisses originales que le musée a acquise en 2000. Elle est complétée par le fonds Boris et Lisa Aronson du musée d’Israël et par un prêt exceptionnel du musée ethnographique de SaintPétersbourg qui conserve une partie de la collecte ethnographique du dramaturge An-sky, auteur du Dybbouk et instigateur de cette redécouverte de l’art populaire juif. Un cycle de films ... KINOJUDAÏCA Le cinéma juif de Russie et d’Union soviétique Dimanche 8 mars de 12 h à 19h30 Une importante rétrospective de films à thématique juive réalisés entre les années 1910 et 1960 dans l’espace géographique relevant de l’empire russe puis soviétique. Un atelier enfant ... IL ÉTAIT UNE FOIS UN TAILLEUR Jeudi 19 février à 13 h 30 Durée 1h30. Les enfants rencontrent un tailleur en train de confectionner des vêtements somptueux pour une noce. De fil en aiguille, il leur raconte pourquoi ses ancêtres exercent, depuis le temps de Moïse, des métiers liés au textile. Il les emmène ensuite admirer les costumes et les étoffes conservés au musée. De retour dans l’atelier, tous préparent le mariage, auquel ils sont conviés. Jeanne Moreau avec Amos Gitaï dans la synagogue de la rue Copernic N ul ne saurait refaire ou défaire l’histoire, et peut-on l’oublier ? Telles sont les questions qui obsèdent Victor né en 1945, d’une mère juive et d’un père chrétien. Son enquête sur l’Histoire et le passé de sa famille devient une quête d’identité. L’Histoire y ressurgit au cœur du quotidien, fantôme d’un passé dont subsistent quelques traces, telle la voix de cette femme, témoin au procès Barbie ou ces noms sur un mur, presque illisibles par leur nombre. Avec la disparition des derniers témoins directs comment se dira l’Histoire ? Hippolyte Girardot devant le Mur du Souvenir vit une spoliation dont il demande réparation à l’administration. Mais le solde de tout compte avec l’Histoire se révèle incalculable dans la mémoire d’un no man’s land. LL A lire aussi Plus tard, tu comprendras de Jérôme Clément, Ed. Grasset, Paris, 01/2009, 406 p., 18,90 , ISBN 9782246653929. Une centaine de pages, Maintenant, je sais, y complètent l’édition originale de 2005. Elles décrivent l’aventure du passage de l’écrit à l’écran par le réalisateur Amos Gitaï. Jeanne Moreau donne son étoile jaune à son petit-fils Plus tard tu comprendras interroge le lien entre le passé et le futur. Rivka Gornick a gardé le silence pour ses enfants ; à l’aube de sa mort, elle parlera à ses petits-enfants. Rivka, qui toute sa vie a collectionné des objets dérisoires, a gardé l’essentiel. Pour son dernier Kippour et au sein même de la synagogue, elle transmet son seul héritage à son petit-fils : son étoile jaune et la recommandation de toujours combattre les discriminations et l’injustice. Pour ce film en plans-séquence et longs travellings, le cinéaste retrouve, très émouvante, Jeanne Moreau, Louis Sclavis qui compose une belle musique au thème récurrent et Caroline Champetier pour une photographie toujours magnifique. La caméra explorant lieux, objets, gestes, visages retrouve la thématique centrale des films de Gitaï, le territoire spolié. Ailleurs, c’était la terre des Palestiniens, ici c’est le Yiddishland : une terre disparue mais aussi une langue, celle des Gornick qui vécurent rue de Paradis. Victor tient ici du pèlerin sans destination et du profanateur qui entrouvre une tombe inconnue. Sa quête emprunte les méandres d’un couloir sans fin et où le sol paraît se dérober. Fouiller dans le passé fragilise le présent et rend le futur incertain. Douloureux travail de deuil où Victor Anima communique ... N ous sommes heureux de vous annoncer la sortie de Nokh Oyfn Veg (Encore en chemin), CD de chants populaires yiddish interprétés par le Quintet Oyfn Veg, harmonisés pour chœurs par et sous la direction de Jean Golgevit, chef de chœur et harmonisateur, conseiller technique et pédagogique. Ce deuxième opus fait suite au CD Oyfn Veg (En chemin) interprété par le Trio de femmes Isajoan. Ces chants traditionnels sont pour la première fois harmonisés à plusieurs voix, ce qui les rend accessibles à toutes les chorales. Les textes - traduits par Batia Baum - se trouvent intégralement dans le recueil composé de 38 chansons yiddish, Oyfn Veg, harmonisées pour chœurs de 2 à 6 voix égales ou mixtes par Jean Golgevit, édité par la Maison de la Culture Yiddish à Paris (www.yiddishweb.com). L'utilisateur peut, sans parler le yiddish, comprendre la chanson et l'interpréter dans sa langue originelle. Informations : www.les-independants.com ou Anima & Cie - anima.cie@gmail.com 06 63 45 93 77
  • 8. PNM 262BON1 - XP6 29/01/09 18:38 Page 8 P.N.M. JANV. / FÉV. 2008 8 Enquête Pacte du silence Pogrom à Buenos Aires Un reportage de notre envoyé spécial S cènes d’épouvante dans les quartiers commerçants de Once et Villa Crespo, qui ressemblent un peu au 10ème arrondissement de Paris. Bizarre. La chaleur de l’été, en ce mois de janvier, porterait plutôt à la nonchalance. Ici et là, on fredonne La cumparsita1. Pourtant, Carulla, qui est généralement bien informé est formel2 : Il paraît qu’on est en train d’incendier le quartier juif. J’y suis allé voir. Arrivé à la hauteur de la Faculté de médecine, j’ai été témoin de ce que l’on pourrait appeler le premier pogrom3 de l’histoire argentine. On se bat dans les maisons, aux cris de « mort aux russes4 ». On brûle en pleine rue des livres empilés, des vêtements entassés, des meubles. Les flammes éclairent la nuit d’une lueur monstrueuse qui projette des reflets rouges sur les visages d’une foule en proie à la panique. De temps à autre, je vois passer des vieillards barbus et des femmes échevelées. Je n’oublierai jamais cet homme à la figure violacée, au regard implorant, cet enfant qui s’accroche en sanglotant à une lévite noire en lambeaux. De fait, Soizy Reilly, qui est un journaliste sérieux écrit5 : « J’ai vu des vieillards à la barbe arrachée. L’un d’eux a soulevé sa chemise pour me montrer deux côtes ensanglantées qui lui transperçaient la peau comme deux aiguilles. Deux adolescentes ont été violées. L’une d’elles a tenté de résister. On lui a tranché la main droite d’un coup de hache. J’ai vu des ouvriers juifs dont on brisait les jambes à coups de pieds. Tous ces crimes sont commis par de la racaille qui hurle « mort aux juifs » en brandissant le drapeau argentin !» / “De jeunes voyous porteurs de brassards et armés de bâtons et de carabines arrêtent tout ce qui porte barbe. Ceux qui ont des carabines leur crèvent le ventre ; les autres jettent des pierres dans les vitrines des magasins dont les propriétaires affichent des noms impossibles à prononcer.»6 Et la police, elle laisse faire ? Mais non ! Elle est sur place. Il y a des flics ivres qui achèvent les blessés à coups de bâtons ou de sabre, quand ils ne leur crèvent pas le ventre à coups de baïonnettes. Peu de juifs sortent vivants du commissariat du 7ème arrondissement, où comble de délicatesse, on leur urine dans la bouche. Ce n’est guère mieux dans celui du 9ème. Ala préfecture de police, on se relaye par équipes de cinquante pour les martyriser : on fouette ; on brûle les genoux avec des allumettes ; on enfonce des rasoirs dans les plaies ouvertes. Impossible à l’heure où nous mettons sous presse d’évaluer le nombre exact des victimes. Interrogé, le directeur de la police, cherche à minimiser les chiffres. Connaîtra-t-on jamais le nombre des grossesses déclarées en ce sinistre mois de janvier, sans parler de celui des avortements. L’ambassadeur de Russie vient d’adresser une note au ministre de l’Intérieur et une autre au ministre des Affaires étrangères pour exiger la protection des juifs russes. Parions qu’elles resteront sans réponse. L’ambassadeur de France note que la police massacre sauvagement tout ce qui est « russe » ou qui a « une gueule de russe : c’est-à-dire de juif ». et de substantielles augmentations de salaires. La police tire sur la foule. Quelques années plus tard, la Révolution de 1917 va porter au pouvoir Lénine et Trotski. Ce n’est pas pour rassurer l’oligarchie : la révolution risque de faire tache d’huile. Les dirigeants peuvent-ils s’offrir une nouvelle fois le luxe d’envoyer la troupe contre les ouvriers ? C’est ça ou trouver des boucs émissaires. Aux Etats-Unis, en 1920, les anarel est le récit que j’aurais dû chistes Sacco et Vanzetti feront très faire si j’avais assisté, il y a 90 bien l’affaire. D’autant que ce sont des ans, à la Semana Tragica de étrangers, ce qui permet d’accréditer Buenos Aires, cette semaine de janque les ouvriers américains eux, sont vier 1919 où les assassins hurlaient de bons citoyens qui se satisfont de « Mort aux juifs et aux Catalans ». salaires de misère. Et l’Argentine ? Cette page sombre de l’histoire de Mais elle a, elle aussi ses étrangers : l’Argentine a été arrachée à l’oubli par des juifs immigrés, presque tous d’oriPablo R. Fihman7, qui n’est ni journagine russe. Qu’à cela ne tienne ! liste ni historien : simplement un juif Janvier 1919, c’est d’abord la grande dont l’enfance a été bercée par le récit grève des ouvriers métallurgistes. de ces horreurs et qui, parvenu à l’âge Leurs revendications : ramener la jouradulte, a voulu en avoir le cœur net. née de travail de 11h à 8h ; améliorer Ses recherches lui ont pris de longues les conditions d’hygiène ; respecter le années. Elles n’ont guère intéressé, ni repos dominical ; augmenter les salaises corréligionnaires, ni les historiens. res ; réintégrer les délégués licenciés. A signaler tout de même, une étude de La répression est brutale. Il y a des Naum Solominsky. L’auteur y repromorts. La police tire sur la foule qui duit en partie un article de José suit l’enterrement. Quarante morts et 8 qu’il juge fondamental Mendelson un climat d’émeute. L’oligarchie est pour l’étude de la question. peu encline à faire «Les massacres de juifs confiance au président commis en Europe Yrigoyen, membre orientale, déclare d’un parti modéré, Mendelson, sont jeux assez comparable au d’enfants en comparaiparti radical de la son de ce qui s’est IIIème République en passé dans les rues de France. Buenos Aires. Vétilles, L’idée germe de profitous les pogroms, à ter des troubles pour côté des sévices inflirenverser Yrigoyen et Meeting anarchiste en Argentine gés à des vieillards le remplacer par un au début du XXe siècle juifs dans les commispouvoir « fort ». La sariats des 7ème et 9ème arrondissetentation est grande pour la droite clasment et à la Préfecture de police. La sique et classiquement antisémite. Au police montée traînait de vieux juifs Cercle des officiers de marine, on nus dans les rues ; ceux qui n’avaient enseigne le maniement d’armes et le plus la force de courir étaient tirés par contre-amiral O’Connor apostrophe la barbe ; ils s’écorchaient la peau sur les jeunes, en termes qui ont le mérite les pavés ; les coups de sabres et de de la clarté : « Si les juifs et les fouets pleuvaient. Peut-être verra-t-on Catalans n’osent pas venir ici, c’est des épisodes semblables sous Hitler, nous qui irons les chercher ». L’Eglise vingt ans après, ce qui est bien peu à catholique apporte plus d’eau qu’il l’échelle historique.» n’en faut au moulin du crime et publie Qui ? Pourquoi ? La date de 1919 en trois mois une douzaine d’éditos fournit déjà une piste. A la fin du violemment antisémites. Un évêque 19ème siècle, le mouvement ouvrier harangue de jeunes nervis en ces tercommence à s’organiser sérieusement. mes : “les juifs sont les seuls coupaNous avons vu que certains crient bles de la pénurie ; ce sont de véritaMort aux juifs et aux Catalans. C’est bles sangsues qui se font expulser de qu’en Catalogne, il y a déjà eu une tentous les pays ». tative d’instauration de la République, Est-ce pour parer à l’éventualité d’un et la répression contre les anarchistes coup d’Etat de droite que le parti préest aussi sauvage que le courant anarsidentiel va perdre son honneur ? En chiste y est vigoureux. Barcelone aura tout état de cause, il est aujourd’hui sa Semana Tragica avant Buenos établi que la fédération radicale de Aires. Le début du 20ème siècle est Buenos Aires a délibérément transfortémoin, dans le monde entier, d’une mé 2.000 de ses adhérents en assasmontée des revendications ouvrières sins. Un dirigeant se vantera même qui, somme toute, va de pair avec le d’avoir à lui seul massacré quarante développement du capitalisme indusjuifs en un jour ! La police, de son triel. En 1905, déjà, Buenos Aires est côté, prépare le terrain en répandant en état de siège. Les manifestations des rumeurs diverses. Des juifs sont imposantes. En 1909, à l’appel auraient pris une part active à l’attende leurs organisations d’obédience tat commis contre le foyer9 et l’église majoritairement anarchiste, 170.000 de Jesus Sacramentado. Les responsaouvriers font grève dans la capitale bles de l’ « intense agitation anarchispour obtenir la journée de huit heures te sont les nombreux ressortissants de L’ambassadeur des Etats-Unis fait état de 1.356 morts et de 5.000 blessés. A quoi il faut ajouter les 179 cadavres entassés à l’intérieur de l’arsenal. Et puis, tous les morts ne sont pas comptabilisés. Il y a des cadavres qui sont incinérés au fur et à mesure qu’ils sont déversés. En tout état de cause, ces chiffres sont impressionnants quand on sait que les évaluations de la population juive de la capitale varient entre 70.000 et 100.000 personnes. T la communauté russo-israélite qui se livrent à une propagande acharnée, tant en russe qu’en hébreu10. Les grandes grèves ouvrières qui viennent d’avoir lieu auraient été provoquées par un juif bundiste, un certain Pedro (Pinie) Wald, présenté comme le dirigeant du futur soviet argentin». Défense de sourire. Didier Daeninckx raconte comment en 1918, l’armée française a libéré l’Alsace qui venait de hisser le drapeau rouge et de proclamer la République des soviets. Seulement, voilà : les victimes du pogrom de Buenos Aires étaient des artisans et des ouvriers juifs industrieux, pieux et sincèrement patriotes. Rendons hommage aux 400 membres du parti radical qui ont déchiré leurs cartes et à Francisco Beiro, haut responsable de l’Union Civique Radicale, qui eut le courage d’organiser une rencontre entre les représentants du Comité politique de la communauté israélite et le Président, lequel déclare qu’il a lui-même été victime de persécutions et qu’il s’engage à trouver les coupables et à les châtier. En fait, il se contentera de nommer Beiro ministre de l’intérieur. Fin de l’épisode. Echec partiel de la stratégie répressive : Le ministère de l’Intérieur est contraint de négocier avec les ouvriers qui obtiennent de 20% à 40% d’augmentation, ainsi que la libération de leurs dirigeants. Quant au pogrom de Buenos Aires, on n’en entendra plus parler. Et pourtant, Quién sabe, si supieras, volviendo a tu pasado, chante La Cumparsita (Si tu revenais sur ton passé, qui sait, si tu savais…). Fihman a raconté les faits dans un court roman intitulé « Le cri oublié »11Puis un jour, l’âge venu, il est allé remettre toute sa documentation à la Fundacion Juan B. Justo. Devoir de mémoire ? Il avait aussi eu la curiosité d’aller voir en quels termes les manuels d’histoire rendent compte de la Semaine tragique. “Il y eut, dit l’un, de nombreux affrontements qui firent beaucoup de victimes”. Un autre avance même un chiffre : « une centaine de morts ». Un troisième risque une justification : un « mouvement extrémiste obligea l’armée à intervenir ». Un auteur, qui a d’ailleurs permis à Fihman d’entreprendre ses recherches, parle « d’actes de vandalisme commis contre “des personnes innocentes, totalement étrangères aux intérêts en jeu », sans aller jusqu’à préciser que les innocents sont des juifs. Un biographe du Président admet : “Il y a eu beaucoup de morts, peut-être un millier, et plusieurs milliers de blessés. La plupart des victimes étaient non pas des ouvriers, mais des passants ou des personnes qui regardaient par le fenêtre et qui reçurent une balle dans la tête ». Bref, vous l’aurez compris : les luttes ouvrières contraignent les dirigeants à commettre des assassinats mais jamais, au grand jamais, il n’y eut d’antisémitisme en Argentine : la morale est sauve ! Les coupables n’ont pas été punis. Les innocents ont.../... ils seulement été réhabilités ? (suite et notes en page 7)