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LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION DU RENFORCEMENT DE LA NUTRITION
À DJIBOUTI
Kenedid A. Hassan
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La question de la nutrition revient de manière récurrente depuis les années
1970 dans les débats sur le développement durable. Certains mouvements sociaux
considèrent que la malnutrition constitue un obstacle au développement socio-
économique des pays du Sud. Cette vision, apparue pour la première fois dans les
documents des Organisations non-gouvernementales (ONG), domine aujourd’hui
les préoccupations politiques et sociales des scientifiques, des décideurs politiques
et des intervenants. La réinscription de la nutrition dans les délibérations
internationales renvoie à plusieurs facteurs, dont les critiques des projets sectoriels,
l’insuffisance des progrès réalisés ou encore l’engagement croissant du mouvement
Scaling Up Nutrition (SUN) en faveur de l’approche multisectorielle, depuis les
revues des Objectifs du développement millénaires. Le constat de l’échec partiel
des luttes contre la malnutrition conduit à de nouv
Elles interrogations insistant désormais sur les relations entre les ONG
internationales, les pays donateurs, les gouvernements et les citoyens.
L’interrogation ne porte plus seulement sur les aspects strictement médicaux. SUN,
un mouvement international lancé en 2010, s’est approprié la perspective du
renforcement de la nutrition.
La philosophie générale du mouvement SUN pourrait être résumée à travers
ce slogan : « créons un monde sans faim et sans malnutrition ». Suivant cette
logique, l’accent est mis sur « les efforts collectifs des gouvernements, des
organisations et des individus qui collaborent dans le but d’éradiquer la faim et la
malnutrition sous toutes les formes. » La perspective du mouvement est donc
fondamentalement multisectorielle en ce sens qu’elle privilégie une méthode
participative multi-acteurs. Elle s’est construite en s’opposant directement au
postulat de la stratégie sectorielle isolée, celui d’une architecture fragmentée de
l’aide internationale. En raison de nombreux échecs, l’effort collectif et coordonné
est devenu un des slogans du discours de SUN. L’idée est de combattre la
malnutrition à travers une stratégie politique et sociale cohérente, selon une
approche fonctionnelle de haut en bas.
Djibouti, contrairement à nombre de pays africains et asiatiques, notamment
ceux de l’Afrique de l’Ouest et de l‘Asie du Sud, n’a bénéficié que tardivement des
actions sociales du mouvement SUN, qui semble avoir été le centre d’où a émergé
la mobilisation pour le renforcement de la nutrition. Mais ces actions sont encore
embryonnaires, puisque l’approche sectorielle continue de dominer les efforts
contre la malnutrition. L’approche traditionnelle n’est plus suffisante, parce que,
selon une enquête menée par la Pan Arab Project for Family Health (PAPFAM,
2012), la situation de la malnutrition dans le pays demeure préoccupante, malgré
les progrès enregistrés. L’objectif de réduire la mortalité maternelle et infantile en
2015 est loin d’être atteint (SMART, 2013), car la stratégie djiboutienne contre la
malnutrition ne s’attaque pas aux causes sous-jacentes comme la gouvernance, les
cadres politiques, les structures sociales et juridiques existantes. Par exemple, des
incitations à la performance pour les élus locaux pourraient faire émerger une
recevabilité plus proactive en matière de réduction de la malnutrition (Levinson et
Balajarjan, 2013). La stratégie nationale de communication pour la promotion de la
nutrition doit donc nécessairement adopter une approche multidisciplinaire,
multisectorielle et multi-acteurs en s’appuyant sur les pratiques programmatiques
des secteurs de l’agriculture, de la santé publique, de l’eau et de l’assainissement,
de l’émancipation des femmes, de l’éducation, de la protection sociale et des
infrastructures (Banque Mondiale, 2012).
DÉBATS SUR LE RENFORCEMENT DE LA NUTRITION
Le manifeste du mouvement SUN contre la malnutrition pourrait être
considéré comme le texte fondateur de la problématique de la nutrition dans les
pays du Sud, bien que ses propos ne soient utilisés que marginalement. Frappés de
voir à quel point les intervenants et les décideurs ont sous-estimé le caractère
multidimensionnel de la nutrition en raison de leur focalisation sur le projet
sectoriel, les acteurs du mouvement SUN ont plaidé pour une perspective
fonctionnaliste intersectorielle du renforcement de la nutrition.
On peut distinguer trois approches principales du renforcement de la
nutrition, selon l’importance accordée aux rôles des décideurs politiques, des
gouvernements, des intervenants locaux et des populations: une première met
l’accent sur le renforcement vertical ; la seconde insiste sur l’aspect horizontal ; la
troisième enfin se concentre sur la dimension fonctionnelle. Menter et al (2004)
décrivent l’approche verticale comme un processus institutionnel par lebas dans
lequel le programme et les principes sont adoptés. La perspective horizontale est
définie comme le processus d'adaptation des savoirs et des innovations aux
conditions des acteurs concernés. Selon Hartmann et Linn (2012), l’approche
fonctionnelle mérite sans doute une attention particulière. S’intéressant aux efforts
collectifs, les intervenants de cette variante s’attachent à déconstruire la démarche
sectorielle des institutions dans le pays en développement. Selon eux, la faiblesse
de l’approche traditionnelle tient au rôle marginal qu’elle réserve aux
considérations multisectorielles. Ils (elles) proposent une approche multisectorielle
et multi-acteurs qui va au-delà d’une fonction (par exemple, l’agriculture,
l’éducation).
Un des traits communs de ces démarches est d’aborder la nutrition à partir
des agences gouvernementales, des manifestations émanant des communautés et
des acteurs. Même si la problématique de la nutrition est l’un des thèmes les plus
éculés de l’aide au développement, ces travaux sur le renforcement (scaling up)
montrent qu’elle s’apparente encore comme un objet à conquérir.
MÉTHODOLOGIE
Les études sur la représentation de la nutrition en lien avec des travaux
régionaux et internationaux font cruellement défaut à Djibouti. Quant à la
recherche nationale, elle se résume à quelques études sectorielles. Afin de mieux
situer la démarche retenue, nous avons constitué un échantillon des conceptions
théoriques des recherches sur le renforcement de la nutrition. C'est pourquoi nous
nous appuierons essentiellement sur certaines publications identifiées dans le cadre
de ce travail pour faire ressortir les principales lignes de force des travaux effectués
sur la nutrition. Nous avons privilégié un échantillonnage qui va du général au
particulier. Plus précisément, nous avons étudié d’abord les conceptualisations
générales du scaling up pour ensuite passer à l’étude des expériences du
mouvement SUN.
L’élaboration de la stratégie de communication s’appuiera surtout sur deux
types de littérature : 1) une enquête sur les mythes autour de la nutrition et 2) les
expériences des pays membres du mouvement SUN. L’enquête sur les mythes
réalisée en 2012 (Awaleh, 2012) dans les arrondissements de Djibouti-ville
s’inscrit dans la cadre d’une recherche qui, fondée sur les techniques de collecte
des données en science sociale, situe la problématique de la nutrition dans le cadre
d’une dynamique communautaire. Dans son étude, Awaleh montre que les mythes
jouent un rôle important dans la production et la diffusion des conceptions de la
santé des mères et des enfants. Ils donnent profondeurs historiques aux
représentations traditionnelles de la santé. Enfin, nous passerons en revue les
principales expériences du renforcement de la nutrition pour donner un apport
considérable à l’élaboration de la stratégie de communication du pays.
LES OBJECTIFS ET LE CADRE DE L’ÉLABORATION DE LA STRATÉGIE DE
COMMUNICATION
Le travail de l’élaboration de la stratégie nécessite, pour être mené de façon
pertinente, le recours à des outils interdisciplinaires et multisectoriels du
renforcement de la nutrition à Djibouti.
Plus spécifiquement, les objectifs de l’élaboration de la stratégie visent à:
 Identifier les objectifs de la nutrition
 Déterminer les indicateurs
 Sélectionner les groupes cibles
 Identifier les changements souhaités
LE CALENDRIER
Le calendrier de cette recherche, susceptible de modifications est le suivant :
Activités Nombre de jours
Recension des écrits 12
Élaboration de la stratégie/finalisation
draft 1
17
Réception des commentaires 3
Finalisation de la stratégie 5
RÉFÉRENCES
Awaleh, N. Omar. (2012). “Influençants sur les pratiques alimentaires de la femme
enceinte/allaitante et les enfants pendant les 1000 premiers jours de vie », Agence
djiboutienne de développement social. Djibouti.
Hartmann, Arntraud, and Johannes Linn. 2008). Scaling Up: A Framework and
Lessons for Development Effectiveness from Literature and Practice. Wolfensohn
Center for Development Working Paper 5. Washington, D.C.: Brookings Global
Economy and Development.
http://www.brookings.edu/research/papers/2008/10/scaling-up-aid-linn.
Levinson, F. James, and Yarlini Balarajan. (2013). ‘Addressing Malnutrition
Multisectorally: What have we learned from recent international experience?’,
UNICEF Nutrition Working Paper, UNICEF and MDG Achievement Fund,
New York.
Menter, Harriet, Susan Kaaria, Nancy Johnson, and Jacqueline Ashby. (2004).
“Chapter 1: Scaling Up.” In Scaling Up and Out: Achieving Widespread Impact
through Agricultural Research, edited by Douglas Pachico and Sam Fujisaka,
9–24. CIAT.
SUN, www.scalingupnutrition.org
World Bank (2012). "Improving Nutrition Through Multisectoral Approaches."
World Bank, Washington DC.

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  • 1. LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION DU RENFORCEMENT DE LA NUTRITION À DJIBOUTI Kenedid A. Hassan CONTEXTE ET JUSTIFICATION La question de la nutrition revient de manière récurrente depuis les années 1970 dans les débats sur le développement durable. Certains mouvements sociaux considèrent que la malnutrition constitue un obstacle au développement socio- économique des pays du Sud. Cette vision, apparue pour la première fois dans les documents des Organisations non-gouvernementales (ONG), domine aujourd’hui les préoccupations politiques et sociales des scientifiques, des décideurs politiques et des intervenants. La réinscription de la nutrition dans les délibérations internationales renvoie à plusieurs facteurs, dont les critiques des projets sectoriels, l’insuffisance des progrès réalisés ou encore l’engagement croissant du mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) en faveur de l’approche multisectorielle, depuis les revues des Objectifs du développement millénaires. Le constat de l’échec partiel des luttes contre la malnutrition conduit à de nouv Elles interrogations insistant désormais sur les relations entre les ONG internationales, les pays donateurs, les gouvernements et les citoyens. L’interrogation ne porte plus seulement sur les aspects strictement médicaux. SUN, un mouvement international lancé en 2010, s’est approprié la perspective du renforcement de la nutrition. La philosophie générale du mouvement SUN pourrait être résumée à travers ce slogan : « créons un monde sans faim et sans malnutrition ». Suivant cette logique, l’accent est mis sur « les efforts collectifs des gouvernements, des organisations et des individus qui collaborent dans le but d’éradiquer la faim et la malnutrition sous toutes les formes. » La perspective du mouvement est donc fondamentalement multisectorielle en ce sens qu’elle privilégie une méthode participative multi-acteurs. Elle s’est construite en s’opposant directement au postulat de la stratégie sectorielle isolée, celui d’une architecture fragmentée de l’aide internationale. En raison de nombreux échecs, l’effort collectif et coordonné est devenu un des slogans du discours de SUN. L’idée est de combattre la malnutrition à travers une stratégie politique et sociale cohérente, selon une approche fonctionnelle de haut en bas.
  • 2. Djibouti, contrairement à nombre de pays africains et asiatiques, notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest et de l‘Asie du Sud, n’a bénéficié que tardivement des actions sociales du mouvement SUN, qui semble avoir été le centre d’où a émergé la mobilisation pour le renforcement de la nutrition. Mais ces actions sont encore embryonnaires, puisque l’approche sectorielle continue de dominer les efforts contre la malnutrition. L’approche traditionnelle n’est plus suffisante, parce que, selon une enquête menée par la Pan Arab Project for Family Health (PAPFAM, 2012), la situation de la malnutrition dans le pays demeure préoccupante, malgré les progrès enregistrés. L’objectif de réduire la mortalité maternelle et infantile en 2015 est loin d’être atteint (SMART, 2013), car la stratégie djiboutienne contre la malnutrition ne s’attaque pas aux causes sous-jacentes comme la gouvernance, les cadres politiques, les structures sociales et juridiques existantes. Par exemple, des incitations à la performance pour les élus locaux pourraient faire émerger une recevabilité plus proactive en matière de réduction de la malnutrition (Levinson et Balajarjan, 2013). La stratégie nationale de communication pour la promotion de la nutrition doit donc nécessairement adopter une approche multidisciplinaire, multisectorielle et multi-acteurs en s’appuyant sur les pratiques programmatiques des secteurs de l’agriculture, de la santé publique, de l’eau et de l’assainissement, de l’émancipation des femmes, de l’éducation, de la protection sociale et des infrastructures (Banque Mondiale, 2012). DÉBATS SUR LE RENFORCEMENT DE LA NUTRITION Le manifeste du mouvement SUN contre la malnutrition pourrait être considéré comme le texte fondateur de la problématique de la nutrition dans les pays du Sud, bien que ses propos ne soient utilisés que marginalement. Frappés de voir à quel point les intervenants et les décideurs ont sous-estimé le caractère multidimensionnel de la nutrition en raison de leur focalisation sur le projet sectoriel, les acteurs du mouvement SUN ont plaidé pour une perspective fonctionnaliste intersectorielle du renforcement de la nutrition. On peut distinguer trois approches principales du renforcement de la nutrition, selon l’importance accordée aux rôles des décideurs politiques, des gouvernements, des intervenants locaux et des populations: une première met l’accent sur le renforcement vertical ; la seconde insiste sur l’aspect horizontal ; la troisième enfin se concentre sur la dimension fonctionnelle. Menter et al (2004)
  • 3. décrivent l’approche verticale comme un processus institutionnel par lebas dans lequel le programme et les principes sont adoptés. La perspective horizontale est définie comme le processus d'adaptation des savoirs et des innovations aux conditions des acteurs concernés. Selon Hartmann et Linn (2012), l’approche fonctionnelle mérite sans doute une attention particulière. S’intéressant aux efforts collectifs, les intervenants de cette variante s’attachent à déconstruire la démarche sectorielle des institutions dans le pays en développement. Selon eux, la faiblesse de l’approche traditionnelle tient au rôle marginal qu’elle réserve aux considérations multisectorielles. Ils (elles) proposent une approche multisectorielle et multi-acteurs qui va au-delà d’une fonction (par exemple, l’agriculture, l’éducation). Un des traits communs de ces démarches est d’aborder la nutrition à partir des agences gouvernementales, des manifestations émanant des communautés et des acteurs. Même si la problématique de la nutrition est l’un des thèmes les plus éculés de l’aide au développement, ces travaux sur le renforcement (scaling up) montrent qu’elle s’apparente encore comme un objet à conquérir. MÉTHODOLOGIE Les études sur la représentation de la nutrition en lien avec des travaux régionaux et internationaux font cruellement défaut à Djibouti. Quant à la recherche nationale, elle se résume à quelques études sectorielles. Afin de mieux situer la démarche retenue, nous avons constitué un échantillon des conceptions théoriques des recherches sur le renforcement de la nutrition. C'est pourquoi nous nous appuierons essentiellement sur certaines publications identifiées dans le cadre de ce travail pour faire ressortir les principales lignes de force des travaux effectués sur la nutrition. Nous avons privilégié un échantillonnage qui va du général au particulier. Plus précisément, nous avons étudié d’abord les conceptualisations générales du scaling up pour ensuite passer à l’étude des expériences du mouvement SUN.
  • 4. L’élaboration de la stratégie de communication s’appuiera surtout sur deux types de littérature : 1) une enquête sur les mythes autour de la nutrition et 2) les expériences des pays membres du mouvement SUN. L’enquête sur les mythes réalisée en 2012 (Awaleh, 2012) dans les arrondissements de Djibouti-ville s’inscrit dans la cadre d’une recherche qui, fondée sur les techniques de collecte des données en science sociale, situe la problématique de la nutrition dans le cadre d’une dynamique communautaire. Dans son étude, Awaleh montre que les mythes jouent un rôle important dans la production et la diffusion des conceptions de la santé des mères et des enfants. Ils donnent profondeurs historiques aux représentations traditionnelles de la santé. Enfin, nous passerons en revue les principales expériences du renforcement de la nutrition pour donner un apport considérable à l’élaboration de la stratégie de communication du pays. LES OBJECTIFS ET LE CADRE DE L’ÉLABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION Le travail de l’élaboration de la stratégie nécessite, pour être mené de façon pertinente, le recours à des outils interdisciplinaires et multisectoriels du renforcement de la nutrition à Djibouti. Plus spécifiquement, les objectifs de l’élaboration de la stratégie visent à:  Identifier les objectifs de la nutrition  Déterminer les indicateurs  Sélectionner les groupes cibles  Identifier les changements souhaités LE CALENDRIER Le calendrier de cette recherche, susceptible de modifications est le suivant :
  • 5. Activités Nombre de jours Recension des écrits 12 Élaboration de la stratégie/finalisation draft 1 17 Réception des commentaires 3 Finalisation de la stratégie 5 RÉFÉRENCES Awaleh, N. Omar. (2012). “Influençants sur les pratiques alimentaires de la femme enceinte/allaitante et les enfants pendant les 1000 premiers jours de vie », Agence djiboutienne de développement social. Djibouti. Hartmann, Arntraud, and Johannes Linn. 2008). Scaling Up: A Framework and Lessons for Development Effectiveness from Literature and Practice. Wolfensohn Center for Development Working Paper 5. Washington, D.C.: Brookings Global Economy and Development. http://www.brookings.edu/research/papers/2008/10/scaling-up-aid-linn. Levinson, F. James, and Yarlini Balarajan. (2013). ‘Addressing Malnutrition Multisectorally: What have we learned from recent international experience?’, UNICEF Nutrition Working Paper, UNICEF and MDG Achievement Fund, New York. Menter, Harriet, Susan Kaaria, Nancy Johnson, and Jacqueline Ashby. (2004). “Chapter 1: Scaling Up.” In Scaling Up and Out: Achieving Widespread Impact through Agricultural Research, edited by Douglas Pachico and Sam Fujisaka, 9–24. CIAT. SUN, www.scalingupnutrition.org World Bank (2012). "Improving Nutrition Through Multisectoral Approaches." World Bank, Washington DC.