2. Grand-Gaube
Grand-Gaube, la pudique, l'authentique village de pêcheurs,
toujours un peu étonné de l'engouement qu'il suscite. Il faut
dire que l'âme des hommes de la mer se plait à se refléter dans
cette palette miraculeuse de turquoise et d'émeraude
scintillants des flots ceignant les îles éparses du Nord. Tout ici
appelle au large, les pirogues retournées sur la plage semblent
autant impatientes que celles accrochées, de larguer les
amarres. Les yeux fixés sur l'horizon, un pêcheur sent le vent,
alors qu'un autre semble égrener son filet à la recherche d'une
brèche à repriser.
3. La myriade des petits
métiers oubliés des villes, se
décline ici sous l'ombre
immuable des multipliants,
dont les lianes seules se
balancent au gré des alizés.
Là, la carène nue d'une
pirogue en devenir, posée à
l'envers, telle une nef
fragile parce qu'inachevée,
pose les espoirs d'une vie
plus rieuse.
4. Les coups de marteau du ferblantier égrènent les minutes sous l'acier blanc qui
donne vie à des arrosoirs, casseroles et autres ustensiles. Des pierres brutes de
volcanité érigées vers le ciel attendent que la main patinée par la tâche du
tailleur de pierre, viennent les façonner, accompagnant ceux partis trop tôt.
5.
6. Sous le soleil triomphant des tropiques, des oiseaux de
couleur déchirent les flots : la régate, course
traditionnelle de ces cotes, rehausse le prestige des
meilleurs barreurs et offre un spectacle d'une beauté
inénarrable. Orange, fuchsia, jaune canari ou cobalt, le
vent fait claquer les voiles triangulaires, sous les cris
d'encouragement. Ici, la mer, déesse autant vénérée que
crainte, est l'objet de toutes les passions.
Sous la douceur de la nuit qui tombe dans un tourbillon de
rouge, le cri des oiseaux de mer mêlés aux effluves iodées,
le village se replie dans ses petites rues abandonnées.