Hilde Teerlinck est la commissaire de l’exposition ‘LATIN LOVERS - DE L’ARTE POVERA DANS LA COLLECTION DU FRAC NORD-PAS DE CALAIS’ un hommage à Jan Hoet (le directeur du Musée d’Art Contemporain de Gand (SMAK) – décédé fin février 20). L’exposition a eu lieu du 10 septembre 2014 au 18 janvier 2015 au Frac Nord-Pas de Calais.
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Hilde Teerlinck 'Latin lovers - Arte Povera'
1. LATIN LOVERS - DE L’ARTE POVERA DANS LA COLLECTION DU FRAC NORD-PAS DE
CALAIS
Hommage à Jan Hoet
10-09-2014 > 18-01-2015
VERNISSAGE : 10 SEPTEMBRE 2014
Commissariat : Hilde Teerlinck
Avec : Carla Accardi, Giovanni Anselmo, Alighiero e Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro,
Piero Gilardi, Jannis Kounellis, Mario Merz, Giulio Paolini, Michelangelo Pistoletto, Gilberto Zorio
Icono :
Luciano Fabro, Latin Lovers, 1972, cristal, plomb et fer, 114 x 228 x 39 cm
Collection Frac Nord-Pas de Calais / DR
Jan Hoet, le directeur du Musée d’Art Contemporain de Gand (SMAK) – décédé fin février 2014 – fut
l’un des premiers experts externes à œuvrer pour la constitution d’une collection d’art contemporain
pour le Frac Nord-Pas de Calais. Il a su sélectionner des œuvres importantes d’artistes dont la
réputation n’est aujourd’hui plus à faire (des américains Warhol, Nauman, Flavin, Judd, et allemands
Beuys, Richter, Bernd & Hilla Becher, Isa Genzken notamment). Grâce à lui le Frac possède
également un ensemble exceptionnel d’« Arte Povera ».
Ce mouvement – ou plutôt ce collectif résident en Italie et partageant une même ‘attitude’ – né dans
les années 1960, a marqué l’histoire de l’art contemporain dans toute l’Europe. Lancé par un groupe
d’artistes qui s’intéressaient à des thématiques telles l’écologie, la révolution sociale, l’alternative
politique ou encore tout simplement la vie. Leurs créations se caractérisent par l’utilisation d’éléments
naturels (pierres, feu, liquides, etc.) et « pauvres » (chiffons, bouts de corde, etc.).
Reconnus par la sphère artistique grâce au critique Germano Celant, leur renommée atteint le zénith
avec l’exposition d’Harald Szeeman, ‘When attitudes become form’, présentée à la Kunsthalle de Bern
en 1969. Plusieurs figures aujourd’hui emblématiques du mouvement y ont été présentées, parmi
lesquelles l’artiste clé Michelangelo Pistoletto. Pour Latin Lovers, le Frac présente deux pièces de ce
créateur polyfacétique : une installation, composée d’une ligne de lampes (Quatro di fili elettrici,
1967) et une sculpture composée de chiffons (Muro di stracci, 1968).
D’autres non moindre sont également conviés au rendez-vous, comme Alighiero e Boeti, dont le
travail est toujours réalisé en collaboration avec des artisans d’autres cultures. C’est le cas ici dans
l’alphabet personnalisé des collections du Frac (Mettere al mondo il mondo, 1972-1976), alphabet
inspiré de motifs utilisés au Moyen Orient. Giovanni Anselmo quant à lui crée des environnements
avec une grammaire plus complexe, composés de la juxtaposition de dessins et des matériaux divers.
La collection d’Arte Povera du Frac n’est pas en reste. C’est avec des artistes comme Mario Merz qui
filtre des objets et parties d’animaux qu’il trouve dans des forêts pour ensuite les mélanger avec des
néons ou des peintures et dessins que la matière laisse entrevoir son état sauvage. La relation à la
matière brute est en effet une composante essentielle de l’art de ces Latin Lovers. Des 17 œuvres
exposées, d’aucun ne passera à côté de la force pure que renferment les sculptures de Giulio Paolini ou
Luciano Fabro, dont l’œuvre au titre poétique prête son nom à cette exposition.
D’autres encore, retravaillent à partir de la matière pour en faire des objets décoratifs et de design dont
le paravent de Carla Accardi, les vases et amphores en marbre extrêmement sophistiquées d’Ettore
Spalletti, ou le mobilier de Piero Gilardi reconstruisant artificiellement des fragments de la nature -
des rochers servant de siège, des branchages en tapis, etc.
2. Le sens qui émane de ces œuvres court au-delà de l’objet tel qu’il nous apparait. Les éléments de
l’étant tel qu’ils apparaissaient chez les présocratiques sont mis à l’épreuve. Jannis Kounelis et son
obsession pour le feu le montrent bien. Les constructions de cet artiste d’origine grec, souvent
complexes à installer dans l’espace public, représentent un véritable challenge autant qu’elles sont une
menace pour les spectateurs. Les installations de Pier Paolo Calzolari, usant de draps, tapis et bouts de
métal, laissent entrevoir une transformation vers un nouvel état de la matière. Sans parler de l’écho
aux éléments alchimiques auquel renvoient les œuvres de Zorio qui pourraient, selon l’artiste, « être
capable de produire une altération des processus naturels ou agiraient comme des métaphores pour
l’action révolutionnaire humaine ».
Si l’œuvre n’est pas sujet d’esthétique, elle s’avère cependant révélatrice d’une tendance au refus. La
non-identification des formes, des sujets, intervient alors ici comme une tentative de résistance, un
appel à voir le geste artistique même non plus comme moyen mais comme une fin en soi.