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ROdin1 0 0 a n s
exposition
16
TARIFS
Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 9 €
Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes entre 16 et 25 ans) : 35 €
ACCESSIBILITÉ HANDICAP & CHAMP SOCIAL
INDIVIDUELS EN SITUATION DE HANDICAP
gratuit sur présentation d’une carte d’invalidité ainsi que pour l’accompagnateur
• parcours autonome audiodécrit
une dizaine de commentaires d’oeuvres adaptés, alliant descriptions techniques, contexte culturel et histoire
• visite audiodécrite avec conférencier à l’attention des malvoyants
acccompagné d’un conférencier, découverte de l’exposition à partir d’une sélection d’oeuvres traduites sous
forme de planches en relief et de commentaires adaptés.
durée : 2h (1h en salle, puis 1h dans l’exposition environ)
tarif : personne titulaire d’une carte d’invalidité : 10 € / accompagnant : 10 €
INDIVIDUELS & ADULTES
• visite guidée de l’exposition
visite de l’exposition, accompagné d’un conférencier
durée : 1h30, tarif : 23 € / TR : 16 € / offre tarifaire tribu (2 adultes et 2 jeunes de 16 à 25 ans) : 62 €
les lundis, mercredis, jeudis, vendredis et samedis
GROUPES & ADULTES
• visite guidée
visite de l’exposition, accompagné d’un conférencier
durée : 1h30, tarif : 210 € / TR : 145 €
• projection commentée
découverte de l’exposition à partir d’une sélection d’oeuvres dans une salle de projection. Suivi d’une visite
libre de l’exposition.
durée : 1h, tarif : 150 €
ROdin
L’exposition du centenaire
22 mars - 31 juillet 2017
Grand Palais
SOMMAIRE
I. Edito										2
II. Rodin, redecouvert, réevalué, réaprécié		 4
III. Plan de l’exposition						7
IV. Tarifs								 16
1
2
EDITO
A l’occasion du centenaire de la mort d’Auguste Rodin (1840-1917), le musée Rodin et la Réunion des musées
nationaux Grand Palais s’associent pour célébrer l’artiste. L’exposition met en évidence l’univers créatif de
Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche
de plus de 200 oeuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso,
Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture.
Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. A chaque génération, il a
fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant
le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en
passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso. Son usage du dessin devance les grands
expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celles de Brancusi ou de Moore.
L’exposition présente son oeuvre et les mutations du regard qu’elle a engendrées.
Rodin expressionniste
A partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la
sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme
rodinien s’impose. C’est aussi la période des « dessins noirs » - peu connus, peu vus - qui nourrissent l’univers
desafuturePortedel’Enfer.Lescollectionneursprennentsadéfense.Lui-mêmesait,dèscetteépoque,jouer
de tous les moyens mis à sa disposition pour construire sa carrière : collectionneurs, presse, expositions,
dans un Paris, où le marché de l’art est en pleine expansion, pour construire sa carrière. Les jeunes sculpteurs
comme Bourdelle, Lehmbruck, Gaudier-Brzeska, Brancusi, ont tous une période rodinienne.
Rodin expérimentateur
L’exposition de son oeuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition Universelle, le
place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries
d’oeuvres en plâtre - son matériau de prédilection : matière immaculée faite pour cet art de la lumière et
de l’espace. L’exposition de 1900 révèle un processus de réinvention permanente, fondamentalement
expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les
formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace.
15
La sensibilité expressionniste après 1945
Au mitan du XXe siècle, Rodin redevient une référence
pour l’art contemporain. Parmi les nouveaux créateurs,
une filiation évidente apparaît à travers Fautrier, Richier,
Dodeigne ou de Kooning. Ayant touché aux limites de
l’art minimal ou de l’art conceptuel, certains artistes
reviennentàlafigurationenrevendiquantuneréférence
à Rodin : agrandissement, fragmentation, assemblage.
Des sujets chers à Rodin sont particulièrement
exploités : torse, tête monumentale, fragment de
corps. La citation se fait parfois humoristique, comme
chez Flanagan. Marcheschi se confronte à la matérialité
du corps en mouvement à partir du travail de la cire.
Avec son Feeling Material IV, Gormley développe de
nouveaux moyens plastiques pour traiter de façon
expressionniste le corps humain dans son enveloppe.
Comme le chinois Sui Jianguo, certains se réfèrent
enfin à Rodin dans un travail expressionniste proche de
l’abstraction.
14
Le su
étape
A la f
série,
sculp
Rodin
des o
Moor
Rod
Après
trava
cham
les ac
Rodin
New
Tokyo
de Ro
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reven
et aff
de l’e
débo
III. Rodin
l’onde
de choc
Avec les grandes inventions techniques
: automobile, aéroplane, téléphone,
cinéma, etc., la fin du XIXe siècle vit
un changement profond du rapport
au temps et à l’espace ainsi qu’un
recul des horizons, par la colonisation
notamment. Dès lors, Rodin cherche à
reformuler la tradition sculpturale en un
langage correspondant à ces mutations
culturelles. A nouveau, après les
horreursdelaSecondeGuerremondiale
et de la Shoah, la création s’envisage
différemment. L’intérêt pour le sujet
et la figuration repasse au-devant de
la scène. Une nouvelle génération
d’artistes renoue avec l’expression
des sentiments et des émotions dans
une sculpture sensible. Disciples de
Bourdelle - lui-même l’étant de Rodin-,
Germaine Richier et Alberto Giacometti
sont à l’origine de cette nouvelle
orientation : sujets abrupts, formes
tendues, jeux d’ombres et de lumière
puissants, épiderme frémissant.
3
Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque
étape évoluer sa pensée. Bourdelle, Matisse, Brancusi ou Picasso ancrent leurs premiers travaux dans sa pratique.
A la fin des années 1890, Rodin se consacre davantage au dessin. En 1902, il en expose à Prague une importante
série, qui est partiellement reconstituée au Grand Palais. Cette production totalement indépendante de la
sculpture bouleverse par la liberté et la modernité de cette nouvelle expression.
Rodin exploite largement la photographie à partir des années 1880. Les tirages retouchés par l’artiste deviennent
des oeuvres à part entière et sont utilisés et intégrés au processus créatif. Après 1945, des artistes comme Henry
Moore porteront à son paroxysme cet usage de la photographie.
Rodin : l’onde de choc
Après la deuxième guerre mondiale, on découvre un nouveau Rodin et de nombreux aspects inconnus de son
travail : assemblages de figures de plâtre et de vases antiques, mouvements de danse, moulage de la robe de
chambre de Balzac sont autant de choc pour le public comme pour les avant-gardes. Les assemblages de Picasso,
les acrobates de Max Beckmann ou les oeuvres en feutre de Beuys y font comme écho. Les collectionneurs de
Rodin lèguent de nombreux ensemble aux musées : musée Rodin de Philadelphie, Metropolitan Museum de
New York, National Gallery de Washington, Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague, musée d’art occidental de
Tokyo… Une salle de l’exposition évoque l’univers d’un collectionneur d’aujourd’hui, dans laquelle les oeuvres
de Rodin se mêlent à celles de ses contemporains. Que reste-t-il de cette sensibilité expressive et lyrique ? Elle
apparaît dans des oeuvres ou des mouvements divers qui partagent le rejet de la géométrie et de l’idéalisme, la
revendication d’une approche libertaire et antirationaliste. Cette sensibilité oppose la spontanéité au concept
et affirme le poids de la matérialité (Germaine Richier, Alberto Giacometti, Willem De Kooning). On y trouve
de l’excès, dans le drame (Markus Lüpetz) comme dans le versant jubilatoire (Barry Flanagan) : violence et
débordement, esprit ludique ou métamorphose.
4
RODIN,
REDÉCOUVERT,
RÉEVALUÉ, RÉAPPRECIÉ
Naturaliste, impressionniste, expressionniste,
symboliste, moderne, maître, génie… La multiplicité
des termes par lesquels Auguste Rodin (1840-1917) a
été désigné depuis son irruption sur la scène publique
en 1877 peut surprendre ou décourager. Sculpteur
mondialement célèbre de son vivant, présent dans
les collections de tous les grands musées et sur
tous les continents, il a suscité tant d’expositions, de
collections, de critiques, de livres, de biographies, de
catalogues, de colloques, de thèses que, pourrait-on
croire, tout a été dit sur son apport.
Ce foisonnement est à l’image de l’artiste : Rodin
s’accommode mal des classements en raison du
caractère protéiforme de son oeuvre, ainsi que de
ses modes d’expressions et de sa constante capacité
à réinventer la sculpture. À chaque génération,
le public et les artistes l’ont vu et nommé d’une
manière nouvelle. Les sculpteurs se sont positionnés
par rapport à lui, quelquefois pour en prendre le
contrepied, souvent pour chercher une réponse à
leurs interrogations ou renchérir sur une invention,
un aspect, une forme. Car Rodin a revisité toutes les
facettes de l’art de la sculpture, et bien au-delà : ainsi
l’invention de l’assemblage, de la figure partielle ou
du collage précède la pratique de Henri Matisse et
de Pablo Picasso, son usage du dessin devance les
grands expressionnistes germaniques, son rapport
à la photographie annonce celui de Brancusi ou de
Moore.
À chaque période, un Rodin différent est éclairé, mis
en exergue, découvert. Sa quête de l’expression
fut libératrice pour l’univers visuel et mental de
la fin du XIXe siècle et pour le regard et les mains
des jeunes artistes de toute l’Europe. Sa capacité
d’expérimentateur suscita de multiples agitations:
choc de la découverte des dessins à partir des années
1890, qui causa scandale et renvoi du comte Kessler
du musée de Weimar en 1906 ; choc des premières
expositions de photographies ; choc de la découverte
des plâtres dans son pavillon de l’Alma en 1900 ; choc
de l’exhumation des assemblages lors de l’exposition
Rodin sculpteur, oeuvres méconnues. Choc ressenti
par plusieurs artistes venus récemment visiter la
13
Retoucher la photographie
Dans son atelier, Rodin vit entouré de ses oeuvres, menant de front plusieurs travaux à la fois. La photographie
lui permet alors d’isoler chaque sculpture et d’y poser un regard distancié, réflexif ou rêveur, qu’expriment les
retouches qu’il dessine sur les tirages. Ces annotations critiques ne sont toutefois jamais suivies d’effet sur
les sculptures elles-mêmes, qui ne sont pas remaniées. Elles n’existent qu’en tant que possibilités.
La liberté de Rodin dans l’usage des reproductions photographiques trouve un écho chez différents sculpteurs
après lui. Souvent, ces interventions sur l’image relèvent, à l’instar de Rodin, d’un projet incertain ou d’une
pensée vagabonde. Brancusi, Moore, Neagu, Vermeiren, Cragg ont conservé leurs tirages et ne les ont
jamais exposés.
A partir des années 1960 cependant, la photographie retouchée n’est plus seulement document mais devient
oeuvre, comme en témoignent par exemple les travaux d’Annette Messager ou de Rachel Whiteread.
12
Les dessins de l’exposition de Prague
Rodin est invité par l’association d’artistes Manès à exposer à Prague en 1902 : quatre-vingt-huit
sculptures et soixante-quinze dessins sont présentés. L’accueil est triomphal. Les dessins sont pour
la plupart réalisés autour de 1900. Ils montrent un travail de simplification de la forme renforcé
quelquefois par un léger lavis d’aquarelle.
Un concours est organisé pour l’affiche, gagné par Vladimir Zupansky. Max Svabinsky dessine le
cartond’invitation:unportraitdeRodin,dontuneversionestenvoyéeausculpteurenremerciement
en 1904. La revue Volné Směry (Tendances libres) publie le travail de Rodin ainsi qu’un catalogue.
L’exposition est un événement capital pour la diffusion de la veine expressionniste à Prague. Parmi
les artistes présents, Joseph Maratka est le plus proche de Rodin, chez qui il a travaillé un moment.
Après1900,Rodinabordeledessind’unemanièreprofondémentmodernequimarquedurablement
l’art du XXe siècle. Matisse, Picasso en sont des relais puissants. Plus proches de nous, Beuys.
Marcheschi, Gormley ou Emin s’y réfèrent expressément.
5
nouvelle disposition des collections dans l’hôtel
Biron réouvert en 2015… Ces mutations du regard
contemporain, loin d’épuiser l’oeuvre de l’artiste, ont
permis à chaque époque un enrichissement de sa
compréhension.
Pour montrer ces évolutions, l’exposition est
structurée en trois grandes parties : Rodin
expressionniste, Rodin expérimentateur et les effets
de cette onde de choc après 1945. Chacune présente,
d’abord, l’univers créatif de l’artiste dont la carrière
fut ponctuée de sidérations et de scandales, puis,
sa réception – par le public de ses expositions et les
collectionneurs qu’il attira –, enfin, les appropriations
que son oeuvre n’a cessé de susciter de la part de
ceux auxquels il dédiait sa donation à l’État français
: les artistes.
L’univers rodinien
Dans une carrière dont la première partie, celle de La
Porte de l’Enfer et des Bourgeois de Calais, est
marquée par la recherche de l’expression, et la
seconde, celle du Balzac et de L’Homme qui marche,
par la volonté de supprimer tout ce qui est inutile
pour ne conserver d’une forme que l’essentiel,
deux expositions constituent des moments forts
correspondant à chacune de ces deux phases : en
1889, celle que l’artiste organisa avec Claude Monet
à la galerie Georges Petit, et, en 1900, l’exposition
monographique qui se tint aux portes de l’Exposition
universelle dans le pavillon qu’il avait été autorisé
à construire place de l’Alma. Dans les deux cas,
le second surtout, Rodin exposa en majorité des
plâtres, matériau pour lequel il éprouvait une
véritable prédilection car il lui laissait la possibilité
de faire évoluer à l’infini des formes dont, au terme
du processus, on peine souvent à reconnaître le point
de départ : en témoigne ici la série qui va d’un Nu
féminin croquant une pomme à un Torse accroupi
difficile à interpréter tant il a été simplifié. Assembler
une forme à une autre – qui peut être une autre figure
(ou la même une deuxième fois), une branche sèche,
un objet manufacturé, utilisé tel quel ou moulé… – ou
la réduire en supprimant tous les éléments superflus,
l’agrandir mécaniquement, la métamorphoser en lui
faisant subir divers traitements de surface, en changer
le sens – tête en haut, tête en bas, à l’horizontale, en
plongée… –, tirer parti des accidents – cela dès 1865
avec le masque de L’Homme au nez cassé – ou des
marques produites par le séchage naturel de la terre
pour intégrer le sentiment du temps à la sculpture, tout
cela, qui relevait plutôt de pratiques réservées au secret
de l’atelier, devient avec Rodin le ressort même de la
création et il ne craint pas de l’afficher au grand jour.
Avec des oeuvres comme L’Étude de Torse pour Saint
Jean-Baptiste, futur torse de L’Homme qui marche,
ou Sources taries, assemblage de deux exemplaires
de Celle qui fut la belle Heaulmière, l’exposition de
1889 le laissait deviner même si, organisée dans une
galerie privée, elle comptait davantage de marbres et
de bronzes prêts à être emportés immédiatement. En
revanche, le pavillon de l’Alma se présentait comme
« l’atelier d’un grand artiste, d’un génie puissant où
rien ne semble tout-à-fait achevé, où l’on cherche le
Maître occupé à “pousser”, à modifier ou à achever
une silhouette » : loin d’offrir l’aspect fini auquel on
aurait pu s’attendre, la plupart des plâtres, y compris
La Porte de l’Enfer, montrée pour la première fois mais
privée de la plupart des figures qui lui donnaient son
sens, apparaissaient comme le fruit direct du geste
créateur. Lors de la traduction en matériau définitif,
l’immédiateté de ce geste disparaissait en partie.
Néanmoins quelques bronzes en conservent la trace,
la Grosse Femme accroupie à masque d’Iris, une
6
des dernières oeuvres de Rodin, faite d’éléments
disparates hâtivement assemblés, ou encore La Mort
d’Alceste dans laquelle le personnage de Mercure est
assis sur le vide. Et si, grâce à la donation de l’artiste
à l’État
français en 1916, les étapes de ces cheminements,
dans toute la complexité de leurs méandres et
de leurs surgissements, sont conservées pour
la plupart au musée Rodin, les oeuvres abouties
sont naturellement parties vers des collections
extérieures, privées ou publiques. En permettant de
rapprocher les uns et les autres, les prêts généreux
de la baronne Thyssen, de la National Gallery of Art
à Washington, du Museum of Fine Arts à Boston, du
Victoria and Albert Museum à Londres et du musée
de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, permettront au
public de suivre la démarche de l’artiste.
est le lieu où affleure avec plus ou moins
d’impétuosité l’effervescence intérieure. La forme est
dotée d’un flou comme lié à la vie interne et semble
vivante, la sculpture est dynamique ou nerveuse et
la matière déformée ou scarifiée. Barbes, coutures,
excroissances ou irrégularités parcourent ces formes
mouvantes, comme autant d’analogies avec l’action
créatrice de la nature. Les émotions cherchent à
s’exprimer et, animant leur épiderme ou perturbant
leur volume, leur houle vient mourir à la surface des
oeuvres.
Antoinette Le Normand-Romain et
Catherine Chevillot
II. Rodin expérimentateur
Le plâtre : un univers rodinien
Le plâtre est un matériau de prédilection pour les sculpteurs du XIXe siècle, dans l’atelier comme
dans les lieux d’exposition. Au siècle suivant cependant - jusque dans les années 1980 -, les
plâtres sont assez largement méprisés. Le regard contemporain y est maintenant particulièrement
sensible, y reconnaissant un réel caractère d’authenticité et de proximité avec la main de l’artiste.
Rodin affectionne le plâtre. Il tire de ses modelages en terre de nombreuses épreuves en plâtre,
qu’il reprend inlassablement : assemblages aux joints grossiers, figures plongées dans un lait de
plâtre,fragmentations,sériesetvariations.Leprocessuscréatifdevientdèslorspartieintégrantede
l’oeuvre. Le plâtre n’est toutefois pas pour Rodin le matériau définitif dans lequel voir ses oeuvres :
les plâtres qu’il expose et dont il loue l’éclat et la blancheur sont des étapes expérimentales avant
une commande qui financera le coût de la fonte ou de la traduction en marbre.
11
10
7
PLAN DE
L’EXPOSITION
8
Les dessins noirs
Les dessins noirs de Rodin - selon le mot d’Antoine Bourdelle - désignent des oeuvres de petit
format, de technique mixte : crayon, encre à la plume ou au lavis, rehauts de gouache blanche.
Ils sont contemporains
des recherches pour La Porte de l’Enfer (1880-1885) mais sont souvent retravaillés après cette
période. Une inscription permet parfois de les relier à un épisode particulier de L’Enfer de Dante,
tel Le Serpent du 8e cercle, ou à Ugolin, ou encore au Monument à Victor Hugo. Toutefois, ils
ne sont que rarement en rapport avec les sculptures réalisées, mais des formes communes s’y
retrouvent, comme le dos de L’Homme qui tombe, par exemple. Le thème de l’adulte et de
l’enfant réunis est omniprésent, comme celui des personnages luttant ou s’embrassant.
I. Rodin expressioniste
9

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Catalogue rodin

  • 1. 1
  • 2. 1 2 ROdin1 0 0 a n s exposition
  • 3. 16 TARIFS Plein tarif : 13 € Tarif réduit : 9 € Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes entre 16 et 25 ans) : 35 € ACCESSIBILITÉ HANDICAP & CHAMP SOCIAL INDIVIDUELS EN SITUATION DE HANDICAP gratuit sur présentation d’une carte d’invalidité ainsi que pour l’accompagnateur • parcours autonome audiodécrit une dizaine de commentaires d’oeuvres adaptés, alliant descriptions techniques, contexte culturel et histoire • visite audiodécrite avec conférencier à l’attention des malvoyants acccompagné d’un conférencier, découverte de l’exposition à partir d’une sélection d’oeuvres traduites sous forme de planches en relief et de commentaires adaptés. durée : 2h (1h en salle, puis 1h dans l’exposition environ) tarif : personne titulaire d’une carte d’invalidité : 10 € / accompagnant : 10 € INDIVIDUELS & ADULTES • visite guidée de l’exposition visite de l’exposition, accompagné d’un conférencier durée : 1h30, tarif : 23 € / TR : 16 € / offre tarifaire tribu (2 adultes et 2 jeunes de 16 à 25 ans) : 62 € les lundis, mercredis, jeudis, vendredis et samedis GROUPES & ADULTES • visite guidée visite de l’exposition, accompagné d’un conférencier durée : 1h30, tarif : 210 € / TR : 145 € • projection commentée découverte de l’exposition à partir d’une sélection d’oeuvres dans une salle de projection. Suivi d’une visite libre de l’exposition. durée : 1h, tarif : 150 €
  • 4. ROdin L’exposition du centenaire 22 mars - 31 juillet 2017 Grand Palais SOMMAIRE I. Edito 2 II. Rodin, redecouvert, réevalué, réaprécié 4 III. Plan de l’exposition 7 IV. Tarifs 16 1
  • 5. 2 EDITO A l’occasion du centenaire de la mort d’Auguste Rodin (1840-1917), le musée Rodin et la Réunion des musées nationaux Grand Palais s’associent pour célébrer l’artiste. L’exposition met en évidence l’univers créatif de Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche de plus de 200 oeuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso, Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture. Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. A chaque génération, il a fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso. Son usage du dessin devance les grands expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celles de Brancusi ou de Moore. L’exposition présente son oeuvre et les mutations du regard qu’elle a engendrées. Rodin expressionniste A partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme rodinien s’impose. C’est aussi la période des « dessins noirs » - peu connus, peu vus - qui nourrissent l’univers desafuturePortedel’Enfer.Lescollectionneursprennentsadéfense.Lui-mêmesait,dèscetteépoque,jouer de tous les moyens mis à sa disposition pour construire sa carrière : collectionneurs, presse, expositions, dans un Paris, où le marché de l’art est en pleine expansion, pour construire sa carrière. Les jeunes sculpteurs comme Bourdelle, Lehmbruck, Gaudier-Brzeska, Brancusi, ont tous une période rodinienne. Rodin expérimentateur L’exposition de son oeuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition Universelle, le place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries d’oeuvres en plâtre - son matériau de prédilection : matière immaculée faite pour cet art de la lumière et de l’espace. L’exposition de 1900 révèle un processus de réinvention permanente, fondamentalement expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace.
  • 6. 15 La sensibilité expressionniste après 1945 Au mitan du XXe siècle, Rodin redevient une référence pour l’art contemporain. Parmi les nouveaux créateurs, une filiation évidente apparaît à travers Fautrier, Richier, Dodeigne ou de Kooning. Ayant touché aux limites de l’art minimal ou de l’art conceptuel, certains artistes reviennentàlafigurationenrevendiquantuneréférence à Rodin : agrandissement, fragmentation, assemblage. Des sujets chers à Rodin sont particulièrement exploités : torse, tête monumentale, fragment de corps. La citation se fait parfois humoristique, comme chez Flanagan. Marcheschi se confronte à la matérialité du corps en mouvement à partir du travail de la cire. Avec son Feeling Material IV, Gormley développe de nouveaux moyens plastiques pour traiter de façon expressionniste le corps humain dans son enveloppe. Comme le chinois Sui Jianguo, certains se réfèrent enfin à Rodin dans un travail expressionniste proche de l’abstraction.
  • 7. 14 Le su étape A la f série, sculp Rodin des o Moor Rod Après trava cham les ac Rodin New Tokyo de Ro appa reven et aff de l’e débo III. Rodin l’onde de choc Avec les grandes inventions techniques : automobile, aéroplane, téléphone, cinéma, etc., la fin du XIXe siècle vit un changement profond du rapport au temps et à l’espace ainsi qu’un recul des horizons, par la colonisation notamment. Dès lors, Rodin cherche à reformuler la tradition sculpturale en un langage correspondant à ces mutations culturelles. A nouveau, après les horreursdelaSecondeGuerremondiale et de la Shoah, la création s’envisage différemment. L’intérêt pour le sujet et la figuration repasse au-devant de la scène. Une nouvelle génération d’artistes renoue avec l’expression des sentiments et des émotions dans une sculpture sensible. Disciples de Bourdelle - lui-même l’étant de Rodin-, Germaine Richier et Alberto Giacometti sont à l’origine de cette nouvelle orientation : sujets abrupts, formes tendues, jeux d’ombres et de lumière puissants, épiderme frémissant.
  • 8. 3 Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque étape évoluer sa pensée. Bourdelle, Matisse, Brancusi ou Picasso ancrent leurs premiers travaux dans sa pratique. A la fin des années 1890, Rodin se consacre davantage au dessin. En 1902, il en expose à Prague une importante série, qui est partiellement reconstituée au Grand Palais. Cette production totalement indépendante de la sculpture bouleverse par la liberté et la modernité de cette nouvelle expression. Rodin exploite largement la photographie à partir des années 1880. Les tirages retouchés par l’artiste deviennent des oeuvres à part entière et sont utilisés et intégrés au processus créatif. Après 1945, des artistes comme Henry Moore porteront à son paroxysme cet usage de la photographie. Rodin : l’onde de choc Après la deuxième guerre mondiale, on découvre un nouveau Rodin et de nombreux aspects inconnus de son travail : assemblages de figures de plâtre et de vases antiques, mouvements de danse, moulage de la robe de chambre de Balzac sont autant de choc pour le public comme pour les avant-gardes. Les assemblages de Picasso, les acrobates de Max Beckmann ou les oeuvres en feutre de Beuys y font comme écho. Les collectionneurs de Rodin lèguent de nombreux ensemble aux musées : musée Rodin de Philadelphie, Metropolitan Museum de New York, National Gallery de Washington, Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague, musée d’art occidental de Tokyo… Une salle de l’exposition évoque l’univers d’un collectionneur d’aujourd’hui, dans laquelle les oeuvres de Rodin se mêlent à celles de ses contemporains. Que reste-t-il de cette sensibilité expressive et lyrique ? Elle apparaît dans des oeuvres ou des mouvements divers qui partagent le rejet de la géométrie et de l’idéalisme, la revendication d’une approche libertaire et antirationaliste. Cette sensibilité oppose la spontanéité au concept et affirme le poids de la matérialité (Germaine Richier, Alberto Giacometti, Willem De Kooning). On y trouve de l’excès, dans le drame (Markus Lüpetz) comme dans le versant jubilatoire (Barry Flanagan) : violence et débordement, esprit ludique ou métamorphose.
  • 9. 4 RODIN, REDÉCOUVERT, RÉEVALUÉ, RÉAPPRECIÉ Naturaliste, impressionniste, expressionniste, symboliste, moderne, maître, génie… La multiplicité des termes par lesquels Auguste Rodin (1840-1917) a été désigné depuis son irruption sur la scène publique en 1877 peut surprendre ou décourager. Sculpteur mondialement célèbre de son vivant, présent dans les collections de tous les grands musées et sur tous les continents, il a suscité tant d’expositions, de collections, de critiques, de livres, de biographies, de catalogues, de colloques, de thèses que, pourrait-on croire, tout a été dit sur son apport. Ce foisonnement est à l’image de l’artiste : Rodin s’accommode mal des classements en raison du caractère protéiforme de son oeuvre, ainsi que de ses modes d’expressions et de sa constante capacité à réinventer la sculpture. À chaque génération, le public et les artistes l’ont vu et nommé d’une manière nouvelle. Les sculpteurs se sont positionnés par rapport à lui, quelquefois pour en prendre le contrepied, souvent pour chercher une réponse à leurs interrogations ou renchérir sur une invention, un aspect, une forme. Car Rodin a revisité toutes les facettes de l’art de la sculpture, et bien au-delà : ainsi l’invention de l’assemblage, de la figure partielle ou du collage précède la pratique de Henri Matisse et de Pablo Picasso, son usage du dessin devance les grands expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celui de Brancusi ou de Moore. À chaque période, un Rodin différent est éclairé, mis en exergue, découvert. Sa quête de l’expression fut libératrice pour l’univers visuel et mental de la fin du XIXe siècle et pour le regard et les mains des jeunes artistes de toute l’Europe. Sa capacité d’expérimentateur suscita de multiples agitations: choc de la découverte des dessins à partir des années 1890, qui causa scandale et renvoi du comte Kessler du musée de Weimar en 1906 ; choc des premières expositions de photographies ; choc de la découverte des plâtres dans son pavillon de l’Alma en 1900 ; choc de l’exhumation des assemblages lors de l’exposition Rodin sculpteur, oeuvres méconnues. Choc ressenti par plusieurs artistes venus récemment visiter la
  • 10. 13 Retoucher la photographie Dans son atelier, Rodin vit entouré de ses oeuvres, menant de front plusieurs travaux à la fois. La photographie lui permet alors d’isoler chaque sculpture et d’y poser un regard distancié, réflexif ou rêveur, qu’expriment les retouches qu’il dessine sur les tirages. Ces annotations critiques ne sont toutefois jamais suivies d’effet sur les sculptures elles-mêmes, qui ne sont pas remaniées. Elles n’existent qu’en tant que possibilités. La liberté de Rodin dans l’usage des reproductions photographiques trouve un écho chez différents sculpteurs après lui. Souvent, ces interventions sur l’image relèvent, à l’instar de Rodin, d’un projet incertain ou d’une pensée vagabonde. Brancusi, Moore, Neagu, Vermeiren, Cragg ont conservé leurs tirages et ne les ont jamais exposés. A partir des années 1960 cependant, la photographie retouchée n’est plus seulement document mais devient oeuvre, comme en témoignent par exemple les travaux d’Annette Messager ou de Rachel Whiteread.
  • 11. 12 Les dessins de l’exposition de Prague Rodin est invité par l’association d’artistes Manès à exposer à Prague en 1902 : quatre-vingt-huit sculptures et soixante-quinze dessins sont présentés. L’accueil est triomphal. Les dessins sont pour la plupart réalisés autour de 1900. Ils montrent un travail de simplification de la forme renforcé quelquefois par un léger lavis d’aquarelle. Un concours est organisé pour l’affiche, gagné par Vladimir Zupansky. Max Svabinsky dessine le cartond’invitation:unportraitdeRodin,dontuneversionestenvoyéeausculpteurenremerciement en 1904. La revue Volné Směry (Tendances libres) publie le travail de Rodin ainsi qu’un catalogue. L’exposition est un événement capital pour la diffusion de la veine expressionniste à Prague. Parmi les artistes présents, Joseph Maratka est le plus proche de Rodin, chez qui il a travaillé un moment. Après1900,Rodinabordeledessind’unemanièreprofondémentmodernequimarquedurablement l’art du XXe siècle. Matisse, Picasso en sont des relais puissants. Plus proches de nous, Beuys. Marcheschi, Gormley ou Emin s’y réfèrent expressément.
  • 12. 5 nouvelle disposition des collections dans l’hôtel Biron réouvert en 2015… Ces mutations du regard contemporain, loin d’épuiser l’oeuvre de l’artiste, ont permis à chaque époque un enrichissement de sa compréhension. Pour montrer ces évolutions, l’exposition est structurée en trois grandes parties : Rodin expressionniste, Rodin expérimentateur et les effets de cette onde de choc après 1945. Chacune présente, d’abord, l’univers créatif de l’artiste dont la carrière fut ponctuée de sidérations et de scandales, puis, sa réception – par le public de ses expositions et les collectionneurs qu’il attira –, enfin, les appropriations que son oeuvre n’a cessé de susciter de la part de ceux auxquels il dédiait sa donation à l’État français : les artistes. L’univers rodinien Dans une carrière dont la première partie, celle de La Porte de l’Enfer et des Bourgeois de Calais, est marquée par la recherche de l’expression, et la seconde, celle du Balzac et de L’Homme qui marche, par la volonté de supprimer tout ce qui est inutile pour ne conserver d’une forme que l’essentiel, deux expositions constituent des moments forts correspondant à chacune de ces deux phases : en 1889, celle que l’artiste organisa avec Claude Monet à la galerie Georges Petit, et, en 1900, l’exposition monographique qui se tint aux portes de l’Exposition universelle dans le pavillon qu’il avait été autorisé à construire place de l’Alma. Dans les deux cas, le second surtout, Rodin exposa en majorité des plâtres, matériau pour lequel il éprouvait une véritable prédilection car il lui laissait la possibilité de faire évoluer à l’infini des formes dont, au terme du processus, on peine souvent à reconnaître le point de départ : en témoigne ici la série qui va d’un Nu féminin croquant une pomme à un Torse accroupi difficile à interpréter tant il a été simplifié. Assembler une forme à une autre – qui peut être une autre figure (ou la même une deuxième fois), une branche sèche, un objet manufacturé, utilisé tel quel ou moulé… – ou la réduire en supprimant tous les éléments superflus, l’agrandir mécaniquement, la métamorphoser en lui faisant subir divers traitements de surface, en changer le sens – tête en haut, tête en bas, à l’horizontale, en plongée… –, tirer parti des accidents – cela dès 1865 avec le masque de L’Homme au nez cassé – ou des marques produites par le séchage naturel de la terre pour intégrer le sentiment du temps à la sculpture, tout cela, qui relevait plutôt de pratiques réservées au secret de l’atelier, devient avec Rodin le ressort même de la création et il ne craint pas de l’afficher au grand jour. Avec des oeuvres comme L’Étude de Torse pour Saint Jean-Baptiste, futur torse de L’Homme qui marche, ou Sources taries, assemblage de deux exemplaires de Celle qui fut la belle Heaulmière, l’exposition de 1889 le laissait deviner même si, organisée dans une galerie privée, elle comptait davantage de marbres et de bronzes prêts à être emportés immédiatement. En revanche, le pavillon de l’Alma se présentait comme « l’atelier d’un grand artiste, d’un génie puissant où rien ne semble tout-à-fait achevé, où l’on cherche le Maître occupé à “pousser”, à modifier ou à achever une silhouette » : loin d’offrir l’aspect fini auquel on aurait pu s’attendre, la plupart des plâtres, y compris La Porte de l’Enfer, montrée pour la première fois mais privée de la plupart des figures qui lui donnaient son sens, apparaissaient comme le fruit direct du geste créateur. Lors de la traduction en matériau définitif, l’immédiateté de ce geste disparaissait en partie. Néanmoins quelques bronzes en conservent la trace, la Grosse Femme accroupie à masque d’Iris, une
  • 13. 6 des dernières oeuvres de Rodin, faite d’éléments disparates hâtivement assemblés, ou encore La Mort d’Alceste dans laquelle le personnage de Mercure est assis sur le vide. Et si, grâce à la donation de l’artiste à l’État français en 1916, les étapes de ces cheminements, dans toute la complexité de leurs méandres et de leurs surgissements, sont conservées pour la plupart au musée Rodin, les oeuvres abouties sont naturellement parties vers des collections extérieures, privées ou publiques. En permettant de rapprocher les uns et les autres, les prêts généreux de la baronne Thyssen, de la National Gallery of Art à Washington, du Museum of Fine Arts à Boston, du Victoria and Albert Museum à Londres et du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, permettront au public de suivre la démarche de l’artiste. est le lieu où affleure avec plus ou moins d’impétuosité l’effervescence intérieure. La forme est dotée d’un flou comme lié à la vie interne et semble vivante, la sculpture est dynamique ou nerveuse et la matière déformée ou scarifiée. Barbes, coutures, excroissances ou irrégularités parcourent ces formes mouvantes, comme autant d’analogies avec l’action créatrice de la nature. Les émotions cherchent à s’exprimer et, animant leur épiderme ou perturbant leur volume, leur houle vient mourir à la surface des oeuvres. Antoinette Le Normand-Romain et Catherine Chevillot
  • 14. II. Rodin expérimentateur Le plâtre : un univers rodinien Le plâtre est un matériau de prédilection pour les sculpteurs du XIXe siècle, dans l’atelier comme dans les lieux d’exposition. Au siècle suivant cependant - jusque dans les années 1980 -, les plâtres sont assez largement méprisés. Le regard contemporain y est maintenant particulièrement sensible, y reconnaissant un réel caractère d’authenticité et de proximité avec la main de l’artiste. Rodin affectionne le plâtre. Il tire de ses modelages en terre de nombreuses épreuves en plâtre, qu’il reprend inlassablement : assemblages aux joints grossiers, figures plongées dans un lait de plâtre,fragmentations,sériesetvariations.Leprocessuscréatifdevientdèslorspartieintégrantede l’oeuvre. Le plâtre n’est toutefois pas pour Rodin le matériau définitif dans lequel voir ses oeuvres : les plâtres qu’il expose et dont il loue l’éclat et la blancheur sont des étapes expérimentales avant une commande qui financera le coût de la fonte ou de la traduction en marbre. 11
  • 15. 10
  • 17. 8
  • 18. Les dessins noirs Les dessins noirs de Rodin - selon le mot d’Antoine Bourdelle - désignent des oeuvres de petit format, de technique mixte : crayon, encre à la plume ou au lavis, rehauts de gouache blanche. Ils sont contemporains des recherches pour La Porte de l’Enfer (1880-1885) mais sont souvent retravaillés après cette période. Une inscription permet parfois de les relier à un épisode particulier de L’Enfer de Dante, tel Le Serpent du 8e cercle, ou à Ugolin, ou encore au Monument à Victor Hugo. Toutefois, ils ne sont que rarement en rapport avec les sculptures réalisées, mais des formes communes s’y retrouvent, comme le dos de L’Homme qui tombe, par exemple. Le thème de l’adulte et de l’enfant réunis est omniprésent, comme celui des personnages luttant ou s’embrassant. I. Rodin expressioniste 9