3. • Figure majeure de l'impressionnisme, Berthe Morisot reste aujourd'hui moins
connue que ses amis Monet, Degas ou Renoir. Elle avait pourtant été
immédiatement reconnue comme l'une des artistes les plus novatrices du
groupe.
• L'exposition retrace le parcours exceptionnel d'une peintre, qui, à rebours des
usages de son temps et de son milieu, devient une figure essentielle des
avant-gardes parisiennes de la fin des années 1860 jusqu'à sa mort
prématurée en 1895.
4. Peindre d'après modèle permet à Berthe Morisot d'explorer plusieurs thématiques
de la vie moderne, telles que l'intimité de la vie bourgeoise, le goût de la
villégiature et des jardins, l'importance de la mode, le travail domestique féminin,
tout en brouillant les frontières entre intérieur/extérieur, privé/public, fini/non fini.
Pour elle, la peinture doit s'efforcer de "fixer quelque chose de ce qui passe".
Sujets modernes et rapidité d'exécution ont donc à voir avec la temporalité de la
représentation, et l'artiste se confronte inlassablement à l'éphémère et au passage
du temps. Ainsi ses dernières oeuvres, caractérisées par une expressivité et une
musicalité nouvelles, invitent à une médiation souvent mélancolique sur ces
relations entre l'art et la vie.
7. Impressionniste de la première heure, elle deviendra aux côtés de Camille Pissarro
la plus fidèle du groupe, participant à sept de ses huit expositions. Modèle et belle-
sœur d’Édouard Manet, Berthe Morisot fut également l’un de ses membres les plus
respectés, admirée de ses compagnons et souvent encensée par les critiques, même
si ces derniers vantaient davantage le caractère «gracieux» de sa touche que ses
réelles qualités artistiques. Pourtant, au début du XXe siècle, alors que le mouvement
entrait dans la postérité, l’aura de l’artiste s’est émoussée et sa peinture, étiquetée
«féminine», a été reléguée en seconde catégorie.
8. Ce sont les études féministes
américaines qui la remirent à
l’honneur dans les années 1970. En
France, le Palais des beaux-arts de Lille
lui avait consacré en 2002 une
rétrospective, suivie d’une autre, dix
ans plus tard, au musée Marmottan.
Mais jamais encore le musée d’Orsay
n’avait inscrit son nom en haut de
l’affiche.
Objectif : lui redonner la place qui lui revient au sein de l’avant-garde
impressionniste. L’exposition se concentre sur une facette de sa création : les
tableaux de figures et les portraits. Non sans raison : ils constituent près de 70 %
de sa production peinte, estimée à quelque quatre cents œuvres.
Ainsi, les soixante-dix huiles sur toile rassemblées au fil d’un parcours thématico-
chronologique permettent au spectateur de comprendre son cheminement. Dès
ses débuts, Berthe Morisot puise ses sujets dans son entourage, familial ou amical.
9. • Contrairement à ses
condisciples, elle confronte
fréquemment ses
personnages à la lumière
du plein air.
• D’escapades champêtres en
jeux d’enfant dans un jardin,
son pinceau ne semble alors
qu’effleurer la toile, pour
mieux saisir la fugacité du
moment.
• Le musée d’Orsay a aussi
voulu montrer comment
son style s’est épanoui à la
fin des années 1870. Sa
quête d’instantanéité
l’amène à adopter une
touche encore plus
nerveuse et esquissée à la
fois.
10. • Dans un décor intérieur ou
en extérieur, les
protagonistes, généralement
cadrés de près, se fondent
dans leur environnement.
• Berthe Morisot ose même
laisser à nu certaines parties
de la toile, mêlant achevé et
inachevé. C’est cette
singularité que l’exposition
entend mettre en avant.
• En effet, peu de ses
confrères ont poussé aussi
loin la recherche de la
sensation et du mouvement,
véritable enjeu de
l’impressionnisme.
11. • On découvre ainsi qu’elle est à
l’origine d’une œuvre
novatrice, à l’opposé des
clichés dont on l’a affublée, et
ses tableaux se révèlent moins
simplistes que ne le suggèrent
leurs sujets, d’apparence
conventionnelle.
• Empreints de mélancolie,
finalement moins intimistes
qu’introspectifs, ils ne
constituent pas des images de
bonheur familial, mais plutôt
une réflexion sur la fuite
inexorable du temps.
• Berthe Morisot,
prématurément disparue, était
sans conteste une grande
artiste.
12. LeportdeLorient
Influencée par , Berthe Morisot s'était presque exclusivement adonnée au paysage, ses envois aux Salons
ne comprenaient guère que des œuvres de cette sorte. Mais après s'être rattachée à Manet, surtout
peintre de figures, elle étend le champ de son art, elle ajoute à la peinture du paysage celle de la figure.
13. Portraitd’enfants
Elle peindra ainsi dans les tons clairs et nuancés des portraits, des tableaux de genre, montrant des
jeunes femmes en déshabillé ou à leur toilette, des paysages, assez souvent avec personnages, où
l’influence autrefois subie de Corot restera visible.
14. • Des rapports d'artistes suivis se
sont donc établis entre Manet
et Berthe Morisot. Manet avait
pris en aversion les modèles
professionnels. Il cherchait
systématiquement, pour les
introduire dans ses tableaux,
les gens de caractère tranché,
qu’il pouvait découvrir dans la
vie, autour de lui.
• Mlle Morisot lui offrait
précisément un type
caractérisé de femme
distinguée. Il va donc l'utiliser
comme modèle. Il la peint une
première fois en 1868, dans son
tableau Le Balcon, exposé au
Salon en 1869
15. Femmeàl’éventail.1874
Cette toile, comme la peinture de Morisot en général, est au reflet de sa vie. Elle est tout
d’abord représentative du désintérêt que porte l’artiste pour les « paysages tout nus »
comme elle les appelle, préférant les scènes de vie avec des femmes ou des enfants.
16. Autoportrait
Berthe Morisot a conçu ce portrait comme l'autoportrait d'un peintre qui s'assume et qui souhaite léguer son image à la postérité.
Habituée des musées, elle avait visité, en 1881, les Offices à Florence, et sa galerie des autoportraits d'artistes dans la tradition
desquels elle décide résolument de s'inscrire. Berthe Morisot se représente une palette et un pinceau à la main, en buste, le visage
de face, le regard fixe et impassible du créateur qui a tout sacrifié à son art. »
18. «Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant
une femme d’égale à égal, et ce tout que j’aurais demandé,
car je sais que je les vaux» Berthe Morisot