1. Initiatives
Initiatives
Brest intèqre le ommerce
à sa stratégie urbaine
Frédérique
Bonnard le Floch*
D'une manière générale, laréglementation sur l'urbanisme commercial est trèslacunaire car elle nes'intéresse
L principe d'un accès équitable aux com mercespour tous leshabitants du bas in
e
s
de vie est transcrit dans les règlements d'urbanisme.
o u r Brest métropole océane
(BMO) (Finistère), le commerce
est un service a la population
qui, à ce titre, doit répondre à
une exigence d'équité. Ce principe est
décliné sur leterrain à travers un maillage
commercial équilibré sur tout le territoire de lacommunauté urbaine (8 communes, 213 000 habitants) et même du
bassin de vie (400 000 habitants) Alors
que la plupart des villes parlent « d'équipement commercial» et l'inscrivent
dans une démarche strictement économique, Brest métropole océane préfère le terme d'« urbanisme commercial» qui définit mieux ses intentions:
P
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explique Dominique Barbu, responsable de l'urbanisme commercial à BMO.
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Pôlecommercial
métropolitain
structu rant
de semi-proximité
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• Landernea u
• Ploudiry
qu'à lagrande distribution. On ne parle pas
de services, alors qu'un coiffeur, un pressing, unepharmacie en font partie. Et c'est
ceque nous cherchons à maintenir dans nos
quartiers. Aujourd'hui, chaque commune de
lacommunauté de Brest dispose d'un petit
tissu commercial de proximité. Il n'ya pas
de zone blanche, même sil'on constate la
raréfaction de certains types de commerces
[les boucheries parexemples) au profit
d'autres. Chez nous, les grands commerces
ne peuvent pass'installer en dehors des
pôles. De même, les "drives" sontréglementés dans nos documents d'urbanisme,
ils doivent ètreaccolés ou situés le plus près
possible de leur hypermarché de référence.
En réalité, la grande distribution apprécie
d'avoir un interlocuteur qui tient un propos
clair et égalitaire. Car ici, le règlement est
le même pourtout le monde. Cette politique communautaire leur permet d'avoir
une vision à long terme du développement
de la ville, cequileurdonne à euxaussi
unevisibilité dansl'avenir.
On ne peutpasdissocier le commerce du
projet urbain. Il faut voir s'ilest cohérent,
quels services il rend à la population. On
doit assigner une fonction au commerce
dansle projet urbain. Il faut qu'il apporte
unevaleur ajoutée. »
* Vice-présidente deBrest métropole océane,
chargee ducommerce et del'urbanisme commercial,
conseillère municipale dela ville deBresL
Daoulas
Crozon
Le
de proximité
loppement commercial d'opportunité le
long des voies et en périphérie. Il s'agit de
protéger les entrées de vilJe, de réduire
les déplacements et la consommation
d'espace, et de stimuler le dynamisme
Pour ce faire, l'armature commerciale économique des pôles commerciaux de
est soigneusement hiérarchisée en périphérie, organisés autour de thèmes
Chaque habitant du pays de Brest
quatre niveaux (proximité, semi-proxipeut donc accéder près de chez lui (à
mité, fonction structurante, fonction
métropolitaine). Pour chacune des caté- moins de dix minutes) à des commerces
gories, des surfaces maximales de vente et services de proximité (les points
sont fixées,définies selon leur nature (ali- rouges sur la carte) : petit supermarché,
mentaire, GMS, magasins de meubles, boulangerie, pharmacie, coiffeur, presjardinage/bricolage) Le PLU définit une sing, fleuriste, soins de beauté, cordonliste de « commerces et services assimi- nerie, etc Ceux-ci sont fortement
lés» auxquelles s'applique la réglemen- bienvenus dans les centres où des rezde-chaussée commerciaux disposent de
tation d'urbanisme commercial.
L'objectif est, d'une part, de contri- placesde stationnement de courte durée,
buer à renforcer le commerce dans les mais se voient interdire l'implantation en
centres, d'autre part, de limiter le déve- périphérie
Commerces de proximité
interdits en périphérie
Lannilis
••
Il s'agit d'organiser spatialement le
•
commerce afin qu'il soit en cohérence ~
avec leprojet urbain de la collectivitéet ~
favorise laqualité de viepar laprésence ~
•
de commerces et de services de proxi- z
>2
mité dans les secteurs d'habitat ii, G
«
..
Il
La politique
d'urbanisme
commercial de Brest
repose surquatre
orientations :
• Prévoir une
armature
commerciale
équilibrée
géographiquement.
• Permettre un
développement
commercial couplé
aux ambitions de la
dimension
métropolitaine de
l'agglomération.
• Favoriser laqualité
de vie parla présence
de commerces et
services de proximité
dans lessecteurs
d'habitat.
• Promouvoir un
aménagement
commercial durable
et de qualité.
Localisation
des zones
d'aménagement
commercial
du pays de Brest.
o 00
habitants
la population du
bassin de vie,
Celle de la zonede
chalandise atteint
800 000 habitants,
Lhabitant qui souhaite faire des
courses plus conséquentes le fera
donc dans des zones commerciales comptant les habituelles enseignes d'hypermarchés (points bleuset verts). La vocation
de ces pôles de périphérie, que la collectivité tient à « maîtriser », est définie dans
le SCOT et dans le PLU ils peuvent
accueillir lesgrandes surfacesqui génèrent
des circulations automobiles intenses, et
qui sont, de ce fait, thématiques (automobile, équipement de la maison, sport, bncalage/jardinage,supermarchés de sLUface
supérieure à 400 m' de surface de ven;e
ou hypermarchés), avec interdiction d Y
créer des commerces de surface infélieure
à 300 m', voire à 500 m'
.1
Par exemple, le pôle commerCla
Les Portes de Brest Guipavas, situé à
20 minutes du centre de Brest (le point
violet au Nord-Est sur la carte), est spécialisé dans l'équipement de la maison
(lkea. Jardiland) et le sport (Décathlon)
Lesgrandes enseignes côtoient la galerie commerciale, qui compte 14 boutiques de décoration (Cuir center,
Boulanger,etc) et 8 restaurants. Une thématique hygiène-soins-beauté complète
l'ensemble, qui dispose de 1 600 places
de parking et est accessible par le tram
Au centre de Brest, l'axe rue JeanJaurès/rue de Siam est l'artère principale de la ville (point violet). Elle descend en pente douce jusqu'au pont de
Recouvrance et est irriguée, depuis le
début 2012, par le tramway Très animée,
bordée de cafés et de restaurants, elle
est dédiée aux « boutiques» . équipement de la personne (vêtements, accessoires, mode, beauté), culture, loisirs. Le
Printemps, deux galeries commerciales
situées à 100 mètres l'une de l'autre, la
Fnac et la vaste librairie Dialogues constituent des « locomotives » pour ce
quartier très « shopping ii, classé «secteur
de commerce renforcé protégé» Ce dispositif vise à protéger les principales rues
commerçantes du centre-ville de Bresten
interdisant la transformation des locaux
commerciaux en logements ou services
de banques, assurances, mutuelles,
agences immobilières (qui sont invitées à
s'installer dans les rues adjacentes).
Cette pratique d'urbanisme commercial n'est pas récente au sein de la communauté urbaine de Brest Dès 1993, des
partenariats sont instaurés avec les
chambres consulaires locales,qui se traduisent par la rédaction d'une charte
d'urbanisme commercial afin de maintenir et renforcerlecommerce de proximité,
et permettre la concertation des partenaires avant les prisesde décision en commission départementale d'équipement
commercial (COEC) Dès 1995, des dispositions en cesens sont intégrées dans le POS.
C'estalors qu'au niveau national, la loi de
modernisation de l'économie (4 août
2008), puis leGrenellede l'environnement
(loisdu 3 août 2009 et du 12 juillet 2010)
modifient le Code de l'urbanisme en traduisant dans les textes la volonté d'organiser la diversité commerciale. En 2009,
naît le document d'aménagement commercial(DAC), élément du SCOT du paysde
Brest, qui permet de poser un cadre de
référence pour les décisions en CDAC.
Enfin, le PLU de Brest métropole océane
intègre depuis 2010 un volet commerce
dans lequel sont intégrés les dispositifs
réglementaires traduisant cette politique.
Ce contexte de gouvernance initié
aveclesacteurs économiques depuis près
de vingt ans a contribué à affermir cette
politique « AUjourd'hui, l'agglomération
tient à l'intensifier, conjointement avecles
professionnels et les habitants », explique
Frédérique Bonnard le Floch, vice-présidente de Brest métropole océane chargée du commerce et de j'urbanisme
commercial. « On l'a esquissée en hiérar-
chisant les pôleset en leurdonnant une
cohérence urbaine. Maintenant, ilfaut
définir ensemble les moyens d'agir plus
finement Cesr pourquoi nous travaillons
CI l'élaboration d'un observatoire du commerce à l'échelle de notre territoire pour
convenirde critères objectifs et d'un diagnosticpartagé. Car, dans ledomaine de
la bonne ou de la mauvaise santé du
(petit) commerce, on est souventsurde la
croyance, voire de lamystique... Ce travail
est mené en lien avec Aâeupa, notre
agence d'urbanisme, et les chambres
consulaires. Notre objectif est de faire
converger les initiativeset de définir ce
qu'on peutfaire ensemble »
Agnès FERNANDEZ
E
xemple
E
v Ir
La mise en place de
dispositions relatives
au commerce est
prévue parleCode de
l'urbanisme: articles
L 110, Lm-l, et
surtout L122+3,
L 12H9qui
prévoient la
localisation
préférentielle des
commerces et la
cohérence entre
équipements dans le
SCOT; et les artides
L 123-1-2, L 123+3 et
L 123+5 qui
concernent le PLU.
Situé en plein centre de Brest, le plateau desCapucins est unancien site
militaire et industriel de 16 hectares qui
serabientôt reconverti en unquartier
d'habitat, de bureaux, d'équipements
culturels et de loisirs. BMO a lancé un
appel à candidatures auprès d'investisseurs, encadré par uncahier des
charges trèsstrict visant à sélectionner
les types de commerces et services qui
s'yimplanteront. Car ici, le SCOT et le
PLU interdisent l'implantation de cinémas en dehors des centres-villes. Brest
va donc créer un deuxième multiplexe
sur le secteur des Capucins afin de
contribuer à ladimension culturelle
du quartier et de l'animer.
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