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BURKINA FASO
Unité - Progrès - Justice
----------------------
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR,
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
(M.E.S.S.R.S)
----------------------------------------------------------
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
-------------------------
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN SCIENCES HUMAINES
(UFR-SH)
---------------------
PROJET RENFORCEMENT DES CAPACITES
DE RECHERCHE PLURIDISCIPLINAIRE
SUR L'ENVIRONNEMENT
(PROJET ENRECA IDR/UFR-SH)
---------------------
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
---------------------
OPTION GEOGRAPHIE PHYSIQUE
MEMOIRE DE MAITRISE
THEME :
CONTRIBUTION A L’ETUDE DU COMBLEMENT DU
LAC DEM : LES APPORTS DE LA RIVE DROITE
( PROVINCE DU SANMATENGA )
Présenté et soutenu par
OUATTARA Ibrahim
Sous la direction du
Dr DA Dapola E. C., Maître-Assistant
Année académique 2003-2004
2
DEDICACE
Ce mémoire est dédié à toutes les personnes qui me sont très chères :
- Ma mère et mon père
- Ma sœur et mes frères
- Mes proches
3
REMERCIEMENTS
Ce Mémoire est l’aboutissement d’un ensemble d’efforts. Son élaboration finale nous donne
l’occasion de remercier sincèrement :
- tous les enseignants du département de géographie, pour la formation dont nous
avons bénéficié ;
- monsieur Dapola E.C. DA, notre directeur de mémoire, dont la disponibilité et les
multiples conseils nous ont été d’un grand apport ;
- le projet ENRECA et tout son personnel, dont Monsieur P. Honoré SOME, mesdames
Sophie KIMA et Angèle OUATTARA, pour leur appui logistique, financier et divers ;
- messieurs Frédéric CABORE et Patrice SANOU, pour leur encadrement en
Télédétection et en Systèmes d’Information Géographique ;
- les responsables des laboratoires de Télédétection et SIG, et de géographie physique,
à savoir messieurs Dapola E.C. DA et D.C. SANOU, pour leur disponibilité ;
- monsieur Corentin SOME, géographe et aménagiste à la cellule SIG de l’EIER, pour
son appui à l’utilisation du logiciel Arcview GIS 3.2 ;
- messieurs Narcisse OUEDRAOGO et Isidore YANOGO, stagiaires au projet ENRECA ;
- les responsables de la Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des
Ressources Halieutiques de Kaya, pour leur appui ;
- les populations de Dem et de Zorkoum, pour leur accueil chaleureux durant notre
séjour sur le site ;
- toutes les personnes qui nous ont apporté un quelconque soutien.
4
RESUME
Dans la région de Kaya, les ressources naturelles (sols, végétation et eau) se dégradent
suite aux changements climatiques et aux activités humaines.
Le lac Dem en subit les conséquences. En effet, la cuvette lacustre est comblée par des
sédiments allochtones provenant de la dynamique superficielle.
Des mesures effectuées sur les apports de la rive droite en 2002 ont donné les résultats
suivants :
- 647,5076 kg/ha de terres déplacées par l’érosion pluviale ;
- 2,2394 t/ha de terres déplacées par l’érosion aréolaire ;
- dépôts sédiments d’une épaisseur de 8 cm à 2,80 m ;
Le comblement du lac réduit sa capacité de stockage en eau.
Face à ce processus, pour ne pas assister impuissantes à la disparition du lac, les
populations ont élaboré des stratégies qui consistent à lutter contre le comblement du lac
Dem. Ces stratégies sont loin d’être efficaces. Il faudrait un plan d’aménagement
concerté.
MOTS CLES
Burkina Faso, Kaya, lac Dem, rive droite, dégradation du couvert végétal, érosion,
sédimentation, aménagement.
5
SOMMAIRE
INTRODUCTION .......................................................................................................................................................7
PREMIERE PARTIE : LE LAC DEM DANS SON CONTEXTE PHYSIQUE ET
ET HUMAIN..........................................................................................16
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SITE D’ETUDE .................................................17
CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES HUMAINES DU SITE D’ETUDE ................................................36
DEUXIEME PARTIE : LES APPORTS DE LA RIVE DROITE, LEURS
CONESQUENCES ET LES PERSPECTIVES DE LUTTE CONTRE
LE COMBLEMENT DU LAC DEM....................................................43
CHAPITRE III : LA PEJORATION CLIMATIQUE ET LESACTIONS ZOOANTHROPIQUES DANS
LE COMBLEMENT DU LAC DEM ............................................................................................ 44
CHAPITRE IV : LA DYNAMIQUE MORPHO-PEDOLOGIQUE DANS LE COMBLEMENT DU LAC .....55
CHAPITRE V : L’ETAT ACTUEL DU COMBLEMENT DU LAC DEM ........................................................... 68
CHAPITRE VI : LES CONSEQUENCES DU COMBLEMENT DU LAC DEM ET LES PERSPECTIVES DE
LUTTE CONTRE CE PROCESSUS ............................................................................................. 76
CONCLUSION GENERALE ...................................................................................................................................89
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................................... 90
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES...................................................................................................................... 94
ANNEXES ................................................................................................................................................................ 100
TABLE DES FIGURES ............................................................................................................................................115
TABLE DES TABLEAUX .......................................................................................................................................115
TABLE DES MATIERES........................................................................................................................ 116
6
SIGLES ET ABREVIATIONS
BUNASOLS : Bureau National des Sols
CES/AGF :
CIRD :
Conservation des Eaux, des Sols et Aménagement et Gestion des
Forêts
Centre d’Information pour la Recherche et le Développement
CNRST :
DGACM :
Centre National de Recherche Scientifique et Technique
Direction Générale de l'Aviation Civile et de la Météorologie
ENRECA : Enhance Research Capacities
ETP : Evapotranspiration Potentielle
IDR : Institut de Développement Rural
IGB : Institut Géographique du Burkina
IGN /France : Institut Géographique National
INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PVA : Prises de Vue Aérienne
SIG : Systèmes d’Information Géographique
7
INTRODUCTION
L'eau est une ressource indispensable pour toute vie sur terre. Pour VALERY (in DIPAMA
J.M. 1992), « la vie n'est rien d'autre que de l'eau organisée ».
Cette eau, au Burkina Faso comme dans tous les pays sahéliens, provient principalement des
précipitations. Le mécanisme de ces dernières est lié au Front Inter-tropical (F.I.T).
L'insuffisance et la mauvaise répartition de ces précipitations dans le temps et dans l'espace,
la dégradation des sols et de la végétation du fait d’une pression démographique de plus en
plus forte, ont conduit et conduisent toujours certains pays comme le Burkina Faso à
rechercher de nouvelles stratégies pour une gestion efficiente de ses ressources naturelles.
C'est dans ce contexte que, d’une part, est vulgarisée et encouragée l’utilisation des
techniques de CES/AGF ; d’autre part, sont construites ou aménagées de nombreuses
retenues d'eau.
Malheureusement au Burkina Faso en général, au Centre Nord en particulier et surtout dans
la province du Sanmatenga où se situe le lac Dem, la dégradation continue du milieu naturel
favorise le ruissellement des eaux de pluie sur le bassin versant. Ainsi, les eaux de
ruissellement transportent d'importantes quantités de matériaux vers les cours d’eau. Ces
derniers se chargent de les déposer dans les lacs et barrages.
La conséquence de ces dépôts est le comblement progressif de ces retenues.
Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique tropicale, le phénomène de comblement des
retenues d’eau reste encore peu connu dans tous ses aspects.
Parmi les travaux effectués jusque-là au Burkina Faso, nous avons ceux de GRESILLON J.M.
(1976), de DIPAMA J.M. sur les trois barrages de Ouagadougou (1992) ; de OUEDRAOGO A.
(1994) sur le barrage de Laaba, de SANON O.I. (1998) sur le barrage de Tamasgho, de
YADILA G.C. (2000) sur le lac Dem, et de BOENA C. (2001) sur le lac Bam.
Certains résultats des travaux sur le barrage de Tamasgho (situé au Nord-Est de la rive
droite du lac Dem) et le lac Dem sont édifiants :
8
- l'envasement moyen annuel du barrage de Tamasgho était de 83 898,8 m3, pour une
dégradation spécifique de 466,1 m3/km2/an en 1998. Cependant, le barrage de Tamasgho
construit en amont du lac Dem, constitue pour ce dernier un barrage de décantation. Ainsi, il
favorise l’accumulation de sédiments en amont du barrage. C’est lorsque celui-ci déverse ses
eaux que le lac Dem reçoit également des alluvions ;
- YADILA G.C., ayant axé ses travaux sur la cuvette lacustre, a estimé le volume moyen de
dépôts sédimentaires dans le lac Dem à 2 400 000 m3 environ, en 2000. En outre, à partir des
formules de GRESILLON, de GOTTSCHALK et de WISCHMEIER, il a calculé les apports
annuels de terres dans le lac. Ces apports étaient estimés, respectivement à 82 400 m3/an,
57 200 m3/an et 53 000 m3/an.
Ces résultats montrent à quel point le processus d’envasement constitue un danger pour la
« pérennisation » des retenues d’eau au Burkina Faso.
Face à cette évidence, il est plus que nécessaire de chercher à maîtriser les mécanismes de ce
phénomène et de mieux appréhender ses causes, ses conséquences socio-économiques et
géomorphologiques.
C'est dans cette perspective que nous avons étudié le thème « Contribution à l’étude du
comblement du lac Dem : les apports de la rive droite (Province du Sanmatenga) », pendant que
OUEDRAOGO N. travaillait sur la « Perception paysanne du comblement du lac Dem ». Les deux
thèmes ont été proposés par l’équipe Centre-Nord du Projet ENRECA IDR/UFR-SH qui
nous offrait ainsi les possibilités d’appui financier et logistique.
Le lac Dem est une retenue d’eau naturelle située dans le village de Dem, à 13 km au Nord-
Ouest de Kaya. Selon IWACO B.V. (International Water supply Consultants - Bassin
Versant ; 1982), le bassin versant du lac Dem fait partie de celui de la vallée des lacs (775 km2
de superficie). Ce dernier est composé de trois ensembles : le bassin versant du barrage de
Tamasgho (180 km2), celui du lac Dem (400 km2) et celui du lac Sian (175 km2). Toutefois, le
bassin versant du barrage de Tamasgho constitue un sous bassin versant de celui du lac Dem
(figure n° 1 p.15).
9
La rive droite du lac Dem s’étend sur une superficie de 15 609,041 ha*. Elle est comprise entre
1°9’10’’ et 1°3’52’’ de latitude Nord, 13°10’10’’et 13°21’11’’de longitude Ouest.
Selon DA D.E.C. et al. (Projet ENRECA – 2002), le site du lac Dem a servi en 1998 de lieu de
rencontre entre le Ministère de l'Agriculture et les producteurs du Centre-Nord très
préoccupés par un déficit de plus en plus prononcé en eau, particulièrement dans les lacs et
barrages. Cette rencontre a permis au Ministre de tutelle, accompagné de son personnel
technique de constater le phénomène de comblement du lac Dem et de donner des directives
pour que des propositions de solutions puissent être faites.
C'est dans ce contexte et face aux multiples possibilités (activités et produits) offertes par ce
lac aux populations riveraines d'une part, aux villes de Kaya et de Ouagadougou d'autre
part, que s’investir dans la recherche de solutions devient une nécessité.
L'objectif principal de cette étude est de mieux comprendre et maîtriser les mécanismes de la
dynamique actuelle et du comblement du lac Dem, afin de proposer des solutions à même de
ralentir, voire bloquer le processus en cours. Cet objectif principal se scinde en plusieurs
objectifs spécifiques à savoir :
- rechercher les causes et les mécanismes de comblement du lac ;
- évaluer l'ampleur des dépôts dans le lac ;
- mettre en évidence les conséquences du phénomène ;
- évaluer l'efficacité des techniques de lutte anti-érosive utilisées sur la rive droite ;
- éventuellement, faire des propositions d'actions et d'aménagements pour lutter contre le
fléau, afin que les populations puissent exploiter de façon durable les produits du lac.
L'analyse du processus de comblement fait intervenir de nombreux facteurs aussi bien
physiques qu'anthropiques. De ce fait, soucieux d'une meilleure compréhension de
l'organisation et de la dynamique de ces facteurs, nous choisissons d'appliquer l'approche
systémique. Cette approche consiste à analyser un ensemble d’éléments composites,
entretenant entre eux des relations d’interaction et d’interdépendance.
Ainsi, la recherche méthodologique a concerné les travaux préliminaires, les travaux de
terrain, les analyses de laboratoire et de bureau.
*
Superficie calculée à partir de l’interprétation des PVA de 1996.
10
- Les travaux préliminaires ont comporté la revue de littérature, la collecte des données
climatiques et l'exploitation des cartes et photographies aériennes.
La revue de littérature a concerné l’exploitation des thèses, des mémoires, des revues, des
ouvrages et des articles. Les uns traitant de la dynamique actuelle et du comblement des
retenues d'eau, les autres se rapportant à la région de Kaya ou au lac Dem.
Pour la consultation de ces documents, nous avons été dans les bibliothèques de l’université
de Ouagadougou et de Mr DA D.E.C., dans les centres de documentation de certains
organismes, institutions, et services tels le C.N.R.S.T., l'E.I.E.R., le C.I.R.D., l'O.N.B.A.H.
(Office National des Barrages et Aménagements Hydrauliques) et le P.I.S. (Plan International
du Sanmatenga).
La collecte des variables climatiques a eu lieu, en majeure partie, à la Direction Générale de
l'Aviation Civile et de la Météorologie. Elle a concerné : les précipitations, le nombre de jours
de pluie, les températures, les vents et l’humidité relative, de 1960 à 2002.
Les données de précipitations de l’année 2002 ont été recueillies à la Direction Régionale de
l’Agriculture et des Ressources Halieutiques (DRARH) à Kaya.
Dans le soucis d’avoir des informations exactes* et plus récentes, certaines variables telles les
vents et l’humidité relative de la station de Ouahigouya, ont été traitées pour les quinze
dernières années (1987 à 2001).
Les effectifs de population des villages de la rive droite du lac Dem ont été recueillis à l’INSD
et au P.I.S. à Kaya.
Les données cartographiques ont été fournies par le BU.MI.GE.B. et le C.I.R.D. Il s’agit
respectivement des cartes géologique au 1/200 000 de DUCELLIER J. (1954), et pédologique
au 1/200 000 de l’ORSTOM (1973).
L'interprétation des PVA a concerné les missions A.O. ND-30-XI 1955-1956 Kaya, 82 037-B
Kaya, et 96 158-B Kaya, au 1/50 000. Celle-ci nous a permis de délimiter la rive droite du lac
Dem, de constater l'évolution du couvert végétal et l'occupation des terres et de réaliser la
carte morpho-dynamique.
*
Certains mois n’ont pas de données climatiques.
11
- Les travaux de terrain ont permis non seulement de toucher du doigt les réalités du
terrain, mais surtout de mieux appréhender les phénomènes de la dynamique actuelle et de
comblement du lac Dem.
Les observations et description de la rive du lac ont concerné aussi bien les aspects physiques
que les activités menées par les populations. Celles-ci ont été effectuées à partir de quatre
toposéquences (figure n° 5 p.34 et annexe n° 12 p.113) :
* l'étude du couvert végétal, à travers des inventaires floristiques complets sur
des parcelles de 50 m x 25 m ;
* la mesure du taux de recouvrement des ligneux sur ces mêmes parcelles ;
* l’étude des sols, où l'accent a été mis sur la description des états de surface, la
couleur, la texture, la structure et la profondeur (grâce aux incisions des cours d'eau).
La quantification de la dynamique érosive sur la rive droite du lac Dem a concerné :
* l’utilisation d’une vingtaine de baguettes d’érosion, longues chacune de 50
cm. Celles-ci ont été fixées de moitié, sur les segments des toposéquences n° 1 et 2. Cela a
permis de mesurer le décapage ou le dépôt de sédiments au niveau des différentes unités
(TOEBES C. et GURYVAEV V., 1970) ;
* la mesure de l'effet « splash » à travers l’adoption de la méthode de
FOURNIER F. (1960). Celle-ci consiste à mettre en terre une bouteille munie d’un entonnoir
circulaire de 15 cm de diamètre. Ce dernier est placé à quelques millimètres au dessus du sol,
de sorte qu’il ne recueille pas les eaux de ruissellement (planche n° 2 photo n° 3 p.96).
Les sédiments de fond des bouteilles, prélevés après chaque pluie*, ont été séchés et pesés.
Trois bouteilles ont été installées sur la rive droite : dans le bas-fond, sur le bas glacis et sur le
moyen glacis. Cela a permis de mesurer la quantité de matériaux déplacés par le « splash »
durant la saison pluvieuse 2002 ;
* la mesure du ruissellement diffus et en nappe à travers l’installation sur le bas
glacis, de trois placettes de dimension 128 cm x 83 cm chacune. Celles-ci sont munies de
cuves de réception (Méthode de l’Ecole Inter-Etats d’Ingénieurs de l’Equipement Rural). Les
*
Les prélèvements ont été effectués par un résident de Zorkoum.
12
prélèvements d'eau et de boue après chaque pluie*, leurs mesures et pesées ont permis de
calculer les coefficients de ruissellement et les pertes de terres en 2002. Ces installations ont
été réalisées à trois endroits : dans un champ de sorgho, dans le même champ avec un
cordon d'Andropogon gayanus, et dans une zone dégradée (planche n° 2 photo n° 4 p.96 et
annexe n° 13 p.113) ;
* les mesures des profils et des têtes de ravine : les premières ont été réalisées à
partir d’un fil étalonné, fixé transversalement à la ravine à l’aide de deux piquets. Avec un fil
à plomb, on mesure verticalement la profondeur de la ravine suivant les points étalonnés.
Lorsque les berges présentent des « pseudo-tafonis », on effectue les mesures en pendant un
second fil étalonné perpendiculairement au premier. Puis, on mesure horizontalement la
distance entre ce second fil et le profil du « pseudo-tafonis ».
Les secondes mesures ont consisté à fixer un piquet au centre et un autre hors de la tête de
ravine. Suivant le segment de droite qui existe entre ces deux piquets, on mesure la distance
entre le piquet central et le bord de la tête de ravine. Cette opération est répétée sur toute la
forme de ladite tête en respectant un écart d’angle constant de 5 °C entre chaque point
mesuré (DA D.E.C., 1984).
Ces mesures ont concerné quatre profils transversaux et quatre têtes de ravine. Elles ont été
effectuées en avril et en novembre 2002.
Par ailleurs, des observations ont été faites aussi bien sur la dynamique éolienne passée que
présente : la première a porté sur l’analyse des données climatiques de la DGACM ; la
seconde a concerné les observations directes lors de notre séjour sur le site d’étude.
La mise en évidence du comblement du lac Dem a porté sur :
* les sondages à la perche qui ont été effectués, en mai 2002, sur les berges
septentrionales du lac Dem. Ils ont consisté à y mesurer l'épaisseur des sédiments déposés.
Cela à l'aide d'une perche en fer graduée et longue de 3,10 m (démontable par mètre). En
outre, les coordonnées de chaque point sondé ont été enregistrées grâce à un GPS (Global
Position System) ;
*
Les prélèvements ont été effectués par un résident de Zorkoum.
13
* la mesure de l’épaisseur exacte des sédiments allochtones des berges du lac.
Cela à travers la réalisation, en mai 2002, de profils pédologiques des fosses. Celles-ci ont été
creusées en aval des deux ravines (n° 1 et 2) à grande entrée de sables dans le lac et sur les
berges de celui-ci. Le GPS a servi à enregistrer les coordonnées géographiques (annexe n° 8
p.109) ;
* la mesure des apports alluviaux latéraux dans la cuvette du lac. Pour cela, des
piquets d’érosion longs de 1m chacun, ont été enfoncés de 75 cm à l’embouchure des ravines
n° 1 et 2. La fixation de ces piquets, séparés de 100 m chacun, a eu lieu en avril 2002 (annexe
n° 8 p.109).
Par ailleurs, des échantillons d'eau du lac Dem, de sols et de sédiments ont été prélevés pour
des analyses.
- Les analyses de laboratoire et de bureau ont concerné :
* la granulométrie et la morphoscopie des sables, de même que la mesure de la
perméabilité (méthode de HENIN), au sein du Laboratoire de Géographie Physique de
l’Université de Ouagadougou ;
* la sédimentologie et la détermination des paramètres physico-chimiques des
échantillons de sols, au BUNASOLS ;
* la pesée des échantillons de terres déplacées par l’effet « splash » et l’érosion
aréolaire, au Laboratoire d’Ecologie de l’Unité de Formation et de Recherche en Science de la
Vie et de la Terre (UFR-SVT) de l’Université de Ouagadougou ;
* la détermination des paramètres microbiologiques de l’échantillon d'eau du
lac Dem, au département de Génie Sanitaire de l’EIER.
Les travaux de bureau ont consisté entre autre à l’interprétation des PVA et à la réalisation
des différentes cartes avec le logiciel Arcview GIS 3.2. La finalisation du mémoire a été
possible, grâce aux logiciels Microsoft World et Microsoft Excel.
Ces travaux se sont déroulés au Projet ENRECA IDR/UFR-SH et au Laboratoire de
Télédétection et SIG du Département de Géographie.
14
Lors de l’application de l’approche méthodologique sur le site d’étude, nous avons été
confrontés à quelques difficultés. Il s’agit essentiellement :
- de la disparition de certains piquets d’érosion, qui ont été emportés par le
ruissellement ou arrachés par les populations ;
- de la perte de quelques grammes d’échantillon de terres par notre échantillonneur.
Certains sachets contenant les sédiments ont été détruits par des termites ;
- de l’installation tardive des systèmes de mesure de l’effet « splash » et de l’érosion
aréolaire. En effet, ces systèmes ont été mis en place le 1er mai, après les pluies des 5 et 7 avril
2002 ;
- du faible temps de stockage des données par la mémoire de notre GPS. Nous
ignorions cela. Par conséquent, les coordonnées géographiques des éléments enregistrés
(placeaux, profils et têtes de ravines, points sondés à la perche, fosses creusées pour mesurer
l’épaisseur des alluvions du lac) n’ont pu être exploitées.
En dépit de ces difficultés, nous avons obtenu des résultats pertinents qui ont permis la
réalisation de ce document.
Le présent mémoire comporte six chapitres, structurés en deux parties :
- la première partie aborde le contexte physique et humain du lac Dem. Elle comporte deux
chapitres ;
- la seconde partie traite des apports de la rive droite, de leurs conséquences et des
perspectives de lutte contre le comblement du lac Dem. Elle se subdivise en quatre chapitres.
15
Figure n° 1
16
PREMIERE PARTIE
LE LAC DEM DANS SON CONTEXTE
PHYSIQUE ET HUMAIN
La meilleure compréhension de l’environnement du lac Dem passe par une analyse du cadre
physique et des aspects humains. Cette analyse a pour but d’établir des liens entre les
différents éléments du milieu et de faire ressortir les traits spécifiques de la zone d’étude.
Dans cette partie, l’accent sera mis sur les aspects physiques et humains de la rive droite du
lac Dem.
17
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
DU SITE D’ETUDE
A – Le climat régional
« Tout milieu géographique, terrestre ou océanique de surface, baigne dans l’atmosphère et
subit ses variations saisonnières de température, d’humidité, d’électricité statique, etc.,
auxquelles on donne le nom de climat » (DEMANGEOT J., 1976, p.23). Il est donc la
résultante de l’action de plusieurs facteurs dont les plus déterminants pour notre thème
d’étude sont : la pluviométrie, les vents et les températures.
Selon le découpage phytogéographique de GUINKO S. (1987), la région de Kaya est située
dans la zone Nord-Soudanienne. Le climat, de type soudano-sahélien, est caractérisé par une
saison pluvieuse (de mai en octobre) et une saison sèche (de novembre en avril).
Par ailleurs, l’absence de données sur les vents, l’humidité relative et l’évaporation à Kaya,
nous a conduit à utiliser les relevés de la station synoptique de Ouahigouya ; car ces
variables climatiques de cette localité ont des valeurs proches de celles de notre site d’étude.
1. L’ensoleillement et les températures
Selon GUILLET F. (1991), l’ensoleillement suit de toute évidence l’année solaire. Son
maximum correspond à l’été (21 juin - 21 septembre). Cependant, l’arrivée des masses d’air
humides du golfe de Guinée entraîne une chute considérable de l’ensoleillement moyen
journalier dès le début du mois de juin.
Les variations thermiques de la région de Kaya sont relativement importantes. Elles sont
caractérisées par quatre périodes à savoir, deux périodes de forte chaleur et deux périodes de
relative fraîcheur :
- les périodes chaudes se situent, d’une part entre mars et mai avec des températures
maximales moyennes de 38,5 °C et minimales de 24,8 °C (1962-2000) ; d’autre part, en
octobre, juste après la saison pluvieuse. Durant cette période nous avons respectivement 35,9
°C et 22,8 °C.
18
- les périodes de fraîcheur interviennent entre novembre et février avec des températures
maximales moyennes de 33,8 °C et minimales de 18,6 °C, et pendant la saison pluvieuse (juin
à septembre). Durant cette dernière période, nous avons respectivement 32,7 °C et 22,3 °C. Le
mois de janvier est le plus frais avec 17,3 °C.
La température moyenne mensuelle est de 28,2 °C avec une amplitude thermique de 13,2 °C.
2. Les vents
A l’instar de tout le Burkina, les vents au Sanmatenga restent étroitement liés au Front
Intertropical.
La région est balayée par deux types de vents :
- de novembre en avril, souffle l’harmattan. Ce sont des vents continentaux de secteur Nord-
Est. Ils sont souvent chargés de particules fines du sol ;
- de mai en octobre, souffle un régime de pseudo-mousson chargé d’humidité. Ces vents
balaient la rive droite du lac Dem du Sud-Ouest vers le Nord-Est. Ils sont assez violents en
début et en fin de la saison pluvieuse.
3. La pluviométrie
Elle constitue un élément essentiel dans la définition du type de climat du site. Principal
agent de la morphogenèse, la pluviométrie est un facteur déterminant dans le cadre de notre
étude.
D’après les données de la DGACM, l’analyse des séries pluviométriques de Kaya entre 1960
et 2002 montre de fortes fluctuations et une tendance générale à une légère baisse (figure n° 2
a p.19). La moyenne est de 689,6 mm, les plus longues périodes excédentaires sont observées
de 1963 à 1966 (825,8 mm) et de 1973 à 1976 (833,1 mm). Les plus déficitaires se situent de
1968 à 1970 (551,2 mm) et de 1982 à 1987 (465,6 mm). La décennie de 1993 à 2002, donne une
moyenne pluviométrique de 697 mm.
Quant à la courbe des moyennes mobiles, ses valeurs sont proches des valeurs de la
moyenne pluviométrique entre 1971 et 1983. A partir de 1983 jusqu’en 1998, elle évolue en
dessous de
celle–ci, pour la rejoindre et se confondre à elle de 1999 à 2002.
19
L’analyse de la courbe du nombre de jours de pluie, pour la même période, montre
également de fortes fluctuations marquées par une tendance générale à la baisse. La
moyenne du nombre de jours de pluie est 48 (figure n° 2 b p.20).
La courbe des moyennes mobiles évolue au-dessus de la moyenne (48 jours) jusqu’en 1983,
date à laquelle, elle se situe en dessous de cette dernière.
Dans l’ensemble, les conséquences de ces fluctuations, surtout les tendances à la baisse des
précipitations et du nombre de jours de pluie, ne favorisent pas le développement du couvert
végétal : certaines espèces soudaniennes (Parkia biglobosa, Adansonia digitata, Vitellaria
paradoxa, Bombax costatum, Ceïba pentandra, Sclerocarya birrea) disparaissent au profit des
espèces sahéliennes qui résistent mieux aux rudes conditions climatiques.
Toutefois, ces précipitations jouent un rôle prépondérant dans l’altération des roches.
Figure n° 2
a/ VARIATION INTERANNUELLE DES PRECIPITATIONS
A KAYA (1960 - 2002)
0,0
200,0
400,0
600,0
800,0
1000,0
1200,0
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
Années
Précipitations(mm)
Précipitations M oyenne Droite de tendance M oyenne m obile sur 11 ans
Source de données : DGACM
20
b/ VARIATIO N INTERANNUELLE DU NO M BRE
DE JO URS DE PLUIE A KAYA (1960 - 2002)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
Années
Nombredejoursdepluie
Nom bre de jours de pluie M oyen Droite de tendance M oyenne m obile sur 11 ans
Source de données : DGACM
B- Les formations géologiques
DUCELLIER J. (1954) intègre la structure géologique de la région de Kaya dans l’ensemble
du bouclier précambrien Ouest-africain.
Ce grand ensemble présente un substratum très hétérogène représenté par les roches
métamorphiques (Birimien) et les roches cristallines sur la rive droite du lac Dem (figure n° 3
p.22).
1. Les roches métamorphiques
Sur la rive droite du lac Dem, ces roches métamorphiques se répartissent en deux groupes,
définis par DUCELLIER J. (1954) :
- le groupe de Rissiam comprend des schistes argileux (de teinte rouge, violacée et blanche),
des cherts noirs de volcans composés de cendres et tufs acides à neutres lités, des niveaux
intercalaires de schistes graphiteux et de tufs ferromanganésifères, etc. (planche n° 1 photo n°
1 p.95).
21
Les schistes birimiens représentent l’une des formations les plus répandues dans la zone.
Leurs affleurements correspondent aux collines de schistes à Dem et à Niangado ;
- le groupe de Dacola comprend des roches ortho-métamorphiques ou « roches vertes » qui
caractérisent le Birimien supérieur. Les plus fréquentes sont les gabbros, les amphiboles et les
amphibolo-schistes.
Leurs affleurements correspondent aux chaînes de collines continues très caractéristiques,
apparaissant à Dem et à Niangado.
2. Les roches cristallines
Il s’agit de roches plutoniques de la famille des granites. Sur la rive droite du lac Dem, ces
roches sont représentées par des migmatites qui font partie des granites intrusifs. Cette
formation géologique occupe plus de 90 % du site d’étude, car elle s’étend de l’amont de lac
Dem à Sorodin en passant par Bandéga et Siguinoguen.
Elles affleurent sous forme de batholite au Nord-Ouest de Siguinoguen et de chaos à
Kamsaonguin.
Cet ensemble géologique, ayant subi des déformations tectoniques au cours des temps
géologiques, a favorisé la mise en place d’un relief plissé. Celui-ci a connu différentes phases
d’altération et de dynamique superficielle donnant naissance à plusieurs types de sols.
22
Figure n° 3
23
C- Les unités morpho-pédologiques de la rive droite du lac Dem
La zone étudiée met en évidence deux grandes zones :
- une zone très accidentée au Sud-Ouest (du Sud-Ouest de Dem au Nord de Niangado),
dominée par des collines birimiennes et quelques buttes cuirassées. Ces modelés sont
caractérisés par des lithosols et des sols peu évolués sur les versants ;
- une zone faiblement ondulée qui occupe le Sud-Est (lac Dem), le Nord et l’Est de la rive
droite du lac Dem. Il s’y développe des sols peu évolués, des sols ferrugineux tropicaux
peu lessivés et des sols hydromorphes (figure n° 4 p.31).
1. Les éminences aux sols minéraux bruts et peu évolués
Elles correspondent aux collines birimiennes et aux buttes cuirassées.
a/ Les collines birimiennes
C’est un ensemble de collines irrégulières, avoisinant 400 m d’altitude. Elles font parties
de « l’arc » formé par les chaînes de collines birimiennes au Centre-Nord du Burkina
Faso. Sur notre site, elles sont orientées du Nord-Ouest au Sud-Est (photo n° 1).
Avril 2002
Photo n° 1 : Chaîne de collines birimiennes au Sud-Ouest de la rive droite
du lac Dem. Ce sont des collines de roches vertes et schisteuses surtout.
Ils s’y développent une savane arbustive à Combrétacée.
Par ailleurs, suite aux différents changements climatiques, marqués par des alternances
de périodes humides et sèches et à l’érosion différentielle qu’a subi la région, des dalles
« Colline de Dem »
24
cuirassées ont été mises en place sur une partie de ces collines. Ainsi, ces collines sont
coiffées de cuirasse autochtone généralement bauxitique à des altitudes dépassant 500
m : c’est le cas des collines de Dem et de Niangado avec respectivement 508 et 510 m
(BOUGERE J., 1976).
Ces dalles sommitales, subhorizontales, sont souvent diaclasées surtout à leurs corniches.
Ces dernières se désagrègent généralement en gros blocs de cuirasse.
Seuls des sols minéraux bruts peuvent se développer sur ces cuirasses bauxitiques
dénudées. Celles-ci présentent un profil R ou CR qui peut parfois évoluer en (A)CR. Ce
profil est caractérisé par l’abondance de gravillons.
Les collines de roches vertes fournissent parfois les pierres pour la construction des
ouvrages de conservation des eaux et des sols au même titre que les buttes cuirassées.
b/ Les buttes cuirassées
Les buttes cuirassées isolées, constituent des pseudo-cuestas, témoins d’une érosion
différentielle qui a favorisé leur exhumation. Elles ont des sommets en dalles de cuirasse
ferrugineuse parfois désagrégées. Ces cuirasses sont caractérisées par leur homogénéité.
Mais elles peuvent être « conglomératiques » (cuirasses allochtones), formées par la
consolidation des galets de cuirasses bauxitiques, ferrugineuses et de plaquettes de
schistes par un ciment ferrugineux plus récent.
Il ne peut ainsi s’y développer que des lithosols sur cuirasse.
Par contre, les versants de ces buttes, souvent pavés de blocs de la cuirasse sommitale,
sont soumis à la dynamique superficielle. Ils sont caractérisés des sols peu évolués
d’érosion (au haut versant) et d’apport (au bas versant) de profil pédologique respectif
(A)CR et ACR.
Ces buttes cuirassées existent sur la rive droite du lac Dem. On les trouve au Nord-Ouest
de Siguinoguin, à l’Ouest et au Sud-Est de Pousdoum et au Nord de Sorodin.
2. Les dépressions périphériques aux sols dénudés
Elles sont localisées entre les collines birimiennes et l’alignement des hauts glacis. Leur
mise en place s’est faite suite à une érosion différentielle.
25
De forme allongée, les dépressions périphériques au Sud de la colline de Dem et au Nord-
Est de celle de Niangado, sont des zones de collecte des eaux provenant des sommets.
Ces dépressions périphériques sont caractérisées par des lithosols et des sols peu évolués.
En effet, lors de nos travaux de terrain en avril 2002, nous avons observé des sols peu
évolués d’apports colluvio-alluvionnaires constitués de galets de roches vertes, de
cuirasses, de plaquettes de schistes, de gravillons, et de dépôts sablo-argileux souvent
encroûtés en surface. Particulièrement, dans la dépression périphérique au Sud de la
colline de Dem, des schistes graphiteux affleurent (planche n°1 photo n° 1 p.95).
Les dépressions périphériques constituent une zone de passage préférentiel des cours
d’eau. Les têtes de ces cours d’eau évoluent progressivement vers les collines birimiennes
et les glacis cuirassés.
3. Les glacis cuirassés à lithosols
Ils correspondent à la surface topographique qui sépare certains reliefs de
commandement des glacis actuels.
a/ Les hauts glacis cuirassés
Ils s’organisent autour des collines birimiennes, en plan légèrement incliné de façon
divergente par rapport à ces reliefs centraux. Ces hauts glacis ont des cuirasses
ferrugineuses de 1 à 2 % de pente dans la partie inférieure et de 4 à 8 % dans la partie
supérieure (forme de pseudo-cuesta). Les corniches, formées d’une cuirasse ferrugineuse
épaisse (dépassant 10 m parfois), sont reliées aux dépressions périphériques par des talus
de raccordement versant.
Ces surfaces cuirassées possèdent des lithosols sur cuirasse présentant un profil R ou CR
qui peut évoluer en (A)CR au niveau des talus.
Ces mêmes types de sols existent au niveau des moyens glacis cuirassés.
b/ Les moyens glacis cuirassés
Ils constituent l’unité topographique située entre les hauts glacis et les bas glacis.
Les moyens glacis sont en contre-bas des hauts glacis et sont généralement reliés à ces
derniers par un talus.
26
Mais au Sud-Ouest de Dem ces deux unités sont plutôt séparées par une « dépression »
qui a été mise en place probablement par l’érosion différentielle. Nous y avons observé
des sols dénudés recouverts parfois de dépôts gravillonnaires.
Le moyen glacis qui est relié à cette « dépression » par un talus, possède une cuirasse
ferrugineuse plus ou moins démantelée et recouverte de pierrailles.
Ce moyen glacis, aux pentes douces, est caractérisé par des lithosols sur cuirasse
désagrégée partiellement. Il en résulte d’importants épandages gravillonnaires, parfois
sur des altérites. Celles-ci affleurent surtout sur le talus de raccordement qui relie ce
moyen glacis au bas glacis.
4. Les bas glacis et les plaines aux sols ferrugineux tropicaux
peu lessivés
Ils représentent le niveau de base relativement plat au-dessus duquel s’élèvent les unités
topographiques précédemment décrites. Ils sont le lieu de développement des sols
profonds à sesquioxydes.
Les bas glacis sont caractérisés par des pentes supérieures et inférieures, parfois séparées
par des pentes intermédiaires :
- les pentes supérieures des bas glacis de la rive droite du lac, sont situées aux
environs immédiats des collines birimiennes et des hauts glacis cuirassés. Elles ont des
sols ferrugineux tropicaux peu lessivés à drainage interne limité en profondeur
(ORSTOM, 1973). Ces sols évolués présentent un profil différencié A(B)CR ou ABCR.
Selon ZOMBRE P. et al. (Projet ENRECA, 2002), ils sont de couleur brune dans les 50
premiers centimètres, de texture grossière (sableuse) aux 20 premiers centimètres et fine
(argileuse) en dessous. Ils se développent sur des sables éoliens ou en association avec des
matériaux gravillonnaires ;
- les pentes intermédiaires : le parcours de la rive droite du lac Dem, nous a permis
d’identifier une zone de transition (pente intermédiaire) au Sud-Ouest de Toyandé. Cette
zone, à pente douce, est caractérisée en grande partie par un développement important
des sols dénudés (« zipella ») de 5 ha environ. Ce sont des sols de couleur brune à brun-
jaunâtre encroûtés parfois, à texture sablo-argileuse ;
- sur les pentes inférieures, qui sont les parties aval des bas glacis, s’y développent
localement des sols peu évolués d’apport colluvio-alluvionnaire et surtout alluvionnaire.
27
Ils se localisent au Nord-Ouest de Zorkoum et au Sud de Sorodin. Mais la tendance
générale est le développement de sols évolués, ferrugineux tropicaux lessivés modaux de
couleur brun-jaunâtre à brun fort, à texture sablo-limoneuse ou limono-sableuse en
surface.
Les plaines, caractérisées par une altitude moyenne relativement faible (300 m) et un
écoulement des cours d’eau à fleur de sol, à Pousdoum, Bandega et Sommyalka, ont le
même type de sol.
Par ailleurs, la profondeur de ces sols (supérieure à 1 m), est généralement plus
importante dans les bas-fonds.
5. Les bas-fonds et le lac Dem aux sols hydromorphes
Ils représentent la surface topographique la plus basse du modelé où convergent les eaux
des unités sus-jacentes.
a/ Le réseau hydrographique
Assez dense sur la rive droite du lac Dem, le réseau hydrographique est composé de
griffures, de ravineaux, de rigoles et de ravines.
Les incisions les plus importantes sont de grandes ravines caractérisées par des lits et des
berges de formes variables. En effet, la ravine observée au Sud-Ouest de Dem présente un
lit plat et large (plus de 15 m par endroit) avec des alluvions sableuses et sablo-
gravillonnaires, des berges abruptes mesurant 3,10 m localement (photo n° 8 p.62).
Les lits de certaines ravines à Dem et Niangado sont occupés par d’importants
affleurements de cuirasses ferrugineuses. De part leur position topographique, elles
pourraient être qualifiées de « cuirasses de nappe », mises en place par la consolidation
des galets de roches vertes, de cuirasses bauxitiques et ferrugineuses et des plaquettes de
schistes par un ciment ferrugineux.
b/ Les zones inondables
Ce sont des zones alluviales plus ou moins encaissées, temporairement inondées. Elles
comportent une pente de raccordement au glacis appelée chanfrein.
28
La pédogenèse se caractérise par la formation des sols hydromorphiques à pseudo-gley
d’ensemble. Ces sols présentent un profil en ABCR. Mais dans l’horizon B
d’accumulation, la kaolinite a évolué en pseudo-gley. L’horizon A a une texture sablo-
argileuse ou argilo-sableuse. De couleur gris-rosâtre à rose dans les 10 premiers
centimètres, qui devient jaune-brunâtre avec la profondeur, ces sols se développent au
Sud de Sorodin où ils sont exploités pour la riziculture.
Par contre, les berges en aval du lac Dem, plus précisément du déversoir jusqu’au-delà de
l’embouchure de la ravine n° 2 à l’Est de Dem, sont recouvertes d’importants dépôts
sableux. Ces épandages de sables se prolongent jusque dans la cuvette du lac Dem (photo
n° 2).
OUEDRAOGO N. Avril 2002
Photo n° 2 : Dépôts sableux en aval du lac Dem à Zorkoum. Ces dépôts ont
formé un « delta alluvial» à l’embouchure de la ravine n° 1, en amont de la
digue. C’est la première voie d’alimentation du lac en sédiments sableux
c/ Le lac Dem
Topographiquement c’est le point le plus bas de notre site d’étude. Il constitue la zone de
collecte de toutes les eaux de la rive droite.
C’est un lac naturel et permanent ; ce qui favorise le développement de sols
hydromorphes à gley. Ceux-ci sont de couleur grise à gris-violacée, tachetés de rouille
avec une texture lourde (argileuse) de la surface en profondeur.
Dépôts sableux
Lac Dem
29
L’échantillon de la roche-mère schisteuse altérée (échantillon E 8) exhumé à 2,80 m de
profondeur, grâce aux fosses à sédiments, répond aux mêmes caractéristiques.
L’utilisation de la méthode de HENIN nous a permis de mesurer sa vitesse de filtration :
K = 0,42 cm/h. Cette valeur très faible favorise plus la stagnation des eaux que leur
infiltration (annexe n° 1 p.101).
Selon YADILA G. C., après les travaux de réfection de la digue en 1990 par les Chinois,
avec son seuil calé à 290,0 m, le lac devrait avoir une capacité de stockage en eau de
11 000 000 m3. Mais le bilan de la situation hydraulique fait par la Direction Régionale de
l’Hydraulique de Kaya en 1996, a révélé que cette capacité était réduite à 4 000 000 m3.
Cela était probablement dû à son envasement progressif et à la baisse des précipitations.
- La morphométrie du lac Dem
D’après la carte géologique de DUCELLIER J. (1954), le lac Dem s’est installé sur des
schistes argileux et sur des granites migmatiques. Il s’incline du Nord au Sud.
Le lac a une forme allongée et s’étend sur une longueur de 7,5 km environ avec une
largeur moyenne de 950 m (annexe n° 2 a p.102).
Selon IWACO B.V., dans la partie Nord du lac situé entre 5 et 6 m de la digue, le sol de la
vallée est plat avec des pentes de 1 %. Au-delà, les pentes diminuent jusqu’à 0,6 %.
L’analyse du profil en long du lac, de l’amont à la digue, donne en 1982 une dénivelée de
3,2 m et une profondeur moyenne de 2 m (annexe n° 2 b p.102).
- Les caractéristiques de la digue du lac Dem
Construite en 1990 en aval du lac, la digue est constituée de matériaux compacts (dalles,
moellons de cuirasse). Elle s’étend sur une longueur de 405,4 m pour 4 m de largeur ; sa
crête est à la côte 292,65 m.
Les talus amont et aval, de 0,5 % de pente, sont revêtus d’un perré maçonné d’une
épaisseur de 25 cm.
Par ailleurs, le déversoir construit au centre de cette digue, est à la côte 290,90 m et
mesure 50 m de long sur 4 m de largeur. Il comporte en aval un bassin de dissipation
d’énergie, construit en moellons de 5 m de largeur (photo n° 3 p.30).
30
Avril 2002
Photo n° 3 : La digue munie du déversoir central en aval du lac Dem, à
Zorkoum. D’imports dépôts sableux occupent l’amont de la digue. Une
lame d’eau y ruisselle après la pluie du 7 avril 2002.
Déversoir
Digue
Dépôts sableux
31
Figure n° 4
32
D- Les formations végétales
Selon GUINKO S. (1984), notre zone d’étude appartient au domaine phytogéographique
sahélien, plus précisément au secteur subsahélien.
La végétation de la rive droite du lac Dem est fortement anthropisée, constituée de savanes
parcs qualifiées de « paysages agrestes » par GUINKO S.
Ainsi, lors de nos travaux de terrain (réalisation de transects n° 1, 2, 3 et 4 auxquels sont liées les
fiches d’inventaire floristique de l’annexe n° 3 p.103), il s’est avéré que la physionomie des
formations végétales varie en fonction des unités topographiques.
1. La végétation des collines birimiennes
Sur les collines birimiennes, dominent les graminées représentées par un tapis herbacé continu
ne dépassant guère 20 cm de hauteur. Les espèces dominantes sont surtout Loudetia togoensis et
Schoenfeldia gracilis ; celles compagnes sont Cymbopogon schoenantus et Pennisetum pedicellatum.
En revanche, la végétation ligneuse est piquetée dans son ensemble et dominée par Combretum
micranthum (1,7 m), Guiera senegalensis (1,2 m) et Acacia seyal (3,275 m).
2. La végétation des glacis cuirassés
Elle est caractérisée par la savane arbustive dégradée. Ces cuirasses souvent diaclasées ne
favorisent que le développement d’une formation très éparse dominée par Combretum
micranthum (1,55 m), Guiera senegalensis (1,1 m). Les espèces compagnes sont Balanites aegyptiaca
(4 m), Piliostigma reticulatum (1,5 m), Combretum glutinosum (1,70 m) et Ziziphus mauritiana (1,2
m). Les versants sont occupés par les mêmes espèces, mais avec une densité plus importante.
Par contre, le tapis herbacé, composé souvent de Loudetia togoensis et Pennisetum pedicellatum se
développe de façon discontinue sur les dépôts alluvionnaires.
3. La végétation des glacis actuels et des bas-fonds
Sur les glacis actuels et dans les bas-fonds, il s’y développe des savanes parcs à Vitellaria
paradoxa (7,5 à 9 m), Parkia biglobosa (8 m), Lannea microcarpa (8 m), Sclerocarya birrea (7,5 m)
Acacia albida (10 m), Tamarindus indica (10 m), Bombax costatum (7 m). Des arbustes (utiles)
33
côtoient les formations arborées. Il s’agit de Diospyros mespiliformis, Balanites aegyptiaca, Ziziphus
mauritiana, Acacia nilotica, Piliostigma reticulatum,… Les cours d’eau sont jalonnés de formations
ripicoles dégradées. Celles-ci sont dominées par Mitragyna inermis (9 m), Vitellaria paradoxa (10
m) et Anogeissus leiocarpus (8 m).
Quant à la strate herbacée, celle composée de Loudetia togoensis, Pennisetum pedicellatum,
Eragrotis tremula, Cymbopogon schoenantus, Leptadenia hastata a une relative bonne vitalité sur les
zones non cultivées. Contrairement à Andropogon gayanus et Pennisetum Sp qui se situent le long
des ouvrages (cordons, diguettes, digues) ou à la limite des champs.
Dans certains champs et surfaces non cultivées, se développe Striga hermonteca, témoin de la
pauvreté des sols.
Par ailleurs, la rive droite du lac Dem est marquée, des piedmonts des collines birimiennes aux
berges du lac, par une densification progressive du couvert végétal (planche n° 5 photo n° 10
p.99). Cela donne dans les bas-fonds des ligneux de grande taille, dominés par Acacia albida (10 à
15 m), Ficus gnaphalocarpa (10 à 15 m) et Khaya senegalensis (15 à 20 m). La rive droite du lac Dem
est soumise également à une diversification et une intensification des activités humaines.
Avril 2002
Photo 4 : Savane parc à Acacia albida dans la vallée en aval du lac Dem, au
Nord de Zorkoum. Acacia albida est l’espèce dominante des formations
végétales des vallées et bas-fonds de la rive droite du lac Dem. Elle atteint
parfois 15 m de hauteur.
34
Figure 5
35
36
CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES HUMAINES
DU SITE D’ETUDE
A- La population
1. La composition et la répartition
Les villages de la rive droite du lac Dem sont repartis entre les départements de Kaya et de
Barsalgho. La population est essentiellement composée de Mossi (plus de 95 %) et de Peulh.
Ce sont des groupes ethniques sédentaires à l’exception des pasteurs Peulh.
Au Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), effectué par l’INSD en
1996, ils avaient une population de 6 492 habitants environ (tableau I).
Cette population est à prédominance jeune : près de la moitié a moins de 15 ans. Elle est
sujette à une émigration vers les grands centres urbains. Toutefois, le pourcentage
d’immigrés est relativement faible à cause de la présence du lac Dem et des terres
environnants qui constituent un centre d’intérêt économique.
Tableau I : Effectif des populations des villages de la rive droite du lac.
VILLAGES EFFECTIF DES POPULATIONS EN 1996
Bandéga Mossi 405
Bandéga Naba-Peulh 39
Bandéga Peulh 336
Dem 1 710
Dembila Peulh 360
Kamsaonguin 562*
Niangado 853
Toyandé 576
Zorkoum 1 651
Total 6 492
Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat en 1996 (INSD).
2. La densité de population et ses conséquences
L’interprétation des PVA de 1996, nous a permis de calculer la superficie de la rive droite du
lac Dem. Celle-ci est de 15 609,041 ha. Ainsi, la densité de la population est estimée à 41,6
habitants/km2. Cette densité est nettement plus élevée dans les villages riverains du lac que
*
C’est l’effectif de Ilyala dont le quartier Kamsaonguin est situé sur la rive droite.
37
sont Zorkoum, Dem, Dembila Peulh et Kamsaonguin (60 habitants/km2 environ). Par
conséquent, cette pression humaine se manifeste par une exploitation excessive des
ressources naturelles (eau, sol et végétation) à des fins socio-économiques.
B- Les activités socio-économiques
La rive droite est le lieu de diverses activités socio-économiques telles l’agriculture pluviale,
le maraîchage, l’élevage, l’artisanat et la pêche. Celles-ci concourent à des degrés variables à
la dégradation de son écosystème.
1. Les activités agricoles
- L’agriculture pluviale
C’est la principale activité pratiquée par la majorité des populations du site d’étude. De type
traditionnel, l’agriculture pluviale est tributaire de l’installation de la saison pluvieuse. Elle
s’étend des versants des collines birimiennes aux bas-fonds. Les produits issus de cette
agriculture, essentiellement destinés à l’autoconsommation, sont : le mil (principale culture
sur le site), le pois de terre et le niébé cultivés sur les versants des collines et les bas glacis ; le
sorgho (deuxième culture) et le riz (à Sorodin) cultivés dans les bas-fonds (photo n° 5).
Avril 2002
Planche n° 5 : Rizière au Sud de Sorodin. Elle occupait plus de 90 ha de
superficie en 1996. La production est destinée aussi bien à la consommation
locale qu’à la commercialisation
38
Tableau II : Production céréalière du Sanmatenga* en tonne (t).
Campagne 1999-2000
Céréales Mil
Sorgho
blanc
Sorgho
rouge
Maïs Riz** Total
Poids (t) 36 214 28 589 5 404 3 662 1 542 75 412
Source : Direction des études et de la planification (2001).
Les forces de travail sont constituées principalement par la main d’œuvre familiale. L’outil
de base pour les travaux champêtres est la daba. Cependant, les paysans pratiquent
davantage la culture attelée. Mais la charrue n’est utilisée que par quelques paysans
« nantis » lors des labours dans les rizières et les périmètres maraîchers.
- Le maraîchage
Il est pratiqué le long des berges du lac, après les travaux champêtres de la saison pluvieuse.
C’est une activité qualifiée de « contre-saison », s’étendant de novembre en avril.
L’alimentation en eau des périmètres irrigués s’effectue, soit par arrosage à la main à partir
des canaux creusés sur les berges du lac, soit par irrigation à partir de l’utilisation de pompes
NAFA (pompes manuelles ou pompes à pédales) ou de motopompes.
Les principales spéculations sont l’aubergine, l’oignon, la tomate, les choux et le haricot vert.
Certains produits maraîchers, notamment l’oignon, la tomate, la pomme de terre, le haricot
vert et la pastèque constituent de véritables cultures de rente. Leur exportation vers les
centres urbains et à l’extérieur du pays, procure aux paysans des revenus substantiels qui
leur permettent de couvrir certains besoins (tableau III p.39)..
*
Ne disposant pas de données sur la production du site d’étude,
nous proposons celle du Sanmatenga.
**
Y compris la production des plaines irriguées.
39
Tableau III : Production des principales cultures maraîchères du Centre-Nord*
Campagne 1991-1992
Cultures Superficie (m2) Rendement
(t/ha)
Production (t)
Aubergines 212,100 90 1909
Oignons 146,200 30 439
Tomates 45,800 60 275
Choux 53,900 50 270
Haricots verts 386,400 7 270
Carottes 8,300 50 42
Piment 17,700 6 11
Laitue 1,800 25 5
Pomme de terre 0,700 17 1
Autres 2,400 - -
Source : Direction des statistiques agro-pastorales - Enquêtes maraîchères (1993).
En outre, sur les berges du lac Dem le maïs est cultivé en association avec des légumes tels
les poivrons, les choux et les piments (photo n° 6 p.40).
*
Ne disposant pas de données sur la production du lac Dem,
nous proposons celle du Centre-Nord du Burkina.
40
Avril 2002
Planche n° 6 : Association de maïs et de choux dans un champ sur les berges du
lac Dem. Une partie de cette production est destinée à l’autoconsommation
tandis que l’autre est vendue.
Bien que la majorité des populations soient cultivateurs, il en existe qui pratiquent d’autres
activités.
2. Les autres activités
- L ‘élevage
De type extensif, il est perçu comme une activité complémentaire à l’agriculture. La fumure
animale est utilisée comme matière organique pour amender les champs, tandis que les
résidus de récoltes servent à l’alimentation du bétail. La taille du troupeau est un critère
d’identification du degré de richesse du paysan.
L’élevage concerne surtout le gros bétail (bovins et asins) et les petits ruminants (ovins et
caprins) ; les porcins, les équins et la volaille dans une moindre proportion (tableau IV p.41).
L’élevage de bovin est surtout pratiqué par les Peulh qui ont une meilleure connaissance du
bétail. Ils conduisent les troupeaux selon le mode classique des transhumances. Certains se
sont sédentarisés dans les villages en créant des quartiers spécifiques. Ils pratiquent une
agriculture intégrée (agriculture-élevage) comme à Dembila Peulh et à Bandéga Peulh.
41
Chez les agriculteurs Mossi, l’élevage de petits ruminants surtout est pratiqué dans la
majorité des exploitations. Mais il n’existe pas de véritable conduite des animaux. Les bovins
sont confiés aux Peulh qui reçoivent en échange des avantages en nature ou en espèce.
Tableau IV : Effectifs du cheptel du Sanmatenga* en 2000
Catégorie Bovins Ovins Caprins Porcins Asins Equins Volaille
Effectifs 139206 427543 503609 14045 24762 590 963722
Source : Service des statistiques animales (2000).
Pendant la saison sèche, le bétail parcourt la rive droite à la recherche de fourrages et d’eau.
Ainsi, le lac Dem constitue le lieu de convergence de celui-ci.
- L’artisanat, la pêche et l’orpaillage
L’artisanat se caractérise par le métier de la forge qui fournit le principal outil de travail
qu’est la daba. Il concerne également la poterie (exercée par les femmes), la sculpture, la
confection de chaises et de paniers à partir de Combretum micranthum.
Quant à la pêche, elle est pratiquée de façon artisanale et occupe les pêcheurs davantage en
saison sèche qu’en saison pluvieuse. Ceux-ci utilisent des pirogues, des sennes et des filets.
Les poissons (carpes, silures, etc.) sont destinés à la consommation locale.
L’orpaillage, pratiqué de façon traditionnelle, semble être l’activité humaine la plus
dégradante du paysage. Car, il a pour conséquence la destruction du couvert végétal et
surtout la mobilisation d’importantes quantités de sédiments qui sont ainsi exposées aux
agents d’érosion.
*
Ne disposant pas de données sur l’effectif du cheptel du site d’étude,
nous proposons celles du Sanmatenga.
42
CONCLUSION PARTIELLE
Le lac naturel du village de Dem dont il porte le nom, rythme depuis belle lurette la vie des
populations de la rive droite. Aujourd’hui, avec la dégradation continue des ressources
naturelles sur la rive droite d’une part, et la valorisation des cultures de contre-saison d’autre
part, la permanence des eaux du lac Dem est un atout considérable. Cependant, la
dynamique actuelle qui sévit sur cette partie du bassin versant se traduit par le départ
d’importantes quantités de matériaux des points hauts vers les zones déprimées telles le lac
Dem. Ce qui engendre une sédimentation accrue et partant, le comblement du lac.
43
DEUXIEME PARTIE
LES APPORTS DE LA RIVE DROITE,
LEURS CONSEQUENCES ET LES PERSPECTIVES
DE LUTTE CONTRE LE COMBLEMENT DU LAC DEM
Dans cette partie, nous évoquerons successivement : la péjoration climatique et les actions
zooanthropiques dans le comblement du lac Dem, la dynamique morpho-pédologique dans
le comblement du lac Dem, l’état actuel de son comblement, les conséquences et les
perspectives de lutte contre ce processus.
44
CHAPITRE III : LA PEJORATION CLIMATIQUE ET LES
ACTIONS ZOOANTHROPIQUES DANS
LE COMBLEMENT DU LAC DEM
Selon MANUS M. (1985) (in SANON O.I., 1998), « le débit d’apport dans une retenue est
largement déterminé par les conditions climatiques ; mais les facteurs tels que le relief, la
végétation, l’activité agricole et la géologie du site jouent un rôle important ».
Ces facteurs interviennent différemment dans le processus de comblement du lac Dem, à
travers des agents d’érosion tant climatiques, physiques que zooanthropiques.
A- La péjoration climatique
Le climat joue un rôle déterminant dans la dynamique actuelle et dans le comblement du
lac Dem. Il agit sur la rive droite à travers certaines variables thermiques, les vents et les
précipitations.
1. Les variables thermiques
Il s’agit, de l’humidité relative, de la température et de l’évaporation :
- l’humidité relative
Les plus faibles valeurs sont enregistrées en février ( 9,2 %) et en avril (9,5 %). Les mois les
plus humides étant août (95,5 %) et septembre (93,3 %).
En hivernage, l’humidité accentue les processus d’altération en servant de catalyseur aux
réactions d’hydrolyse et d’oxydo-réduction. Elle intervient également dans les
phénomènes de desquamation des roches affleurantes par les alternances d’hydratation et
de dessiccation.
- la température
Pendant les mois d’avril (39,5 °C) et de mai (38,5 °C), qui sont les plus chauds de la
région, les cours d’eau et les bas-fonds s’assèchent (figure n° 6 p.44). Seul le lac Dem est à
l’étiage. Ces périodes de fortes chaleurs, suite à l’évaporation, favorisent le
développement des fentes de dessiccation sur les sols argileux des berges du lac Dem
(photo n° 10 p. 73).
45
- l’évaporation
Des mesures effectuées sur différentes retenues d’eau montrent que l’évaporation
moyenne est proche de 2 m sur l’ensemble de l’année, soit 1,9 m au Sud et 2,267 m au
Nord du Burkina Faso. Elle est très intense de mars à juin et faible en août
(OUEDRAOGO A, 1994). Cela entraîne un déficit hydrique au niveau des formations
végétales qui disparaissent parfois. Les sols sont, par conséquent, privés de la protection
végétale et exposés à la déflation éolienne.
Figure n° 6
VARIATION DES M OYENNES M ENSUELLES DES M AXIM A ET M INIM A
DE LA TEM PERATURE A KAYA (1962 - 2000)
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
M ois
Température(°C)
M axim ale M oyenne M inim ale
2. La déflation éolienne
Les caractéristiques fondamentales des vents qui influent sur les processus de
dégradation des sols sont la vitesse et la direction.
L’analyse des données de la DGACM, sur la vitesse des vents de la station de
Ouahigouya ces 15 dernières années, montre que les plus fortes moyennes sont
enregistrées en juin (3,3 m/s).
Sur la rive droite du lac Dem, les vents qui soufflent sont généralement forts. Le transport
éolien est sélectif et mobilise une quantité non négligeable de matériaux érodés. Ainsi, les
grosses et moyennes particules désagrégées du sol sont entraînées par reptation et
saltation, alors que les plus fines sont transportées en suspension.
Sur le site, l’érosion éolienne se manifeste aussi bien en saison sèche qu’en saison
pluvieuse :
46
- les vents violents de début de saison pluvieuse (juin et juillet), en plus d’éroder
conséquemment les sols, cassent les branches des ligneux qui sont parfois arrachés. Du
milieu à la fin de l’hivernage, lorsque le tapis herbacé est assez bien installé, le décapage
des sols diminue au profit de l’arrachage des ligneux ;
- pendant la saison sèche, des vents forts soufflent sur des sols vulnérables, dépourvus
d’une grande partie de leur couverture végétale. Ces sols sont ainsi soumis à un processus
de déflation.
Notre séjour sur le site d’étude nous a permis d’observer des vents forts chargés de
poussière, les 10 et 11 avril, et le 2 mai 2002. En dépit de l’absence d’appareil de mesure
de la vitesse et de la direction des vents, nous avons estimé leur vitesse à plus de 3 m/s.
De direction Nord-Est, ces vents transportaient d’énormes quantités de poussière,
réduisant la visibilité à moins de 10 m parfois. A la suite de la dissipation de cette
poussière, le 12 avril, nous avons constaté, sur la rive droite du lac Dem, d’importants
dépôts poussiéreux et sableux de couleur ocre-jaunâtre.
Le lac Dem a probablement été le lieu de dépôt de ces mêmes sédiments.
La dynamique du transport éolien sur la rive droite est très considérable du fait de la très
faible protection qu’assure le couvert végétal et de la nature meuble des sols. Ils sont alors
plus exposés aux agents de l’érosion hydrique.
3. La dynamique pluviale
L’importance des précipitations dans le phénomène de comblement des retenues d’eau en
milieu tropical vient du fait qu’elles constituent un excellent agent de la dynamique
érosive.
En plus de la variabilité interannuelle des précipitations, une variabilité temporelle se
ressent à l’intérieur d’une même saison pluvieuse. Ainsi, selon la DGACM, les épisodes
pluvieux se concentrent de juin en septembre. Pendant ces quatre mois, tombent plus de
4/5 des pluies de la zone, avec le mois d’août qui enregistre plus de 31 % du total
pluviométrique. Mais de 1998 à 2002, le mois de juillet a enregistré plus de précipitations
que celui d’août, avec les moyennes respectives de 279,3 mm et 175,5 mm.
Malheureusement, cela accentue la sédimentation dans le lac Dem suite à la forte érosion
47
des sols qui sont mal protégés par un faible tapis herbacé en ce mois de juillet (figure n° 9
a p.57).
L’action érosive des précipitations peut être également traduite par l’agressivité
climatique. Cette dernière dépend en partie des hauteurs d’eau enregistrées pendant les
averses et surtout de leur intensité.
Ne disposant pas de pluviographe sur la rive droite du lac Dem, les valeurs moyennes de
l’indice d’agressivité enregistrées dans les stations voisines servent de référence : elles
donnent 440 à Ouagadougou et 350 à Ouahigouya (selon GALABERT J. et MILLOGO E.,
cités par SANON O.I., 1998), 480,8 en 1992 sur le bassin versant du barrage de Laaba au
Yatenga (selon OUEDRAOGO A., 1994).
Ces précipitations constituent le principal agent de la morphogenèse qui caractérise la
rive droite du lac Dem. Ainsi, le ruissellement permet d’acheminer un maximum de
matériaux arrachés au bassin versant vers ce lac. Si l’effet splash (splash transport selon
RAMPON A.) et le ruissellement sont à l’origine du déclenchement du processus de
transport des sédiments, les cours d’eau constituent le cadre privilégié de son expression.
Cela se traduit par le transport de matériaux de taille et de quantités différentes du bassin
versant au lac Dem. Ainsi, le transport des sédiments se fait sous quatre formes :
- la charge dissoute : certains corps, tels le sodium (Na), le calcium (Ca) et le potassium
(K) sont dissous par hydrolyse ;
- la charge en suspension : c’est l’ensemble des substances colloïdales (argiles) et fines
(limons et sables) qui rendent l’eau trouble ;
- la charge en saltation : elle concerne d’assez gros blocs qui sont déplacés par bonds
successifs ;
- le charriage : il s’agit de gros blocs et de troncs d’arbres qui sont entraînés lors des
crues.
Afin de déterminer les agents de transport des sédiments sableux du lac Dem, deux
analyses ont été nécessaires : la granulométrie et la morphoscopie, réalisées au
Laboratoire de Géographie Physique de l’Université de Ouagadougou. Ces analyses ont
concerné deux échantillons (E 7 et E 9) prélevés respectivement dans la cuvette du lac
Dem, à l’embouchure de la ravine n° 2 à grands apports sableux et en aval du lac.
Les résultats de l’analyse granulométrique sont présentés sur la figure n° 7 a, b (p.48) et à
l’annexe n° 6 a, c (p.105-106).
48
a/ C ourbes de fréquence et cum ulative
de l'échantillon E 7
0
25
50
75
100
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Echelle des
Poids(g),%cumulatifetIndices
Courbe de
f réquenc e
Courbe
c umulativ e
b/ C ourbes de fréquence et cum ulative
de l'échantillon E 9
0
25
50
75
100
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Echelle des
Poids(g),%cumulatifetIndices
Courbe de
f réquenc e
Courbe
c umulativ
e
Figure n° 7
Q3
Q2
Q1
α
Q3
Q2
Q1
α
Q1 : premier quartile Q2 : deuxième quartile Q3 : troisième quartile
L’allure de la courbe de fréquence de E 7 permet de déduire que l’agent de transport des
sables est de type fluviatile-éolisé.
Le calcul des indices d’hétérométrie (Hq) et d’asymétrie (Asq) donne respectivement 1,47
et –0,86 : cela signifie que l’échantillon est hétérogène et asymétrique avec une meilleure
représentation de la fraction fine. Ces valeurs prouvent que le principal agent de
transport est l’eau, appuyée par le vent.
Par contre, l'allure de la courbe de fréquence de E 9 donne un agent de transport de type
fluviatile. D'où Hq = 1,65 et Asq = 0,44 prouvant respectivement l'hétérogénéité et la
globale symétrie (pourcentage de la fraction grossière  pourcentage de la fraction fine)
de E 9, avec cependant une légère supériorité de la fraction grossière.
49
Les différents résultats de l’analyse morphoscopique attestent également que le transport
hydrique prime sur le transport éolien (annexe n° 6 b, d p.105-106).
Outre ces agents d’érosion climatiques qui jouent un rôle important dans le processus de
comblement du lac, ceux zooanthropiques ont une plus grande responsabilité dans
l’accélération de ce phénomène.
B- L’impact des actions zooanthropiques
Il s’agit des multiples exploitations des ressources naturelles (végétation et sols surtout)
de la rive droite par les populations pour leur survie. Malheureusement, les différentes
techniques adoptées hypothèquent parfois la pérennité de ces ressources.
1. L’impact sur le couvert végétal
La couverture végétale joue un rôle très important dans la protection des sols de la rive
droite du lac Dem. En effet, le feuillage des ligneux et les graminées constituent un écran
face aux agents de la dynamique érosive.
Cette fonction protectrice du couvert végétal est fragilisée par l’homme à travers ses
multiples aménagements du paysage. Dans cette étude, nous avons mis l’accent sur le
déboisement et le surpâturage.
- Face aux besoins de plus en plus croissants des populations, les ressources végétales
font l’objet d’une exploitation intensive. Celle-ci se manifeste dans un premier temps, par
une coupe « abusive » des ligneux pour des besoins en combustibles (bois de chauffe et
charbon) ; dans un second temps, par la création de nouveaux champs. Cette dernière
entraîne la destruction du tapis herbacé et surtout l’abattage ou l’arrachage de certains
ligneux.
- Les fourrages, assez abondants jusqu’à la moitié des années 1960 grâce à une bonne
pluviométrie, ont considérablement régressés depuis cette période. Dès lors, la pression
animale s’est de plus en plus accentuée sur les rares zones de pâture disséminées sur la
rive droite du lac Dem.
50
Les parcours (couloirs réservés au pâturage), déjà durement éprouvés par la sécheresse et
réduits par l’extension des cultures, supportent désormais la majorité de la charge
alimentaire du bétail. Ils sont secondés en cela par les résidus de récolte.
Certains pasteurs, pour nourrir le troupeau, procèdent à l’ébranchage des arbres. Cette
pratique est plus néfaste que les dégâts causés par les caprins qui broutent les rameaux et
les feuilles des plantes.
Par ailleurs, pour mettre en évidence cette faible protection des sols, nous avons d’une
part, réalisé des levés de parcelles à partir des placeaux de 25 m X 50 m sur les différents
segments des quatre toposéquences, d’autre part interprété des PVA de 1956, 1982 et
1996 :
- les résultats du taux de recouvrement de la strate arbustive varient entre 0,77 et
37,70 % ; tandis que ceux de la strate arborée évoluent entre 14,99 et 25,99 % (pour les
savanes parcs) et entre 14,92 et 24,37 % (pour les formations « naturelles ») (annexe n° 5
p.104). Difficilement quantifiable, le taux de recouvrement de la strate herbacée n’a pas
fait l’objet de mesure. Mais d’après SANON O.I. (1998), ce taux est de l’ordre de 5 à 10 %
sur les espaces non cultivés, contre 0 à 5 % dans les champs du bassin versant du barrage
de Tamasgho situé à l’Est de notre site d’étude ;
- les résultats de l’analyse diachronique de l’évolution du couvert végétal entre 1956,
1982 et 1996 figurent dans le tableau V (p.52) (figures n° 8 a, b, c p.51).
51
Figure n° 8
52
Tableau V : Evolution du couvert végétal de la rive droite du lac entre1956, 1982 et 1996
Variables
Superficie Evolution
(superficie en ha)1956 1982 1996
ha % ha % ha % 1956-1982 1982-1996 1956-1996
Savane parc 2649,695 16,98 7703,542 49,34 8060,596 51,64 5053,847 296,097 5363,074
Zone
reboisée - - - - 23,298 0,15 - 23,298 23,298
Savane
boisée 1008,183 6,46 5,719 0,03 - - - - -
Savane
arborée
dégradée
2455,531 15,74 2208,856 14,15 508,007 3,25 - - -
Fourré 2835,024 18,18 583,302 3,73 375,469 2,40 - - -
Savane
arbustive
dégradée
5664,929 36,31 4001,145 25,62 5053,617 32,40 - 1052,472 -
Zone nue 13,999 0,09 455,422 2,98 1051,65 6,73 441,423 596,228 1037,651
Formation
ripicole 715,929 4,6 93,783 0,60 17,288 0,11 - - -
Formation
inondable 86,649 0,55 112,044 0,71 65,494 0,42 25,395 - -
Plan d’eau* 171,211 1,09 444,799 2,84 453,622 2,90 358,711 8,823 367,534
Total 15 601,150 100,000 15 608,612 100,000 15 609,041 100,000
L’analyse des cartes issues de l’interprétation des PVA et des résultats du tableau III
permettent d’apprécier l’évolution régressive des formations végétales « naturelles » (la
savane boisée, la savane arborée dégradée, les formations ripicoles, les fourrés et les
savanes arbustives dégradées) au profit des formations végétales anthropiques (les
savanes parcs et les zones reboisées).
En somme, la rive droite du lac Dem est caractérisée par la disparition progressive des
formations végétales « naturelles », au profit des espaces aménagés. En conséquence, ce
sous bassin versant du lac ne bénéficie que d’une faible protection du couvert végétal qui
n’arrive plus (ou peu) à freiner les sédiments déplacés par les agents de la dynamique
érosive.
L’impact zooanthropique sur le couvert végétal, très significatif, ne saurait éclipser les
méfaits des pratiques culturales et autres aménagements que subit la rive droite du lac
Dem.
*
Le plan d’eau et la zone ne sont pas des formations végétales, ils ont été inclus dans
ce tableau et sur les cartes pour obtenir les superficies de la rive droite du lac Dem.
53
2. L’impact sur les sols
Il s’agit essentiellement, des pratiques culturales, du piétinement des sols par le bétail et
de l’aménagement de la route Kaya – Kongoussi.
- L’exploitation des terres en cultures, demeure encore traditionnelle sur le site. Les
facteurs de production, quoique ayant subi une évolution significative, restent encore
archaïques par l’utilisation de la daba. Cette dernière ne permet pas d’effectuer des
labours profonds, mais c’est la même épaisseur du sol qui est exploitée tous les ans. Cela
fragilise à la longue la cohésion des éléments du sol. La culture attelée (tractions bovines
et asines), qui permet des labours plus profonds, déstructure et ameublit davantage les
horizons superficiels du sol. Ceux-ci se trouvent ainsi très exposés aux ruissellements
intensifs, surtout quand ces labours ne sont pas pratiqués dans le sens des courbes de
niveau.
Par ailleurs, l’exploitation des parcelles irriguées sur les berges du lac, à travers les
labours, pourrait fragiliser les sols et les rendre très vulnérables aux effets érosifs des
pluies et des vents.
En outre, sur les berges du lac Dem, la pression humaine se manifeste par une
augmentation significative des espaces exploités en cultures maraîchères au détriment des
espaces naturels. Cela expose davantage les sols de ces berges aux agents d’érosion.
Egalement, le creusement des canaux d’amenée sur ces berges pour l’arrosage des
périmètres met à la disposition de l’érosion éolienne et hydrique d’importantes quantités
de sédiments (sables, argiles et limons) qui se retrouvent aussitôt dans la cuvette du lac
(photo n° 7 p.54).
54
OUEDRAOGO N. Avril 2002
Photo n° 7 : Canal d’amenée creusé sur les berges du lac Dem. Cette pratique
fragilise la cohésion des composantes du sol des berges. Les sédiments
ainsi mobilisés, contribueront à accélérer le processus de comblement du lac.
- Quelle que soit la période de l’année, le bétail sillonne le bassin versant à la recherche de
pâturage et d’eau. L’impact de ces déplacements sur les sols est très significatif en saison
sèche. En effet, suite aux piétinements excessifs des sols par les animaux, apparaissent des
pistes à bétail sur le bassin versant. Celles-ci sont caractérisées par des sols à horizon
superficiel damé sur les glacis argilo-limoneux, dénudés dans les zones caillouteuses et
sableuses. Il en résulte une intensification de l’érosion sur la rive droite qui est soumise,
d’abord à l’action des vents en saison sèche, puis à celle de l’eau dès le début de la saison
pluvieuse.
- Les travaux d’aménagement de l’axe Kaya – Niangado, démarrés en novembre 2002 ont
des conséquences néfastes sur l’environnement de la rive droite du lac Dem. En effet, ces
travaux causent et causeront la destruction des espèces ligneuses et herbeuses des
rebords de la route et des zones d’emprunt. En outre, lors de ces travaux, d’importantes
quantités de terres sont mobilisées. Celles-ci constituent ainsi des sources potentielles
d’alimentation du lac en sédiments.
La conséquence de tous ces travaux d’aménagement et agropastoraux, à court et moyen
termes, est l’accélération des processus d’érosion sur la rive droite du lac Dem, et partant,
le comblement de ce lac à travers l’alluvionnement des sédiments allochtones.
55
CHAPITRE IV : LA DYNAMIQUE MORPHO-PEDOLOGIQUE
DANS LE COMBLEMENT DU LAC DEM
A- Impact du modelé
La rive droite du lac Dem présente un modelé assez contrasté, composé de collines
birimiennes, de buttes, de dépressions, de glacis cuirassés, de bas glacis, de plaines et de
bas-fonds.
L’organisation d’ensemble du réseau hydrographique et la déclivité de ce sous bassin
versant permettent de le subdiviser en zones de départ, de transit et d’accumulation des
sédiments (figure n° 13 p.67).
1. Les zones de départ des matériaux
Elles concernent essentiellement les éminences (collines de Dem et de Niangado) et les
reliefs résiduels (glacis et buttes cuirassés).
Au sommet de ceux-ci, les eaux de ruissellement se scindent en différentes parties dont
une alimente le lac Dem. Leur influence sur le comblement de ce lac est liée en partie à la
pente de leurs versants qui dépasse fréquemment 15 %. Ce sont les zones les plus
érodibles de la rive droite.
2. Les zones de transit
Il s’agit surtout des bas glacis et des ramifications de certains cours d’eau secondaires aux
affluents du lac.
Ainsi, avec une pente moyenne inférieure ou égale à 3 %, ces glacis constituent des zones
de transit des sédiments qui y passent un « séjour » plus ou moins long, avant d’être
entraînés vers les bas-fonds.
3. Les zones d’accumulation
Elles correspondent aux bas-fonds. La principale zone d’alluvionnement des sédiments
de la rive droite est la cuvette du lac Dem. Cela est favorisé par la faiblesse de sa pente
qui, selon IWACO B.V. (1982), est inférieure ou égale à 1 %.
56
B- Exposition des sols à l’érosion hydrique
Les sols de la rive droite du lac Dem, généralement de nature sableuse et sablo-argileuse,
ont des horizons superficiels déstructurés suite aux pratiques agropastorales des
populations. Ces horizons sont ainsi exposés aux agents de l’érosion hydrique surtout.
Pour DUPRIEZ H. et DE LEENER P. (1990), l’érosion hydrique est « le déplacement des
composants du sol à la surface de la terre sous l’action de l’eau en mouvement ». Elle se
manifeste sur la rive droite sous différentes formes.
1. L’érosion pluviale
C’est l’impact des gouttes de pluie sur le sol, appelé effet « splash ». En effet, lorsque les
gouttes tombent, elles acquièrent une énergie cinétique proportionnelle à la hauteur de
leur chute. Cette énergie est transférée au sol au moment du contact. D’après
CHAMPOUX A. et TOUTANT C. (in SANON O.I., 1998), l’énergie cinétique d’une goutte
de pluie se calcule grâce à la formule suivante :
EC = ½ mvg2 avec
EC = Energie cinétique
M = Masse de la goutte (proportionnelle au cube de son diamètre)
Vg = Vitesse terminale de la goutte.
L’effet « splash » est le stade initial de l’érosion du sol. Ce dernier réagit différemment au
splash en fonction de sa nature :
- les éléments lourds comme le gravier et les sables grossiers encaissent le choc des
gouttes sans être entraînés ;
- les éléments fins, argiles et limons, sont projetés par l’eau et retombent sur le sol ;
- lorsque le sol est structuré en agrégats par un ciment argilo-humique, le splash détruit
les agrégats et détache les particules qui le composent.
Ainsi, l’effet « splash » détruit la cohésion de l’horizon supérieur du sol, détache les
particules de terre et les éparpille.
Sur la rive droite du lac Dem, l’utilisation de la méthode de FOURNIER F. (1960) à travers
l’installation de trois systèmes de mesure de l’effet « splash » a permis de quantifier les
matériaux déplacés en 2002. Nous avons recueilli en moyenne 647,5076 kg/ha de
sédiments (sables fins, argiles et limons) déplacés par l’effet « splash ».
57
Ce résultat varie aussi bien dans le temps que dans l'espace :
- les mois de juillet et d'août enregistrent plus de la moitié de la quantité totale de terres
déplacées par l’effet « splash » durant la saison pluvieuse de 2002. Cela est lié, à la
quantité et surtout aux intensités des précipitations. Malheureusement, l’absence de
pluviogramme ne nous permet pas de faire un lien entre les intensités de pluie et la
quantité de terres déplacées ;
- dans le bas-fond et sur le bas glacis, nous avons obtenu presque la même quantité de
terres, contrairement à l’installation du moyen glacis qui n'a recueilli que le 1/4 environ
de chacune des deux précédentes (figure n° 9 a, b).
Figure n° 9
a/ VA IRIA TION M EN SU ELLE DES QU A N TITES DE TERRES
DEPLA CEES PA R LE "SPLA SH " EN 2002
0
50
100
150
200
250
M ai Juin Juillet Août Septem bre O ctobre
M ois
Quantitédeterres(kg/ha)
Q uantité de terres
b/ VARIATION SPATIALE DES QUANTITES DE TERRES
DEPLACEES PAR LE "SPLASH" EN 2002
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
Bas-fond Bas glacis Moyen glacis
Position sur la rive droite
Quantitédeterres(kg/ha)
Quantité de terres
58
Le développement de l’effet « splash » sur la rive droite est imputable d’une part, à la
mauvaise répartition surtout temporelle des pluies et aux pratiques culturales peu
adaptées qui déstructurent les sols ; d’autre part, à la très faible protection des sols par le
couvert végétal. En somme, les averses ne rencontrent qu’une faible résistance au
développement de leur action érosive sur le sol. Ainsi, la pellicule de battance, issue de
cette action mécanique, diminue considérablement l’infiltration de l’eau au profit de son
ruissellement.
2. L’érosion aréolaire
Dès que le sol ne peut plus absorber l’eau qui tombe, le ruissellement commence. Le
splash ayant fait éclater les agrégats de terre et colmater les pores du sol le rendant quasi-
imperméable, le ruissellement se charge de transporter les particules détachées.
L’érosion aréolaire n’est pas spectaculaire, mais insidieuse et très destructrice. Ce
décapage laisse parfois des marques peu visibles sur le sol dont la couche superficielle
subit une ablation presque homogène et de faible intensité. C’est le décapage pelliculaire
généralisé.
Sur la rive droite du lac Dem, l’érosion aréolaire a été quantifiée, grâce à l’utilisation des
baguettes d’érosion d’une part, et des placettes d’autre part.
Ainsi, la dynamique actuelle se manifeste par des décapages ou des dépôts de sédiments
sur l’ensemble du sous bassin versant.
Les résultats de l’utilisation des baguettes d’érosion sur une période d’observation d’avril
à novembre 2002 figurent dans le tableau VI ci-dessous (p.59).
59
Tableau VI : Utilisation des baguettes d’érosion sur les deux toposéquences n° 1 et 2
Toposéquence n° 1 (de la colline de Dem au bas-fond à
Zorkoum)
Erosion (cm)
Décapage Dépôt
Colline de Dem bas versant Est 0,2
Colline de schistes haut versant 0,1
bas versant 0,7
Dépression périphérique 2,95
Haut glacis amont 0,3
aval 1,55
Dépression entre le haut et le moyen glacis 1,3
Moyen glacis amont 0,1
aval 0,9
Bas glacis
pente
supérieure
champ 1,3
jachère 0,9
pente
inférieure
champ 1,1
jachère 0,6
Bas-fonds (champs) 4,9
Moyenne 0,59 1,55
Toposéquence n° 2 (de la colline au cours d’eau de Niangado)
Colline de Niangado
sommet 0,9
haut versant 0,6
bas versant 1,7
Dépression périphérique 3,15
Haut glacis amont 0,1
aval 0,2
Bas glacis champ 2,2
jachère 1,2
Moyenne 0,53 1,69
De ce tableau, nous retenons que les collines birimiennes à affleurements de schistes et de
roches vertes et les glacis cuirassés résistent mieux aux attaques des agents d’érosion ;
contrairement aux bas glacis et aux bas-fonds qui sont plus vulnérables. Cela est dû à
leur exploitation en parcelles de culture et à leur position topographique basse ; surtout
pour les bas-fonds qui constituent des zones d’accumulation de sédiments.
Selon la méthode de mesure des pertes de terres de l’EIER, trois placettes munies de
cuves ont été installées sur le bas glacis. Cela a permis de calculer le coefficient de
ruissellement (Kr) et de quantifier les pertes de terres en 2002. Nous avons
obtenu respectivement :
- 6,9460 et 2,9461 t/ha sur l’installation du champ de sorgho ;
- 5,6612 et 0,7598 t/ha sur celle du même champ avec un cordon à Andropogon
gayanus ;
- 12,3018 et 3,0128 t/ha sur celle de la zone dégradée.
60
Les moyennes respectives de ces trois installations sont 8,3028 (pour le coefficient de
ruissellement) et 2, 2394 t/ha (pour les pertes de terres).
Ces résultats ne sont qu’approximatifs à cause des difficultés rencontrées lors des travaux
de terrain (cf. p.14). Toutefois, les 2,2394 t/ha de pertes de terres semblent excessives.
En dépit des insuffisances, les résultats obtenus nous donnent des éléments
d’appréciation de l’érosion aréolaire. Ainsi, cette dynamique superficielle varie aussi bien
dans le temps que dans l'espace :
- juillet et août enregistrent plus de 70 % de la quantité totale des pertes de terres durant
la saison pluvieuse de 2002. Cet important décapage est lié, entre autre, à une faible
couverture végétale, à un coefficient de ruissellement élevé et au degré de saturation en
eau des sols pendant ces deux mois ;
- les placettes installées dans le champ de sorgho et la zone dénudée ont recueilli
presque la même quantité de terres. Par contre, la zone dénudée a enregistré un
coefficient de ruissellement presque double de celui du champ. Ces résultats montrent
que les labours effectués dans le champ favorisent l’infiltration des eaux de pluie. Mais ils
fragilisent la cohésion superficielle des sols de ce champ. Ce qui engendre un important
départ de terres.
La placette du cordon d'Andropogon gayanus n'a recueilli que le 1/4 environ de terres des
deux placettes précédentes. Son coefficient de ruissellement est inférieur à celui du champ
(figure n° 10 a, b p.61). Cela montre l’efficacité des bandes enherbées à favoriser d’une
part, l’infiltration des eaux de ruissellement ; d’autre part l’accumulation des sédiments à
leur amont.
Par ailleurs, la forte valeur du coefficient de ruissellement en fin de saison pluvieuse
(septembre et octobre), s’expliquerait surtout, par la relative « saturation » en eau des
horizons superficiels du sol. Ce qui favorise le ruissellement des eaux de pluie, plutôt que
leur infiltration.
61
Figure n° 10
a/ VARIATION M ENSUELLE DES PERTES DE TERRES ET
DU C OEFFIC IENT DE RUISSELLEM ENT EN 2002
0
200
400
600
800
1000
1200
M ai Juin Juillet Août Septembre Octobre
M ois
Pertesdeterres
(kg/ha)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
Coefficientde
ruissellement
Pertes de terres C oefficient de ruissellement
b/ VARIATION SPATIALE DES PERTES DE TERRES ET
DU COEFFICIENT DE RUISSELLEM ENT EN 2002
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
Champ Andropogon gayanus Zone dénudée
Position sur la rive droite
Pertesdeterres(kg/ha)
0
2
4
6
8
10
12
14
Coefficientderuissellement
Pertes de terres Coefficient de ruissellement
L’érosion aréolaire résulte donc de l’action combinée de l’effet splash et du ruissellement.
Ce ruissellement constitue le point de départ d’un autre type d’érosion à savoir l’érosion
régressive.
3. L’érosion régressive
Elle est tributaire du ruissellement concentré. L’érosion régressive se présente sous trois
principales formes : l’érosion en rigoles, l’érosion ravinante et l’érosion des berges des
cours d’eau.
62
a/ L’érosion en rigoles
Elle est issue du ruissellement en rigole qui s’établit lorsque les filets d’eau du
ruissellement diffus se concentrent sur des passages préférentiels. L’eau ainsi concentrée
acquiert plus d’énergie lui permettant d’arracher des particules de terre. Elle creuse alors
des rigoles de 5 à 10 cm de profondeur. L’érosion en rigoles concerne l’ensemble de la rive
droite du lac Dem. Elle se développe surtout sur les hauts de versant des glacis et buttes
cuirassés et dans les dépressions périphériques. Certaines rigoles évoluent très
rapidement en ravine.
b/ L’érosion en ravine
Le ravinement est un véritable phénomène linéaire. L’érosion ravinante est provoquée par
l’augmentation du ruissellement concentré à la faveur de la baisse progressive du niveau
de base des pentes du terrain. Ainsi le ruissellement concentré gagne en ampleur et sur-
creuse les rigoles qui évoluent en ravines.
Sur la rive droite du lac Dem, l’érosion en ravine se manifeste dans les dépressions
périphériques et surtout sur le glacis actuel où se développent des ravines géantes
dépassant parfois 10 m de largeur pour plus de 3 m de profondeur (photo n° 8). Au pied
des collines birimiennes, certaines de ces ravines continuent leur progression en direction
de ces éminences. Sur les glacis fonctionnels, ces ravines évoluent également par érosion
régressive des berges et des têtes. Ces dernières progressent en « pattes d’oie ou doigts de
gant » selon l’expression de ROCHETTE R. M. (in KOROGO B., 1994).
Avril 2002
Photo n° 8 : Grande ravine au Sud-ouest de Dem. A son embouchure en aval
du lac, s’est formé un « delta alluvial ». C’est la principale ravine qui alimente
l’amont de la digue en dépôts sableux.
63
Pour mesurer l’évolution de ces têtes de ravine, nous nous sommes basés sur la variable
type de sol. Par ailleurs, le terme forme a été utilisé pour désigner la morphologie de
chaque tête et celui de profil en long pour apprécier leur progression en longueur et en
profondeur (figure n° 11 et tableau VII p.64).
Figure n° 11
D’après : Les travaux de terrain 11 / 2002
64
Tableau VII : Bilan de l’évolution des têtes de quatre ravines entre avril et
novembre 2002
Evolution
Tête de ravine
n° 1 n° 2 n° 3 n° 4
Longueur maximale (cm) 69 185 100 70
Profondeur maximale (cm) 9 20 30 10
La seule variable type de sol est insuffisante pour une bonne analyse de l’évolution des têtes
de ravine, mais ces résultats nous donnent une idée de la dynamique érosive dont elles sont
le siège.
c/ L’érosion des berges de ravines
Les ravines, une fois en place, peuvent évoluer par érosion régressive des berges et des têtes.
Cette érosion ronge les berges qui reculent à cause des matériaux de terres décapés par les
écoulements torrentiels. Parfois, ces écoulements créent par affouillement, des cavités à la
base des berges. La masse de terres sus-jacente des cavités finit par s’ébouler.
Ce sapement des berges peut se traduire également par le déchaussement de certains ligneux
situés aux abords immédiats.
Il en résulte un élargissement progressif des lits majeurs, tandis que les lits mineurs
subissent soit un creusement, soit un rehaussement suite aux dépôts corrélatifs
Afin de mettre en évidence cette dynamique des berges, nous avons mesuré l’évolution des
berges et des lits de quatre ravines entre avril et novembre 2002 (figure n° 12 a, c, d p.65 et
tableau VIII p.66).
65
Figure n° 12
D’après : Les travaux de terrain 11 / 2002
66
Tableau VIII : Bilan de l’évolution des berges et des lits de quatre ravines
Evolution
Ravine
n° 1 n° 2 n° 3* n° 4
Berges
Largeur moyenne (cm) 23 10 25 12
Lits
Profondeur moyenne (cm) 9 3 2,7** 3,8
Lorsque la « cuirasse de nappe » affleure dans le lit de la ravine, comme à Dem et à Niangado, elle
bloque l’encaissement du lit (planche n° 1 photo n° 2 p.95). La dynamique de l’érosion régressive
se manifeste de fait par un affouillement assez intense à la base des berges. C’est le cas de la ravine
n° 3 qui a subi un affouillement moyen de 1 m de profondeur.
En somme, les sédiments de toute nature, érodés sur le bassin versant, passent un séjour
plus ou moins long sur le glacis actuel et dans les cours d’eau, avant d’être déposés dans
le lac Dem qu’ils contribuent à combler progressivement.
*
Il existe un affleurement de cuirasse dans le lit de la ravine.
**
Il s’agit de dépôt sableux sur la « cuirasse de nappe ».
67
Figure n° 13
68
CHAPITRE V : L’ETAT ACTUEL DU COMBLEMENT DU
LAC DEM
Le comblement, encore appelé envasement, est un alluvionnement de matériaux allochtones
dans une dépression. Celui-ci se traduit par un rehaussement du niveau de base de la
dépression dans laquelle il se produit.
Dans ce volet, l’accent a été mis sur l’évaluation de l’épaisseur de ces sédiments, leur mode
de dépôt et d’évolution et leur nature.
A- La mise en évidence du comblement du lac Dem
Elle s’est déroulée en trois phases, à savoir les sondages à la perche, le creusement de fosses à
sédiments et la mesure des apports latéraux de la saison pluvieuse 2002.
1. Les sondages à la perche
Sur les berges du lac Dem en mai 2002, ces sondages ont été réalisés à l’aide d’une perche de
3,10 m (démontable par mètre).
L’état avancé du comblement de l’aval du lac et des embouchures de certains affluents nous
a permis d’atteindre facilement la cuvette de celui-ci.
Notre connaissance de certaines caractéristiques physiques (texture, structure et couleur) de
la roche saine sur laquelle s’est installé le lac nous a permis d’obtenir des résultats plus ou
moins fiables. Cela concerne particulièrement l’épaisseur des fines et celle des dépôts
alternant sables et fines. C’est le cas à l’annexe n° 7 b, c, d, e (p.107), où les épaisseurs
moyennes respectives sont 51,2 cm, 12,6 cm, 21,7 cm et 27 cm.
Par contre, les sondages réalisés au niveau de la ravine n° 2 à apports de sables considérables
ont donné des résultats parfois discutables. Cela incombe essentiellement à la grande
épaisseur des sédiments sableux et à la faible profondeur de la nappe phréatique. Malgré ces
difficultés, nous avons obtenu sur les quinze points sondés, une épaisseur moyenne de 1,51
m ; une profondeur maximale de 2,12 m (annexe n°7 a p.107).
69
Nous signalons qu’à cause de l’étendue très variable occupée par chaque embouchure, nous
n’avons pas pu maintenir une distance standard entre les points sondés. Ainsi, elle est de 25
m à l’annexe n° 7 a, c contre 10 m à l’annexe n° 7 b, d, e.
Par ailleurs, pour avoir une idée plus exacte de l’épaisseur des dépôts sableux dans la
cuvette du lac, nous y avons creusé des fosses à sédiments.
2. Les profils pédologiques des fosses creusées
Sur les berges du lac Dem, existent deux principales entrées de sédiments sableux : la
première (ravine n° 1), située en aval du lac, correspond à l’embouchure du cours d’eau qui
longe et traverse la route zorkoum – Niangado (ou Kaya – Kongoussi) dans le village de
Dem. La seconde (ravine n° 2), située à l’Est de Dem, correspond à l’embouchure d’une des
ravines qui traversent cette localité.
Pour estimer l’épaisseur des alluvions sableuses, nous avons, dans un premier temps, creusé
une fosse en aval du lac. A 50 m de celle-ci, existait une autre fosse creusée par un exploitant
de schistes argileux altérés pour la poterie. L’épaisseur moyenne des dépôts sableux dans ces
deux fosses est de 0,81 m. Dans un second temps, de l’embouchure en remontant la ravine n°
1, trois fosses ont été creusées à intervalle régulier de 100 m. Celles-ci ont donné une
épaisseur moyenne de 1,30 m (annexe n° 4 a, b p.103 et annexe n° 8 p.109).
De même, trois fosses ont été creusées, de la ravine n° 2 à la cuvette du lac. A intervalle
régulier de 100 m, elles ont donné des profondeurs respectives de 0,80 m, 1,25 m et 2,80 m.
Cela permet de déduire que l’épaisseur des dépôts allochtones augmente de la ravine au lac.
En outre, parallèlement au plan d’eau, deux fosses (n° 4 et 5), ont été creusées de part et
d’autre de la fosse n° 1. A intervalle de 50 m, les profondeurs respectives sont : 2,24 m (fosse
n° 4), 2,80 m (fosse n° 1) et 2,10 m (fosse n° 5), d’où une moyenne de 2, 37 m (annexe n° 4 c
p.103). Nous en déduisons que l’épaisseur des sédiments est variable le long du plan d’eau.
Cela incombe aussi bien à la morphologie de la cuvette lacustre, qu’à la dynamique fluviatile.
Pour une meilleure compréhension de la dynamique (fluviatile et éolienne) qui a engendré
70
cette sédimentation, nous proposons une description du profil pédologique de la fosse n° 1
dans le tableau IX ci-dessous (photo n° 9).
Mai 2002
Photo n° 9 : Profil pédologique de la fosse n° 1* à l’embouchure de ravine
n° 2 à l’Est de Dem. Elle est profonde de 2,80 m environ d’alluvions.
Tableau IX : Description du profil pédologique de la fosse n° 1
N° Epaisseur
(cm)
Nature des sédiments Couleur
1 30 Sables très fins
Ocre clair
2 6 Sables fins
3 5 Sables fins avec gravillons
4 9 Sables très fins
5 5 Sables fins
6 14 Sables très fins
7 9 Sables fins
8 13 Sables très fins
9 14 Gravillons avec sables fins
10 20 Graviers avec sables fins
11 75 Sables fins à très fins avec gravillons
12 55 Sables grossiers avec graviers
13 25 Sables fins avec argiles issues de la
roche saine altérée
Grisâtre à verdâtre
14 > 1 Roche altérée (schistes) Grise très sombre
*
Eboulement d’une partie du rebord de la fosse à l’intérieur de celle-ci.
10
11
8
6
12
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Contribution à l’étude du comblement du Lac Dem : les apports de la rive droite (province du Sanmatenga, Burkina Faso)

  • 1. 1 # # L a c D e m BURKINA FASO Unité - Progrès - Justice ---------------------- MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR, ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (M.E.S.S.R.S) ---------------------------------------------------------- UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU ------------------------- UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES (UFR-SH) --------------------- PROJET RENFORCEMENT DES CAPACITES DE RECHERCHE PLURIDISCIPLINAIRE SUR L'ENVIRONNEMENT (PROJET ENRECA IDR/UFR-SH) --------------------- DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE --------------------- OPTION GEOGRAPHIE PHYSIQUE MEMOIRE DE MAITRISE THEME : CONTRIBUTION A L’ETUDE DU COMBLEMENT DU LAC DEM : LES APPORTS DE LA RIVE DROITE ( PROVINCE DU SANMATENGA ) Présenté et soutenu par OUATTARA Ibrahim Sous la direction du Dr DA Dapola E. C., Maître-Assistant Année académique 2003-2004
  • 2. 2 DEDICACE Ce mémoire est dédié à toutes les personnes qui me sont très chères : - Ma mère et mon père - Ma sœur et mes frères - Mes proches
  • 3. 3 REMERCIEMENTS Ce Mémoire est l’aboutissement d’un ensemble d’efforts. Son élaboration finale nous donne l’occasion de remercier sincèrement : - tous les enseignants du département de géographie, pour la formation dont nous avons bénéficié ; - monsieur Dapola E.C. DA, notre directeur de mémoire, dont la disponibilité et les multiples conseils nous ont été d’un grand apport ; - le projet ENRECA et tout son personnel, dont Monsieur P. Honoré SOME, mesdames Sophie KIMA et Angèle OUATTARA, pour leur appui logistique, financier et divers ; - messieurs Frédéric CABORE et Patrice SANOU, pour leur encadrement en Télédétection et en Systèmes d’Information Géographique ; - les responsables des laboratoires de Télédétection et SIG, et de géographie physique, à savoir messieurs Dapola E.C. DA et D.C. SANOU, pour leur disponibilité ; - monsieur Corentin SOME, géographe et aménagiste à la cellule SIG de l’EIER, pour son appui à l’utilisation du logiciel Arcview GIS 3.2 ; - messieurs Narcisse OUEDRAOGO et Isidore YANOGO, stagiaires au projet ENRECA ; - les responsables de la Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques de Kaya, pour leur appui ; - les populations de Dem et de Zorkoum, pour leur accueil chaleureux durant notre séjour sur le site ; - toutes les personnes qui nous ont apporté un quelconque soutien.
  • 4. 4 RESUME Dans la région de Kaya, les ressources naturelles (sols, végétation et eau) se dégradent suite aux changements climatiques et aux activités humaines. Le lac Dem en subit les conséquences. En effet, la cuvette lacustre est comblée par des sédiments allochtones provenant de la dynamique superficielle. Des mesures effectuées sur les apports de la rive droite en 2002 ont donné les résultats suivants : - 647,5076 kg/ha de terres déplacées par l’érosion pluviale ; - 2,2394 t/ha de terres déplacées par l’érosion aréolaire ; - dépôts sédiments d’une épaisseur de 8 cm à 2,80 m ; Le comblement du lac réduit sa capacité de stockage en eau. Face à ce processus, pour ne pas assister impuissantes à la disparition du lac, les populations ont élaboré des stratégies qui consistent à lutter contre le comblement du lac Dem. Ces stratégies sont loin d’être efficaces. Il faudrait un plan d’aménagement concerté. MOTS CLES Burkina Faso, Kaya, lac Dem, rive droite, dégradation du couvert végétal, érosion, sédimentation, aménagement.
  • 5. 5 SOMMAIRE INTRODUCTION .......................................................................................................................................................7 PREMIERE PARTIE : LE LAC DEM DANS SON CONTEXTE PHYSIQUE ET ET HUMAIN..........................................................................................16 CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SITE D’ETUDE .................................................17 CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES HUMAINES DU SITE D’ETUDE ................................................36 DEUXIEME PARTIE : LES APPORTS DE LA RIVE DROITE, LEURS CONESQUENCES ET LES PERSPECTIVES DE LUTTE CONTRE LE COMBLEMENT DU LAC DEM....................................................43 CHAPITRE III : LA PEJORATION CLIMATIQUE ET LESACTIONS ZOOANTHROPIQUES DANS LE COMBLEMENT DU LAC DEM ............................................................................................ 44 CHAPITRE IV : LA DYNAMIQUE MORPHO-PEDOLOGIQUE DANS LE COMBLEMENT DU LAC .....55 CHAPITRE V : L’ETAT ACTUEL DU COMBLEMENT DU LAC DEM ........................................................... 68 CHAPITRE VI : LES CONSEQUENCES DU COMBLEMENT DU LAC DEM ET LES PERSPECTIVES DE LUTTE CONTRE CE PROCESSUS ............................................................................................. 76 CONCLUSION GENERALE ...................................................................................................................................89 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................................... 90 PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES...................................................................................................................... 94 ANNEXES ................................................................................................................................................................ 100 TABLE DES FIGURES ............................................................................................................................................115 TABLE DES TABLEAUX .......................................................................................................................................115 TABLE DES MATIERES........................................................................................................................ 116
  • 6. 6 SIGLES ET ABREVIATIONS BUNASOLS : Bureau National des Sols CES/AGF : CIRD : Conservation des Eaux, des Sols et Aménagement et Gestion des Forêts Centre d’Information pour la Recherche et le Développement CNRST : DGACM : Centre National de Recherche Scientifique et Technique Direction Générale de l'Aviation Civile et de la Météorologie ENRECA : Enhance Research Capacities ETP : Evapotranspiration Potentielle IDR : Institut de Développement Rural IGB : Institut Géographique du Burkina IGN /France : Institut Géographique National INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie ONG : Organisation Non Gouvernementale PVA : Prises de Vue Aérienne SIG : Systèmes d’Information Géographique
  • 7. 7 INTRODUCTION L'eau est une ressource indispensable pour toute vie sur terre. Pour VALERY (in DIPAMA J.M. 1992), « la vie n'est rien d'autre que de l'eau organisée ». Cette eau, au Burkina Faso comme dans tous les pays sahéliens, provient principalement des précipitations. Le mécanisme de ces dernières est lié au Front Inter-tropical (F.I.T). L'insuffisance et la mauvaise répartition de ces précipitations dans le temps et dans l'espace, la dégradation des sols et de la végétation du fait d’une pression démographique de plus en plus forte, ont conduit et conduisent toujours certains pays comme le Burkina Faso à rechercher de nouvelles stratégies pour une gestion efficiente de ses ressources naturelles. C'est dans ce contexte que, d’une part, est vulgarisée et encouragée l’utilisation des techniques de CES/AGF ; d’autre part, sont construites ou aménagées de nombreuses retenues d'eau. Malheureusement au Burkina Faso en général, au Centre Nord en particulier et surtout dans la province du Sanmatenga où se situe le lac Dem, la dégradation continue du milieu naturel favorise le ruissellement des eaux de pluie sur le bassin versant. Ainsi, les eaux de ruissellement transportent d'importantes quantités de matériaux vers les cours d’eau. Ces derniers se chargent de les déposer dans les lacs et barrages. La conséquence de ces dépôts est le comblement progressif de ces retenues. Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique tropicale, le phénomène de comblement des retenues d’eau reste encore peu connu dans tous ses aspects. Parmi les travaux effectués jusque-là au Burkina Faso, nous avons ceux de GRESILLON J.M. (1976), de DIPAMA J.M. sur les trois barrages de Ouagadougou (1992) ; de OUEDRAOGO A. (1994) sur le barrage de Laaba, de SANON O.I. (1998) sur le barrage de Tamasgho, de YADILA G.C. (2000) sur le lac Dem, et de BOENA C. (2001) sur le lac Bam. Certains résultats des travaux sur le barrage de Tamasgho (situé au Nord-Est de la rive droite du lac Dem) et le lac Dem sont édifiants :
  • 8. 8 - l'envasement moyen annuel du barrage de Tamasgho était de 83 898,8 m3, pour une dégradation spécifique de 466,1 m3/km2/an en 1998. Cependant, le barrage de Tamasgho construit en amont du lac Dem, constitue pour ce dernier un barrage de décantation. Ainsi, il favorise l’accumulation de sédiments en amont du barrage. C’est lorsque celui-ci déverse ses eaux que le lac Dem reçoit également des alluvions ; - YADILA G.C., ayant axé ses travaux sur la cuvette lacustre, a estimé le volume moyen de dépôts sédimentaires dans le lac Dem à 2 400 000 m3 environ, en 2000. En outre, à partir des formules de GRESILLON, de GOTTSCHALK et de WISCHMEIER, il a calculé les apports annuels de terres dans le lac. Ces apports étaient estimés, respectivement à 82 400 m3/an, 57 200 m3/an et 53 000 m3/an. Ces résultats montrent à quel point le processus d’envasement constitue un danger pour la « pérennisation » des retenues d’eau au Burkina Faso. Face à cette évidence, il est plus que nécessaire de chercher à maîtriser les mécanismes de ce phénomène et de mieux appréhender ses causes, ses conséquences socio-économiques et géomorphologiques. C'est dans cette perspective que nous avons étudié le thème « Contribution à l’étude du comblement du lac Dem : les apports de la rive droite (Province du Sanmatenga) », pendant que OUEDRAOGO N. travaillait sur la « Perception paysanne du comblement du lac Dem ». Les deux thèmes ont été proposés par l’équipe Centre-Nord du Projet ENRECA IDR/UFR-SH qui nous offrait ainsi les possibilités d’appui financier et logistique. Le lac Dem est une retenue d’eau naturelle située dans le village de Dem, à 13 km au Nord- Ouest de Kaya. Selon IWACO B.V. (International Water supply Consultants - Bassin Versant ; 1982), le bassin versant du lac Dem fait partie de celui de la vallée des lacs (775 km2 de superficie). Ce dernier est composé de trois ensembles : le bassin versant du barrage de Tamasgho (180 km2), celui du lac Dem (400 km2) et celui du lac Sian (175 km2). Toutefois, le bassin versant du barrage de Tamasgho constitue un sous bassin versant de celui du lac Dem (figure n° 1 p.15).
  • 9. 9 La rive droite du lac Dem s’étend sur une superficie de 15 609,041 ha*. Elle est comprise entre 1°9’10’’ et 1°3’52’’ de latitude Nord, 13°10’10’’et 13°21’11’’de longitude Ouest. Selon DA D.E.C. et al. (Projet ENRECA – 2002), le site du lac Dem a servi en 1998 de lieu de rencontre entre le Ministère de l'Agriculture et les producteurs du Centre-Nord très préoccupés par un déficit de plus en plus prononcé en eau, particulièrement dans les lacs et barrages. Cette rencontre a permis au Ministre de tutelle, accompagné de son personnel technique de constater le phénomène de comblement du lac Dem et de donner des directives pour que des propositions de solutions puissent être faites. C'est dans ce contexte et face aux multiples possibilités (activités et produits) offertes par ce lac aux populations riveraines d'une part, aux villes de Kaya et de Ouagadougou d'autre part, que s’investir dans la recherche de solutions devient une nécessité. L'objectif principal de cette étude est de mieux comprendre et maîtriser les mécanismes de la dynamique actuelle et du comblement du lac Dem, afin de proposer des solutions à même de ralentir, voire bloquer le processus en cours. Cet objectif principal se scinde en plusieurs objectifs spécifiques à savoir : - rechercher les causes et les mécanismes de comblement du lac ; - évaluer l'ampleur des dépôts dans le lac ; - mettre en évidence les conséquences du phénomène ; - évaluer l'efficacité des techniques de lutte anti-érosive utilisées sur la rive droite ; - éventuellement, faire des propositions d'actions et d'aménagements pour lutter contre le fléau, afin que les populations puissent exploiter de façon durable les produits du lac. L'analyse du processus de comblement fait intervenir de nombreux facteurs aussi bien physiques qu'anthropiques. De ce fait, soucieux d'une meilleure compréhension de l'organisation et de la dynamique de ces facteurs, nous choisissons d'appliquer l'approche systémique. Cette approche consiste à analyser un ensemble d’éléments composites, entretenant entre eux des relations d’interaction et d’interdépendance. Ainsi, la recherche méthodologique a concerné les travaux préliminaires, les travaux de terrain, les analyses de laboratoire et de bureau. * Superficie calculée à partir de l’interprétation des PVA de 1996.
  • 10. 10 - Les travaux préliminaires ont comporté la revue de littérature, la collecte des données climatiques et l'exploitation des cartes et photographies aériennes. La revue de littérature a concerné l’exploitation des thèses, des mémoires, des revues, des ouvrages et des articles. Les uns traitant de la dynamique actuelle et du comblement des retenues d'eau, les autres se rapportant à la région de Kaya ou au lac Dem. Pour la consultation de ces documents, nous avons été dans les bibliothèques de l’université de Ouagadougou et de Mr DA D.E.C., dans les centres de documentation de certains organismes, institutions, et services tels le C.N.R.S.T., l'E.I.E.R., le C.I.R.D., l'O.N.B.A.H. (Office National des Barrages et Aménagements Hydrauliques) et le P.I.S. (Plan International du Sanmatenga). La collecte des variables climatiques a eu lieu, en majeure partie, à la Direction Générale de l'Aviation Civile et de la Météorologie. Elle a concerné : les précipitations, le nombre de jours de pluie, les températures, les vents et l’humidité relative, de 1960 à 2002. Les données de précipitations de l’année 2002 ont été recueillies à la Direction Régionale de l’Agriculture et des Ressources Halieutiques (DRARH) à Kaya. Dans le soucis d’avoir des informations exactes* et plus récentes, certaines variables telles les vents et l’humidité relative de la station de Ouahigouya, ont été traitées pour les quinze dernières années (1987 à 2001). Les effectifs de population des villages de la rive droite du lac Dem ont été recueillis à l’INSD et au P.I.S. à Kaya. Les données cartographiques ont été fournies par le BU.MI.GE.B. et le C.I.R.D. Il s’agit respectivement des cartes géologique au 1/200 000 de DUCELLIER J. (1954), et pédologique au 1/200 000 de l’ORSTOM (1973). L'interprétation des PVA a concerné les missions A.O. ND-30-XI 1955-1956 Kaya, 82 037-B Kaya, et 96 158-B Kaya, au 1/50 000. Celle-ci nous a permis de délimiter la rive droite du lac Dem, de constater l'évolution du couvert végétal et l'occupation des terres et de réaliser la carte morpho-dynamique. * Certains mois n’ont pas de données climatiques.
  • 11. 11 - Les travaux de terrain ont permis non seulement de toucher du doigt les réalités du terrain, mais surtout de mieux appréhender les phénomènes de la dynamique actuelle et de comblement du lac Dem. Les observations et description de la rive du lac ont concerné aussi bien les aspects physiques que les activités menées par les populations. Celles-ci ont été effectuées à partir de quatre toposéquences (figure n° 5 p.34 et annexe n° 12 p.113) : * l'étude du couvert végétal, à travers des inventaires floristiques complets sur des parcelles de 50 m x 25 m ; * la mesure du taux de recouvrement des ligneux sur ces mêmes parcelles ; * l’étude des sols, où l'accent a été mis sur la description des états de surface, la couleur, la texture, la structure et la profondeur (grâce aux incisions des cours d'eau). La quantification de la dynamique érosive sur la rive droite du lac Dem a concerné : * l’utilisation d’une vingtaine de baguettes d’érosion, longues chacune de 50 cm. Celles-ci ont été fixées de moitié, sur les segments des toposéquences n° 1 et 2. Cela a permis de mesurer le décapage ou le dépôt de sédiments au niveau des différentes unités (TOEBES C. et GURYVAEV V., 1970) ; * la mesure de l'effet « splash » à travers l’adoption de la méthode de FOURNIER F. (1960). Celle-ci consiste à mettre en terre une bouteille munie d’un entonnoir circulaire de 15 cm de diamètre. Ce dernier est placé à quelques millimètres au dessus du sol, de sorte qu’il ne recueille pas les eaux de ruissellement (planche n° 2 photo n° 3 p.96). Les sédiments de fond des bouteilles, prélevés après chaque pluie*, ont été séchés et pesés. Trois bouteilles ont été installées sur la rive droite : dans le bas-fond, sur le bas glacis et sur le moyen glacis. Cela a permis de mesurer la quantité de matériaux déplacés par le « splash » durant la saison pluvieuse 2002 ; * la mesure du ruissellement diffus et en nappe à travers l’installation sur le bas glacis, de trois placettes de dimension 128 cm x 83 cm chacune. Celles-ci sont munies de cuves de réception (Méthode de l’Ecole Inter-Etats d’Ingénieurs de l’Equipement Rural). Les * Les prélèvements ont été effectués par un résident de Zorkoum.
  • 12. 12 prélèvements d'eau et de boue après chaque pluie*, leurs mesures et pesées ont permis de calculer les coefficients de ruissellement et les pertes de terres en 2002. Ces installations ont été réalisées à trois endroits : dans un champ de sorgho, dans le même champ avec un cordon d'Andropogon gayanus, et dans une zone dégradée (planche n° 2 photo n° 4 p.96 et annexe n° 13 p.113) ; * les mesures des profils et des têtes de ravine : les premières ont été réalisées à partir d’un fil étalonné, fixé transversalement à la ravine à l’aide de deux piquets. Avec un fil à plomb, on mesure verticalement la profondeur de la ravine suivant les points étalonnés. Lorsque les berges présentent des « pseudo-tafonis », on effectue les mesures en pendant un second fil étalonné perpendiculairement au premier. Puis, on mesure horizontalement la distance entre ce second fil et le profil du « pseudo-tafonis ». Les secondes mesures ont consisté à fixer un piquet au centre et un autre hors de la tête de ravine. Suivant le segment de droite qui existe entre ces deux piquets, on mesure la distance entre le piquet central et le bord de la tête de ravine. Cette opération est répétée sur toute la forme de ladite tête en respectant un écart d’angle constant de 5 °C entre chaque point mesuré (DA D.E.C., 1984). Ces mesures ont concerné quatre profils transversaux et quatre têtes de ravine. Elles ont été effectuées en avril et en novembre 2002. Par ailleurs, des observations ont été faites aussi bien sur la dynamique éolienne passée que présente : la première a porté sur l’analyse des données climatiques de la DGACM ; la seconde a concerné les observations directes lors de notre séjour sur le site d’étude. La mise en évidence du comblement du lac Dem a porté sur : * les sondages à la perche qui ont été effectués, en mai 2002, sur les berges septentrionales du lac Dem. Ils ont consisté à y mesurer l'épaisseur des sédiments déposés. Cela à l'aide d'une perche en fer graduée et longue de 3,10 m (démontable par mètre). En outre, les coordonnées de chaque point sondé ont été enregistrées grâce à un GPS (Global Position System) ; * Les prélèvements ont été effectués par un résident de Zorkoum.
  • 13. 13 * la mesure de l’épaisseur exacte des sédiments allochtones des berges du lac. Cela à travers la réalisation, en mai 2002, de profils pédologiques des fosses. Celles-ci ont été creusées en aval des deux ravines (n° 1 et 2) à grande entrée de sables dans le lac et sur les berges de celui-ci. Le GPS a servi à enregistrer les coordonnées géographiques (annexe n° 8 p.109) ; * la mesure des apports alluviaux latéraux dans la cuvette du lac. Pour cela, des piquets d’érosion longs de 1m chacun, ont été enfoncés de 75 cm à l’embouchure des ravines n° 1 et 2. La fixation de ces piquets, séparés de 100 m chacun, a eu lieu en avril 2002 (annexe n° 8 p.109). Par ailleurs, des échantillons d'eau du lac Dem, de sols et de sédiments ont été prélevés pour des analyses. - Les analyses de laboratoire et de bureau ont concerné : * la granulométrie et la morphoscopie des sables, de même que la mesure de la perméabilité (méthode de HENIN), au sein du Laboratoire de Géographie Physique de l’Université de Ouagadougou ; * la sédimentologie et la détermination des paramètres physico-chimiques des échantillons de sols, au BUNASOLS ; * la pesée des échantillons de terres déplacées par l’effet « splash » et l’érosion aréolaire, au Laboratoire d’Ecologie de l’Unité de Formation et de Recherche en Science de la Vie et de la Terre (UFR-SVT) de l’Université de Ouagadougou ; * la détermination des paramètres microbiologiques de l’échantillon d'eau du lac Dem, au département de Génie Sanitaire de l’EIER. Les travaux de bureau ont consisté entre autre à l’interprétation des PVA et à la réalisation des différentes cartes avec le logiciel Arcview GIS 3.2. La finalisation du mémoire a été possible, grâce aux logiciels Microsoft World et Microsoft Excel. Ces travaux se sont déroulés au Projet ENRECA IDR/UFR-SH et au Laboratoire de Télédétection et SIG du Département de Géographie.
  • 14. 14 Lors de l’application de l’approche méthodologique sur le site d’étude, nous avons été confrontés à quelques difficultés. Il s’agit essentiellement : - de la disparition de certains piquets d’érosion, qui ont été emportés par le ruissellement ou arrachés par les populations ; - de la perte de quelques grammes d’échantillon de terres par notre échantillonneur. Certains sachets contenant les sédiments ont été détruits par des termites ; - de l’installation tardive des systèmes de mesure de l’effet « splash » et de l’érosion aréolaire. En effet, ces systèmes ont été mis en place le 1er mai, après les pluies des 5 et 7 avril 2002 ; - du faible temps de stockage des données par la mémoire de notre GPS. Nous ignorions cela. Par conséquent, les coordonnées géographiques des éléments enregistrés (placeaux, profils et têtes de ravines, points sondés à la perche, fosses creusées pour mesurer l’épaisseur des alluvions du lac) n’ont pu être exploitées. En dépit de ces difficultés, nous avons obtenu des résultats pertinents qui ont permis la réalisation de ce document. Le présent mémoire comporte six chapitres, structurés en deux parties : - la première partie aborde le contexte physique et humain du lac Dem. Elle comporte deux chapitres ; - la seconde partie traite des apports de la rive droite, de leurs conséquences et des perspectives de lutte contre le comblement du lac Dem. Elle se subdivise en quatre chapitres.
  • 16. 16 PREMIERE PARTIE LE LAC DEM DANS SON CONTEXTE PHYSIQUE ET HUMAIN La meilleure compréhension de l’environnement du lac Dem passe par une analyse du cadre physique et des aspects humains. Cette analyse a pour but d’établir des liens entre les différents éléments du milieu et de faire ressortir les traits spécifiques de la zone d’étude. Dans cette partie, l’accent sera mis sur les aspects physiques et humains de la rive droite du lac Dem.
  • 17. 17 CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SITE D’ETUDE A – Le climat régional « Tout milieu géographique, terrestre ou océanique de surface, baigne dans l’atmosphère et subit ses variations saisonnières de température, d’humidité, d’électricité statique, etc., auxquelles on donne le nom de climat » (DEMANGEOT J., 1976, p.23). Il est donc la résultante de l’action de plusieurs facteurs dont les plus déterminants pour notre thème d’étude sont : la pluviométrie, les vents et les températures. Selon le découpage phytogéographique de GUINKO S. (1987), la région de Kaya est située dans la zone Nord-Soudanienne. Le climat, de type soudano-sahélien, est caractérisé par une saison pluvieuse (de mai en octobre) et une saison sèche (de novembre en avril). Par ailleurs, l’absence de données sur les vents, l’humidité relative et l’évaporation à Kaya, nous a conduit à utiliser les relevés de la station synoptique de Ouahigouya ; car ces variables climatiques de cette localité ont des valeurs proches de celles de notre site d’étude. 1. L’ensoleillement et les températures Selon GUILLET F. (1991), l’ensoleillement suit de toute évidence l’année solaire. Son maximum correspond à l’été (21 juin - 21 septembre). Cependant, l’arrivée des masses d’air humides du golfe de Guinée entraîne une chute considérable de l’ensoleillement moyen journalier dès le début du mois de juin. Les variations thermiques de la région de Kaya sont relativement importantes. Elles sont caractérisées par quatre périodes à savoir, deux périodes de forte chaleur et deux périodes de relative fraîcheur : - les périodes chaudes se situent, d’une part entre mars et mai avec des températures maximales moyennes de 38,5 °C et minimales de 24,8 °C (1962-2000) ; d’autre part, en octobre, juste après la saison pluvieuse. Durant cette période nous avons respectivement 35,9 °C et 22,8 °C.
  • 18. 18 - les périodes de fraîcheur interviennent entre novembre et février avec des températures maximales moyennes de 33,8 °C et minimales de 18,6 °C, et pendant la saison pluvieuse (juin à septembre). Durant cette dernière période, nous avons respectivement 32,7 °C et 22,3 °C. Le mois de janvier est le plus frais avec 17,3 °C. La température moyenne mensuelle est de 28,2 °C avec une amplitude thermique de 13,2 °C. 2. Les vents A l’instar de tout le Burkina, les vents au Sanmatenga restent étroitement liés au Front Intertropical. La région est balayée par deux types de vents : - de novembre en avril, souffle l’harmattan. Ce sont des vents continentaux de secteur Nord- Est. Ils sont souvent chargés de particules fines du sol ; - de mai en octobre, souffle un régime de pseudo-mousson chargé d’humidité. Ces vents balaient la rive droite du lac Dem du Sud-Ouest vers le Nord-Est. Ils sont assez violents en début et en fin de la saison pluvieuse. 3. La pluviométrie Elle constitue un élément essentiel dans la définition du type de climat du site. Principal agent de la morphogenèse, la pluviométrie est un facteur déterminant dans le cadre de notre étude. D’après les données de la DGACM, l’analyse des séries pluviométriques de Kaya entre 1960 et 2002 montre de fortes fluctuations et une tendance générale à une légère baisse (figure n° 2 a p.19). La moyenne est de 689,6 mm, les plus longues périodes excédentaires sont observées de 1963 à 1966 (825,8 mm) et de 1973 à 1976 (833,1 mm). Les plus déficitaires se situent de 1968 à 1970 (551,2 mm) et de 1982 à 1987 (465,6 mm). La décennie de 1993 à 2002, donne une moyenne pluviométrique de 697 mm. Quant à la courbe des moyennes mobiles, ses valeurs sont proches des valeurs de la moyenne pluviométrique entre 1971 et 1983. A partir de 1983 jusqu’en 1998, elle évolue en dessous de celle–ci, pour la rejoindre et se confondre à elle de 1999 à 2002.
  • 19. 19 L’analyse de la courbe du nombre de jours de pluie, pour la même période, montre également de fortes fluctuations marquées par une tendance générale à la baisse. La moyenne du nombre de jours de pluie est 48 (figure n° 2 b p.20). La courbe des moyennes mobiles évolue au-dessus de la moyenne (48 jours) jusqu’en 1983, date à laquelle, elle se situe en dessous de cette dernière. Dans l’ensemble, les conséquences de ces fluctuations, surtout les tendances à la baisse des précipitations et du nombre de jours de pluie, ne favorisent pas le développement du couvert végétal : certaines espèces soudaniennes (Parkia biglobosa, Adansonia digitata, Vitellaria paradoxa, Bombax costatum, Ceïba pentandra, Sclerocarya birrea) disparaissent au profit des espèces sahéliennes qui résistent mieux aux rudes conditions climatiques. Toutefois, ces précipitations jouent un rôle prépondérant dans l’altération des roches. Figure n° 2 a/ VARIATION INTERANNUELLE DES PRECIPITATIONS A KAYA (1960 - 2002) 0,0 200,0 400,0 600,0 800,0 1000,0 1200,0 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Années Précipitations(mm) Précipitations M oyenne Droite de tendance M oyenne m obile sur 11 ans Source de données : DGACM
  • 20. 20 b/ VARIATIO N INTERANNUELLE DU NO M BRE DE JO URS DE PLUIE A KAYA (1960 - 2002) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Années Nombredejoursdepluie Nom bre de jours de pluie M oyen Droite de tendance M oyenne m obile sur 11 ans Source de données : DGACM B- Les formations géologiques DUCELLIER J. (1954) intègre la structure géologique de la région de Kaya dans l’ensemble du bouclier précambrien Ouest-africain. Ce grand ensemble présente un substratum très hétérogène représenté par les roches métamorphiques (Birimien) et les roches cristallines sur la rive droite du lac Dem (figure n° 3 p.22). 1. Les roches métamorphiques Sur la rive droite du lac Dem, ces roches métamorphiques se répartissent en deux groupes, définis par DUCELLIER J. (1954) : - le groupe de Rissiam comprend des schistes argileux (de teinte rouge, violacée et blanche), des cherts noirs de volcans composés de cendres et tufs acides à neutres lités, des niveaux intercalaires de schistes graphiteux et de tufs ferromanganésifères, etc. (planche n° 1 photo n° 1 p.95).
  • 21. 21 Les schistes birimiens représentent l’une des formations les plus répandues dans la zone. Leurs affleurements correspondent aux collines de schistes à Dem et à Niangado ; - le groupe de Dacola comprend des roches ortho-métamorphiques ou « roches vertes » qui caractérisent le Birimien supérieur. Les plus fréquentes sont les gabbros, les amphiboles et les amphibolo-schistes. Leurs affleurements correspondent aux chaînes de collines continues très caractéristiques, apparaissant à Dem et à Niangado. 2. Les roches cristallines Il s’agit de roches plutoniques de la famille des granites. Sur la rive droite du lac Dem, ces roches sont représentées par des migmatites qui font partie des granites intrusifs. Cette formation géologique occupe plus de 90 % du site d’étude, car elle s’étend de l’amont de lac Dem à Sorodin en passant par Bandéga et Siguinoguen. Elles affleurent sous forme de batholite au Nord-Ouest de Siguinoguen et de chaos à Kamsaonguin. Cet ensemble géologique, ayant subi des déformations tectoniques au cours des temps géologiques, a favorisé la mise en place d’un relief plissé. Celui-ci a connu différentes phases d’altération et de dynamique superficielle donnant naissance à plusieurs types de sols.
  • 23. 23 C- Les unités morpho-pédologiques de la rive droite du lac Dem La zone étudiée met en évidence deux grandes zones : - une zone très accidentée au Sud-Ouest (du Sud-Ouest de Dem au Nord de Niangado), dominée par des collines birimiennes et quelques buttes cuirassées. Ces modelés sont caractérisés par des lithosols et des sols peu évolués sur les versants ; - une zone faiblement ondulée qui occupe le Sud-Est (lac Dem), le Nord et l’Est de la rive droite du lac Dem. Il s’y développe des sols peu évolués, des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et des sols hydromorphes (figure n° 4 p.31). 1. Les éminences aux sols minéraux bruts et peu évolués Elles correspondent aux collines birimiennes et aux buttes cuirassées. a/ Les collines birimiennes C’est un ensemble de collines irrégulières, avoisinant 400 m d’altitude. Elles font parties de « l’arc » formé par les chaînes de collines birimiennes au Centre-Nord du Burkina Faso. Sur notre site, elles sont orientées du Nord-Ouest au Sud-Est (photo n° 1). Avril 2002 Photo n° 1 : Chaîne de collines birimiennes au Sud-Ouest de la rive droite du lac Dem. Ce sont des collines de roches vertes et schisteuses surtout. Ils s’y développent une savane arbustive à Combrétacée. Par ailleurs, suite aux différents changements climatiques, marqués par des alternances de périodes humides et sèches et à l’érosion différentielle qu’a subi la région, des dalles « Colline de Dem »
  • 24. 24 cuirassées ont été mises en place sur une partie de ces collines. Ainsi, ces collines sont coiffées de cuirasse autochtone généralement bauxitique à des altitudes dépassant 500 m : c’est le cas des collines de Dem et de Niangado avec respectivement 508 et 510 m (BOUGERE J., 1976). Ces dalles sommitales, subhorizontales, sont souvent diaclasées surtout à leurs corniches. Ces dernières se désagrègent généralement en gros blocs de cuirasse. Seuls des sols minéraux bruts peuvent se développer sur ces cuirasses bauxitiques dénudées. Celles-ci présentent un profil R ou CR qui peut parfois évoluer en (A)CR. Ce profil est caractérisé par l’abondance de gravillons. Les collines de roches vertes fournissent parfois les pierres pour la construction des ouvrages de conservation des eaux et des sols au même titre que les buttes cuirassées. b/ Les buttes cuirassées Les buttes cuirassées isolées, constituent des pseudo-cuestas, témoins d’une érosion différentielle qui a favorisé leur exhumation. Elles ont des sommets en dalles de cuirasse ferrugineuse parfois désagrégées. Ces cuirasses sont caractérisées par leur homogénéité. Mais elles peuvent être « conglomératiques » (cuirasses allochtones), formées par la consolidation des galets de cuirasses bauxitiques, ferrugineuses et de plaquettes de schistes par un ciment ferrugineux plus récent. Il ne peut ainsi s’y développer que des lithosols sur cuirasse. Par contre, les versants de ces buttes, souvent pavés de blocs de la cuirasse sommitale, sont soumis à la dynamique superficielle. Ils sont caractérisés des sols peu évolués d’érosion (au haut versant) et d’apport (au bas versant) de profil pédologique respectif (A)CR et ACR. Ces buttes cuirassées existent sur la rive droite du lac Dem. On les trouve au Nord-Ouest de Siguinoguin, à l’Ouest et au Sud-Est de Pousdoum et au Nord de Sorodin. 2. Les dépressions périphériques aux sols dénudés Elles sont localisées entre les collines birimiennes et l’alignement des hauts glacis. Leur mise en place s’est faite suite à une érosion différentielle.
  • 25. 25 De forme allongée, les dépressions périphériques au Sud de la colline de Dem et au Nord- Est de celle de Niangado, sont des zones de collecte des eaux provenant des sommets. Ces dépressions périphériques sont caractérisées par des lithosols et des sols peu évolués. En effet, lors de nos travaux de terrain en avril 2002, nous avons observé des sols peu évolués d’apports colluvio-alluvionnaires constitués de galets de roches vertes, de cuirasses, de plaquettes de schistes, de gravillons, et de dépôts sablo-argileux souvent encroûtés en surface. Particulièrement, dans la dépression périphérique au Sud de la colline de Dem, des schistes graphiteux affleurent (planche n°1 photo n° 1 p.95). Les dépressions périphériques constituent une zone de passage préférentiel des cours d’eau. Les têtes de ces cours d’eau évoluent progressivement vers les collines birimiennes et les glacis cuirassés. 3. Les glacis cuirassés à lithosols Ils correspondent à la surface topographique qui sépare certains reliefs de commandement des glacis actuels. a/ Les hauts glacis cuirassés Ils s’organisent autour des collines birimiennes, en plan légèrement incliné de façon divergente par rapport à ces reliefs centraux. Ces hauts glacis ont des cuirasses ferrugineuses de 1 à 2 % de pente dans la partie inférieure et de 4 à 8 % dans la partie supérieure (forme de pseudo-cuesta). Les corniches, formées d’une cuirasse ferrugineuse épaisse (dépassant 10 m parfois), sont reliées aux dépressions périphériques par des talus de raccordement versant. Ces surfaces cuirassées possèdent des lithosols sur cuirasse présentant un profil R ou CR qui peut évoluer en (A)CR au niveau des talus. Ces mêmes types de sols existent au niveau des moyens glacis cuirassés. b/ Les moyens glacis cuirassés Ils constituent l’unité topographique située entre les hauts glacis et les bas glacis. Les moyens glacis sont en contre-bas des hauts glacis et sont généralement reliés à ces derniers par un talus.
  • 26. 26 Mais au Sud-Ouest de Dem ces deux unités sont plutôt séparées par une « dépression » qui a été mise en place probablement par l’érosion différentielle. Nous y avons observé des sols dénudés recouverts parfois de dépôts gravillonnaires. Le moyen glacis qui est relié à cette « dépression » par un talus, possède une cuirasse ferrugineuse plus ou moins démantelée et recouverte de pierrailles. Ce moyen glacis, aux pentes douces, est caractérisé par des lithosols sur cuirasse désagrégée partiellement. Il en résulte d’importants épandages gravillonnaires, parfois sur des altérites. Celles-ci affleurent surtout sur le talus de raccordement qui relie ce moyen glacis au bas glacis. 4. Les bas glacis et les plaines aux sols ferrugineux tropicaux peu lessivés Ils représentent le niveau de base relativement plat au-dessus duquel s’élèvent les unités topographiques précédemment décrites. Ils sont le lieu de développement des sols profonds à sesquioxydes. Les bas glacis sont caractérisés par des pentes supérieures et inférieures, parfois séparées par des pentes intermédiaires : - les pentes supérieures des bas glacis de la rive droite du lac, sont situées aux environs immédiats des collines birimiennes et des hauts glacis cuirassés. Elles ont des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés à drainage interne limité en profondeur (ORSTOM, 1973). Ces sols évolués présentent un profil différencié A(B)CR ou ABCR. Selon ZOMBRE P. et al. (Projet ENRECA, 2002), ils sont de couleur brune dans les 50 premiers centimètres, de texture grossière (sableuse) aux 20 premiers centimètres et fine (argileuse) en dessous. Ils se développent sur des sables éoliens ou en association avec des matériaux gravillonnaires ; - les pentes intermédiaires : le parcours de la rive droite du lac Dem, nous a permis d’identifier une zone de transition (pente intermédiaire) au Sud-Ouest de Toyandé. Cette zone, à pente douce, est caractérisée en grande partie par un développement important des sols dénudés (« zipella ») de 5 ha environ. Ce sont des sols de couleur brune à brun- jaunâtre encroûtés parfois, à texture sablo-argileuse ; - sur les pentes inférieures, qui sont les parties aval des bas glacis, s’y développent localement des sols peu évolués d’apport colluvio-alluvionnaire et surtout alluvionnaire.
  • 27. 27 Ils se localisent au Nord-Ouest de Zorkoum et au Sud de Sorodin. Mais la tendance générale est le développement de sols évolués, ferrugineux tropicaux lessivés modaux de couleur brun-jaunâtre à brun fort, à texture sablo-limoneuse ou limono-sableuse en surface. Les plaines, caractérisées par une altitude moyenne relativement faible (300 m) et un écoulement des cours d’eau à fleur de sol, à Pousdoum, Bandega et Sommyalka, ont le même type de sol. Par ailleurs, la profondeur de ces sols (supérieure à 1 m), est généralement plus importante dans les bas-fonds. 5. Les bas-fonds et le lac Dem aux sols hydromorphes Ils représentent la surface topographique la plus basse du modelé où convergent les eaux des unités sus-jacentes. a/ Le réseau hydrographique Assez dense sur la rive droite du lac Dem, le réseau hydrographique est composé de griffures, de ravineaux, de rigoles et de ravines. Les incisions les plus importantes sont de grandes ravines caractérisées par des lits et des berges de formes variables. En effet, la ravine observée au Sud-Ouest de Dem présente un lit plat et large (plus de 15 m par endroit) avec des alluvions sableuses et sablo- gravillonnaires, des berges abruptes mesurant 3,10 m localement (photo n° 8 p.62). Les lits de certaines ravines à Dem et Niangado sont occupés par d’importants affleurements de cuirasses ferrugineuses. De part leur position topographique, elles pourraient être qualifiées de « cuirasses de nappe », mises en place par la consolidation des galets de roches vertes, de cuirasses bauxitiques et ferrugineuses et des plaquettes de schistes par un ciment ferrugineux. b/ Les zones inondables Ce sont des zones alluviales plus ou moins encaissées, temporairement inondées. Elles comportent une pente de raccordement au glacis appelée chanfrein.
  • 28. 28 La pédogenèse se caractérise par la formation des sols hydromorphiques à pseudo-gley d’ensemble. Ces sols présentent un profil en ABCR. Mais dans l’horizon B d’accumulation, la kaolinite a évolué en pseudo-gley. L’horizon A a une texture sablo- argileuse ou argilo-sableuse. De couleur gris-rosâtre à rose dans les 10 premiers centimètres, qui devient jaune-brunâtre avec la profondeur, ces sols se développent au Sud de Sorodin où ils sont exploités pour la riziculture. Par contre, les berges en aval du lac Dem, plus précisément du déversoir jusqu’au-delà de l’embouchure de la ravine n° 2 à l’Est de Dem, sont recouvertes d’importants dépôts sableux. Ces épandages de sables se prolongent jusque dans la cuvette du lac Dem (photo n° 2). OUEDRAOGO N. Avril 2002 Photo n° 2 : Dépôts sableux en aval du lac Dem à Zorkoum. Ces dépôts ont formé un « delta alluvial» à l’embouchure de la ravine n° 1, en amont de la digue. C’est la première voie d’alimentation du lac en sédiments sableux c/ Le lac Dem Topographiquement c’est le point le plus bas de notre site d’étude. Il constitue la zone de collecte de toutes les eaux de la rive droite. C’est un lac naturel et permanent ; ce qui favorise le développement de sols hydromorphes à gley. Ceux-ci sont de couleur grise à gris-violacée, tachetés de rouille avec une texture lourde (argileuse) de la surface en profondeur. Dépôts sableux Lac Dem
  • 29. 29 L’échantillon de la roche-mère schisteuse altérée (échantillon E 8) exhumé à 2,80 m de profondeur, grâce aux fosses à sédiments, répond aux mêmes caractéristiques. L’utilisation de la méthode de HENIN nous a permis de mesurer sa vitesse de filtration : K = 0,42 cm/h. Cette valeur très faible favorise plus la stagnation des eaux que leur infiltration (annexe n° 1 p.101). Selon YADILA G. C., après les travaux de réfection de la digue en 1990 par les Chinois, avec son seuil calé à 290,0 m, le lac devrait avoir une capacité de stockage en eau de 11 000 000 m3. Mais le bilan de la situation hydraulique fait par la Direction Régionale de l’Hydraulique de Kaya en 1996, a révélé que cette capacité était réduite à 4 000 000 m3. Cela était probablement dû à son envasement progressif et à la baisse des précipitations. - La morphométrie du lac Dem D’après la carte géologique de DUCELLIER J. (1954), le lac Dem s’est installé sur des schistes argileux et sur des granites migmatiques. Il s’incline du Nord au Sud. Le lac a une forme allongée et s’étend sur une longueur de 7,5 km environ avec une largeur moyenne de 950 m (annexe n° 2 a p.102). Selon IWACO B.V., dans la partie Nord du lac situé entre 5 et 6 m de la digue, le sol de la vallée est plat avec des pentes de 1 %. Au-delà, les pentes diminuent jusqu’à 0,6 %. L’analyse du profil en long du lac, de l’amont à la digue, donne en 1982 une dénivelée de 3,2 m et une profondeur moyenne de 2 m (annexe n° 2 b p.102). - Les caractéristiques de la digue du lac Dem Construite en 1990 en aval du lac, la digue est constituée de matériaux compacts (dalles, moellons de cuirasse). Elle s’étend sur une longueur de 405,4 m pour 4 m de largeur ; sa crête est à la côte 292,65 m. Les talus amont et aval, de 0,5 % de pente, sont revêtus d’un perré maçonné d’une épaisseur de 25 cm. Par ailleurs, le déversoir construit au centre de cette digue, est à la côte 290,90 m et mesure 50 m de long sur 4 m de largeur. Il comporte en aval un bassin de dissipation d’énergie, construit en moellons de 5 m de largeur (photo n° 3 p.30).
  • 30. 30 Avril 2002 Photo n° 3 : La digue munie du déversoir central en aval du lac Dem, à Zorkoum. D’imports dépôts sableux occupent l’amont de la digue. Une lame d’eau y ruisselle après la pluie du 7 avril 2002. Déversoir Digue Dépôts sableux
  • 32. 32 D- Les formations végétales Selon GUINKO S. (1984), notre zone d’étude appartient au domaine phytogéographique sahélien, plus précisément au secteur subsahélien. La végétation de la rive droite du lac Dem est fortement anthropisée, constituée de savanes parcs qualifiées de « paysages agrestes » par GUINKO S. Ainsi, lors de nos travaux de terrain (réalisation de transects n° 1, 2, 3 et 4 auxquels sont liées les fiches d’inventaire floristique de l’annexe n° 3 p.103), il s’est avéré que la physionomie des formations végétales varie en fonction des unités topographiques. 1. La végétation des collines birimiennes Sur les collines birimiennes, dominent les graminées représentées par un tapis herbacé continu ne dépassant guère 20 cm de hauteur. Les espèces dominantes sont surtout Loudetia togoensis et Schoenfeldia gracilis ; celles compagnes sont Cymbopogon schoenantus et Pennisetum pedicellatum. En revanche, la végétation ligneuse est piquetée dans son ensemble et dominée par Combretum micranthum (1,7 m), Guiera senegalensis (1,2 m) et Acacia seyal (3,275 m). 2. La végétation des glacis cuirassés Elle est caractérisée par la savane arbustive dégradée. Ces cuirasses souvent diaclasées ne favorisent que le développement d’une formation très éparse dominée par Combretum micranthum (1,55 m), Guiera senegalensis (1,1 m). Les espèces compagnes sont Balanites aegyptiaca (4 m), Piliostigma reticulatum (1,5 m), Combretum glutinosum (1,70 m) et Ziziphus mauritiana (1,2 m). Les versants sont occupés par les mêmes espèces, mais avec une densité plus importante. Par contre, le tapis herbacé, composé souvent de Loudetia togoensis et Pennisetum pedicellatum se développe de façon discontinue sur les dépôts alluvionnaires. 3. La végétation des glacis actuels et des bas-fonds Sur les glacis actuels et dans les bas-fonds, il s’y développe des savanes parcs à Vitellaria paradoxa (7,5 à 9 m), Parkia biglobosa (8 m), Lannea microcarpa (8 m), Sclerocarya birrea (7,5 m) Acacia albida (10 m), Tamarindus indica (10 m), Bombax costatum (7 m). Des arbustes (utiles)
  • 33. 33 côtoient les formations arborées. Il s’agit de Diospyros mespiliformis, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana, Acacia nilotica, Piliostigma reticulatum,… Les cours d’eau sont jalonnés de formations ripicoles dégradées. Celles-ci sont dominées par Mitragyna inermis (9 m), Vitellaria paradoxa (10 m) et Anogeissus leiocarpus (8 m). Quant à la strate herbacée, celle composée de Loudetia togoensis, Pennisetum pedicellatum, Eragrotis tremula, Cymbopogon schoenantus, Leptadenia hastata a une relative bonne vitalité sur les zones non cultivées. Contrairement à Andropogon gayanus et Pennisetum Sp qui se situent le long des ouvrages (cordons, diguettes, digues) ou à la limite des champs. Dans certains champs et surfaces non cultivées, se développe Striga hermonteca, témoin de la pauvreté des sols. Par ailleurs, la rive droite du lac Dem est marquée, des piedmonts des collines birimiennes aux berges du lac, par une densification progressive du couvert végétal (planche n° 5 photo n° 10 p.99). Cela donne dans les bas-fonds des ligneux de grande taille, dominés par Acacia albida (10 à 15 m), Ficus gnaphalocarpa (10 à 15 m) et Khaya senegalensis (15 à 20 m). La rive droite du lac Dem est soumise également à une diversification et une intensification des activités humaines. Avril 2002 Photo 4 : Savane parc à Acacia albida dans la vallée en aval du lac Dem, au Nord de Zorkoum. Acacia albida est l’espèce dominante des formations végétales des vallées et bas-fonds de la rive droite du lac Dem. Elle atteint parfois 15 m de hauteur.
  • 35. 35
  • 36. 36 CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES HUMAINES DU SITE D’ETUDE A- La population 1. La composition et la répartition Les villages de la rive droite du lac Dem sont repartis entre les départements de Kaya et de Barsalgho. La population est essentiellement composée de Mossi (plus de 95 %) et de Peulh. Ce sont des groupes ethniques sédentaires à l’exception des pasteurs Peulh. Au Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), effectué par l’INSD en 1996, ils avaient une population de 6 492 habitants environ (tableau I). Cette population est à prédominance jeune : près de la moitié a moins de 15 ans. Elle est sujette à une émigration vers les grands centres urbains. Toutefois, le pourcentage d’immigrés est relativement faible à cause de la présence du lac Dem et des terres environnants qui constituent un centre d’intérêt économique. Tableau I : Effectif des populations des villages de la rive droite du lac. VILLAGES EFFECTIF DES POPULATIONS EN 1996 Bandéga Mossi 405 Bandéga Naba-Peulh 39 Bandéga Peulh 336 Dem 1 710 Dembila Peulh 360 Kamsaonguin 562* Niangado 853 Toyandé 576 Zorkoum 1 651 Total 6 492 Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat en 1996 (INSD). 2. La densité de population et ses conséquences L’interprétation des PVA de 1996, nous a permis de calculer la superficie de la rive droite du lac Dem. Celle-ci est de 15 609,041 ha. Ainsi, la densité de la population est estimée à 41,6 habitants/km2. Cette densité est nettement plus élevée dans les villages riverains du lac que * C’est l’effectif de Ilyala dont le quartier Kamsaonguin est situé sur la rive droite.
  • 37. 37 sont Zorkoum, Dem, Dembila Peulh et Kamsaonguin (60 habitants/km2 environ). Par conséquent, cette pression humaine se manifeste par une exploitation excessive des ressources naturelles (eau, sol et végétation) à des fins socio-économiques. B- Les activités socio-économiques La rive droite est le lieu de diverses activités socio-économiques telles l’agriculture pluviale, le maraîchage, l’élevage, l’artisanat et la pêche. Celles-ci concourent à des degrés variables à la dégradation de son écosystème. 1. Les activités agricoles - L’agriculture pluviale C’est la principale activité pratiquée par la majorité des populations du site d’étude. De type traditionnel, l’agriculture pluviale est tributaire de l’installation de la saison pluvieuse. Elle s’étend des versants des collines birimiennes aux bas-fonds. Les produits issus de cette agriculture, essentiellement destinés à l’autoconsommation, sont : le mil (principale culture sur le site), le pois de terre et le niébé cultivés sur les versants des collines et les bas glacis ; le sorgho (deuxième culture) et le riz (à Sorodin) cultivés dans les bas-fonds (photo n° 5). Avril 2002 Planche n° 5 : Rizière au Sud de Sorodin. Elle occupait plus de 90 ha de superficie en 1996. La production est destinée aussi bien à la consommation locale qu’à la commercialisation
  • 38. 38 Tableau II : Production céréalière du Sanmatenga* en tonne (t). Campagne 1999-2000 Céréales Mil Sorgho blanc Sorgho rouge Maïs Riz** Total Poids (t) 36 214 28 589 5 404 3 662 1 542 75 412 Source : Direction des études et de la planification (2001). Les forces de travail sont constituées principalement par la main d’œuvre familiale. L’outil de base pour les travaux champêtres est la daba. Cependant, les paysans pratiquent davantage la culture attelée. Mais la charrue n’est utilisée que par quelques paysans « nantis » lors des labours dans les rizières et les périmètres maraîchers. - Le maraîchage Il est pratiqué le long des berges du lac, après les travaux champêtres de la saison pluvieuse. C’est une activité qualifiée de « contre-saison », s’étendant de novembre en avril. L’alimentation en eau des périmètres irrigués s’effectue, soit par arrosage à la main à partir des canaux creusés sur les berges du lac, soit par irrigation à partir de l’utilisation de pompes NAFA (pompes manuelles ou pompes à pédales) ou de motopompes. Les principales spéculations sont l’aubergine, l’oignon, la tomate, les choux et le haricot vert. Certains produits maraîchers, notamment l’oignon, la tomate, la pomme de terre, le haricot vert et la pastèque constituent de véritables cultures de rente. Leur exportation vers les centres urbains et à l’extérieur du pays, procure aux paysans des revenus substantiels qui leur permettent de couvrir certains besoins (tableau III p.39).. * Ne disposant pas de données sur la production du site d’étude, nous proposons celle du Sanmatenga. ** Y compris la production des plaines irriguées.
  • 39. 39 Tableau III : Production des principales cultures maraîchères du Centre-Nord* Campagne 1991-1992 Cultures Superficie (m2) Rendement (t/ha) Production (t) Aubergines 212,100 90 1909 Oignons 146,200 30 439 Tomates 45,800 60 275 Choux 53,900 50 270 Haricots verts 386,400 7 270 Carottes 8,300 50 42 Piment 17,700 6 11 Laitue 1,800 25 5 Pomme de terre 0,700 17 1 Autres 2,400 - - Source : Direction des statistiques agro-pastorales - Enquêtes maraîchères (1993). En outre, sur les berges du lac Dem le maïs est cultivé en association avec des légumes tels les poivrons, les choux et les piments (photo n° 6 p.40). * Ne disposant pas de données sur la production du lac Dem, nous proposons celle du Centre-Nord du Burkina.
  • 40. 40 Avril 2002 Planche n° 6 : Association de maïs et de choux dans un champ sur les berges du lac Dem. Une partie de cette production est destinée à l’autoconsommation tandis que l’autre est vendue. Bien que la majorité des populations soient cultivateurs, il en existe qui pratiquent d’autres activités. 2. Les autres activités - L ‘élevage De type extensif, il est perçu comme une activité complémentaire à l’agriculture. La fumure animale est utilisée comme matière organique pour amender les champs, tandis que les résidus de récoltes servent à l’alimentation du bétail. La taille du troupeau est un critère d’identification du degré de richesse du paysan. L’élevage concerne surtout le gros bétail (bovins et asins) et les petits ruminants (ovins et caprins) ; les porcins, les équins et la volaille dans une moindre proportion (tableau IV p.41). L’élevage de bovin est surtout pratiqué par les Peulh qui ont une meilleure connaissance du bétail. Ils conduisent les troupeaux selon le mode classique des transhumances. Certains se sont sédentarisés dans les villages en créant des quartiers spécifiques. Ils pratiquent une agriculture intégrée (agriculture-élevage) comme à Dembila Peulh et à Bandéga Peulh.
  • 41. 41 Chez les agriculteurs Mossi, l’élevage de petits ruminants surtout est pratiqué dans la majorité des exploitations. Mais il n’existe pas de véritable conduite des animaux. Les bovins sont confiés aux Peulh qui reçoivent en échange des avantages en nature ou en espèce. Tableau IV : Effectifs du cheptel du Sanmatenga* en 2000 Catégorie Bovins Ovins Caprins Porcins Asins Equins Volaille Effectifs 139206 427543 503609 14045 24762 590 963722 Source : Service des statistiques animales (2000). Pendant la saison sèche, le bétail parcourt la rive droite à la recherche de fourrages et d’eau. Ainsi, le lac Dem constitue le lieu de convergence de celui-ci. - L’artisanat, la pêche et l’orpaillage L’artisanat se caractérise par le métier de la forge qui fournit le principal outil de travail qu’est la daba. Il concerne également la poterie (exercée par les femmes), la sculpture, la confection de chaises et de paniers à partir de Combretum micranthum. Quant à la pêche, elle est pratiquée de façon artisanale et occupe les pêcheurs davantage en saison sèche qu’en saison pluvieuse. Ceux-ci utilisent des pirogues, des sennes et des filets. Les poissons (carpes, silures, etc.) sont destinés à la consommation locale. L’orpaillage, pratiqué de façon traditionnelle, semble être l’activité humaine la plus dégradante du paysage. Car, il a pour conséquence la destruction du couvert végétal et surtout la mobilisation d’importantes quantités de sédiments qui sont ainsi exposées aux agents d’érosion. * Ne disposant pas de données sur l’effectif du cheptel du site d’étude, nous proposons celles du Sanmatenga.
  • 42. 42 CONCLUSION PARTIELLE Le lac naturel du village de Dem dont il porte le nom, rythme depuis belle lurette la vie des populations de la rive droite. Aujourd’hui, avec la dégradation continue des ressources naturelles sur la rive droite d’une part, et la valorisation des cultures de contre-saison d’autre part, la permanence des eaux du lac Dem est un atout considérable. Cependant, la dynamique actuelle qui sévit sur cette partie du bassin versant se traduit par le départ d’importantes quantités de matériaux des points hauts vers les zones déprimées telles le lac Dem. Ce qui engendre une sédimentation accrue et partant, le comblement du lac.
  • 43. 43 DEUXIEME PARTIE LES APPORTS DE LA RIVE DROITE, LEURS CONSEQUENCES ET LES PERSPECTIVES DE LUTTE CONTRE LE COMBLEMENT DU LAC DEM Dans cette partie, nous évoquerons successivement : la péjoration climatique et les actions zooanthropiques dans le comblement du lac Dem, la dynamique morpho-pédologique dans le comblement du lac Dem, l’état actuel de son comblement, les conséquences et les perspectives de lutte contre ce processus.
  • 44. 44 CHAPITRE III : LA PEJORATION CLIMATIQUE ET LES ACTIONS ZOOANTHROPIQUES DANS LE COMBLEMENT DU LAC DEM Selon MANUS M. (1985) (in SANON O.I., 1998), « le débit d’apport dans une retenue est largement déterminé par les conditions climatiques ; mais les facteurs tels que le relief, la végétation, l’activité agricole et la géologie du site jouent un rôle important ». Ces facteurs interviennent différemment dans le processus de comblement du lac Dem, à travers des agents d’érosion tant climatiques, physiques que zooanthropiques. A- La péjoration climatique Le climat joue un rôle déterminant dans la dynamique actuelle et dans le comblement du lac Dem. Il agit sur la rive droite à travers certaines variables thermiques, les vents et les précipitations. 1. Les variables thermiques Il s’agit, de l’humidité relative, de la température et de l’évaporation : - l’humidité relative Les plus faibles valeurs sont enregistrées en février ( 9,2 %) et en avril (9,5 %). Les mois les plus humides étant août (95,5 %) et septembre (93,3 %). En hivernage, l’humidité accentue les processus d’altération en servant de catalyseur aux réactions d’hydrolyse et d’oxydo-réduction. Elle intervient également dans les phénomènes de desquamation des roches affleurantes par les alternances d’hydratation et de dessiccation. - la température Pendant les mois d’avril (39,5 °C) et de mai (38,5 °C), qui sont les plus chauds de la région, les cours d’eau et les bas-fonds s’assèchent (figure n° 6 p.44). Seul le lac Dem est à l’étiage. Ces périodes de fortes chaleurs, suite à l’évaporation, favorisent le développement des fentes de dessiccation sur les sols argileux des berges du lac Dem (photo n° 10 p. 73).
  • 45. 45 - l’évaporation Des mesures effectuées sur différentes retenues d’eau montrent que l’évaporation moyenne est proche de 2 m sur l’ensemble de l’année, soit 1,9 m au Sud et 2,267 m au Nord du Burkina Faso. Elle est très intense de mars à juin et faible en août (OUEDRAOGO A, 1994). Cela entraîne un déficit hydrique au niveau des formations végétales qui disparaissent parfois. Les sols sont, par conséquent, privés de la protection végétale et exposés à la déflation éolienne. Figure n° 6 VARIATION DES M OYENNES M ENSUELLES DES M AXIM A ET M INIM A DE LA TEM PERATURE A KAYA (1962 - 2000) 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre M ois Température(°C) M axim ale M oyenne M inim ale 2. La déflation éolienne Les caractéristiques fondamentales des vents qui influent sur les processus de dégradation des sols sont la vitesse et la direction. L’analyse des données de la DGACM, sur la vitesse des vents de la station de Ouahigouya ces 15 dernières années, montre que les plus fortes moyennes sont enregistrées en juin (3,3 m/s). Sur la rive droite du lac Dem, les vents qui soufflent sont généralement forts. Le transport éolien est sélectif et mobilise une quantité non négligeable de matériaux érodés. Ainsi, les grosses et moyennes particules désagrégées du sol sont entraînées par reptation et saltation, alors que les plus fines sont transportées en suspension. Sur le site, l’érosion éolienne se manifeste aussi bien en saison sèche qu’en saison pluvieuse :
  • 46. 46 - les vents violents de début de saison pluvieuse (juin et juillet), en plus d’éroder conséquemment les sols, cassent les branches des ligneux qui sont parfois arrachés. Du milieu à la fin de l’hivernage, lorsque le tapis herbacé est assez bien installé, le décapage des sols diminue au profit de l’arrachage des ligneux ; - pendant la saison sèche, des vents forts soufflent sur des sols vulnérables, dépourvus d’une grande partie de leur couverture végétale. Ces sols sont ainsi soumis à un processus de déflation. Notre séjour sur le site d’étude nous a permis d’observer des vents forts chargés de poussière, les 10 et 11 avril, et le 2 mai 2002. En dépit de l’absence d’appareil de mesure de la vitesse et de la direction des vents, nous avons estimé leur vitesse à plus de 3 m/s. De direction Nord-Est, ces vents transportaient d’énormes quantités de poussière, réduisant la visibilité à moins de 10 m parfois. A la suite de la dissipation de cette poussière, le 12 avril, nous avons constaté, sur la rive droite du lac Dem, d’importants dépôts poussiéreux et sableux de couleur ocre-jaunâtre. Le lac Dem a probablement été le lieu de dépôt de ces mêmes sédiments. La dynamique du transport éolien sur la rive droite est très considérable du fait de la très faible protection qu’assure le couvert végétal et de la nature meuble des sols. Ils sont alors plus exposés aux agents de l’érosion hydrique. 3. La dynamique pluviale L’importance des précipitations dans le phénomène de comblement des retenues d’eau en milieu tropical vient du fait qu’elles constituent un excellent agent de la dynamique érosive. En plus de la variabilité interannuelle des précipitations, une variabilité temporelle se ressent à l’intérieur d’une même saison pluvieuse. Ainsi, selon la DGACM, les épisodes pluvieux se concentrent de juin en septembre. Pendant ces quatre mois, tombent plus de 4/5 des pluies de la zone, avec le mois d’août qui enregistre plus de 31 % du total pluviométrique. Mais de 1998 à 2002, le mois de juillet a enregistré plus de précipitations que celui d’août, avec les moyennes respectives de 279,3 mm et 175,5 mm. Malheureusement, cela accentue la sédimentation dans le lac Dem suite à la forte érosion
  • 47. 47 des sols qui sont mal protégés par un faible tapis herbacé en ce mois de juillet (figure n° 9 a p.57). L’action érosive des précipitations peut être également traduite par l’agressivité climatique. Cette dernière dépend en partie des hauteurs d’eau enregistrées pendant les averses et surtout de leur intensité. Ne disposant pas de pluviographe sur la rive droite du lac Dem, les valeurs moyennes de l’indice d’agressivité enregistrées dans les stations voisines servent de référence : elles donnent 440 à Ouagadougou et 350 à Ouahigouya (selon GALABERT J. et MILLOGO E., cités par SANON O.I., 1998), 480,8 en 1992 sur le bassin versant du barrage de Laaba au Yatenga (selon OUEDRAOGO A., 1994). Ces précipitations constituent le principal agent de la morphogenèse qui caractérise la rive droite du lac Dem. Ainsi, le ruissellement permet d’acheminer un maximum de matériaux arrachés au bassin versant vers ce lac. Si l’effet splash (splash transport selon RAMPON A.) et le ruissellement sont à l’origine du déclenchement du processus de transport des sédiments, les cours d’eau constituent le cadre privilégié de son expression. Cela se traduit par le transport de matériaux de taille et de quantités différentes du bassin versant au lac Dem. Ainsi, le transport des sédiments se fait sous quatre formes : - la charge dissoute : certains corps, tels le sodium (Na), le calcium (Ca) et le potassium (K) sont dissous par hydrolyse ; - la charge en suspension : c’est l’ensemble des substances colloïdales (argiles) et fines (limons et sables) qui rendent l’eau trouble ; - la charge en saltation : elle concerne d’assez gros blocs qui sont déplacés par bonds successifs ; - le charriage : il s’agit de gros blocs et de troncs d’arbres qui sont entraînés lors des crues. Afin de déterminer les agents de transport des sédiments sableux du lac Dem, deux analyses ont été nécessaires : la granulométrie et la morphoscopie, réalisées au Laboratoire de Géographie Physique de l’Université de Ouagadougou. Ces analyses ont concerné deux échantillons (E 7 et E 9) prélevés respectivement dans la cuvette du lac Dem, à l’embouchure de la ravine n° 2 à grands apports sableux et en aval du lac. Les résultats de l’analyse granulométrique sont présentés sur la figure n° 7 a, b (p.48) et à l’annexe n° 6 a, c (p.105-106).
  • 48. 48 a/ C ourbes de fréquence et cum ulative de l'échantillon E 7 0 25 50 75 100 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Echelle des Poids(g),%cumulatifetIndices Courbe de f réquenc e Courbe c umulativ e b/ C ourbes de fréquence et cum ulative de l'échantillon E 9 0 25 50 75 100 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Echelle des Poids(g),%cumulatifetIndices Courbe de f réquenc e Courbe c umulativ e Figure n° 7 Q3 Q2 Q1 α Q3 Q2 Q1 α Q1 : premier quartile Q2 : deuxième quartile Q3 : troisième quartile L’allure de la courbe de fréquence de E 7 permet de déduire que l’agent de transport des sables est de type fluviatile-éolisé. Le calcul des indices d’hétérométrie (Hq) et d’asymétrie (Asq) donne respectivement 1,47 et –0,86 : cela signifie que l’échantillon est hétérogène et asymétrique avec une meilleure représentation de la fraction fine. Ces valeurs prouvent que le principal agent de transport est l’eau, appuyée par le vent. Par contre, l'allure de la courbe de fréquence de E 9 donne un agent de transport de type fluviatile. D'où Hq = 1,65 et Asq = 0,44 prouvant respectivement l'hétérogénéité et la globale symétrie (pourcentage de la fraction grossière  pourcentage de la fraction fine) de E 9, avec cependant une légère supériorité de la fraction grossière.
  • 49. 49 Les différents résultats de l’analyse morphoscopique attestent également que le transport hydrique prime sur le transport éolien (annexe n° 6 b, d p.105-106). Outre ces agents d’érosion climatiques qui jouent un rôle important dans le processus de comblement du lac, ceux zooanthropiques ont une plus grande responsabilité dans l’accélération de ce phénomène. B- L’impact des actions zooanthropiques Il s’agit des multiples exploitations des ressources naturelles (végétation et sols surtout) de la rive droite par les populations pour leur survie. Malheureusement, les différentes techniques adoptées hypothèquent parfois la pérennité de ces ressources. 1. L’impact sur le couvert végétal La couverture végétale joue un rôle très important dans la protection des sols de la rive droite du lac Dem. En effet, le feuillage des ligneux et les graminées constituent un écran face aux agents de la dynamique érosive. Cette fonction protectrice du couvert végétal est fragilisée par l’homme à travers ses multiples aménagements du paysage. Dans cette étude, nous avons mis l’accent sur le déboisement et le surpâturage. - Face aux besoins de plus en plus croissants des populations, les ressources végétales font l’objet d’une exploitation intensive. Celle-ci se manifeste dans un premier temps, par une coupe « abusive » des ligneux pour des besoins en combustibles (bois de chauffe et charbon) ; dans un second temps, par la création de nouveaux champs. Cette dernière entraîne la destruction du tapis herbacé et surtout l’abattage ou l’arrachage de certains ligneux. - Les fourrages, assez abondants jusqu’à la moitié des années 1960 grâce à une bonne pluviométrie, ont considérablement régressés depuis cette période. Dès lors, la pression animale s’est de plus en plus accentuée sur les rares zones de pâture disséminées sur la rive droite du lac Dem.
  • 50. 50 Les parcours (couloirs réservés au pâturage), déjà durement éprouvés par la sécheresse et réduits par l’extension des cultures, supportent désormais la majorité de la charge alimentaire du bétail. Ils sont secondés en cela par les résidus de récolte. Certains pasteurs, pour nourrir le troupeau, procèdent à l’ébranchage des arbres. Cette pratique est plus néfaste que les dégâts causés par les caprins qui broutent les rameaux et les feuilles des plantes. Par ailleurs, pour mettre en évidence cette faible protection des sols, nous avons d’une part, réalisé des levés de parcelles à partir des placeaux de 25 m X 50 m sur les différents segments des quatre toposéquences, d’autre part interprété des PVA de 1956, 1982 et 1996 : - les résultats du taux de recouvrement de la strate arbustive varient entre 0,77 et 37,70 % ; tandis que ceux de la strate arborée évoluent entre 14,99 et 25,99 % (pour les savanes parcs) et entre 14,92 et 24,37 % (pour les formations « naturelles ») (annexe n° 5 p.104). Difficilement quantifiable, le taux de recouvrement de la strate herbacée n’a pas fait l’objet de mesure. Mais d’après SANON O.I. (1998), ce taux est de l’ordre de 5 à 10 % sur les espaces non cultivés, contre 0 à 5 % dans les champs du bassin versant du barrage de Tamasgho situé à l’Est de notre site d’étude ; - les résultats de l’analyse diachronique de l’évolution du couvert végétal entre 1956, 1982 et 1996 figurent dans le tableau V (p.52) (figures n° 8 a, b, c p.51).
  • 52. 52 Tableau V : Evolution du couvert végétal de la rive droite du lac entre1956, 1982 et 1996 Variables Superficie Evolution (superficie en ha)1956 1982 1996 ha % ha % ha % 1956-1982 1982-1996 1956-1996 Savane parc 2649,695 16,98 7703,542 49,34 8060,596 51,64 5053,847 296,097 5363,074 Zone reboisée - - - - 23,298 0,15 - 23,298 23,298 Savane boisée 1008,183 6,46 5,719 0,03 - - - - - Savane arborée dégradée 2455,531 15,74 2208,856 14,15 508,007 3,25 - - - Fourré 2835,024 18,18 583,302 3,73 375,469 2,40 - - - Savane arbustive dégradée 5664,929 36,31 4001,145 25,62 5053,617 32,40 - 1052,472 - Zone nue 13,999 0,09 455,422 2,98 1051,65 6,73 441,423 596,228 1037,651 Formation ripicole 715,929 4,6 93,783 0,60 17,288 0,11 - - - Formation inondable 86,649 0,55 112,044 0,71 65,494 0,42 25,395 - - Plan d’eau* 171,211 1,09 444,799 2,84 453,622 2,90 358,711 8,823 367,534 Total 15 601,150 100,000 15 608,612 100,000 15 609,041 100,000 L’analyse des cartes issues de l’interprétation des PVA et des résultats du tableau III permettent d’apprécier l’évolution régressive des formations végétales « naturelles » (la savane boisée, la savane arborée dégradée, les formations ripicoles, les fourrés et les savanes arbustives dégradées) au profit des formations végétales anthropiques (les savanes parcs et les zones reboisées). En somme, la rive droite du lac Dem est caractérisée par la disparition progressive des formations végétales « naturelles », au profit des espaces aménagés. En conséquence, ce sous bassin versant du lac ne bénéficie que d’une faible protection du couvert végétal qui n’arrive plus (ou peu) à freiner les sédiments déplacés par les agents de la dynamique érosive. L’impact zooanthropique sur le couvert végétal, très significatif, ne saurait éclipser les méfaits des pratiques culturales et autres aménagements que subit la rive droite du lac Dem. * Le plan d’eau et la zone ne sont pas des formations végétales, ils ont été inclus dans ce tableau et sur les cartes pour obtenir les superficies de la rive droite du lac Dem.
  • 53. 53 2. L’impact sur les sols Il s’agit essentiellement, des pratiques culturales, du piétinement des sols par le bétail et de l’aménagement de la route Kaya – Kongoussi. - L’exploitation des terres en cultures, demeure encore traditionnelle sur le site. Les facteurs de production, quoique ayant subi une évolution significative, restent encore archaïques par l’utilisation de la daba. Cette dernière ne permet pas d’effectuer des labours profonds, mais c’est la même épaisseur du sol qui est exploitée tous les ans. Cela fragilise à la longue la cohésion des éléments du sol. La culture attelée (tractions bovines et asines), qui permet des labours plus profonds, déstructure et ameublit davantage les horizons superficiels du sol. Ceux-ci se trouvent ainsi très exposés aux ruissellements intensifs, surtout quand ces labours ne sont pas pratiqués dans le sens des courbes de niveau. Par ailleurs, l’exploitation des parcelles irriguées sur les berges du lac, à travers les labours, pourrait fragiliser les sols et les rendre très vulnérables aux effets érosifs des pluies et des vents. En outre, sur les berges du lac Dem, la pression humaine se manifeste par une augmentation significative des espaces exploités en cultures maraîchères au détriment des espaces naturels. Cela expose davantage les sols de ces berges aux agents d’érosion. Egalement, le creusement des canaux d’amenée sur ces berges pour l’arrosage des périmètres met à la disposition de l’érosion éolienne et hydrique d’importantes quantités de sédiments (sables, argiles et limons) qui se retrouvent aussitôt dans la cuvette du lac (photo n° 7 p.54).
  • 54. 54 OUEDRAOGO N. Avril 2002 Photo n° 7 : Canal d’amenée creusé sur les berges du lac Dem. Cette pratique fragilise la cohésion des composantes du sol des berges. Les sédiments ainsi mobilisés, contribueront à accélérer le processus de comblement du lac. - Quelle que soit la période de l’année, le bétail sillonne le bassin versant à la recherche de pâturage et d’eau. L’impact de ces déplacements sur les sols est très significatif en saison sèche. En effet, suite aux piétinements excessifs des sols par les animaux, apparaissent des pistes à bétail sur le bassin versant. Celles-ci sont caractérisées par des sols à horizon superficiel damé sur les glacis argilo-limoneux, dénudés dans les zones caillouteuses et sableuses. Il en résulte une intensification de l’érosion sur la rive droite qui est soumise, d’abord à l’action des vents en saison sèche, puis à celle de l’eau dès le début de la saison pluvieuse. - Les travaux d’aménagement de l’axe Kaya – Niangado, démarrés en novembre 2002 ont des conséquences néfastes sur l’environnement de la rive droite du lac Dem. En effet, ces travaux causent et causeront la destruction des espèces ligneuses et herbeuses des rebords de la route et des zones d’emprunt. En outre, lors de ces travaux, d’importantes quantités de terres sont mobilisées. Celles-ci constituent ainsi des sources potentielles d’alimentation du lac en sédiments. La conséquence de tous ces travaux d’aménagement et agropastoraux, à court et moyen termes, est l’accélération des processus d’érosion sur la rive droite du lac Dem, et partant, le comblement de ce lac à travers l’alluvionnement des sédiments allochtones.
  • 55. 55 CHAPITRE IV : LA DYNAMIQUE MORPHO-PEDOLOGIQUE DANS LE COMBLEMENT DU LAC DEM A- Impact du modelé La rive droite du lac Dem présente un modelé assez contrasté, composé de collines birimiennes, de buttes, de dépressions, de glacis cuirassés, de bas glacis, de plaines et de bas-fonds. L’organisation d’ensemble du réseau hydrographique et la déclivité de ce sous bassin versant permettent de le subdiviser en zones de départ, de transit et d’accumulation des sédiments (figure n° 13 p.67). 1. Les zones de départ des matériaux Elles concernent essentiellement les éminences (collines de Dem et de Niangado) et les reliefs résiduels (glacis et buttes cuirassés). Au sommet de ceux-ci, les eaux de ruissellement se scindent en différentes parties dont une alimente le lac Dem. Leur influence sur le comblement de ce lac est liée en partie à la pente de leurs versants qui dépasse fréquemment 15 %. Ce sont les zones les plus érodibles de la rive droite. 2. Les zones de transit Il s’agit surtout des bas glacis et des ramifications de certains cours d’eau secondaires aux affluents du lac. Ainsi, avec une pente moyenne inférieure ou égale à 3 %, ces glacis constituent des zones de transit des sédiments qui y passent un « séjour » plus ou moins long, avant d’être entraînés vers les bas-fonds. 3. Les zones d’accumulation Elles correspondent aux bas-fonds. La principale zone d’alluvionnement des sédiments de la rive droite est la cuvette du lac Dem. Cela est favorisé par la faiblesse de sa pente qui, selon IWACO B.V. (1982), est inférieure ou égale à 1 %.
  • 56. 56 B- Exposition des sols à l’érosion hydrique Les sols de la rive droite du lac Dem, généralement de nature sableuse et sablo-argileuse, ont des horizons superficiels déstructurés suite aux pratiques agropastorales des populations. Ces horizons sont ainsi exposés aux agents de l’érosion hydrique surtout. Pour DUPRIEZ H. et DE LEENER P. (1990), l’érosion hydrique est « le déplacement des composants du sol à la surface de la terre sous l’action de l’eau en mouvement ». Elle se manifeste sur la rive droite sous différentes formes. 1. L’érosion pluviale C’est l’impact des gouttes de pluie sur le sol, appelé effet « splash ». En effet, lorsque les gouttes tombent, elles acquièrent une énergie cinétique proportionnelle à la hauteur de leur chute. Cette énergie est transférée au sol au moment du contact. D’après CHAMPOUX A. et TOUTANT C. (in SANON O.I., 1998), l’énergie cinétique d’une goutte de pluie se calcule grâce à la formule suivante : EC = ½ mvg2 avec EC = Energie cinétique M = Masse de la goutte (proportionnelle au cube de son diamètre) Vg = Vitesse terminale de la goutte. L’effet « splash » est le stade initial de l’érosion du sol. Ce dernier réagit différemment au splash en fonction de sa nature : - les éléments lourds comme le gravier et les sables grossiers encaissent le choc des gouttes sans être entraînés ; - les éléments fins, argiles et limons, sont projetés par l’eau et retombent sur le sol ; - lorsque le sol est structuré en agrégats par un ciment argilo-humique, le splash détruit les agrégats et détache les particules qui le composent. Ainsi, l’effet « splash » détruit la cohésion de l’horizon supérieur du sol, détache les particules de terre et les éparpille. Sur la rive droite du lac Dem, l’utilisation de la méthode de FOURNIER F. (1960) à travers l’installation de trois systèmes de mesure de l’effet « splash » a permis de quantifier les matériaux déplacés en 2002. Nous avons recueilli en moyenne 647,5076 kg/ha de sédiments (sables fins, argiles et limons) déplacés par l’effet « splash ».
  • 57. 57 Ce résultat varie aussi bien dans le temps que dans l'espace : - les mois de juillet et d'août enregistrent plus de la moitié de la quantité totale de terres déplacées par l’effet « splash » durant la saison pluvieuse de 2002. Cela est lié, à la quantité et surtout aux intensités des précipitations. Malheureusement, l’absence de pluviogramme ne nous permet pas de faire un lien entre les intensités de pluie et la quantité de terres déplacées ; - dans le bas-fond et sur le bas glacis, nous avons obtenu presque la même quantité de terres, contrairement à l’installation du moyen glacis qui n'a recueilli que le 1/4 environ de chacune des deux précédentes (figure n° 9 a, b). Figure n° 9 a/ VA IRIA TION M EN SU ELLE DES QU A N TITES DE TERRES DEPLA CEES PA R LE "SPLA SH " EN 2002 0 50 100 150 200 250 M ai Juin Juillet Août Septem bre O ctobre M ois Quantitédeterres(kg/ha) Q uantité de terres b/ VARIATION SPATIALE DES QUANTITES DE TERRES DEPLACEES PAR LE "SPLASH" EN 2002 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Bas-fond Bas glacis Moyen glacis Position sur la rive droite Quantitédeterres(kg/ha) Quantité de terres
  • 58. 58 Le développement de l’effet « splash » sur la rive droite est imputable d’une part, à la mauvaise répartition surtout temporelle des pluies et aux pratiques culturales peu adaptées qui déstructurent les sols ; d’autre part, à la très faible protection des sols par le couvert végétal. En somme, les averses ne rencontrent qu’une faible résistance au développement de leur action érosive sur le sol. Ainsi, la pellicule de battance, issue de cette action mécanique, diminue considérablement l’infiltration de l’eau au profit de son ruissellement. 2. L’érosion aréolaire Dès que le sol ne peut plus absorber l’eau qui tombe, le ruissellement commence. Le splash ayant fait éclater les agrégats de terre et colmater les pores du sol le rendant quasi- imperméable, le ruissellement se charge de transporter les particules détachées. L’érosion aréolaire n’est pas spectaculaire, mais insidieuse et très destructrice. Ce décapage laisse parfois des marques peu visibles sur le sol dont la couche superficielle subit une ablation presque homogène et de faible intensité. C’est le décapage pelliculaire généralisé. Sur la rive droite du lac Dem, l’érosion aréolaire a été quantifiée, grâce à l’utilisation des baguettes d’érosion d’une part, et des placettes d’autre part. Ainsi, la dynamique actuelle se manifeste par des décapages ou des dépôts de sédiments sur l’ensemble du sous bassin versant. Les résultats de l’utilisation des baguettes d’érosion sur une période d’observation d’avril à novembre 2002 figurent dans le tableau VI ci-dessous (p.59).
  • 59. 59 Tableau VI : Utilisation des baguettes d’érosion sur les deux toposéquences n° 1 et 2 Toposéquence n° 1 (de la colline de Dem au bas-fond à Zorkoum) Erosion (cm) Décapage Dépôt Colline de Dem bas versant Est 0,2 Colline de schistes haut versant 0,1 bas versant 0,7 Dépression périphérique 2,95 Haut glacis amont 0,3 aval 1,55 Dépression entre le haut et le moyen glacis 1,3 Moyen glacis amont 0,1 aval 0,9 Bas glacis pente supérieure champ 1,3 jachère 0,9 pente inférieure champ 1,1 jachère 0,6 Bas-fonds (champs) 4,9 Moyenne 0,59 1,55 Toposéquence n° 2 (de la colline au cours d’eau de Niangado) Colline de Niangado sommet 0,9 haut versant 0,6 bas versant 1,7 Dépression périphérique 3,15 Haut glacis amont 0,1 aval 0,2 Bas glacis champ 2,2 jachère 1,2 Moyenne 0,53 1,69 De ce tableau, nous retenons que les collines birimiennes à affleurements de schistes et de roches vertes et les glacis cuirassés résistent mieux aux attaques des agents d’érosion ; contrairement aux bas glacis et aux bas-fonds qui sont plus vulnérables. Cela est dû à leur exploitation en parcelles de culture et à leur position topographique basse ; surtout pour les bas-fonds qui constituent des zones d’accumulation de sédiments. Selon la méthode de mesure des pertes de terres de l’EIER, trois placettes munies de cuves ont été installées sur le bas glacis. Cela a permis de calculer le coefficient de ruissellement (Kr) et de quantifier les pertes de terres en 2002. Nous avons obtenu respectivement : - 6,9460 et 2,9461 t/ha sur l’installation du champ de sorgho ; - 5,6612 et 0,7598 t/ha sur celle du même champ avec un cordon à Andropogon gayanus ; - 12,3018 et 3,0128 t/ha sur celle de la zone dégradée.
  • 60. 60 Les moyennes respectives de ces trois installations sont 8,3028 (pour le coefficient de ruissellement) et 2, 2394 t/ha (pour les pertes de terres). Ces résultats ne sont qu’approximatifs à cause des difficultés rencontrées lors des travaux de terrain (cf. p.14). Toutefois, les 2,2394 t/ha de pertes de terres semblent excessives. En dépit des insuffisances, les résultats obtenus nous donnent des éléments d’appréciation de l’érosion aréolaire. Ainsi, cette dynamique superficielle varie aussi bien dans le temps que dans l'espace : - juillet et août enregistrent plus de 70 % de la quantité totale des pertes de terres durant la saison pluvieuse de 2002. Cet important décapage est lié, entre autre, à une faible couverture végétale, à un coefficient de ruissellement élevé et au degré de saturation en eau des sols pendant ces deux mois ; - les placettes installées dans le champ de sorgho et la zone dénudée ont recueilli presque la même quantité de terres. Par contre, la zone dénudée a enregistré un coefficient de ruissellement presque double de celui du champ. Ces résultats montrent que les labours effectués dans le champ favorisent l’infiltration des eaux de pluie. Mais ils fragilisent la cohésion superficielle des sols de ce champ. Ce qui engendre un important départ de terres. La placette du cordon d'Andropogon gayanus n'a recueilli que le 1/4 environ de terres des deux placettes précédentes. Son coefficient de ruissellement est inférieur à celui du champ (figure n° 10 a, b p.61). Cela montre l’efficacité des bandes enherbées à favoriser d’une part, l’infiltration des eaux de ruissellement ; d’autre part l’accumulation des sédiments à leur amont. Par ailleurs, la forte valeur du coefficient de ruissellement en fin de saison pluvieuse (septembre et octobre), s’expliquerait surtout, par la relative « saturation » en eau des horizons superficiels du sol. Ce qui favorise le ruissellement des eaux de pluie, plutôt que leur infiltration.
  • 61. 61 Figure n° 10 a/ VARIATION M ENSUELLE DES PERTES DE TERRES ET DU C OEFFIC IENT DE RUISSELLEM ENT EN 2002 0 200 400 600 800 1000 1200 M ai Juin Juillet Août Septembre Octobre M ois Pertesdeterres (kg/ha) 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 Coefficientde ruissellement Pertes de terres C oefficient de ruissellement b/ VARIATION SPATIALE DES PERTES DE TERRES ET DU COEFFICIENT DE RUISSELLEM ENT EN 2002 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Champ Andropogon gayanus Zone dénudée Position sur la rive droite Pertesdeterres(kg/ha) 0 2 4 6 8 10 12 14 Coefficientderuissellement Pertes de terres Coefficient de ruissellement L’érosion aréolaire résulte donc de l’action combinée de l’effet splash et du ruissellement. Ce ruissellement constitue le point de départ d’un autre type d’érosion à savoir l’érosion régressive. 3. L’érosion régressive Elle est tributaire du ruissellement concentré. L’érosion régressive se présente sous trois principales formes : l’érosion en rigoles, l’érosion ravinante et l’érosion des berges des cours d’eau.
  • 62. 62 a/ L’érosion en rigoles Elle est issue du ruissellement en rigole qui s’établit lorsque les filets d’eau du ruissellement diffus se concentrent sur des passages préférentiels. L’eau ainsi concentrée acquiert plus d’énergie lui permettant d’arracher des particules de terre. Elle creuse alors des rigoles de 5 à 10 cm de profondeur. L’érosion en rigoles concerne l’ensemble de la rive droite du lac Dem. Elle se développe surtout sur les hauts de versant des glacis et buttes cuirassés et dans les dépressions périphériques. Certaines rigoles évoluent très rapidement en ravine. b/ L’érosion en ravine Le ravinement est un véritable phénomène linéaire. L’érosion ravinante est provoquée par l’augmentation du ruissellement concentré à la faveur de la baisse progressive du niveau de base des pentes du terrain. Ainsi le ruissellement concentré gagne en ampleur et sur- creuse les rigoles qui évoluent en ravines. Sur la rive droite du lac Dem, l’érosion en ravine se manifeste dans les dépressions périphériques et surtout sur le glacis actuel où se développent des ravines géantes dépassant parfois 10 m de largeur pour plus de 3 m de profondeur (photo n° 8). Au pied des collines birimiennes, certaines de ces ravines continuent leur progression en direction de ces éminences. Sur les glacis fonctionnels, ces ravines évoluent également par érosion régressive des berges et des têtes. Ces dernières progressent en « pattes d’oie ou doigts de gant » selon l’expression de ROCHETTE R. M. (in KOROGO B., 1994). Avril 2002 Photo n° 8 : Grande ravine au Sud-ouest de Dem. A son embouchure en aval du lac, s’est formé un « delta alluvial ». C’est la principale ravine qui alimente l’amont de la digue en dépôts sableux.
  • 63. 63 Pour mesurer l’évolution de ces têtes de ravine, nous nous sommes basés sur la variable type de sol. Par ailleurs, le terme forme a été utilisé pour désigner la morphologie de chaque tête et celui de profil en long pour apprécier leur progression en longueur et en profondeur (figure n° 11 et tableau VII p.64). Figure n° 11 D’après : Les travaux de terrain 11 / 2002
  • 64. 64 Tableau VII : Bilan de l’évolution des têtes de quatre ravines entre avril et novembre 2002 Evolution Tête de ravine n° 1 n° 2 n° 3 n° 4 Longueur maximale (cm) 69 185 100 70 Profondeur maximale (cm) 9 20 30 10 La seule variable type de sol est insuffisante pour une bonne analyse de l’évolution des têtes de ravine, mais ces résultats nous donnent une idée de la dynamique érosive dont elles sont le siège. c/ L’érosion des berges de ravines Les ravines, une fois en place, peuvent évoluer par érosion régressive des berges et des têtes. Cette érosion ronge les berges qui reculent à cause des matériaux de terres décapés par les écoulements torrentiels. Parfois, ces écoulements créent par affouillement, des cavités à la base des berges. La masse de terres sus-jacente des cavités finit par s’ébouler. Ce sapement des berges peut se traduire également par le déchaussement de certains ligneux situés aux abords immédiats. Il en résulte un élargissement progressif des lits majeurs, tandis que les lits mineurs subissent soit un creusement, soit un rehaussement suite aux dépôts corrélatifs Afin de mettre en évidence cette dynamique des berges, nous avons mesuré l’évolution des berges et des lits de quatre ravines entre avril et novembre 2002 (figure n° 12 a, c, d p.65 et tableau VIII p.66).
  • 65. 65 Figure n° 12 D’après : Les travaux de terrain 11 / 2002
  • 66. 66 Tableau VIII : Bilan de l’évolution des berges et des lits de quatre ravines Evolution Ravine n° 1 n° 2 n° 3* n° 4 Berges Largeur moyenne (cm) 23 10 25 12 Lits Profondeur moyenne (cm) 9 3 2,7** 3,8 Lorsque la « cuirasse de nappe » affleure dans le lit de la ravine, comme à Dem et à Niangado, elle bloque l’encaissement du lit (planche n° 1 photo n° 2 p.95). La dynamique de l’érosion régressive se manifeste de fait par un affouillement assez intense à la base des berges. C’est le cas de la ravine n° 3 qui a subi un affouillement moyen de 1 m de profondeur. En somme, les sédiments de toute nature, érodés sur le bassin versant, passent un séjour plus ou moins long sur le glacis actuel et dans les cours d’eau, avant d’être déposés dans le lac Dem qu’ils contribuent à combler progressivement. * Il existe un affleurement de cuirasse dans le lit de la ravine. ** Il s’agit de dépôt sableux sur la « cuirasse de nappe ».
  • 68. 68 CHAPITRE V : L’ETAT ACTUEL DU COMBLEMENT DU LAC DEM Le comblement, encore appelé envasement, est un alluvionnement de matériaux allochtones dans une dépression. Celui-ci se traduit par un rehaussement du niveau de base de la dépression dans laquelle il se produit. Dans ce volet, l’accent a été mis sur l’évaluation de l’épaisseur de ces sédiments, leur mode de dépôt et d’évolution et leur nature. A- La mise en évidence du comblement du lac Dem Elle s’est déroulée en trois phases, à savoir les sondages à la perche, le creusement de fosses à sédiments et la mesure des apports latéraux de la saison pluvieuse 2002. 1. Les sondages à la perche Sur les berges du lac Dem en mai 2002, ces sondages ont été réalisés à l’aide d’une perche de 3,10 m (démontable par mètre). L’état avancé du comblement de l’aval du lac et des embouchures de certains affluents nous a permis d’atteindre facilement la cuvette de celui-ci. Notre connaissance de certaines caractéristiques physiques (texture, structure et couleur) de la roche saine sur laquelle s’est installé le lac nous a permis d’obtenir des résultats plus ou moins fiables. Cela concerne particulièrement l’épaisseur des fines et celle des dépôts alternant sables et fines. C’est le cas à l’annexe n° 7 b, c, d, e (p.107), où les épaisseurs moyennes respectives sont 51,2 cm, 12,6 cm, 21,7 cm et 27 cm. Par contre, les sondages réalisés au niveau de la ravine n° 2 à apports de sables considérables ont donné des résultats parfois discutables. Cela incombe essentiellement à la grande épaisseur des sédiments sableux et à la faible profondeur de la nappe phréatique. Malgré ces difficultés, nous avons obtenu sur les quinze points sondés, une épaisseur moyenne de 1,51 m ; une profondeur maximale de 2,12 m (annexe n°7 a p.107).
  • 69. 69 Nous signalons qu’à cause de l’étendue très variable occupée par chaque embouchure, nous n’avons pas pu maintenir une distance standard entre les points sondés. Ainsi, elle est de 25 m à l’annexe n° 7 a, c contre 10 m à l’annexe n° 7 b, d, e. Par ailleurs, pour avoir une idée plus exacte de l’épaisseur des dépôts sableux dans la cuvette du lac, nous y avons creusé des fosses à sédiments. 2. Les profils pédologiques des fosses creusées Sur les berges du lac Dem, existent deux principales entrées de sédiments sableux : la première (ravine n° 1), située en aval du lac, correspond à l’embouchure du cours d’eau qui longe et traverse la route zorkoum – Niangado (ou Kaya – Kongoussi) dans le village de Dem. La seconde (ravine n° 2), située à l’Est de Dem, correspond à l’embouchure d’une des ravines qui traversent cette localité. Pour estimer l’épaisseur des alluvions sableuses, nous avons, dans un premier temps, creusé une fosse en aval du lac. A 50 m de celle-ci, existait une autre fosse creusée par un exploitant de schistes argileux altérés pour la poterie. L’épaisseur moyenne des dépôts sableux dans ces deux fosses est de 0,81 m. Dans un second temps, de l’embouchure en remontant la ravine n° 1, trois fosses ont été creusées à intervalle régulier de 100 m. Celles-ci ont donné une épaisseur moyenne de 1,30 m (annexe n° 4 a, b p.103 et annexe n° 8 p.109). De même, trois fosses ont été creusées, de la ravine n° 2 à la cuvette du lac. A intervalle régulier de 100 m, elles ont donné des profondeurs respectives de 0,80 m, 1,25 m et 2,80 m. Cela permet de déduire que l’épaisseur des dépôts allochtones augmente de la ravine au lac. En outre, parallèlement au plan d’eau, deux fosses (n° 4 et 5), ont été creusées de part et d’autre de la fosse n° 1. A intervalle de 50 m, les profondeurs respectives sont : 2,24 m (fosse n° 4), 2,80 m (fosse n° 1) et 2,10 m (fosse n° 5), d’où une moyenne de 2, 37 m (annexe n° 4 c p.103). Nous en déduisons que l’épaisseur des sédiments est variable le long du plan d’eau. Cela incombe aussi bien à la morphologie de la cuvette lacustre, qu’à la dynamique fluviatile. Pour une meilleure compréhension de la dynamique (fluviatile et éolienne) qui a engendré
  • 70. 70 cette sédimentation, nous proposons une description du profil pédologique de la fosse n° 1 dans le tableau IX ci-dessous (photo n° 9). Mai 2002 Photo n° 9 : Profil pédologique de la fosse n° 1* à l’embouchure de ravine n° 2 à l’Est de Dem. Elle est profonde de 2,80 m environ d’alluvions. Tableau IX : Description du profil pédologique de la fosse n° 1 N° Epaisseur (cm) Nature des sédiments Couleur 1 30 Sables très fins Ocre clair 2 6 Sables fins 3 5 Sables fins avec gravillons 4 9 Sables très fins 5 5 Sables fins 6 14 Sables très fins 7 9 Sables fins 8 13 Sables très fins 9 14 Gravillons avec sables fins 10 20 Graviers avec sables fins 11 75 Sables fins à très fins avec gravillons 12 55 Sables grossiers avec graviers 13 25 Sables fins avec argiles issues de la roche saine altérée Grisâtre à verdâtre 14 > 1 Roche altérée (schistes) Grise très sombre * Eboulement d’une partie du rebord de la fosse à l’intérieur de celle-ci. 10 11 8 6 12