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                La Responsabilité Sociale des Entreprises,
                mode ou modèle stratégique pour le développement
                des coopératives ?

                Hervé GOUIL1




                Introduction
                De nombreuses coopératives et leurs regroupements intègrent aujourd’hui les concepts
                de RSE et de Développement Durable à leur communication, voire à certains outils de
                management. En revanche, on perçoit une hésitation des mouvements coopératifs à
                s’inscrire résolument dans des stratégies directement inspirées du concept de RSE.
                Pour simplifier et tenter déjà de lever un premier risque de confusion, convenons que le
                développement durable « se fixe pour objectif de satisfaire les besoins humains dans un
                souci d’équité, en préservant l’Environnement, tout en maintenant la croissance éco-
                nomique » et que la RSE est « spontanément considérée comme la traduction au niveau
                d’une entreprise des principes de développement durable » (Allemand, 2006 : 11-64).
                Ainsi, en France, la compatibilité « génétique » des principes coopératifs avec ceux du
                Développement Durable est maintenant largement affirmée : « les coopératives
                s’inscrivent par nature dans le développement durable » (GNC, 2009).
                Cependant, les travaux de recherche sont encore rares, qui confirment la proximité du
                modèle de la RSE et des spécificités des expériences coopératives.
                On souligne davantage dans ce domaine le manque de crédibilité des entreprises cotées
                en bourse, soumises à la versatilité de leurs actionnaires et à la dictature du résultat à
                court terme (Villette, 2003), ou on questionne le fondement même de la notion de RSE
                (Capron et Quairel-Lanoizel, 2005).
                Aussi, tout se passe comme si, face à l’engouement pour le développement durable, le
                mouvement coopératif se confrontait à un choix difficile. Faut-il en effet : Saisir ce qui
                peut apparaître comme une opportunité de reconnaissance ? Dénoncer la supercherie
                marketing, le risque de banalisation ou de récupération d’une éthique de développement,
                dont les entreprises n’ont en général pas les moyens ? Ou proposer et promouvoir un
                modèle spécifiquement coopératif de développement « soutenable » ?

                                                                   L’étonnant pouvoir des coopératives   ...507...
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                Si les coopératives choisissent la première option, il s’agit sans doute de s’assurer que
                leurs pratiques sont « durablement » exemplaires et de se donner les moyens de les
                valoriser, face à des concurrents financièrement et médiatiquement puissants.
                Si la seconde option est retenue pour contrer le risque de banalisation des expériences
                de l’économie sociale et solidaire, il s’agit alors de démontrer la faiblesse des propositions
                concurrentes, derrière la séduction du discours, et de prouver qu’on parle généralement
                d’autant plus de développement durable, qu’on est dans l’incapacité de le penser et de
                le mettre en œuvre.
                Dans le troisième cas de figure, il faut proposer une critique constructive du
                développement (durable ou non), en redéfinissant précisément la pertinence des
                stratégies de coopération, face aux défis économiques, sociaux et environnementaux
                actuels. L’enjeu est alors de montrer l’importance des modes opératoires économiques
                et des engagements éthiques, garantis statutairement, pour dépasser le simple énoncé
                d’une finalité généreuse et d’essayer d’y intéresser les partenaires ou acteurs influents
                les plus proches.

                Remarques méthodologiques.
                Notre production est principalement une synthèse réflexive des expériences croisées
                d’un panel de coopératives et mutuelles, représentatif de différentes formes de
                coopération (coopératives de consommateurs, bancaires, coopératives de production,
                coopératives d’entrepreneurs). C’est à partir de ces observations que nous tentons
                d’articuler le questionnement stratégique individuel de ces coopératives, stimulé par « la
                nouvelle injonction à la RSE », avec ce qui pourrait constituer une réflexion stratégique
                de l’ensemble du mouvement coopératif. Ces analyses ont été actualisées par
                l’organisation d’un atelier du 6 juillet 2012, qui a regroupé :
                I la responsable du département juridique et vie coopérative du groupe COOP
                   NORMANDIE-PICARDIE (coopérative de consommateurs, acteur de la distribution
                   alimentaire), Madame Isabelle Catel ;
                I le Directeur Général Adjoint de la CAISSE RÉGIONALE DE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL
                   DE NORMANDIE SEINE, Monsieur Guillaume Lefebvre ;
                I le Co-Directeur de la Coopérative d’Activités et d’Emploi COOPANAME, (SCOP
                   regroupant plusieurs centaines d’entrepreneurs), Monsieur Stéphane Veyer.
                Cet article doit beaucoup à la qualité du dialogue qui s’est instauré entre ces coopé-
                rateurs. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.
                Ce travail porte donc principalement sur des expériences françaises. Il n’a pas de
                prétention universelle, mais valeur de témoignage et de proposition d’une grille d’ana -

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                lyse, qui mériterait d’être réexaminée à l’aune d’autres contextes historiques, géogra -
                phiques et politiques. Nous espérons cependant qu’il puisse contribuer à la réflexion
                d’autres coopérateurs.

                Le fond plus que la forme
                Si la proximité entre la notion de responsabilité sociale des entreprises et les principes
                coopératifs semble évidente, il est utile de rappeler que les points de convergence sont au
                cœur des spécificités coopératives et ne concernent rien de moins que la propriété collective
                non cessible de l'entreprise, sa transmission solidaire d'une génération à l'autre, et la gestion
                démocratique d'un projet dont l'entreprise reste le moyen. Ce cadre d'engagements
                fondamentaux est statutairement garanti par le droit coopératif et « les règles statutaires
                sont formellement plus solides que les engagements volontaires de RSE des entreprises
                lucratives, car les démarches de celles-ci sont réversibles » (Blanc, 2008). Mais il est
                important d'observer que ces fondamentaux coopératifs rejoignent également les
                principales théories économiques qui sous-tendent la notion de responsabilité sociale des
                entreprises ; notamment la théorie des parties prenantes, et la proposition de reconnaissance
                de biens communs mondiaux.

                Les trois piliers de la Responsabilité Sociétale Coopérative
                Il y a maintenant plus de dix ans, que l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et
                solidaire affirme leur intérêt pour la dynamique RSE (CEP-MAF, 2001). La Conférence
                Européenne permanente des coopératives, mutuelles, associations et fondations rappelait
                ainsi : « Depuis 150 ans, il est indéniable que les entreprises d’économie sociale ont accumulé
                une expérience et un patrimoine significatifs en matière de responsabilité sociale ». (Blanc,
                2008 : 6). Elles bénéficient dans ce domaine d’une reconnaissance, sinon du grand public
                du moins d’instances politiques et institutionnelles, comme celle de la Commission des
                Communautés européennes qui dès 2002 souligne dans sa communication que :
                      « Les coopératives, mutuelles et associations, en tant qu’organisations fondées
                      autour d’un groupe de membres, savent depuis longtemps allier viabilité
                      économique et responsabilité sociale. Elles parviennent à un tel résultat grâce à
                      un dialogue entre leurs parties prenantes et une gestion participative et peuvent
                      donc constituer une référence majeure pour les entreprises » (Blanc, 2008 : 6).
                 Pour ne pas se contenter de ces éléments déclaratifs, il s’agit donc de vérifier que les
                 coopératives sont effectivement dotées de caractéristiques avantageuses au regard des
                 enjeux de la RSE.
                 Ce travail a été amorcé par exemple auprès de coopératives agricoles (Cariou, Fournie et
                 Wallet, 2006). Mais cette analyse peut être élargie à toutes les formes de coopératives, sur

                                                                       L’étonnant pouvoir des coopératives   ...509...
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                au moins trois piliers, que partagent - sous des formes d’expression légèrement distinctes -
                les différentes familles coopératives et les promoteurs du concept de développement
                durable.
                En effet, la « solidarité inter générations », la « gouvernance » impliquant la participation
                des différentes parties prenantes, la primauté donnée à la lutte contre la précarité
                identifiée notamment dans le « rapport Brundtland » (Commission Mondiale sur
                l’Environnement et le Développement, 1987) font étrangement écho aux principes et
                engagements forgés par les expériences coopératives issues de la première révolution
                industrielle :
                I la solidarité inter générations des coopératives, assise sur la constitution de réserves
                   collectives et impartageables, la transmission sans cession de l’entreprise aux
                   nouvelles générations, qui permettent une orientation sur le temps long ;
                I le rôle historique des coopératives « filles de la nécessité », pour lutter contre la
                   pauvreté et l’exploitation, orientant l’action vers l’accessibilité du travail, des produits
                   et services à tous ;
                I le modèle de gestion démocratique et participative recherché par les coopérateurs,
                   essentiel à l’expression de chacun, à la mobilisation de l’intelligence collective face
                   aux défis complexes.

                Une légitimité coopérative statutairement mais aussi théoriquement fondée
                Ainsi, non seulement les coopératives peuvent effectivement se prévaloir d’atouts pour
                relever le défi de la RSE, mais ces atouts sont liés à des options radicales, garanties par
                les statuts coopératifs.
                Comme le fait remarquer Guillaume Lefebvre (2012) « le rapport au temps et à l’espace,
                se caractérise par la primauté donnée au temps long et la fidélité à un territoire proche »,
                alors que le modèle de réussite entrepreneuriale capitaliste se caractérise par une
                désolidarisation d’avec les territoires et une obsession du profit à court terme (Reich,
                1997).
                Mais les intuitions coopératives sont aujourd’hui également confirmées par les nouvelles
                théories et recherches économiques. Les statuts coopératifs sont en cohérence avec les
                fondements théoriques identifiables du concept de Responsabilité Sociale des
                Entreprises, parce qu’ils associent directement au moins une partie prenante à
                l’entreprise au-delà de la fonction de financeur, et qu’ils défendent la notion de propriété
                collective.
                Ainsi, la théorie des parties prenantes a pris une place considérable dans toute la
                littérature sur le concept de Développement Durable et de RSE. « Elle considère qu’un

                ...510... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                équilibre coopératif est atteint lorsqu’aucun groupe de parties prenantes ne peut
                accroître sa propre utilité sans risquer une perte d’identité supérieure entraînée par le
                retrait d’un autre groupe de la coalition ». Plus encore, la notion de « biens communs
                mondiaux semble ouvrir une « alternative théorique » en portant l’attention sur « les
                biens essentiels permettant d’assurer la survie et la reproduction des sociétés humaines »
                (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2005).
                Responsabilité Sociale de l’Entreprise ou
                responsabilité Sociale des Entrepreneurs ?
                L’échange avec Isabelle Catel, Guillaume Lefebvre et Stéphane Veyer rappelle que l’on
                parle généralement de RSE comme si l’entreprise était le sujet. Or, les coopérateurs
                tiennent à ce que la coopérative reste avant tout un objet. Ce sont les personnes, les
                sociétaires, les sujets. Égaux en droit au sein de l’assemblée, ils gardent la responsabilité
                finale de contrôle de la conduite de l’entreprise.
                Dans une première synthèse d’un vaste travail de recherche entrepris sur le thème
                « L’entreprise, formes de la propriété et responsabilités sociales » par le Collège des
                Bernardins, P. Baudoin Roger dénonce « la grande déformation de l’entreprise par la
                pression financière » et souligne que cette déformation contribue à forger une repré-
                sentation erronée de l’entreprise (Roger, 2011 : 4). L’analyse juridique de cette déformation
                permet de constater que : « l’entreprise elle-même n’a pas d’existence juridique en tant
                que collectif de personnes apportant des ressources en capital et en travail au service d’un
                projet de création collective ».
                La question de la responsabilité renvoie donc à la question de la conception même de
                l’entreprise, à sa finalité, à son objet, à leur traduction en droit. À ce sujet, l’élaboration
                d’un nouveau statut de « flexible purpose corporation » en Californie peut à juste titre
                éveiller l’intérêt des coopérateurs. Mais, tout se passe comme si l’expérience coopérative
                était en avance sur une question fondamentale de la RSE, la délicate question de la
                responsabilité solidaire : « comment être responsable de quelque chose qui ne nous
                appartient pas en propre ? ».

                La RSE comme rappel utile de l’importance de l’environnement
                Le sens d’environnement est à prendre ici au sens large. Il faut cependant d’abord noter
                que les coopératives n'ont pas d'antériorité précise dans le domaine de la préservation
                de l'environnement biophysique.
                Une des faiblesses préjudiciables concerne également la prise en compte des parties
                prenantes extérieures à la coopérative. On observe de plus une pratique limitée de
                l'intercoopération. La spécialisation fréquente sur un métier et autour de l'intérêt d'une
                seule partie prenante contribuant à un risque de banalisation de nombreuses coopé-

                                                                      L’étonnant pouvoir des coopératives   ...511...
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                ratives et à expliquer la distance qui s'est créée entre elles. En conséquence, face au défi
                de la RSE, les coopératives les plus petites et les plus isolées souffrent de la faiblesse des
                moyens de mise en œuvre, et il est plus généralement difficile de compenser le manque
                de vision globale et d'une communication mutualisée suffisamment puissante.
                Écart et convergence entre écologie et coopération
                Il est difficile de reprocher à des coopératives fondées avant même l’apparition de la
                notion de pollution de ne pas avoir inscrit la préoccupation de préservation de
                l’environnement biophysique dans leurs statuts originels. Si cette lacune n’est pas
                toujours comblée, en revanche, la sensibilité environnementale est souvent intégrée
                dans des projets coopératifs plus récents. Plus remarquable encore, de nombreuses
                équipes et organisations travaillant directement sur la protection de l'environnement ou
                la recherche d'énergie renouvelable ont délibérément choisi de se doter de statuts
                coopératifs (Enercoop, SCIC Conservatoire du Saumon Sauvage, The Natural Step ….).
                Cette cohérence entre objet et forme d’organisation se retrouve dans l’analyse
                prospective qui pose la nécessité de passer d'une production et d’une distribution
                centralisée des énergies à base fossile, à une production localisée, distribuée latéralement
                de l'énergie, produite sur la base de ressources renouvelables. Cette analyse relie la
                nécessaire révolution énergétique à l’avènement de modes d'organisation coopératifs
                et de pratiques d’échanges transversaux en réseaux. « Au fil de cette évolution, les
                échanges de biens sur des marchés vont céder la place aux relations d’accès à des réseaux
                coopératifs » (Rifking, 2011), et citant le journaliste du New York Times Mark Levine : « le
                partage est à la propriété ce que l’Ipod est à la cassette audio, ou le panneau solaire à la
                mine de charbon. Partager c’est propre, vif, ingénieux, post-moderne ; posséder c’est
                terne, égoïste, timoré, arriéré ».
                Mais plus fondamentalement encore, on peut considérer que la recherche de conciliation
                entre activité économique et justice sociale par la coopération s'établissait déjà au XIXe
                siècle comme résistance à une forme de violence, celle de la pronation économique. La
                captation et la maitrise par quelques-uns de la plus grande part des ressources au
                détriment de populations entières se poursuit aujourd'hui sur l'intégralité des ressources
                naturelles et à une échelle telle, que cette capacité d’appropriation sans souci d’égalité,
                de réciprocité et d’équilibre fait selon de nombreux analystes courir un risque majeur
                aux conditions mêmes de survie de notre espèce sur terre. (Rahnema, 2003 ; Rist, 2007
                et Lordon, 2006).
                Cela renvoie au besoin de coopération comme capacité à gérer collectivement et
                intelligemment le rapport entre intérêts particuliers et intérêts de la communauté, en
                recherchant un équilibre acceptable et à faire comprendre aux acteurs les plus agressifs,
                que leur voracité, derrière ce qui ressemble à leur triomphe, signe déjà leur perte.

                ...512... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                Établir le lien fondamental entre responsabilité sociale et responsabilité environne-
                mentale revient à reconnaitre la nécessité de résistance à une même violence, celle du
                déséquilibre des échanges, celle de la pronation entre individus, comme vis-à-vis des
                ressources naturelles.
                Faiblesse de l’intercoopération et nécessité de prendre en comptes
                toutes les parties prenantes
                Une difficulté majeure pour assumer un engagement coopératif massif en faveur de la RSE
                est la distance qui s’est créée entre les expériences coopératives. La spécialisation autour
                d’une activité, mais aussi dans la défense des intérêts d’une catégorie de parties prenantes a
                limité leur influence sur la totalité du projet économique et social d’une communauté sur un
                territoire. Elle limite donc la légitimité perçue pour parler de RSE. En dehors de quelques
                exceptions (unités du groupe Mondragon, Coopératives Sociales Italiennes et plus récemment
                SCIC en France) les coopératives sont rarement « multi partenariales ».
                Malgré le travail des fédérations regroupant les différentes familles coopératives, quelques
                initiatives intéressantes, dont la création de l’Association Européenne des Groupes coopératifs
                (ECG) en 2002 pour proposer un modèle de développement coopératif à l’échelle
                européenne, le lien entre expériences coopératives, consommateurs, producteurs, financeurs,
                mais aussi chercheurs, juristes et éducateurs semble s’être distendu.
                Ainsi, même si toute entreprise est une tentative de conciliation de champs d’intérêt qui
                peuvent apparaître divergents, les coopératives ne semblent pas avoir résisté à la
                schizophrénie ambiante, qui nous amène à vouloir optimiser successivement nos positions
                d’acheteurs, de producteurs, d’investisseur ou d’épargnant, sans véritable conscience du lien
                entre ces positions.
                Dans cette spécialisation, sorte de mouvement centrifuge, une rupture de lien fait que les
                expériences ne se consolident pas les unes par rapport aux autres. « On ne sait pas coopérer
                entre coopératives » nous dit Isabelle Catel. Il y a peu d’échange ou d’entraide entre
                coopératives, et une coopérative seule ne dispose pas de l’impact ou la légitimité suffisante
                pour revendiquer une vision politique forte sur l’ensemble des domaines économiques,
                sociaux et environnementaux.
                Peut-on construire un équilibre plus durable, une répartition plus juste des valeurs sans le
                regroupement ou du moins un dialogue intensif entre les différentes parties prenantes ?

                Entre menace et opportunité, la RSE : arme à double tranchant ?
                Les échanges entre coopérateurs soulignent les opportunités offertes par le succès du concept
                de RSE et la législation de sa prise en compte, mais également les limites de l’approche
                normative pour les coopératives. Les coopérateurs peuvent ainsi considérer le succès au
                moins médiatique du concept de RSE à la fois comme une menace et une opportunité.

                                                                      L’étonnant pouvoir des coopératives   ...513...
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                Opportunité ou occasion de reconnaissance de la pertinence des principes coopératifs,
                mais menace de banalisation de l'engagement coopératif, noyé dans un discours général
                sur la finalité sociétale de l'entreprise.
                Opportunité d'être stimulé dans la lecture, la mesure, la communication des avantages
                coopératifs et de leurs performances, en passant de l'implicite à l'explicite, de l’énoncé
                d’une valeur au suivi des actions. Mais crainte de passer du doute à la déception sur la
                performance globale réelle.
                D’ailleurs, même si un certain courant de doctrine économique dit « moraliste » a pu
                influencer le concept de RSE, les études précises n’ont pas pu prouver un lien de
                corrélation entre éthique et performance de l’entreprise (Capron et Quairel–Lanoizelée,
                2005). Cela ne peut-être surprenant, car un comportement éthique consiste justement
                à s’interdire de faire certaines choses, alors qu’il serait dans son intérêt de les faire.
                L’exigence de mesure et de sa publicité : avantage et limite de la RSE
                Comme en témoigne Guillaume Lefebvre (2012) activement impliqué dans la démarche
                de RSE pour sa coopérative, « il y a un intérêt certain à répondre à l'engagement de
                mesure des effets de l'activité de l'entreprise, en s'arrachant à la gravité d'une évaluation
                et d'une certification purement financières ». Cet intérêt de la mesure permet de rendre
                explicite des performances ou des règles de conduite restée implicites et donc jusque-là
                plus facilement victimes de dérives.
                Cependant, l'attention est portée sur le risque de dévalorisation de ce qui ne serait pas
                facilement mesurable. Pour le dire autrement, la tendance peut être à la concentration
                des engagements de responsabilités sur des objectifs sans doute chiffrables, mais pas
                forcément essentiels. La menace suivante est de rechercher dans la mesure surtout une
                conformité à la norme progressivement commune à l’ensemble des entreprises. Or, aller
                jusqu’au bout de la réflexion de la question de la responsabilité, c'est comme le dit
                Stéphane Veyer poser la question « du choix de l’extension de la citoyenneté dans le
                champ économique », de la liberté d’action des coopérateurs, c'est-à-dire du respect de
                la démocratie dans l’organisation du travail et des échanges.
                Le poids du marketing et du désir de reconnaissance
                Le risque que les entreprises les mieux dotées sur le plan des moyens d’action et de
                communication se positionnent en leaders de la RSE n’échappe pas aux coopérateurs,
                qui peuvent craindre que les voix dispersées des coopératives ne soient guère audibles.
                Cette forme de banalisation du mouvement coopératif par l’appropriation d’un discours
                sur la finalité sociale et l’éthique environnementale par les entreprises les plus puissantes
                est d’autant plus pernicieuse qu’elle peut apparaitre à certains coopérateurs comme une
                forme de reconnaissance tardive de leurs propres convictions et engagements.

                ...514... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                Comme l’avaient analysé il y a déjà trente ans Laufer et Paradeise, le marketing s’est
                imposé comme une formidable machine de construction de légitimité pour l’entreprise :

                      « Contrairement au Prince de Machiavel, le Prince moderne est un démocrate :
                      pour lui il s’agit moins de l’emporter par le tranchant des armes que de persuader
                      par les fleurs de la rhétorique. Par l’étude de marché et le sondage d’opinion il
                      ôte les mots de la bouche du public pour produire le langage légitimant qu’il lui
                      renverra à travers les mass media » (Laufer et Paradeise, 1982).

                La RSE, quelle que soit la conviction des personnes qui y travaillent, participe de cette
                fonction marketing. De plus, cette version du chant des sirènes - défensif d’un modèle
                économique dominant, mais fortement remis en cause - peut également faire songer à
                abandonner les outils d’évaluation et de suivi développés spécifiquement par les
                coopérateurs ou dans le champ du secteur non lucratif (la révision coopérative, le Bilan
                Sociétal…) pour adopter les nouveaux outils de mesure présentés comme universels.
                Pour les coopérateurs rassemblés à Rouen le 6 juillet 2012, cependant, s’il y a intérêt
                pour les coopératives à traiter de la question de la RSE, c'est d'abord par l'occasion
                donnée de reparler des principes coopératifs.


                La RSE une arme factice en temps de crise ?
                « La solution est dans l’impasse » dit un proverbe chinois et « Là où est le danger, là croit
                aussi ce qui sauve » (Vegleris, 2006 : 77).
                Conjoncturellement, mais de manière radicale, l'aggravation de la situation économique
                et sociale en Europe dans de nombreux autres pays révèle les deux faces de la crise.
                Celle d'une menace majeure qui peut amener l'ensemble des acteurs y compris les
                coopératives à se replier sur des objectifs de survie à court terme, et à affronter les
                difficultés en réduisant l'effort de solidarité aux sphères les plus proches. L'engouement
                pour le développement durable et la RSE devenant une victime collatérale de la crise.
                Celle d’une opportunité d’un véritable changement, c'est-à-dire de transformation des
                règles, d’une métanoïa.
                Or, cette voie de la transformation est évoquée notamment par Jeremy Rifking dans « la
                troisième révolution industrielle ». Ce n'est pas un hasard si l’auteur évoque très
                largement la question de la coopération comme pilier de cette nécessaire transformation.
                (Rifking, 2011).
                En effet, non seulement la crise actuelle questionne les méthodes de gestion centralisées,
                mais elle met à l'épreuve la démocratie elle-même (Reich, 2008a). La vocation historique

                                                                     L’étonnant pouvoir des coopératives   ...515...
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                de la coopération comme mouvement de démocratisation de l'économie est donc plus
                que jamais essentielle, alors que c'est la notion même de citoyenneté, qui est menacée.
                      « Tel Janus, le capitalisme hyperconcurrentiel contemporain a un double
                      visage. S’il a de quoi séduire consommateurs et épargnants, les millions de
                      dollars dépensés chaque année en lobbying ont sapé les fondements de la
                      démocratie »…« Qu’est-ce qui faisait que le capitalisme démocratique
                      fonctionnait aussi bien, tant du point de vue économique que politique ?
                      L’existence d’une couche d’instances intermédiaires qui représentaient les
                      individus en tant que citoyens et pas seulement en tant que consommateurs
                      ou investisseurs. Les syndicats, les partis politiques et bien d’autres orga-
                      nisations participaient à la formation et à l’expression de la volonté
                      générale »… « Le pouvoir de Wal-Mart (l’une des entreprises phare du super
                      capitalisme) provient de ce qu’elle agrège des millions de consommateurs
                      pour obtenir les meilleurs prix en amont. Il en est de même des fonds d’in-
                      vestissement, qui agrègent l’épargne de millions de retraités pour obtenir les
                      meilleurs rendements des entreprises. Les consommateurs / épargnants que
                      nous sommes y ont gagné, mais les citoyens y ont perdu. Nous n’avons pas
                      les moyens de nous exprimer quant aux conséquences sociales, écologiques
                      ou civiques du supercapitalisme » (Reich, 2008b).

                La RSE comme appel a une refondation du projet coopératif
                Ainsi, la question de la RSE ne peut pas se résumer pour les coopératives à une question
                de marketing, c'est-à-dire de légitimité de leur action vis-à-vis de différents publics qui
                peuvent contribuer à leur réussite. Elle incite à une véritable réflexion stratégique,
                puisqu'elle renouvelle le questionnement sur la finalité de l'entreprise, comme sur les
                moyens de déployer son action et ceci dans un contexte de crise majeure.
                Comme en témoigne Isabelle Catel, la RSE peut renvoyer « à l’obligation d’être économe
                sur l’ensemble des ressources afin de mobiliser les moyens sur l’essence même du métier,
                le service au sociétaire ».
                Pour l’ensemble des coopératives, reconnaître cette dimension stratégique de la RSE
                nécessite d’abord de réaffirmer une ambition, puis de faire des choix pour concentrer les
                efforts sur les leviers et actions les plus efficients pour la réaliser.
                Se pose donc concrètement la difficulté de s’accorder sur cette ambition, cette place à
                prendre du mouvement coopératif pour répondre aux défis environnementaux sociaux
                et économiques de notre époque. Se pose également la question du temps pour construire
                une nouvelle vision stratégique suffisamment commune, pouvoir en conséquence choisir
                les meilleures options stratégiques et mutualiser les moyens d’action.

                ...516... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                Cependant, l'observation et la réflexion peuvent permettre de repérer déjà certaines
                pistes en tenant compte de cette nécessaire articulation entre le temps long et le temps
                court, du poids économique globalement minoritaire des coopératives, comme de leur
                incomparable expérience.


                L’Aïkido appliqué à la RSE (Renversement Subtil de l’Energie)
                L’image de l’aïkido - art martial d’origine japonaise où il est essentiel d’utiliser à son
                avantage l’énergie déployée par le « partenaire/adversaire » - s’est imposée lors d’une
                étude consacrée aux entreprises socialement responsables (Bourgeois et Gouil , 2002),
                en observant les entreprises coopératives ou non qui obtenaient les résultats les plus
                probants. Il ne s’agissait pas de « résistance à la mondialisation ni de ligne Maginot
                (stratégique de répartition uniforme, mais espacée des moyens de défense), mais d’efforts
                intelligents pour composer avec la logique économique afin de préserver l’emploi local ».
                Par analogie, il semble possible d’accepter aujourd’hui le dialogue que constitue le sujet
                de la RSE entre entreprises coopératives et non coopératives, pour démontrer dans un
                premier temps l’efficience des stratégies de coopération générant des échanges
                « gagnants / gagnants », dont on pourrait dire que nos entreprises comme nos sociétés
                n’ont plus aujourd’hui les moyens de s’exonérer.
                C’est ensuite qu’une analyse plus exigeante de la notion même de RSE peut déboucher
                sur une nouvelle démonstration. Celle de l’impossibilité de concevoir un développement
                durable sans une extension considérable non seulement des pratiques de coopération,
                mais du droit coopératif. Ce droit garantissant un espace d’échanges à durée
                indéterminée, basés sur la réciprocité, la solidarité, un partage de la propriété de
                l’entreprise comme des ressources essentielles, une gestion et une régulation
                démocratiques.
                La cause coopérative peut-être fondée sur la compréhension qu’il y a un modèle de
                déploiement des activités humaines à réinventer. Ce contre quoi luttent les coopératives,
                c’est ce que dénonce déjà Aristote « le pouvoir qu’a l’argent lorsque le désir s’en empare,
                de s’arracher à la réciprocité des rapports communautaires, de s’orienter vers une
                accumulation déraisonnable, de passer hors l’enceinte de la citée » (Henaff, 2002 : 108).
                L’appel à la RSE sonne en effet comme un rappel de l’enjeu que les coopératives ont
                essayé de tenir depuis leur création : maintenir l’économie dans une réciprocité des
                échanges en rappelant que la communauté humaine peut se retrouver dans la quête
                d’une bonne vie, d’une vie heureuse et se dissoudre dans la fuite vers l’accumulation
                sans fin de richesses. « Ce mouvement sans fin, cette fuite dans l’illimité, que le
                capitalisme suppose et affronte sans y voir un abîme ou une plongée dans l’indéterminé »
                (Henaff, 2002 : 133).

                                                                   L’étonnant pouvoir des coopératives   ...517...
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                Reprendre initiative et influence sur quatre piliers de développement
                On remarque donc à la fois l’étroitesse du chemin coopératif, mais également son
                adaptation à la complexité d’une ambition de développement durable, qui ne peut faire
                reposer sa réalisation sur une quelconque certitude, mais sur une capacité de
                communication très poussée et d’échanges créatifs entre les différents acteurs
                concernés. Dans la poursuite de l’inspiration des arts martiaux, quatre champs d’action
                prioritaires s’ouvrent, qui constituaient jusque-là les principaux moteurs du
                « supercapitalisme ».

                Internet bien sûr
                Né d’une commande de guerriers et mis à profit pour démultiplier la puissance des
                financiers, Internet est aussi un fantastique champ de découverte du fonctionnement en
                réseau et de « nouvelles approches de la coopération » (Cornu, 2004). Plus largement,

                      « Les TIC offrent l’opportunité de construire une société de la connaissance,
                      de piloter plus efficacement le vaisseau Terre et de faire germer la citoyenneté
                      du XXIe siècle. …Il est aussi grand temps d’y introduire de renforcer les règles
                      de gouvernance de l’Internet, véritable enjeu de développement durable »
                      (Berhault, 2008 : 37).

                L’éducation toujours
                L’effort d’éducation à la citoyenneté permettant une compréhension simultanée des
                enjeux de coopération et de contribution globale de chacun à un développement collectif
                durablement harmonieux semble une priorité évidente.
                Ainsi, il est très encourageant de découvrir que malgré les résistances rencontrées, des
                chercheurs poursuivent de manière remarquable le travail sur les pédagogies
                coopératives, notamment à travers l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne, (Go, 2010)
                et que des programmes comme l’animation des Coopératives Jeunesse de Services, au
                Québec, permettent une découverte précoce et concrète de la conduite coopérative de
                projets.

                S’intéresser au transport
                Dans la même logique, les coopératives ont sans doute à investir ou réinvestir le secteur
                des transports, notamment du transport maritime, dont l'abaissement des coûts a
                renforcé la domination des multinationales, facilité la délocalisation des productions et
                la spécialisation mortifère de nombreuses économies. Même si le défi semble de taille
                dans les secteurs à forte concentration capitalistique, l’évolution des pratiques de
                consommateurs (favorables aux circuits courts comme à l’auto partage) ouvre de
                nouvelles portes.

                ...518... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                Soutenir les investissements coopératifs dans les énergies renouvelables
                Au-delà de l’intérêt de substituer des énergies renouvelables aux énergies fossiles, l’enjeu
                de la gestion coopérative de leur production et de leur distribution est majeur. Là encore,
                des expériences coopératives innovantes et pionnières ouvrent la voie. Enercoop est
                ainsi en France :
                      « le seul fournisseur d'électricité à s'approvisionner directement et à 100 % auprès
                      de producteurs d'énergie renouvelable (solaire, éolien, hydraulique et biogaz). Ses
                      bénéfices sont réinvestis dans les énergies renouvelables. Il est également le seul
                      fournisseur d'électricité sous forme coopérative » (Enercoop, 2012).

                Conclusion : répondre à la recherche de sens
                Il n’est pas besoin de la RSE pour percevoir la crise du management, et l’attente par de
                nombreuses personnes d’un autre rapport au travail et à la consommation. C’est ainsi
                que la SCOP Coopérative d’Activités et d’Emploi COOPANAME a construit son projet,
                résumé par sa Présidente Anne Chonik Tardivel : « construire ensemble une entreprise
                commune, un outil d’émancipation que nous gérons démocratiquement, dont la seule
                ambition est de permettre à chacun de vivre dignement de ce qu’il sait faire, avec qui il
                veut, au rythme qu’il choisit » (Coopaname, 2011).
                C'est sur cette question du travail, du sens du travail et des conditions de travail, que se
                dessine peut-être à nouveau, 150 ans après la première révolution industrielle, le levier
                d'adhésion le plus fort au mouvement coopératif. De nombreux producteurs, jeunes et
                vieux, opérateurs ou cadres interrogent les coopératives. Ils constatent souvent que le
                salariat reste un contrat de subordination, mais de moins en moins une garantie de
                sécurité, que l’entrepreneuriat en dehors d’une communauté solidaire est de plus en plus
                risqué. Ils expriment donc leur aspiration à une véritable responsabilité, c'est-à-dire
                d’abord à une liberté. On peut lire ce besoin de Respect, Solidarité et capacité
                d’Entreprendre utilement, dans l’intérêt pour la RSE. Cependant, ces chercheurs de sens
                découvrent, s’ils y prêtent vraiment attention, que la porte de la RSE ouvre sur la
                nécessité d’un autre rapport à l’autre, au temps, à l’argent, à la propriété. Ils peuvent
                apprendre que des expériences, souvent difficiles, mais concrètes ont été menées pour
                construire des échanges moins violents, plus équilibrés, plus durables, plus réciproques.
                Il est donc d’abord du pouvoir et de la responsabilité des coopératives de défendre et
                d’étendre ces espaces précieux de projets, pour les y accueillir.




                                                                      L’étonnant pouvoir des coopératives   ...519...
34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page520




                Note
                1
                    Observatoire du Management Alternatif AMO, hébergé par HEC Paris.




                Bibliographie
                ALLEMAND, S. (2006). Le développement durable au regard de la prospective du présent, Paris, L’Harmattan.
                BERHAULT, G. (2008). Développement durable 2.0, l’Internet peut-il sauver la planète ? La Tour d’Aigues, Édition
                      de l’Aube.
                BLANC, J. (2008). « Responsabilité Sociale des entreprises de l’économie sociale et solidaire : des relations
                      complexes », Économie et Sociétés, Tome XLII, N°1, p. 55-82
                BOURGEOIS, D. et H. GOUIL (2002). Concilier rentabilité et emploi local dans un contexte de mondialisation,
                      étude réalisée pour la DIGITIP-Ministère de l’Économie, des Finances et de l’industrie.
                CAPRON, M. et F. QUAIREL-LANOIZELÉE (2005). Mythes et réalités de l’entreprise responsable, Paris, La Découverte.
                CARIOU, Y., S. FOURNIE et F. WALLET (2006). « Le bilan sociétal : un outil de management pour renforcer l’ancrage
                      territorial et la responsabilité sociale des coopératives agricoles », Revue Développement Durable et
                      Territoires, Dossier 5, www.developpementdurable.revues.org/1626
                COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1987). Rapport de la CMED « Notre avenir à
                      tous » dit « Rapport Brundtland ».
                COOPANAME (2011). Rapport d’activité 2011- faire société,www.coopaname.coop/UPLOAD/media/file/-
                      48_RA2011-Coopaname-diffusion-web.pdf
                CORNU, J. M. (2004). La coopération, nouvelles approches, version 1.2 disponible sur Internet
                CRÉDIT AGRICOLE NORMANDIE SEINE (2011). Le bon sens à de l’avenir, Rapport annuel.
                ECG (2002). European Association of Cooperative Groups, www.ecg.coop
                ENERCOOP (2012). Site Web, www.enercoop.fr/
                GO, N. (2010). Pratiquer la Philosophie dès l'école primaire. Pourquoi ? Comment ?, Paris, Hachette éducation.
                GROUPEMENT NATIONAL DE LA COOPÉRATION - GNC (2009). Lettre du GNC, aujourd’hui COOPfr, N° 358, juin,
                      www.entreprises.coop/semaine/UPLOAD/media/file/166_LGNC%20358%20ok.pdf
                HENAFF, M. (2002). Le prix de la vérité, Paris, Seuil.
                LAUFER, R. et C. PARADEISE (1982). Le Prince Bureaucrate, Paris, Flammarion.
                LEFEBVRE, G. (2012). État des lieux : groupe « dynamique humaine », Crédit Agricole Normandie Seine.
                LORDON, F. (2006). L’intérêt souverain, Paris, La Découverte.
                RAHNEMA, M. (2003). Quand la misère chasse la pauvreté, France, Fayard/ Actes Sud
                REICH, R. (1997). L’économie mondialisée, Paris, Dunod.
                REICH, R. (2008a) « Rencontre avec Robert Reich », Sciences Humaines, mars 2008, N° 191, p. 28-31.
                REICH, R. (2008b). Supercapitalisme, Paris, Vuibert.
                RIFKING, J. (2011). La troisième révolution industrielle, Paris, Les liens qui libèrent.
                ROGER, P.B. (2011). « La grande déformation de l’entreprise par la pression financière », La gazette de la société
                      et des techniques, N° 64, Novembre.
                VEGLERIS, E. (2006). Manager avec la philo, Paris, Éditions d’Organisation.
                VILLETTE, M. (2003). « L’entreprise peut-elle devenir un vecteur de développement durable ? », Le Monde,
                      31 mars.




                ...520... L’étonnant pouvoir des coopératives
34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page521




                Résumé
                Les points de rencontre entre RSE et principes coopératifs ne concernent rien de moins que la propriété
                de l'entreprise, sa transmission d'une génération à l'autre, et sa gestion solidaire et participative.
                Aussi, les coopérateurs peuvent considérer le succès du concept de RSE à la fois comme une menace
                et une opportunité. Opportunité de reconnaissance de la pertinence des engagements coopératifs,
                mais menace de leur banalisation. Opportunité d'être stimulés dans la mesure de leur performance
                globale. Mais crainte parfois du résultat. Pourtant, les ravages d’un capitalisme surpuissant sont
                comme une marée noire qui déborde le frêle barrage flottant de la RSE, comme la capacité de
                régulation démocratique des états. Dans ce contexte, la responsabilité sociétale des entreprises
                coopératives ne peut se réduire à une question de marketing. Elle renvoie à leur vocation historique
                de démocratisation de l'économie et aux choix stratégiques des leviers d’actions pour réaliser cette
                ambition.


                Summary
                Corporate social responsibility (CSR) and cooperative principles converge on business ownership, the
                transfer of ownership between generations, and its communal and participative management.
                Cooperators may therefore see the rise of CSR both an opportunity and a threat: an opportunity to
                promote the importance of cooperative commitments, but also the threat that they may be trivialized.
                While the opportunity to have their overall performance assessed can be motivating, it can also be
                daunting. Yet, the devastation caused by crushing capitalism is like an oil spill that the fragile CSR
                boom cannot contain, and that threatens states’ capacity for democratic regulation. In this context,
                cooperatives’ responsibility to society cannot be reduced to a matter of marketing. This responsibility
                is entrenched in their traditional mission of democratizing the economy and their strategic choices
                of levers to achieve this ambitious goal.


                Resumen
                La Responsabilidad Social Corporativa (RSC) y los principios cooperativos convergen sobre la
                propiedad de la empresa, su transferencia de generación en generación y su gestión solidaria y
                participativa. Los cooperativistas pueden considerar el éxito del concepto de RSC no sólo como una
                oportunidad sino también como una amenaza. Oportunidad de que se reconozca la pertinencia de
                los compromisos cooperativos pero amenaza de que sean trivializados. Oportunidad de verse
                estimulados en la medida de su resultado global pero también, a veces, temor de ese resultado. Sin
                embargo, los estragos de un capitalismo aplastante son como una marea negra que sumerge las
                frágiles barreras de contención de la RSC así como a la capacidad de regulación democrática de los
                estados. En este contexto, la responsabilidad social de las empresas cooperativas no puede limitarse
                a un problema de marketing. Remite a su vocación histórica de democratizar la economía y a sus
                elecciones estratégicas de los modos de acción para concretar ese objetivo.




                                                                          L’étonnant pouvoir des coopératives   ...521...

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Hervé gouil

  • 1. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page507 La Responsabilité Sociale des Entreprises, mode ou modèle stratégique pour le développement des coopératives ? Hervé GOUIL1 Introduction De nombreuses coopératives et leurs regroupements intègrent aujourd’hui les concepts de RSE et de Développement Durable à leur communication, voire à certains outils de management. En revanche, on perçoit une hésitation des mouvements coopératifs à s’inscrire résolument dans des stratégies directement inspirées du concept de RSE. Pour simplifier et tenter déjà de lever un premier risque de confusion, convenons que le développement durable « se fixe pour objectif de satisfaire les besoins humains dans un souci d’équité, en préservant l’Environnement, tout en maintenant la croissance éco- nomique » et que la RSE est « spontanément considérée comme la traduction au niveau d’une entreprise des principes de développement durable » (Allemand, 2006 : 11-64). Ainsi, en France, la compatibilité « génétique » des principes coopératifs avec ceux du Développement Durable est maintenant largement affirmée : « les coopératives s’inscrivent par nature dans le développement durable » (GNC, 2009). Cependant, les travaux de recherche sont encore rares, qui confirment la proximité du modèle de la RSE et des spécificités des expériences coopératives. On souligne davantage dans ce domaine le manque de crédibilité des entreprises cotées en bourse, soumises à la versatilité de leurs actionnaires et à la dictature du résultat à court terme (Villette, 2003), ou on questionne le fondement même de la notion de RSE (Capron et Quairel-Lanoizel, 2005). Aussi, tout se passe comme si, face à l’engouement pour le développement durable, le mouvement coopératif se confrontait à un choix difficile. Faut-il en effet : Saisir ce qui peut apparaître comme une opportunité de reconnaissance ? Dénoncer la supercherie marketing, le risque de banalisation ou de récupération d’une éthique de développement, dont les entreprises n’ont en général pas les moyens ? Ou proposer et promouvoir un modèle spécifiquement coopératif de développement « soutenable » ? L’étonnant pouvoir des coopératives ...507...
  • 2. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page508 Si les coopératives choisissent la première option, il s’agit sans doute de s’assurer que leurs pratiques sont « durablement » exemplaires et de se donner les moyens de les valoriser, face à des concurrents financièrement et médiatiquement puissants. Si la seconde option est retenue pour contrer le risque de banalisation des expériences de l’économie sociale et solidaire, il s’agit alors de démontrer la faiblesse des propositions concurrentes, derrière la séduction du discours, et de prouver qu’on parle généralement d’autant plus de développement durable, qu’on est dans l’incapacité de le penser et de le mettre en œuvre. Dans le troisième cas de figure, il faut proposer une critique constructive du développement (durable ou non), en redéfinissant précisément la pertinence des stratégies de coopération, face aux défis économiques, sociaux et environnementaux actuels. L’enjeu est alors de montrer l’importance des modes opératoires économiques et des engagements éthiques, garantis statutairement, pour dépasser le simple énoncé d’une finalité généreuse et d’essayer d’y intéresser les partenaires ou acteurs influents les plus proches. Remarques méthodologiques. Notre production est principalement une synthèse réflexive des expériences croisées d’un panel de coopératives et mutuelles, représentatif de différentes formes de coopération (coopératives de consommateurs, bancaires, coopératives de production, coopératives d’entrepreneurs). C’est à partir de ces observations que nous tentons d’articuler le questionnement stratégique individuel de ces coopératives, stimulé par « la nouvelle injonction à la RSE », avec ce qui pourrait constituer une réflexion stratégique de l’ensemble du mouvement coopératif. Ces analyses ont été actualisées par l’organisation d’un atelier du 6 juillet 2012, qui a regroupé : I la responsable du département juridique et vie coopérative du groupe COOP NORMANDIE-PICARDIE (coopérative de consommateurs, acteur de la distribution alimentaire), Madame Isabelle Catel ; I le Directeur Général Adjoint de la CAISSE RÉGIONALE DE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL DE NORMANDIE SEINE, Monsieur Guillaume Lefebvre ; I le Co-Directeur de la Coopérative d’Activités et d’Emploi COOPANAME, (SCOP regroupant plusieurs centaines d’entrepreneurs), Monsieur Stéphane Veyer. Cet article doit beaucoup à la qualité du dialogue qui s’est instauré entre ces coopé- rateurs. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés. Ce travail porte donc principalement sur des expériences françaises. Il n’a pas de prétention universelle, mais valeur de témoignage et de proposition d’une grille d’ana - ...508... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 3. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page509 lyse, qui mériterait d’être réexaminée à l’aune d’autres contextes historiques, géogra - phiques et politiques. Nous espérons cependant qu’il puisse contribuer à la réflexion d’autres coopérateurs. Le fond plus que la forme Si la proximité entre la notion de responsabilité sociale des entreprises et les principes coopératifs semble évidente, il est utile de rappeler que les points de convergence sont au cœur des spécificités coopératives et ne concernent rien de moins que la propriété collective non cessible de l'entreprise, sa transmission solidaire d'une génération à l'autre, et la gestion démocratique d'un projet dont l'entreprise reste le moyen. Ce cadre d'engagements fondamentaux est statutairement garanti par le droit coopératif et « les règles statutaires sont formellement plus solides que les engagements volontaires de RSE des entreprises lucratives, car les démarches de celles-ci sont réversibles » (Blanc, 2008). Mais il est important d'observer que ces fondamentaux coopératifs rejoignent également les principales théories économiques qui sous-tendent la notion de responsabilité sociale des entreprises ; notamment la théorie des parties prenantes, et la proposition de reconnaissance de biens communs mondiaux. Les trois piliers de la Responsabilité Sociétale Coopérative Il y a maintenant plus de dix ans, que l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et solidaire affirme leur intérêt pour la dynamique RSE (CEP-MAF, 2001). La Conférence Européenne permanente des coopératives, mutuelles, associations et fondations rappelait ainsi : « Depuis 150 ans, il est indéniable que les entreprises d’économie sociale ont accumulé une expérience et un patrimoine significatifs en matière de responsabilité sociale ». (Blanc, 2008 : 6). Elles bénéficient dans ce domaine d’une reconnaissance, sinon du grand public du moins d’instances politiques et institutionnelles, comme celle de la Commission des Communautés européennes qui dès 2002 souligne dans sa communication que : « Les coopératives, mutuelles et associations, en tant qu’organisations fondées autour d’un groupe de membres, savent depuis longtemps allier viabilité économique et responsabilité sociale. Elles parviennent à un tel résultat grâce à un dialogue entre leurs parties prenantes et une gestion participative et peuvent donc constituer une référence majeure pour les entreprises » (Blanc, 2008 : 6). Pour ne pas se contenter de ces éléments déclaratifs, il s’agit donc de vérifier que les coopératives sont effectivement dotées de caractéristiques avantageuses au regard des enjeux de la RSE. Ce travail a été amorcé par exemple auprès de coopératives agricoles (Cariou, Fournie et Wallet, 2006). Mais cette analyse peut être élargie à toutes les formes de coopératives, sur L’étonnant pouvoir des coopératives ...509...
  • 4. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page510 au moins trois piliers, que partagent - sous des formes d’expression légèrement distinctes - les différentes familles coopératives et les promoteurs du concept de développement durable. En effet, la « solidarité inter générations », la « gouvernance » impliquant la participation des différentes parties prenantes, la primauté donnée à la lutte contre la précarité identifiée notamment dans le « rapport Brundtland » (Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement, 1987) font étrangement écho aux principes et engagements forgés par les expériences coopératives issues de la première révolution industrielle : I la solidarité inter générations des coopératives, assise sur la constitution de réserves collectives et impartageables, la transmission sans cession de l’entreprise aux nouvelles générations, qui permettent une orientation sur le temps long ; I le rôle historique des coopératives « filles de la nécessité », pour lutter contre la pauvreté et l’exploitation, orientant l’action vers l’accessibilité du travail, des produits et services à tous ; I le modèle de gestion démocratique et participative recherché par les coopérateurs, essentiel à l’expression de chacun, à la mobilisation de l’intelligence collective face aux défis complexes. Une légitimité coopérative statutairement mais aussi théoriquement fondée Ainsi, non seulement les coopératives peuvent effectivement se prévaloir d’atouts pour relever le défi de la RSE, mais ces atouts sont liés à des options radicales, garanties par les statuts coopératifs. Comme le fait remarquer Guillaume Lefebvre (2012) « le rapport au temps et à l’espace, se caractérise par la primauté donnée au temps long et la fidélité à un territoire proche », alors que le modèle de réussite entrepreneuriale capitaliste se caractérise par une désolidarisation d’avec les territoires et une obsession du profit à court terme (Reich, 1997). Mais les intuitions coopératives sont aujourd’hui également confirmées par les nouvelles théories et recherches économiques. Les statuts coopératifs sont en cohérence avec les fondements théoriques identifiables du concept de Responsabilité Sociale des Entreprises, parce qu’ils associent directement au moins une partie prenante à l’entreprise au-delà de la fonction de financeur, et qu’ils défendent la notion de propriété collective. Ainsi, la théorie des parties prenantes a pris une place considérable dans toute la littérature sur le concept de Développement Durable et de RSE. « Elle considère qu’un ...510... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 5. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page511 équilibre coopératif est atteint lorsqu’aucun groupe de parties prenantes ne peut accroître sa propre utilité sans risquer une perte d’identité supérieure entraînée par le retrait d’un autre groupe de la coalition ». Plus encore, la notion de « biens communs mondiaux semble ouvrir une « alternative théorique » en portant l’attention sur « les biens essentiels permettant d’assurer la survie et la reproduction des sociétés humaines » (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2005). Responsabilité Sociale de l’Entreprise ou responsabilité Sociale des Entrepreneurs ? L’échange avec Isabelle Catel, Guillaume Lefebvre et Stéphane Veyer rappelle que l’on parle généralement de RSE comme si l’entreprise était le sujet. Or, les coopérateurs tiennent à ce que la coopérative reste avant tout un objet. Ce sont les personnes, les sociétaires, les sujets. Égaux en droit au sein de l’assemblée, ils gardent la responsabilité finale de contrôle de la conduite de l’entreprise. Dans une première synthèse d’un vaste travail de recherche entrepris sur le thème « L’entreprise, formes de la propriété et responsabilités sociales » par le Collège des Bernardins, P. Baudoin Roger dénonce « la grande déformation de l’entreprise par la pression financière » et souligne que cette déformation contribue à forger une repré- sentation erronée de l’entreprise (Roger, 2011 : 4). L’analyse juridique de cette déformation permet de constater que : « l’entreprise elle-même n’a pas d’existence juridique en tant que collectif de personnes apportant des ressources en capital et en travail au service d’un projet de création collective ». La question de la responsabilité renvoie donc à la question de la conception même de l’entreprise, à sa finalité, à son objet, à leur traduction en droit. À ce sujet, l’élaboration d’un nouveau statut de « flexible purpose corporation » en Californie peut à juste titre éveiller l’intérêt des coopérateurs. Mais, tout se passe comme si l’expérience coopérative était en avance sur une question fondamentale de la RSE, la délicate question de la responsabilité solidaire : « comment être responsable de quelque chose qui ne nous appartient pas en propre ? ». La RSE comme rappel utile de l’importance de l’environnement Le sens d’environnement est à prendre ici au sens large. Il faut cependant d’abord noter que les coopératives n'ont pas d'antériorité précise dans le domaine de la préservation de l'environnement biophysique. Une des faiblesses préjudiciables concerne également la prise en compte des parties prenantes extérieures à la coopérative. On observe de plus une pratique limitée de l'intercoopération. La spécialisation fréquente sur un métier et autour de l'intérêt d'une seule partie prenante contribuant à un risque de banalisation de nombreuses coopé- L’étonnant pouvoir des coopératives ...511...
  • 6. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page512 ratives et à expliquer la distance qui s'est créée entre elles. En conséquence, face au défi de la RSE, les coopératives les plus petites et les plus isolées souffrent de la faiblesse des moyens de mise en œuvre, et il est plus généralement difficile de compenser le manque de vision globale et d'une communication mutualisée suffisamment puissante. Écart et convergence entre écologie et coopération Il est difficile de reprocher à des coopératives fondées avant même l’apparition de la notion de pollution de ne pas avoir inscrit la préoccupation de préservation de l’environnement biophysique dans leurs statuts originels. Si cette lacune n’est pas toujours comblée, en revanche, la sensibilité environnementale est souvent intégrée dans des projets coopératifs plus récents. Plus remarquable encore, de nombreuses équipes et organisations travaillant directement sur la protection de l'environnement ou la recherche d'énergie renouvelable ont délibérément choisi de se doter de statuts coopératifs (Enercoop, SCIC Conservatoire du Saumon Sauvage, The Natural Step ….). Cette cohérence entre objet et forme d’organisation se retrouve dans l’analyse prospective qui pose la nécessité de passer d'une production et d’une distribution centralisée des énergies à base fossile, à une production localisée, distribuée latéralement de l'énergie, produite sur la base de ressources renouvelables. Cette analyse relie la nécessaire révolution énergétique à l’avènement de modes d'organisation coopératifs et de pratiques d’échanges transversaux en réseaux. « Au fil de cette évolution, les échanges de biens sur des marchés vont céder la place aux relations d’accès à des réseaux coopératifs » (Rifking, 2011), et citant le journaliste du New York Times Mark Levine : « le partage est à la propriété ce que l’Ipod est à la cassette audio, ou le panneau solaire à la mine de charbon. Partager c’est propre, vif, ingénieux, post-moderne ; posséder c’est terne, égoïste, timoré, arriéré ». Mais plus fondamentalement encore, on peut considérer que la recherche de conciliation entre activité économique et justice sociale par la coopération s'établissait déjà au XIXe siècle comme résistance à une forme de violence, celle de la pronation économique. La captation et la maitrise par quelques-uns de la plus grande part des ressources au détriment de populations entières se poursuit aujourd'hui sur l'intégralité des ressources naturelles et à une échelle telle, que cette capacité d’appropriation sans souci d’égalité, de réciprocité et d’équilibre fait selon de nombreux analystes courir un risque majeur aux conditions mêmes de survie de notre espèce sur terre. (Rahnema, 2003 ; Rist, 2007 et Lordon, 2006). Cela renvoie au besoin de coopération comme capacité à gérer collectivement et intelligemment le rapport entre intérêts particuliers et intérêts de la communauté, en recherchant un équilibre acceptable et à faire comprendre aux acteurs les plus agressifs, que leur voracité, derrière ce qui ressemble à leur triomphe, signe déjà leur perte. ...512... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 7. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page513 Établir le lien fondamental entre responsabilité sociale et responsabilité environne- mentale revient à reconnaitre la nécessité de résistance à une même violence, celle du déséquilibre des échanges, celle de la pronation entre individus, comme vis-à-vis des ressources naturelles. Faiblesse de l’intercoopération et nécessité de prendre en comptes toutes les parties prenantes Une difficulté majeure pour assumer un engagement coopératif massif en faveur de la RSE est la distance qui s’est créée entre les expériences coopératives. La spécialisation autour d’une activité, mais aussi dans la défense des intérêts d’une catégorie de parties prenantes a limité leur influence sur la totalité du projet économique et social d’une communauté sur un territoire. Elle limite donc la légitimité perçue pour parler de RSE. En dehors de quelques exceptions (unités du groupe Mondragon, Coopératives Sociales Italiennes et plus récemment SCIC en France) les coopératives sont rarement « multi partenariales ». Malgré le travail des fédérations regroupant les différentes familles coopératives, quelques initiatives intéressantes, dont la création de l’Association Européenne des Groupes coopératifs (ECG) en 2002 pour proposer un modèle de développement coopératif à l’échelle européenne, le lien entre expériences coopératives, consommateurs, producteurs, financeurs, mais aussi chercheurs, juristes et éducateurs semble s’être distendu. Ainsi, même si toute entreprise est une tentative de conciliation de champs d’intérêt qui peuvent apparaître divergents, les coopératives ne semblent pas avoir résisté à la schizophrénie ambiante, qui nous amène à vouloir optimiser successivement nos positions d’acheteurs, de producteurs, d’investisseur ou d’épargnant, sans véritable conscience du lien entre ces positions. Dans cette spécialisation, sorte de mouvement centrifuge, une rupture de lien fait que les expériences ne se consolident pas les unes par rapport aux autres. « On ne sait pas coopérer entre coopératives » nous dit Isabelle Catel. Il y a peu d’échange ou d’entraide entre coopératives, et une coopérative seule ne dispose pas de l’impact ou la légitimité suffisante pour revendiquer une vision politique forte sur l’ensemble des domaines économiques, sociaux et environnementaux. Peut-on construire un équilibre plus durable, une répartition plus juste des valeurs sans le regroupement ou du moins un dialogue intensif entre les différentes parties prenantes ? Entre menace et opportunité, la RSE : arme à double tranchant ? Les échanges entre coopérateurs soulignent les opportunités offertes par le succès du concept de RSE et la législation de sa prise en compte, mais également les limites de l’approche normative pour les coopératives. Les coopérateurs peuvent ainsi considérer le succès au moins médiatique du concept de RSE à la fois comme une menace et une opportunité. L’étonnant pouvoir des coopératives ...513...
  • 8. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page514 Opportunité ou occasion de reconnaissance de la pertinence des principes coopératifs, mais menace de banalisation de l'engagement coopératif, noyé dans un discours général sur la finalité sociétale de l'entreprise. Opportunité d'être stimulé dans la lecture, la mesure, la communication des avantages coopératifs et de leurs performances, en passant de l'implicite à l'explicite, de l’énoncé d’une valeur au suivi des actions. Mais crainte de passer du doute à la déception sur la performance globale réelle. D’ailleurs, même si un certain courant de doctrine économique dit « moraliste » a pu influencer le concept de RSE, les études précises n’ont pas pu prouver un lien de corrélation entre éthique et performance de l’entreprise (Capron et Quairel–Lanoizelée, 2005). Cela ne peut-être surprenant, car un comportement éthique consiste justement à s’interdire de faire certaines choses, alors qu’il serait dans son intérêt de les faire. L’exigence de mesure et de sa publicité : avantage et limite de la RSE Comme en témoigne Guillaume Lefebvre (2012) activement impliqué dans la démarche de RSE pour sa coopérative, « il y a un intérêt certain à répondre à l'engagement de mesure des effets de l'activité de l'entreprise, en s'arrachant à la gravité d'une évaluation et d'une certification purement financières ». Cet intérêt de la mesure permet de rendre explicite des performances ou des règles de conduite restée implicites et donc jusque-là plus facilement victimes de dérives. Cependant, l'attention est portée sur le risque de dévalorisation de ce qui ne serait pas facilement mesurable. Pour le dire autrement, la tendance peut être à la concentration des engagements de responsabilités sur des objectifs sans doute chiffrables, mais pas forcément essentiels. La menace suivante est de rechercher dans la mesure surtout une conformité à la norme progressivement commune à l’ensemble des entreprises. Or, aller jusqu’au bout de la réflexion de la question de la responsabilité, c'est comme le dit Stéphane Veyer poser la question « du choix de l’extension de la citoyenneté dans le champ économique », de la liberté d’action des coopérateurs, c'est-à-dire du respect de la démocratie dans l’organisation du travail et des échanges. Le poids du marketing et du désir de reconnaissance Le risque que les entreprises les mieux dotées sur le plan des moyens d’action et de communication se positionnent en leaders de la RSE n’échappe pas aux coopérateurs, qui peuvent craindre que les voix dispersées des coopératives ne soient guère audibles. Cette forme de banalisation du mouvement coopératif par l’appropriation d’un discours sur la finalité sociale et l’éthique environnementale par les entreprises les plus puissantes est d’autant plus pernicieuse qu’elle peut apparaitre à certains coopérateurs comme une forme de reconnaissance tardive de leurs propres convictions et engagements. ...514... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 9. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page515 Comme l’avaient analysé il y a déjà trente ans Laufer et Paradeise, le marketing s’est imposé comme une formidable machine de construction de légitimité pour l’entreprise : « Contrairement au Prince de Machiavel, le Prince moderne est un démocrate : pour lui il s’agit moins de l’emporter par le tranchant des armes que de persuader par les fleurs de la rhétorique. Par l’étude de marché et le sondage d’opinion il ôte les mots de la bouche du public pour produire le langage légitimant qu’il lui renverra à travers les mass media » (Laufer et Paradeise, 1982). La RSE, quelle que soit la conviction des personnes qui y travaillent, participe de cette fonction marketing. De plus, cette version du chant des sirènes - défensif d’un modèle économique dominant, mais fortement remis en cause - peut également faire songer à abandonner les outils d’évaluation et de suivi développés spécifiquement par les coopérateurs ou dans le champ du secteur non lucratif (la révision coopérative, le Bilan Sociétal…) pour adopter les nouveaux outils de mesure présentés comme universels. Pour les coopérateurs rassemblés à Rouen le 6 juillet 2012, cependant, s’il y a intérêt pour les coopératives à traiter de la question de la RSE, c'est d'abord par l'occasion donnée de reparler des principes coopératifs. La RSE une arme factice en temps de crise ? « La solution est dans l’impasse » dit un proverbe chinois et « Là où est le danger, là croit aussi ce qui sauve » (Vegleris, 2006 : 77). Conjoncturellement, mais de manière radicale, l'aggravation de la situation économique et sociale en Europe dans de nombreux autres pays révèle les deux faces de la crise. Celle d'une menace majeure qui peut amener l'ensemble des acteurs y compris les coopératives à se replier sur des objectifs de survie à court terme, et à affronter les difficultés en réduisant l'effort de solidarité aux sphères les plus proches. L'engouement pour le développement durable et la RSE devenant une victime collatérale de la crise. Celle d’une opportunité d’un véritable changement, c'est-à-dire de transformation des règles, d’une métanoïa. Or, cette voie de la transformation est évoquée notamment par Jeremy Rifking dans « la troisième révolution industrielle ». Ce n'est pas un hasard si l’auteur évoque très largement la question de la coopération comme pilier de cette nécessaire transformation. (Rifking, 2011). En effet, non seulement la crise actuelle questionne les méthodes de gestion centralisées, mais elle met à l'épreuve la démocratie elle-même (Reich, 2008a). La vocation historique L’étonnant pouvoir des coopératives ...515...
  • 10. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page516 de la coopération comme mouvement de démocratisation de l'économie est donc plus que jamais essentielle, alors que c'est la notion même de citoyenneté, qui est menacée. « Tel Janus, le capitalisme hyperconcurrentiel contemporain a un double visage. S’il a de quoi séduire consommateurs et épargnants, les millions de dollars dépensés chaque année en lobbying ont sapé les fondements de la démocratie »…« Qu’est-ce qui faisait que le capitalisme démocratique fonctionnait aussi bien, tant du point de vue économique que politique ? L’existence d’une couche d’instances intermédiaires qui représentaient les individus en tant que citoyens et pas seulement en tant que consommateurs ou investisseurs. Les syndicats, les partis politiques et bien d’autres orga- nisations participaient à la formation et à l’expression de la volonté générale »… « Le pouvoir de Wal-Mart (l’une des entreprises phare du super capitalisme) provient de ce qu’elle agrège des millions de consommateurs pour obtenir les meilleurs prix en amont. Il en est de même des fonds d’in- vestissement, qui agrègent l’épargne de millions de retraités pour obtenir les meilleurs rendements des entreprises. Les consommateurs / épargnants que nous sommes y ont gagné, mais les citoyens y ont perdu. Nous n’avons pas les moyens de nous exprimer quant aux conséquences sociales, écologiques ou civiques du supercapitalisme » (Reich, 2008b). La RSE comme appel a une refondation du projet coopératif Ainsi, la question de la RSE ne peut pas se résumer pour les coopératives à une question de marketing, c'est-à-dire de légitimité de leur action vis-à-vis de différents publics qui peuvent contribuer à leur réussite. Elle incite à une véritable réflexion stratégique, puisqu'elle renouvelle le questionnement sur la finalité de l'entreprise, comme sur les moyens de déployer son action et ceci dans un contexte de crise majeure. Comme en témoigne Isabelle Catel, la RSE peut renvoyer « à l’obligation d’être économe sur l’ensemble des ressources afin de mobiliser les moyens sur l’essence même du métier, le service au sociétaire ». Pour l’ensemble des coopératives, reconnaître cette dimension stratégique de la RSE nécessite d’abord de réaffirmer une ambition, puis de faire des choix pour concentrer les efforts sur les leviers et actions les plus efficients pour la réaliser. Se pose donc concrètement la difficulté de s’accorder sur cette ambition, cette place à prendre du mouvement coopératif pour répondre aux défis environnementaux sociaux et économiques de notre époque. Se pose également la question du temps pour construire une nouvelle vision stratégique suffisamment commune, pouvoir en conséquence choisir les meilleures options stratégiques et mutualiser les moyens d’action. ...516... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 11. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page517 Cependant, l'observation et la réflexion peuvent permettre de repérer déjà certaines pistes en tenant compte de cette nécessaire articulation entre le temps long et le temps court, du poids économique globalement minoritaire des coopératives, comme de leur incomparable expérience. L’Aïkido appliqué à la RSE (Renversement Subtil de l’Energie) L’image de l’aïkido - art martial d’origine japonaise où il est essentiel d’utiliser à son avantage l’énergie déployée par le « partenaire/adversaire » - s’est imposée lors d’une étude consacrée aux entreprises socialement responsables (Bourgeois et Gouil , 2002), en observant les entreprises coopératives ou non qui obtenaient les résultats les plus probants. Il ne s’agissait pas de « résistance à la mondialisation ni de ligne Maginot (stratégique de répartition uniforme, mais espacée des moyens de défense), mais d’efforts intelligents pour composer avec la logique économique afin de préserver l’emploi local ». Par analogie, il semble possible d’accepter aujourd’hui le dialogue que constitue le sujet de la RSE entre entreprises coopératives et non coopératives, pour démontrer dans un premier temps l’efficience des stratégies de coopération générant des échanges « gagnants / gagnants », dont on pourrait dire que nos entreprises comme nos sociétés n’ont plus aujourd’hui les moyens de s’exonérer. C’est ensuite qu’une analyse plus exigeante de la notion même de RSE peut déboucher sur une nouvelle démonstration. Celle de l’impossibilité de concevoir un développement durable sans une extension considérable non seulement des pratiques de coopération, mais du droit coopératif. Ce droit garantissant un espace d’échanges à durée indéterminée, basés sur la réciprocité, la solidarité, un partage de la propriété de l’entreprise comme des ressources essentielles, une gestion et une régulation démocratiques. La cause coopérative peut-être fondée sur la compréhension qu’il y a un modèle de déploiement des activités humaines à réinventer. Ce contre quoi luttent les coopératives, c’est ce que dénonce déjà Aristote « le pouvoir qu’a l’argent lorsque le désir s’en empare, de s’arracher à la réciprocité des rapports communautaires, de s’orienter vers une accumulation déraisonnable, de passer hors l’enceinte de la citée » (Henaff, 2002 : 108). L’appel à la RSE sonne en effet comme un rappel de l’enjeu que les coopératives ont essayé de tenir depuis leur création : maintenir l’économie dans une réciprocité des échanges en rappelant que la communauté humaine peut se retrouver dans la quête d’une bonne vie, d’une vie heureuse et se dissoudre dans la fuite vers l’accumulation sans fin de richesses. « Ce mouvement sans fin, cette fuite dans l’illimité, que le capitalisme suppose et affronte sans y voir un abîme ou une plongée dans l’indéterminé » (Henaff, 2002 : 133). L’étonnant pouvoir des coopératives ...517...
  • 12. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page518 Reprendre initiative et influence sur quatre piliers de développement On remarque donc à la fois l’étroitesse du chemin coopératif, mais également son adaptation à la complexité d’une ambition de développement durable, qui ne peut faire reposer sa réalisation sur une quelconque certitude, mais sur une capacité de communication très poussée et d’échanges créatifs entre les différents acteurs concernés. Dans la poursuite de l’inspiration des arts martiaux, quatre champs d’action prioritaires s’ouvrent, qui constituaient jusque-là les principaux moteurs du « supercapitalisme ». Internet bien sûr Né d’une commande de guerriers et mis à profit pour démultiplier la puissance des financiers, Internet est aussi un fantastique champ de découverte du fonctionnement en réseau et de « nouvelles approches de la coopération » (Cornu, 2004). Plus largement, « Les TIC offrent l’opportunité de construire une société de la connaissance, de piloter plus efficacement le vaisseau Terre et de faire germer la citoyenneté du XXIe siècle. …Il est aussi grand temps d’y introduire de renforcer les règles de gouvernance de l’Internet, véritable enjeu de développement durable » (Berhault, 2008 : 37). L’éducation toujours L’effort d’éducation à la citoyenneté permettant une compréhension simultanée des enjeux de coopération et de contribution globale de chacun à un développement collectif durablement harmonieux semble une priorité évidente. Ainsi, il est très encourageant de découvrir que malgré les résistances rencontrées, des chercheurs poursuivent de manière remarquable le travail sur les pédagogies coopératives, notamment à travers l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne, (Go, 2010) et que des programmes comme l’animation des Coopératives Jeunesse de Services, au Québec, permettent une découverte précoce et concrète de la conduite coopérative de projets. S’intéresser au transport Dans la même logique, les coopératives ont sans doute à investir ou réinvestir le secteur des transports, notamment du transport maritime, dont l'abaissement des coûts a renforcé la domination des multinationales, facilité la délocalisation des productions et la spécialisation mortifère de nombreuses économies. Même si le défi semble de taille dans les secteurs à forte concentration capitalistique, l’évolution des pratiques de consommateurs (favorables aux circuits courts comme à l’auto partage) ouvre de nouvelles portes. ...518... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 13. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page519 Soutenir les investissements coopératifs dans les énergies renouvelables Au-delà de l’intérêt de substituer des énergies renouvelables aux énergies fossiles, l’enjeu de la gestion coopérative de leur production et de leur distribution est majeur. Là encore, des expériences coopératives innovantes et pionnières ouvrent la voie. Enercoop est ainsi en France : « le seul fournisseur d'électricité à s'approvisionner directement et à 100 % auprès de producteurs d'énergie renouvelable (solaire, éolien, hydraulique et biogaz). Ses bénéfices sont réinvestis dans les énergies renouvelables. Il est également le seul fournisseur d'électricité sous forme coopérative » (Enercoop, 2012). Conclusion : répondre à la recherche de sens Il n’est pas besoin de la RSE pour percevoir la crise du management, et l’attente par de nombreuses personnes d’un autre rapport au travail et à la consommation. C’est ainsi que la SCOP Coopérative d’Activités et d’Emploi COOPANAME a construit son projet, résumé par sa Présidente Anne Chonik Tardivel : « construire ensemble une entreprise commune, un outil d’émancipation que nous gérons démocratiquement, dont la seule ambition est de permettre à chacun de vivre dignement de ce qu’il sait faire, avec qui il veut, au rythme qu’il choisit » (Coopaname, 2011). C'est sur cette question du travail, du sens du travail et des conditions de travail, que se dessine peut-être à nouveau, 150 ans après la première révolution industrielle, le levier d'adhésion le plus fort au mouvement coopératif. De nombreux producteurs, jeunes et vieux, opérateurs ou cadres interrogent les coopératives. Ils constatent souvent que le salariat reste un contrat de subordination, mais de moins en moins une garantie de sécurité, que l’entrepreneuriat en dehors d’une communauté solidaire est de plus en plus risqué. Ils expriment donc leur aspiration à une véritable responsabilité, c'est-à-dire d’abord à une liberté. On peut lire ce besoin de Respect, Solidarité et capacité d’Entreprendre utilement, dans l’intérêt pour la RSE. Cependant, ces chercheurs de sens découvrent, s’ils y prêtent vraiment attention, que la porte de la RSE ouvre sur la nécessité d’un autre rapport à l’autre, au temps, à l’argent, à la propriété. Ils peuvent apprendre que des expériences, souvent difficiles, mais concrètes ont été menées pour construire des échanges moins violents, plus équilibrés, plus durables, plus réciproques. Il est donc d’abord du pouvoir et de la responsabilité des coopératives de défendre et d’étendre ces espaces précieux de projets, pour les y accueillir. L’étonnant pouvoir des coopératives ...519...
  • 14. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page520 Note 1 Observatoire du Management Alternatif AMO, hébergé par HEC Paris. Bibliographie ALLEMAND, S. (2006). Le développement durable au regard de la prospective du présent, Paris, L’Harmattan. BERHAULT, G. (2008). Développement durable 2.0, l’Internet peut-il sauver la planète ? La Tour d’Aigues, Édition de l’Aube. BLANC, J. (2008). « Responsabilité Sociale des entreprises de l’économie sociale et solidaire : des relations complexes », Économie et Sociétés, Tome XLII, N°1, p. 55-82 BOURGEOIS, D. et H. GOUIL (2002). Concilier rentabilité et emploi local dans un contexte de mondialisation, étude réalisée pour la DIGITIP-Ministère de l’Économie, des Finances et de l’industrie. CAPRON, M. et F. QUAIREL-LANOIZELÉE (2005). Mythes et réalités de l’entreprise responsable, Paris, La Découverte. CARIOU, Y., S. FOURNIE et F. WALLET (2006). « Le bilan sociétal : un outil de management pour renforcer l’ancrage territorial et la responsabilité sociale des coopératives agricoles », Revue Développement Durable et Territoires, Dossier 5, www.developpementdurable.revues.org/1626 COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1987). Rapport de la CMED « Notre avenir à tous » dit « Rapport Brundtland ». COOPANAME (2011). Rapport d’activité 2011- faire société,www.coopaname.coop/UPLOAD/media/file/- 48_RA2011-Coopaname-diffusion-web.pdf CORNU, J. M. (2004). La coopération, nouvelles approches, version 1.2 disponible sur Internet CRÉDIT AGRICOLE NORMANDIE SEINE (2011). Le bon sens à de l’avenir, Rapport annuel. ECG (2002). European Association of Cooperative Groups, www.ecg.coop ENERCOOP (2012). Site Web, www.enercoop.fr/ GO, N. (2010). Pratiquer la Philosophie dès l'école primaire. Pourquoi ? Comment ?, Paris, Hachette éducation. GROUPEMENT NATIONAL DE LA COOPÉRATION - GNC (2009). Lettre du GNC, aujourd’hui COOPfr, N° 358, juin, www.entreprises.coop/semaine/UPLOAD/media/file/166_LGNC%20358%20ok.pdf HENAFF, M. (2002). Le prix de la vérité, Paris, Seuil. LAUFER, R. et C. PARADEISE (1982). Le Prince Bureaucrate, Paris, Flammarion. LEFEBVRE, G. (2012). État des lieux : groupe « dynamique humaine », Crédit Agricole Normandie Seine. LORDON, F. (2006). L’intérêt souverain, Paris, La Découverte. RAHNEMA, M. (2003). Quand la misère chasse la pauvreté, France, Fayard/ Actes Sud REICH, R. (1997). L’économie mondialisée, Paris, Dunod. REICH, R. (2008a) « Rencontre avec Robert Reich », Sciences Humaines, mars 2008, N° 191, p. 28-31. REICH, R. (2008b). Supercapitalisme, Paris, Vuibert. RIFKING, J. (2011). La troisième révolution industrielle, Paris, Les liens qui libèrent. ROGER, P.B. (2011). « La grande déformation de l’entreprise par la pression financière », La gazette de la société et des techniques, N° 64, Novembre. VEGLERIS, E. (2006). Manager avec la philo, Paris, Éditions d’Organisation. VILLETTE, M. (2003). « L’entreprise peut-elle devenir un vecteur de développement durable ? », Le Monde, 31 mars. ...520... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 15. 34-Gouil_Mise en page 1 12-09-05 14:36 Page521 Résumé Les points de rencontre entre RSE et principes coopératifs ne concernent rien de moins que la propriété de l'entreprise, sa transmission d'une génération à l'autre, et sa gestion solidaire et participative. Aussi, les coopérateurs peuvent considérer le succès du concept de RSE à la fois comme une menace et une opportunité. Opportunité de reconnaissance de la pertinence des engagements coopératifs, mais menace de leur banalisation. Opportunité d'être stimulés dans la mesure de leur performance globale. Mais crainte parfois du résultat. Pourtant, les ravages d’un capitalisme surpuissant sont comme une marée noire qui déborde le frêle barrage flottant de la RSE, comme la capacité de régulation démocratique des états. Dans ce contexte, la responsabilité sociétale des entreprises coopératives ne peut se réduire à une question de marketing. Elle renvoie à leur vocation historique de démocratisation de l'économie et aux choix stratégiques des leviers d’actions pour réaliser cette ambition. Summary Corporate social responsibility (CSR) and cooperative principles converge on business ownership, the transfer of ownership between generations, and its communal and participative management. Cooperators may therefore see the rise of CSR both an opportunity and a threat: an opportunity to promote the importance of cooperative commitments, but also the threat that they may be trivialized. While the opportunity to have their overall performance assessed can be motivating, it can also be daunting. Yet, the devastation caused by crushing capitalism is like an oil spill that the fragile CSR boom cannot contain, and that threatens states’ capacity for democratic regulation. In this context, cooperatives’ responsibility to society cannot be reduced to a matter of marketing. This responsibility is entrenched in their traditional mission of democratizing the economy and their strategic choices of levers to achieve this ambitious goal. Resumen La Responsabilidad Social Corporativa (RSC) y los principios cooperativos convergen sobre la propiedad de la empresa, su transferencia de generación en generación y su gestión solidaria y participativa. Los cooperativistas pueden considerar el éxito del concepto de RSC no sólo como una oportunidad sino también como una amenaza. Oportunidad de que se reconozca la pertinencia de los compromisos cooperativos pero amenaza de que sean trivializados. Oportunidad de verse estimulados en la medida de su resultado global pero también, a veces, temor de ese resultado. Sin embargo, los estragos de un capitalismo aplastante son como una marea negra que sumerge las frágiles barreras de contención de la RSC así como a la capacidad de regulación democrática de los estados. En este contexto, la responsabilidad social de las empresas cooperativas no puede limitarse a un problema de marketing. Remite a su vocación histórica de democratizar la economía y a sus elecciones estratégicas de los modos de acción para concretar ese objetivo. L’étonnant pouvoir des coopératives ...521...