2021 03 10 projet de parc photovoltaique en gironde menace le monde
1. Un projet de parc photovoltaïque en Gironde menace 1 000 hectares de forêt de
pins (Le Monde)
Le projet Horizéo est contesté par l’association environnementale Sepanso, tout comme par la
Fédération des chasseurs de la Gironde. Une consultation publique est prévue au second
semestre 2021.
Par Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)
Publié aujourd’hui à 10h17
Porté par deux énergéticiens français, Neoen et Engie, le projet Horizéo vise à installer un parc
photovoltaïque d’envergure à Saucats (Gironde). Cette municipalité, située dans le sud de la
métropole bordelaise, est connue pour sa réserve naturelle et son immense forêt de pins
maritimes. Si ce projet d’un milliard d’euros – qui devrait être mis en service en 2025-2026 –
permettrait d’assurer la consommation annuelle d’électricité de 600 000 personnes, il n’est pas
au goût de tous. Car, pour construire ce parc photovoltaïque, il faudrait procéder à l’abattage de
plus de 1 000 hectares de forêt de pins. Une pratique que la Sepanso, association de défense de
l’environnement, et la Fédération des chasseurs de la Gironde dénoncent avec fermeté.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La difficile quête de terrains pour implanter les parcs
éoliens et solaires
Sur le papier, le projet est prometteur. Il s’appuie sur une technologie foncière photovoltaïque
grâce à laquelle seront développées des technologies beaucoup plus innovantes, comme la
production d’hydrogène vert local, le stockage de batteries, un centre de données pour la
transition numérique… Dans une région qui, de surcroît, ambitionne d’atteindre une capacité
de production de 8,5 gigawatts d’énergie solaire d’ici à 2030.
Si les arguments de cette énergie verte sont tout à fait louables pour la Sepanso, l’association
appelle toutefois à la vigilance. Tout d’abord, explique Daniel Delestre, vice-président de la
Sepanso Gironde, « accepter de transformer ces 1 000 hectares de forêt dans l’ère
métropolitaine, c’est faire sauter un verrou par lequel la biodiversité peut circuler. C’est, pour
nous, l’un des premiers sujets de préoccupation. »
L’association interroge également la pertinence du projet en matière de bilan carbone des
installations photovoltaïques. « Quand on regarde attentivement le bilan carbone en cycle de
vie de ce type d’installations, c’est franchement pas bon. » La Sepanso pointe également du
doigt le fait que ce genre d’infrastructures est « aussi peu favorable à la biodiversité qu’un
parking de grande surface », citant l’exemple de la centrale de Cestas, dans le même
département, de 270 hectares. Finalement, conclut Daniel Delestre, « si on nous dit que le projet
de Saucats permettrait aux moutons de venir paître tranquillement dans l’herbe laissée par de
faibles densités de panneaux, alors on examinerait la situation ».
« Rôle capital » de la forêt
De leur côté, les entreprises qui pilotent le projet se défendent de ne pas détruire une forêt, mais
de s’inscrire dans un cycle biologique forestier. Pour la filière bois, des boisements
compensateurs seront mis en œuvre. De surcroît, les énergéticiens mettent en avant leur
2. expérience des parcs solaires et assurent qu’ils tiendront compte des enjeux de défrichement et
de biodiversité. « Sur un projet comme celui-là, on va passer d’une biodiversité liée à la
monoculture de pins, une biodiversité dite “ordinaire”, à une biodiversité type landes où des
espèces pionnières vont recoloniser tous les panneaux et, entre les panneaux, les parcelles qui
étaient jusqu’alors dédiées à la production de bois », se défendent-ils.
Mais, outre la Sepanso, le projet n’a pas non plus l’aval de la Fédération des chasseurs de la
Gironde. « Cette forêt avait été reboisée après la tempête de 1999, aux frais du contribuable,
donc l’autorisation de défrichement risque d’être difficile à obtenir. Plus de 1 000 hectares,
c’est énorme !, s’agace son président, Henri Sabarot. Notre position n’est pas du tout d’être
contre le photovoltaïque quand ce sont sur des zones artificialisées, mais on ne peut pas
cautionner la coupe et la destruction d’une forêt qui joue un rôle capital dans ce territoire. »
La fédération et la Sepanso souhaitent faire part de leurs doutes, lors de la concertation publique
qui se tiendra lors du second semestre de 2021. En espérant que la crise sanitaire n’empêche
pas l’expression des points de vue lors de réunions publiques qui pourraient être limitées.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une méga-usine de panneaux photovoltaïques pourrait
voir le jour en Moselle
Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/12/20/une-mega-usine-de-panneaux-
photovoltaiques-pourrait-voir-le-jour-en-moselle_6063986_3234.html