2. Le projet Horizeo est situé sur une zone de 2000 hectares à Saucats. Le parc solaire s’étendrait sur 1 000 hectares.
Guillaume Bonnaud
Comment avez-vous appris l’existence de ce projet ?
En lisant la presse, fin 2020. Dans la foulée, j’ai réuni tous les vice-présidents de la Communauté de
communes. Nous avons lu le dossier de présentation et avons listé toutes nos réflexions. Nous avons sollicité
des dizaines de spécialistes sur le sujet : Ademe, forestiers, pompiers, associations environnementales,
entrepreneurs, etc. Depuis le mois de mai, nous compilons les questions et les réponses sur notre site Internet.
Tout le monde doit pouvoir faire une analyse objective des enjeux avant de se faire un avis.
Quel est votre avis sur ce projet ?
Je suis très sceptique. Je suis un fervent défenseur de l’arbre. La forêt est un piège à carbone. Elle fait
vivre la filière sylvicole et fait partie de notre ADN. Raser 1 000 hectares d’arbres pour améliorer le climat,
c’est une contradiction majeure. Veut-on produire des énergies moins polluantes en sacrifiant la forêt ? Un
enjeu sociétal aussi important doit-il être confié à une entreprise privée dont l’objectif est le profit ? Je
rappelle que le parc solaire le plus grand de France actuellement s’étend sur 300 hectares à Cestas
(depuis 2015). Entre 300 et 1 000 hectares, la différence est énorme. Il y a un principe de précaution à
avoir.
Craignez-vous des conséquences au niveau local ?
Les enjeux sont colossaux. Le parc est en amont des bassins-versants du Saucats et de l’Eau Blanche. 1
000 hectares coupés, cela représente entre 250 000 et 400 000 pins. Un pin boit en moyenne 100 litres
d’eau par jour. Ce sont des millions de mètres cubes qui ne seront plus pompés et qui ruisselleront. Quid
des risques de crue en aval. Quid du risque incendie ? Quid de l’impact sur la faune et la flore ? J’ai écrit à
Horizeo en avril pour demander toutes les études d’impact sur le site. Pas de réponse.
3. Bernard Fath « n’a pas d’a priori » mais est « sceptique » sur le projet.
A. D.
Que pensez-vous de la Commission nationale du débat publique ?
Elle organise des réunions sur le territoire de la CdC Montesquieu mais aussi à Bordeaux, Pessac ou
Mérignac alors que la Métropole n’est pas viscéralement impactée par ce projet. Je crains que les
réactions locales soient diluées dans un ensemble de réactions générales. S’il y a un incendie sur ce site
industriel, ce sont les habitants de Montesquieu qui seront en première ligne, pas ceux de Bordeaux.
Ce projet va bien au-delà de l’intérêt local. Le maître d’ouvrage assure que pour chaque arbre coupé, un autre
et même plusieurs seront replantés ailleurs.
Imaginez, vous avez un arbre dans votre jardin. Au nom de mes principes, je vais le couper et en replanter
deux autres à 5 kilomètres de là. Il y aura davantage d’arbres au final. Mais vous n’aurez plus d’ombre
chez vous.
Les retombées fiscales pourraient être importantes pour les collectivités locales. Selon les premières
estimations, la CdC de Montesquieu toucherait au maximum 2,4 millions d’euros par an de la part d’Horizeo.
C’est le miroir aux alouettes. Les règles de calcul de l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux
(Ifer) peuvent être modifiées à tout moment pour le gouvernement. Ces perspectives fiscales ne sont
réalistes qu’à court terme. Cela ne doit pas peser dans la réflexion.
4. Projet solaire Horizeo : à Saucats (33), on « attend de voir »
Le débat public sur le projet du parc solaire géant Horizeo démarre le 9 septembre. À Saucats, la commune
au sud de Bordeaux sur lesquelles mille hectares pourraient lui être dévolus, on oscille entre perplexité et
ignorance avant la première réunion
Raser 1 000 hectares d’arbres pour améliorer le climat, c’est une contradiction majeure.
Pouvez-vous bloquer ce projet ?
La commune de Saucats est fortement impliquée car elle doit modifier son Plan local d’urbanisme pour
accueillir le projet. Si Saucats dit non, l’État aurait les moyens juridiques d’imposer ce projet sur notre
territoire. Au niveau de la CdC, l’idée n’est pas de bloquer car nous savons que l’avenir passera par le mix
énergétique. Mais il faut un juste milieu. Ce qui m’inquiète c’est de passer de 300 hectares à Cestas à 1
000 hectares à Saucats. Personne ne sait maîtriser un parc solaire de cette taille.
Horizeo veut développer une activité maraîchère sur 10 à 25 hectares autour des panneaux photovoltaïques.
Cela va plutôt dans le sens la politique alimentaire de votre collectivité.
On ne peut pas raser 1 000 hectares de forêt et donner 10 hectares de terres agricoles en compensation.
C’est comme offrir un porte-clé à quelqu’un qui achète une voiture. Une proposition « gadget ».
Alors pour ou contre ?
Je n’ai pas d’a priori. Nous nous positionnerons quand nous aurons toutes les réponses d’Horizeo par écrit