La presse nationale et internationale s’est vue noyée dernièrement dans un flot discontinu d’instabilités à la fois géopolitique et climatique à plus ou moins grande échelle.
L’équipe rédactrice de l’INF’OSE pour ce mois de novembre s’est donc attachée dans ce numéro à présenter plusieurs focus s’inscrivant dans différents types de défis environnementaux.
1. Mensuel sur l’énergie et l’environnement
S
Novembre 2019 N°147
LES ALGUES SARGASSES:
La conversion d’un désastre
écologique en ressources du futur
est-elle possible ?
page: 3
MÉTHANISATION DES RÉSIDUS VERTS
dans l’agglomération d’Amiens.
page: 5
LE TRANSPORT MARITIME FACE AUX ENJEUX
ENVIRONNEMENTAUX
page: 10
INTERVIEW ANNE-SOPHIE DESALEUX
pilote de la démarche écoconception à RTE
page: 13
2. Chère lectrice, cher lecteur,
La presse nationale et internationale s’est
vue noyée dernièrement dans un flot dis-
continu d’instabilités à la fois géopoli-
tique et climatique à plus ou moins grande
échelle.
L’équipe rédactrice de l’INF’OSE pour ce
mois de novembre s’est donc attachée
dans ce numéro à présenter plusieurs
focus s’inscrivant dans différents types
de défis environnementaux.
Nous commencerons tout d’abord par ce
qui nous entoure, avec une présentation
des leviers simples de réduction de la con-
sommation énergétique dans le domaine
du bâtiment.
Par ailleurs, la LTECV faisait état d’un objectif de tri des déchets
à la source pour les particuliers avant 2025, impliquant donc
progressivement une augmentation de la quantité de biodéchets.
Dans une logique de développement d’économie circulaire et
d’incitation collective, il est nécessaire de prendre en compte
et valoriser cette ressource. Un exemple de valorisation dans
le nord de la France est proposé dans un deuxième article.
La réduction de l’empreinte carbone est devenue un sujet
majeur, nécessitant la mise en place d’importants efforts dans
tous les secteurs. Un entretien avec une grande entreprise fran-
çaise est l’occasion de réaliser un focus sur l’écoconception.
Dans un tout autre contexte plus exotique, nous vous proposons
un envol décarboné vers les Antilles avec un sujet de santé pub-
lique tentant d’être pris à bras le corps avec un double impact.
Enfin, cet INF’OSE est l’occasion de revenir sur la thématique en
lien avec le congrès organisé par la promotion précédente, sur le
devenir de l’impact du transport maritime à l’échelle internationale.
Amala et Emmanuel vous souhaitent une agréable lecture.
2 EDITO
ADRESSE E-MAIL
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ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle,
quel qu’en soit le procèdé, le support ou le
média, est strictement interdite sans l’autori-
sation des auteurs sauf cas prévus par l’article
L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
CONTACTS
3. SOMMAIRE
Actualités Novembre 2019 4
Loi Energie Climat 4
RTE sur la sécurité d’approvisionnement 2019-2025 5
La plus grande centrale solaire flottante d’Europe 6
Les algues sargasses 7
Méthanisation des résidus verts 9
Performance énergétique 12
Le transport maritime face aux enjeux
environnementaux15
Interview d’Anne -Sophie DESALEUX de
RTE sur l’Ecoconception du réseau de
transport d’électricité 18
SMensuel sur l’énergie et l’environnement
3SOMMAIRE
4. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
4 ACTUALITÉS NOVEMBRE 2019
Loi Energie Climat
L
a publication, ce 9 novembre de la
loi Energie Climat au journal officiel
engage définitivement la France à de
nouveaux objectifs dans la lutte contre le
réchauffement climatique. Cette loi est
passée devant le Conseil Constitutionnel,
qui a été saisi par plusieurs parlementaires.
La remise en question portait sur l’Accès
Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique
(ARENH), avec une possibilité pour le gou-
vernement de faire passer le volume annuel de 100 à 150 TWh. Le conseil a jugé que cela était
conforme à la constitution et n’entravait pas la liberté d’entreprendre d’EDF.
Les objectifs suivants sont désormais inscrits dans la loi :
• Neutralité carbone pour 2050
• Baisse de 40% de la consommation des énergies fossiles d’ici à 2030 (par rapport à 2012)
• La réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique à 50% est repoussée à 2035,
représentant la fermeture de 14 réacteurs
• La fermeture des dernières centrales à charbon pour 2022
La loi s’empare du sujet des passoires énergétiques, et impose des mesures contraignantes
avec la révision des loyers, conditionnée par le niveau de performance ou encore l’obligation
d’audit énergétique en cas de diagnostic d’un logement à faible performance.
Actualités Novembre 2019
Antoine FOURCADE
5. R T E s u r l a s é c u r i t é
d ’ a p p r o v i s i o n n e m e n t
2019-2025
D
ans son dernier bilan prévisionnel,
RTE a énoncé ses différentes
prévisions et mesures afin
d’assurer la sécurité d’approvisionnement
du réseau électrique français pour les
cinq années à venir.
Sur la période 2019-2025, il est prévu
de diminuer la capacité installée de 5 GW avec tout d’abord la fermeture de la centrale
nucléaire de Fessenheim (1,8 GW), puis l’arrêt des dernières centrales à charbon (un peu
plus de 3 GW). Tout cela couplé aux retards de la centrale nucléaire de Flamanville, risque
d’impacter la sécurité d’approvisionnement.
Pour cet hiver, RTE est confiant sur la sécurité d’approvisionnement du réseau électrique
avec plus de centrales nucléaires disponibles que l’année dernière. Pour les années 2020 et
2021, la livraison de la centrale gaz à cycle combiné de Landivisiau en Bretagne (446 MW)
et l’augmentation des lignes d’interconnexion avec l’Italie et la Grande-Bretagne assurent la
stabilité du réseau français.
C’est sur la période 2022-2023 que RTE s’inquiète. En effet, il est prévu de fermer plusieurs
centrales nucléaires dans le cadre des visites décennales, à cela s’ajoute la sortie du
nucléaire et du thermique à flamme des pays voisins. Pour faire face à ce risque, RTE
propose trois scénarios :
• Une maîtrise de la consommation durant l’hiver (effacement, meilleur pilotage…)
• Une optimisation des arrêts de centrales par EDF et l’ASN pour les visites décennales
• Repousser la fermeture ou entamer une conversion de la centrale de Cordemais en
centrale biomasse/charbon. RTE garantit que ce scénario est compatible avec les
engagements pris en matière d’émissions de GES
Enfin la période 2023 ne présente pas de risques particuliers avec l’augmentation du parc
des énergies renouvelables et surtout la livraison de l’EPR de Flamanville en 2020.
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
5ACTUALITÉS NOVEMBRE 2019
9. [1] « L e s a l g u e s s a r g a s s e s d e re t o u r e n
Guadeloupe », Le Monde.fr, 24-janv-2019.
[2] « Optical Oceanography Laboratory — College
of Marine Science — University of South Florida ».
[En ligne]. Disponible sur: https://optics.marine.usf.
edu/. [Consulté le: 05-déc-2019].
[3] « Optical Oceanography Laboratory — College
of Marine Science — University of South Florida ». .
[4] « situation-perspectives-valorisation-sargas-
ses.pdf ». .
[5] « Valoriser des algues sargasses pour
éviter les pollutions - SUEZ en France ». [En ligne].
Disponible sur: https://www.suez.fr/fr-fr/notre-
offre/succes-commerciaux/nos-references/valori-
sation-des-sargasses. [Consulté le: 05-déc-2019].
Sources:
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
9MÉTHANISATION DES RÉSIDUS VERTS
E
n cette période automnale,
les températures baissent
et les feuilles des arbres
commencent à joncher le sol
de nos trottoirs, chaussées et
parcs. Ce phénomène naturel si
attrayant à nos yeux pourrait
également être une source de
revenus pour les communes.
La production d’électricité est
assurée par une multitude de
technologies différentes avec un fonctionne-
ment qui leur est propre pour maintenir une
certaine rentabilité. Les moyens de production
de l’électricité française peuvent être décom-
posés en trois ensembles : les centrales en
base (centrales nucléaires) utilisées plus de
80% de l’année, les centrales dites de semi-
base comme les centrales hydrauliques au fil
de l’eau et pour finir les centrales de pointe
comme les centrales hydrauliques STEP ou les
centrales au gaz.
La France, pays thermosensible, enregistre
des périodes de pointe de consommation élec-
trique lors des périodes de froid. Afin d’assu-
rer le bon fonctionnement du réseau électrique
et l’équilibre offre-demande, le gestionnaire
du réseau de transport (RTE) fait appel aux
Méthanisation des résidus verts
Et des feuilles mortes dans l’agglomération
d’Amiens.
Production d’électricité par filière (source RTE 2018)
10. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
10 MÉTHANISATION DES RÉSIDUS VERTS
centrales au gaz. En effet, ce type de centrale
permet de fournir très rapidement l’électricité
nécessaire dans un délai de 15 à 30 minutes.
La ville d’Amiens et l’entreprise Idex1
possé-
dant depuis 1990 la plus grosse centrale de
méthanisation de déchets ménagers, ont mis
en place un ingénieux cycle de valorisation
des déchets ménagers mais également des
feuilles mortes de la commune et de ses envi-
rons. Avec plus de 50 000 arbres répartis sur le
pôle métropolitain du Grand Amiénois, la com-
mune et Idex traitent plus de 15 400 tonnes
annuelles de résidus verts, de produits ména-
gers qui sont ramassés et récoltés par trois
déchetteries de la commune et ses services
propretés. Depuis le début des années 2000,
1 Idex, entreprise spécialisée dans les services à l’énergie
et à l‘environnement, est un des précurseurs de la valorisation
d‘énergies locales et du développement d’infrastructures dédiées
telles que les centrales à gaz naturel, biomasse et géothermie.
ces deux acteurs ont également mis en place
un service spécial composé d’une soixantaine
de personnes, assurant le ramassage de 500
tonnes de feuilles mortes issues des 50 000
arbres de l’agglomération.
Les feuilles sont d’abord ramassées par sec-
teur et stockées dans de grandes bennes. Elles
sont ensuite déposées à l’usine de méthanisa-
tion avec les autres résidus verts et déchets
ménagers. L’ensemble de ces déchets est alors
pesé puis trié dans le centre de valorisation.
Le processus de valorisation commence par
un broyage grossier des ordures. Puis, les
déchets subissent un processus de filtrage à
l’aide d’un trommel pour séparer les matières
organiques des déchets à base de plastique
ou de tissus. Cette matière organique passe
ensuite par un procédé de déferraillage et un
Cycle de méthanisation. Source : Capinov
11. [1] « Amiens », Wikipédia. 27-nov-2019.
[2] « Coûts de collecte des déchets ménagers
», ADEME. [En ligne]. Disponible sur: https://www.
ademe.fr/expertises/dechets/quoi-parle-t/preven-
tion-gestion-dechets/dossier/collecte/couts-col-
lecte. [Consulté le: 02-déc-2019].
[3] « L e s f e u i l l e s m o r t e s s o n t r e v a l o r i -
sées en énergie à Amiens », France 3 Hauts-
de-France. [En ligne]. Disponible sur:
h t t p s : // f r a n c e 3 - r e g i o n s . f r a n c e t -
vinfo.fr/hauts-de-france/somme/
amiens/feuilles-mortes-sont-revalorisees-energie-
amiens-1743135.html. [Consulté le: 02-déc-2019].
[4] A. Métropole, « Tapis vert(ueux) », Amiens
Métropole. [En ligne]. Disponible sur: https://www.
amiens.fr/Actualites/Tapis-vert-ueux. [Consulté le:
02-déc-2019].
[5] A. Métropole, « Usine de Méthanisation »,
Amiens Métropole. [En ligne]. Disponible sur: https://
www.amiens.fr/Vivre-a-Amiens/Gestion-des-dechets/
Usine-de-Methanisation. [Consulté le: 02-déc-2019].
Sources:
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
11MÉTHANISATION DES RÉSIDUS VERTS
second tri pour extraire les indésirables lourds
comme les cailloux, le verre et le calcaire.
La matière organique obtenue à ce stade est
envoyée dans un malaxeur pour être mélan-
gée avec un diluant enrichi en bactéries. Ce
mélange est orienté ensuite vers le digesteur.
Le digesteur est une cuve où les déchets or-
ganiques subissent une dégradation chimique
par des bactéries en conditions contrôlées
dans un milieu sans oxygène. Ce mécanisme
biologique permet de créer deux produits : un
humide, le digestat, pouvant être valorisé en
tant que fertilisant s’il satisfait les normes
NFU 44-0512
et du biogaz.
Ce biogaz est ensuite désulfurisé puis stoc-
ké avant d’être revalorisé pour la production
d’énergie. La valorisation de ce biogaz se fait
directement sur le site d’Amiens par deux mo-
teurs thermiques d’une puissance de 1,5MW et
par une chaudière produisant la vapeur néces-
2 Le compost normé ne doit pas dépasser certaines
valeurs en fonction de ces dénominations et spécifications.
saire à la station d’épuration de la commune
ainsi qu’à un industriel voisin du site. Le sur-
plus d’électricité est quant à lui vendu direc-
tement sur le réseau d’électricité grâce à des
transformateurs de 15 kV. La chaleur générée
par les moteurs thermiques (appelée chaleur
critique) est, quant à elle, utilisée pour le
processus de production du biogaz.
L’ensemble de cette installation permet de
traiter annuellement environ 100 000 tonnes de
déchets et permet de produire 20 000 tonnes
de compost ainsi que 19 000 MWh. Cette pro-
duction d’électricité représente la consomma-
tion annuelle de plus de 4000 foyers sur les
400 000 habitants que compte l’agglomération.
La valorisation de ces déchets a permis à l’ag-
glomération de diminuer de 10% ses coûts de
ramassage des déchets en 2018, représentant
une économie d’une dizaine d’euros par an et
par habitant.
Antonin PIERRE DE LA BRIERE
12. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
12 PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
E
n 2017, 249,36 MTep d’énergie primaire
ont été consommées par la France , soit
l’équivalent de 2% de la fourniture mon-
diale d’énergie primaire en 2017 alors que la
population française représente moins de 1%
de la population mondiale. Face à ce constat,
il est important de consommer l’énergie de
manière sobre et efficace. Afin de cibler les
points clés où des actions de grande ampleur
peuvent être menées à coût réduit, il peut
être utile d’analyser la consommation d’énergie
par usage et par secteur. En 2017, 46% de la
consommation finale d’énergie provenait du
secteur résidentiel et tertiaire. Sous l’angle des
usages, il apparait que le chauffage et l’ECS
(Eau Chaude Sanitaire) comptent pour 54% de
l’énergie finale dans le tertiaire et pour 78%
dans le résidentiel. Donc finalement, 32% de
la consommation finale d’énergie et 31% des
émissions des CO2 en France sont imputables à
la production de chaleur dans le secteur rési-
dentiel-tertiaire. C’est pour cette raison qu’il
paraît opportun de s’interroger sur les actions
pragmatiques qui peuvent être menées au sein
de ce puits de consommation énergétique.
Une installation thermique qui ne fait pas
l’objet d’une maintenance peut vite être
c o n f r o n t é e à d e s d é r i v e s é n e r g é t i q u e s
engendrant des surcoûts financiers du fait des
surconsommations énergétiques. Elles seront
d’autant plus probables et conséquentes que
la taille de l’installation thermique est grande
et que le nombre d’équipements techniques
composant l’installation et la multitude des
usagers est important. Le dysfonctionnement
d’un petit équipement tel qu’un servomoteur
(organe régulant la distribution de chaleur
en température) peut engendrer des dérives
importantes. Pour cette raison, l’article
s’intéressera aux contrats d’exploitation des
installations collectives et particulièrement aux
moyens permettant d’obtenir, à coût raisonnable,
une bonne performance énergétique tout en
combinant une consommation sobre de l’énergie
avec parfois l’intégration d’EnR.
Généralement, les propriétaires n’ont pas le
savoir-faire technique pour exploiter leurs
i n s t a l l a t i o n s t h e r m i q u e s , t e l l e s q u e l e s
chaudières, et peuvent déléguer cette tâche
à un professionnel à travers un contrat
d ’ e x p l o i t a t i o n . L e c o n t r a t d ’ e x p l o i t a t i o n
passe par plusieurs types de prestations à
commencer par la maintenance qualifiée P2.
Cette prestation permet d’assurer le contrôle et
les interventions périodiques de l’installation
pour son bon fonctionnement, tels que le
ramonage ou le contrôle de combustion. Un
deuxième type de prestation, nommé P3 et
largement déployé, concerne la gestion du
renouvellement de gros matériels comme les
Performance énergétique
A travers les contrats technico-juridiques.
13. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
13PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
pompes ou bien même les chaudières. Un
compte de provision préalablement déterminé
p a r l e p ro p r i é t a i re p e r m e t d ’ a s s u re r l e
remplacement crucial d’équipements. Sans
une prestation P3, il pourrait arriver que le
propriétaire n’ait pas les fonds nécessaires au
moment du besoin. Ces prestations assurent
le bon fonctionnement de l’installation mais
n’encouragent pas une démarche d’efficacité
énergétique et de sobriété énergétique totale.
En effet, l’exploitant a seulement l’obligation
de s’assurer du bon fonctionnement de
l’installation et peut négliger le fonctionnement
o p t i m a l d e s d i ff é r e n t s é q u i p e m e n t s e t
également surchauffer les logements si aucune
température contractuelle ne figure dans le
contrat. Ainsi, une prestation dont l’existence
est plus récente que les prestations P2 et P3
permet d’atteindre un objectif d’efficacité : les
prestations P1. Celles-ci peuvent encourager
l’exploitant à optimiser la consommation du
site ou au moins à obtenir un prix de l’énergie
attractif.
Les prestations de type P1 correspondent à la
fourniture d’énergie par l’exploitant. Toutes
les considérations administratives du contrat
de fourniture d’énergie sont à la charge de
l’exploitant et le tarif d’achat du combustible
devrait être compétitif car celui-ci investit nor-
malement massivement dans l’achat d’énergie
pour le compte de ses clients. Les prestations
P1 peuvent prendre plusieurs formes sachant
que certaines peuvent être très efficaces tandis
que d’autres peuvent présenter des risques
d’abus de la part de l’exploitant. Le contrat
présentant le plus de potentiel de performance
est celui qualifié MT (Marché Température) dont
le montant pour la fourniture d’énergie est
forfaitaire et proportionnel à la rigueur clima-
tique sur la période de chauffe. De cette façon,
le montant étant fixé par avance, l’exploitant
a tout intérêt à optimiser la consommation
d’énergie sur la partie production et distri-
bution de l’installation afin de maximiser ses
marges. Cependant, ce type de marché implique
que le client connaisse particulièrement bien
la consommation de son site pour éviter une
surévaluation du montant forfaitaire. Lorsque
le propriétaire du bâtiment ne connait pas
précisément ses consommations d’énergie et
dispose d’appareils de comptage de chaleur
suffisants, un contrat MC (Marché Comptage)
peut être envisagé. L’énergie est facturée à la
chaleur produite en sortie de chaufferie. De
cette manière, l’exploitant est incité à opti-
miser les rendements des équipements de
production dans la chaufferie mais par contre
il n’est pas encouragé à mener des actions
optimales sur la zone de distribution de la
chaleur car celle-ci se trouve après les compt-
eurs. Dans le cas où l’exploitant ne dispose
pas de compteurs d’énergie, un marché CP
(Combustible Prestation) peut être envisagé
Contrat
d’entretien
Contrat
d’exploitation
Contrat
d’exploitation
Contrat
d’exploitation
Contrat
performance
énergetique
P2 P2
P3
P1
P2
P3
P1
P2
Intéressement
P3 P1
P2
Travaux
Intéressement
P3
Amélioration chronologique des contrats dans une optique d’efficacité énergétique
14. [1] « Bilan énergétique de la France pour 2017 |
Données et études statistiques ». [En ligne]. Disponible
sur: https://www.statistiques.developpement-
durable.gouv.fr/bilan-energetique-de-la-france-
pour-2017?rubrique=19dossier=170. [Consulté le:
02-déc-2019].
[2] « e f f i c a c i t e _ e n e r g e t i q u e _ c h a u f f a g e _
climatisation.pdf ». .
[3] « exploitation_chauffage.pdf ». .
[4] « La performance énergétique s’invite dans les
contrats d’exploitation ». [En ligne]. Disponible sur: http://
leparticulier.lefigaro.fr/jcms/c_79450/la-performance-
energetique-s-invite-dans-les-contrats-d-exploitation.
[Consulté le: 02-déc-2019].
[5] « Les contrats de maintenance de chauffage,
contrat entretien et exploitation. | giffard-etc ». .
[6] « Liste des pays par population », Wikipédia.
29-nov-2019.
[7] « Maintenance CVC Contrats P1 à P5 ; Missenard
Climatique », Missenard Climatique. .[8] Sénova,
« Tout comprendre sur les contrats d’exploitation en
copropriété », Sénova Copropriétés, 03-mai-2016. [En
ligne]. Disponible sur: https://coproprietes.senova.
fr/conseils-techniques/tout-comprendre-contrats-
exploitation-copropriete/. [Consulté le: 02-déc-2019].
Sources:
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
14 PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
où l’énergie est facturée au combustible con-
sommé (par exemple, le volume de gaz con-
sommé par une chaudière gaz). Sur ce type
de marché l’exploitant ne sera cependant pas
incité à optimiser l’installation car le rende-
ment global de l’installation n’impacte pas ses
marges. Un effet pervers pourrait être envisagé
si celui-ci possède une rente entre son tarif
d’achat avec le fournisseur de combustible et
le prix de facturation du combustible auprès
de son client. Dans ces conditions, l’exploitant
aurait naturellement intérêt à consommer un
maximum d’énergie pour maximiser son profit.
Afin, de se prémunir contre ce potentiel effet
pervers, une clause contractuelle plus récente
que les prestations P1, P2, 3 est apparue :
l’intéressement. Sur la base d’une cible
énergétique, cette clause répartit entre le
propriétaire et l’exploitant les gains financiers
ou les pertes par rapport à la cible. Ainsi,
l’intéressement associé à un marché CP incite
l’exploitant à optimiser la consommation
d’énergie du site car si la performance du site
est meilleure que l’objectif, une rémunération
financière sera versée à l’exploitant par le
propriétaire. L’enjeu pour le propriétaire est de
bien connaître la consommation énergétique de
son bâtiment pour définir une cible énergétique
ambitieuse et réalisable.
Finalement, sans investissement lourd ou
l’utilisation de hautes technologies, il est pos-
sible d’obtenir un impact sur l’efficacité éner-
gétique et la consommation sobre de chaleur
par la mise en œuvre de contrats d’exploitation
construits et réfléchis. La simple considération
des exploitants, personnes morales sachant
exploiter les installations thermiques, comme
des agents économiques rationnels permet
d’obtenir des résultats positifs. Pour aller plus
loin dans le souci de performance énergétique
et d’intégration des énergies renouvelables, des
contrats plus spécifiques sont apparus en 2009
: les CPE (Contrat de Performance Energétique).
Le titulaire d’un tel contrat s’engage sur une
amélioration de l’efficacité énergétique du
patrimoine à sa charge par la réalisation de
travaux, par exemple.
Adrien LAILLE
15. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
15LE TRANSPORT MARITIME FACE AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
Le transport maritime face aux
enjeux environnementaux
Un secteur contraint mais investi dans la lutte contre le
réchauffement climatique et la pollution atmosphérique
L
a mutation du secteur des transports est
un des sujets centraux de la transition
énergétique et de la lutte contre la pollu-
tion atmosphérique. Bien que la majorité des
débats concerne les véhicules terrestres, une
autre partie de la flotte est pleinement con-
cernée par la mutation du secteur : les navires
du transport maritime. Ceux-ci représentent
notamment 5% des émissions de soufre, 20%
des émissions de NOx et 3% des émissions
mondiales de CO2[1]. En tenant compte des
projections de croissance du trafic faites par
l’Organisation Maritime Internationale (OMI),
ces dernières pourraient représenter jusqu’à
10% des émissions totales en 2050, d’où la
nécessité de mettre en place une démarche
de sobriété énergétique et se tourner vers des
motorisations plus propres.
De par leur taille et les distances parcourues,
certains navires font partie des engins motori-
sés les plus polluants au monde. Cependant,
ces derniers mois ont vu naître des initia-
tives majeures pour diminuer l’empreinte
environnementale de la flotte maritime. Une
des solutions proposées concerne la vitesse
des bateaux. Une réduction moyenne de 12%
entrainerait une baisse de la consommation de
carburant de 27%, ce qui diminuerait significa-
tivement les émissions de GES et de polluants
atmosphériques [2]. Une centaine d’acteurs
industriels majeurs du transport maritime ont
signé en avril 2019 une lettre pour encourager
les autres entreprises à mettre en place cette
mesure de sobriété énergétique. Emmanuel
Macron avait également évoqué cette idée lors
du dernier G7 qui s’est tenu à Biarritz en août
dernier [3].
Les initiatives témoignent de la bonne volonté
des acteurs de faire face au défi environnemen-
tal mais aussi de l’évolution drastique des
réglementations internationales liées aux émis-
sions des navires de fret. Par exemple, les
émissions pondérées des NOx ont été divisées
par cinq depuis 2000, la teneur en soufre max-
imale des carburants a été divisée par neuf et
même quinze dans certaines zones littorales.
Ces mesures répondent à une croissance du
Crédit : Ron Cogswell
16. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
16 LE TRANSPORT MARITIME FACE AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
trafic maritime et un impact environnemental
et sanitaire important. En France, l’ONG France
Nature Environnement a réalisé une étude en
2017 pour évaluer la pollution générée par les
navires. Différentes mesures ont été effec-
tuées à Marseille, et le taux de particules
ultrafines, responsables de maladies pulmo-
naires et cardio-vasculaires, était soixante-dix
fois plus important à bord d’un ferry que dans
des quartiers éloignés du port [4]. Ces pollu-
ants sont notamment responsables de 60.000
morts par an en Europe, d’après les recher-
ches menées par l’université de Rostock et le
centre de recherche allemand Helmholzzentrum
Munich.
Le Heavy Fuel Oil (HFO), correspondant aux
bases lourdes issues du pétrole et traditionnel-
lement utilisé comme carburant par les navires
se voit menacé par différentes alternatives. La
plus crédible d’entre elles est le Gaz Naturel
Liquéfié (GNL). Le méthane, sous forme liquide
à -161°C, permet de respecter les normes en
termes d’émissions de soufre, NOx et particules
fines mais reste un carburant fossile émetteur
de GES. Néanmoins il permet de diminuer les
émissions de CO2 d’environ 20% par rapport
au HFO. D’autres alternatives existent, comme
l’hydrogène, les biocarburants ou l’électricité
stockée dans des batteries mais celles-ci
présentent d’autres inconvénients majeurs,
notamment en termes de coût d’investissement
et d’autonomie.
La faible volumétrie des navires, les surcoûts
importants à l’investissement et les contraintes
du secteur représentent des freins importants
pour entamer pleinement la mutation du secteur
maritime. Cependant, des projets innovants
commencent à voir le jour et témoignent de
l’engagement des acteurs. Maersk, armateur
international opérant dans la logistique mari-
time s’est notamment engagée à respecter un
certain nombre d’objectifs liés au développe-
ment durable : mise sur le marché d’un navire
non émetteur de CO2 en 2030 et neutralité
carbone en 2050 [5]. L’entreprise néerlandaise
Port-Liner développe également deux modèles
de navires électriques, avec une capacité
respective de 24 et 270 conteneurs. Les bat-
teries utilisées seraient entreposées dans des
conteneurs et remplaçables à quai par d’autres
batteries, évitant ainsi des temps de recharge
important [6].
Ces prototypes permettraient de réduire
fortement les émissions de polluants et les
dépenses opérationnelles des transporteurs
mais il est de rigueur de rester prudent sur
la pénétration de ces navires dans la flotte
Le GNL carburant, une solution face au durcissement des réglementations environnementales du secteur
du transport, Sia Partners, 2014
17. [1] S. Amant, C. Ramos, et J.-P. Husson, « Le
secteur maritime navigue-t-il vers la décarbon-
ation ? Un état des lieux », Carbone 4, juill. 2019.
[2] A. Rathi, « More than 100 maritime CEOs want
to fight climate change by slowing down ships »,
Quartz, avr-2019. [En ligne]. Disponible sur: https://
qz.com/1608527/the-shipping-industrys-emissions-
could-be-cut-by-slow-steaming/.
[3] C. Caldini, « “Réduire la vitesse des navires
marchands” : cinq questions sur la mesure pour
le climat défendue par Macron au G7 », France
Info, août-2019. [En ligne]. Disponible sur: https://
www.francetvinfo.fr/monde/sommet-du-g7/reduire-
la-vitesse-des-navires-marchands-cinq-questions-
sur-la-mesure-pour-le-climat-defendue-par-macron-
au-g7_3588951.html.
[4] « L’insoutenable pollution de l’air du trans-
port maritime », France Nature Environnement. [En
ligne]. Disponible sur: https://www.fne.asso.fr/dos-
siers/linsoutenable-pollution-de-lair-du-transport-
maritime-navire-bateaux-croisières.
[5] « Sustainability Report », Maersk, 2018.
[6] R. Dormieu, « Port-Liner va mettre à l’eau les
tout premiers cargos 100% électriques », Positivr,
janv-2018. [En ligne]. Disponible sur: https://pos-
itivr.fr/cargos-tesla-electriques-energie-renouvel-
able-europe/.
Sources:
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
17LE TRANSPORT MARITIME FACE AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
mondiale. Les navires les plus imposants
et donc les plus polluants ont des capacités
d’environ 10 000 conteneurs. D’importantes
ruptures technologiques seront nécessaires
pour espérer un développement massif de
navires plus propres. Pour accélérer cette
m u t a t i o n , l a p a r t i c i p a t i o n d e s p o u v o i r s
publics, des investisseurs et des armateurs
sera incontournable afin de contraindre l’OMI
à des mesures encore plus drastiques pour
diminuer l’impact du transport maritime sur
le réchauffement climatique et la qualité de
l’air.
Crédit : The Loadstar
Arthur OBRY
18. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
18 INTERVIEW - L’ECOCONCEPTION DU RÉSEAU DE TRANSPORT D’ÉLECTRICITÉ
Anne-Sophie DESALEUX, pilote de la démarche écoconception à RTE.
Ecoconcevoir le réseau de transport
d’électricité pour accompagner la
transition énergétique
Q
u’est-ce que l’écoconception ? et
comment faire de l’écoconception sur
le réseau de transport d’électricité ?
I l n ’ y a p a s d e d é f i n i t i o n p r é c i s e d e
l’écoconception. A RTE, entreprise qui ne fab-
rique pas de produit, cela renvoie à l’idée
d’intégrer le critère environnement le plus tôt
possible, avec une vision globale des impacts,
dans les décisions de conception d’un projet
ou d’une politique technique. L’écoconception
couvre tout le cycle de vie en partant de
l’extraction des matières premières jusqu’à
la fin de vie en essayant d’évaluer tous les
impacts (calculables) sur chacune des étapes.
Cette démarche permet d’identifier pour un
décideur la solution qui a un impact envi-
ronnemental minimal, selon des indicateurs
précis. Un travail important dans la démarche
d’écoconception, consiste justement à cibler
quels indicateurs prendre en compte pour
prendre sa décision.
Qu’est-ce qui distingue l’écoconception de
l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) ?
L’ACV est en fait un outil d’écoconception, qui
produit une évaluation environnementale et
nous fournit des informations. L’écoconception
va englober tout le processus derrière l’ACV
conduisant à retenir une solution la moins
i m p a c t a n t e p o s s i b l e d ’ u n p o i n t d e v u e
environnemental.
C o n c r è t e m e n t c o m m e n t p r a t i q u e r
l’écoconception sur le réseau de transport
d’électricité ?
Plus couramment, l’écoconception se pratique
sur un produit que l’on fabrique et consiste à
La transition énergétique est engagée en France et s’est matérialisée en 2015 par la loi LTECV. Elle prévoit de
favoriser le développement de nouvelles énergies propres et sûres (éoliens, panneaux photovoltaïques,…). C’est
pourquoi l’adaptation des réseaux de transport et de distribution d’électricité sera un élément central de la
réussite de ce changement. Or, l’implantation des réseaux électriques devra tenir compte de leurs impacts sur
l’écosystème et de l’utilisation des ressources naturelles épuisables. De ce fait, RTE le gestionnaire du réseau
de transport d’électricité français ainsi que d’autres entreprises du secteur électrique ont lancé la démarche
d’écoconception leur permettant d’intégrer les points cités précédemment dans leurs politiques en faveur de
la transition énergétique.
Dans cette interview réalisée le 22 novembre 2019 par Lionel MOSSOA et Victor MAQUART, Anne-Sophie DESALEUX
pilote de la démarche écoconception à RTE nous éclaire sur le sujet au sein de son entreprise.
19. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
19INTERVIEW - L’ECOCONCEPTION DU RÉSEAU DE TRANSPORT D’ÉLECTRICITÉ
essayer de réduire ses impacts environnemen-
taux dès l’extraction des matières premières
nécessaires à sa conception jusqu’à son traite-
ment en fin de vie en passant bien évidemment
par les phases de sa conception, de sa distri-
bution et de son utilisation. Or, RTE le gestion-
naire du réseau de transport d’électricité fran-
çais ne fabrique pas de produit.
De ce fait, c’est selon 3 axes que RTE cherche
à diminuer l’empreinte liée à son activité :
Le réseau est constitué d’éléments achetés
auprès de constructeurs de matériels. RTE peut
dans un premier temps inciter ses fournisseurs
à optimiser leurs produits en termes d’impact
environnemental.
Ensuite, RTE est chargé d’exploiter, concev-
oir et maintenir le réseau existant. C’est dans
ce domaine que se fait l’écoconception sur
l’empreinte qu’il a en responsabilité directe,
notamment en matière d’adaptation du réseau
où des politiques d’exploitation et de mainte-
nance qui peuvent être conçues de manière à
intégrer l’environnement dans les décisions.
Le dernier axe d’écoconception à RTE tient au
fait que RTE est en charge de l’équilibre offre/
demande d’électricité en temps réel mais aussi
en prévisionnel. Il est au centre du système
électrique et relie les producteurs aux distribu-
teurs et consommateurs, avec un rôle important
dans le marché de l’électricité : l’entreprise a
donc un rôle fondamental dans le système élec-
trique, et ses décisions peuvent avoir un impact
sur l’empreinte en cycle de vie des producteurs
et des consommateurs. En prenant un exemple
concret, RTE contribue, par exemple, en amélio-
rant l’intégration des énergies renouvelables, à
baisser l’empreinte carbone directement chez
le consommateur. RTE peut aussi éclairer la
décision publique en étudiant les impacts envi-
ronnementaux dans ses scénarios énergétiques
et en donnant une vision globale des enjeux.
Quels sont les objectifs de l’écoconception à RTE
et quels sont les rapports entre l’écoconception
et la Transition Energétique ?
Il est tout d’abord important de souligner qu’il
y a aujourd’hui une ambiguïté à lever entre
transition énergétique et transition écologique.
La première vise à atténuer le changement cli-
matique (en essayant de réduire les émis-
sions de GES) et la seconde, selon le CGET1
« à préserver une Terre viable et habitable »
et prend donc notamment en compte la biodi-
versité dans l’équation. Cet aspect écologique
dans la transition doit impérativement retenir
toute notre attention puisqu’il donne un sens
à la transition énergétique. On ne peut pas
concevoir la transition énergétique sans tenir
compte des impacts environnementaux autres
que le carbone. En effet, comment réaliser la
transition énergétique si nous épuisons les res-
sources terrestres en cours de route ? Et si l’on
atteint nos objectifs en matière d’émission de
CO2 mais en détruisant la biodiversité, à quoi
aura servi la transition énergétique ? Ces sujets
sont liés et en négligeant l’un de ces aspects
les conséquences peuvent être dramatiques.
Cette vision globale, c’est l’écoconception qui
nous l’offre.
Ainsi, un élément crucial de la transition éner-
gétique est que tous les nouveaux produits et
services conçus doivent conduire à une empre-
inte globale plus faible que celle de ceux qui
existent déjà pour le même service rendu.
C’est ce qui nous est imposé par la néces-
sité de rester dans les limites que nous offre
la planète.
Dans ce cadre, les objectifs de l’écoconception
à RTE se déclinent en trois grandes ambitions
à considérer en parallèle pour les impacts liés
1 Commissariat général à l’égalité des territoires
20. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
20 INTERVIEW - L’ECOCONCEPTION DU RÉSEAU DE TRANSPORT D’ÉLECTRICITÉ
à son activité, et dans lesquelles nous devons
encore accélérer :
• Réduire les émissions de GES
• Augmenter les surfaces préservées et valo-
risées pour la biodiversité
• Réduire la consommation des ressources
Ces trois objectifs sont-t-ils chiffrés à ce jour
par RTE ?
Non, c’est un exercice difficile de savoir quelle
est la part chiffrée d’un gestionnaire de réseau
de transport d’électricité dans ces enjeux,
compte tenu notamment du rôle positif que
joue le réseau dans la transition énergétique.
RTE s’inscrit cependant résolument dans les
ambitions de la France, comme par exemple
avec l’objectif national de neutralité carbone
en 2050 : pour cela l’entreprise cherche sujet
par sujet les leviers d’actions efficaces.
Pouvez-vous nous parler de quelques projets
concrets illustrant la pratique de l’écoconception
à RTE? Quels sont les résultats ? Les perspec-
tives ?
Depuis 2017, s’est mise en place une série
d’expérimentations chez RTE, ce qui a constitué
une première phase dont le but a été d’acquérir
de l’expérience.
La seconde phase, amorcée en 2019, con-
siste en la mise en place d’outils génériques
d’écoconception pour chaque métier, de manière
à ce que chacun puisse disposer d’outils sans
avoir une expertise dans l’écoconception.
Un nombre conséquent de choix ont ainsi été
adoptés, on peut citer :
• La mise en place d’un prix interne du CO2
pour que les émissions aient du poids dans
les décisions. Cette démarche, en cours,
permettra déjà d’économiser 35000 t de CO2
équivalent par an juste sur le réseau très
Haute tension (400 KV)
• La réalisation d’une ACV sur la fin de vie du
réseau souterrain dans le but de comparer
les différentes solutions techniques et de
choisir la moins impactante d’un point de
vue environnemental.
• Des incitations auprès des fournisseurs à
faire des ACV pour connaître et réduire leur
empreinte environnementale.
• L a s e n s i b i l i s a t i o n e t l a f o r m a t i o n à
l’écoconception en interne
• Le projet d’études à proposer du recyclage
des câbles bas tension en cuivre.
U n p a r t a g e d e b o n n e s p r a t i q u e s s u r
l’écoconception est-il réalisé avec d’autres
entreprises ?
Ecoconception va avec coopération. De ce fait,
RTE organise des événements avec ses fournis-
seurs et travaille avec des chercheurs et des
pairs.
Pour finir quel est votre pronostic personnel
par rapport à la réussite de la transition éner-
gétique en France ?
Nous avons une longueur d’avance par rapport
à d’autres pays, en revanche tout ce que l’on a
déjà mis sur la table ne suffit pas. La transition
écologique n’est toujours pas assez présente
dans l’évaluation des outils de la transition
énergétique. Or, on ne devrait pas traiter de
manière séparée ces deux sujets. Les objec-
tifs fixés sont les bons, mais les moyens ne
sont pas encore au rendez-vous. Heureusement,
la prise de conscience prend aussi le chemin
d’une exponentielle, ce qui pourrait nous tirer
d’affaire si elle est suivie d’effets.
21. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 9
21DEVENEZ PARTENAIRE DE L’ÉVÉNEMENT OSE 2020
Devenez partenaire de l’événement
OSE 2020
Photographie de la promotion 2019
Un mix 100% énergies renouvelables est-il réalisable et
soutenable ?
Jeudi 24 Septembre 2020 à Sophia Antipolis (06)
L’ambition de territoires 100 % renouvelable est analysée à travers un prisme apportant une
multitude de conclusions. Malgré les actions entamées ces dernières décennies, la marge de
manœuvre est de plus en plus restreinte pour transformer cet objectif en réalité. A défaut, il
pourrait bien virer au cauchemar.
Si vous êtes un organisme concerné par cet enjeu, saisissez l’opportunité d’apporter votre
contribution au 20 eme congrès OSE. Nous comptons sur votre participation et votre concours
au financement.
Vous pouvez nous contacter à l’adresse mail suivante : evenement@mastere-ose.fr.