Article paru dans la Libre Belgique

1. © S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
Economie Fortunes
26 La Libre Belgique - mercredi 30 décembre 2015
Les nouveaux milliardaire s
Silicon Valley sont aussi p h
Marco Wolter
Correspondant à New York
I
lestunpeuleporte-paroledelaSi-
licon Valley. L’homme d’affaires et
philanthrope Marc Andreessen,
qui a notamment investi dans
Twitter et Airbnb, résume en un
tweet la philosophie de la génération
start-up californienne: “Grâce à Airbnb,
chaque personne qui dispose d’une maison
ou d’un appartement peut louer une cham-
bre.Parconséquent,lesinégalitésderevenus
ont baissé”. C’est la vision partagée par les
trentenaires millionnaires de la côte Est
américaine: leurs innovations technolo-
giques seraient l’une des meilleures ar-
mes pour réduire la pauvreté.
Tout est une question de perspective. La
plate-forme de location de logement Air-
bnb permet certes d’offrir une rentrée
d’argent facile à tout un chacun. Mais ce
serait oublier les conséquences pour le
marché de l’hôtellerie. La même ré-
flexion peut s’appliquer au service de
transport Uber. Ces nouveaux business
models semblent échapper à toute régle-
mentation et redistribuent les cartes à
une vitesse que le marché traditionnel
peine à suivre.
“Les philanthropes de la Silicon Valley
pensent qu’ils peuvent rendre le monde
meilleur. Ils veulent tenter de nouvelles ap-
proches pour résoudre les problèmes locaux,
toutenayantunevisiontrèsglobale”,expli-
que Mari Ellen Loijens, chargée de déve-
loppementàlaSiliconValleyCommunity
Foundation. L’organisation met en œuvre
des programmes scolaires, ou encore
d’intégration pour les immigrés en Cali-
fornie.Elleestl’unedesplusrichesfonda-
tions des Etats-Unis et compte Mark Zuc-
kerberg parmi ses contributeurs. En
2013, le patron de Facebook avait versé
pas moins d’un milliard de dollars à la
fondation. Autre contributeur de taille, le
fondateur de WhatsApp, avec plus de
550 millions de dollars injectés l’année
dernière.
Moyens hors norme
Selon le classement “Forbes” pour
2015, la Silicon Valley a vu naître 23 nou-
veaux milliardaires en seulement un an.
Dans le même temps, la Californie est
l’un des Etats américains les plus inégali-
taires. D’après une étude de l’Economic
Analysis and Research Network publiée
cette année, les 1% les plus riches ont vu
leurs revenus augmenter de quasiment
50% entre 2008, début de la crise finan-
cière, et 2012. Sur la même période, les
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JAN KOUM (39 ANS)
Fondateur de WhatsApp,
l’application de messagerie
instantanée rachetée
l’an dernier par le géant Facebook.
Fortune personnelle estimée à :
REPORTERS
8,6
milliards
DE DOLLARS
TRAVIS KALANICK (39 ANS) et GARRETT CAMP (37 ANS)
Co-fondateurs du service de transport Uber, présent dans 64 pays à travers le monde.
Fortunes personnelles estimées à :
REPORTERS
6 milliards
DE DOLLARS
DR
ELISABETH HOLMES (31 ANS)
Fondatrice de Theranos,
spécialisé dans les analyses de sang.
Elle est la plus jeune milliardaire
non-héritière du monde.
Fortune personnelle estimée à :
DR
4,5
milliards
DE DOLLARS
BRIAN CHESKY (34 ANS) et NATHAN BLECHARCZYK (32 ANS)
Cofondateurs du service de logement en ligne Airbnb qui pèse aujourd’hui
plus de 25 milliards de dollars.
Fortunes personnelles estimées à :
REPORTERS
3,3 milliards
DE DOLLARS
REPORTERS

2. © S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
27mercredi 30 décembre 2015 - La Libre Belgique
e s de la
p hilanthropes
l Ils ont à peine 30 ans. Ce sont les nouveaux
milliardaires qui aspirent à rendre le monde
meilleur grâce à leurs innovations et leur fortune.
l Des moyens énormes sont mis à disposition
de certaines œuvres.
l Mais cette générosité est-elle toujours
totalement désintéressée ?
“99%” ont perdu près de 3% de leurs re-
venus.
Ces moyens hors norme ont ainsi vu
l’essordecabinetsdeconseilenphilanth-
ropie. Parmi eux, Givewell, fondé par
deux financiers qui “voulaient eux-mêmes
faire des dons à des œuvres de charité mais
ne savaient pas à qui
s’adresser”, explique Sean
Conley, analyste chez Gi-
vewell. Il compile les don-
nées des ONG pour savoir
lesquelles sont les plus ef-
ficaces. “Ce qui nous inté-
resse,c’estd’amenerlesgens
à s’intéresser davantage à
l’impact de leurs dons, aux
résultats des ONG au mo-
ment de faire un choix. Plu-
tôt que d’opter pour une
image marketing et une
œuvre de charité qui ra-
conte seulement une bonne
histoire.”
Parmi les programmes conseillés par
Givewell, la distribution de moustiquai-
res pour lutter contre la malaria. “Nous ne
voulons pas juste savoir si l’idée est bonne.
Nous voulons avoir des preuves que les
moustiquaires sont efficaces contre la pro-
pagation de la maladie. Donc on recherche
des études sur la question”, poursuit Sean
Conley.
Pouvoir incontrôlable
Certains experts voient néanmoins
dans ces fortunes démesurées un pouvoir
incontrôlable. Financer
une école plutôt qu’un
hôpital devient un choix
personnel.
Dans une interview au
“New York Times”, Rob
Reich, le codirecteur du
Stanford Center for Phi-
lanthropy, note que les
largesses de la Silicon Val-
ley sont “un exercice du
pouvoir qui n’a aucun
compte à rendre, qui n’est
pas transparent et qui
échappeauximpôts”.Enef-
fet, quand un milliardaire
décide de faire un don à
une école privée, son crédit d’impôt est
un manque à gagner pour l’Etat, et donc
pour les écoles publiques. Alors, à Mark
Zuckerberg de conclure: “Fondamentale-
ment, tout ce que vous faites et qui a un im-
pact s’accompagne de controverses”.
Selon
le classement
“Forbes”
pour 2015,
la Silicon Valley
a vu naître
23 nouveaux
milliardaires
en seulement
un an.
Une région où le sable se transforme en or
La Silicon Valley n’est en réalité pas une vallée. C’est une région aux
contours flous puisqu’elle évolue. Limitée à l’ouest par l’océan Pacifique et
au nord par San Francisco et le pont qui relie la ville à Oakland située à l’est,
elle descend le long de la côte jusqu’à Cupertino, fief d’Apple, et jusqu’à San
Jose au sud-est. Elle recèle une foule d’entreprises technologiques et les plus
grands noms de l’Internet. On y dénombre un peu plus de 3 millions
d’habitants.
L’origine ? Le principal pôle intellectuel qui est à la source de la
concentration d’entreprises technologiques axées sur l’informatique et les
puces de silicium, est l’Université de Stanford située à Palo Alto. Dans les
années 30, deux de ses étudiants, William Hewlett et David Packard, vont
initier la destinée de la région en créant à Palo Alto ce qui deviendra un
géant mondial de l’informatique. Intel, principal producteur mondial de
semi-conducteurs (silicium) suivra, à Santa Clara.
Des noms ! Dans la longue liste des étudiants de Stanford devenus
industriels de haut vol, on retiendra Serguey Brin et Larry Page (Google)
Steve Ballmer (Microsoft), Reed Hastings (Netflix), Salar Kamangar
(YouTube). Et Philippe, le roi des Belges…
Des entreprises ? Parmi les stars actuelles de la technologie et de
l’Internet, notons Apple, Adobe, AMD, Cisco, eBay, Facebook, Google, HP,
IBM, Intel, Juniper Networks, National Semiconductor, SanDisk, Symantec,
Tesla, Yahoo ! Mais la Silicon Valley est aussi riche de plus de 20 000
startups. P.V.C.
Épinglé
DOUGLAS LEONE (58 ANS)
Manager associé chez Sequoia Capital.
La société de capital risque a vendu
ses parts dans WhatsApp l’an dernier
pour plus de 3 milliards de dollars.
Fortune personnelle estimée :
D.R.
2,8
milliards
DE DOLLARS
REED HASTINGS (55 ANS)
Fondateur du service de streaming
en ligne Netflix.
Fortune personnelle estimée à :
REPORTERS
1,5
milliard
DE DOLLARS
EVAN SPIEGEL (25 ANS) et BOBBY MURPHY (27 ANS)
Cofondateurs de l’application de messagerie instantanée Snapchat.
Fortunes personnelles estimées à :
REPORTERS
2,1
milliards
DE DOLLARS
Il est devenu l’an dernier à 24 ans
le plus jeune milliardaire du monde.
REPORTERS
1,8
milliard
DE DOLLARS