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Socio-économiste du développement
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Problématique de la gestion durable des ressources naturelles et des
écosystèmes associés dans le bassin versant du Kou
Quelles méthodes pour quels résultats ?
Analyse comparée des méthodes de gestion des ressources
naturelles : des pratiques coutumières aux pratiques modernes
coloniales et postes coloniales.
(Extrait mémoire de recherche sur les méthodes de gestion des ressources naturelles et des
écosystèmes associés)
2
Introduction
Les méthodes et les pratiques véhiculées sont au cœur de la gestion des ressources naturelles.
Elles constituent l’objet principal de cette recherche. Elles seront donc recensées et étudiées
afin de dégager et confronter leurs forces et leurs faiblesses aux défis actuels et futurs liés à la
gestion durable des ressources naturelles.
La recherche s’est effectuée dans le bassin versant du Kou. Elle s’est intéressée tour à tour aux
méthodes traditionnelles et modernes de la gestion des ressources naturelles déployées dans ce
bassin versant.
1. Les méthodes traditionnelles
Cette partie de ma recherche tire son fondement des écris du Professeur Doti Bruno Sanou,
Chercheur et fondateur du Centre Africain pour la pratique culturelle du développement
(CAD). Dans ma lecture je suis tombé sur ces écris que j’ai trouvés très éloquents avec ce que
je cherchais à montrer. Ici, a été écrite à merveilles, la pratique Sogo de la gestion de la forêt
et de l’espace.
Aussi, des méthodes comme celle s’inspirant de la coutume bobo mandarè ont été utilisées dans
la gestion des ressources naturelles du bassin versant du Kou.
1.1. Le concept Sogo de la gestion des ressources naturelles
Le mot brousse peut être admis dans la culture Madarè pour rendre le concept de « Sokogo »
ou «Sakuè» en dialecte Vore qui est à impliquer dans celui de « Sogo » ou « Saga » usité pour
désigner la nature en général à l’état sauvage avant l’intervention de l’homme.1
1.1.1. Perception et principes de gestion de la forêt
La perception traditionnelle de la forêt faisait d’elle en même temps un espace d’insécurité
potentielle, car pouvant héberger des dangers d’origine diverse : attaques de l’ennemi ou des
prédateurs, mais surtout de sécurité humaine, refuge des esprits protecteurs et sources
d’activités socio culturelles et économiques à préserver et à partager avec les générations à
venir. Abritant généralement un cours d’eau, la forêt est aussi symbole de pureté, un lieu saint
qui doit être épargné des souillures d’origine humaine.
1
SANON, G., Cit par D.B.SANOU, dans Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la
coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du Kou dans la commune de Bobo-
Dioulasso p.38
3
Ainsi, selon Doti Bruno SANOU (2004)2
, la gestion de la forêt vise à la rendre :
- harmonieuse pour servir de lieu de sécurité, fertile et fécond pour les différentes activités
humaines comme la cueillette, la chasse, l’agriculture, les déplacements ;
- purifier la forêt des profanations ou pollutions d’origines anthropiques ;
- servir d’un espace de conservation écologique comme l’indique cet adage Mandarè :
« chaque cours d’eau réclame sa forêt »
- la forêt est ainsi vue comme support naturel favorisant l’infiltration des eaux, voire la
formation d’un cours d’eau ;
- la forêt est également un vivier et une pépinière puisque la faune et la flore y sont protégées
(un lieu de refuge et de reproduction des espèces animales mais aussi de dissémination, de
germination, d’expansion des essences).
Pour qu’elle joue ce rôle de régulateur social et de sources de vie, la forêt doit bénéficier d’un
soin particulier par les membres de la société. Ceux-ci doivent adopter des comportements qui
contribuent à la protéger et à conserver son intégrité biophysique et fonctionnelle.
Ainsi, une réglementation à partir des valeurs et principes Sogo, qu’on retrouve dans le droit
coutumier («landa»), dont l’application se fait de façon collégiale par le «Sogo vo» « le
Kirevo», le Dovo» et le «Yèlèvo», a prévu des lois précises réglementant les activités des
villageois dans la «brousse» concernant la coupe du bois, la cueillette, la chasse et la pêche.
Cette réglementation fait de ces pratiques des facteurs de préservation, de protection, et de
conservation des ressources naturelles. C’est ainsi que les feux de brousse ne sont autorisés
qu’après le «fogosiokiè» ou sacrifice d’offrande des prémices de nouvelles récoltes et ils sont
interdits après le «Sanibige » ou fête de fin de récolte et de retour au village. Les feux de brousse
ont pour objectif premier de créer une ceinture de sécurité autour des huttes d’habitation dans
un environnement où l’herbe est très haute. Une ceinture de sécurité contre les fauves, les
reptiles ou encore des malfaiteurs.
Il en est de même pour la chasse, la cueillette, la pêche et l’accès aux rivières qui sont
strictement réglementés et suivis.
La violation de ces directives exposait les fautifs à de sanctions notamment l’obligation de
s’acquitter des frais liés aux sacrifices de réparations expiatoires et propitiatoires destinées à
calmer les esprits de la brousse.
2
SANOU,D.B.,(sous la direction de)Communautés villageoises delaprovince du Houet et projet BKF/007
.PAFDK. Un exemple de partenariat pour l’aménagement des forêts classées de Dinderesso et du Kou, CAD,
2004 p.29, 30, 31.
4
1.1.2. Principes de gestion des ressources en sol/terre
Dieu créa les cieux et la terre et à partir de celle-ci il modela l’homme selon certaines croyances
religieuses et africaines. La terre est donc sacrée, dit-on. C’est un don de Dieu. Les premiers
occupants le sont par la volonté de Dieu. Ils en sont propriétaires par délégation et doivent en
assurer la bonne gouvernance. La terre n’est donc accessible qu’à partir d’un propriétaire qui
veille sur la sécurité de son existence matérielle. Celui-ci peut la transférer sous certaines
conditions : héritage lignager, solidarité avec d’autres familles ou pour des raisons d’hospitalité
au compte des amis et étrangers demandeurs accueillis dans la localité et qui sont parrainés par
un hôte.
La gestion technique et organisationnelle de la ressource sol/ terre est régie par des règles, des
principes connus, contraignants et acceptés de tous. L’accès et l’usage de la terre sont assortis
de conditions bien connues et acceptées. L’octroi de la terre est souvent symbolisé par un
sacrifice (coq, poule, cola, etc.). Une fois la terre acquise, le bénéficiaire est tenu de participer
aux rituels cérémoniaux ou aux fêtes traditionnelles qui lui sont dédiées et qui sont
annuellement organisés. Il peut s’agir de don en nature (céréales, poules, dolo, etc.).
En début ou à la fin de l’année, chaque chef d'exploitation agricole est tenu de faire des
sacrifices sous formes d’offrandes afin de renouveler les différentes alliances liées à la
jouissance de l'usufruit.
L’attribution d’un champ à une personne exige pour celle-ci dans la mentalité Madarè un savoir
vivre en communauté basé sur le respect de l’autre, sur la solidarité dans les épreuves, sur
l’entraide dans le travail et sur une éthique à observer rigoureusement (SANON, G, 128)3
.
L’exploitation de la terre est assortie de pratiques compensatoires afin de lui assurer son
intégrité biophysique pendant longtemps. Ainsi, des pratiques de la jachère permet de laisser
les champs 3 à 15 ans pour respirer et permettre au sol de se reconstituer. A certains moments,
il faut stabiliser les sols contre l'érosion en nappe, notamment avec le fonio dont la tige est un
excellent matériau de construction (armature du banco). Elle est utilisée dans la construction en
pisé, l’un des secrets de la durabilité des constructions traditionnelles qui peuvent durée 100 à
200 ans.
3
SANON, G., Le monde comme dehors et dedans, Essai sur la philosophie madarε, Thèse de3e
cycle, Strasbourg, 1980. Op.cit.,
P. 128
5
Les feux de brousse sont soit interdits soit raisonnablement organisés pour permettre de
renouveler la terre : brûlis dans les champs nouvellement défichés, les feux précoces pour
protéger les sols contre les feux de brousse.
Le traitement des ravines se fait surtout à l'échelle de la parcelle agricole par la végétalisation
à partir de l’andropogon, le tonolé, ou par des moyens mécaniques comme les branchages.
Le mode cultural par poquet et par butte utilisé à cette fin, favorise le drainage, mais aussi la
conservation de l’humidité et la fumure organique.
Les itinéraires techniques, notamment l'association des cultures basses avec les graminées
hautes sont également des techniques qui permettent de diminuer la battance des sols comme
moyens de conserver le sol.
Le processus de fertilisation par des légumineuses, haricot précoce en culture mixte firent leur
preuve en la matière dans le temps.
1.1.3. La gestion des ressources en eau
En matière de gestion des ressources en eau, le "Sogo" a réglementé de façon générale les forêts
galeries, les berges et les sources de cours d’eau, comme des zones de classement absolu, avec
interdiction totale de toute activité anthropique.4
Cette pratique correspondant à l’esprit selon lequel les cours d’eau et les forêts forment la même
cosmique car là où il y a une forêt dense, il y existe un cours d’eau intégré.
C’est pourquoi suivant la conception bobo mandaré, "chaque forêt réclame son cours d’eau
(SANOU, D.B ; p.67)5
.
La gestion des ressources en eau est aussi faite d’interdits comme c’est le cas au niveau de la
forêt. La violation ici peut s’exposer au cri de détresse des anciens ou à l’agression d’un
crocodile ou d’un hippopotame, représentants les mêmes anciens.
En cas de violation, des possibilités de réparations expiatoires et propitiatoires sont organisées
pour calmer les esprits de la rivière.
4
SANOU, D.B., Un exemple de partenariat pour l’aménagement des forêts classées de Dinderesso et du Kou,
CAD, 2004 p.29, 30, 31.Idem, p.67
5
SANOU, D.B., Idem, p.32
6
En outre certains actes tels que traverser le marigot en chaussures, couper des arbres sur les
berges sont interdits. L’accès aux sources d’approvisionnement d’eau, bien que de droit
commun, est efficacement réglementé.
Ainsi, toute pratique, pouvant dénaturer la propriété de l’eau y est formellement interdites de
sorte qu’il était possible dans le cas de la forêt du Kou de voir tout objet au fond de l’eau.
Toute violation d’autres interdits comme les pratiques de rapports sexuels en brousse sont
formellement prohibés. Si un couple vit en brousse (hameaux de culture temporaire), il a
l’obligation de revenir au village. L’homicide ou le versement de sang humain ou encore
l’accouchement et l’enterrement de placenta, y étaient proscrits6
.
1.1.4. L’organisation de l’espace
L’aménagement du territoire villageois « Kibèko » ou « Sagako »7
était conçu en fonction de
la disponibilité et du caractère utilitaire, stratégique, socio culturel, économique et écologique
des ressources naturelles. Ainsi, en plus d’être des objets économiques, les ressources
naturelles, étaient personnifiées et les relations qu’entretenaient les humains étaient de nature à
former une harmonie de l’homme avec son environnement8
.
L’emplacement de chaque village est caractérisé par une rivière principale (le « Zu »), par
l’existence de l’autel de la brousse (le « Saga »), de la zone des montagnes (le « Tolo »). L’autel
de brousse est dédié aux champs de cultures (production agricole, pâturage)9
. La présence de la
montagne traduit la manifestation de la force de la nature, celle de la rivière est signe de
dynamisme du monde, de vitalité de la nature.
L’aménagement du territoire villageois à des fins agricoles se fait en fonction des affinités
lignagères. Celui-ci est réparti en zones de champs de culture, «lo» ou «laga », appartenant aux
différentes grandes familles constituant le village selon la lignée paternelle « Konkuma »,
dirigée par le plus ancien « konsonmlalo». Ces champs sont appelés « konnoma laga » ou
champ des fils de la même maisonnée. Ce champ de culture est un bien commun de la famille
6
Cela implique que les femmes à terme devaient être épargnées d’aller à la brousse.
7
SANOU, D. B., (Sous la direction), Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la
coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du kou dans la commune de Bobo-Dioulasso,
p.38
8
SANOU, D.B., Idem, p.33
9
Les champs de culture, les points d’approvisionnement en eau de boisson et pour les animaux, etc
7
et ne peut être vendu. Il peut être exploité soit en « Foroba » (collectivement) soit en « Zakanè»
(individuellement) ou les deux possibilités à la fois10
.
En outre, le territoire est organisé afin de lui associer des pratiques qui respectent son intégrité
physique11
. Sur chaque terroir (Kôlo) est appliqué avec des chartes foncières. Les terroirs de
production sont gérés avec des codes d’exploitation selon les us et coutumes. Chaque Kôlo a
ses interdits spécifiques (accès à certains produits), sous forme de charte qui organise les
activités quotidiennes. La communauté d’exploitants dudit espace se crée indépendamment des
origines villageoises. Cette communauté veille aux bons comportements des uns et des autres,
au regard de la charte et des prescriptions générales du Sogo. Ce qui est de nature à entretenir
un véritable esprit de solidarité communautaire autour des ressources naturelles.
D’autres types d’aménagement participent à l’organisation et à la gestion de l’espace villageois.
Ce sont principalement :
- le bocage12
villageois (Kankiré ou Kagniré) : c’est une réservation annulaire autour de
l’espace bâti du village, destinée à recevoir les ordures, y compris la défécation, le pâturage
des petits ruminants, les champs de spéculations mineures comme le tabac, etc. C’est aussi
une réservation d’espace à bâtir.
- la source d’approvisionnement en eau potable : généralement le village est sis en bordure
d’un cours d’eau avec des sources pérennes pour l’approvisionnement en eau potable.
Elles sont l’objet de code spécifique incluant la faune aquatique.
- l’espace d’habitation (Kourou-cité) : la cité bobo est un bloc compact de constructions avec
des espaces socialisés (aires de manifestations, autels de culte, etc.). La cité est un sous
espace du « Sogo » avec des règles particulières. Elle est matérialisée par un autel (stèle
conique à base ovale visible dans tout village bobo, célébrée annuellement).
La création et la protection des espaces sacrés13
et des lieux de culte participent aussi à cet esprit
d’aménagement : l’arbre sacré, symbolisant d’une manière générale l’âme du village (Sogo,
10
SANOU, D. B., (Sous la direction), Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la
coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du kou dans la commune de Bobo-Dioulasso,
p.39
11
SANON, K .B., KONATE, Exposé sur les Implication des chefs de terres et des autorités religieuses dans la conception et
l’adoption d’un plan d’utilisation des terres, 2008
12
Zone où les champs sont enclos par des levées de terre portant des haies ou des rangées d’arbres et où l’habitat est disposé
en fermes et en hameaux.
13
L’espace sacré peut se trouver sur la montagne, au bord de la rivière, sous les gros arbres du village ou en brousse
8
sounsouyiri), généralement, est défendu de coupe. Il est même respecté au point de bénéficier
souvent de funérailles. Les bois sacrés jouent un rôle important dans l’organisation sociale et
culturelle de chaque localité. Cette disposition cosmique de l’espace naturelle traduit toute une
vision du monde, le concept de la vie des Bobo Madarè14
.
De toute évidence, les méthodes et pratiques traditionnelles procèdent d’une planification
rigoureuse des interventions en matière d’exploitation et de protection des ressources naturelles
et s’entourent de règles connues et suivies permettant de minimiser les agressions incontrôlées
de ces ressources. Toutes choses qui contribuent à leur durabilité. Et comme le dit souligne
l’évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Monseigneur Anselme Titianma SANON, « la
population indigène avait une gestion élémentaire mais qui tenait compte de mesures ou
d’intérêts qui imposaient le respect du rythme de la nature15
.
Ces méthodes traditionnelles renferment des principes et des valeurs qui correspondent aux
exigences de durabilité des ressources en présence. Ces principes et ces valeurs auraient dû être
pris en compte par les méthodes coloniales et postcoloniales qui ont besoin d’une assise
socioculturelle pour être mieux appropriées et appliquées par les différentes communautés qui
y placent plus leur confiance.
2. Les méthodes modernes
Elles ont évolué des méthodes coloniales aux méthodes postes coloniales caractérisées dans les
cas les plus extrêmes par la répression, la punition et l’interdiction, une sorte d’exclusion de la
population de la gestion des ressources naturelles de leur espace de vie, hérité des ancêtres.
2.1. Les méthodes coloniales de gestion des ressources naturelles
Les méthodes coloniales procédèrent principalement par la création, l’aménagement, la
conservation et la gestion des forêts naturelles que l’administration coloniale exploite à des fins
industrielles, économiques, commerciales et touristiques. Ce type d’aménagement s’il vise des
fins économiques, participe aussi à la protection des forêts contre les agressions d’origine
anthropique principalement. Des mesures réglementaires y sont appliquées et celles-ci
s’imposèrent aux communautés locales. Celles-ci étaient rarement consultées pour la gestion
de ces forêts et se voyaient expropriées de leur patrimoine naturel. Fondamentalement (CCMF,
14
SANON, G., Le monde comme dehors et dedans, Essai sur la philosophie madarε, Thèse de3e
cycle, Strasbourg, 1980.
Op.cit., P. 128
15
SANON A. Titianma, évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Entretien réalisé le 06 novembre 2012, de 16 à 17 h au Centre
culturel Sénoufo
9
1992)16
, l'« aménagement, soit dit en passant, durable » des forêts vise « à maintenir et à
améliorer à long terme la santé des écosystèmes forestiers au bénéfice de tous les êtres vivants...
tout en assurant aux générations actuelles et futures de bonnes perspectives environnementales,
économiques, sociales et culturelles ». Ainsi, les forêts naturelles de Dindéresso et du Kou ont
classées17
et mises sous gestion coloniale pendant au moins une quarantaine d’années avant la
proclamation de l’indépendance du pays. Des actions d’aménagement y ont été entreprises tel
l’aménagement de la guinguette comme lieu de repos et de loisirs destiné préalablement aux
colons. Les deux forêts ont été classées conformément aux orientations de la politique forestière
coloniale18
stipulée dans l’arrêté du 3 août 1928, organisant les services des Eaux et Forêts en
Haute-Volta.
La Forêt de Dindérésso a été classée par arrêté 20/n°99 du 27 février 1936. Elle couvrait une
superficie de 7000 ha avant d’être agrandie par arrêté n°3006/SE du 26 août 1941 de 1500 ha,
portant sa superficie aujourd’hui à 8 500 ha. La première vocation de la forêt classée de
Dindérésso est l’aménagement forestier en vue de la production du bois de feu.
Quant à la forêt du Kou, elle a été classée par arrêté n°227 du 22/1/51 du 30 janvier 1951. Sa
vocation principale est la conservation de la diversité biologique et la protection des sources de
la guinguette. Véritable site écotouristique, elle abrite des bois sacrés vénérés par les villages
riverains.
La gestion de type colonial des espaces forestiers passés au classement a contribué à anticiper
sur les phénomènes de dégradation due à l’action de l’homme. De ce fait, ces deux forêts ont
pu subsister et sert aujourd’hui d’exemple de gouvernance des ressources naturelles imposée19
.
Cette pratique est d’autant plus salvatrice que les forêts classées jouent aujourd’hui un rôle
important dans la fourniture de services éco systémiques aux populations rurales et aux
populations citadines. Grâce à l’existence de cette forêt, les sources naturelles qu’abrite la forêt
classée du Kou ont pu être sauvegardées. Même si sous l’effet des mauvaises pratiques
humaines, leur nombre et les capacités d’émergence diminuent, ces sources naturelles
16
Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF), 1992.
17
Les deux forêts ont été classées conformément aux orientations de la politique forestière coloniale stipulée dans l’arrêté du
3 août 1928, organisant les services des Eaux et Forêts en Haute-Volta.
18
La politique forestière de l’administration coloniale vise la conservation des bois naturels, la limitation de la déforestation, la
création des barrières végétales climatiques.
19
Dans l’ensemble du territoire national, on compte 78 aires classées dont 74 entre les années 30 et 50 (période coloniale) et
4 seulement après (période des indépendances). Entre les années 30 à 50, on a peu près 20 ans pour 74 forêts classées soit en
moyenne 4 FC par ans tandis que de 50 à 2011 (54), on enregistre que 4 forêts classées, soit en moyenne 0.08 FC par an.
10
constituent l’une des sources d’approvisionnement de la ville de Bobo-Dioulasso en eau potable
par l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA).
Ces forêts jouent également le rôle de garde-fou à l’avancée de la désertification dans la zone.
Leur gestion procure d’importantes retombées pour la lutte contre la pauvreté et le
développement économique et social local.
Malgré la pertinence et l’efficacité de la méthode coloniale en matière de garantie de la
durabilité des ressources naturelles de ce bassin, l’application de cette méthode n’a pas toujours
été du goût de tous. Elle a souvent été taxée de source d’usurpation des droits et d’exclusion
des ayant droits des espaces aménagés.
11
Tableau N°5 : situation des zones de conservation des ressources naturelles au Burkina Faso
Vocation Nombre Superficie (ha) % du ter Nat
Forêt classée réserve de bois 53 632 783 15,56
Forêt classée à vocation faunique 12 412 250 10,14
Réserve Partielle de faune 5 413 247 10,16
Réserve Totale de Faune 3 306 482 7,54
Parc National 2 458 380 11,27
Réserve sylvo pastorale et partielle de faune 1 176 4367 43,39
Réserve de la Biosphère 1 16 970 0,42
Ranch de gibier 1 62 162 1,53
TOTAL 78 4 066 641 100,00
• Source : MEE (1996)
Pour d’autres, la méthode coloniale a ignoré voire aliéné les pratiques coutumières positives
qui étaient sur les forêts naturelles et qui faisaient officie de loi bien respecté par les membres
de la communauté. Cette exclusion des valeurs, principes et les institutions traditionnelles a été
contre-productive d’un point de vue appropriation et participation de la population à la gestion
des forêts poste-coloniales.
2.2.Méthodes modernes postcoloniales
Elles s’inspirent pour la plupart des méthodes coloniales de la gestion des ressources naturelles.
Elles se sont cependant mutées à la faveur des évolutions socio-politique, économique et
environnementale qui ont caractérisé le contexte de la gestion de l’environnement et des
ressources naturelles dans le monde ces dernières années.
Dans le bassin versant du Kou, les investigations ont permis d’identifier et d’analyser plusieurs
méthodes déployées par les différents intervenants.
a) Les méthodes administratives et institutionnelles
Elles sont principalement utilisées par l’administration générale et les services techniques. Elles
privilégient la concertation et le dialogue structurés à travers des cadres réglementaires prévus
par les différents textes20
ou des cadres thématiques mis en place pour traiter des questions
spécifiques sectorielles. La concertation permet sans doute d’impliquer les parties prenantes à
la recherche et à l’application de solutions permettant d’assurer une gestion durable et efficace
des ressources naturelles du BVK notamment à travers la synergie d’action des acteurs. Les
cadres les plus connus sont les cadres de concertation régionaux (CCR), les cadres de
concertations provinciaux, les commissions d’aménagement du territoire aux niveaux régional
20
La LPDRD, le CGCT, le PNSR, la SCADD, etc.
12
(CRAT) et provincial (CPAT), les cadres de concertation communaux, et d’autres cadres
thématiques ou plurisectoriels dédiés au traitement de questions sectorielles spécifiques.
Chaque cadre a un nombre de session à tenir dans l’année. Ce nombre est en principe de 4 pour
les cadres de concertation institutionnels tels les CCR, les CCP, les CCCo. Pour les cadres
thématiques, le nombre de session est fonction des questions à traiter, c’est par exemple, les
sessions de la CRAT, de la CPAT ou des CLE ou autres. La gestion des ressources naturelles
du bassin versant a, à maintes reprises suscité la tenue de sessions thématiques. La dernière en
date est celle du CLE-Kou consacrée à l’élaboration d’un plan d’action d’urgence et d’un plan
d’action à court et moyen termes. Les débats au sein de ces cadres autour de la gestion des
ressources naturelles du bassin versant du Kou ont été souvent passionnants car ces ressources
en plus d’être sources de divergence de méthodes font objet de plusieurs convoitises
sectorielles. Les sessions ont même souvent mobilisé les plus hautes autorités de l’Etat. Ces
échanges et discussions ont toujours abouti à des propositions d’actions, de recommandations
et de décisions à prendre. Mais force est de reconnaître que dans la plupart des cas, les
propositions d’actions, les décisions ou les recommandations formulées ne sont pas suivies
d’effet. Ce vide dans l’application des solutions à la dégradation des ressources du bassin n’est
pas de nature à contribuer à leur durabilité.
b) Les méthodes des services techniques déconcentrés de l’état
Dans le contexte du bassin versant du Kou, elles sont presque l’apanage des services techniques
du développement rural et se traduisent par l‘exécution d’un système d’encadrement des acteurs
à la base. Sur le plan agricole, elles consistent principalement à l’encadrement des producteurs
agricoles dans l’adoption de pratiques agricoles et technologiques qui augmentent la production
agricole à la parcelle. La tendance aujourd’hui dans ce milieu est l’utilisation des semences
améliorées ou des variétés de cycle court pour parer aux insuffisances de pluies et de terres
fertiles dans le bassin versant.
Bien qu’indispensable aux producteurs en manque d’instruction technique agricole, les
méthodes déployées par les services de l’agriculture sont restées productivistes. Les questions
relatives à la durabilité des ressources naturelles n’ont pas été souvent associées aux actions
d’aménagement et de production agricole. En d’autres termes, la péréquation entre capacités
productives des ressources naturelles et besoins de production agricole n’a jamais été
pleinement traitée.
13
Sur le plan pastoral, les méthodes d’encadrement consistent à des sensibilisations, formation,
appui-conseil aux producteurs du secteur dans leurs activités d’élevage dans toute sa diversité :
élevage de petits et gros ruminants, élevage économique, élevage traditionnel, élevage
professionnel. Dans ce secteur quelques innovations technologiques ont été introduites telles
que l’élevage des poules métissées, l’amélioration des races, l’insémination artificielle, les
techniques de collecte et de conservation du fourrage naturel. Dans le bassin versant du Kou,
un groupement d’éleveurs s’adonnent à cette dernière pratique grâce à l’appui du PAFDK et du
PAGREN. Bien que très évolutives dans le temps, les méthodes utilisées dans le secteur n’ont
pas permis à l’éleveur de participer à la durabilité des ressources qu’il exploite pour le bétail et
surtout à opérer une association agriculture-élevage-environnement qui optimise les fonctions
économiques et écologiques de ces ressources naturelles. En outre, les méthodes
d’aménagement et de gestion des espaces pastoraux, bien que soucieuses de la rareté des
sources alimentaires ou des difficultés d’y accéder, n’ont pas pu résoudre à l’échelle bassins
versants les questions liées à la stabulation des animaux, à la modernisation de l’élevage en
l’orientant vers les pratiques d’un élevage économique de compétition, de concurrence et de
création de richesse planifiée. La pâture contrôlée en expérimentation dans la forêt classée de
Dindérésso est un des exemples qui participent à la planification de la pâture certes, mais le
problème demeure car, son adoption et son application par les différents acteurs a encore du
chemin à faire.
Sur le plan forestier, la méthode technique se résume pour le moment aux activités de
surveillance, de répression, de verbalisation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des forêts classées.
Cette surveillance au-delà du fait qu’elle est insuffisante et non permanente dans le temps et
dans l’espace associe rarement aux méthodes de verbalisation, la sensibilisation, la
communication et la formation pour infléchir les mauvais comportements et diminuer les actes
préjudiciables à l’intégrité des ressources naturelles dans le bassin versant du Kou. A cela il
faut ajouter la complicité grandissante entre certains forestiers (selon plusieurs témoignages et même
des constats) en charge de la protection de la forêt et non de la protection de ses intérêts égoïstes
à partir de la forêt, et certains individus en manque d’alternatives et peu conscients des
conséquences des actes qu’ils compromettent ainsi sur les moyens d’existence de ces ressources
naturelles.
Le schéma ci-dessous est une démarche souhaitée pour le forestier engagé. En dehors de cela,
il constitue plus une source d’insécurité que de sécurité pour la forêt au Burkina Faso.
14
Schéma 1 : Démarche du forestier engagé
LA FORMATION
Il en résulte que les méthodes utilisées par les services techniques de l’état dans leur ensemble,
au-delà des contraintes engendrées par la mobilité et la faiblesse des moyens, restent classiques
par rapport aux enjeux et défis émergents en matière de gestion des ressources naturelles tels
les changements climatiques et la durabilité à rechercher.
Hormis ces pratiques peu soucieuses de l’avenir de ces ressources naturelles et avec elles celui
de plusieurs générations, l’insuffisance de synergie d’action et parfois même les contradictions
entre secteurs de développement par rapport aux attitudes à prodiguer aux usagers indiquent
toute la nécessité de travailler à des changements de paradigmes et de conception de la ressource
naturelle du bassin qui doit être utilisée sur des bases durables au compte du développement
économique et social qui respecte son intégrité physique et fonctionnelle. Par exemple
l’interprétation des 100 mètres réglementaires bien que ne faisant objet d’aucune ambiguïté
demeure un point d’achoppement entre services de l’agriculture qui privilégient la production
agricole en dépit de tous et les services de l’environnement qui défendent l’exploitation au-delà
des 100 mètres réglementaires. Et l’élevage dans ça, comment permettre aux animaux d’accéder
aux sources d’eau pour s’y abreuver. Il y a forcément nécessité à travailler ensemble dans le
cadre d’une même vision.
Dans une optique de gestion durable des ressources naturelles qui implique la prise en compte
des intérêts divergents des usagers, le seul enjeu qui vaille, c’est de trouver un scénario
consensuel d’aménagement et de gestion qui garantisse une durabilité physique et fonctionnelle
à ces ressources naturelles. Ainsi, des solutions alternatives aux activités illégales peuvent être
imaginées car de toutes les façons, seule la force ne peut assurer la réglementation en vigueur.
Il en résulte que les méthodes utilisées par les services techniques pour gérer les ressources
naturelles du bassin versant même mises aux contacts des exigences sociopolitiques,
économiques et environnementales n’ont pas suffisamment intériorisé les pratiques qui
LA FORET LE MARCHE DU BOIS OU POURSUITE
D’INTERETS INDIVIDUELS
RECHERCHE/EXPERIENCE ET EXPERTISE
Actions, constats, contraintes, inquiétudes, enseignements et
leçons apprises, propositions d’amélioration, perspectives
15
respectent les dimensions du développement durable : écologique, sociale, économique et
culturelle.
Ce sont là des insuffisances qui relèvent d’une absence de gouvernance qui réunit et engage
tout le monde vers le même but.
c) Les méthodes d’approche des projets et programmes
La gestion des ressources naturelles par les aménagements physiques est un système visant à
contrôler l’usage des ressources de manière à éviter le gaspillage et à optimiser cet usage pour
en tirer le meilleur profit possible (Collins, 1992)21
.
➢ Les méthodes d’aménagement des forêts au Burkina Faso
La gestion des ressources forestières en Afrique Occidentale est séquencée en trois périodes
majeures, la gestion avant la colonisation, la gestion pendant la colonisation et la gestion poste
colonisation.
La gestion avant la colonisation était régie par des principes, des règles et des valeurs
traditionnelles qui ont montré leur efficacité22
dans le temps. Ces méthodes suscitent de plus en
plus un intérêt justifié par les échecs répétés de la gestion des ressources naturelles par les
méthodes dites modernes.
Le système de gestion coloniale visait principalement la délimitation et la matérialisation des
limites des forêts naturelles aux fins de protection mais aussi aux fins d’exploitation pour la
satisfaction des intérêts économiques, commerciaux et industriels de l’administration coloniale.
Elle remonte aux années 1933 où il y a eu la création de plusieurs forêts classées dont celles
des forêts du Kou et de Dindérésso dans le bassin versant du Kou.
La période des années 60 (période « des indépendances »), caractérisée par des politiques
forestières héritées de la colonisation, où des politiques de conservation ont été édictées par
l’État avec une faible participation des populations. Cette méthode revêtant ainsi un caractère
centralisé et techniciste (Ribot, 2001)23
. L’argument fondé sur le dialogue, la négociation et le
consensus utilisé par les méthodes traditionnelles a fait place à l’argument de la force et de la
répression. L’échec de la majorité des politiques de gestion des ressources naturelles telles que
21
Collins, P. H., 1992. Dictionary of Ecology and the Environment.Universal Book Stall, New Delhi, Inde, 117 p. Cité par
OUEDRAOGO, B., dans aménagement des forêts et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso
22
Et comme le dit souligne l’évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Monseigneur Anselme Titianma SANON, « la population
indigène avait une gestion élémentaire mais qui tenait compte de mesures ou d’intérêts qui imposaient le respect du rythme de
la nature.
23
Ribot J.C., 1998. “Theorizing access: Forest profits along Senegal’s charcoal commodity chain.” Development and Change,
29, pp. 307-341. Cité par OUEDRAOGO, B., dans aménagement des forêts et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso
16
les forêts est dû en partie à ce centralisme et technicisme et d’exclusion des opinions et de la
participation volontaire des communautés.
Les insuccès qu’a connu les méthodes de gestion des ressources forestières poste coloniales tant
en termes de résultats physiques, sociaux (participation des populations) que stratégiques
(appropriation et pérennisation des résultats et des acquis par les populations locales), ont
amené les autorités politiques et les techniciens à revoir la copie notamment en privilégiant une
approche impliquante et responsabilisante effectivement les populations. Cette tendance
d’ouverture vers les acteurs locaux a été fortement recommandée par la conférence des nations
unies sur l’environnement et les ressources naturelles tenue à Rio en 1992. Celle-ci avait aussi
détecté l’inefficacité du système du fait de son caractère techniciste et centralisé, maintenu par
les services techniques en dépit des mutations sociopolitiques, économiques et
environnementales telles que les changements climatiques, les grandes sécheresses des années
70.
Le principe de la gestion participative des forêts s’installera définitivement à partir de 1986. Il
s’est traduit sur le terrain par la mise en œuvre de plusieurs approches participatives de gestion
des ressources naturelles24
partout au Burkina Faso. La gestion des ressources naturelles du
bassin versant du Koua fait aussi l’objet d’aménagement et de gestion participatifs notamment
autour et dans les forêts classées de Dindérésso et du Kou.
L’approche participative privilégiée dans la gestion de ces deux forêts vise au bout une
meilleure appropriation de la démarche par les acteurs concernés que sont principalement les
groupements de gestion forestière et l’administration forestière, et à faciliter ainsi la poursuite
des activités d’aménagement et la pérennisation des acquis déjà engrangés.
Cependant, cette démarche, aussi participative, parfois bien appréciée du fait des résultats
visiblement atteints, souffre d’un faible niveau d’appropriation par les différents bénéficiaires
directs (populations, GGF) et indirects (services techniques, Collectivités territoriales).
En effet, les populations riveraines, se légitimant de la propriété de ces forêts, sont dans leur
majorité, faiblement impliquée dans cette gestion ce en dépit des dispositifs réglementaires qui
le recommandent maintenant. La représentation des populations assurée par les Groupements
de gestion forestière (GGF), auprès des projets et programmes a souvent été mal perçue. Les
GGF ont été à maintes reprises taxés d’amis des projets et programmes qui leur accordent des
24
Les approches « 8000 villages, 8000 forêts » qui a évolué en « un département, une forêt » ; « une école un bosquet » qui a
évolué en un programme « une école, un verger » ; les approches participatives dont les approches projets, les approches
développement intégré, les approches « gestion des terroirs »
17
faveurs particulières pour des tâches peu visibles à l’échelle du village. Cette perception du rôle
des GGF écorche naturellement le niveau de participation des populations à la gestion des
forêts, si seulement elle n’est pas à l’origine de sabotage de cette gestion.
➢ Les méthodes d’aménagement hydro-agricoles
Les aménagements hydro-agricoles visent à faciliter la mobilisation et l’utilisation planifiée de
l’eau afin de répondre aux besoins de production sans cesse croissants. Il existe plusieurs types
tels les périmètres irrigués, les micro-barrages, les puits maraîchers et pastoraux, les forages,
etc. Les actions d’aménagements sont le plus souvent précédées d’études diagnostiques, socio-
économiques et économiques et soutenues par une cartographie sur les ressources disponibles.
La mise en œuvre et la valorisation de ces réalisations se fait souvent sur la base de règles de
gestion établies engageant et responsabilisant les usagers des ressources pour leur respect. Dans
le bassin versant du Kou, les projets VREO et GEeau ont fait recours à ces méthodes.
Quand bien même productrices de résultats physiques tangibles, cette méthode reste pour peu
qu’on en trouve des alternatives techniciste par rapport au niveau de conception des utilisateurs.
Ils sont nombreux à ne pas pouvoir lire et utiliser une carte comme premier support
d’aménagement et de suivi-évaluation des actions promues.
Ainsi, l’accessibilité technique et l’appropriation sociale restent les défis à relever par cette
méthode si elle veut apporter un changement dans les façons de voir et de faire des usagers des
ressources en eau. Hormis cela, c’est toute la question de la pérennisation des ouvrages hydro-
agricoles réalisés si des dispositions anticipatives ne sont prises pour assurer la continuité dans
leur gestion, garantir leur appropriation sociale et optimiser leur utilisation de façon durable.
➢ Les méthodes d’aménagement conservatoire des eaux et des sols
Il s’agit de développer et d’adopter des pratiques d’utilisation du sol et des eaux qui contribuent
à maintenir leur intégrité biophysique et fonctionnelle. C’est une méthode qui vise à minimiser
les pratiques qui dégradent les sols, désorganisent les cours d’eau et à favoriser les techniques
qui conservent et améliorent les écosystèmes. Cette méthode (Roose 1984) 25
définit un système
d’exploitation permettant la gestion conservatrice des eaux disponibles et la fertilité des sols en
25
Roose, E.J. 1984. Causes et facteurs de l’érosion hydrique sous climat tropical. Conséquences sur les méthodes anti-érosives.
Machinisme Agricole Tropical 87 : 4-18. Cité par Roose dans Gestion conservatoire des eaux et de la fertilité des sols dans les
paysages soudano-sahéliens de l’Afrique Occidentale,
18
permettant principalement de choisir des dispositifs efficaces qui étalent les eaux, ralentissent
la vitesse de leur écoulement, ralentissent et dispersent leur énergie, réduisent leur capacité de
transport en somme qui permettent de détruire moins la structure du sol.
Dans le bassin versant du Kou, cette méthode a été utilisée pratiquement par le PAGREN si
l’on se situe au cours de ces dix dernières années. Celle-ci a été adoptée sur la base des résultats
d’une étude qui a permis de diagnostiquer et déterminer les causes profondes de la dégradation
des eaux et des sols du bassin. L’analyse des causes a permis de dégager des pistes de solutions
en termes de techniques et de technologies appropriées. Ces solutions ont fait l’objet de partage
et d’échanges au sein d’une session du Comité local de l’eau du Kou. Ainsi, des amendements
ont été apportés ainsi que des propositions pour servir l’élaboration d’un schéma
d’aménagement et de gestion conservatoire des eaux et des sols appliqués au Sous-bassin
versant de Farakoba. L’une des propositions a consisté à créer une commission Ad’ hoc
comprenant les services techniques de l’état, les membres de la société civile, les membres des
collectivités territoriales et des communautés que représentaient les différents conseils
villageois de développement (CVD). Cette commission avait pour principale mission
d’accompagner le processus de finalisation de l’avant-projet d’aménagement et de gestion qui
avait été proposé et aussi d’appuyer la mise en œuvre de certaines actions issues des solutions
qui ont été dégagées. L’avant-projet de schéma a été érigé en schéma d’aménagement et de
gestion par une session spéciale du CLE-Kou qui a validé les différentes propositions d’actions
et les techniques et technologies qui devaient soutenir leur réalisation. Pour commencer et afin
de rendre accessibles, efficaces et adaptées les différentes techniques et technologies des
champs écoles ont été mis en place. Il s’agit d’une formation-action, couplant les aspects
théoriques à l’utilisation des techniques et aux démonstrations des technologies. Suite à ces
champs écoles, les participants notamment les CVD ayant perçu l’enjeu de la conservation des
eaux et des sols dans le cadre de leurs activités agricoles, ont demandé à ce qu’elle soit
institutionnalisée, c’est-à-dire portée par des organisations locales pérennes. D’où l’idée de
créer un groupement de gestion conservatoire des eaux et des sols dans chaque village au sous-
bassin. Celui-ci est assigné des missions de réalisation et d’animation de champs écoles, de
mobilisation des acteurs sur les bonnes pratiques de GCES. Ainsi, 12 GESFA ont été créés dans
les 12 villages. Chaque groupement a bénéficié d’une assistance technique lui permettant
d’installer un champ école pour vulgariser la pratique ou l’approche dénommée par la suite
« pratique raisonnée à la parcelle ». Cette approche est fortement éducative et instructive. Elle
habilite le producteur dans l’observation du comportement des eaux et des sols dans sa parcelle,
19
à se poser des questions sur les facteurs naturels et humains et d’y trouver des réponses
structurées d’un point de vue conservation de l’intégrité des sols, la maîtrise et la conservation
des eaux. Ainsi, une fois les causes de dégradation de sa parcelle établie, le producteur cherche
les solutions qu’il convient d’opposer aux phénomènes. Le but final de cette démarche est de
permettre aux producteurs de trouver et d’appliquer des solutions appropriées à l’échelle de sa
parcelle.
Grâce à cette approche dans la méthode, plusieurs hectares de terres dégradés ont été récupérés,
plusieurs autres ont fait l’objet d’aménagement anticipatif. Ainsi, l’on peut dire que la méthode
a suscité une conscience communautaire sanctionnée par des initiatives individuelles et
collectives en matière d’aménagement des champs de culture suivant l’esprit de conservation
des eaux et des sols.
Si telle méthode ou approche renferme en elle-même les éléments de sa pertinence et de son
efficacité, il n’en demeure pas moins que les résultats qu’elle a permis d’obtenir ont été
insuffisants pour impacter significativement et les comportements humains et la restauration
physique du milieu. Les attentes des populations n’ont pas été comblées à la mesure des
promesses qui leur ont été faites et à la hauteur de leur engouement à entreprendre des actions
individuelles et collectives qui contribuent à inverser la tendance de dégradation des sols, des
terres, des cours d’eau, des écosystèmes dans le sous-bassin de Farakoba et dans leur propre
parcelle. Certains ouvrages réalisés comme les micro-barrages pouvaient faire l’objet de
valorisation sur les plans économiques et constituer une opportunité pour mieux organiser et
rendre encore davantage responsables les organisations villageoises pour une exploitation
équitable, rationnelle et durable. La fuite en avant des projets et programmes et l’absence d’un
esprit et d’un devoir de donner suite aux résultats et acquis qui ont été obtenus grâce à l’appui
technique et financier des partenaires latéraux et bilatéraux est fort regrettable pour un pays
comme le Burkina Faso aux ressources très limitées où la rigueur de gestion des moyens de
bord doit être de mise. Parfois les raisons d’un arrêt précoce des interventions ou d’un abandon
systématique des résultats qu’elles ont engrangées sont à rechercher ailleurs26
. D’une manière
générale, les discussions autour des questions d’arrêter ou poursuivre les interventions, se font
en l’absence des bénéficiaires directs des interventions.
26
Les raisons sont souvent à rechercher dans les mesquineries, la jalousie, la poursuite des intérêts individuels, l’abus du pouvoir
et la mauvaise foi dans les choix et les décisions qui vont avec. Dans cette manie irresponsable, les populations sont totalement
oubliées comme si les partenaires financiers avaient consenti des efforts pour les convoitises démesurées des professionnels
inconscients de leurs responsabilités.
20
Les différentes méthodes étudiées, leurs forces et leurs faiblesses et les propositions de
correction sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau n° 6 : Analyse comparée des différentes méthodes
Valeurs de référence Gestion
durable des ressources
naturelles (GDRN)
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
Méthodes traditionnelles
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié et
habilitant
Existence de règles endogènes établies,
connues, acceptées et suivies par les membres
de la communauté. Recours à l’éthique et à
l’esprit de solidarité intergénérationnelle
Valeurs non écrites et faiblement
transmises aux nouvelles générations
Faiblement prises en compte dans les
pratiques modernes de GRN
Prendre en compte les valeurs et les
principes sur lesquels se sont érigées
les pratiques traditionnelles de gestion
des RN
Gestion planifiée et organisée
des ressources naturelles
La gestion de la ressource est planifiée dans le
temps et dans l’espace en fonction des besoins.
Les notions et les pratiques en aménagement et
gestion communautaire de l’espace sont
conformes aux valeurs d’une gouvernance
partagée et équitable des ressources naturelles
Quelques interdits qui limitent les
initiatives en matière de restauration
du couvert végétal dans les espaces
concédés aux tiers
Assouplir les dispositions interdisant les
actions sur les terres empruntées ou en
location par des règles de
transparence, contractuelles et de
responsabilités partagées dans la
gestion de l’espace naturel
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux sur
des bases durables27
L’espace naturel est subdivisé en fonction des
vocations économiques à promouvoir : espace de
production (champs de case et de brousse),
espace de conservation (autel de la brousse), etc.
Spécification fonctionnelle des espaces et la
notion de conservation
Faible niveau de valorisation des
productions
Introduire les notions
d’investissements et de valeur ajoutée
dans les pratiques traditionnelles GRN
27
Survie (satisfaction des besoins alimentaires, et sanitaires élémentaires, etc), socio-économiques (satisfaction des besoins économiques, culturel, éducationnels, loisirs, etc), et financiers (capacités
à épargner, à investir, à obtenir des gains économiques et financiers, richesse, etc), enfin (atteindre un niveau de confort, le prestige, l’image sociale, etc).
Valeurs de référence GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
Méthodes coloniales
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié et
habilitant
Définition d’un cadre législatif et
réglementaire rigoureux et imposant une
discipline sociale dans l’accès et l’
• Non prise en compte des intérêts
économiques et socio-culturels
locaux
• Exclusion des valeurs traditionnelles
• Technicisme des approches
utilisées
Prendre en compte les réalités, les
sensibilités sociales et redonner sens
au rôle des institutions locales dans la
gestion des RN
Gestion planifiée et organisée
des ressources naturelles • Création, aménagement et gestion des
forêts
• Protection contre la dégradation
• Conservation des espèces végétales et
animales à des fins économiques,
sociales et culturelles
• Gestion structurelle
L’exclusion des institutions locales, des
règles et pratiques endogènes de
gestion des ressources naturelles qui
accordent une importance à la gestion
concertée et consensuelle et procèdent
par gestion durable des ressources
naturelles, est une source de faiblesse
de cette méthode.
Prendre en compte les valeurs, les
principes, les pratiques et l’esprit qui
la gestion planifiée des ressources
naturelles utilisées par les méthodes
traditionnelles.
impliquer les notabilités et
responsabilités locales dans la gestion
des espaces (forêts) aménagés.
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux sur
des bases durables
Aménagement et gestion à des fins
économiques, industrielles, commerciales,
Exploitation destinée à satisfaire les
besoins économiques, industriels et
commerciaux de la seule administration
coloniale au détriment des intérêts
communautaires locaux
Prendre en compte les intérêts
économiques des populations locales
sous forme de compensation ou de
fruits des investissements opérés
dans les espaces aménagés
Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
Méthodes administratives et institutionnelles
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié et
habilitant
Esprit de concertation prôné par
les différents textes par le biais
des cadres de concertation
formellement établis
Inefficacité des cadres marquée par le
faible niveau de mise en œuvre des
décisions, recommandations ou
propositions de solutions obtenues des
concertations.
Travailler à rendre les cadres de concertation
plus efficaces d’un point de vue mises en
œuvre des fruits de la réflexion sur le terrain,
mettre en place un système de suivi et
d’évaluation de la mise en œuvre des
recommandations et des décisions
Gestion planifiée et organisée
des ressources naturelles
Existence parfois de plans
d’actions issus des réflexions
Les plans d’actions élaborés connaissent
un niveau d’exécution très faible voir nul du
fait des insuffisances dans la mobilisation
des acteurs et des ressources nécessaires
à leur mise en œuvre
Mettre en place une stratégie de mobilisation
des ressources humaines, matérielles et
financières identifiées dans les plans et
mesures d’accompagnement à leur mise en
œuvre et un dispositif de suivi-évaluation
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux sur des
bases durables
Souci partagé avec les
producteurs en besoins de
satisfaction économique et
alimentaire
Les plans d’actions élaborés n’accordent
pas une place particulière à
l’investissement productif, à
l’accompagnement financier des
producteurs et à la valorisation des
productions
Trouver des solutions qui facilitent
l’augmentation raisonnée de la production
agro-sylvo-pastorale et sa valeur économique
dans le bassin
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
Méthodes techniques
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié et
habilitant
Organisation du travail
conformément aux dispositifs
prévus par les textes
Faible niveau de maîtrise, d’appropriation et d’application
des différents textes décrits
Non permanents, insuffisance de moyens d’exercice, peu
adaptatives, faible niveau d’innovation technique et
technologique, esprit de secteur persistant, laxisme,
relâchement, mobilité renoncement, etc.
Faible niveau d’appropriation et d’application des textes
régissant la gestion décentralisée des ressources
naturelles qui se traduit par l’absence d’une volonté
permettant de tendre vers une harmonisation, une mise en
cohérence, une synergie d’action dans la formulation de
réponses qui soient structurées, efficaces, suffisantes et
durables.
Rendre l’exercice des services techniques
plus performants par la formation aux
capacités d’initiative, d’innovation, améliorer
les moyens et la qualité de leur utilisation
Gestion planifiée et
organisée des ressources
naturelles
S’exécutent dans le cadre des
programmes politiquement et
institutionnellement préétablis
(planification centralisée)
Inexistence de plans de travail rigoureux, suivis et évalués
en fonction des objectifs définis et affectés
Insuffisance de synergie d’action et faible niveau de prises
d’initiatives innovantes
Faible niveau de prises d’initiatives et d’innovation dans le
cadre des nouvelles fonctions d’appui conseil à rendre aux
collectivités territoriales
Améliorer le niveau de planification par
objectifs et mettre en place un système de
suivi-évaluation permettant de mesurer et
d’apprécier les efforts et les résultats
obtenus en fonction des objectifs globaux
recherchés
Mettre en place une stratégie de mobilisation
des ressources et de gestion des résultats
postes interventions
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux
sur des bases durables
S’inscrit dans la vision globale en
matière d’appui à l’économie par la
gestion des ressources naturelles,
Sur le plan économique, priorité presqu’exclusivement
accordée aux secteurs agriculture et élevage. Faible
niveau de mise en adéquation entre ressources
environnementales et production économique.
Former à l’appropriation des systèmes de
production durable, de promotion
d’investissements et d’activités économiques
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
prise en compte des priorités
économiques de la SCADD
Faible niveau de maîtrise des notions liées à l’utilisation
optimale des ressources naturelles, faible niveau de
promotion et d’accompagnement des producteurs dans
les investissements productifs, faible niveau de
valorisation économique et de création de la valeur
ajoutée des productions agro-sylvo-pastorales
alternatives à l’exploitation abusive des
ressources naturelles.
Méthodes des projets et programmes de développement
Méthodes d’aménagement physique des forêts
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié et
habilitant
Traduisent les politiques
sectorielles définies au niveau
national sur le terrain (bassin
versant du Kou)
Textes et lois en la matière pas suffisamment connus et
vulgarisés auprès des populations
D’où une participation ponctuelle mais non inscrite dans la
conscience et le comportement
Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la
continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et
la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Améliorer la responsabilisation et la
participation conscientes des principaux
acteurs en mettant à leur disposition
l’ensemble des textes traduits et rendus
accessibles
Prédéfinir automatiquement un dispositif
permettant d’assurer la continuité des
actions, la capitalisation, la valorisation et la
diffusion des résultats ainsi que la
pérennisation des acquis
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Gestion planifiée et
organisée des ressources
naturelles
Elaboration, mise en œuvre et suivi
de plans d’aménagement et de
gestion intégrée des forêts à partir
des objectifs d’exploitation des
Exécution parfois inachevée des plans et absence de
soutien ou de moyens pour boucler le cycle de
planification forestière requis ;
Garantir une mise en œuvre achevée des
plans d’aménagement et de gestion
forestière par la mobilisation conséquente de
fonds nécessaires ainsi que le renforcement
des capacités des GGF
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
produits forestiers ligneux et non
ligneux
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens avec les objectifs
poursuivis et le but recherché
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux
sur des bases durables
Les plans d’aménagement et de
gestion des espaces forestiers ou
pastoraux incluent la satisfaction
des besoins économiques et
sociaux en favorisant l’exploitation
planifiée des ressources forestiers
ligneux et non ligneux ainsi que la
promotion d’activités
rémunératrices à partir des produits
collectés
Prise en compte des intérêts
économiques sectoriels
(agroforesterie, pâture contrôlée,
etc.)
Fonds d’accompagnement à l’initiative privé pour la
valorisation des produits forestiers ligneux et non ligneux
inexistant
Faible niveau de promotion d’activités alternatives à partir
des produits légalement exploités dans les forêts
Confusions des intérêts (forestiers plus enclins à leurs
propres intérêts qu’à l’intégrité des ressources forestières)
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Garantir un appui suffisant dans le temps à
la mise en œuvre des plans d’aménagement
forestier
Faciliter les initiatives de transformation et de
valorisation des produits de la forêt par les
acteurs à la base.
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Méthodes d’aménagement hydro-agricoles
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié
Traduisent les politiques
sectorielles définies au niveau
national sur le terrain (bassin
versant du Kou)
Les instruments politiques, stratégiques, législatifs et
réglementaires ne sont pas diffusés auprès des
producteurs
Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la
continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et
la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Diffuser les instruments de gouvernance des
ressources en eau aux producteurs
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Gestion planifiée et
organisée des ressources
naturelles
Les aménagements hydro-agricoles
sont des instruments de
planification de la gestion de
l’espace et des ressources hydro-
agricoles
Utilisation d’une cartographie des
ressources
La survie des aménagements n’est pas assurée après
l’arrêt des interventions
Les supports cartographiques d’aménagement ne sont
pas toujours compris et maîtrisés par les producteurs
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Rendre accessible et maîtrisable la
conception et les technique
d’aménagements hydro-agricoles
Prédéfinir automatiquement un dispositif
permettant d’assurer la continuité des
actions, la capitalisation, la valorisation et la
diffusion des résultats ainsi que la
pérennisation des acquis
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux
sur des bases durables
Les aménagements hydro-agricoles
sont par excellence productivistes
et donc aux fins fortement
économiques
La nécessité de durabilité des ressources exploitées n’est
pas toujours bien perçue et transmise aux producteurs
pour intégrer dans leurs comportements et leurs actes
L’existence d’un dispositif financier d’accompagnement
des producteurs dans le temps n’est pas assurée
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Prendre en compte les paramètres de
durabilité dans les systèmes d’aménagement
et d’exploitation des superficies aménagées
Prédéfinir automatiquement un dispositif
permettant d’assurer la continuité des
actions, la capitalisation, la valorisation et la
diffusion des résultats ainsi que la
pérennisation des acquis
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
Méthodes d’aménagement conservatoire des eaux et des sols
Cadre politique, législatif et
réglementaire approprié
Traduisent les politiques
sectorielles définies au niveau
national sur le terrain (bassin
versant du Kou)
Les instruments politiques, stratégiques, législatifs et
réglementaires ne sont pas diffusés auprès des
producteurs
Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la
continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et
la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Diffuser les instruments de gouvernance des
ressources en eau aux producteurs
Prédéfinir automatiquement un dispositif
permettant d’assurer la continuité des
actions, la capitalisation, la valorisation et la
diffusion des résultats ainsi que la
pérennisation des acquis
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Gestion planifiée et
organisée des ressources
naturelles
Les aménagements conservatoires
des eaux et des sols (lutte contre a
dégradation des terres,
récupération et augmentation des
superficies cultivables) constituent
des outils pertinents de planification
de l’utilisation et de la gestion de la
ressource terre
Les actions d’aménagements conservatoires des eaux et
des sols ne couvrent toujours pas l’espace vital
nécessaire des populations
Les moyens et le temps d’accompagnement des acteurs
le temps d’avoir la maîtrise totale des techniques et des
technologies sont généralement insuffisants
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
Couvrir tous les espaces de production et
d’utilisation de ressources par des
aménagements conservatoires des eaux et
des sols
Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
Importance accordée à la
satisfaction des besoins
économiques et sociaux
sur des bases durables
Les aménagements conservatoires
des eaux et des sols (lutte contre a
dégradation des terres,
récupération et augmentation des
superficies cultivables) sont par
excellence des pratiques qui
Les moyens pour accompagner l’exploitation planifiée de
certains ouvrages à des fins écologique, sociale et
économique ne sont pas suffisamment dégagés Prévoir toujours un dispositif d’identification,
d’analyse et de traitement des risques liés
Valeur de référence en
GDRN
Forces Faiblesses Pistes d’amélioration
supportent la production durable
maîtrisée par les producteurs eux-
mêmes
Absence d’un dispositif anticipé ou son non
fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les
risques liés aux résultats
aux résultats en liens les objectifs poursuivis
et le but recherché
30
De ce qui précède, il convient de noter que les méthodes aussi variées que les intervenants qui
les utilisent ont produit des recettes différentes. Il y a quelque chose à retenir s’agissant de tirer
des leçons du passé pour mieux se projeter dans le futur en fonction des réalités présentes et des
à venir. Cependant, une méthode aussi efficace soit-elle ne peut porter fruit si le cadre
institutionnel et organisationnel qui la promeut reste peu fonctionnel ou tout au moins non
permanent. Le plus grand manque à gagner dans la recherche d’une certaine durabilité et pour
les actions et pour l’intégrité biophysique et fonctionnelle des ressources naturelles de ce bassin,
réside non seulement dans la non-permanence des interventions mais aussi dans la quasi-
impossibilité de mettre en lien dans le temps et dans l’espace et les initiatives elles-mêmes et
les résultats, expériences et acquis qui puissent constituer des ressorts de la gestion durable. Or
en matière de gestion des ressources naturelles, tout relâchement anéantit les fruits des efforts,
extravertit les résultats et les acquis. Les liens fonctionnels entre résultats dans le temps et dans
l’espace est difficilement établi ce qui constitue une source de leur déperdition.
En somme, la durabilité des ressources naturelles et des écosystèmes tient tant aux rapport entre
les hommes eux-mêmes qu’au rapport entre Hommes et Nature.
Tableau 7 : Description des types de rapports
Insuffisances constatées Nature des rapports Description
Acteurs/acteurs Acteurs/RN
Pilotage à vue des politiques et
objectifs de développement
X
Questionne la gestion des
rapports hiérarchiques,
définition et clarification des
rôles et responsabilités et des
mécanismes de réalisation des
objectifs
Incohérence des interventions
dans l’espace et dans le temps
X X
Absence de synergie d’action,
de complémentarité, de
mutualisation des moyens et
expériences,
Non prise en compte des liens
hommes/espace/temps
Inefficacité des cadres de
concertation
X
Faible niveau de productivité
des cadres : faible taux
d’exécution des décisions et des
recommandations
Problèmes de responsabilités
individuelles et collectives
Enjeux gestion durable des RN
faiblement perçus
31
Insuffisance de mobilisation de
ressources et de promotion
d’investissements productifs
X X
Absence de politique et
stratégie cohérentes de
mobilisation des ressources,
d’investissement et
d’organisation de la production
qui valorise écologiquement,
socialement et économiquement
les ressources naturelles du
bassin
Faiblesses institutionnelles
dans la gestion des résultats et
des acquis
X X
Mauvaise perception du rôle et
de la place des interventions
dans la réalisation des objectifs
de développement,
Sous-appréciation de
l’importance des résultats et
acquis par rapport à la gestion
durable des ressources
naturelles
Persistance de mauvaises
pratiques humaines
X X
Faible niveau d’appropriation et
d’application des règles et
modes d’accès et des
technologies et techniques
d’utilisation des ressources
naturelles
Absence d’une conscience
humaine de l’importance
écologique, sociale et
économique des ressources
naturelles
Les résultats de l’analyse du dispositif politique, institutionnel et technique mis en place montre
la nécessité voire l’urgence de procéder à l’amélioration de ce dispositif et de ses éléments
constitutifs par la valorisation des forces et la correction des faiblesses et insuffisances
constatées. Concrètement, il faut d’une part, travailler à rendre effectifs, efficaces, permanents,
productifs les rapports entre les hommes eux-mêmes autour des responsabilités à accomplir, la
définition et l’application des politiques, des textes législatifs et réglementaires, le respect des
obligations et d’autre part, faire en sorte que les liens que les hommes entretiennent avec les
ressources naturelles qui doivent être gérées sur des bases durables et constructives sur tous les
plans écologique, économique, social et culturel.
Ainsi dans l’optique de réunir les déterminants au succès de la gestion des ressources naturelles
du bassin versant du Kou qui assurent leur intégrité biophysique et fonctionnelle, nous
proposons une méthode de gouvernance stratégique de ces ressources. Celle-ci est fondée sur
32
une approche écosystémique, écologique, économique et socio-culturelle de la gestion des
ressources naturelles du bassin versant du Kou.
Et pour tout synthétiser, voilà :
4
Schéma N° 4 : Présentation schématique de la gestion durable des Ressources naturelles
Actions de maintien de
l’intégrité
biophysique et
fonctionnelle
Efficacité et
responsabilité
politiques
institutionnelles
Investissements et
actions /Satisfaction
des besoins
économiques et sociaux
de manière durable
Gestion durable des
ressources naturelles
Décideurs, techniciens, autorités coutumières et religieuses
Autorégulation,
résilience
aux
facteurs
exogènes
Maintien
de
l’
écosystème
et
de
son
fonctionnement
Conservation
de
la
biodiversité
Investir,
aménager,
organiser,
produire
et
valoriser
durablement

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  • 1. 1 NIAMPA Boukari Socio-économiste du développement +226 76 59 57 80/62 94 79 35 niampaboukary@yahoo.fr Image libre ------------------ Problématique de la gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes associés dans le bassin versant du Kou Quelles méthodes pour quels résultats ? Analyse comparée des méthodes de gestion des ressources naturelles : des pratiques coutumières aux pratiques modernes coloniales et postes coloniales. (Extrait mémoire de recherche sur les méthodes de gestion des ressources naturelles et des écosystèmes associés)
  • 2. 2 Introduction Les méthodes et les pratiques véhiculées sont au cœur de la gestion des ressources naturelles. Elles constituent l’objet principal de cette recherche. Elles seront donc recensées et étudiées afin de dégager et confronter leurs forces et leurs faiblesses aux défis actuels et futurs liés à la gestion durable des ressources naturelles. La recherche s’est effectuée dans le bassin versant du Kou. Elle s’est intéressée tour à tour aux méthodes traditionnelles et modernes de la gestion des ressources naturelles déployées dans ce bassin versant. 1. Les méthodes traditionnelles Cette partie de ma recherche tire son fondement des écris du Professeur Doti Bruno Sanou, Chercheur et fondateur du Centre Africain pour la pratique culturelle du développement (CAD). Dans ma lecture je suis tombé sur ces écris que j’ai trouvés très éloquents avec ce que je cherchais à montrer. Ici, a été écrite à merveilles, la pratique Sogo de la gestion de la forêt et de l’espace. Aussi, des méthodes comme celle s’inspirant de la coutume bobo mandarè ont été utilisées dans la gestion des ressources naturelles du bassin versant du Kou. 1.1. Le concept Sogo de la gestion des ressources naturelles Le mot brousse peut être admis dans la culture Madarè pour rendre le concept de « Sokogo » ou «Sakuè» en dialecte Vore qui est à impliquer dans celui de « Sogo » ou « Saga » usité pour désigner la nature en général à l’état sauvage avant l’intervention de l’homme.1 1.1.1. Perception et principes de gestion de la forêt La perception traditionnelle de la forêt faisait d’elle en même temps un espace d’insécurité potentielle, car pouvant héberger des dangers d’origine diverse : attaques de l’ennemi ou des prédateurs, mais surtout de sécurité humaine, refuge des esprits protecteurs et sources d’activités socio culturelles et économiques à préserver et à partager avec les générations à venir. Abritant généralement un cours d’eau, la forêt est aussi symbole de pureté, un lieu saint qui doit être épargné des souillures d’origine humaine. 1 SANON, G., Cit par D.B.SANOU, dans Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du Kou dans la commune de Bobo- Dioulasso p.38
  • 3. 3 Ainsi, selon Doti Bruno SANOU (2004)2 , la gestion de la forêt vise à la rendre : - harmonieuse pour servir de lieu de sécurité, fertile et fécond pour les différentes activités humaines comme la cueillette, la chasse, l’agriculture, les déplacements ; - purifier la forêt des profanations ou pollutions d’origines anthropiques ; - servir d’un espace de conservation écologique comme l’indique cet adage Mandarè : « chaque cours d’eau réclame sa forêt » - la forêt est ainsi vue comme support naturel favorisant l’infiltration des eaux, voire la formation d’un cours d’eau ; - la forêt est également un vivier et une pépinière puisque la faune et la flore y sont protégées (un lieu de refuge et de reproduction des espèces animales mais aussi de dissémination, de germination, d’expansion des essences). Pour qu’elle joue ce rôle de régulateur social et de sources de vie, la forêt doit bénéficier d’un soin particulier par les membres de la société. Ceux-ci doivent adopter des comportements qui contribuent à la protéger et à conserver son intégrité biophysique et fonctionnelle. Ainsi, une réglementation à partir des valeurs et principes Sogo, qu’on retrouve dans le droit coutumier («landa»), dont l’application se fait de façon collégiale par le «Sogo vo» « le Kirevo», le Dovo» et le «Yèlèvo», a prévu des lois précises réglementant les activités des villageois dans la «brousse» concernant la coupe du bois, la cueillette, la chasse et la pêche. Cette réglementation fait de ces pratiques des facteurs de préservation, de protection, et de conservation des ressources naturelles. C’est ainsi que les feux de brousse ne sont autorisés qu’après le «fogosiokiè» ou sacrifice d’offrande des prémices de nouvelles récoltes et ils sont interdits après le «Sanibige » ou fête de fin de récolte et de retour au village. Les feux de brousse ont pour objectif premier de créer une ceinture de sécurité autour des huttes d’habitation dans un environnement où l’herbe est très haute. Une ceinture de sécurité contre les fauves, les reptiles ou encore des malfaiteurs. Il en est de même pour la chasse, la cueillette, la pêche et l’accès aux rivières qui sont strictement réglementés et suivis. La violation de ces directives exposait les fautifs à de sanctions notamment l’obligation de s’acquitter des frais liés aux sacrifices de réparations expiatoires et propitiatoires destinées à calmer les esprits de la brousse. 2 SANOU,D.B.,(sous la direction de)Communautés villageoises delaprovince du Houet et projet BKF/007 .PAFDK. Un exemple de partenariat pour l’aménagement des forêts classées de Dinderesso et du Kou, CAD, 2004 p.29, 30, 31.
  • 4. 4 1.1.2. Principes de gestion des ressources en sol/terre Dieu créa les cieux et la terre et à partir de celle-ci il modela l’homme selon certaines croyances religieuses et africaines. La terre est donc sacrée, dit-on. C’est un don de Dieu. Les premiers occupants le sont par la volonté de Dieu. Ils en sont propriétaires par délégation et doivent en assurer la bonne gouvernance. La terre n’est donc accessible qu’à partir d’un propriétaire qui veille sur la sécurité de son existence matérielle. Celui-ci peut la transférer sous certaines conditions : héritage lignager, solidarité avec d’autres familles ou pour des raisons d’hospitalité au compte des amis et étrangers demandeurs accueillis dans la localité et qui sont parrainés par un hôte. La gestion technique et organisationnelle de la ressource sol/ terre est régie par des règles, des principes connus, contraignants et acceptés de tous. L’accès et l’usage de la terre sont assortis de conditions bien connues et acceptées. L’octroi de la terre est souvent symbolisé par un sacrifice (coq, poule, cola, etc.). Une fois la terre acquise, le bénéficiaire est tenu de participer aux rituels cérémoniaux ou aux fêtes traditionnelles qui lui sont dédiées et qui sont annuellement organisés. Il peut s’agir de don en nature (céréales, poules, dolo, etc.). En début ou à la fin de l’année, chaque chef d'exploitation agricole est tenu de faire des sacrifices sous formes d’offrandes afin de renouveler les différentes alliances liées à la jouissance de l'usufruit. L’attribution d’un champ à une personne exige pour celle-ci dans la mentalité Madarè un savoir vivre en communauté basé sur le respect de l’autre, sur la solidarité dans les épreuves, sur l’entraide dans le travail et sur une éthique à observer rigoureusement (SANON, G, 128)3 . L’exploitation de la terre est assortie de pratiques compensatoires afin de lui assurer son intégrité biophysique pendant longtemps. Ainsi, des pratiques de la jachère permet de laisser les champs 3 à 15 ans pour respirer et permettre au sol de se reconstituer. A certains moments, il faut stabiliser les sols contre l'érosion en nappe, notamment avec le fonio dont la tige est un excellent matériau de construction (armature du banco). Elle est utilisée dans la construction en pisé, l’un des secrets de la durabilité des constructions traditionnelles qui peuvent durée 100 à 200 ans. 3 SANON, G., Le monde comme dehors et dedans, Essai sur la philosophie madarε, Thèse de3e cycle, Strasbourg, 1980. Op.cit., P. 128
  • 5. 5 Les feux de brousse sont soit interdits soit raisonnablement organisés pour permettre de renouveler la terre : brûlis dans les champs nouvellement défichés, les feux précoces pour protéger les sols contre les feux de brousse. Le traitement des ravines se fait surtout à l'échelle de la parcelle agricole par la végétalisation à partir de l’andropogon, le tonolé, ou par des moyens mécaniques comme les branchages. Le mode cultural par poquet et par butte utilisé à cette fin, favorise le drainage, mais aussi la conservation de l’humidité et la fumure organique. Les itinéraires techniques, notamment l'association des cultures basses avec les graminées hautes sont également des techniques qui permettent de diminuer la battance des sols comme moyens de conserver le sol. Le processus de fertilisation par des légumineuses, haricot précoce en culture mixte firent leur preuve en la matière dans le temps. 1.1.3. La gestion des ressources en eau En matière de gestion des ressources en eau, le "Sogo" a réglementé de façon générale les forêts galeries, les berges et les sources de cours d’eau, comme des zones de classement absolu, avec interdiction totale de toute activité anthropique.4 Cette pratique correspondant à l’esprit selon lequel les cours d’eau et les forêts forment la même cosmique car là où il y a une forêt dense, il y existe un cours d’eau intégré. C’est pourquoi suivant la conception bobo mandaré, "chaque forêt réclame son cours d’eau (SANOU, D.B ; p.67)5 . La gestion des ressources en eau est aussi faite d’interdits comme c’est le cas au niveau de la forêt. La violation ici peut s’exposer au cri de détresse des anciens ou à l’agression d’un crocodile ou d’un hippopotame, représentants les mêmes anciens. En cas de violation, des possibilités de réparations expiatoires et propitiatoires sont organisées pour calmer les esprits de la rivière. 4 SANOU, D.B., Un exemple de partenariat pour l’aménagement des forêts classées de Dinderesso et du Kou, CAD, 2004 p.29, 30, 31.Idem, p.67 5 SANOU, D.B., Idem, p.32
  • 6. 6 En outre certains actes tels que traverser le marigot en chaussures, couper des arbres sur les berges sont interdits. L’accès aux sources d’approvisionnement d’eau, bien que de droit commun, est efficacement réglementé. Ainsi, toute pratique, pouvant dénaturer la propriété de l’eau y est formellement interdites de sorte qu’il était possible dans le cas de la forêt du Kou de voir tout objet au fond de l’eau. Toute violation d’autres interdits comme les pratiques de rapports sexuels en brousse sont formellement prohibés. Si un couple vit en brousse (hameaux de culture temporaire), il a l’obligation de revenir au village. L’homicide ou le versement de sang humain ou encore l’accouchement et l’enterrement de placenta, y étaient proscrits6 . 1.1.4. L’organisation de l’espace L’aménagement du territoire villageois « Kibèko » ou « Sagako »7 était conçu en fonction de la disponibilité et du caractère utilitaire, stratégique, socio culturel, économique et écologique des ressources naturelles. Ainsi, en plus d’être des objets économiques, les ressources naturelles, étaient personnifiées et les relations qu’entretenaient les humains étaient de nature à former une harmonie de l’homme avec son environnement8 . L’emplacement de chaque village est caractérisé par une rivière principale (le « Zu »), par l’existence de l’autel de la brousse (le « Saga »), de la zone des montagnes (le « Tolo »). L’autel de brousse est dédié aux champs de cultures (production agricole, pâturage)9 . La présence de la montagne traduit la manifestation de la force de la nature, celle de la rivière est signe de dynamisme du monde, de vitalité de la nature. L’aménagement du territoire villageois à des fins agricoles se fait en fonction des affinités lignagères. Celui-ci est réparti en zones de champs de culture, «lo» ou «laga », appartenant aux différentes grandes familles constituant le village selon la lignée paternelle « Konkuma », dirigée par le plus ancien « konsonmlalo». Ces champs sont appelés « konnoma laga » ou champ des fils de la même maisonnée. Ce champ de culture est un bien commun de la famille 6 Cela implique que les femmes à terme devaient être épargnées d’aller à la brousse. 7 SANOU, D. B., (Sous la direction), Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du kou dans la commune de Bobo-Dioulasso, p.38 8 SANOU, D.B., Idem, p.33 9 Les champs de culture, les points d’approvisionnement en eau de boisson et pour les animaux, etc
  • 7. 7 et ne peut être vendu. Il peut être exploité soit en « Foroba » (collectivement) soit en « Zakanè» (individuellement) ou les deux possibilités à la fois10 . En outre, le territoire est organisé afin de lui associer des pratiques qui respectent son intégrité physique11 . Sur chaque terroir (Kôlo) est appliqué avec des chartes foncières. Les terroirs de production sont gérés avec des codes d’exploitation selon les us et coutumes. Chaque Kôlo a ses interdits spécifiques (accès à certains produits), sous forme de charte qui organise les activités quotidiennes. La communauté d’exploitants dudit espace se crée indépendamment des origines villageoises. Cette communauté veille aux bons comportements des uns et des autres, au regard de la charte et des prescriptions générales du Sogo. Ce qui est de nature à entretenir un véritable esprit de solidarité communautaire autour des ressources naturelles. D’autres types d’aménagement participent à l’organisation et à la gestion de l’espace villageois. Ce sont principalement : - le bocage12 villageois (Kankiré ou Kagniré) : c’est une réservation annulaire autour de l’espace bâti du village, destinée à recevoir les ordures, y compris la défécation, le pâturage des petits ruminants, les champs de spéculations mineures comme le tabac, etc. C’est aussi une réservation d’espace à bâtir. - la source d’approvisionnement en eau potable : généralement le village est sis en bordure d’un cours d’eau avec des sources pérennes pour l’approvisionnement en eau potable. Elles sont l’objet de code spécifique incluant la faune aquatique. - l’espace d’habitation (Kourou-cité) : la cité bobo est un bloc compact de constructions avec des espaces socialisés (aires de manifestations, autels de culte, etc.). La cité est un sous espace du « Sogo » avec des règles particulières. Elle est matérialisée par un autel (stèle conique à base ovale visible dans tout village bobo, célébrée annuellement). La création et la protection des espaces sacrés13 et des lieux de culte participent aussi à cet esprit d’aménagement : l’arbre sacré, symbolisant d’une manière générale l’âme du village (Sogo, 10 SANOU, D. B., (Sous la direction), Coutumes et aménagement des forêts au Burkina Faso, Contribution de la coutume bobo-madarè à l’aménagement des forêts de Dindéresso et du kou dans la commune de Bobo-Dioulasso, p.39 11 SANON, K .B., KONATE, Exposé sur les Implication des chefs de terres et des autorités religieuses dans la conception et l’adoption d’un plan d’utilisation des terres, 2008 12 Zone où les champs sont enclos par des levées de terre portant des haies ou des rangées d’arbres et où l’habitat est disposé en fermes et en hameaux. 13 L’espace sacré peut se trouver sur la montagne, au bord de la rivière, sous les gros arbres du village ou en brousse
  • 8. 8 sounsouyiri), généralement, est défendu de coupe. Il est même respecté au point de bénéficier souvent de funérailles. Les bois sacrés jouent un rôle important dans l’organisation sociale et culturelle de chaque localité. Cette disposition cosmique de l’espace naturelle traduit toute une vision du monde, le concept de la vie des Bobo Madarè14 . De toute évidence, les méthodes et pratiques traditionnelles procèdent d’une planification rigoureuse des interventions en matière d’exploitation et de protection des ressources naturelles et s’entourent de règles connues et suivies permettant de minimiser les agressions incontrôlées de ces ressources. Toutes choses qui contribuent à leur durabilité. Et comme le dit souligne l’évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Monseigneur Anselme Titianma SANON, « la population indigène avait une gestion élémentaire mais qui tenait compte de mesures ou d’intérêts qui imposaient le respect du rythme de la nature15 . Ces méthodes traditionnelles renferment des principes et des valeurs qui correspondent aux exigences de durabilité des ressources en présence. Ces principes et ces valeurs auraient dû être pris en compte par les méthodes coloniales et postcoloniales qui ont besoin d’une assise socioculturelle pour être mieux appropriées et appliquées par les différentes communautés qui y placent plus leur confiance. 2. Les méthodes modernes Elles ont évolué des méthodes coloniales aux méthodes postes coloniales caractérisées dans les cas les plus extrêmes par la répression, la punition et l’interdiction, une sorte d’exclusion de la population de la gestion des ressources naturelles de leur espace de vie, hérité des ancêtres. 2.1. Les méthodes coloniales de gestion des ressources naturelles Les méthodes coloniales procédèrent principalement par la création, l’aménagement, la conservation et la gestion des forêts naturelles que l’administration coloniale exploite à des fins industrielles, économiques, commerciales et touristiques. Ce type d’aménagement s’il vise des fins économiques, participe aussi à la protection des forêts contre les agressions d’origine anthropique principalement. Des mesures réglementaires y sont appliquées et celles-ci s’imposèrent aux communautés locales. Celles-ci étaient rarement consultées pour la gestion de ces forêts et se voyaient expropriées de leur patrimoine naturel. Fondamentalement (CCMF, 14 SANON, G., Le monde comme dehors et dedans, Essai sur la philosophie madarε, Thèse de3e cycle, Strasbourg, 1980. Op.cit., P. 128 15 SANON A. Titianma, évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Entretien réalisé le 06 novembre 2012, de 16 à 17 h au Centre culturel Sénoufo
  • 9. 9 1992)16 , l'« aménagement, soit dit en passant, durable » des forêts vise « à maintenir et à améliorer à long terme la santé des écosystèmes forestiers au bénéfice de tous les êtres vivants... tout en assurant aux générations actuelles et futures de bonnes perspectives environnementales, économiques, sociales et culturelles ». Ainsi, les forêts naturelles de Dindéresso et du Kou ont classées17 et mises sous gestion coloniale pendant au moins une quarantaine d’années avant la proclamation de l’indépendance du pays. Des actions d’aménagement y ont été entreprises tel l’aménagement de la guinguette comme lieu de repos et de loisirs destiné préalablement aux colons. Les deux forêts ont été classées conformément aux orientations de la politique forestière coloniale18 stipulée dans l’arrêté du 3 août 1928, organisant les services des Eaux et Forêts en Haute-Volta. La Forêt de Dindérésso a été classée par arrêté 20/n°99 du 27 février 1936. Elle couvrait une superficie de 7000 ha avant d’être agrandie par arrêté n°3006/SE du 26 août 1941 de 1500 ha, portant sa superficie aujourd’hui à 8 500 ha. La première vocation de la forêt classée de Dindérésso est l’aménagement forestier en vue de la production du bois de feu. Quant à la forêt du Kou, elle a été classée par arrêté n°227 du 22/1/51 du 30 janvier 1951. Sa vocation principale est la conservation de la diversité biologique et la protection des sources de la guinguette. Véritable site écotouristique, elle abrite des bois sacrés vénérés par les villages riverains. La gestion de type colonial des espaces forestiers passés au classement a contribué à anticiper sur les phénomènes de dégradation due à l’action de l’homme. De ce fait, ces deux forêts ont pu subsister et sert aujourd’hui d’exemple de gouvernance des ressources naturelles imposée19 . Cette pratique est d’autant plus salvatrice que les forêts classées jouent aujourd’hui un rôle important dans la fourniture de services éco systémiques aux populations rurales et aux populations citadines. Grâce à l’existence de cette forêt, les sources naturelles qu’abrite la forêt classée du Kou ont pu être sauvegardées. Même si sous l’effet des mauvaises pratiques humaines, leur nombre et les capacités d’émergence diminuent, ces sources naturelles 16 Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF), 1992. 17 Les deux forêts ont été classées conformément aux orientations de la politique forestière coloniale stipulée dans l’arrêté du 3 août 1928, organisant les services des Eaux et Forêts en Haute-Volta. 18 La politique forestière de l’administration coloniale vise la conservation des bois naturels, la limitation de la déforestation, la création des barrières végétales climatiques. 19 Dans l’ensemble du territoire national, on compte 78 aires classées dont 74 entre les années 30 et 50 (période coloniale) et 4 seulement après (période des indépendances). Entre les années 30 à 50, on a peu près 20 ans pour 74 forêts classées soit en moyenne 4 FC par ans tandis que de 50 à 2011 (54), on enregistre que 4 forêts classées, soit en moyenne 0.08 FC par an.
  • 10. 10 constituent l’une des sources d’approvisionnement de la ville de Bobo-Dioulasso en eau potable par l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA). Ces forêts jouent également le rôle de garde-fou à l’avancée de la désertification dans la zone. Leur gestion procure d’importantes retombées pour la lutte contre la pauvreté et le développement économique et social local. Malgré la pertinence et l’efficacité de la méthode coloniale en matière de garantie de la durabilité des ressources naturelles de ce bassin, l’application de cette méthode n’a pas toujours été du goût de tous. Elle a souvent été taxée de source d’usurpation des droits et d’exclusion des ayant droits des espaces aménagés.
  • 11. 11 Tableau N°5 : situation des zones de conservation des ressources naturelles au Burkina Faso Vocation Nombre Superficie (ha) % du ter Nat Forêt classée réserve de bois 53 632 783 15,56 Forêt classée à vocation faunique 12 412 250 10,14 Réserve Partielle de faune 5 413 247 10,16 Réserve Totale de Faune 3 306 482 7,54 Parc National 2 458 380 11,27 Réserve sylvo pastorale et partielle de faune 1 176 4367 43,39 Réserve de la Biosphère 1 16 970 0,42 Ranch de gibier 1 62 162 1,53 TOTAL 78 4 066 641 100,00 • Source : MEE (1996) Pour d’autres, la méthode coloniale a ignoré voire aliéné les pratiques coutumières positives qui étaient sur les forêts naturelles et qui faisaient officie de loi bien respecté par les membres de la communauté. Cette exclusion des valeurs, principes et les institutions traditionnelles a été contre-productive d’un point de vue appropriation et participation de la population à la gestion des forêts poste-coloniales. 2.2.Méthodes modernes postcoloniales Elles s’inspirent pour la plupart des méthodes coloniales de la gestion des ressources naturelles. Elles se sont cependant mutées à la faveur des évolutions socio-politique, économique et environnementale qui ont caractérisé le contexte de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles dans le monde ces dernières années. Dans le bassin versant du Kou, les investigations ont permis d’identifier et d’analyser plusieurs méthodes déployées par les différents intervenants. a) Les méthodes administratives et institutionnelles Elles sont principalement utilisées par l’administration générale et les services techniques. Elles privilégient la concertation et le dialogue structurés à travers des cadres réglementaires prévus par les différents textes20 ou des cadres thématiques mis en place pour traiter des questions spécifiques sectorielles. La concertation permet sans doute d’impliquer les parties prenantes à la recherche et à l’application de solutions permettant d’assurer une gestion durable et efficace des ressources naturelles du BVK notamment à travers la synergie d’action des acteurs. Les cadres les plus connus sont les cadres de concertation régionaux (CCR), les cadres de concertations provinciaux, les commissions d’aménagement du territoire aux niveaux régional 20 La LPDRD, le CGCT, le PNSR, la SCADD, etc.
  • 12. 12 (CRAT) et provincial (CPAT), les cadres de concertation communaux, et d’autres cadres thématiques ou plurisectoriels dédiés au traitement de questions sectorielles spécifiques. Chaque cadre a un nombre de session à tenir dans l’année. Ce nombre est en principe de 4 pour les cadres de concertation institutionnels tels les CCR, les CCP, les CCCo. Pour les cadres thématiques, le nombre de session est fonction des questions à traiter, c’est par exemple, les sessions de la CRAT, de la CPAT ou des CLE ou autres. La gestion des ressources naturelles du bassin versant a, à maintes reprises suscité la tenue de sessions thématiques. La dernière en date est celle du CLE-Kou consacrée à l’élaboration d’un plan d’action d’urgence et d’un plan d’action à court et moyen termes. Les débats au sein de ces cadres autour de la gestion des ressources naturelles du bassin versant du Kou ont été souvent passionnants car ces ressources en plus d’être sources de divergence de méthodes font objet de plusieurs convoitises sectorielles. Les sessions ont même souvent mobilisé les plus hautes autorités de l’Etat. Ces échanges et discussions ont toujours abouti à des propositions d’actions, de recommandations et de décisions à prendre. Mais force est de reconnaître que dans la plupart des cas, les propositions d’actions, les décisions ou les recommandations formulées ne sont pas suivies d’effet. Ce vide dans l’application des solutions à la dégradation des ressources du bassin n’est pas de nature à contribuer à leur durabilité. b) Les méthodes des services techniques déconcentrés de l’état Dans le contexte du bassin versant du Kou, elles sont presque l’apanage des services techniques du développement rural et se traduisent par l‘exécution d’un système d’encadrement des acteurs à la base. Sur le plan agricole, elles consistent principalement à l’encadrement des producteurs agricoles dans l’adoption de pratiques agricoles et technologiques qui augmentent la production agricole à la parcelle. La tendance aujourd’hui dans ce milieu est l’utilisation des semences améliorées ou des variétés de cycle court pour parer aux insuffisances de pluies et de terres fertiles dans le bassin versant. Bien qu’indispensable aux producteurs en manque d’instruction technique agricole, les méthodes déployées par les services de l’agriculture sont restées productivistes. Les questions relatives à la durabilité des ressources naturelles n’ont pas été souvent associées aux actions d’aménagement et de production agricole. En d’autres termes, la péréquation entre capacités productives des ressources naturelles et besoins de production agricole n’a jamais été pleinement traitée.
  • 13. 13 Sur le plan pastoral, les méthodes d’encadrement consistent à des sensibilisations, formation, appui-conseil aux producteurs du secteur dans leurs activités d’élevage dans toute sa diversité : élevage de petits et gros ruminants, élevage économique, élevage traditionnel, élevage professionnel. Dans ce secteur quelques innovations technologiques ont été introduites telles que l’élevage des poules métissées, l’amélioration des races, l’insémination artificielle, les techniques de collecte et de conservation du fourrage naturel. Dans le bassin versant du Kou, un groupement d’éleveurs s’adonnent à cette dernière pratique grâce à l’appui du PAFDK et du PAGREN. Bien que très évolutives dans le temps, les méthodes utilisées dans le secteur n’ont pas permis à l’éleveur de participer à la durabilité des ressources qu’il exploite pour le bétail et surtout à opérer une association agriculture-élevage-environnement qui optimise les fonctions économiques et écologiques de ces ressources naturelles. En outre, les méthodes d’aménagement et de gestion des espaces pastoraux, bien que soucieuses de la rareté des sources alimentaires ou des difficultés d’y accéder, n’ont pas pu résoudre à l’échelle bassins versants les questions liées à la stabulation des animaux, à la modernisation de l’élevage en l’orientant vers les pratiques d’un élevage économique de compétition, de concurrence et de création de richesse planifiée. La pâture contrôlée en expérimentation dans la forêt classée de Dindérésso est un des exemples qui participent à la planification de la pâture certes, mais le problème demeure car, son adoption et son application par les différents acteurs a encore du chemin à faire. Sur le plan forestier, la méthode technique se résume pour le moment aux activités de surveillance, de répression, de verbalisation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des forêts classées. Cette surveillance au-delà du fait qu’elle est insuffisante et non permanente dans le temps et dans l’espace associe rarement aux méthodes de verbalisation, la sensibilisation, la communication et la formation pour infléchir les mauvais comportements et diminuer les actes préjudiciables à l’intégrité des ressources naturelles dans le bassin versant du Kou. A cela il faut ajouter la complicité grandissante entre certains forestiers (selon plusieurs témoignages et même des constats) en charge de la protection de la forêt et non de la protection de ses intérêts égoïstes à partir de la forêt, et certains individus en manque d’alternatives et peu conscients des conséquences des actes qu’ils compromettent ainsi sur les moyens d’existence de ces ressources naturelles. Le schéma ci-dessous est une démarche souhaitée pour le forestier engagé. En dehors de cela, il constitue plus une source d’insécurité que de sécurité pour la forêt au Burkina Faso.
  • 14. 14 Schéma 1 : Démarche du forestier engagé LA FORMATION Il en résulte que les méthodes utilisées par les services techniques de l’état dans leur ensemble, au-delà des contraintes engendrées par la mobilité et la faiblesse des moyens, restent classiques par rapport aux enjeux et défis émergents en matière de gestion des ressources naturelles tels les changements climatiques et la durabilité à rechercher. Hormis ces pratiques peu soucieuses de l’avenir de ces ressources naturelles et avec elles celui de plusieurs générations, l’insuffisance de synergie d’action et parfois même les contradictions entre secteurs de développement par rapport aux attitudes à prodiguer aux usagers indiquent toute la nécessité de travailler à des changements de paradigmes et de conception de la ressource naturelle du bassin qui doit être utilisée sur des bases durables au compte du développement économique et social qui respecte son intégrité physique et fonctionnelle. Par exemple l’interprétation des 100 mètres réglementaires bien que ne faisant objet d’aucune ambiguïté demeure un point d’achoppement entre services de l’agriculture qui privilégient la production agricole en dépit de tous et les services de l’environnement qui défendent l’exploitation au-delà des 100 mètres réglementaires. Et l’élevage dans ça, comment permettre aux animaux d’accéder aux sources d’eau pour s’y abreuver. Il y a forcément nécessité à travailler ensemble dans le cadre d’une même vision. Dans une optique de gestion durable des ressources naturelles qui implique la prise en compte des intérêts divergents des usagers, le seul enjeu qui vaille, c’est de trouver un scénario consensuel d’aménagement et de gestion qui garantisse une durabilité physique et fonctionnelle à ces ressources naturelles. Ainsi, des solutions alternatives aux activités illégales peuvent être imaginées car de toutes les façons, seule la force ne peut assurer la réglementation en vigueur. Il en résulte que les méthodes utilisées par les services techniques pour gérer les ressources naturelles du bassin versant même mises aux contacts des exigences sociopolitiques, économiques et environnementales n’ont pas suffisamment intériorisé les pratiques qui LA FORET LE MARCHE DU BOIS OU POURSUITE D’INTERETS INDIVIDUELS RECHERCHE/EXPERIENCE ET EXPERTISE Actions, constats, contraintes, inquiétudes, enseignements et leçons apprises, propositions d’amélioration, perspectives
  • 15. 15 respectent les dimensions du développement durable : écologique, sociale, économique et culturelle. Ce sont là des insuffisances qui relèvent d’une absence de gouvernance qui réunit et engage tout le monde vers le même but. c) Les méthodes d’approche des projets et programmes La gestion des ressources naturelles par les aménagements physiques est un système visant à contrôler l’usage des ressources de manière à éviter le gaspillage et à optimiser cet usage pour en tirer le meilleur profit possible (Collins, 1992)21 . ➢ Les méthodes d’aménagement des forêts au Burkina Faso La gestion des ressources forestières en Afrique Occidentale est séquencée en trois périodes majeures, la gestion avant la colonisation, la gestion pendant la colonisation et la gestion poste colonisation. La gestion avant la colonisation était régie par des principes, des règles et des valeurs traditionnelles qui ont montré leur efficacité22 dans le temps. Ces méthodes suscitent de plus en plus un intérêt justifié par les échecs répétés de la gestion des ressources naturelles par les méthodes dites modernes. Le système de gestion coloniale visait principalement la délimitation et la matérialisation des limites des forêts naturelles aux fins de protection mais aussi aux fins d’exploitation pour la satisfaction des intérêts économiques, commerciaux et industriels de l’administration coloniale. Elle remonte aux années 1933 où il y a eu la création de plusieurs forêts classées dont celles des forêts du Kou et de Dindérésso dans le bassin versant du Kou. La période des années 60 (période « des indépendances »), caractérisée par des politiques forestières héritées de la colonisation, où des politiques de conservation ont été édictées par l’État avec une faible participation des populations. Cette méthode revêtant ainsi un caractère centralisé et techniciste (Ribot, 2001)23 . L’argument fondé sur le dialogue, la négociation et le consensus utilisé par les méthodes traditionnelles a fait place à l’argument de la force et de la répression. L’échec de la majorité des politiques de gestion des ressources naturelles telles que 21 Collins, P. H., 1992. Dictionary of Ecology and the Environment.Universal Book Stall, New Delhi, Inde, 117 p. Cité par OUEDRAOGO, B., dans aménagement des forêts et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso 22 Et comme le dit souligne l’évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Monseigneur Anselme Titianma SANON, « la population indigène avait une gestion élémentaire mais qui tenait compte de mesures ou d’intérêts qui imposaient le respect du rythme de la nature. 23 Ribot J.C., 1998. “Theorizing access: Forest profits along Senegal’s charcoal commodity chain.” Development and Change, 29, pp. 307-341. Cité par OUEDRAOGO, B., dans aménagement des forêts et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso
  • 16. 16 les forêts est dû en partie à ce centralisme et technicisme et d’exclusion des opinions et de la participation volontaire des communautés. Les insuccès qu’a connu les méthodes de gestion des ressources forestières poste coloniales tant en termes de résultats physiques, sociaux (participation des populations) que stratégiques (appropriation et pérennisation des résultats et des acquis par les populations locales), ont amené les autorités politiques et les techniciens à revoir la copie notamment en privilégiant une approche impliquante et responsabilisante effectivement les populations. Cette tendance d’ouverture vers les acteurs locaux a été fortement recommandée par la conférence des nations unies sur l’environnement et les ressources naturelles tenue à Rio en 1992. Celle-ci avait aussi détecté l’inefficacité du système du fait de son caractère techniciste et centralisé, maintenu par les services techniques en dépit des mutations sociopolitiques, économiques et environnementales telles que les changements climatiques, les grandes sécheresses des années 70. Le principe de la gestion participative des forêts s’installera définitivement à partir de 1986. Il s’est traduit sur le terrain par la mise en œuvre de plusieurs approches participatives de gestion des ressources naturelles24 partout au Burkina Faso. La gestion des ressources naturelles du bassin versant du Koua fait aussi l’objet d’aménagement et de gestion participatifs notamment autour et dans les forêts classées de Dindérésso et du Kou. L’approche participative privilégiée dans la gestion de ces deux forêts vise au bout une meilleure appropriation de la démarche par les acteurs concernés que sont principalement les groupements de gestion forestière et l’administration forestière, et à faciliter ainsi la poursuite des activités d’aménagement et la pérennisation des acquis déjà engrangés. Cependant, cette démarche, aussi participative, parfois bien appréciée du fait des résultats visiblement atteints, souffre d’un faible niveau d’appropriation par les différents bénéficiaires directs (populations, GGF) et indirects (services techniques, Collectivités territoriales). En effet, les populations riveraines, se légitimant de la propriété de ces forêts, sont dans leur majorité, faiblement impliquée dans cette gestion ce en dépit des dispositifs réglementaires qui le recommandent maintenant. La représentation des populations assurée par les Groupements de gestion forestière (GGF), auprès des projets et programmes a souvent été mal perçue. Les GGF ont été à maintes reprises taxés d’amis des projets et programmes qui leur accordent des 24 Les approches « 8000 villages, 8000 forêts » qui a évolué en « un département, une forêt » ; « une école un bosquet » qui a évolué en un programme « une école, un verger » ; les approches participatives dont les approches projets, les approches développement intégré, les approches « gestion des terroirs »
  • 17. 17 faveurs particulières pour des tâches peu visibles à l’échelle du village. Cette perception du rôle des GGF écorche naturellement le niveau de participation des populations à la gestion des forêts, si seulement elle n’est pas à l’origine de sabotage de cette gestion. ➢ Les méthodes d’aménagement hydro-agricoles Les aménagements hydro-agricoles visent à faciliter la mobilisation et l’utilisation planifiée de l’eau afin de répondre aux besoins de production sans cesse croissants. Il existe plusieurs types tels les périmètres irrigués, les micro-barrages, les puits maraîchers et pastoraux, les forages, etc. Les actions d’aménagements sont le plus souvent précédées d’études diagnostiques, socio- économiques et économiques et soutenues par une cartographie sur les ressources disponibles. La mise en œuvre et la valorisation de ces réalisations se fait souvent sur la base de règles de gestion établies engageant et responsabilisant les usagers des ressources pour leur respect. Dans le bassin versant du Kou, les projets VREO et GEeau ont fait recours à ces méthodes. Quand bien même productrices de résultats physiques tangibles, cette méthode reste pour peu qu’on en trouve des alternatives techniciste par rapport au niveau de conception des utilisateurs. Ils sont nombreux à ne pas pouvoir lire et utiliser une carte comme premier support d’aménagement et de suivi-évaluation des actions promues. Ainsi, l’accessibilité technique et l’appropriation sociale restent les défis à relever par cette méthode si elle veut apporter un changement dans les façons de voir et de faire des usagers des ressources en eau. Hormis cela, c’est toute la question de la pérennisation des ouvrages hydro- agricoles réalisés si des dispositions anticipatives ne sont prises pour assurer la continuité dans leur gestion, garantir leur appropriation sociale et optimiser leur utilisation de façon durable. ➢ Les méthodes d’aménagement conservatoire des eaux et des sols Il s’agit de développer et d’adopter des pratiques d’utilisation du sol et des eaux qui contribuent à maintenir leur intégrité biophysique et fonctionnelle. C’est une méthode qui vise à minimiser les pratiques qui dégradent les sols, désorganisent les cours d’eau et à favoriser les techniques qui conservent et améliorent les écosystèmes. Cette méthode (Roose 1984) 25 définit un système d’exploitation permettant la gestion conservatrice des eaux disponibles et la fertilité des sols en 25 Roose, E.J. 1984. Causes et facteurs de l’érosion hydrique sous climat tropical. Conséquences sur les méthodes anti-érosives. Machinisme Agricole Tropical 87 : 4-18. Cité par Roose dans Gestion conservatoire des eaux et de la fertilité des sols dans les paysages soudano-sahéliens de l’Afrique Occidentale,
  • 18. 18 permettant principalement de choisir des dispositifs efficaces qui étalent les eaux, ralentissent la vitesse de leur écoulement, ralentissent et dispersent leur énergie, réduisent leur capacité de transport en somme qui permettent de détruire moins la structure du sol. Dans le bassin versant du Kou, cette méthode a été utilisée pratiquement par le PAGREN si l’on se situe au cours de ces dix dernières années. Celle-ci a été adoptée sur la base des résultats d’une étude qui a permis de diagnostiquer et déterminer les causes profondes de la dégradation des eaux et des sols du bassin. L’analyse des causes a permis de dégager des pistes de solutions en termes de techniques et de technologies appropriées. Ces solutions ont fait l’objet de partage et d’échanges au sein d’une session du Comité local de l’eau du Kou. Ainsi, des amendements ont été apportés ainsi que des propositions pour servir l’élaboration d’un schéma d’aménagement et de gestion conservatoire des eaux et des sols appliqués au Sous-bassin versant de Farakoba. L’une des propositions a consisté à créer une commission Ad’ hoc comprenant les services techniques de l’état, les membres de la société civile, les membres des collectivités territoriales et des communautés que représentaient les différents conseils villageois de développement (CVD). Cette commission avait pour principale mission d’accompagner le processus de finalisation de l’avant-projet d’aménagement et de gestion qui avait été proposé et aussi d’appuyer la mise en œuvre de certaines actions issues des solutions qui ont été dégagées. L’avant-projet de schéma a été érigé en schéma d’aménagement et de gestion par une session spéciale du CLE-Kou qui a validé les différentes propositions d’actions et les techniques et technologies qui devaient soutenir leur réalisation. Pour commencer et afin de rendre accessibles, efficaces et adaptées les différentes techniques et technologies des champs écoles ont été mis en place. Il s’agit d’une formation-action, couplant les aspects théoriques à l’utilisation des techniques et aux démonstrations des technologies. Suite à ces champs écoles, les participants notamment les CVD ayant perçu l’enjeu de la conservation des eaux et des sols dans le cadre de leurs activités agricoles, ont demandé à ce qu’elle soit institutionnalisée, c’est-à-dire portée par des organisations locales pérennes. D’où l’idée de créer un groupement de gestion conservatoire des eaux et des sols dans chaque village au sous- bassin. Celui-ci est assigné des missions de réalisation et d’animation de champs écoles, de mobilisation des acteurs sur les bonnes pratiques de GCES. Ainsi, 12 GESFA ont été créés dans les 12 villages. Chaque groupement a bénéficié d’une assistance technique lui permettant d’installer un champ école pour vulgariser la pratique ou l’approche dénommée par la suite « pratique raisonnée à la parcelle ». Cette approche est fortement éducative et instructive. Elle habilite le producteur dans l’observation du comportement des eaux et des sols dans sa parcelle,
  • 19. 19 à se poser des questions sur les facteurs naturels et humains et d’y trouver des réponses structurées d’un point de vue conservation de l’intégrité des sols, la maîtrise et la conservation des eaux. Ainsi, une fois les causes de dégradation de sa parcelle établie, le producteur cherche les solutions qu’il convient d’opposer aux phénomènes. Le but final de cette démarche est de permettre aux producteurs de trouver et d’appliquer des solutions appropriées à l’échelle de sa parcelle. Grâce à cette approche dans la méthode, plusieurs hectares de terres dégradés ont été récupérés, plusieurs autres ont fait l’objet d’aménagement anticipatif. Ainsi, l’on peut dire que la méthode a suscité une conscience communautaire sanctionnée par des initiatives individuelles et collectives en matière d’aménagement des champs de culture suivant l’esprit de conservation des eaux et des sols. Si telle méthode ou approche renferme en elle-même les éléments de sa pertinence et de son efficacité, il n’en demeure pas moins que les résultats qu’elle a permis d’obtenir ont été insuffisants pour impacter significativement et les comportements humains et la restauration physique du milieu. Les attentes des populations n’ont pas été comblées à la mesure des promesses qui leur ont été faites et à la hauteur de leur engouement à entreprendre des actions individuelles et collectives qui contribuent à inverser la tendance de dégradation des sols, des terres, des cours d’eau, des écosystèmes dans le sous-bassin de Farakoba et dans leur propre parcelle. Certains ouvrages réalisés comme les micro-barrages pouvaient faire l’objet de valorisation sur les plans économiques et constituer une opportunité pour mieux organiser et rendre encore davantage responsables les organisations villageoises pour une exploitation équitable, rationnelle et durable. La fuite en avant des projets et programmes et l’absence d’un esprit et d’un devoir de donner suite aux résultats et acquis qui ont été obtenus grâce à l’appui technique et financier des partenaires latéraux et bilatéraux est fort regrettable pour un pays comme le Burkina Faso aux ressources très limitées où la rigueur de gestion des moyens de bord doit être de mise. Parfois les raisons d’un arrêt précoce des interventions ou d’un abandon systématique des résultats qu’elles ont engrangées sont à rechercher ailleurs26 . D’une manière générale, les discussions autour des questions d’arrêter ou poursuivre les interventions, se font en l’absence des bénéficiaires directs des interventions. 26 Les raisons sont souvent à rechercher dans les mesquineries, la jalousie, la poursuite des intérêts individuels, l’abus du pouvoir et la mauvaise foi dans les choix et les décisions qui vont avec. Dans cette manie irresponsable, les populations sont totalement oubliées comme si les partenaires financiers avaient consenti des efforts pour les convoitises démesurées des professionnels inconscients de leurs responsabilités.
  • 20. 20 Les différentes méthodes étudiées, leurs forces et leurs faiblesses et les propositions de correction sont consignés dans le tableau ci-dessous.
  • 21. Tableau n° 6 : Analyse comparée des différentes méthodes Valeurs de référence Gestion durable des ressources naturelles (GDRN) Forces Faiblesses Pistes d’amélioration Méthodes traditionnelles Cadre politique, législatif et réglementaire approprié et habilitant Existence de règles endogènes établies, connues, acceptées et suivies par les membres de la communauté. Recours à l’éthique et à l’esprit de solidarité intergénérationnelle Valeurs non écrites et faiblement transmises aux nouvelles générations Faiblement prises en compte dans les pratiques modernes de GRN Prendre en compte les valeurs et les principes sur lesquels se sont érigées les pratiques traditionnelles de gestion des RN Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles La gestion de la ressource est planifiée dans le temps et dans l’espace en fonction des besoins. Les notions et les pratiques en aménagement et gestion communautaire de l’espace sont conformes aux valeurs d’une gouvernance partagée et équitable des ressources naturelles Quelques interdits qui limitent les initiatives en matière de restauration du couvert végétal dans les espaces concédés aux tiers Assouplir les dispositions interdisant les actions sur les terres empruntées ou en location par des règles de transparence, contractuelles et de responsabilités partagées dans la gestion de l’espace naturel Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables27 L’espace naturel est subdivisé en fonction des vocations économiques à promouvoir : espace de production (champs de case et de brousse), espace de conservation (autel de la brousse), etc. Spécification fonctionnelle des espaces et la notion de conservation Faible niveau de valorisation des productions Introduire les notions d’investissements et de valeur ajoutée dans les pratiques traditionnelles GRN 27 Survie (satisfaction des besoins alimentaires, et sanitaires élémentaires, etc), socio-économiques (satisfaction des besoins économiques, culturel, éducationnels, loisirs, etc), et financiers (capacités à épargner, à investir, à obtenir des gains économiques et financiers, richesse, etc), enfin (atteindre un niveau de confort, le prestige, l’image sociale, etc).
  • 22. Valeurs de référence GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration Méthodes coloniales Cadre politique, législatif et réglementaire approprié et habilitant Définition d’un cadre législatif et réglementaire rigoureux et imposant une discipline sociale dans l’accès et l’ • Non prise en compte des intérêts économiques et socio-culturels locaux • Exclusion des valeurs traditionnelles • Technicisme des approches utilisées Prendre en compte les réalités, les sensibilités sociales et redonner sens au rôle des institutions locales dans la gestion des RN Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles • Création, aménagement et gestion des forêts • Protection contre la dégradation • Conservation des espèces végétales et animales à des fins économiques, sociales et culturelles • Gestion structurelle L’exclusion des institutions locales, des règles et pratiques endogènes de gestion des ressources naturelles qui accordent une importance à la gestion concertée et consensuelle et procèdent par gestion durable des ressources naturelles, est une source de faiblesse de cette méthode. Prendre en compte les valeurs, les principes, les pratiques et l’esprit qui la gestion planifiée des ressources naturelles utilisées par les méthodes traditionnelles. impliquer les notabilités et responsabilités locales dans la gestion des espaces (forêts) aménagés. Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables Aménagement et gestion à des fins économiques, industrielles, commerciales, Exploitation destinée à satisfaire les besoins économiques, industriels et commerciaux de la seule administration coloniale au détriment des intérêts communautaires locaux Prendre en compte les intérêts économiques des populations locales sous forme de compensation ou de fruits des investissements opérés dans les espaces aménagés
  • 23. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration Méthodes administratives et institutionnelles Cadre politique, législatif et réglementaire approprié et habilitant Esprit de concertation prôné par les différents textes par le biais des cadres de concertation formellement établis Inefficacité des cadres marquée par le faible niveau de mise en œuvre des décisions, recommandations ou propositions de solutions obtenues des concertations. Travailler à rendre les cadres de concertation plus efficaces d’un point de vue mises en œuvre des fruits de la réflexion sur le terrain, mettre en place un système de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations et des décisions Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles Existence parfois de plans d’actions issus des réflexions Les plans d’actions élaborés connaissent un niveau d’exécution très faible voir nul du fait des insuffisances dans la mobilisation des acteurs et des ressources nécessaires à leur mise en œuvre Mettre en place une stratégie de mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières identifiées dans les plans et mesures d’accompagnement à leur mise en œuvre et un dispositif de suivi-évaluation Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables Souci partagé avec les producteurs en besoins de satisfaction économique et alimentaire Les plans d’actions élaborés n’accordent pas une place particulière à l’investissement productif, à l’accompagnement financier des producteurs et à la valorisation des productions Trouver des solutions qui facilitent l’augmentation raisonnée de la production agro-sylvo-pastorale et sa valeur économique dans le bassin
  • 24. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration Méthodes techniques Cadre politique, législatif et réglementaire approprié et habilitant Organisation du travail conformément aux dispositifs prévus par les textes Faible niveau de maîtrise, d’appropriation et d’application des différents textes décrits Non permanents, insuffisance de moyens d’exercice, peu adaptatives, faible niveau d’innovation technique et technologique, esprit de secteur persistant, laxisme, relâchement, mobilité renoncement, etc. Faible niveau d’appropriation et d’application des textes régissant la gestion décentralisée des ressources naturelles qui se traduit par l’absence d’une volonté permettant de tendre vers une harmonisation, une mise en cohérence, une synergie d’action dans la formulation de réponses qui soient structurées, efficaces, suffisantes et durables. Rendre l’exercice des services techniques plus performants par la formation aux capacités d’initiative, d’innovation, améliorer les moyens et la qualité de leur utilisation Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles S’exécutent dans le cadre des programmes politiquement et institutionnellement préétablis (planification centralisée) Inexistence de plans de travail rigoureux, suivis et évalués en fonction des objectifs définis et affectés Insuffisance de synergie d’action et faible niveau de prises d’initiatives innovantes Faible niveau de prises d’initiatives et d’innovation dans le cadre des nouvelles fonctions d’appui conseil à rendre aux collectivités territoriales Améliorer le niveau de planification par objectifs et mettre en place un système de suivi-évaluation permettant de mesurer et d’apprécier les efforts et les résultats obtenus en fonction des objectifs globaux recherchés Mettre en place une stratégie de mobilisation des ressources et de gestion des résultats postes interventions Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables S’inscrit dans la vision globale en matière d’appui à l’économie par la gestion des ressources naturelles, Sur le plan économique, priorité presqu’exclusivement accordée aux secteurs agriculture et élevage. Faible niveau de mise en adéquation entre ressources environnementales et production économique. Former à l’appropriation des systèmes de production durable, de promotion d’investissements et d’activités économiques
  • 25. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration prise en compte des priorités économiques de la SCADD Faible niveau de maîtrise des notions liées à l’utilisation optimale des ressources naturelles, faible niveau de promotion et d’accompagnement des producteurs dans les investissements productifs, faible niveau de valorisation économique et de création de la valeur ajoutée des productions agro-sylvo-pastorales alternatives à l’exploitation abusive des ressources naturelles. Méthodes des projets et programmes de développement Méthodes d’aménagement physique des forêts Cadre politique, législatif et réglementaire approprié et habilitant Traduisent les politiques sectorielles définies au niveau national sur le terrain (bassin versant du Kou) Textes et lois en la matière pas suffisamment connus et vulgarisés auprès des populations D’où une participation ponctuelle mais non inscrite dans la conscience et le comportement Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Améliorer la responsabilisation et la participation conscientes des principaux acteurs en mettant à leur disposition l’ensemble des textes traduits et rendus accessibles Prédéfinir automatiquement un dispositif permettant d’assurer la continuité des actions, la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats ainsi que la pérennisation des acquis Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles Elaboration, mise en œuvre et suivi de plans d’aménagement et de gestion intégrée des forêts à partir des objectifs d’exploitation des Exécution parfois inachevée des plans et absence de soutien ou de moyens pour boucler le cycle de planification forestière requis ; Garantir une mise en œuvre achevée des plans d’aménagement et de gestion forestière par la mobilisation conséquente de fonds nécessaires ainsi que le renforcement des capacités des GGF
  • 26. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration produits forestiers ligneux et non ligneux Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens avec les objectifs poursuivis et le but recherché Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables Les plans d’aménagement et de gestion des espaces forestiers ou pastoraux incluent la satisfaction des besoins économiques et sociaux en favorisant l’exploitation planifiée des ressources forestiers ligneux et non ligneux ainsi que la promotion d’activités rémunératrices à partir des produits collectés Prise en compte des intérêts économiques sectoriels (agroforesterie, pâture contrôlée, etc.) Fonds d’accompagnement à l’initiative privé pour la valorisation des produits forestiers ligneux et non ligneux inexistant Faible niveau de promotion d’activités alternatives à partir des produits légalement exploités dans les forêts Confusions des intérêts (forestiers plus enclins à leurs propres intérêts qu’à l’intégrité des ressources forestières) Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Garantir un appui suffisant dans le temps à la mise en œuvre des plans d’aménagement forestier Faciliter les initiatives de transformation et de valorisation des produits de la forêt par les acteurs à la base. Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Méthodes d’aménagement hydro-agricoles Cadre politique, législatif et réglementaire approprié Traduisent les politiques sectorielles définies au niveau national sur le terrain (bassin versant du Kou) Les instruments politiques, stratégiques, législatifs et réglementaires ne sont pas diffusés auprès des producteurs Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Diffuser les instruments de gouvernance des ressources en eau aux producteurs Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés
  • 27. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles Les aménagements hydro-agricoles sont des instruments de planification de la gestion de l’espace et des ressources hydro- agricoles Utilisation d’une cartographie des ressources La survie des aménagements n’est pas assurée après l’arrêt des interventions Les supports cartographiques d’aménagement ne sont pas toujours compris et maîtrisés par les producteurs Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Rendre accessible et maîtrisable la conception et les technique d’aménagements hydro-agricoles Prédéfinir automatiquement un dispositif permettant d’assurer la continuité des actions, la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats ainsi que la pérennisation des acquis Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables Les aménagements hydro-agricoles sont par excellence productivistes et donc aux fins fortement économiques La nécessité de durabilité des ressources exploitées n’est pas toujours bien perçue et transmise aux producteurs pour intégrer dans leurs comportements et leurs actes L’existence d’un dispositif financier d’accompagnement des producteurs dans le temps n’est pas assurée Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Prendre en compte les paramètres de durabilité dans les systèmes d’aménagement et d’exploitation des superficies aménagées Prédéfinir automatiquement un dispositif permettant d’assurer la continuité des actions, la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats ainsi que la pérennisation des acquis Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché
  • 28. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration Méthodes d’aménagement conservatoire des eaux et des sols Cadre politique, législatif et réglementaire approprié Traduisent les politiques sectorielles définies au niveau national sur le terrain (bassin versant du Kou) Les instruments politiques, stratégiques, législatifs et réglementaires ne sont pas diffusés auprès des producteurs Il n’existe pas de dispositif prédéfini pour assurer la continuité des actions et la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats et la pérennisation des acquis Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Diffuser les instruments de gouvernance des ressources en eau aux producteurs Prédéfinir automatiquement un dispositif permettant d’assurer la continuité des actions, la capitalisation, la valorisation et la diffusion des résultats ainsi que la pérennisation des acquis Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Gestion planifiée et organisée des ressources naturelles Les aménagements conservatoires des eaux et des sols (lutte contre a dégradation des terres, récupération et augmentation des superficies cultivables) constituent des outils pertinents de planification de l’utilisation et de la gestion de la ressource terre Les actions d’aménagements conservatoires des eaux et des sols ne couvrent toujours pas l’espace vital nécessaire des populations Les moyens et le temps d’accompagnement des acteurs le temps d’avoir la maîtrise totale des techniques et des technologies sont généralement insuffisants Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats Couvrir tous les espaces de production et d’utilisation de ressources par des aménagements conservatoires des eaux et des sols Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché Importance accordée à la satisfaction des besoins économiques et sociaux sur des bases durables Les aménagements conservatoires des eaux et des sols (lutte contre a dégradation des terres, récupération et augmentation des superficies cultivables) sont par excellence des pratiques qui Les moyens pour accompagner l’exploitation planifiée de certains ouvrages à des fins écologique, sociale et économique ne sont pas suffisamment dégagés Prévoir toujours un dispositif d’identification, d’analyse et de traitement des risques liés
  • 29. Valeur de référence en GDRN Forces Faiblesses Pistes d’amélioration supportent la production durable maîtrisée par les producteurs eux- mêmes Absence d’un dispositif anticipé ou son non fonctionnement pour identifier, analyser et atténuer les risques liés aux résultats aux résultats en liens les objectifs poursuivis et le but recherché
  • 30. 30 De ce qui précède, il convient de noter que les méthodes aussi variées que les intervenants qui les utilisent ont produit des recettes différentes. Il y a quelque chose à retenir s’agissant de tirer des leçons du passé pour mieux se projeter dans le futur en fonction des réalités présentes et des à venir. Cependant, une méthode aussi efficace soit-elle ne peut porter fruit si le cadre institutionnel et organisationnel qui la promeut reste peu fonctionnel ou tout au moins non permanent. Le plus grand manque à gagner dans la recherche d’une certaine durabilité et pour les actions et pour l’intégrité biophysique et fonctionnelle des ressources naturelles de ce bassin, réside non seulement dans la non-permanence des interventions mais aussi dans la quasi- impossibilité de mettre en lien dans le temps et dans l’espace et les initiatives elles-mêmes et les résultats, expériences et acquis qui puissent constituer des ressorts de la gestion durable. Or en matière de gestion des ressources naturelles, tout relâchement anéantit les fruits des efforts, extravertit les résultats et les acquis. Les liens fonctionnels entre résultats dans le temps et dans l’espace est difficilement établi ce qui constitue une source de leur déperdition. En somme, la durabilité des ressources naturelles et des écosystèmes tient tant aux rapport entre les hommes eux-mêmes qu’au rapport entre Hommes et Nature. Tableau 7 : Description des types de rapports Insuffisances constatées Nature des rapports Description Acteurs/acteurs Acteurs/RN Pilotage à vue des politiques et objectifs de développement X Questionne la gestion des rapports hiérarchiques, définition et clarification des rôles et responsabilités et des mécanismes de réalisation des objectifs Incohérence des interventions dans l’espace et dans le temps X X Absence de synergie d’action, de complémentarité, de mutualisation des moyens et expériences, Non prise en compte des liens hommes/espace/temps Inefficacité des cadres de concertation X Faible niveau de productivité des cadres : faible taux d’exécution des décisions et des recommandations Problèmes de responsabilités individuelles et collectives Enjeux gestion durable des RN faiblement perçus
  • 31. 31 Insuffisance de mobilisation de ressources et de promotion d’investissements productifs X X Absence de politique et stratégie cohérentes de mobilisation des ressources, d’investissement et d’organisation de la production qui valorise écologiquement, socialement et économiquement les ressources naturelles du bassin Faiblesses institutionnelles dans la gestion des résultats et des acquis X X Mauvaise perception du rôle et de la place des interventions dans la réalisation des objectifs de développement, Sous-appréciation de l’importance des résultats et acquis par rapport à la gestion durable des ressources naturelles Persistance de mauvaises pratiques humaines X X Faible niveau d’appropriation et d’application des règles et modes d’accès et des technologies et techniques d’utilisation des ressources naturelles Absence d’une conscience humaine de l’importance écologique, sociale et économique des ressources naturelles Les résultats de l’analyse du dispositif politique, institutionnel et technique mis en place montre la nécessité voire l’urgence de procéder à l’amélioration de ce dispositif et de ses éléments constitutifs par la valorisation des forces et la correction des faiblesses et insuffisances constatées. Concrètement, il faut d’une part, travailler à rendre effectifs, efficaces, permanents, productifs les rapports entre les hommes eux-mêmes autour des responsabilités à accomplir, la définition et l’application des politiques, des textes législatifs et réglementaires, le respect des obligations et d’autre part, faire en sorte que les liens que les hommes entretiennent avec les ressources naturelles qui doivent être gérées sur des bases durables et constructives sur tous les plans écologique, économique, social et culturel. Ainsi dans l’optique de réunir les déterminants au succès de la gestion des ressources naturelles du bassin versant du Kou qui assurent leur intégrité biophysique et fonctionnelle, nous proposons une méthode de gouvernance stratégique de ces ressources. Celle-ci est fondée sur
  • 32. 32 une approche écosystémique, écologique, économique et socio-culturelle de la gestion des ressources naturelles du bassin versant du Kou. Et pour tout synthétiser, voilà : 4 Schéma N° 4 : Présentation schématique de la gestion durable des Ressources naturelles Actions de maintien de l’intégrité biophysique et fonctionnelle Efficacité et responsabilité politiques institutionnelles Investissements et actions /Satisfaction des besoins économiques et sociaux de manière durable Gestion durable des ressources naturelles Décideurs, techniciens, autorités coutumières et religieuses Autorégulation, résilience aux facteurs exogènes Maintien de l’ écosystème et de son fonctionnement Conservation de la biodiversité Investir, aménager, organiser, produire et valoriser durablement