1. La biodiversité, un actif
pour les entreprises !
Pourquoi ? Comment ?
Synthèse de la conférence-débat du 26 mai 2011
organisée par les Auditeurs du Cycle des Hautes Etudes en Développement Durable des
Pays de la Loire à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers.
www.chedd-paysdelaloire.fr
2. LEXIQUE
IDH : Indice de Développement Humain
COV : Composé Organique Volatils
CPIE : Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
La convention de Ramsar est un traité international adopté en 1971 pour la conservation des
zones humides ZICO : Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux
ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique
3. CHEDD:
Cycle des Hautes Etudes en Développement Durable
Avant-propos
A l’origine : la réflexion du CHEDD des 20 prochaines années. Les conditions de vie sur
2010/2011 Terre,
dans le futur, dépendent étroitement de la façon dont
Pendant plusieurs mois, les 20 auditeurs du CHEDD nos sociétés sauront le relever.
ont débattu de leur manière de voir ou d’appréhender
le développement durable dans la cité. Les débats se Bien que méconnue, la biodiversité, tissu vivant de notre
sont nourris des différentes expériences, expertises et planète, rend des services essentiels et gratuits : elle est
manières de voir du groupe. la source unique de notre alimentation, elle fournit des
matières premières, maintient la qualité de l’eau, de l’air
La promotion 2011 avait un objectif commun : apporter et du sol, façonne les paysages, agrémente le cadre de
sa contribution, si modeste soit elle, aux enjeux de la vie…
biodiversité sur le territoire des Pays de La Loire.
L’entreprise (ou l’agence, l’établissement…), quels que
Persuadés qu’il devient essentiel d’intégrer la biodiver- soient sa taille et son domaine d’activité, est aujourd’hui
sité dans les critères d’évaluation des entreprises, les directement concernée par cette question, à travers ses
auditeurs du CHEDD ont pris le parti de s’intéresser à approvisionnements en matières premières, les tech-
l’entreprise dans sa diversité de structure, de taille et de nologies qu’elle utilise, les impacts qu’elle génère. Il en
secteur d’activité. va aussi de son image…
Convaincus que l’entreprise est un acteur de poids dans Peut-on à la fois mieux protéger la biodiversité et mieux
la préservation de la biodiversité, ils forment le vœu que profiter de ses bienfaits pour le développement harmo-
les entreprises pionnières en la matière ne restent pas nieux des activités économiques ? Peut-on se dévelop-
une minorité. per avec la Nature ?
L’objectif de la conférence du 26 mai La conférence du 26 mai 2011, retranscrite ci-dessous,
avait pour objectif d’apporter des éléments de réponse
2011 : aborder le lien entre l’entreprise
à travers des interventions d’experts et des témoign-
et le monde du vivant ages d’entreprises des Pays de la Loire. Le document
qui en résulte vise à porter à connaissance la teneur des
Autant que le changement climatique, le maintien de la débats. Chacun sera libre d’en apprécier la pertinence et
biodiversité constitue le second grand défi écologique la portée.
4.
5. Bernard Cressens,
Conseiller scientifique WWF France
Qu’est que la biodiversité ?
La biodiversité, c’est le monde du La biodiversité fournit aussi des
vivant, dont l’Homme fait partie. services de régulation (climat, qualité
de l’air et de l’eau,…) et des services
La biodiversité s’appréhende à 3 culturels (récréatifs, éducatifs,…). On
niveaux : parle de l’assurance-vie de l’Homme.
- La biodiversité génétique intra-
spécifique (races animales, variétés Les menaces
végétales, adaptations…)
- La biodiversité Les causes d’érosion de la
spécifique (mammifères, oiseaux, biodiversité sont multiples :
levures, champignons, fleurs…) destruction et fragmentation des
milieux (forêts, récifs coralliens, …),
- La biodiversité des écosytèmes
surexploitation (commerce des
(forêt tempérée, récifs coralliens, haie
plantes, surpêche,..), invasions
bocagère, désert arctique ...).
biologiques (soit du fait des
introductions volontaires -
Le mot biodiversité date d’à peine 20
aquaculture, l’élevage, chasse,…- ou
ans. Il a permis d’inclure l’Homme dans
accidentelles - ballasts de bateau,
la nature.
fuites -), pollutions chimiques,
biologiques, physiques.
Les services écologiques
liés à la biodiversité La biodiversité est également
menacée par le réchauffement
Le Millenium Assessment propose une
climatique. Celui-ci entraîne une
typologie en quatre grands types de
modification des conditions physico-
services :
chimiques, la modification des
- la fourniture de ressources (eau, habitats et des proies, l’arrivée
pêche, énergie…), d’espèces généralistes plus
- les services de régulation (climat, compétitrices, l’apparition de
pollinisation, épuration d’eau…), maladies.
- les services d’appui (grands cycles
géochimiques, formation des sols, Les scientifiques annoncent la 6ème
production d’oxygène…) grande extinction d’espèces depuis
- les services culturels (valeurs que la vie est apparue sur Terre ;
récréatives et esthétiques…). sachant que lors des 5 premières, on
estime que 80 à 98 % des espèces
Nous sommes 100 % dépendants de la ont disparu. Il n’est pas certain que
biodiversité. Sans biodiversité, pas de l’espèce humaine en réchapperait.
photosynthèse, pas d’oxygène (services Lorsque l’on défend la biodiversité,
supports), pas de nourriture (services c’est donc l’Humanité dans un
d’approvisionnement). monde vivant que l’on défend.
6. Les outils pour évaluer
l’évolution de la biodiversité
L’indice « Planète Empreinte écologique et biocapacité
Vivante » (IPV) : - 30 % L’empreinte écologique est un indicateur de la pression de l’Homme sur la
depuis 1970 planète. Elle mesure la surface nécessaire pour produire nos ressources et
absorber nos déchets. L’empreinte écologique permet une comparaison avec
L’IPV mesure 8000 populations la biocapacité.
d’espèces animales dans le monde. Il
est en déclin (+ 30 % depuis 1970). La biocapacité est la capacité de la planète à nous fournir les services dont
nous avons besoin, c’est en quelque sorte la « biodiversité utilitaire ». Celle-
Il est étonnement en progression ci est très inégalement répartie. ½ de la biocapacité totale se trouve au sein
dans les espaces tempérés (+ 29 de 10 pays : Brésil, Chine, USA, Fédération de Russie, Inde, Canada, Australie,
%) ; ceci s’explique par le fait que Indonésie, Argentine, France. La biocapacité par personne est également très
la situation était dégradée dans les contrastée : elle est forte lorsque de vastes espaces accueillent une petite
années 1970 et que, depuis, des population (exemple : Gabon).
efforts de conservation ont été faits.
Au niveau mondial, la biocapacité est dépassée de 50%
En revanche, il est dramatiquement
en chute (- 60 %) dans les espaces Depuis 1980, l’empreinte écologique mondiale a dépassé la biocapacité de
tropicaux (voir le rapport « Planète la planète. Aujourd’hui, elle excède la biocapacité de 50 %. Ramenée à la
vivante » du WWF qui paraît chaque personne, l’empreinte écologique est de 2,7 ha, alors que la biocapacité est
année). de 1,8 ha. Autrement dit, au mois de septembre, nous avons consommé ce
que la planète est capable de nous donner !
De septembre à décembre, nous vivons donc à « crédit écologique ». Ceci
est possible uniquement parce que l’atmosphère sert de soupape : nous
consommons de la biodiversité fossile (pétrole, charbon, gaz naturel). En
deux siècles, nous aurons consommé une ressource qui avait mis des millions
d’années à se constituer.
L’empreinte carbone (surface nécessaire pour absorber le CO2) est le
composant majeur de l’empreinte écologique.
Les plus fortes empreintes écologiques sont celles des Emirats Arabes Unis,
du Qatar, du Danemark, de la Belgique, des USA, de l’Estonie, du Canada, de
l’Australie, du Koweit… La France arrive au 28ème rang.
Si l’on extrapole les tendances actuelles, l’humanité aura besoin de 2 planètes
en 2030 et de 2,8 en 2050.
7. La France, en déficit écologique
Pour la France, l’empreinte écologique / personne est de 5 ha (dont 2,5
d’empreinte carbone) et la biocapacité, incluant les forêts tropicales
guyanaises, est de 3 ha. Si tout le monde vivait comme les Français, il faudrait
3 planètes.
Facteur déterminant : la surconsommation des pays
riches
Biodiversité /
Empreinte écologique
Indice Planète Vivante
Pays à fort revenu +5% Hausse significative
Pays à revenu
- 28 % Légère hausse
moyen
Pays à faible revenu - 50 % Baisse !
8. Développement et bien être
humain : « graines d’espoir »
Changer d’indicateur
Un haut niveau de consommation n’est pas nécessaire pour atteindre un haut
niveau de développement. Aujourd’hui, les indicateurs doivent changer. Lor-
sque l’on croise l’IDH avec l’empreinte écologique, on s’aperçoit que seul le
Pérou est en équilibre.
Agir sur les bons levier
L’alimentation et l’énergie sont les principaux leviers pour alléger l’empreinte
écologique et préserver la biocapacité.
Il faut opter pour :
•• une meilleure efficacité énergétique
•• un basculement vers les énergies renouvelables (EnR)
•• une meilleure répartition alimentaire pour éviter les gaspillages (50 % de
la nourriture est jetée aux USA et 26 % en Europe…)
•• une production agricole doublée avec une empreinte écologique stable
•• un régime alimentaire modifié (moins de viande et de laitages)
•• des produits certifiés (FSC, MSC ,…) garantissant le respect de la biodi-
versité
•• le « zéro déforestation ».
Avec 95 % d’EnR et une alimentation comparable à celle de la Malaisie, le
niveau d’empreinte écologique en 2050 serait ramené à un peu plus d’une
planète, contre 2,8 planètes avec le scénario actuel !
9.
10. Véronique Dham
Directrice générale de Gondwana Biodiversity Development
Très souvent les entreprises ne A l’époque, Gondwana a relevé 20
voient pas en quoi elles sont entreprises qui déclaraient avoir Un sondage mené en 2010 par le
concernées par la biodiversité. mené des actions en faveur de la Ministère de l’Ecologie, auprès de
Le sujet est encore émergent ; le biodiversité et, parmi elle, 10 qui 3600 entreprises de toute taille,
concept récent et complexe. L’enjeu avaient intégré la biodiversité dans révélait qu’un quart d’entre elles
concernant la biodiversité a été très leur stratégie. seulement menaient des actions en
longtemps occulté par la question du faveur de la biodiversité ; alors que
changement climatique. Un important décalage est apparu les 2/3 reconnaissaient avoir des
entre les entreprises françaises et impacts négatifs.
En 2007, Gondwana a réalisé la anglo-saxonnes : aux USA, les grands
première étude concernant la prise groupes ont intégré la biodiversité
en compte de la biodiversité auprès dans leur stratégie depuis 20, 25 ans.
des entreprises du CAC 40.
Dépendances des entreprises vis-à-vis de la biodiversité
La dépendance de l’entreprise services culturels. peuvent disparaître. Il faudrait alors
vis-à-vis de la biodiversité renvoi Des études ont montré que les remplacer et ce remplacement
à la notion émergente de services l’économie mondiale dépend de la aurait un coût. La disparition des
écologiques. biodiversité à hauteur de 40 %. services écologiques remettrait en
cause la durabilité de l’entreprise.
Cette notion est née d’un rapport Un secteur d’activité sur 4 dépend
(Millennium Ecosystem Assessment de la biodiversité à hauteur de 25 % : Consciente de ce risque, la société
-MEA-), réalisé par un groupe de tourisme, hygiène-beauté, chimie, L’Oréal a fait l’inventaire de toutes
scientifiques réuni sous l’égide de bois, pêche. les plantes dont elle dépend
l’ONU. Le MEA distingue plusieurs directement ou indirectement pour
types de services : les services Or, on estime que 60 % de ces fabriquer ses produits.
d’approvisionnement (bois, plantes, services écologiques sont dans un
fibres, eau), les services de régulation état de dégradation important et L’inventaire a révélé que les 1200
(pollinisation, recyclage,…), les matières premières utilisées sont
issues de 230 plantes.
11. Impacts des entreprises sur la biodiversité
Des impacts directs Des impacts indirects
Les activités industrielles C’est souvent sous la pression des Dans le secteur bancaire, les
dégradent les habitats et la biodi- consommateurs et/ou des ONG que banques peuvent être attaquées
versité qu’ils hébergent par : les entreprises prennent conscience sur des projets qu’elles financent et
de leurs impacts indirects. dont les impacts sont désastreux sur
• la destruction d’habitats la biodiversité (ports, plateformes
(construction de routes, C’est ainsi que Carrefour et Auchan pétrolières,…).
d’autoroutes, de bâtiments, …) ont décidé de supprimer la vente de
• les pollutions diverses ; thon rouge.
• la surexploitation de ressources
naturelles (bois, pêche,…)
Facteurs d’actions pour l’entreprise
La réglementation
Sans statut réglementaire propre-
Le contexte réglementaire évolue. qui n’a pu éviter ou réparer les ment dit, certains référentiels in-
dommages causés aux es- tègrent également la biodiversité :
Une étude du ministère en charge de pèces et habitats protégés, a
l’Environnement montre d’ailleurs l’obligation de compenser. • des labels ou certifications :
que c’est la réglementation qui incite HQE, par exemple ;
l’entreprise à agir en faveur de la Certaines réglementations na- • la norme ISO 26000, qui y consa-
biodiversité, avant les questions tionales touchent également cre tout un chapitre.
d’image. l’entreprise :
La pression des parties
Plusieurs réglementations euro- • la trame verte et bleue, instituée
prenantes
péennes concernent l’entreprise : par le Grenelle Environnement,
qui, à travers les documents Un sondage du WWF a montré
• le réseau Natura 2000, pour d’urbanisme, concerne les en- que 87% des consommateurs
celles qui ont une emprise treprises dont l’emprise foncière considéraient que les entreprises
foncière (l’activité ne doit pas peut porter atteinte aux continu- avaient des impacts négatifs sur la
impacter les espèces ou les ités écologiques ; biodiversité et qu’ils attendaient, de
habitats qui font l’objet de cette • l’affichage environnemental sur leur part, des gestes permettant de
protection) ; les produits (lois dites Grenelle), démontrer qu’elles la prennent en
• le volet « faune/flore » de la auquel il est question d’intégrer compte.
directive sur la responsabilité en- un indicateur « biodiversité ».
vironnementale des entreprises Les ONG font également pression
qui précise que tout exploitant, et ceci aboutit à des décisions (arrêt
de la vente de thon rouge chez
Carrefour et Auchan, par exemple).
12. Risques et opportunités pour
l’entreprise
caractéristiques sont semblables à
celles des bois exotiques.
Le critère financier est également
important. Les agences de notation
extra-financière estiment qu’une
entreprise durable doit avoir pris
en compte la biodiversité dans ses
activités.
Pour lever des capitaux, pour attirer
des nouveaux investisseurs, les
entreprises doivent donc montrer
qu’elles ont intégré la biodiversité
dans leur stratégie et qu’elles ont mis
en place des plans d’actions.
L’entreprise doit considérer les risques de rupture d’approvisionnement
des matières premières indispensables à ses produits. L’opportunité est de
prendre les devants et d’assurer ces approvisionnements pour l’avenir.
Le risque à ne pas prendre en compte la biodiversité est illustré par l’exemple
de la société Ikea. Ikéa a acheté des terrains à Fos-sur-mer pour construire
une grande plateforme logistique sur l’emprise de laquelle poussaient 3
espèces d’orchidées endémiques. L’entreprise est restée sourde aux alertes
lancées par les associations. Il y a eu un procès, une couverture médiatique
désastreuse, le chantier a été suspendu entrainant de gros problèmes pour
l’entreprise.
Il existe également des risques et des opportunités sur le plan marketing.
Bientôt, certains produits pourront être déréférencés pour ne pas avoir
pris en compte la biodiversité ou, à l’inverse, être avantagés car ils l’auront
fait. La société Lapeyre, par exemple, qui a été attaquée sur l’utilisation de
bois non certifié pour des portes et des fenêtres, a développé un brevet
avec l’INRA et décidé d’utiliser des bois de forêts européennes dont les
13. François Guérin
Directeur général de Bel’M
Bel’m, entreprise spécialisée dans la de l’entreprise basée sur 3 piliers : la Bel’m est titulaire du label délivré
fabrication de portes d’entrée pour performance économique, la qualité par l’association Lucie suite à un
maisons individuelles, emploie 700 et l’innovation, le champ social/ audit réalisé par Vigeo.
personnes. Son siège social est à sociétal/environnemental.
Le process de fabrication consomme
Machecoul et son chiffre d’affaires Les décisions se prennent avec ces
des matières premières assez
s’élève à 100 millions d’euros. Selon trois filtres.
diverses : bois, aluminium, acier.
ses dirigeants, le développement
de la société ne peut se faire L’entreprise a construit un plan C’est pourquoi Bel’m s’est engagée
que s’il est économiquement d’actions RSE comprenant 3 axes : dans un programme qui consiste
efficace, socialement équitable et • le produit, à éco-concevoir le produit et à
écologiquement responsable. • le process et le bâtiment essayer d’optimiser les matières
Bel’m vise une performance durable • le social et le sociétal. utilisées.
Pour réduire les impacts sur la biodiversité
de chaleur pour la nouvelle gamme
Maîtrise des pollutions de portes).
Pour réduire les impacts sur l’eau, le
chrome 4 a été éliminé du processus Ce travail d’éco-conception est
de thermolaquage et une étude est Elle travaille également, avec important : il a mobilisé 2 ingénieurs
en cours pour supprimer tous les l’ADEME, à un meilleur recyclage et pendant 3 ans pour réaliser une
rejets liquides en 2012 ; une meilleure valorisation de ses analyse de cycle de vie de chaque
sur l’air, les finitions sont réalisées déchets produit et en déduire les actions à
en phase aqueuse (suppression mener pour diminuer leur impact
des COV) et les flottes de véhicules Amélioration des sources environnemental.
sont toutes en dessous des primes
malus CO2 ; sur le sol, tous les sites
d’approvisionnement en
L’information au
de production sont équipés de kit bois.
anti-pollution en cas de déversement
consommateur
accidentel. L’entreprise a développé les achats
de bois certifiés et s’est engagée Bel’m a imaginé un affichage
dans les certifications FSC et PEFC. environnemental sans attendre que
Diminution de l’impact celui-ci devienne obligatoire (2012).
environnemental Bel’m a créé une gamme de portes Par ailleurs, l’entreprise participe à
éco-conçues dans laquelle le bois une expérimentation sur l’affichage
L’entreprise a travaillé sur noble est utilisé seulement en environnemental qui rassemble 68
l’amélioration de la performance surface et remplacé, à l’intérieur, par entreprises.
thermique de ses produits un bois de pays dont la performance
(diminution de 30 % des déperditions thermique est bien supérieure.
14. Christian Lafage
Directeur Développement durable de Remy Cointreau
Présentation de Rémy • l’adoption d’une démarche • Contrôle et accompagnement
Cointreau fondée sur le principe de des fournisseurs, achats
précaution en matière responsables ;
Avec ses 1500 collaborateurs et un d’environnement ; • Démarche « Qualité, Sécurité,
chiffre d’affaires de 800 millions • la promotion d’une plus Environnement »
d’euros, Rémy Cointreau est une grande responsabilité • Respect de l’environnement
société cotée qui vend des vins et environnementale ; (viticulture)
des spiritueux dans 150 pays. • le développement et la diffusion • Promotion de la consommation
des technologies respectueuses responsable
Le marché international représente de l’environnement. • Partage d’expériences avec les
plus de 90 % des ventes, réparties parties prenantes
comme suit : Amériques 34 %, Asie Et surtout, la société est amenée • Equité, formation
et autres 31 %, Europe 35 %. à fournir des informations sur
ses engagements en matière de Parmi ces engagements, la
Dès 2003, Rémy Cointreau s’est RSE à la demande des agences de démarche « biodiversité » relève
engagé dans une démarche RSE dans notation extra-financières ou des principalement de l’axe relatif à
le cadre d’une réflexion conduite en fonds d’investissement socialement la viticulture et de l’axe relatif à la
interne de façon volontaire. Depuis responsables qui, phénomène démarche globale « qualité, sécurité
3 ans, la société est de plus en plus nouveau depuis 4 ans, se sont et environnement ».
sollicitée à ce sujet par les parties rapprochés du groupe.
prenantes et s’organise de façon très Elle rend dans ce cadre des comptes Actions dans le domaine
active sur le sujet. sur la biodiversité, l’accès à l’énergie,
de la viticulture
les émissions de carbone ou les
Pour exemple de sollicitation, liée risques. Les produits du groupe sont issus
au Grenelle de l’environnement, un essentiellement de la viticulture qui
dossier a été remis à la Commissaire En quelques années, le groupe représente donc une activité très
générale au développement durable a donc basculé de l’engagement importante.
pour expliquer le positionnement de éthique volontaire interne à un
l’entreprise sur la Stratégie nationale engagement visible, compte tenu de En outre, les agences extra-
de développement durable élaborée la sollicitation des parties prenantes financières interrogent le groupe
par le Ministère, à la demande de qui se constate aujourd’hui et sur les risques du changement
celui-ci. répond à toutes les questions de climatique pour la viticulture.
celles-ci.
La société a signé également Le sujet de la viticulture constitue
une charte internationale, le Charte et engagements donc un point clé.
«Global Compact», qui comporte 4
RSE
objectifs environnementaux : Pour cela, le groupe met en
6 principaux engagements « RSE » avant la notion de qualification
• la réduction de la consommation couvrent désormais toute l’activité de l’agriculture « raisonnée » des
des ressources naturelles et la du groupe : domaines viticoles et accorde
préservation de la biodiversité ; beaucoup d’importance à la
15. sensibilisation des 1400 viticulteurs Cet exemple est une des illustrations
partenaires. Par ailleurs, de nombreux sujets qui montre que l’engagement de
traités par l’entreprise au niveau la société se fait en lien avec son
Au-delà de l’activité agricole, le environnemental ont un lien avec activité, afin de faire converger
groupe a mis en place des actions de la biodiversité. Rémy Cointreau a les engagements en matière de
protection de la biodiversité locale notamment mis en œuvre : biodiversité et les objectifs du
comme la protection des abeilles par groupe.
la mise en œuvre de 20 hectares de • un plan de mesures (l’empreinte
jachères apicoles. Carbone) et de réduction des En conclusion, il est constaté que les
émissions CO2 (déplacements, actions de recherche engendrées
Cette action permet, outre la éco-conception des productions, par les questions environnementales
protection des abeilles, de lutter réduction des consommations amènent à trouver de nouvelles
contre les nuisibles présents sur les d’énergies), ainsi que les technologies et façons de faire,
vignobles et d’entretenir la fertilité perspectives attendues, et donc de l’innovation, et
des sols sans augmenter l’utilisation • un plan d’optimisation de la s’accompagnent d’une réduction
de fertilisants. consommation des ressources de coûts systématiques, même
naturelles (eau, papier, carton, si cela nécessite parfois certains
Un boisement expérimental occupe bois). investissements au départ.
une partie de 3 hectares sur une
parcelle en exploitation. Par exemple, le groupe souhaite Ces démarches ont montré que
s’approvisionner en bois certifié PEFC les objectifs de développement
Cette parcelle environnementale afin que les fûts qu’il utilise soient économique et de rentabilité d’une
jouxte une rivière et est située en issus de forêts gérées durablement. part et les objectifs écologiques
zone Natura 2000. d’autre part se rejoignaient.
Cependant, être porteur de bonnes
Elle permet le suivi d’un travail sur la paroles ne suffit pas et le groupe se
biodiversité alluviale, conduit avec voit confronté à la dépendance aux
la LPO (types d’arbres, actions pour fournisseurs qui ne peuvent toujours
favoriser la faune présente de façon répondre à la demande.
naturelle…).
Autre exemple : en tant qu’utilisateur
Le groupe est également engagé de bois de chêne pour la fabrication
dans le défi « Ecophyto 2018 » issu de fûts, la société s’intéresse à la
du Grenelle Environnement, qui conservation des forêts de chêne en
prévoit des objectifs de réduction France.
de 50 % de l’usage des produits
phytosanitaires, et met en place un Ainsi s’est-elle engagée dans un
réseau pour y travailler. projet avec l’ONF qui porte sur la
plantation de 50 hectares de chênes
Autres actions en faveur dans une forêt d’Eure et Loire.
de la biodiversité
16. Eric Lescoublet
Responsable de Qualité Sécurité Environnement et Développement
durable, TDV Industries
Présentation de TDV
Industries
Basée à Laval, TDV Industries, avec
un effectif de 170 personnes et
un chiffre d’affaires de 30 millions
d’euros, est un acteur majeur dans la
conception de produits textiles pour
les vêtements professionnels.
Son actionnariat familial lui permet
de rester indépendante vis-à-vis des
banques.
Sans y être contrainte - car ne
faisant pas partie des géants du
CAC 40 -, elle a initié une démarche
de développement durable dès
2005/2006 et communique depuis
peu à ce sujet.
La démarche de développement
durable s’articule autour de 10
axes :
1. Management de
l’environnement selon la norme
ISO 14000
2. Sensibilisation et éducation du
personnel au développement
durable
3. Réduction-tri-valorisation des
déchets générés par l’entreprise
4. Eco-conception (résolution de
la problématique-déchet des
vêtements en fin de vie)
5. Réduction des consommations
d’énergie (gaz-électricité – air
comprimé – vapeur- fuel)
et recherche de nouvelles
technologies permettant
17. l’utilisation d’énergies une fabrication industrielle.
renouvelables
6. Réduction de la consommation / Des colorants naturels à
récupération
l’étude
7. Gestion de l’impact écologique
dans la filière : empreinte Les colorants naturels posent le
écologique du site, modélisation problème de leur tenue. Aujourd’hui,
de l’information à destination du il faut encore leur ajouter des
marché produits qui ont un impact négatif
8. Implication des sous-traitants sur l’environnement. Cela pose la
9. Développement des offres question de la pertinence de ce choix
« Bio » et « Equitable » à l’échelle industrielle.
10. Action de solidarité : ouverture
aux jeunes, solidarité nord/sud.
De nouvelles finitions
La biodiversité sera au centre
des préoccupations du prochain pour limiter les lavages
Agenda 21 de TDV Industries. La société a mis au point une finition
sur les tissus qui permet de limiter le
Vers l’utilisation de nombre de lavages. Cette approche
nouvelles fibres basée sur le bon sens peut devenir
un véritable argument commercial.
Le prix du coton a beaucoup
augmenté ces deux dernières Le projet « Un arbre de vie, une forêt
années ; ceci pose la question de la solidaire »
rentabilité de cette matière première
qui, de surcroît, nécessite l’emploi de Historiquement, TDV travaille
grandes quantités de pesticides. beaucoup avec le Mali car le coton
Dès lors, TDV Industries met l’accent africain présente des qualités
sur l’innovation. Une personne en naturelles de résistance qui
interne est dédiée à la recherche et à conviennent à l’usage professionnel.
la veille pour concevoir de nouveaux
produits. Depuis peu, la société soutient
financièrement un projet autour
Des nouvelles matières premières, d’un arbre, le Carapa Procera, dont
à base d’orties ou de ricin, sont les fruits donnent une huile qui
actuellement testées. Elles constitue un biopesticide pour la
possèdent les caractéristiques culture du coton.
naturelles de résistance à l’abrasion
recherchées pour les vêtements Ce projet est également un moyen
professionnels et constituent une d’aider les populations locales à
alternative économique dans un développer une activité économique.
contexte de flambée des matières Il s’agit d’une filière vertueuse de
premières historiques (pétrole tout points de vues puisqu’elle
notamment). allie respect de l’environnement,
Cependant, les obstacles sont encore développement d’une économie
nombreux avant de pouvoir lancer locale et innovation.
18. Samuel Gabory
Président Directeur Général, Laboratoire Alvend - Fleur des Mauges
Présentation du plantes qui rend l’actif efficace. de développer des plantes locales
Laboratoire Alvend – contenant de la saponine par
Au-delà de la diversité du végétal, le sélection variétale.
Fleur des Mauges
groupe Alvend – Fleur des Mauges En conclusion, deux pistes de
essaye également d’exploiter toute réflexion sont importantes pour
Créée en 1985, l’entreprise familiale
la diversité des actifs d’une plante l’entreprise. Tout d’abord la taille :
Laboratoire Alvend – Fleur des
dans ses productions. On trouve quelque que soit les attentions
Mauges (Maine et Loire) offre un
ainsi souvent 200 composants dans portées à la nature, les activités de
bel exemple de la capacité de la
une huile essentielle. taille importante semblent toujours
biodiversité à être un moteur de
avoir un impact sur la biodiversité.
richesse économique. En effet, pour
cette entreprise d’une centaine de Une biodiversité traduite
salariés, « c’est la biodiversité qui fait au quotidien dans Ensuite, les labels : ils permettent
richesse ». l’information et le développement
l’activité de l’entreprise
des produits respectueux de la
Pour l’entreprise qui commercialise biodiversité. Il faut être prêt à en
L’entreprise centre ses recherches
trois gammes de produits - assumer le coût.
de matières premières sur des
détergents écologiques, cosmétiques espèces produites localement. Les
naturels, huiles essentiels et plantes utilisées pour le processus
compléments alimentaires - la de fabrication sont des plantes
biodiversité permet la qualité et produites localement et qui
l’efficacité des matières premières consomment peu d’eau.
utilisées. Sa matière première est
végétale. L’entreprise a ainsi préféré
développer une production de
La biodiversité comme mélisse et de calendula avec des
source de richesse producteurs locaux au lieu d’utiliser
des matières premières qu’il aurait
économique
fallu importer.
Le créneau de l’entreprise sur le
marché est donc lié à la biodiversité : La recherche en matière de
il s’agit de la recherche de matières biodiversité a permis de trouver de
premières habituellement non nouvelles possibilités techniques
commercialisées et de l’exploitation d’obtenir des saponines, cet agent
de leurs vertus. qui augmente l’effet moussant.
Les tensio-actifs (agents moussants) Un partenariat conclu avec
utilisés sont ainsi issus de la paille et l’association Saponina permet ainsi
du son, et non du savon ou de l’huile
de palme. Ceci a un réel intérêt
économique, et c’est la synergie des
19.
20.
21. Thierry Rolland
Responsable Environnement et R&D, Groupe Brangeon
Présentation du groupe CPIE Loire et Mauges.
Brangeon Un travail préalable d’inventaire et
d’identification des fonctionnalités
Créée en 1919, le Groupe Brangeon de l’écosystème a été nécessaire.
est une PME familiale qui exerce
principalement ses activités dans L’action mise en œuvre a eu pour but Une expérience utilisée
le domaine de l’environnement : de développer un habitat favorable pour plaider la cause de
gestion déchets, recyclages, pour des espèces migratrices
l’activité d’extraction
compostage, extraction de sable et nidifiant généralement sur les grèves
négoce de matériaux. de Loire.
Le site de SDVL est considéré
Huit ilots flottants ont été créés comme le premier site artificiel de
Une petite filiale de ce groupe,
sur un plan d’eau artificiel, lui- nidification de sternes pierregarin
la société de Dragage du Val de
même restauré du point de vue en Europe. L’expérience démontre
Loire (SDVL), montre qu’une activité
du paysage, pour permettre à une que des activités impactantes
économique peut être source de
espèce d’oiseau protégé, la sterne pour l’environnement, comme les
biodiversité si l’entreprise s’engage
pierregarin, de venir nicher. carrières, peuvent devenir aussi des
dans ce domaine.
lieux d’opérations favorables à la
Ces équipements ont permis biodiversité.
Cette expérience est d’autant plus
intéressante que l’activité de cette d’accueillir une importante
population de sternes. Sur 650 Pour le Groupe Brangeon, cet
entreprise, l’extraction de sable,
couples nicheurs recensés en Pays de engagement en faveur de la
est considérée comme ayant un
la Loire, dont 300 à 350 en Maine et biodiversité permet de promouvoir
impact négatif sur l’environnement
Loire, près de 100 ont été recensés l’activité d’extraction auprès des
(classement ICPE).
sur le site de SDVL, soit près du services de l’État et d’essayer d’en
Une sablière en bordure de Loire au tiers de ces oiseaux nicheurs dans la préserver la pérennité.
lieu-dit le Seuil de Loire, à Montjean région.
sur Loire, proche de sites classés
Natura 2000, est ainsi devenue une Cette colonisation a eu lieu alors que
réserve de biodiversité. l’activité économique sur le site était
importante.
Une action de
Elle a été permise par le
restauration de la développement de techniques
biodiversité sur un site adaptées, respectueuses de
en activité économique la tranquillité des oiseaux
migrateurs : utilisation d’une
Afin de réinstaurer la biodiversité dragueuse électrique, régulation
locale sur un site auparavant des mouvements et des flux du
consacré à l’agriculture intensive, personnel.
SDVL a conclu un partenariat avec le
22. Muriel Alamichel
Chargée de mission du programme « ADEME exemplaire », ADEME
L’ADEME (Agence de est constitué de pelouses, de zones mise en place de stores pour casser
l’Environnement et de la Maîtrise boisées, de massifs arbustifs, de la transparence. Ceci fut le point de
de l’Energie), établissement public parkings, de voieries et d’un linéaire départ d’une démarche devenue
sous tutelle principale du Ministère de haies de plus de 830 m. depuis plus ambitieuse, la LPO ayant
en charge de l’environnement, a proposé, par la même occasion,
pour objectif de mettre à disposition Malgré le caractère privilégié du site, d’entrer dans une démarche de
des différents acteurs - entreprises, la préoccupation de la biodiversité a « Refuge LPO ».
collectivités locales, particuliers - émergé, non par la beauté naturelle
une expertise sur tous les sujets liés des lieux, mais par un accident C’est l’origine du projet
à l’environnement, à l’exception de malheureux survenu il y a deux ans. « biodiversité » de l’ADEME qui
l’eau et de la biodiversité (pour en La structure bâtie est composée s’inscrit dans une démarche globale
savoir plus : www.ademe.fr). de deux bâtiments (rénovation d’exemplarité intitulé « ADEME
performante sur le plan énergétique exemplaire ».
L’action décrite ici est une démarche pour l’un, construction neuve BBC
interne destinée à développer la et HQE pour l’autre), reliés entre eux
biodiversité sur le site de l’ADEME à par une passerelle transparente.
Angers et à sensibiliser les salariés.
De trop nombreux oiseaux
De la résolution d’un mourraient en heurtant les vitres de
cette passerelle.
problème ponctuel, à
la construction d’un Ce problème n’avait en effet
programme global pas été pris en compte, malgré
l’approche environnementale de la
A Angers, le siège de l’ADEME construction. L’ADEME s’est donc
est implanté sur un site de 5 ha à tournée vers la LPO qui a proposé la
proximité du lac de Maine. Ce terrain
23. Le programme « biodiversité » de l’ADEME :
approche scientifique et mobilisation du
personnel
L’approche scientifique,
un double appui : La mobilisation du
personnel Les enseignements
• Avec l’aide de la LPO, l’ADEME a
mis en place un inventaire faune- ALe programme GESSOL a été
l’occasion de mettre en place une Les enseignements sont de deux
flore, puis un plan de gestion et
animation auprès du personnel ordres :
d’entretien différencié assorti
pour expliquer la microfaune et le • la biodiversité n’est pas encore
d’actions de communication
lien qui peut exister entre la façon assez intégrée aux systèmes de
destinées à expliquer les
d’entretenir un terrain et la richesse management environnemental ;
modifications de l’aspect visuel
de sa litière. • le regard porté sur le parc a
du parc,
changé : ce n’est plus un regard
• * L’intégration à un programme
Le projet a immédiatement reçu d’ordre strictement esthétique,
d’expérimentation et de
l’adhésion du personnel qui s’est mais un regard « averti »,
recherche sur le sol : GESSOL
montré volontaire pour y participer. sensible à la richesse biologique
du site.
L’ADEME est coordinateur du
programme. L’animateur scientifique Une opération de prélèvement
se trouve sur le site d’Angers. C’est a été mise en place avec l’aide
ainsi que le site est devenu un des du personnel volontaire et du
lieux de prélèvement de la micro scientifique responsable du
faune. programme : explication du
protocole, distribution de fiches
Suite à l’inventaire, le terrain de reconnaissance, tri, classement,
s’est révélé relativement pauvre, pesage, observation et notation.
autant en faune qu’en flore, car les
techniques d’entretien n’étaient pas Résultats : 38 participants, 2 experts,
propices à la biodiversité. 11 points d’échantillonnages, 8
groupes d’animaux recensés et une
Une gestion différenciée a été mise surprise : une importante masse de
en place et, à peine un an plus tard, vers de terre (entre 100 kg et 3 t à
des différences évidentes ont été l’ha) !
observées : des haies plus larges,
des nouvelles variétés d’espèces et Par ailleurs, les jardiniers
de plantes (insectes, sauterelles, appartenant à une association de
grillons, graminées…). personnes handicapées ont été
associés à l’ensemble du programme
Une évaluation sera réalisée sur 5 « biodiversité » et ont été formés
ans dans le cadre du protocole des aux nouvelles pratiques d’entretien.
« niches LPO »
24. Odile Chanterelle
Conseillère en développement territorial,
Chambre d’Agriculture du Maine et Loire
L’expérience « L’éleveur et l’oiseau »
La Chambre d’Agriculture accompagne l’association « Eleveurs des Vallées
Angevines », dont l’objectif est de concilier l’élevage de la viande bovine avec
la préservation d’une espèce rare : le râle des genêts.
L’habitat du râle des genêts menacé de disparition
Le râle des genêts est un oiseau rare qui vit en Afrique et vient nicher dans
les vastes herbages des basses vallées angevines et de la vallée de la Loire.
Il fait partie des oiseaux en voie de disparition figurant sur la liste rouge de
l’UICN .
La préservation de son habitat revêt donc une grande importance.
Les causes de dégradation de l’habitat du râle des
genêts
En 1990, une forte déprise agricole, entrainant l’apparition de friches, et la
plantation de peupliers ont perturbé cet habitat pourtant reconnu comme un
site exceptionnel bénéficiant d’un classement Ramsar, ZICO ou ZNIEFF .
Ces classements permettent de mesurer l’importance de ce site, dont les
habitants de la région n’ont pas toujours conscience.
La mise en place de mesures agri-environnementales
Face à la dégradation du site, les agriculteurs et la LPO se sont réunis pour
réfléchir au maintien des pratiques agricoles nécessaires à la préservation du
site et à la mise en place de mesures agri-environnementales.
Ce travail a été réalisé en associant l’ensemble des autres acteurs intervenant
sur ce territoire, popiliculteurs, chasseurs, pêcheurs…
Il a abouti en 1993 à un programme agri-environnemental destiné à
permettre de protéger le râle des genets en tant que tel, mais aussi, le râle
des genets en tant qu’espèce dite « parapluie ». Les mesures ainsi définies
consistent à retarder les fauches pour protéger la nidification, à ne pas
utiliser de produits phytosanitaires ni d’engrais, à entretenir les fossés…
25.
26. Création d’une marque : « L’éleveur et l’oiseau, le
bœuf des vallées »
Certains agriculteurs ont adhéré à Un premier essai a dû être arrêté en bouchers ont leurs habitudes. Il est
ces mesures agri-environnementales 2004-2005 suite à un problème de donc très important de sensibiliser
sans pour autant connaître les suivi commercial. les directeurs des commerces et les
aspects environnementaux. bouchers pour les convaincre de
Un travail a été alors initié pour la l’intérêt de proposer les produits de
Ils les ont découvert au fur et à recherche d’un nouveau partenaire. la marque. Ce travail est en cours.
mesure, puis ont souhaité mettre C’est avec un laboratoire basé en
en valeur leur territoire de façon Vendée « Vendée Loire Viande », Un projet de territoire et
à mieux le préserver, tout en laboratoire qui s’intéresse beaucoup
la reconnaissance d’un
continuant à exploiter leurs prairies. à des niches de production, en
Brière, à Belle Ile et dans d’autres service rendu par la
Ils ont cherché à promouvoir de leur secteurs particuliers, que s’est biodiversité
territoire en valorisant les produits conclu le partenariat.
qui en sont issus. Aujourd’hui, on peut affirmer
Depuis 2010, celui-ci recherche des que l’association a réussi à faire
La marque magasins pour commercialiser la reconnaître le travail des éleveurs
marque. Il s’agit plutôt de magasins par rapport à la biodiversité.
Après réflexion et enquêtes auprès de proximité, moyennes et petites
des consommateurs, les agriculteurs surfaces. Le projet est également Désormais, il est entendu que leur
ont créé la marque « l’Eleveur et construit avec un commerçant en présence est indispensable dans
l’oiseau, le bœuf des vallées ». bestiaux du Maine et Loire. ces vallées et que leurs pratiques
d’élevage sont fondamentales pour
Le cahier des charges s’appuie sur : Suite aux difficultés rencontrées pour la préservation de ce territoire.
le fait que les agriculteurs adhèrent la commercialisation, il est en effet
aux mesures agri environnementales apparu important que l’organisation En effet, les résultats sont là, puisque
qu’ils recourent à des pratiques mise en place regroupe à la fois les les deux tiers de la population du
d’élevage spécifiques : alimentation éleveurs, l’abattoir et le commerçant râle des genêts se situent dans ces
à base d’herbe essentiellement, en bestiaux. zones herbeuses des basses vallées
présence sur l’exploitation, angevines et de la vallée de la Loire.
chargement (nombre d’animaux par Actuellement, 5 magasins
hectare) à respecter… commercialisent la viande de la Historiquement, la relation des
marque « L’éleveur et l’oiseau, le éleveurs avec les naturalistes n’était
bœuf des vallées ». pas facile. Or, aujourd’hui, il est
Le montage de la
fréquent que les éleveurs signalent
commercialisation aux naturalistes la présence du râle
La sensibilisation et la
et les accompagnent dans les suivis
La question de la commercialisation communication des
de l’oiseau.
ne s’est pas faite sans mal, et n’est commerçants
pas encore complètement résolue Une vraie coopération s’est
aujourd’hui. Il n’est pas facile, pour un nouveau instaurée. L’évaluation et la re-
produit, de faire sa place, car les discussion des mesures à prendre
27. sont effectuées avec les éleveurs,
ce qui est très important puisque
ce sont eux qui sont amenés à les
appliquer.
Ce travail est conduit également
avec les élus qui apportent un
fort soutien à la démarche, que ce
soit au niveau du Conseil Général,
de l’agglomération d’Angers, des
communautés de communes ou des
communes.
L’idée est maintenant de présenter
ce projet de territoire au grand
public pour faire prendre conscience
de la présence des éleveurs sur le
site et de leur rôle pour la protection
du râle des genêts.
Il s’agit bien là de faire connaître un
service rendu par la biodiversité.
28. Véronique Dham
Fondatrice et directrice générale de Gondwana
regard expert et d’une mise en
La mission de Gondwana experts produisent des référentiels cohérence de ses actions que l’outil
et étudient les impacts subis par la de Gondwana a été fondé.
Gondwana est la première agence
biodiversité.
française de conseil en stratégie et
En effet, la pertinence de la
en partenariat, spécialisée dans la
Trois types d’outils existent démarche « biodiversité » pour
protection de la biodiversité.
aujourd’hui : une entreprise ne repose que sur la
qualité du diagnostic. Celui-ci et le
Son rôle est d’aider les entreprises à
définir leur politique dans cet univers
• un outil développé par des plan d’actions qui en découle doivent
entreprises anglo-saxonnes ; être réalisés avec des professionnels,
et à nouer des partenariats durables
avec les acteurs de la protection de
• un outil développé par des associations ou des scientifiques
l’association l’OREE (une compétents.
l’environnement (ONG, associations
association qui regroupe des
de protection de la nature, parcs
entreprises, des collectives Enfin, Gondwana déplore que
et réserves naturels, programmes
locales et des associations) ; la biodiversité soit quasiment
et expéditions scientifiques, parcs
zoologiques).
• un outil proposé par le Ministère absente de tous les outils de
de l’Ecologie dans le cadre de management environnemental
l’Année internationale de la ainsi que des études d’impact. Or,
Les outils d’auto- Biodiversité (2010). ces oublis peuvent avoir de graves
évaluation pour les conséquences pour la survie de
entreprises L’objectif de ces outils est bien certaines ressources naturelles.
d’inciter les entreprises à s’auto-
En matière de biodiversité, les outils évaluer sur leur dépendance vis-à-vis Aussi, lors de ses interventions,
ne sont pas aussi standardisés que le de la biodiversité. l’agence Gondwana recommande
sont le Bilan Carbone et l’Analyse du systématiquement de faire un audit.
Cycle de Vie. Celles-ci prennent alors conscience
qu’elles sont dépendantes et ont
Dès lors que l’objet est le monde des impacts sur les écosystèmes, et
du vivant, l’approche consistant donc une responsabilité vis-à-vis du
à concevoir un outil standard est vivant.
délicate à mettre en place.
Les limites des outils
En effet, avec des critères multiples
comme les espèces, les saisons ou
existants
la localisation, il est très difficile
d’isoler la biodiversité dans un Sur un sujet que les entreprises
indicateur unique. connaissent encore très mal, il
leur est difficile de faire une auto-
En revanche, il existe des outils évaluation et de s’appuyer sur une
d’évaluation qualitative qui démarche interne pour définir
s’appuient sur des données un plan d’actions. C’est sur l’idée
scientifiques. Depuis des années, des qu’une entreprise a besoin d’un
29.
30.
31. Conclusion de Bernard Cressens
Conseiller scientifique, WWF France
L’ensemble des interventions de Or, on a épuisé la richesse des sols
cette conférence confirme que la avec l’agriculture intensive.
biodiversité ne se résume pas à Il est donc nécessaire de développer
l’environnement. le génie écologique, c’est-à-dire
une agriculture compatible avec
En effet, la biodiversité englobe la biodiversité. Il est également
la totalité du vivant. Au-delà du possible de travailler à la valorisation
bilan carbone, il faut s’intéresser économique de la biodiversité avec
au vivant, ce que fait notamment les agriculteurs (voir l’exemple
l’empreinte écologique développée « L’éleveur et l’oiseau »).
par le WWF.
En réponse à une question sur
Les entreprises qui se sont exprimées les risques d’une approche
ont réalisé un travail important sur trop culpabilisante de
l’approvisionnement, même s’il l’environnement que pourrait induire
existe une problématique sur les l’empreinte écologique, il est rappelé
labels. Elles ont également travaillé que le rôle du WWF est de monter
sur l’éco-conception, la proximité et des programmes et d’envisager des
l’innovation. scenarii possibles.
Autre élément marquant à retenir : Selon le WWF, il faut notamment
l’affichage environnemental., à que le consommateur, servile
l’image de l’électroménager où dans une société de consolation,
les classes peu performantes se transforme en citoyen
écologiquement ont quasiment « consom’acteur », tout en gardant
disparu. de la place pour la Nature, qui est
aussi une source de spiritualité.
L’affichage environnemental montre
que si on donne un signal fort aux Les entreprises qui s’engagent pour
entreprises via le consommateur, la biodiversité développent une
celles-ci ont une capacité à s’adapter. relation basée sur la confiance, la
sincérité, et l’authenticité avec leurs
Le véritable problème actuel est le clients.
peu d’attention porté à la terre, à la
biodiversité du sol. Un hectare de En référence à Saint Exupéry qui
terre comprend pourtant 4 tonnes disait : « Tu n’as pas à prévoir
de micro organismes avec 1 millard l’avenir, mais juste à le permettre »,
d’individus au gramme. il faut préparer le changement
culturel.
32. Conclusion de Gilles Mahé
Vice-Président de Angers Loire Métropole et Adjoint à l’environnement de la
Ville d’Angers
La biodiversité, c’est lesquels il faut imprimer une gestion Des explications sont importantes
l’affaire de tous qui soit complètement en rupture pour aller vers une plus grande
avec la gestion antérieure exercée acceptabilité des changements
Le développement durable et sur ces espaces. et une appropriation par l’action
notamment la biodiversité, c’est Chaque collectivité le fait à son individuelle.
bien l’affaire de tous : l’affaire des rythme. Angers Loire Métropole, par
collectivités locales, l’affaire des exemple, s’est fixé l’objectif « zéro Au-delà des espaces emblématiques
entreprises, (vous en avez été ici phytosanitaire » à la fin du mandat. sur lesquels la collectivité
l’expression et en avez traduit communique, l’action de la
la détermination) et l’affaire de Au-delà du slogan, il s’agit de collectivité locale doit pouvoir
l’ensemble des concitoyens… permettre aux services techniques motiver les habitants pour qu’ils
de répondre à cette commande agissent sur les espaces privés,
La collectivité locale a (techniques de gestion différenciée, nombreux sur le territoire (jardins
types de végétaux à utiliser…) privatifs...).
une responsabilité sur
la biodiversité par ses Pour y arriver, la collectivité est
La collectivité locale
compétences en matière obligée de travailler avec d’autres
comme animateur des
d’aménagement du acteurs tels que les jardineries par
acteurs du territoire sur les exemple.
territoire
questions de biodiversité
La collectivité, en plus des réponses
Compétente en matière
La collectivité locale doit également techniques qu’elle apporte, a ainsi
d’aménagement du territoire, la
prendre en compte la nécessité de ce rôle d’animateur des différents
collectivité locale se doit d’inscrire
la compréhension de ces nouvelles acteurs du territoire.
dans les documents d’urbanisme
dimensions par le public.
des enjeux de son territoire (SCOT,
En effet, l’aspect visuel des espaces La collectivité locale et sa
PLU…).
change et la perception d’un espace
responsabilité vis-à-vis
public « soigné » ne peut plus être la
Aujourd’hui la biodiversité doit donc de la biodiversité en tant
même.
être complètement intégrée dans
qu’acheteur public
ces démarches avec des diagnostics
Parallèlement à ses choix politiques,
le plus exhaustifs possible,
la collectivité locale se dote En tant qu’acheteur public, à travers
l’intégration de la trame verte et
d’outils pour déployer un ensemble la dynamique de la mise en œuvre
bleue, l’intégration des corridors
d’accompagnement (sensibilisation, de sa politique d’achat, la collectivité
écologiques…
information... ), tel que, à Angers, locale peut agir en faveur de la
le Muséum d’Histoire Naturelle, biodiversité.
Les collectivités locales gèrent
la Maison de l’Environnement,
également un certain nombre
des réunions organisées dans les Le code des marchés publics qui
d’espaces urbains végétalisés sur
quartiers… permet, en effet d’intégrer, dans
33. les appels d’offre, des critères qui Quelques mots des sur leur environnement immédiat,
ne sont plus « le moins disant », elles sont plusieurs, quelque soit leur
auditeurs du CHEDD
mais des critères qualitatifs (article taille, a avoir décidé de s’impliquer
53 pour la dimension sociale et a avoir mis en œuvre des actions
Afin de produire suffisamment sans
et article 14 pour la dimension concrètes, comme le montrent les
prélever dans la nature plus que ce
environnementale). témoignages présentés lors de la
qu’elle est capable de produire et de
conférence.
recycler, il est devenu nécessaire de
Les fournisseurs doivent être au
synchroniser les cycles économiques
fait de cela et comprendre que la
et écologiques.
commande se modifie avec des
exigences en matière d’impact des
Le travail d’exploration conduit par
produits, mais aussi des exigences
les auditeurs du CHEDD pour la
sur la manière dont l’entreprise
préparation de cette conférence leur
s’organise…
a permis de découvrir l’urgence de
ce sujet, les approches possibles et
Les critères RSE sont des critères
l’engagement existant d’ores et déjà
qui vont être intégrés. Dans le
par plusieurs entreprises.
Grand Ouest, une association a été
constituée pour définir les besoins
Que ce soit par une gestion
des collectivités et travailler avec
responsable de leurs
les fournisseurs pour aller vers
approvisionnements, par une
une adéquation entre l’offre et la
réduction de l’impact de leurs
demande.
activités ou par une action délibérée
34.
35. Remerciements
Les auditeurs du CHEDD tiennent à
remercier tous les intervenants qui
ont accepté de consacrer du temps
à partager leurs connaissances et
témoigner de leurs expériences lors
de cette conférence, ainsi que les 4
écoles – Ecole Supérieure d’Angers,
Ecole des Mines de Nantes, Ecole
Centrale de Nantes, Audencia –
et leurs enseignants qui les ont
accompagnés tout au long de la
préparation.
Réalisation : Pascale Robinet, Hugo Ponce, Jérôme Jumel, Florence Albert