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Par Hubert Jouan
Directeur : Maurice Porchet
M2EGEDD Année 2009-2010
2
Je tiens tout d’abord à remercier le cabinet de consultants I Care
Environnement, et plus spécifiquement, Guillaume Neveux et Benjamin
Lévèque, qui m’a offert l’opportunité d’étudier cette question : vos
ressources, vos encouragements et vos conseils me sont très précieux.
Je remercie, également, Monsieur Maurice Porchet, mon directeur de
mémoire, et professeur de Biologie, qui m’a enseigné les bases théoriques
nécessaires pour la poursuite sereine de mes recherches, Monsieur
Jérôme Foncel, professeur d’Economie des Risques, qui a pris le temps de
m’accompagner dans la lecture de rapports sur l’économie de la
biodiversité, et l’ensemble de l’équipe pédagogique du Master Economie
et Gestion de l’Environnement et Développement Durable, de l’Université
de Charles De Gaulle, Lille 3 pour les notions enseignées durant l’année,
qui m’ont été utiles pour le bon déroulement de mon étude.
3
La biodiversité c’est l’ensemble des êtres vivants, interagissant entre eux,
au cœur d’habitats très diversifiés. La biodiversité et les services que la
nature nous rend gratuitement (ex : pollinisation) s’érodent : la crise
d’extinction constatée était peu audible au début de l’année 2010.
Les instances publiques et les entreprises, grâce aux efforts synergétiques
des associations, des scientifiques, mobilisés grâce à l’Année
Internationale, organisée par les Nations Unies, 2010 : Année de la
biodiversité, commencent à comprendre l’urgence d’agir, et quels efforts
il est urgent de mettre en œuvre pour enrayer ou, tout du moins, freiner
ce phénomène.
L’Entreprise a des interactions avec son environnement, et avec la
biodiversité. Les dommages sur celle-ci peuvent être sources de risques
pour la pérennité de l’activité de l’Entreprise, la conservation des services
écologiques peut être source d’opportunités.
Les moyens pour intégrer la biodiversité sont déjà là, parfois naissants,
mais toujours en démarche de progrès. Il est urgent d’agir, si l’on veut
préserver le bien-être de notre génération et de celles à venir.
4
Partie N°1 : Etat des lieux de nos connaissances sur la
biodiversité et la crise d’extinction actuelle
I Un regard sur la nature qui a changé
A) Comment le naturalisme s’est-il détaché du Grand Inventaire
de l’Œuvre du Créateur ?
B) La contribution de la théorie évolutionniste
C) Une nouvelle perspective permise par le fonctionnalisme
II L’évaluation de l’état de santé de la biodiversité
A) L’état des lieux global de la biodiversité
 L’importance des inventaires
 L’ensemble de la diversité biologique est menacé
 Les menaces qui pèsent sur la diversité des habitats
 Les menaces qui pèsent sur la diversité végétale et
animale

B) L’état de la biodiversité européenne
C) L’état de la biodiversité en France
 La responsabilité de la France
 L’état de la biodiversité remarquable, protégée par la
Directive Habitats, en France
5
III L’étude des causes de l’érosion de la biodiversité
A) La dégradation, la fragmentation, la perte des habitats
 L’explication du phénomène
 Les espèces particulièrement sensibles à ces phénomènes
B) Le changement climatique
 Une explication du phénomène encore délicate
 La fragmentation des habitats aggrave le phénomène
normalement compensable du changement climatique
 Le changement climatique favorise le maintien des
espèces invasives sur le territoire
 Les espèces particulièrement sensibles au changement
climatique
 Création d’un indicateur européen mesurant l’impact des
changements climatiques sur les êtres vivants du
continent
 Un impact sur les milieux marins encore incertain
 Le changement climatique va menacer une grande
quantité d’espèces
 Les espèces peuplant les régions polaires et tropicales
sont d’ores et déjà touchées, et seront les plus affectés
dans l’avenir
 Impact sur les espèces incapables de migrer, de
s’adapter
C) La dissémination d’espèces envahissantes ou invasives
 L’explication du phénomène
 Distinction entre espèce envahissante et espèce invasive
 Il existe différents types d’espèces invasives
 L’étude des causes de leur prolifération
6
 Les espèces et les habitats particulièrement sensibles à la
prolifération des espèces invasives
 Apparition fréquente dans les milieux endommagés par
les activités humaines
 Apparition dramatique dans les espaces insulaires
 Les espaces littoraux et lacustres sont fréquemment
touchés par les espèces invasives
 Les espaces naturellement variés sont particulièrement
touchés par les espèces exotiques
D) La surexploitation des ressources naturelles
 Les différentes formes d’exploitation, fonction des
objectifs :
 La consommation par la chasse, la pêche ou la
cueillette
 La commercialisation
 Les collections
 Les craintes ou superstitions
 Les espèces les plus touchées par la surexploitation
 Les espèces marines sont particulièrement
menacées.
Partie N°2 : Les raisons pour lesquelles une entreprise
française doit intégrer la conservation de la biodiversité et
des services écologiques dans sa stratégie de
développement
I Les interactions de l’entreprise avec la biodiversité et les
services écologiques
A) La protection des écosystèmes au service de la conservation
de la biodiversité
B) Les interactions de l’entreprise avec les écosystèmes
7
 Comprendre le fonctionnement d’un écosystème
 L’importance de la conservation des écosystèmes pour les
entreprises
 Découverte de l’importance du capital naturel pour l’activité
économique
 L’évaluation économique des services rendus par les
écosystèmes
 La biodiversité est source d’opportunités et de risques pour
l’entreprise
 Quels sont les services écologiques ?
 Quel est l’état des lieux des services écologiques
II La pression publique demande aux entreprises de s’investir sur
cette question
A) Un effort institutionnel insuffisant
 Quels ont été les efforts mis en œuvre.
 La Convention pour la Diversité Biologique et la Convention
CITES
 La Directive Habitats, la Directive Oiseaux
 Directive Responsabilité Environnementale
 La Stratégie Nationale pour la Biodiversité et le Grenelle de
l’Environnement
 Un échec relatif des efforts institutionnels
 Malgré cette mobilisation, les multiples menaces pesant sur
la biodiversité persistent.
 A l’échelle globale
 A l’échelle régionale
 A l’échelle locale
8
 Les raisons d’espérer
 La Conférence de Nagoya est préparée activement :
- La 6e
conférence de Trondheim
- La Conférence de Libreville, septembre 2010
- Les préparatifs de l’Union Européenne
- La création de l’IPBES
- Mise en place de nouveaux outils
 Les inventaires :
 Financement de nouveaux projets
B) Pression sociale
 Réalisation d’un sondage TNS-Sofres en mai 2010, à destination des
citoyens français
 Réalisation d’un sondage Eurobaromètre le 9 avril 2010 à destination
des citoyens européens
 Organisation de colloques, de conférences, d’une université d’été
III L’entreprise doit respecter la réglementation
A) Le respect de la réglementation européenne
 La directive Responsabilité Environnementale (2004)
 La directive Habitats
B) Le respect de la réglementation française
• Les principales lois françaises en matière de protection de la biodiversité
• Le durcissement des réglementations
9
Partie N°3 : Les moyens, à la disposition de l’entreprise,
pour comprendre et intégrer la biodiversité et les services
écologiques dans sa stratégie de développement.
I Mise en place d’un audit interne
A) L’indicateur d’interdépendance de l’entreprise à la
biodiversité (IIEB)
B) L’Evaluation des Services Rendus
C) L’Evaluation Biodiversité de l’Entreprise
II Recours aux indicateurs
A) Les indicateurs au service de l’entreprise
 Les indicateurs d’état, à paramètre unique
 L’étude de l’abondance d’une espèce, d’un groupe d’espèces
(groupe fonctionnel)
 Les indicateurs d’état composites, ou multiples
 Les indicateurs d’état-pression-réponses
B) Les limites des indicateurs
C) Les indicateurs en développement
 Projet de caractérisation des fonctions écologiques par le CGDD
 L’étude des fonctions et des services écologiques par le MEA-
France
10
En marge du Sommet de Copenhague, en décembre 2009, le président de la 9e
Conférence des Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (COP-9) a annoncé qu’un
cinquième des espèces animales et végétales étaient menacées de disparition si rien n’est
fait pour limiter le réchauffement climatique. Derrière la crise du climat s’en profile une
autre, moins visible mais tout aussi grave, celle de l’extinction des espèces, celle de la
biodiversité.
La biodiversité recouvre l’ensemble des formes de vie sur Terre (faune, flore, milieux
naturels, l’espèce humaine) ainsi que les relations établies entre elles. C’est la diversité
biologique, la diversité du vivant.
Elle se décline en trois niveaux : la diversité génétique (la diversité des caractères génétiques
au sein d’une même espèce), la diversité spécifique (les différentes espèces), la diversité
écologique (les différents milieux). Pour illustrer cette définition, Franck Courchamp,
directeur de recherche au CNRS a pensé à l’image de la toile d’araignée. En effet, les espèces
sont liées les unes aux autres par des liens qui tissent une véritable toile d’araignée. Si on
retire un lien, le reste de la toile peut se maintenir, mais si on retire trop de fils, un pan de la
toile risque de s’effondrer.
Les différents acteurs œuvrant pour la conservation de la biodiversité distinguent la
biodiversité dite ordinaire de celle dite remarquable : il existe un débat sur le bien-fondé
d’une telle distinction puisqu’aucune espèce n’a de valeur intrinsèque supérieure à une
autre. En revanche, les décideurs politiques considèrent qu’une espèce, à partir du moment
où ses effectifs sont restreints, ou menacés, est plus remarquable qu’une autre.
La biodiversité est le résultat d’une double-dynamique : le patrimoine génétique de chaque
espèce évolue au contact du milieu qui l’héberge. Et le milieu change lui aussi. Ces
évolutions sont des phénomènes lents, alors, si le milieu change trop vite, une espèce peut
disparaître faute d’avoir pu s’adapter. Présente dans tous les milieux (air, terre, mer) la
biodiversité s’adapte aux conditions d’existence les plus rudes : elle est présente dans les
milieux les plus inhospitaliers, comme les abysses océaniques. Si la disparition des espèces
est un processus naturel, maintes fois observée et parfois nécessaire, aujourd’hui, le rythme
de dégradation des écosystèmes, de la perte de la biodiversité animale et végétale s’est
accélérée (100 à 1000 supérieur à la normale). Son rythme est tel que certains experts
craignent qu’une « sixième extinction massive » des espèces soit en marche, la dernière
ayant vu la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Elle est globale, et devrait
mobiliser l’ensemble des acteurs de nos sociétés, puisque l’homme est responsable de ce
phénomène ; mais il n’en est rien : en effet cette crise est inaudible car « l’homme n’a pas
encore compris sa dépendance à l’égard de la biodiversité », estime Mme Jouanno,
secrétaire d’état à l’écologie, alors qu’il s’agit d’un enjeu crucial sur des problématiques
telles que l’alimentation, la santé, ou encore l’approvisionnement en eau potable pour
l’homme. Le bien-être de notre société et l’activité prospère des entreprises ne sont
possibles que grâce aux services offerts par la nature.
11
Le caractère dramatique de la crise de la biodiversité est qu’il est difficile de la mesurer : un
indicateur façonné, à l’origine, pour une échelle, une espèce, un habitat en particulier est
très difficilement transposable à une autre échelle, une autre espèce, ou un autre habitat.
De plus le caractère infongible de la biodiversité et des services qu’elle nous offre rend la
définition de valeurs économiques très délicate, éthiquement et contestable,
techniquement. La biodiversité est considérée par une majorité de naturalistes, écologistes,
scientifiques comme possédant une valeur intrinsèque, c’est-à-dire qu’on ne peut lui
accorder de valeur monétaire, qui la rendrait ainsi potentiellement substituable aux autres
capitaux dont dispose une entreprise ou un Etat (concept de durabilité faible).
Face à tant d’obstacles méthodologiques, comment une entreprise peut-elle être
convaincue qu’il est dans son intérêt, et qu’il est possible, d’intégrer la conservation de la
biodiversité et des services écologiques dans sa stratégie de développement ? La thèse
présentée ci-après veut démontrer qu’il est possible pour une entreprise d’identifier ses
interactions avec son environnement naturel, et d’intégrer la conservation de la biodiversité
et des services écologiques dans sa stratégie de développement, cela afin de révéler de
nouvelles opportunités économiques.
L’état de nos connaissances, sur la biodiversité et la crise d’extinction actuelle, conditionne
la capacité de l’entreprise à la prendre en compte de la meilleure manière qui soit. De
nombreuses raisons amènent, aujourd’hui, l’entreprise à s’investir sur cette
problématique. Des outils d’évaluation des interactions de l’entreprise existent, ou sont en
cours de développement.
12
13
Partie N°1 : Etat des lieux de nos connaissances sur la
biodiversité et la crise d’extinction actuelle
I Un regard sur la nature qui a changé
A) Comment le naturalisme s’est-il détaché du Grand Inventaire
de l’Œuvre du Créateur ?
Lorsque Linné publie, en 1758, sa dixième édition de Systema Naturae, le naturalisme
perçoit l’inventaire du Vivant comme l’étude du plan du Créateur. Cette conception est
fixiste : elle développe l’idée selon laquelle l’œuvre du Créateur est immuable depuis sa
création. Linné décrit 6.000 espèces végétales, principalement terrestres, et 4.400 espèces
animales, dont un tiers de vertébrés. Le principal apport de cette conception est la
démarche de classer les espèces inventoriées d’une manière binomiale : le nom du genre,
puis de l’espèce.
L’inventaire du Vivant s’affranchit progressivement de cette dimension métaphysique. Ce
projet de grand inventaire a motivé les efforts de nombreux naturalistes au XIXe et au XXe
siècle pour aboutir aujourd’hui au chiffre de 1.8 million d’espèces décrites. Considéré
comme terminé, le Grand Inventaire n’a plus su mobiliser autant les naturalistes. Il faut
attendre les années 1960, et le développement de techniques d’exploration plus
systématiques de certains écosystèmes (forêt tropicale, abysse océanique) pour comprendre
que le nombre d’espèces encore à découvrir et à comprendre est considérable. Les groupes
des vertébrés, des plantes terrestres sont facilement observables et ne représentent pas ce
qu’il reste à découvrir : principalement des invertébrés, des micro-organismes.
B) La contribution de la théorie évolutionniste
Les Encyclopédistes ont eu l’intuition que les espèces actuelles n’étaient pas immuables
mais représentaient un « arrêt sur image », c’est-à-dire l’expression de la dynamique du
Vivant à un instant donné. Des naturalistes, comme Charles Darwin, ont introduit deux
concepts :
- La diversité au sein des espèces est d’une importance cruciale : Darwin postule que la
variation entre les espèces se construit sur le long terme à partir de la variation au sein de
ces espèces. La diversité génétique, depuis lors, apparaît comme le moteur de la capacité
d’adaptation et d’évolution des espèces.
14
- L’inventaire des espèces, du fait de la dynamique évolutive, est délicat à réaliser : certaines
espèces peuvent avoir divergé très récemment, et être donc similaires, alors que d’autres
auront une divergence évolutive forte et ancienne. Le groupe des insectes évolue très
rapidement, tandis que le groupe des mammifères évolue lentement. De plus, les critères
permettant de considérer un groupe d’entités biologiques comme une espèce distincte ne
font pas forcément l’objet d’un consensus de la communauté scientifique.
C) Une nouvelle perspective permise par le fonctionnalisme
Une nouvelle approche, l’Ecologie Fonctionnelle a permis de mieux comprendre le
fonctionnement de l’écosystème et le rôle qu’y jouaient les différents organismes vivants.
Un écosystème recouvre l'ensemble des espèces de faune et de flore vivant dans un
environnement physique déterminé et interagissant entre elles. Cet ensemble forme une
unité écologique fonctionnelle dynamique. Plusieurs avancées ont fait de l’étude de la
biodiversité et des services écologiques ce qu’elle est aujourd’hui :
- La compréhension des déterminants, notamment environnementaux, est
fondamentale pour expliquer la répartition des êtres vivants sur la planète. L’un des actes
fondateurs de cette vision est la carte de l’étagement de la végétation sur les flancs du
volcan Chimborazo. Plus récemment, la prise en compte de la dimension historique des
peuplements des écosystèmes est venue moduler ces approches strictement déterministes.
- Les interactions fonctionnelles de tous ordres entre les espèces, sont liées à de
multiples échanges. Les échanges alimentaires assurent la circulation de l’énergie au sein de
l’écosystème et échangent des signaux physiques et chimiques qui vont conférer à un
écosystème des propriétés spécifiques et émergentes. Cette notion d’émergence signifie
que ces propriétés ne peuvent être prédites à partir de la connaissance, même fine, de la
biologie de chaque espèce et ne résultent pas de la simple addition des activités propres à
chacune de ces espèces. Sans utiliser le terme de « super-organisme » il est clair que
l’ensemble du peuplement biologique d’un écosystème constitue un système biologique
intégré et original : la même espèce dans deux écosystèmes différents pourra avoir des
caractéristiques biologiques sensiblement différentes, par exemple en terme de résistance
aux maladies. Outre la nécessité de décrire ce nouveau niveau d’organisation du vivant, ce
constat amène à la nécessité de préserver globalement ces ensembles que sont le « tissu du
vivant » au sein de leurs écosystèmes et non pas seulement leurs composantes
indépendamment et en dehors de ces écosystèmes.
L’Ecologie Fonctionnelle, en se proposant d’identifier le rôle que joue chaque espèce au sein
d’un écosystème, est amenée à regrouper des espèces jouant un rôle similaire, et nous
amène à revenir sur l’utilisation des espèces comme métrique de la biodiversité. Ces
15
« groupes fonctionnels » peuvent rassembler des espèces très proches sur un plan évolutif
(différentes espèces d’oiseaux dans une forêt) ou au contraire appartenant à des lignées
évolutives très différentes (les sauterelles et les moutons consomment tous les deux l’herbe
dans une prairie). Une relative redondance fonctionnelle existe entre les espèces du même
groupe fonctionnel : alors si une espèce venait à disparaître, une autre espèce remplissant
les mêmes fonctions qu’elle, pourrait la remplacer ; les services rendus par l’écosystème ne
s’en trouveraient pas ou peu altérés. Une fonction clé peut aussi être endommagée si
l’espèce disparue avait une fonction bien spécifique et singulière dans l’écosystème.
II L’évaluation de l’état de santé de la biodiversité
A) L’état des lieux global de la biodiversité
 L’importance des inventaires
En ce début de 21e siècle, l’inventaire des espèces qui constituent le tissu vivant de
notre planète est loin d’être terminé. Les scientifiques découvrent encore tous les jours de
nouvelles espèces (10 000 espèces supplémentaires sont identifiées chaque année), dans
toutes sortes de milieux et de régions géographiques. Mais une grande partie des espèces
pourrait disparaître d’ici la fin du siècle, avant même d’être découvertes par les chercheurs.
Ceux-ci sont donc confrontés à un immense défi : accélérer l’inventaire des compartiments
méconnus et négligés de la biodiversité.
Aujourd’hui, la communauté scientifique a inventorié l’existence d’1,8 million d’espèces,
dont 1,4 million appartenant au règne animal et 350 000 au règne végétal. 95 % des
vertébrés et 85 % des plantes vasculaires ont été décrites. La communauté scientifique
estime le nombre d’espèces totales présentes sur Terre entre 8 et 30 millions et découvre
chaque année plusieurs milliers d’espèces. 230 000 espèces marines sont recensées (Etude
Census of Marine Life). Toutefois, des experts estiment le nombre d'espèces de petits
invertébrés vivant dans les grands fonds océaniques à 10 millions, et certains avancent le
chiffre de 100 millions simplement pour le nombre de nématodes (des vers).
Par exemple, en juillet 2010, ont été présentés les résultats de
l’inventaire All Taxa Biodiversity (ATBI), entrepris dans le Parc du
Mercantour : 11 nouvelles espèces ont été découvertes, un charançon
(coléoptère), 7 invertébrés aquatiques souterrains (des crustacés
vivant dans les sédiments des rivières) et 3 collemboles (des insectes
de l’ordre du millimètre). Ces nouvelles espèces sont loin d’avoir livré
tous leurs secrets. Trouvé dans l’obscurité d’une grotte, le charançon
Charançon Trachyphloeus lecciae
16
n’est pas aveugle, comme s’y attendaient les scientifiques. Les
crustacés sont dépourvus d’yeux, mais munis d’antennes servant à
percevoir leur environnement. Ils seraient susceptibles de vivre une
quarantaine d’heures sans oxygène et deux cents jours sans
nourriture.
 L’ensemble de la diversité biologique est menacé
 Les menaces qui pèsent sur la diversité des habitats
Les écosystèmes les plus en danger sont les grandes forêts tropicales qui abritent
plus de la moitié des espèces animales et végétales du monde, car elles ont été protégées
des périodes de glaciation. Beaucoup d’espèces endémiques, à savoir que l’on ne trouve que
dans ces milieux, y sont présentes en grand nombre.
La forêt tropicale de Bornéo, par exemple, possède l’une des plus riches biodiversités ;
celles-ci sont avant tout des micro-organismes, des végétaux, des invertébrés. Pour preuve,
depuis 2007, 123 nouvelles espèces ont été répertoriées dans le cadre du projet Heart of
Borneo du WWF. Ce recensement a permis de découvrir 29 invertébrés, 17 poissons, 67
plantes, 5 grenouilles, 3 serpents, 5 reptiles.
Malheureusement, les forêts tropicales connaissent une forte pression : elles sont exploitées
intensément par l’Homme. Selon la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture
des Nations Unies), 13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année (la surface
de l’Angleterre).
En outre, une étude de l’université de Stanford (Californie), menée par Greg Asner, suggère
que, d’ici 2100, le changement climatique et la déforestation pourraient avoir causé la
disparition de deux tiers des forêts tropicales d’Amérique du Sud. En Afrique, ce sont 70%
des forêts qui pourraient mourir, et 80% de la biodiversité de la région amazonienne serait
obligée de s’adapter ou de disparaître. L’étude est une première car, auparavant, aucune
projection sur l’adaptation des écosystèmes tropicaux n’avait été réalisée. Selon l’amplitude
du réchauffement, seulement 18 à 45% des plantes et des animaux des forêts tropicales
resteraient tels que nous les connaissons aujourd’hui.
D’après le rapport de la Convention pour la Diversité Biologique (CBD) Perspective mondiale
de la diversité biologique, publié en mai 2010, les pertes annuelles attribuables au
déboisement et à la dégradation des forêts peuvent varier de 2 milliards $US à 4,5 milliards
$US. Ces pertes peuvent être évitées en n’investissant que 4,5 milliards $US : un
investissement qui procure un rendement cent fois plus grand.
Les zones humides sont un espace de transition entre la terre et l’eau et constituent
un patrimoine naturel extraordinaire en raison de leur richesse biologique.
17
Elles recouvrent 6% de la planète. 35% des espèces rares et en danger trouvent refuge dans
les zones humides. En Europe, 50% des zones humides ont disparu ces 50 dernières années.
En France, 67% des zones humides ont disparu depuis le début du 20e
siècle (CGDD – Etudes
& Documents n°23 – Services écologiques des zones humides – juin 2010).
Les récifs coralliens ne représentent que 0,6% de la surface des océans mais ils
abritent près de la moitié des espèces marines. Mieux que cela, les coraux constituent de
véritables berceaux pour la vie marine, affirment aujourd’hui des chercheurs du Muséum
d’Histoire Naturelle de Berlin dans la revue Science. C’est en effet là que sont apparues de
nombreuses espèces. Ces milieux sont soumis à une forte pression qui stresse les coraux et
conduit à leur blanchiment puis à leur mort. Les coraux fournissent 120 milliards d’euros de
« services » à l’humanité chaque année au niveau mondial. Malgré tout, d’après le Millenium
Ecosystem Assessment (2005), 20% des récifs de corail dans le monde ont été détruits et
20% ont été dégradés ces dernières décennies.
 Les menaces qui pèsent sur la diversité végétale et
animale
Le rapport publié tous les quatre ans par l’UICN, Liste Rouge, a dressé, en 2009, un
bilan inquiétant de l’état de la biodiversité mondiale. Celui-ci analyse un échantillon de 2,7 %
représentatif des 1,8 millions d’espèces différentes recensées.
D’après le rapport Liste Rouge, dans le monde, 20% des 5487 mammifères de la planète sont
aujourd’hui menacés d’extinction ; à titre de comparaison depuis l’année 1500, seules 76
espèces se sont éteintes, et la situation pourrait s’avérer pire car il manque des données
pour plus de 800 espèces.
59% des amphibiens, 42% des reptiles d’Europe, 12,5% des oiseaux, 40% des poissons
d’eau douce sont également en déclin.
La diversité biologique a diminué de 27 % entre 1970 et 2005, selon le rapport du WWF 2010
and Beyond: Rising to the Biodiversity Challenge, qui présente les dernières données de
l'indice Planète Vivante.
De plus, le WWF a publié une liste des dix espèces les plus menacées, en janvier 2010.
Celles-ci, ainsi que beaucoup d’autres espèces, se trouvent bien plus à risque qu’auparavant
du fait de la perte de leurs habitats, du braconnage et des menaces liées aux changements
climatiques.
Les tigres, les ours polaires, le morse du Pacifique, les tortues luths ou encore le gorille des
montagnes figurent sur cette liste. « Nous disposons cette année d’une fenêtre d’opportunité
au moyen de laquelle nous allons pouvoir prendre les devants et sauver quelques animaux,
parmi les plus splendides de la planète, de l’extinction », déclare Dr Richard Dixon, directeur
18
du WWF Ecosse. Le rhinocéros de Java, le papillon monarque, le thon rouge et le manchot
de Magellan font également partie des espèces les plus menacées.
Source : UICN
19
B) L’état de la biodiversité européenne
Un rapport publié par la Commission Européenne, le 13 juillet 2009, a dressé un état
des lieux de la biodiversité remarquable de l’Union Européenne : plus de 1180 espèces et
216 habitats protégés par la législation communautaire (Directive Habitats de 1992).
Le rapport relève un manque d’information de certains membres, puisque sur l’ensemble
des évaluations, 13% des habitats et 27% des espèces ont abouti à un état de conservation
« inconnu ». Il couvre la période 2001-2006. Au total seuls 17% des espèces et des habitats
protégés par la Directive Habitats sont en bon état de conservation.
D’après le rapport, en Europe, 42% des mammifères, 43% des oiseaux, 45% des papillons,
mais aussi 30% des amphibiens, 45% des reptiles, 52% des poissons d’eau douce sont
menacés d’extinction.
Point positif, cependant, certaines espèces telles que le loup, le lynx d’Eurasie, le castor, la
loutre commencent à recoloniser leur territoire traditionnel : les pressions négatives, comme
la chasse et la pollution ont été réduites. En outre, les zones de protection Natura 2000 ont
continué de progresser légèrement, pour atteindre 17,6 % du territoire de l'Union en 2009.
De plus, commandée et financée par la Commission Européenne, la dernière Liste
Rouge européenne dresse un bilan accablant de la situation des libellules, coléoptères et
papillons d’Europe. Ce constat établit que les régions concernées devront mettre en œuvre
des politiques de conservation, vitales à la préservation de l’espèce.
Si nombre des 6000 espèces étudiées sont en danger, c’est essentiellement du fait de la
destruction de leurs habitats naturels, des changements climatiques, des incendies de forêt
et du développement du tourisme. Par exemple, coutumiers des régions d’Europe
méridionale, 31 % des espèces de papillons affrontent un grave déclin. Les experts de l’UICN
dressent un constat encore plus alarmant pour 9 % des 435 espèces étudiées qui sont déjà
au stade critique de la menace d’extinction. La situation pourrait même être pire encore
pour une espèce, celle de la piéride du chou de Madère, que l’on estime en danger critique
d’extinction étant donné qu’elle n’a pas été aperçue sur l’île portugaise depuis plus de 20
ans.
20
C) L’état de la biodiversité en France
 La responsabilité de la France
Zone Economique Exclusive de la France (DIREN, Bretagne)
D’après le rapport de l’UICN Liste Rouge de 2009, la France porte une responsabilité
de premier plan aux niveaux mondial et européen pour enrayer l’extinction de la
biodiversité.
La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans trois océans. Notre
pays abrite 10% des récifs coralliens mondiaux. C’est le deuxième domaine maritime du
monde, avec 11 millions de km².
Preuve de l’incroyable richesse de l’île de la Réunion, début août 2010, une vaste surface de
l’île a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La France métropolitaine rassemble, à elle seule, la moitié des zones de grande diversité en
Europe. La France occupe, aussi, la première place, en Europe, pour la diversité des
amphibiens (38 espèces), des oiseaux (357 espèces) et des mammifères (120 espèces).
Les Terres Australes et Antarctiques françaises abritent les communautés d’oiseaux marins
les plus diversifiées du monde.
778 espèces mondialement menacées sont présentes sur son territoire. Elle se situe au 8e
rang des pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales menacées
dans le monde. Cette situation est due principalement aux collectivités françaises d’Outre-
Mer qui se trouvent presque toutes situées sur des « points chauds de la biodiversité ». Les
Caraïbes, l’Océan Indien, la Polynésie-Micronésie, la Nouvelle-Calédonie, ayant perdu au
moins 70% de leurs habitats naturels originels.
En France métropolitaine 1 espèce de poisson d’eau douce sur 5 est menacée de
disparition. 36% des mammifères, 18% des oiseaux nicheurs sont menacées de disparition
21
en France. Le pays a perdu 30% de ses prairies en 30 ans, 75% des rivières contiennent des
pesticides, la moitié du territoire est pollué par les nitrates.
 L’état de la biodiversité remarquable, protégée par la
Directive Habitats, en France
La première évaluation de la directive Habitats publiée par le Service d’observation et des
statistiques de l’environnement (SOeS), en avril 2010, pour la période 2000-2006, révèle que
plus de 50 % des espèces et près de 75 % des habitats, parmi les plus menacés d’Europe, ne
sont pas en bon état de conservation en France, premier pays européen abritant cette
biodiversité ( 1 habitat sur 6 et 1 espèce sur 5 d'intérêt communautaire sont en bon état de
conservation en France).
Les 3 états de conservation « favorable », « défavorable inadéquat », « défavorable
mauvais » sont établis en fonction de paramètres comme la surface estimée, la viabilité à
moyen terme des habitats, ou l’état de population et de leurs habitats pour les espèces.
La région atlantique qui correspond grossièrement à la moitié ouest de notre pays est la
région biogéographique la plus mal classée, avec 53 % d’habitats en mauvais état.
L’agriculture et l’urbanisation du littoral sont notamment pointées du doigt.
La région alpine (Alpes et Pyrénées) est en revanche celle qui regroupe la plus forte
proportion d’évaluations favorables, en France mais aussi en Europe.
Sur l’île de la Réunion, plus d'un tiers des poissons d'eau douce et près de la moitié des
crustacés sont en danger d'extinction et le quart des espèces d'oiseaux a déjà disparu, selon
le recensement de l'UICN publié le 1er juillet 2010, réalisé avec le Muséum national
d'Histoire naturelle et des organisations locales.
L’Apron du Rhône a connu une régression
de 90% de son aire de répartition historique
La tortue cistude est une espèce Quasi
Menacée d’après la Liste Rouge française
Roussette noire, chauve-souris la
plus menacée de la Réunion
22
Globalement, ce sont les habitats marins et côtiers, les dunes, les tourbières et bas-marais,
les habitats d’eau douce ainsi que les prairies qui sont les plus dégradés.
III L’étude des causes de l’érosion de la biodiversité
A) La dégradation, la fragmentation, la perte des habitats
 L’explication du phénomène
Elle constitue la principale cause d’extinction des espèces dans le monde, en
particulier les espèces aux répartitions géographiques restreintes.
La dégradation, la fragmentation et la perte des habitats peut être importante face à
l’urbanisation, à l’expansion des surfaces agricoles, la conception d’infrastructures linéaires
de transport, et aux pollutions qu’elles engendrent.
La fragmentation se manifeste lorsqu’un écosystème de large étendue est transformé par
l’action humaine en de nombreux fragments, de taille réduite, isolés spatialement.
La fragmentation des milieux naturels affecte la biodiversité selon 4 mécanismes :
- L’effet « mécanique » est la destruction de l’habitat par l’homme, qui se manifeste par
exemple par la déforestation. Un des effets les plus rapides et les plus évidents de la
fragmentation est l’élimination des espèces présentes seulement dans les parties du paysage
détruites. Puis, la disparition d’un certain nombre d’éléments, suite à la fragmentation, qui
était nécessaire à la survie de ces espèces peut engendrer une diminution (ou une
disparition) des espèces endémiques à la zone fragmentée.
- Une perturbation des processus de dispersion. Les espèces qui exigent une mosaïque
d’habitats (présence de plusieurs habitats différents) pour leur développement peuvent être
menées vers l’extinction si une barrière physique sépare un habitat des autres. De plus ces
espèces peuvent être mises en danger quand la fragmentation provoque la séparation d’une
grande population en plusieurs petites populations qui ne sont plus reliées entre elles et
dont les effectifs ne sont plus assez importants pour avoir une population viable. Ces
populations ne pourront pas survivre sur le long terme du fait de leur faible effectif, et du
fait de l’uniformité génétique que cela va induire qui les rendra plus sensibles aux conditions
extérieures.
- Une diversité d’habitats réduite avec des populations restreintes. La diversité des habitats
contribue à la diversité des espèces. Dans certains cas, les espèces exigent la présence d’une
diversité d’habitats pour vivre : un habitat lié à la nidification, un autre à l’alimentation, un à
23
la reproduction… Une réduction des potentialités d’habitats entraînera donc la disparition de
ces espèces. Un autre facteur devant être considéré est la taille des animaux. Une espèce de
grande taille nécessitant souvent un espace plus important pour sa survie, qu’une espèce de
petite taille. La fragmentation des milieux occasionnant la création de plusieurs fragments
de petite taille, le milieu deviendra donc défavorable aux espèces ayant besoin de grands
espaces.
- Un effet de lisière : on augmente la part représentée par la lisière dans l’écosystème en cas
de fragmentation. Des conditions écologiques spécifiques sont présentes dans l’écosystème
de lisière par rapport à la zone centrale : l’ensoleillement, le régime des vents ou encore le
régime de température vont varier. Ces conditions différentes entre la lisière et la zone cœur
induisent la présence d’une faune et d’une flore différentes. L’habitat initial sera par
conséquent dénaturé du fait de l’augmentation de l’effet de lisière, qui va altérer les patrons
locaux de diversité et la dynamique des populations. Un nouveau cortège d’espèces sera
donc présent sur cet espace au détriment de celui de l’espace cœur. Si ce dernier abrite des
espèces endémiques, la réduction de la surface de l’habitat peut mettre en danger ces
populations, et provoquer leur extinction.
 Les espèces particulièrement sensibles à ces phénomènes
Les espèces les plus sensibles sont les premières qui seront affectées par la
fragmentation. Une perte d’habitat va donc provoquer une diminution de la diversité
spécifique et un changement de la composition des communautés.
Ces espèces sensibles à la fragmentation sont :
- les espèces naturellement rares qui ont une faible densité de population ou une
distribution géographique limitée,
- les espèces qui ont une faible fécondité ou un cycle de vie court,
- les espèces ayant besoin d’une grande superficie d’habitat pour assurer une viabilité
de la population sur le long terme,
- les espèces ayant de faible capacités de dispersion, et qui ne pourront donc pas
rejoindre un habitat non fragmenté,
- les espèces qui ont besoin pour vivre de ressources présentes de manière
imprévisible,
- les espèces ne pouvant vivre que dans les espaces cœur (et donc pas dans les zones
de lisières)
- les espèces qui seront vulnérables aux prédateurs présents dans les zones de lisières,
- les espèces vulnérables à l’exploitation humaine.
La fragmentation des habitats par la création de routes peut également favoriser
l’exploitation des espèces, et donc leur extinction, en rendant accessibles à l’homme des
zones jusqu’à présent inaccessibles.
24
En outre, la fragmentation des habitats nuit à la capacité d’adaptation des espèces au
changement climatique.
Enfin, l’apparition d’espèces envahissantes autochtones ou allochtones peut profiter de la
dégradation, de la fragmentation, de la perte des écosystèmes.
B) Le changement climatique
 Une explication du phénomène encore délicate
Il est difficile d’isoler les impacts du changement climatique des autres pressions
subies par les écosystèmes et bien que la problématique soit très différenciée selon les
écosystèmes et les espèces, des signes de modification de la biodiversité attribuable aux
changements graduels induits par le changement climatique sont d’ores et déjà observables.
De nombreuses études sont entreprises pour déterminer le lien entre changement
climatique et érosion de la biodiversité. Celles-ci sont arrivées à plusieurs conclusions :
 La fragmentation des habitats aggrave le phénomène
normalement compensable du changement climatique
D’après une étude, réalisée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, l’avenir serait
moins sombre : la résilience des écosystèmes aurait été sous-estimée.
Les modèles actuels ne prendraient pas encore, correctement, en compte les effets des
facteurs locaux comme la topographie et les effets tampon des microclimats.
Leur synthèse des études récentes sur cette question met en évidence des contradictions
dans les résultats suivant l’échelle d’analyse des territoires choisis. Leur prise en compte de la
qualité des milieux avoisinants le territoire étudié est, d’autre part, insuffisante.
L’étude explique que nous devons nous attendre à voir des espèces migrer, être remplacées,
et former de nouvelles communauté. Le Pr. Kathy Willis explique que c’est la fragmentation
des habitats qui menacent le plus les espèces. En bloquant leur migration, cette
fragmentation les empêcherait de s’adapter aux variations climatiques et pourrait causer leur
disparition.
 Le changement climatique favorise le maintien des
espèces invasives sur le territoire
Selon une étude du Global Invasive Species Program (GISP), le changement climatique
25
favorise le maintien d’espèces sur un territoire qui leur était auparavant inaccessible.
Ce phénomène se produit dans tous les écosystèmes terrestre, marin, végétal, animal, micro-
organique. Lorsqu’elles sont installées, ces espèces, comme la dendroctone du pin
ponderosa, un insecte de la taille d’un grain de riz qui altère son écosystème et provoque une
mortalité généralisée des forêts de pins dans le nord-ouest du Canada, causent des
dommages extrêmement importants à leurs nouveaux environnements.
Plus proche de nous, en France, le nombre d’espèces de pucerons augmente : leur
développement est précoce (trois semaines) mais il est heureusement compensé, car, ceux-ci
sont les proies de nombreuses autres espèces comme les guêpes ou les coccinelles.
 Les espèces particulièrement sensibles au changement
climatique
 Création d’un indicateur européen mesurant l’impact des
changements climatiques sur les êtres vivants du
continent
Frédéric Jiguer, maître de conférences au MNHN, a participé à l’étude commandée
par la Commission Européenne, élaborant un nouvel indicateur montrant comment les
changements climatiques affectent les espèces vivantes à travers l’Europe. L’Union
Européenne considère cet indicateur comme une mesure officielle, le premier du genre.
L’indicateur de changement climatique combine deux jeux de données indépendants :
- des prédictions de distribution future basée sur des modèles dits d’enveloppe
climatique,
- des données sur les tendances européennes d’évolution des populations d’oiseaux
nicheurs, à l’instar de ce que fait le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) en
France.
Les résultats montrent que le nombre d’espèces touchées de manière négative est presque
trois fois plus grand que le nombre d’espèces qui bénéficient des changements climatiques.
L’impact se fait déjà sentir sur les oiseaux nicheurs d’Europe.
 Un impact sur les milieux marins encore incertain
Aujourd'hui, les observations indiquent que 84% du réchauffement du système
planétaire a eu lieu dans les océans.
De nombreux résultats attestent déjà d'une réponse des organismes marins vis-à-vis de
cette augmentation de température. Cependant, peu d'études ont été conduites sur les
conséquences du changement climatique global sur l'évolution de la biodiversité marine à
grande échelle spatiale.
Cette étude révèle ainsi qu'une augmentation de la biodiversité taxonomique pourrait, si elle
est généralisable à l'ensemble de l'océan mondial, altérer temporairement certaines
26
fonctions importantes pour l'homme (telles que la régulation du dioxyde de carbone et
l'exploitation des ressources marines). Cette augmentation, jamais constatée à une aussi
grande échelle spatiale, constitue l'empreinte d'un bouleversement structurel profond des
systèmes biologiques en Atlantique Nord en réponse à l'augmentation des températures.
Le réchauffement climatique des dernières décennies s'est accompagné d'une augmentation
de la biodiversité de plancton végétal et animal de l'océan Atlantique Nord et d'une
diminution de la taille moyenne de ces organismes.
Ces résultats ont été obtenus grâce au programme Continuous Plankton Recordersuit qui,
tous les mois, a étudié, depuis 1946, la présence et l'abondance de près de 450 espèces
planctoniques dans l'océan Atlantique Nord. Leurs analyses révèlent pour la première fois
que le réchauffement des températures s'est accompagné d'une augmentation de la
biodiversité de ces groupes planctoniques dans l'océan Atlantique Nord et d'une diminution
de 25 à 33% de la taille moyenne des copépodes, dont une centaine d'espèces peuple cette
partie de l'océan. La taille de ces organismes est en effet passée d'une moyenne de 3-4 mm
à 2-3 mm dans certaines régions situées à la limite entre les systèmes tempérés et polaires.
Les chercheurs montrent que cette modification structurelle des systèmes biologiques
pourrait entraîner une altération du puits de carbone en Atlantique Nord et une diminution
de la présence des poissons subarctiques tels que la morue.
 Le changement climatique va menacer une grande
quantité d’espèces
D’après une étude, coordonnée par les laboratoires du CNRS et du MNHN, publiée
dans le journal Global Change Biology, du mois d’octobre 2009, 20% de la biodiversité
végétale n’aurait pas été renouvelé en 10 ans. Ce phénomène s’expliquerait par le
changement climatique qui touche largement la Guyane avec une hausse des températures
27
de 2°C en 50 ans. Les très fortes années sèches s’avèrent de plus en plus fréquentes et ne
permettent plus le renouvellement normal des populations végétales.
Le rapport « Conservation pour une nouvelle ère », publié par l’UICN explique, dans le
chapitre consacré au changement climatique et à la biodiversité, que la menace est réelle.
A +2 degrés, « plus de 30 % des espèces seront menacées d’extinction » et « 15 % des écosystèmes
de la planète seront affectés ».
Une part importante des espèces non menacées d’extinction est sensible au changement climatique
(30% des oiseaux, 51% des coraux, 41% des amphibiens), le réchauffement pourrait à l’avenir
toucher gravement un plus grand nombre d’espèces sauvages.
Le saumon est menacé par la hausse de température de l’eau, qui réduit les niveaux
d’oxygène, accroit le risque de maladies, et nuit à leur capacité respiratoire.
Le koala est victime de malnutrition et ultimement meurt de faim car la qualité
nutritionnelle des feuilles d’eucalyptus diminue à mesure que le niveau de CO² augmente.
La tortue luth est affectée par la montée du niveau des mers, et l’accroissement de l’activité
des tempêtes du fait du changement climatique, qui détruit leur habitat. L’accroissement de
températures peut également mener à un accroissement de la proportion de mâles par
rapport aux femelles.
L’arbre aloe dichotoma, que l’on trouve dans le désert namibien, voit sa population
décroître, à cause de la sécheresse.
Le phénomène toucherait de manière indistincte tous les types de végétaux, laissant
supposer qu’il s’agit d’une crise écologique majeure.
 Les espèces peuplant les régions polaires et tropicales
sont d’ores et déjà touchées, et seront les plus affectés
dans l’avenir
Un rapport de l’UICN Changement climatique et espèces explique que les espèces
polaires sont les plus affectées par la diminution de la glace.
Le phoque annelé, le pingouin empereur doivent se déplacer plus vers le nord, à mesure que
la mer de glace recule.
Lorsque la toundra laisse place à la forêt, le renard polaire rentre en concurrence avec le
renard roux, pour s’alimenter.
Le bélouga sera profondément affecté : la recherche de proie sera plus difficile, l’activité
humaine se développera sur son territoire autrefois inaccessible.
Le poisson-clown est aussi victime de l’acidification des océans, qui perturbe leur odorat, et
les empêche de trouver leur refuge de prédilection, l’anémone, dont ils ont besoin pour se
protéger.
 Impact sur les espèces incapables de migrer, de
s’adapter
28
Avec le changement climatique la répartition des espèces se modifient, or toutes ne
sont pas capables de migrer ou de s’adapter (citons notamment les espèces montagnardes).
C) La dissémination d’espèces envahissantes ou invasives
 L’explication du phénomène
 Distinction entre espèce envahissante et espèce invasive
Selon la Liste Rouge de l'Union mondiale pour la nature (UICN), les espèces exotiques
envahissantes sont la troisième cause de perte de la biodiversité dans le monde.
Le coût annuel des dommages engendrés par les espèces invasives est estimé à 138 milliards
de dollars aux États-Unis et à 1400 milliards de dollars, au niveau mondial.
D'après le GISP, les espèces invasives peuvent transformer entièrement des écosystèmes, en
altérant l'hydrologie, les régimes de feu, les cycles nutritifs et d'autres processus
écologiques. Ces invasions engendrent alors des coûts énormes dans les domaines de
l'agriculture, de l'activité forestière, de la pêche ou de la santé humaine.
Les deux termes, invasive et envahissante, désignent la capacité d’une espèce à accroître son
aire de répartition.
Le terme invasif (ou invasive) est initialement employé dans la langue anglaise. En France, il
est utilisé depuis les années 1970 en particulier dans le domaine médical (méthodes
d’investigation invasives).
La langue française utilise donc les deux termes, mais avec une signification différente :
- Une espèce envahissante est une espèce qui a agrandi son aire de répartition
naturellement ou à la suite d’une modification anthropique du milieu. Elle peut être
autochtone ou allochtone de la zone considérée.
- Une espèce est dite invasive si elle a été introduite, intentionnellement ou non, dans un
territoire qui se situe hors de son aire de répartition naturelle, si elle se multiplie sur ce
territoire, sans intervention de l'homme, y forme une population pérenne, et si elle
constitue un agent de perturbation des activités humaines ou nuit à la diversité biologique.
Une espèce invasive est donc une espèce introduite, envahissante et perturbatrice.
L’UICN élargit la définition d’espèce invasive à toute espèce qui, s’étant établie dans un
nouveau domaine géographique pour elle, y est un agent de perturbation et nuit à la
diversité biologique. Ce sont généralement des espèces introduites mais pas uniquement.
La menace posée par les espèces invasives, plus résistantes face au changement climatique,
s’accroît. Une espèce peut être invasive en un lieu donné et ne pas être invasive sur son aire
de répartition initiale. Le phénomène d’invasion biologique concerne donc des populations
(des sous-ensembles) et non l’ensemble de l’espèce.
29
La croissance rapide de ces plantes, leur capacité d'adaptation et de multiplication végétative
supérieure à celle des plantes indigènes, mais aussi l'absence de prédateurs ou de parasites
naturels ont permis leur émergence.
Les espèces introduites après 1500 sont considérées comme envahissantes en Europe,
depuis la découverte de l'Amérique à partir de laquelle les échanges d'espèces entre
continents se sont intensifiés.
 Il existe différents types d’espèces invasives
Les botanistes utilisent des termes complémentaires pour qualifier le caractère invasif de
telle ou telle espèce.
- Les espèces invasives avérées sont des plantes allochtones montrant actuellement un
caractère invasif avéré dans le territoire considéré. Ce caractère se traduit par une
dynamique d’extension rapide de ces plantes dans leur territoire d’introduction.
Celles-ci forment localement des populations denses, souvent bien installées, qui se
maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication végétative. Ces espèces
peuvent produire des changements significatifs de composition, de structure et/ou
de fonctionnement des écosystèmes, des problèmes graves à la santé humaine ou
encore causer des préjudices à certaines activités économiques.
- Les espèces invasives potentielles sont des espèces allochtones qui ne présentent pas
actuellement de caractère invasif avéré dans le territoire considéré, mais dont la
dynamique dans des régions limitrophes ou climatiquement proches, laisse penser
qu’elles risquent néanmoins de devenir à plus ou moins long terme des invasives
avérées. Ces plantes se maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication
végétative. La présence d’invasives potentielles sur le territoire considéré justifie une
forte vigilance et peut nécessiter des actions préventives.
- Les espèces à surveiller sont des espèces allochtones qui ne présentent actuellement
pas (ou plus) de caractère invasif avéré dans le territoire considéré pour les milieux
naturels ou semi-naturels. Toutefois, la possibilité de développer un caractère invasif
dans ces milieux n’est pas totalement écartée, compte tenu notamment du caractère
invasif de ces plantes dans d’autres régions du monde. La présence de telles plantes
sur le territoire considéré nécessite une surveillance particulière.
 L’étude des causes de leur prolifération
L’introduction involontaire d’espèces invasives est fréquente : activités industrielles,
échanges commerciaux et transports de marchandises (fixation de graines sur les colis,
30
navires, véhicules, voyageurs…) figurent parmi les causes d'introductions accidentelles de
ces plantes invasives dans un nouveau territoire. Ce phénomène accompagne depuis
longtemps toute migration humaine. L’intensification du commerce mondial (le montant des
échanges a été multiplié par 17 entre 1965 et 1990) multiplie les risques d’introduction
d’espèces envahissantes, avec le commerce du bois ou de semences, le tourisme, ou même
l’eau des ballasts des navires marchands.
L’introduction peut aussi être volontaire, à des fins alimentaires ou ornementales.
Le topinambour est cultivé comme légume pour ses tubercules riches en éléments minéraux
et en glucides et sa prolifération reste, toutefois, maîtrisée de manière à éviter sa
propagation.
Dans les jardins sont plantées la buddléia du Père David ou l'herbe de la Pampa, pour la
constitution de collections botaniques (renouée du Japon) ou dans les aquariums
(myriophylle du Brésil). Toutes ces plantes invasives sont vendues dans le commerce.
L’introduction peut également être naturelle : les graines des plantes peuvent être
dispersées par le vent, l'eau ou les animaux.
 Les espèces et les habitats particulièrement sensibles à la
prolifération des espèces invasives
Du Nord au Sud, tous les pays sont concernés par le phénomène des invasions
biologiques.
Vertébrés, insectes, champignons, bactéries, algues ou plantes, ces espèces sont impliquées
dans la moitié de toutes les extinctions des 400 dernières années, selon l'UICN.
 Apparition fréquente dans les milieux endommagés par les
activités humaines
« Introduites hors de leur aire de répartition naturelle par l'Homme, les plantes
invasives peuvent se reproduire. Celles-ci s'installent majoritairement dans des milieux déjà
perturbés tels que les bords de route, les terrains nus, les chantiers mais aussi les cours
d'eau… » a expliqué Enora Leblay, chargée de mission espèces exotiques envahissantes à la
fédération des Conservatoires botaniques.
 Apparition dramatique dans les espaces insulaires
Les iles sont particulièrement sensibles à ce phénomène qui peut entraîner la
disparition totale de certaines espèces et une banalisation générale des milieux naturels.
La dissémination d’espèces invasives est la première cause d’extinction des espèces
insulaires, en particulier pour les oiseaux. En effet, les systèmes insulaires sont très différents
des autres, parce qu’ils renferment des espèces endémiques, ne se trouvant nulle part
ailleurs. Une espèce insulaire disparue, l’est, bien souvent, à l’échelle mondiale.
31
Les espèces exotiques envahissantes sont une des causes principales de la perte de
biodiversité en Outre-Mer. L’ile de Tahiti est recouverte aux deux tiers par une plante
envahissante, le miconia calvescens.
 Les espaces littoraux et lacustres sont fréquemment touchés par
les espèces invasives
Les littoraux, écotones de l’écosystème marin et de l’écosystème terrestre est aussi
sujet à invasion.
En Méditerranée, la présence importante d’espèces invasives est un facteur crucial qui va
continuer à modifier la biodiversité. Venues d’autres mers, via le détroit de Gibraltar ou le
canal de Suez, elles sont estimées à plus de 600, soit 4% du total des espèces recensées.
Certaines d’entre elles, notamment les méduses sont problématiques : la Mnemiopsis Leidyi
(méduse américaine), en 2009, a provoqué de grandes inquiétudes en raison de son impact
connu sur les écosystèmes et les zones de pêche.
La dispersion de la vendue comme plante ornementale et de la jacinthe d’eau sont
aujourd’hui un fléau grave sur de nombreux fleuves et lacs de régions chaudes, en Afrique,
en Asie.
D’autres espèces, comme l’huître ou la palourde japonaise, ont été volontairement
introduites avec le développement de l’aquaculture et ont entraîné avec elle de nouvelles
espèces non adaptées à la vie en Méditerranée: les fermes à huîtres sont devenues de
véritables portes d’entrée dans les eaux côtières pour toute une série d’algues.
Au Botswana, une fougère envahissante, la Salvinia Molesta menace la pêche et le tourisme
dans le Delta de l’Okavango, en raison de sa reproduction fulgurante qui limite la
biodiversité. La fougère originaire d’Amérique du Sud se développe en formant un matelas
épais à la surface de l’eau, asphyxiant les espèces animales et végétales situés en-dessous, à
commencer par les poissons.
 Les espaces naturellement variés sont particulièrement touchés
par les espèces exotiques
Le phénomène "se produit dans tous les types d’écosystèmes : terrestre, marin,
végétal, animal, micro-organique", précise Stas Burgiel, directeur du Global Invasive Species
Program (GISP).
Ainsi, l’Aquitaine est fortement touchée : ses côtes exemptes d'urbanisation, ses massifs
montagneux et sa forêt landaise en font un territoire riche en proie aux espèces exotiques.
32
D) La surexploitation des ressources naturelles
Au cours des siècles l’homme a augmenté de manière croissante son emprise sur le
milieu naturel en exploitant de plus en plus les espèces. C’est la troisième cause d’extinction
des espèces sur terre, bien que ce soit, de manière générale, celle qui vient en premier à
l’esprit du public.
 Les différentes formes d’exploitation, fonction des objectifs :
 La consommation par la chasse, la pêche ou la
cueillette
La pression de la chasse représente encore de nos jours un facteur de déclin pour
certaines espèces vulnérables, et notamment l’avifaune.
La pêche a également un impact très important puisqu’on constate un état très préoccupant
d’un bon nombre d’espèces exploitées, au point qu’il existe un risque d’effondrement de
certaines espèces.
Alors que les stocks diminuent, les pêcheurs cherchent à maintenir constant le prélèvement
de poissons et utilisent par conséquent des méthodes de plus en plus élaborées et vont
pêcher de plus en plus loin. Ceci laisse donc craindre qu’une fois les zones côtières
appauvries par la pêche, le large le sera à son tour.
Les données actuelles indiquent l’effondrement massif de tous les poissons et fruits de mer
aujourd’hui pêchés, avant 2050. D’une manière générale, la perte de biodiversité réduit en
profondeur la capacité de l’océan à produire de la nourriture, à résister aux maladies, à
filtrer les polluants et à rebondir suite aux dommages tels ceux causés par la surpêche et le
changement climatique.
Les chercheurs indiquent que la perte d’une espèce est une atteinte à la capacité à produire
et à la stabilité de l’ensemble de l’écosystème. L’analyse permet de prédire une disparition
d’au moins 90% de chaque espèce de poissons et fruits de mer actuellement pêchés (Centre
International de la Recherche Scientifique, Novembre 2005).
 La commercialisation
Le principal problème réside dans l’effet ricochet qui existe avec la chasse et la
pêche.
On pourrait qualifier de dommages collatéraux ces activités touchant certaines espèces, par
erreur, alors qu’elles ne sont pas visées.
On peut citer par exemple les dauphins ou les tortues qui meurent en s’accrochant dans les
filets de pêche, ou encore les captures de pétrels liées à la pêche à la palangre dans les zones
australes et antarctiques.
33
Ce problème continue d’exister encore aujourd’hui et concerne parfois des espèces
menacées d’extinction, malgré les recherches pour améliorer la sélectivité des engins et des
techniques de pêche.
 Les collections
Les pays développés participent au pillage de la faune et de la flore pour la
constitution de collections. On pourrait également insérer dans cette catégorie le problème
important du commerce d’animaux sauvages, ou encore celui des bois tropicaux qui mettent
à mal les politiques de gestion durable.
Ce commerce s’est par ailleurs accentué avec le développement d’internet. Chaque jour, des
milliers d'animaux et des produits d'origine animale - qu'il s'agisse de chimpanzés vivants, de
défenses gigantesques ou de minuscules hippocampes séchés - sont vendus et achetés dans
le cyberespace international.
Le commerce international légal d’espèces de faune et de flore représente 15 milliards € par
an (et plus de 350 millions de spécimens). Cela représente entre autre 1,5 million d’oiseaux
et 640 000 reptiles chaque année. En outre, le trafic illégal d’animaux et de plantes sauvages,
3ème de par son importance après la drogue et les armes, est une des premières causes de
disparition des espèces.
Pendant trois mois, le Fond International pour la Protection des Animaux (IFAW) a mené au
Royaume-Uni une enquête qui a montré qu'en une semaine seulement, plus de 9000
animaux vivants ou produits issus de la faune sauvage avaient été proposés à la vente sur
des sites Web de langue anglaise, notamment des forums de discussion et le célèbre site
d'enchères eBay. Au moins 70% de ces animaux étaient des espèces protégées par la
législation internationale. L'enquête a été restreinte à cinq catégories d'animaux ; ses
conclusions ne représentent donc que la partie visible de l'iceberg.
Le rapport, "Caught in the web: wildlife trade on the Internet" ("pris dans la toile, le
commerce de la faune sauvage sur l'Internet") confortera les craintes des écologistes : le
commerce sur Internet, toujours croissant et très peu contrôlé, pourrait être une
catastrophe pour les espèces menacées. Il ouvre de nouveaux marchés aux trafiquants
d'animaux sauvages et beaucoup de ces animaux sont visés par les braconniers pour
répondre aux demandes de riches consommateurs étrangers et pour être commercialisés
comme "animaux de compagnie".
IFAW a découvert que certaines des espèces les plus menacées au monde sont proposées en
ligne, à partir de sites Web basés au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Inde, en Israël et en
Allemagne, et que la plupart d'entre elles sont vendues ou échangées de manière illégale.
Les enquêteurs d'IFAW ont trouvé des animaux exotiques, notamment un gorille vivant en
vente à Londres, un tigre de Sibérie et quatre bébés chimpanzés sur un site américain, ainsi
que d'autres espèces sérieusement menacées (IFAW, 2006).
34
 Les craintes ou superstitions
Il s’agit des espèces exploitées pour leurs prétendus effets bénéfiques liés à certaines
croyances.
La liste des espèces concernées par ces coutumes est longue, mais on pourra citer, par
exemple, la tête des singes, le pénis des phoques, la corne des rhinocéros, l’ivoire des
éléphants, les peaux de tigres, les mains de gorilles. La très grande majorité de ces artefacts
concernent les espèces menacées ce qui augmenterait leur pouvoir.
 Les espèces les plus touchées par la surexploitation
Les espèces les plus rentables sont exploitées, par la pêche, l’agriculture, l’élevage.
Les habitats dédiés à ces activités sont donc repensés pour accueillir ces espèces, au
détriment de la diversité spécifique, et de la santé des écosystèmes.
En outre, une étude menée par Morgan Trimble, de l’université de Prétoria (Afrique du Sud)
explique que les scientifiques et les ONG mettent d’abord en avant les espèces les plus
« jolies », celles qui toucheront le mieux le public : ainsi les espèces les plus populaires sont
mieux protégées au détriment des autres, ne représentant pas leur degré d’importance pour
le maintien de la santé des écosystèmes.
 Les espèces marines sont particulièrement
menacées
En ce qui concerne l’état des espèces marines, la situation est préoccupante.
Ce cauchemar d'océans d'où tous les poissons auraient disparu pourrait se concrétiser, en
l'absence d'une restructuration profonde du secteur de la pêche : 30% des réserves
halieutiques ont déjà disparu et l'ensemble des activités de pêche risque de ne plus être
rentable d'ici 2050, d’après l’ONU. Si on tient compte de la progression démographique d'ici
à 2050, et de la progression du niveau de vie, il faudrait alors doubler notre prélèvement. Or
on est déjà proche du maximum.
"Si les différentes estimations que nous avons reçues (...) se réalisent, alors nous sommes
dans une situation où effectivement, dans 40 ans, nous n'aurons plus de poisson", a déclaré à
des journalistes, à New York, Pavan Sukhdev, directeur de l'Initiative pour une économie
verte du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue).
La chute des réserves de poissons de la planète est un problème écologique mais aussi une
question de subsistance pour un milliard de personnes, souvent originaires de pays en
développement et dont le poisson constitue la seule source de protéines, selon l'ONU.
Le rapport sur l'économie verte estime que 35 millions de personnes vivent de la pêche dans
le monde, que 170 millions d'emplois en dépendent de manière directe ou indirecte et qu'en
tout 520 millions de personnes y sont financièrement liées.
35
Les subventions des gouvernements à des flottes sont toujours plus grosses pour des prises
toujours plus maigres, et qui ne laissent pas le temps aux ressources de se reconstituer. Les
capacités des flottes de pêche sont "50 à 60%" supérieures à ce qu'elles devraient être.
36
37
Partie N°2 : Les raisons pour lesquelles une entreprise
française doit intégrer la conservation de la biodiversité et
des services écologiques dans sa stratégie de
développement
I Les interactions de l’entreprise avec la biodiversité et les
services écologiques
A) La protection des écosystèmes au service de la conservation
de la biodiversité
La Stratégie mondiale de la conservation, publiée en 1980, jette les bases de la
conservation de la nature associée au développement et propose une première définition du
développement durable. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)
souligne alors l’importance de respecter la capacité de charge des écosystèmes, ce qui
renvoie à la notion écologique fondamentale de limites de l’environnement, mesurées
notamment par l’empreinte écologique.
Tous ces principes ont été affinés dans le document Sauver la Planète, stratégie pour l’avenir
de la vie, publié en octobre 1991 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE) et le World Wild Fund for Nature (WWF).
C’est dans ce document qu’est approfondie la définition du développement durable, mise en
rapport avec la capacité de charge et les limites de la biosphère, dans le cadre d’une
économie ''qui préserve le capital des ressources dont elle dépend''. Il souligne que la
conservation de la biodiversité ne se réduit pas à la protection d’espèces sauvages dans des
réserves naturelles, mais qu’elle consiste aussi et surtout à sauvegarder l’intégrité des
grands écosystèmes de la planète, appréhendés comme conditions de la vie sur Terre. La
diversité des cultures humaines, des représentations, des imaginaires est indissociable de la
diversité biologique. La biodiversité désigne une politique de la coexistence des êtres vivants
sur une planète aux ressources limitées.
B) Les interactions de l’entreprise avec les écosystèmes
 Comprendre le fonctionnement d’un écosystème
L'ensemble des espèces de faune et de flore, vivant dans un environnement physique
déterminé et interagissant entre elles, forme une unité écologique fonctionnelle dynamique
appelée l’écosystème.
38
Les interactions, au sein d’un écosystème, sont à l’origine de processus biologiques - de
fonctions écologiques - dont la bonne santé est indispensable pour le maintien de
l’écosystème, de sa capacité de résilience (capacité d’un écosystème à lutter contre les
perturbations extérieures), de la production de services écologiques.
Ces services dits écosystémiques ou écologiques désignent l'utilisation humaine - des
processus naturels – des fonctions écologiques - à travers la fourniture de biens matériels, la
valorisation des modes de régulation écologique, l'utilisation des écosystèmes de support à
des activités non productrices de biens matériels (art, éducation).
Les services écologiques se rapportent uniquement aux impacts positifs des écosystèmes sur
le bien-être humain à travers la fourniture de biens et de services.
Si on considérait plus attentivement la biodiversité remarquable par le passé, la diffusion
récente du concept de service écosystémique donne à la biodiversité ordinaire une
importance considérable, car c’est elle qui, par le biais des interactions entre les espèces, et
l’homme en fait partie, permet aux écosystèmes d’apporter toutes sortes de bienfaits à
l’humanité.
Le maintien durable des écosystèmes et de leur bon fonctionnement représente donc un
enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité, mais également pour les entreprises
qui emploient les écosystèmes, afin de produire des biens et des services.
39
 L’importance de la conservation des écosystèmes pour les
entreprises
 Découverte de l’importance du capital naturel pour
l’activité économique
L’apprentissage de la « nature de la valeur » se poursuit à mesure que les études
élargissent le concept de capital pour engendrer le capital humain, le capital social, le capital
naturel.
En reconnaissant l’existence de ces autres formes de capital et en cherchant à les améliorer
ou les préserver, l’homme utilise plus durablement les ressources naturelles dont il a besoin.
Par ailleurs, la « valeur de la nature » reste encore à découvrir. Elle est une source de valeur
importante au quotidien mais il n’en demeure pas moins qu’elle n’apparaît guère sur les
marchés, échappe à la tarification et représente un défi pour ce qui est de l’évaluation. Cette
absence d’évaluation est une cause sous-jacente de la dégradation observée des
écosystèmes et de la perte en biodiversité.
Le système de pensée économique imaginé par Adam Smith est obsolète : au 18e siècle les
flux financiers internationaux se comptaient en millions et non en milliards. A son époque, la
terre était disponible en abondance, l’énergie ne constituait pas un facteur décisif pour la
production.
L’émergence du concept de croissance économique a contribué à améliorer le bien-être
d’une part importante de l’humanité, et devient le critère de progrès de prédilection.
Cependant, la croissance du PIB ne prend pas en compte de nombreux aspects essentiels de
la richesse et du bien-être comme les modifications du niveau de la qualité et de la quantité
de nos ressources naturelles. Notre boussole est défectueuse, elle affecte notre capacité à
bâtir une économie durable en harmonie avec la nature.
L’Etude de l’Economie de la Biodiversité, commandée par la Commission Européenne en mai
2007, et dont les premiers résultats ont été publiés en mai 2008, a pour tâche d’améliorer
notre capacité à évaluer la valeur du vivant, cela afin de façonner une nouvelle boussole
pour notre société, et permettre aux entreprises de prendre conscience de l’importance de
la contribution des écosystèmes et de leur conservation pour la bonne santé de leur activité
économique.
Pour Pavan Sukhdev, directeur de cette étude « nos économies ne reconnaissent pas
suffisamment le lien de dépendance de cette relation – il n’y a pas d’économie sans
environnement, mais il existe des environnements sans économie. »
40
 L’évaluation économique des services rendus par les
écosystèmes
En 1997, l’économiste Robert Costanza et son équipe ont évalué à quelque 33 000
milliards de dollars par an (estimation minimale) la totalité des services rendus à l’humanité
par les écosystèmes de la planète. Cette estimation démontre que la valeur du capital
naturel est supérieure au PIB mondial annuel, de l’ordre de 18 000 milliards de dollars par
an. Divisés par six milliards d’individus, ces 33 000 milliards offrent environ 5 500 dollars par
personne et par an de services offerts par la nature. Cela n’est pas cher pour ces services
vitaux rendus par les écosystèmes, comme, par exemple, le traitement des déchets, la
pollinisation, ou la production de nourriture.
L’Etude de l’Economie de la Biodiversité a révélé, en mai 2008, quel serait la valeur des
services écologiques perdus si rien n’est entrepris pour enrayer leur dégradation : le coût de
l’inaction se monte entre 1 350 et 3 100 milliards d’euros par an, aujourd’hui et se monterait
à 7% du PIB mondial à l’horizon 2050, soit 13 938 milliards d’Euros par an.
Investir quelque 45 milliards de dollars par an dans le développement des zones protégées
sur terre et en mer permettrait d’assurer des bénéfices de l’ordre de 4 à 5 000 milliards de
dollars par an après quelques dizaines d’années. Et dépenser des milliards pour protéger la
diversité de la vie animale et végétale permettrait un retour sur investissement cent fois
supérieur sur le long terme. L’EEB a estimé la valeur totale des services écologiques à 25 000
milliards d’euros par an, soit environ la moitié du PIB mondial.
Dans une étude publiée à l'occasion de la Journée mondiale de l'Environnement célébrée
tous les 5 juin, ''Planète morte, planète vivante'', le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE) estime entre 21 000 et 72 000 milliards de dollars la valeur annuelle
des services rendus à l'Homme par les écosystèmes dans le monde : apport en nourriture, en
eau potable ou en médicaments naturels, régulation, piégeage du carbone, services culturel.
Selon le rapport, ces chiffres peuvent être comparés au Revenu National Brut mondial qui,
en 2008, s'élevait à 58 000 de milliards de dollars.
L’estimation de la valeur de la biodiversité et des services qu’elle nous rend peut être
contestée (éthiquement et techniquement) mais il importe de considérer l’ampleur de la
somme, plutôt que la somme elle-même.
41
 La biodiversité est source d’opportunités et de risques
pour l’entreprise
L’entreprise, par son emprise au sol et son activité économique a des impacts (positifs et
négatifs) sur les écosystèmes (les espèces, les habitats, les interactions) et sur les services
écologiques associés. En outre, pour la bonne production des biens et services qu’elle
propose, l’entreprise a besoin que les services écologiques soient en bonne santé : elle en
est dépendante.
- Les services d’approvisionnement fournissent à l’entreprise les ressources naturelles
nécessaires (bois, métaux, denrées alimentaires primaires, etc).
- Les services de régulation maintiennent la qualité des eaux (épuration), des sols
(lutte contre l’érosion et les inondations), de l’atmosphère (purification de l’air),
indispensables pour le bon fonctionnement de l’entreprise.
- Les services culturels peuvent servir à la recherche d’innovations (bio-mimétisme).
Si la dégradation des éléments constitutifs de l’écosystème, et des services écologiques qu’il
produit peut représenter pour l’entreprise un risque, alors les mesures prises pour prévenir
ou corriger cette dégradation peuvent représenter une opportunité économique.
Les risques et les opportunités sont de cinq différents ordres, pour l’entreprise :
1. Opérationnel :
- Si une ressource vient à manquer, son coût augmentera. Son absence modifiera
l’équilibre ténu de l’écosystème-source et provoquera des perturbations nuisibles
pour la poursuite sereine de l’activité de l’entreprise, et pour le bien-être d’autres
agents utilisateurs de l’écosystème ou de la ressource.
- Si l’usage d’une ressource est optimisé, les coûts de production diminueront et la
compétitivité de l’entreprise grandira. En outre, il sera moins nécessaire de
construire les infrastructures de recyclage, d’épuration, ou de compensation (suite à
l’absence de la ressource).
2. Réglementaire :
- La réglementation en faveur du maintien des écosystèmes et des services
écologiques peut se durcir : des risques liés à la mise en place de nouvelles amendes,
42
de nouveaux droits d’usage (paiements des services rendus par la nature), des
poursuites judiciaires peuvent émerger.
- Si la réglementation évolue en faveur de la conservation de la biodiversité, il est dans
l’intérêt de l’entreprise d’embrasser ce changement de paradigme pour bénéficier de
subventions, d’incitations financières, d’avantages fiscaux.
3. Image et réputation :
- Une entreprise qui ne prend pas en compte ses impacts sur la biodiversité et les
services écologiques peut faire l’objet de campagnes d’informations menées par les
associations, dénonçant les mauvaises pratiques : l’impact sur le comportement des
consommateurs est important.
- La mise en place d’une politique de gestion durable des services écologiques et de
conservation de la biodiversité peut être utile pour communiquer auprès des
consommateurs, et se différencier de ses concurrents.
4. Marchés et produits :
- Le comportement du consommateur tend à préférer un produit dont la conception
est respectueuse du maintien de la biodiversité, des écosystèmes et des services
écologiques. Ceux-ci font l’objet d’éco-labels qui les différencie des autres produits
non-durables.
- De nouveaux produits durables, de moindre impact pour la biodiversité et les
services écologiques, éco-labellisés, permettent à l’entreprise de se différencier, et
de se positionner sur un marché de niche.
5. Financement :
- Les banques et les compagnies d’assurance peuvent durcir leurs critères en matière
de crédit ou de contrat d’assurance aux entreprises.
- Les banques et les compagnies d’assurance peuvent proposer des produits financiers
avantageux pour les entreprises intégrant la conservation de la biodiversité et des
services écologiques dans leur stratégie de développement. Les agents privés
peuvent être plus enclins à investir dans l’entreprise.
43
 Quels sont les services écologiques ?
Le 5 juin 2001 Kofi Annan lance le Millenium Ecosystem Assessment, premier
programme, à l'échelle mondiale, évaluant les interactions entre le fonctionnement des
écosystèmes et le bien-être social et économique, en quantifiant les biens et les services
produits par les écosystèmes qui ont un impact positif sur le bien-être humain. Il s'est
achevé en 2005.
Son objectif était, alors, de mettre en évidence l'importance de la conservation de la
biodiversité, d'un bon fonctionnement des écosystèmes pour le maintien de l'activité
économique et le bien-être des populations.
Le MEA a évalué l'état de 35 services, parmi les plus importants, qu'il a classé en 4
catégories. Il a démontré le rôle fondamental des écosystèmes dans la production de la
plupart des biens et des services fournis à la société.
- Les services d'approvisionnement : la production par les écosystèmes de biens
consommés par l'être humain (ex: terres fertiles pour l'activité agricole, fourniture
d'eau potable pour d'autres usages).
- Les services de régulation : processus qui canalisent certains phénomènes naturels,
qui ont un impact positif sur le bien-être humain (ex: protection contre les
catastrophes naturelles, atténuation des pollutions de l'eau et de l'air)
- Les services culturels : bénéfices immatériels que l'être humain tire de la nature en
termes de santé, de liberté, d'identité, de connaissance.
- Les services de support (ou d’auto entretien) : cycle nutritif et production primaire, sur
lesquels reposent la production de tous les autres services mais qui ne sont pas directement
accessibles aux usagers (photosynthèse, formation des sols).
44
 Quel est l’état des lieux des services écologiques
Au cours de ces 50 dernières années, l'homme a modifié l'équilibre de ces
écosystèmes de manière plus rapide et plus extensive que sur aucune autre période
comparable de l'histoire de l'humanité. La source de ces déséquilibres est la nécessité de
satisfaire une demande croissante en nourriture, en bois, en construction, en énergie.
Les gains nets sont substantiels sur le niveau de bien-être de l'homme et sur l'économie.
Cependant toutes les régions du monde et toutes les communautés humaines n'ont pas tiré
profit de ce processus : beaucoup ont subi des préjudices.
60% des services écologiques étudiés (soit 15 sur 24) sont en cours de dégradation ou en
cours d'exploitation de manière non rationnelle.
Beaucoup de services écologiques ont subi des dégradations par suite des mesures prises en
vue d'accroître la provision d'autres services tels que la nourriture. Les coûts de dégradation
d'un groupe d'individus va vers un autre ou est transféré aux générations futures.
Par exemple, selon une étude de l’INRA et du CNRS, la pollinisation est un service rendu par
la nature qui est estimé par cette même étude à 153 milliards d'euros, soit 9,5 % de la valeur
de la production agricole mondiale. Il faut savoir que depuis quelques années, la population
d'abeilles est en très forte diminution, avec une disparition très importante dans certaines
zones. Ce phénomène appelé « Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles » ou CCD
(Colony Collapse Disorder) reste un casse-tête pour la communauté scientifique :
subitement, les ruches se vident de leurs abeilles sans que l’on ne retrouve aucun cadavre à
proximité. Ce syndrome est très préoccupant en raison de l'importance écologique de
l'abeille en tant qu’insecte pollinisateur. En France, depuis 1995, près de 30 % des colonies
45
d’abeilles disparaissent chaque année. En 10 ans, 15000 apiculteurs ont cessé leur activité.
Un tiers de l'alimentation mondiale dépend de la pollinisation par les insectes. 80% des
plantes sont pollinisées par les abeilles. Quelle est la cause de la surmortalité des abeilles
sauvages et domestiques qui, partout dans le monde, menace la biodiversité et la sécurité
alimentaire de l'humanité ? Pour répondre à cette question, les autorités anglaises et
écossaises viennent de lancer un programme d'une envergure sans précédent. Rassemblés
sous l'intitulé "Initiative pour les insectes pollinisateurs", neuf projets de recherche, qui
bénéficieront d'un financement de 12 millions d'euros sur trois ans, tenteront d'apporter des
réponses. On voit déjà les conséquences du manque de pollinisateurs en Angleterre : les
producteurs de pommes doivent ainsi importer des abeilles.
46
47
II La pression publique demande aux entreprises de s’investir sur
cette question
A) Un effort institutionnel insuffisant
Les instances politiques se mobilisent depuis une vingtaine d’années pour étudier le
phénomène de l’érosion de la biodiversité et convaincre l’ensemble de la communauté
internationale de l’urgence d’agir à l’échelle locale, mais de manière synergétique.
La communauté internationale s’est dotée d’une Convention pour la Diversité Biologique,
qui est complétée par la Convention Internationale pour le commerce des espèces en danger
(CITES).
L’Union Européenne a voté, en 1979, la directive « Oiseaux » et en 1992, la directive
« Habitats » qui permettent de protéger nombre d’espèces et d’habitats remarquables.
La France s’est dotée d’une Stratégie Nationale pour la Biodiversité en 2004.
 Quels ont été les efforts mis en œuvre.
 La Convention pour la Diversité Biologique et la Convention
CITES
Pour parler de cette convention, on emploie bien souvent le terme de « convention-
chapeau», parce qu'elle comble une série de vides juridiques fondamentaux dans la
protection des espèces de faune et de flore.
Adoptée à Nairobi en mai 1992, ouverte à la signature au cours de la conférence de Rio et
entrée en vigueur le 29 décembre 1993, cette Convention est désormais quasiment
universelle (191 Etats signataires) car, à l'exception de rares pays, dont celle notable des
États-Unis, elle jouit aujourd'hui de l'adhésion de presque tous les États de la planète.
La Convention assure de la souveraineté des États concernant la gestion des ressources
biologiques (Alinéa 4 du préambule et art.3).
La Convention pose d'adopter des stratégies, des plans et des programmes de conservation
et de les distinguer clairement dans leur politique de développement (Art.6).
Elle demande la création de mesures permettant une utilisation responsable de leur
biodiversité (Art.10).
La Convention établit les modalités de la gestion dans la conservation des espèces (Art. 8 &
9), une coopération scientifique avancée (Art.18) et un accès aux ressources génétiques
(Art.15), l'éducation et la sensibilisation du public (Art.13).
La convention enfin, dans l'article 8, encourage une protection large pour le maintien des
populations viables d'espèces dans leur milieu naturel et ainsi prévoit la mise en place d'un
système d'aires protégées.
48
En 2002, pour la 10è Conférence des parties de la Convention pour la Diversité Biologique, à
Johannesburg, les Etats signataires se sont engagés à ''ralentir significativement'' d'ici 2010
l'érosion de la biodiversité.
La Convention de Washington (CITES) a été signée en 1973 et est entrée en vigueur le 17
septembre 1978. 172 États l'ont ratifié.
L'objectif de cette Convention est d'interdire, sinon de réglementer strictement les
exportations et les importations des espèces de faune et flore sauvages menacées
d'extinction.
A ce titre, la Convention prévoit la création de deux catégories d'institutions nationales :
d'une part des organes de gestion chargés de délivrer les autorisations requises, d'autre part
des autorités scientifiques, dont la mission est de conseiller les organes de gestion (Art. 9).
Les États, partis de la Convention, doivent également créer des centres de sauvegarde pour
recevoir les spécimens vivants confisqués suite à un commerce illicite (Art 8).
Aujourd'hui, selon le WWF, le commerce international de 800 espèces d'animaux et de
plantes est interdit, et plus de 20 000 autres espèces sont contrôlées conformément à la
législation européenne appliquant la convention de la CITES.
 La Directive Habitats, la Directive Oiseaux
En Europe, la protection de la nature est régie par deux actes législatifs, la directive
«Oiseaux» et la directive «Habitats».
La dégradation continue des habitats naturels et les menaces pesant sur certaines espèces
forment une préoccupation primordiale de la politique environnementale de l’Union
européenne (UE).
La directive «Habitats» vise à contribuer au maintien de la biodiversité dans les États
membres en définissant un cadre commun pour la conservation des habitats, des plantes et
des animaux d'intérêt communautaire.
216 types d’habitats et 1 180 espèces végétales et animales sont reconnus comme étant
d’intérêt communautaire par la Directive Habitats.
En vertu de la directive « Oiseaux », les Etats membres doivent classer en zones de
protection spéciale (ZPS) les sites d’habitats et les aires de reproduction d’espèces rares ou
menacées ainsi que les milieux terrestres ou marins utilisés de façon régulière par les
espèces migratrices.
La directive «Habitats» met en place le réseau Natura 2000. Ce réseau est le plus grand
réseau écologique du monde. Il est constitué de zones spéciales de conservation et de zones
de protection spéciale instaurées en vertu de la directive «Oiseaux» 2009/147/CE.
Tous les six ans, les États membres font rapport des dispositions prises en application de la
directive. La Commission élabore une synthèse sur la base de ces rapports. Le réseau Natura
2000 représente aujourd’hui 17.6% du territoire terrestre de l’UE.
49
 Directive Responsabilité Environnementale
Première législation communautaire, votée en 2004, comptant parmi ses objectifs
principaux l'application du principe du « pollueur-payeur », cette directive établit un cadre
commun de responsabilité en vue de prévenir et de réparer les dommages causés aux
animaux, aux plantes, aux habitats naturels et aux ressources en eau, ainsi que les
dommages affectant les sols.
Le régime de responsabilité s'applique, d'une part, à certaines activités professionnelles
explicitement énumérées et, d'autre part, aux autres activités professionnelles lorsque
l'exploitant a commis une faute ou une négligence.
Par ailleurs, il appartient aux autorités publiques de veiller à ce que les exploitants
responsables prennent eux-mêmes ou financent les mesures nécessaires de prévention ou
de réparation.
 La Stratégie Nationale pour la Biodiversité et le Grenelle de
l’Environnement
La Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) a été adoptée par la France, en 2004,
afin de répondre à ses engagements internationaux et communautaires et en particulier à
celui d’arrêter, d’ici à fin 2010, l’érosion de la biodiversité.
Elle a ainsi pour objectifs cadres le maintien d’espaces naturels diversifiés, de leur
connectivité fonctionnelle et de leur bon fonctionnement, ainsi que la conservation des
espèces sauvages et des ressources génétiques. Elle vise particulièrement à améliorer la
connaissance opérationnelle sur la biodiversité, à faire reconnaître la valeur du vivant, à
mobiliser tous les acteurs et à intégrer la biodiversité dans l’ensemble des politiques
publiques et des secteurs d’activité.
La mise en œuvre pratique de la stratégie est réalisée grâce à des plans d’actions sectoriels.
Elaborés de façon concertée, les plans d’actions constituent un programme de travail pour
les années à venir. Tous les secteurs abordés dans la stratégie doivent, à terme, faire l’objet
d’un plan d’actions spécifique, avec des exigences de résultats.
Chaque plan est piloté par le ministère technique concerné, qui met en place un comité de
pilotage où siègent, entre autres, des acteurs économiques et des associations de protection
de la nature.
Les plans sectoriels font l’objet d’un suivi et de rapports annuels, compilés tous les deux ans
dans un rapport national sur la biodiversité. Ils relèvent d’une démarche partenariale qui
mobilise les acteurs économiques, la société civile et les associations, les collectivités
territoriales et le monde de la recherche.
A ce jour, dix plans d’actions sont en cours de mise en œuvre : agriculture, coopération
internationale, infrastructures de transports terrestres, mer, patrimoine naturel, urbanisme,
forêt, recherche, tourisme, Outre-Mer.
50
Le gouvernement a également soutenu la mise en place d’une Agence Nationale des Aires
Marines Protégées, la création du premier Parc Naturel sur l’île de la Réunion, et du Parc
Naturel Amazonien de la Guyane, en 2007.
En outre, le Grenelle de l’Environnement a soutenu la Stratégie Nationale pour la
Biodiversité en permettant la création des trames vertes et bleues : celles-ci sont deux outils
développés par le groupe de travail n°2 « Préserver la biodiversité et les ressources
naturelles », constitué dans le cadre du Grenelle de l'environnement.
Ce groupe avait pour objectif de répondre aux ambitions françaises décrites dans la stratégie
nationale pour la biodiversité de 2005. Il s’agit de nouveaux outils d'aménagement du
territoire qui définissent de grands ensembles naturels à préserver et des corridors les
reliant entre eux, cela afin d'assurer une continuité territoriale qui permettrait la circulation
des espèces, leur reproduction.
La trame verte s'applique pour les espaces terrestres. La trame bleue pour les espaces
aquatiques. Des Schémas Régionaux de Cohérence Ecologique détermineront lesquels des
territoires, de chacune des régions, seront concernés. Le texte a été approuvé par la
Commission Mixte Paritaire, à l’issue de nombreuses négociations.
Au plan international, la France appuie, via son aide bilatérale (Agence Française de
Développement, Fonds Français pour l’Environnement Mondial) et multilatérale (Fonds pour
l’Environnement Mondial, Banque Mondiale), les projets impliquant une utilisation durable
des ressources naturelles, renforçant l’existence du lien entre protection de l’environnement
et lutte contre la pauvreté et impliquant les populations autochtones et locales.
En pratique, il s’agit de développer les aires protégées, avec des niveaux adaptés, variables
de restriction des activités humaines, de façon à préserver des habitats et des corridors de
taille et de diversité suffisante pour permettre la survie d’espèces et de façon générale
d’adapter toutes les activités humaines (infrastructures, agricultures) de façon à assurer la
survie des espèces, y compris dans un environnement exploité par l’homme.
Enfin, elle travaille en partenariat avec les grandes ONG environnementales. Ses partenaires
privilégiés sont le World Wide Fund for Nature (WWF), le Conservation International (CI), et
l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec laquelle elle a signé en
2005 un accord-cadre de partenariat qui a été renouvelé en septembre 2009 pour quatre
années supplémentaires.
51
 Un échec relatif des efforts institutionnels
 Malgré cette mobilisation, les multiples menaces pesant sur
la biodiversité persistent.
 A l’échelle globale
Selon le rapport de l’UICN « Liste Rouge », l'objectif d'enrayer la perte de
biodiversité en 2010 ne sera pas atteint par la communauté internationale.
Elle dresse un état des lieux préoccupant des conditions de survie des espèces animales et
végétales de notre planète : sur les 47 677 espèces répertoriées, 17 291 sont menacées, soit
36 %.
La dégradation des milieux naturels, la surexploitation, l’introduction d’espèces invasives, les
pollutions et le changement climatique constituent les facteurs responsables de ce fléau.
« Ces résultats ne représentent que le sommet de l’iceberg. Nous n’avons évalué pour
l’instant que 47 663 espèces, alors qu’il en existe encore des millions qui sont peut-être
sérieusement menacées », avoue Craig Hilton-Taylor, directeur du Bureau de l’UICN pour la
Liste Rouge.
La troisième édition du rapport « Perspectives Mondiales pour la Biodiversité (GBO-3) »,
éditée par la Convention sur la Diversité Biologique, confirme que le monde n’a pas réussi à
atteindre ses objectifs visant à réduire de manière significative la vitesse de disparition de la
biodiversité d’ici 2010.
Le GBO-3 prévient qu’une disparition massive de la biodiversité est de plus en plus probable
(avec un taux d’extinction avéré 1 000 fois supérieur à la normale) et qu’avec elle, sera
enregistrée une réduction importante de services essentiels rendus par la nature aux
sociétés humaines.
Les points de basculement analysés comprennent le dépérissement de vastes zones de forêt
amazonienne: la déforestation et les incendies, auront des conséquences sur le climat
mondial et sur l’extinction des espèces ; la modification de nombreux lacs d'eau douce vers
l'eutrophisation et la domination des algues pourrait conduire à la disparition des poissons,
et à l’effondrement de la pêche ; ainsi que l'effondrement de plusieurs écosystèmes de récifs
coralliens, à cause de l’acidification des océans et du réchauffement de l’eau, de la surpêche
et de la pollution, qui menace la survie de très nombreuses espèces, et l’homme.
Aucun des 21 objectifs secondaires, qui accompagnent l'Objectif biodiversité de 2010, ne
peut être confirmé comme ayant été atteint de façon définitive au niveau mondial.
En outre, 10 des 15 indicateurs principaux développés par la Convention sur la diversité
biologique montrent des tendances défavorables pour la biodiversité.
Néanmoins le document met en avant de rares progrès comme l'augmentation des zones
protégées à la fois sur terre et dans les eaux côtières.
La Conférence des parties de la Convention sur le commerce international des espèces
de faune et de flore menacées d'extinction (Cites) aura fait parler d'elle. Ce coup de
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2010 ice - mémoire

  • 1. Par Hubert Jouan Directeur : Maurice Porchet M2EGEDD Année 2009-2010
  • 2. 2 Je tiens tout d’abord à remercier le cabinet de consultants I Care Environnement, et plus spécifiquement, Guillaume Neveux et Benjamin Lévèque, qui m’a offert l’opportunité d’étudier cette question : vos ressources, vos encouragements et vos conseils me sont très précieux. Je remercie, également, Monsieur Maurice Porchet, mon directeur de mémoire, et professeur de Biologie, qui m’a enseigné les bases théoriques nécessaires pour la poursuite sereine de mes recherches, Monsieur Jérôme Foncel, professeur d’Economie des Risques, qui a pris le temps de m’accompagner dans la lecture de rapports sur l’économie de la biodiversité, et l’ensemble de l’équipe pédagogique du Master Economie et Gestion de l’Environnement et Développement Durable, de l’Université de Charles De Gaulle, Lille 3 pour les notions enseignées durant l’année, qui m’ont été utiles pour le bon déroulement de mon étude.
  • 3. 3 La biodiversité c’est l’ensemble des êtres vivants, interagissant entre eux, au cœur d’habitats très diversifiés. La biodiversité et les services que la nature nous rend gratuitement (ex : pollinisation) s’érodent : la crise d’extinction constatée était peu audible au début de l’année 2010. Les instances publiques et les entreprises, grâce aux efforts synergétiques des associations, des scientifiques, mobilisés grâce à l’Année Internationale, organisée par les Nations Unies, 2010 : Année de la biodiversité, commencent à comprendre l’urgence d’agir, et quels efforts il est urgent de mettre en œuvre pour enrayer ou, tout du moins, freiner ce phénomène. L’Entreprise a des interactions avec son environnement, et avec la biodiversité. Les dommages sur celle-ci peuvent être sources de risques pour la pérennité de l’activité de l’Entreprise, la conservation des services écologiques peut être source d’opportunités. Les moyens pour intégrer la biodiversité sont déjà là, parfois naissants, mais toujours en démarche de progrès. Il est urgent d’agir, si l’on veut préserver le bien-être de notre génération et de celles à venir.
  • 4. 4 Partie N°1 : Etat des lieux de nos connaissances sur la biodiversité et la crise d’extinction actuelle I Un regard sur la nature qui a changé A) Comment le naturalisme s’est-il détaché du Grand Inventaire de l’Œuvre du Créateur ? B) La contribution de la théorie évolutionniste C) Une nouvelle perspective permise par le fonctionnalisme II L’évaluation de l’état de santé de la biodiversité A) L’état des lieux global de la biodiversité  L’importance des inventaires  L’ensemble de la diversité biologique est menacé  Les menaces qui pèsent sur la diversité des habitats  Les menaces qui pèsent sur la diversité végétale et animale  B) L’état de la biodiversité européenne C) L’état de la biodiversité en France  La responsabilité de la France  L’état de la biodiversité remarquable, protégée par la Directive Habitats, en France
  • 5. 5 III L’étude des causes de l’érosion de la biodiversité A) La dégradation, la fragmentation, la perte des habitats  L’explication du phénomène  Les espèces particulièrement sensibles à ces phénomènes B) Le changement climatique  Une explication du phénomène encore délicate  La fragmentation des habitats aggrave le phénomène normalement compensable du changement climatique  Le changement climatique favorise le maintien des espèces invasives sur le territoire  Les espèces particulièrement sensibles au changement climatique  Création d’un indicateur européen mesurant l’impact des changements climatiques sur les êtres vivants du continent  Un impact sur les milieux marins encore incertain  Le changement climatique va menacer une grande quantité d’espèces  Les espèces peuplant les régions polaires et tropicales sont d’ores et déjà touchées, et seront les plus affectés dans l’avenir  Impact sur les espèces incapables de migrer, de s’adapter C) La dissémination d’espèces envahissantes ou invasives  L’explication du phénomène  Distinction entre espèce envahissante et espèce invasive  Il existe différents types d’espèces invasives  L’étude des causes de leur prolifération
  • 6. 6  Les espèces et les habitats particulièrement sensibles à la prolifération des espèces invasives  Apparition fréquente dans les milieux endommagés par les activités humaines  Apparition dramatique dans les espaces insulaires  Les espaces littoraux et lacustres sont fréquemment touchés par les espèces invasives  Les espaces naturellement variés sont particulièrement touchés par les espèces exotiques D) La surexploitation des ressources naturelles  Les différentes formes d’exploitation, fonction des objectifs :  La consommation par la chasse, la pêche ou la cueillette  La commercialisation  Les collections  Les craintes ou superstitions  Les espèces les plus touchées par la surexploitation  Les espèces marines sont particulièrement menacées. Partie N°2 : Les raisons pour lesquelles une entreprise française doit intégrer la conservation de la biodiversité et des services écologiques dans sa stratégie de développement I Les interactions de l’entreprise avec la biodiversité et les services écologiques A) La protection des écosystèmes au service de la conservation de la biodiversité B) Les interactions de l’entreprise avec les écosystèmes
  • 7. 7  Comprendre le fonctionnement d’un écosystème  L’importance de la conservation des écosystèmes pour les entreprises  Découverte de l’importance du capital naturel pour l’activité économique  L’évaluation économique des services rendus par les écosystèmes  La biodiversité est source d’opportunités et de risques pour l’entreprise  Quels sont les services écologiques ?  Quel est l’état des lieux des services écologiques II La pression publique demande aux entreprises de s’investir sur cette question A) Un effort institutionnel insuffisant  Quels ont été les efforts mis en œuvre.  La Convention pour la Diversité Biologique et la Convention CITES  La Directive Habitats, la Directive Oiseaux  Directive Responsabilité Environnementale  La Stratégie Nationale pour la Biodiversité et le Grenelle de l’Environnement  Un échec relatif des efforts institutionnels  Malgré cette mobilisation, les multiples menaces pesant sur la biodiversité persistent.  A l’échelle globale  A l’échelle régionale  A l’échelle locale
  • 8. 8  Les raisons d’espérer  La Conférence de Nagoya est préparée activement : - La 6e conférence de Trondheim - La Conférence de Libreville, septembre 2010 - Les préparatifs de l’Union Européenne - La création de l’IPBES - Mise en place de nouveaux outils  Les inventaires :  Financement de nouveaux projets B) Pression sociale  Réalisation d’un sondage TNS-Sofres en mai 2010, à destination des citoyens français  Réalisation d’un sondage Eurobaromètre le 9 avril 2010 à destination des citoyens européens  Organisation de colloques, de conférences, d’une université d’été III L’entreprise doit respecter la réglementation A) Le respect de la réglementation européenne  La directive Responsabilité Environnementale (2004)  La directive Habitats B) Le respect de la réglementation française • Les principales lois françaises en matière de protection de la biodiversité • Le durcissement des réglementations
  • 9. 9 Partie N°3 : Les moyens, à la disposition de l’entreprise, pour comprendre et intégrer la biodiversité et les services écologiques dans sa stratégie de développement. I Mise en place d’un audit interne A) L’indicateur d’interdépendance de l’entreprise à la biodiversité (IIEB) B) L’Evaluation des Services Rendus C) L’Evaluation Biodiversité de l’Entreprise II Recours aux indicateurs A) Les indicateurs au service de l’entreprise  Les indicateurs d’état, à paramètre unique  L’étude de l’abondance d’une espèce, d’un groupe d’espèces (groupe fonctionnel)  Les indicateurs d’état composites, ou multiples  Les indicateurs d’état-pression-réponses B) Les limites des indicateurs C) Les indicateurs en développement  Projet de caractérisation des fonctions écologiques par le CGDD  L’étude des fonctions et des services écologiques par le MEA- France
  • 10. 10 En marge du Sommet de Copenhague, en décembre 2009, le président de la 9e Conférence des Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (COP-9) a annoncé qu’un cinquième des espèces animales et végétales étaient menacées de disparition si rien n’est fait pour limiter le réchauffement climatique. Derrière la crise du climat s’en profile une autre, moins visible mais tout aussi grave, celle de l’extinction des espèces, celle de la biodiversité. La biodiversité recouvre l’ensemble des formes de vie sur Terre (faune, flore, milieux naturels, l’espèce humaine) ainsi que les relations établies entre elles. C’est la diversité biologique, la diversité du vivant. Elle se décline en trois niveaux : la diversité génétique (la diversité des caractères génétiques au sein d’une même espèce), la diversité spécifique (les différentes espèces), la diversité écologique (les différents milieux). Pour illustrer cette définition, Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS a pensé à l’image de la toile d’araignée. En effet, les espèces sont liées les unes aux autres par des liens qui tissent une véritable toile d’araignée. Si on retire un lien, le reste de la toile peut se maintenir, mais si on retire trop de fils, un pan de la toile risque de s’effondrer. Les différents acteurs œuvrant pour la conservation de la biodiversité distinguent la biodiversité dite ordinaire de celle dite remarquable : il existe un débat sur le bien-fondé d’une telle distinction puisqu’aucune espèce n’a de valeur intrinsèque supérieure à une autre. En revanche, les décideurs politiques considèrent qu’une espèce, à partir du moment où ses effectifs sont restreints, ou menacés, est plus remarquable qu’une autre. La biodiversité est le résultat d’une double-dynamique : le patrimoine génétique de chaque espèce évolue au contact du milieu qui l’héberge. Et le milieu change lui aussi. Ces évolutions sont des phénomènes lents, alors, si le milieu change trop vite, une espèce peut disparaître faute d’avoir pu s’adapter. Présente dans tous les milieux (air, terre, mer) la biodiversité s’adapte aux conditions d’existence les plus rudes : elle est présente dans les milieux les plus inhospitaliers, comme les abysses océaniques. Si la disparition des espèces est un processus naturel, maintes fois observée et parfois nécessaire, aujourd’hui, le rythme de dégradation des écosystèmes, de la perte de la biodiversité animale et végétale s’est accélérée (100 à 1000 supérieur à la normale). Son rythme est tel que certains experts craignent qu’une « sixième extinction massive » des espèces soit en marche, la dernière ayant vu la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Elle est globale, et devrait mobiliser l’ensemble des acteurs de nos sociétés, puisque l’homme est responsable de ce phénomène ; mais il n’en est rien : en effet cette crise est inaudible car « l’homme n’a pas encore compris sa dépendance à l’égard de la biodiversité », estime Mme Jouanno, secrétaire d’état à l’écologie, alors qu’il s’agit d’un enjeu crucial sur des problématiques telles que l’alimentation, la santé, ou encore l’approvisionnement en eau potable pour l’homme. Le bien-être de notre société et l’activité prospère des entreprises ne sont possibles que grâce aux services offerts par la nature.
  • 11. 11 Le caractère dramatique de la crise de la biodiversité est qu’il est difficile de la mesurer : un indicateur façonné, à l’origine, pour une échelle, une espèce, un habitat en particulier est très difficilement transposable à une autre échelle, une autre espèce, ou un autre habitat. De plus le caractère infongible de la biodiversité et des services qu’elle nous offre rend la définition de valeurs économiques très délicate, éthiquement et contestable, techniquement. La biodiversité est considérée par une majorité de naturalistes, écologistes, scientifiques comme possédant une valeur intrinsèque, c’est-à-dire qu’on ne peut lui accorder de valeur monétaire, qui la rendrait ainsi potentiellement substituable aux autres capitaux dont dispose une entreprise ou un Etat (concept de durabilité faible). Face à tant d’obstacles méthodologiques, comment une entreprise peut-elle être convaincue qu’il est dans son intérêt, et qu’il est possible, d’intégrer la conservation de la biodiversité et des services écologiques dans sa stratégie de développement ? La thèse présentée ci-après veut démontrer qu’il est possible pour une entreprise d’identifier ses interactions avec son environnement naturel, et d’intégrer la conservation de la biodiversité et des services écologiques dans sa stratégie de développement, cela afin de révéler de nouvelles opportunités économiques. L’état de nos connaissances, sur la biodiversité et la crise d’extinction actuelle, conditionne la capacité de l’entreprise à la prendre en compte de la meilleure manière qui soit. De nombreuses raisons amènent, aujourd’hui, l’entreprise à s’investir sur cette problématique. Des outils d’évaluation des interactions de l’entreprise existent, ou sont en cours de développement.
  • 12. 12
  • 13. 13 Partie N°1 : Etat des lieux de nos connaissances sur la biodiversité et la crise d’extinction actuelle I Un regard sur la nature qui a changé A) Comment le naturalisme s’est-il détaché du Grand Inventaire de l’Œuvre du Créateur ? Lorsque Linné publie, en 1758, sa dixième édition de Systema Naturae, le naturalisme perçoit l’inventaire du Vivant comme l’étude du plan du Créateur. Cette conception est fixiste : elle développe l’idée selon laquelle l’œuvre du Créateur est immuable depuis sa création. Linné décrit 6.000 espèces végétales, principalement terrestres, et 4.400 espèces animales, dont un tiers de vertébrés. Le principal apport de cette conception est la démarche de classer les espèces inventoriées d’une manière binomiale : le nom du genre, puis de l’espèce. L’inventaire du Vivant s’affranchit progressivement de cette dimension métaphysique. Ce projet de grand inventaire a motivé les efforts de nombreux naturalistes au XIXe et au XXe siècle pour aboutir aujourd’hui au chiffre de 1.8 million d’espèces décrites. Considéré comme terminé, le Grand Inventaire n’a plus su mobiliser autant les naturalistes. Il faut attendre les années 1960, et le développement de techniques d’exploration plus systématiques de certains écosystèmes (forêt tropicale, abysse océanique) pour comprendre que le nombre d’espèces encore à découvrir et à comprendre est considérable. Les groupes des vertébrés, des plantes terrestres sont facilement observables et ne représentent pas ce qu’il reste à découvrir : principalement des invertébrés, des micro-organismes. B) La contribution de la théorie évolutionniste Les Encyclopédistes ont eu l’intuition que les espèces actuelles n’étaient pas immuables mais représentaient un « arrêt sur image », c’est-à-dire l’expression de la dynamique du Vivant à un instant donné. Des naturalistes, comme Charles Darwin, ont introduit deux concepts : - La diversité au sein des espèces est d’une importance cruciale : Darwin postule que la variation entre les espèces se construit sur le long terme à partir de la variation au sein de ces espèces. La diversité génétique, depuis lors, apparaît comme le moteur de la capacité d’adaptation et d’évolution des espèces.
  • 14. 14 - L’inventaire des espèces, du fait de la dynamique évolutive, est délicat à réaliser : certaines espèces peuvent avoir divergé très récemment, et être donc similaires, alors que d’autres auront une divergence évolutive forte et ancienne. Le groupe des insectes évolue très rapidement, tandis que le groupe des mammifères évolue lentement. De plus, les critères permettant de considérer un groupe d’entités biologiques comme une espèce distincte ne font pas forcément l’objet d’un consensus de la communauté scientifique. C) Une nouvelle perspective permise par le fonctionnalisme Une nouvelle approche, l’Ecologie Fonctionnelle a permis de mieux comprendre le fonctionnement de l’écosystème et le rôle qu’y jouaient les différents organismes vivants. Un écosystème recouvre l'ensemble des espèces de faune et de flore vivant dans un environnement physique déterminé et interagissant entre elles. Cet ensemble forme une unité écologique fonctionnelle dynamique. Plusieurs avancées ont fait de l’étude de la biodiversité et des services écologiques ce qu’elle est aujourd’hui : - La compréhension des déterminants, notamment environnementaux, est fondamentale pour expliquer la répartition des êtres vivants sur la planète. L’un des actes fondateurs de cette vision est la carte de l’étagement de la végétation sur les flancs du volcan Chimborazo. Plus récemment, la prise en compte de la dimension historique des peuplements des écosystèmes est venue moduler ces approches strictement déterministes. - Les interactions fonctionnelles de tous ordres entre les espèces, sont liées à de multiples échanges. Les échanges alimentaires assurent la circulation de l’énergie au sein de l’écosystème et échangent des signaux physiques et chimiques qui vont conférer à un écosystème des propriétés spécifiques et émergentes. Cette notion d’émergence signifie que ces propriétés ne peuvent être prédites à partir de la connaissance, même fine, de la biologie de chaque espèce et ne résultent pas de la simple addition des activités propres à chacune de ces espèces. Sans utiliser le terme de « super-organisme » il est clair que l’ensemble du peuplement biologique d’un écosystème constitue un système biologique intégré et original : la même espèce dans deux écosystèmes différents pourra avoir des caractéristiques biologiques sensiblement différentes, par exemple en terme de résistance aux maladies. Outre la nécessité de décrire ce nouveau niveau d’organisation du vivant, ce constat amène à la nécessité de préserver globalement ces ensembles que sont le « tissu du vivant » au sein de leurs écosystèmes et non pas seulement leurs composantes indépendamment et en dehors de ces écosystèmes. L’Ecologie Fonctionnelle, en se proposant d’identifier le rôle que joue chaque espèce au sein d’un écosystème, est amenée à regrouper des espèces jouant un rôle similaire, et nous amène à revenir sur l’utilisation des espèces comme métrique de la biodiversité. Ces
  • 15. 15 « groupes fonctionnels » peuvent rassembler des espèces très proches sur un plan évolutif (différentes espèces d’oiseaux dans une forêt) ou au contraire appartenant à des lignées évolutives très différentes (les sauterelles et les moutons consomment tous les deux l’herbe dans une prairie). Une relative redondance fonctionnelle existe entre les espèces du même groupe fonctionnel : alors si une espèce venait à disparaître, une autre espèce remplissant les mêmes fonctions qu’elle, pourrait la remplacer ; les services rendus par l’écosystème ne s’en trouveraient pas ou peu altérés. Une fonction clé peut aussi être endommagée si l’espèce disparue avait une fonction bien spécifique et singulière dans l’écosystème. II L’évaluation de l’état de santé de la biodiversité A) L’état des lieux global de la biodiversité  L’importance des inventaires En ce début de 21e siècle, l’inventaire des espèces qui constituent le tissu vivant de notre planète est loin d’être terminé. Les scientifiques découvrent encore tous les jours de nouvelles espèces (10 000 espèces supplémentaires sont identifiées chaque année), dans toutes sortes de milieux et de régions géographiques. Mais une grande partie des espèces pourrait disparaître d’ici la fin du siècle, avant même d’être découvertes par les chercheurs. Ceux-ci sont donc confrontés à un immense défi : accélérer l’inventaire des compartiments méconnus et négligés de la biodiversité. Aujourd’hui, la communauté scientifique a inventorié l’existence d’1,8 million d’espèces, dont 1,4 million appartenant au règne animal et 350 000 au règne végétal. 95 % des vertébrés et 85 % des plantes vasculaires ont été décrites. La communauté scientifique estime le nombre d’espèces totales présentes sur Terre entre 8 et 30 millions et découvre chaque année plusieurs milliers d’espèces. 230 000 espèces marines sont recensées (Etude Census of Marine Life). Toutefois, des experts estiment le nombre d'espèces de petits invertébrés vivant dans les grands fonds océaniques à 10 millions, et certains avancent le chiffre de 100 millions simplement pour le nombre de nématodes (des vers). Par exemple, en juillet 2010, ont été présentés les résultats de l’inventaire All Taxa Biodiversity (ATBI), entrepris dans le Parc du Mercantour : 11 nouvelles espèces ont été découvertes, un charançon (coléoptère), 7 invertébrés aquatiques souterrains (des crustacés vivant dans les sédiments des rivières) et 3 collemboles (des insectes de l’ordre du millimètre). Ces nouvelles espèces sont loin d’avoir livré tous leurs secrets. Trouvé dans l’obscurité d’une grotte, le charançon Charançon Trachyphloeus lecciae
  • 16. 16 n’est pas aveugle, comme s’y attendaient les scientifiques. Les crustacés sont dépourvus d’yeux, mais munis d’antennes servant à percevoir leur environnement. Ils seraient susceptibles de vivre une quarantaine d’heures sans oxygène et deux cents jours sans nourriture.  L’ensemble de la diversité biologique est menacé  Les menaces qui pèsent sur la diversité des habitats Les écosystèmes les plus en danger sont les grandes forêts tropicales qui abritent plus de la moitié des espèces animales et végétales du monde, car elles ont été protégées des périodes de glaciation. Beaucoup d’espèces endémiques, à savoir que l’on ne trouve que dans ces milieux, y sont présentes en grand nombre. La forêt tropicale de Bornéo, par exemple, possède l’une des plus riches biodiversités ; celles-ci sont avant tout des micro-organismes, des végétaux, des invertébrés. Pour preuve, depuis 2007, 123 nouvelles espèces ont été répertoriées dans le cadre du projet Heart of Borneo du WWF. Ce recensement a permis de découvrir 29 invertébrés, 17 poissons, 67 plantes, 5 grenouilles, 3 serpents, 5 reptiles. Malheureusement, les forêts tropicales connaissent une forte pression : elles sont exploitées intensément par l’Homme. Selon la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture des Nations Unies), 13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année (la surface de l’Angleterre). En outre, une étude de l’université de Stanford (Californie), menée par Greg Asner, suggère que, d’ici 2100, le changement climatique et la déforestation pourraient avoir causé la disparition de deux tiers des forêts tropicales d’Amérique du Sud. En Afrique, ce sont 70% des forêts qui pourraient mourir, et 80% de la biodiversité de la région amazonienne serait obligée de s’adapter ou de disparaître. L’étude est une première car, auparavant, aucune projection sur l’adaptation des écosystèmes tropicaux n’avait été réalisée. Selon l’amplitude du réchauffement, seulement 18 à 45% des plantes et des animaux des forêts tropicales resteraient tels que nous les connaissons aujourd’hui. D’après le rapport de la Convention pour la Diversité Biologique (CBD) Perspective mondiale de la diversité biologique, publié en mai 2010, les pertes annuelles attribuables au déboisement et à la dégradation des forêts peuvent varier de 2 milliards $US à 4,5 milliards $US. Ces pertes peuvent être évitées en n’investissant que 4,5 milliards $US : un investissement qui procure un rendement cent fois plus grand. Les zones humides sont un espace de transition entre la terre et l’eau et constituent un patrimoine naturel extraordinaire en raison de leur richesse biologique.
  • 17. 17 Elles recouvrent 6% de la planète. 35% des espèces rares et en danger trouvent refuge dans les zones humides. En Europe, 50% des zones humides ont disparu ces 50 dernières années. En France, 67% des zones humides ont disparu depuis le début du 20e siècle (CGDD – Etudes & Documents n°23 – Services écologiques des zones humides – juin 2010). Les récifs coralliens ne représentent que 0,6% de la surface des océans mais ils abritent près de la moitié des espèces marines. Mieux que cela, les coraux constituent de véritables berceaux pour la vie marine, affirment aujourd’hui des chercheurs du Muséum d’Histoire Naturelle de Berlin dans la revue Science. C’est en effet là que sont apparues de nombreuses espèces. Ces milieux sont soumis à une forte pression qui stresse les coraux et conduit à leur blanchiment puis à leur mort. Les coraux fournissent 120 milliards d’euros de « services » à l’humanité chaque année au niveau mondial. Malgré tout, d’après le Millenium Ecosystem Assessment (2005), 20% des récifs de corail dans le monde ont été détruits et 20% ont été dégradés ces dernières décennies.  Les menaces qui pèsent sur la diversité végétale et animale Le rapport publié tous les quatre ans par l’UICN, Liste Rouge, a dressé, en 2009, un bilan inquiétant de l’état de la biodiversité mondiale. Celui-ci analyse un échantillon de 2,7 % représentatif des 1,8 millions d’espèces différentes recensées. D’après le rapport Liste Rouge, dans le monde, 20% des 5487 mammifères de la planète sont aujourd’hui menacés d’extinction ; à titre de comparaison depuis l’année 1500, seules 76 espèces se sont éteintes, et la situation pourrait s’avérer pire car il manque des données pour plus de 800 espèces. 59% des amphibiens, 42% des reptiles d’Europe, 12,5% des oiseaux, 40% des poissons d’eau douce sont également en déclin. La diversité biologique a diminué de 27 % entre 1970 et 2005, selon le rapport du WWF 2010 and Beyond: Rising to the Biodiversity Challenge, qui présente les dernières données de l'indice Planète Vivante. De plus, le WWF a publié une liste des dix espèces les plus menacées, en janvier 2010. Celles-ci, ainsi que beaucoup d’autres espèces, se trouvent bien plus à risque qu’auparavant du fait de la perte de leurs habitats, du braconnage et des menaces liées aux changements climatiques. Les tigres, les ours polaires, le morse du Pacifique, les tortues luths ou encore le gorille des montagnes figurent sur cette liste. « Nous disposons cette année d’une fenêtre d’opportunité au moyen de laquelle nous allons pouvoir prendre les devants et sauver quelques animaux, parmi les plus splendides de la planète, de l’extinction », déclare Dr Richard Dixon, directeur
  • 18. 18 du WWF Ecosse. Le rhinocéros de Java, le papillon monarque, le thon rouge et le manchot de Magellan font également partie des espèces les plus menacées. Source : UICN
  • 19. 19 B) L’état de la biodiversité européenne Un rapport publié par la Commission Européenne, le 13 juillet 2009, a dressé un état des lieux de la biodiversité remarquable de l’Union Européenne : plus de 1180 espèces et 216 habitats protégés par la législation communautaire (Directive Habitats de 1992). Le rapport relève un manque d’information de certains membres, puisque sur l’ensemble des évaluations, 13% des habitats et 27% des espèces ont abouti à un état de conservation « inconnu ». Il couvre la période 2001-2006. Au total seuls 17% des espèces et des habitats protégés par la Directive Habitats sont en bon état de conservation. D’après le rapport, en Europe, 42% des mammifères, 43% des oiseaux, 45% des papillons, mais aussi 30% des amphibiens, 45% des reptiles, 52% des poissons d’eau douce sont menacés d’extinction. Point positif, cependant, certaines espèces telles que le loup, le lynx d’Eurasie, le castor, la loutre commencent à recoloniser leur territoire traditionnel : les pressions négatives, comme la chasse et la pollution ont été réduites. En outre, les zones de protection Natura 2000 ont continué de progresser légèrement, pour atteindre 17,6 % du territoire de l'Union en 2009. De plus, commandée et financée par la Commission Européenne, la dernière Liste Rouge européenne dresse un bilan accablant de la situation des libellules, coléoptères et papillons d’Europe. Ce constat établit que les régions concernées devront mettre en œuvre des politiques de conservation, vitales à la préservation de l’espèce. Si nombre des 6000 espèces étudiées sont en danger, c’est essentiellement du fait de la destruction de leurs habitats naturels, des changements climatiques, des incendies de forêt et du développement du tourisme. Par exemple, coutumiers des régions d’Europe méridionale, 31 % des espèces de papillons affrontent un grave déclin. Les experts de l’UICN dressent un constat encore plus alarmant pour 9 % des 435 espèces étudiées qui sont déjà au stade critique de la menace d’extinction. La situation pourrait même être pire encore pour une espèce, celle de la piéride du chou de Madère, que l’on estime en danger critique d’extinction étant donné qu’elle n’a pas été aperçue sur l’île portugaise depuis plus de 20 ans.
  • 20. 20 C) L’état de la biodiversité en France  La responsabilité de la France Zone Economique Exclusive de la France (DIREN, Bretagne) D’après le rapport de l’UICN Liste Rouge de 2009, la France porte une responsabilité de premier plan aux niveaux mondial et européen pour enrayer l’extinction de la biodiversité. La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans trois océans. Notre pays abrite 10% des récifs coralliens mondiaux. C’est le deuxième domaine maritime du monde, avec 11 millions de km². Preuve de l’incroyable richesse de l’île de la Réunion, début août 2010, une vaste surface de l’île a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. La France métropolitaine rassemble, à elle seule, la moitié des zones de grande diversité en Europe. La France occupe, aussi, la première place, en Europe, pour la diversité des amphibiens (38 espèces), des oiseaux (357 espèces) et des mammifères (120 espèces). Les Terres Australes et Antarctiques françaises abritent les communautés d’oiseaux marins les plus diversifiées du monde. 778 espèces mondialement menacées sont présentes sur son territoire. Elle se situe au 8e rang des pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales menacées dans le monde. Cette situation est due principalement aux collectivités françaises d’Outre- Mer qui se trouvent presque toutes situées sur des « points chauds de la biodiversité ». Les Caraïbes, l’Océan Indien, la Polynésie-Micronésie, la Nouvelle-Calédonie, ayant perdu au moins 70% de leurs habitats naturels originels. En France métropolitaine 1 espèce de poisson d’eau douce sur 5 est menacée de disparition. 36% des mammifères, 18% des oiseaux nicheurs sont menacées de disparition
  • 21. 21 en France. Le pays a perdu 30% de ses prairies en 30 ans, 75% des rivières contiennent des pesticides, la moitié du territoire est pollué par les nitrates.  L’état de la biodiversité remarquable, protégée par la Directive Habitats, en France La première évaluation de la directive Habitats publiée par le Service d’observation et des statistiques de l’environnement (SOeS), en avril 2010, pour la période 2000-2006, révèle que plus de 50 % des espèces et près de 75 % des habitats, parmi les plus menacés d’Europe, ne sont pas en bon état de conservation en France, premier pays européen abritant cette biodiversité ( 1 habitat sur 6 et 1 espèce sur 5 d'intérêt communautaire sont en bon état de conservation en France). Les 3 états de conservation « favorable », « défavorable inadéquat », « défavorable mauvais » sont établis en fonction de paramètres comme la surface estimée, la viabilité à moyen terme des habitats, ou l’état de population et de leurs habitats pour les espèces. La région atlantique qui correspond grossièrement à la moitié ouest de notre pays est la région biogéographique la plus mal classée, avec 53 % d’habitats en mauvais état. L’agriculture et l’urbanisation du littoral sont notamment pointées du doigt. La région alpine (Alpes et Pyrénées) est en revanche celle qui regroupe la plus forte proportion d’évaluations favorables, en France mais aussi en Europe. Sur l’île de la Réunion, plus d'un tiers des poissons d'eau douce et près de la moitié des crustacés sont en danger d'extinction et le quart des espèces d'oiseaux a déjà disparu, selon le recensement de l'UICN publié le 1er juillet 2010, réalisé avec le Muséum national d'Histoire naturelle et des organisations locales. L’Apron du Rhône a connu une régression de 90% de son aire de répartition historique La tortue cistude est une espèce Quasi Menacée d’après la Liste Rouge française Roussette noire, chauve-souris la plus menacée de la Réunion
  • 22. 22 Globalement, ce sont les habitats marins et côtiers, les dunes, les tourbières et bas-marais, les habitats d’eau douce ainsi que les prairies qui sont les plus dégradés. III L’étude des causes de l’érosion de la biodiversité A) La dégradation, la fragmentation, la perte des habitats  L’explication du phénomène Elle constitue la principale cause d’extinction des espèces dans le monde, en particulier les espèces aux répartitions géographiques restreintes. La dégradation, la fragmentation et la perte des habitats peut être importante face à l’urbanisation, à l’expansion des surfaces agricoles, la conception d’infrastructures linéaires de transport, et aux pollutions qu’elles engendrent. La fragmentation se manifeste lorsqu’un écosystème de large étendue est transformé par l’action humaine en de nombreux fragments, de taille réduite, isolés spatialement. La fragmentation des milieux naturels affecte la biodiversité selon 4 mécanismes : - L’effet « mécanique » est la destruction de l’habitat par l’homme, qui se manifeste par exemple par la déforestation. Un des effets les plus rapides et les plus évidents de la fragmentation est l’élimination des espèces présentes seulement dans les parties du paysage détruites. Puis, la disparition d’un certain nombre d’éléments, suite à la fragmentation, qui était nécessaire à la survie de ces espèces peut engendrer une diminution (ou une disparition) des espèces endémiques à la zone fragmentée. - Une perturbation des processus de dispersion. Les espèces qui exigent une mosaïque d’habitats (présence de plusieurs habitats différents) pour leur développement peuvent être menées vers l’extinction si une barrière physique sépare un habitat des autres. De plus ces espèces peuvent être mises en danger quand la fragmentation provoque la séparation d’une grande population en plusieurs petites populations qui ne sont plus reliées entre elles et dont les effectifs ne sont plus assez importants pour avoir une population viable. Ces populations ne pourront pas survivre sur le long terme du fait de leur faible effectif, et du fait de l’uniformité génétique que cela va induire qui les rendra plus sensibles aux conditions extérieures. - Une diversité d’habitats réduite avec des populations restreintes. La diversité des habitats contribue à la diversité des espèces. Dans certains cas, les espèces exigent la présence d’une diversité d’habitats pour vivre : un habitat lié à la nidification, un autre à l’alimentation, un à
  • 23. 23 la reproduction… Une réduction des potentialités d’habitats entraînera donc la disparition de ces espèces. Un autre facteur devant être considéré est la taille des animaux. Une espèce de grande taille nécessitant souvent un espace plus important pour sa survie, qu’une espèce de petite taille. La fragmentation des milieux occasionnant la création de plusieurs fragments de petite taille, le milieu deviendra donc défavorable aux espèces ayant besoin de grands espaces. - Un effet de lisière : on augmente la part représentée par la lisière dans l’écosystème en cas de fragmentation. Des conditions écologiques spécifiques sont présentes dans l’écosystème de lisière par rapport à la zone centrale : l’ensoleillement, le régime des vents ou encore le régime de température vont varier. Ces conditions différentes entre la lisière et la zone cœur induisent la présence d’une faune et d’une flore différentes. L’habitat initial sera par conséquent dénaturé du fait de l’augmentation de l’effet de lisière, qui va altérer les patrons locaux de diversité et la dynamique des populations. Un nouveau cortège d’espèces sera donc présent sur cet espace au détriment de celui de l’espace cœur. Si ce dernier abrite des espèces endémiques, la réduction de la surface de l’habitat peut mettre en danger ces populations, et provoquer leur extinction.  Les espèces particulièrement sensibles à ces phénomènes Les espèces les plus sensibles sont les premières qui seront affectées par la fragmentation. Une perte d’habitat va donc provoquer une diminution de la diversité spécifique et un changement de la composition des communautés. Ces espèces sensibles à la fragmentation sont : - les espèces naturellement rares qui ont une faible densité de population ou une distribution géographique limitée, - les espèces qui ont une faible fécondité ou un cycle de vie court, - les espèces ayant besoin d’une grande superficie d’habitat pour assurer une viabilité de la population sur le long terme, - les espèces ayant de faible capacités de dispersion, et qui ne pourront donc pas rejoindre un habitat non fragmenté, - les espèces qui ont besoin pour vivre de ressources présentes de manière imprévisible, - les espèces ne pouvant vivre que dans les espaces cœur (et donc pas dans les zones de lisières) - les espèces qui seront vulnérables aux prédateurs présents dans les zones de lisières, - les espèces vulnérables à l’exploitation humaine. La fragmentation des habitats par la création de routes peut également favoriser l’exploitation des espèces, et donc leur extinction, en rendant accessibles à l’homme des zones jusqu’à présent inaccessibles.
  • 24. 24 En outre, la fragmentation des habitats nuit à la capacité d’adaptation des espèces au changement climatique. Enfin, l’apparition d’espèces envahissantes autochtones ou allochtones peut profiter de la dégradation, de la fragmentation, de la perte des écosystèmes. B) Le changement climatique  Une explication du phénomène encore délicate Il est difficile d’isoler les impacts du changement climatique des autres pressions subies par les écosystèmes et bien que la problématique soit très différenciée selon les écosystèmes et les espèces, des signes de modification de la biodiversité attribuable aux changements graduels induits par le changement climatique sont d’ores et déjà observables. De nombreuses études sont entreprises pour déterminer le lien entre changement climatique et érosion de la biodiversité. Celles-ci sont arrivées à plusieurs conclusions :  La fragmentation des habitats aggrave le phénomène normalement compensable du changement climatique D’après une étude, réalisée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, l’avenir serait moins sombre : la résilience des écosystèmes aurait été sous-estimée. Les modèles actuels ne prendraient pas encore, correctement, en compte les effets des facteurs locaux comme la topographie et les effets tampon des microclimats. Leur synthèse des études récentes sur cette question met en évidence des contradictions dans les résultats suivant l’échelle d’analyse des territoires choisis. Leur prise en compte de la qualité des milieux avoisinants le territoire étudié est, d’autre part, insuffisante. L’étude explique que nous devons nous attendre à voir des espèces migrer, être remplacées, et former de nouvelles communauté. Le Pr. Kathy Willis explique que c’est la fragmentation des habitats qui menacent le plus les espèces. En bloquant leur migration, cette fragmentation les empêcherait de s’adapter aux variations climatiques et pourrait causer leur disparition.  Le changement climatique favorise le maintien des espèces invasives sur le territoire Selon une étude du Global Invasive Species Program (GISP), le changement climatique
  • 25. 25 favorise le maintien d’espèces sur un territoire qui leur était auparavant inaccessible. Ce phénomène se produit dans tous les écosystèmes terrestre, marin, végétal, animal, micro- organique. Lorsqu’elles sont installées, ces espèces, comme la dendroctone du pin ponderosa, un insecte de la taille d’un grain de riz qui altère son écosystème et provoque une mortalité généralisée des forêts de pins dans le nord-ouest du Canada, causent des dommages extrêmement importants à leurs nouveaux environnements. Plus proche de nous, en France, le nombre d’espèces de pucerons augmente : leur développement est précoce (trois semaines) mais il est heureusement compensé, car, ceux-ci sont les proies de nombreuses autres espèces comme les guêpes ou les coccinelles.  Les espèces particulièrement sensibles au changement climatique  Création d’un indicateur européen mesurant l’impact des changements climatiques sur les êtres vivants du continent Frédéric Jiguer, maître de conférences au MNHN, a participé à l’étude commandée par la Commission Européenne, élaborant un nouvel indicateur montrant comment les changements climatiques affectent les espèces vivantes à travers l’Europe. L’Union Européenne considère cet indicateur comme une mesure officielle, le premier du genre. L’indicateur de changement climatique combine deux jeux de données indépendants : - des prédictions de distribution future basée sur des modèles dits d’enveloppe climatique, - des données sur les tendances européennes d’évolution des populations d’oiseaux nicheurs, à l’instar de ce que fait le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) en France. Les résultats montrent que le nombre d’espèces touchées de manière négative est presque trois fois plus grand que le nombre d’espèces qui bénéficient des changements climatiques. L’impact se fait déjà sentir sur les oiseaux nicheurs d’Europe.  Un impact sur les milieux marins encore incertain Aujourd'hui, les observations indiquent que 84% du réchauffement du système planétaire a eu lieu dans les océans. De nombreux résultats attestent déjà d'une réponse des organismes marins vis-à-vis de cette augmentation de température. Cependant, peu d'études ont été conduites sur les conséquences du changement climatique global sur l'évolution de la biodiversité marine à grande échelle spatiale. Cette étude révèle ainsi qu'une augmentation de la biodiversité taxonomique pourrait, si elle est généralisable à l'ensemble de l'océan mondial, altérer temporairement certaines
  • 26. 26 fonctions importantes pour l'homme (telles que la régulation du dioxyde de carbone et l'exploitation des ressources marines). Cette augmentation, jamais constatée à une aussi grande échelle spatiale, constitue l'empreinte d'un bouleversement structurel profond des systèmes biologiques en Atlantique Nord en réponse à l'augmentation des températures. Le réchauffement climatique des dernières décennies s'est accompagné d'une augmentation de la biodiversité de plancton végétal et animal de l'océan Atlantique Nord et d'une diminution de la taille moyenne de ces organismes. Ces résultats ont été obtenus grâce au programme Continuous Plankton Recordersuit qui, tous les mois, a étudié, depuis 1946, la présence et l'abondance de près de 450 espèces planctoniques dans l'océan Atlantique Nord. Leurs analyses révèlent pour la première fois que le réchauffement des températures s'est accompagné d'une augmentation de la biodiversité de ces groupes planctoniques dans l'océan Atlantique Nord et d'une diminution de 25 à 33% de la taille moyenne des copépodes, dont une centaine d'espèces peuple cette partie de l'océan. La taille de ces organismes est en effet passée d'une moyenne de 3-4 mm à 2-3 mm dans certaines régions situées à la limite entre les systèmes tempérés et polaires. Les chercheurs montrent que cette modification structurelle des systèmes biologiques pourrait entraîner une altération du puits de carbone en Atlantique Nord et une diminution de la présence des poissons subarctiques tels que la morue.  Le changement climatique va menacer une grande quantité d’espèces D’après une étude, coordonnée par les laboratoires du CNRS et du MNHN, publiée dans le journal Global Change Biology, du mois d’octobre 2009, 20% de la biodiversité végétale n’aurait pas été renouvelé en 10 ans. Ce phénomène s’expliquerait par le changement climatique qui touche largement la Guyane avec une hausse des températures
  • 27. 27 de 2°C en 50 ans. Les très fortes années sèches s’avèrent de plus en plus fréquentes et ne permettent plus le renouvellement normal des populations végétales. Le rapport « Conservation pour une nouvelle ère », publié par l’UICN explique, dans le chapitre consacré au changement climatique et à la biodiversité, que la menace est réelle. A +2 degrés, « plus de 30 % des espèces seront menacées d’extinction » et « 15 % des écosystèmes de la planète seront affectés ». Une part importante des espèces non menacées d’extinction est sensible au changement climatique (30% des oiseaux, 51% des coraux, 41% des amphibiens), le réchauffement pourrait à l’avenir toucher gravement un plus grand nombre d’espèces sauvages. Le saumon est menacé par la hausse de température de l’eau, qui réduit les niveaux d’oxygène, accroit le risque de maladies, et nuit à leur capacité respiratoire. Le koala est victime de malnutrition et ultimement meurt de faim car la qualité nutritionnelle des feuilles d’eucalyptus diminue à mesure que le niveau de CO² augmente. La tortue luth est affectée par la montée du niveau des mers, et l’accroissement de l’activité des tempêtes du fait du changement climatique, qui détruit leur habitat. L’accroissement de températures peut également mener à un accroissement de la proportion de mâles par rapport aux femelles. L’arbre aloe dichotoma, que l’on trouve dans le désert namibien, voit sa population décroître, à cause de la sécheresse. Le phénomène toucherait de manière indistincte tous les types de végétaux, laissant supposer qu’il s’agit d’une crise écologique majeure.  Les espèces peuplant les régions polaires et tropicales sont d’ores et déjà touchées, et seront les plus affectés dans l’avenir Un rapport de l’UICN Changement climatique et espèces explique que les espèces polaires sont les plus affectées par la diminution de la glace. Le phoque annelé, le pingouin empereur doivent se déplacer plus vers le nord, à mesure que la mer de glace recule. Lorsque la toundra laisse place à la forêt, le renard polaire rentre en concurrence avec le renard roux, pour s’alimenter. Le bélouga sera profondément affecté : la recherche de proie sera plus difficile, l’activité humaine se développera sur son territoire autrefois inaccessible. Le poisson-clown est aussi victime de l’acidification des océans, qui perturbe leur odorat, et les empêche de trouver leur refuge de prédilection, l’anémone, dont ils ont besoin pour se protéger.  Impact sur les espèces incapables de migrer, de s’adapter
  • 28. 28 Avec le changement climatique la répartition des espèces se modifient, or toutes ne sont pas capables de migrer ou de s’adapter (citons notamment les espèces montagnardes). C) La dissémination d’espèces envahissantes ou invasives  L’explication du phénomène  Distinction entre espèce envahissante et espèce invasive Selon la Liste Rouge de l'Union mondiale pour la nature (UICN), les espèces exotiques envahissantes sont la troisième cause de perte de la biodiversité dans le monde. Le coût annuel des dommages engendrés par les espèces invasives est estimé à 138 milliards de dollars aux États-Unis et à 1400 milliards de dollars, au niveau mondial. D'après le GISP, les espèces invasives peuvent transformer entièrement des écosystèmes, en altérant l'hydrologie, les régimes de feu, les cycles nutritifs et d'autres processus écologiques. Ces invasions engendrent alors des coûts énormes dans les domaines de l'agriculture, de l'activité forestière, de la pêche ou de la santé humaine. Les deux termes, invasive et envahissante, désignent la capacité d’une espèce à accroître son aire de répartition. Le terme invasif (ou invasive) est initialement employé dans la langue anglaise. En France, il est utilisé depuis les années 1970 en particulier dans le domaine médical (méthodes d’investigation invasives). La langue française utilise donc les deux termes, mais avec une signification différente : - Une espèce envahissante est une espèce qui a agrandi son aire de répartition naturellement ou à la suite d’une modification anthropique du milieu. Elle peut être autochtone ou allochtone de la zone considérée. - Une espèce est dite invasive si elle a été introduite, intentionnellement ou non, dans un territoire qui se situe hors de son aire de répartition naturelle, si elle se multiplie sur ce territoire, sans intervention de l'homme, y forme une population pérenne, et si elle constitue un agent de perturbation des activités humaines ou nuit à la diversité biologique. Une espèce invasive est donc une espèce introduite, envahissante et perturbatrice. L’UICN élargit la définition d’espèce invasive à toute espèce qui, s’étant établie dans un nouveau domaine géographique pour elle, y est un agent de perturbation et nuit à la diversité biologique. Ce sont généralement des espèces introduites mais pas uniquement. La menace posée par les espèces invasives, plus résistantes face au changement climatique, s’accroît. Une espèce peut être invasive en un lieu donné et ne pas être invasive sur son aire de répartition initiale. Le phénomène d’invasion biologique concerne donc des populations (des sous-ensembles) et non l’ensemble de l’espèce.
  • 29. 29 La croissance rapide de ces plantes, leur capacité d'adaptation et de multiplication végétative supérieure à celle des plantes indigènes, mais aussi l'absence de prédateurs ou de parasites naturels ont permis leur émergence. Les espèces introduites après 1500 sont considérées comme envahissantes en Europe, depuis la découverte de l'Amérique à partir de laquelle les échanges d'espèces entre continents se sont intensifiés.  Il existe différents types d’espèces invasives Les botanistes utilisent des termes complémentaires pour qualifier le caractère invasif de telle ou telle espèce. - Les espèces invasives avérées sont des plantes allochtones montrant actuellement un caractère invasif avéré dans le territoire considéré. Ce caractère se traduit par une dynamique d’extension rapide de ces plantes dans leur territoire d’introduction. Celles-ci forment localement des populations denses, souvent bien installées, qui se maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication végétative. Ces espèces peuvent produire des changements significatifs de composition, de structure et/ou de fonctionnement des écosystèmes, des problèmes graves à la santé humaine ou encore causer des préjudices à certaines activités économiques. - Les espèces invasives potentielles sont des espèces allochtones qui ne présentent pas actuellement de caractère invasif avéré dans le territoire considéré, mais dont la dynamique dans des régions limitrophes ou climatiquement proches, laisse penser qu’elles risquent néanmoins de devenir à plus ou moins long terme des invasives avérées. Ces plantes se maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication végétative. La présence d’invasives potentielles sur le territoire considéré justifie une forte vigilance et peut nécessiter des actions préventives. - Les espèces à surveiller sont des espèces allochtones qui ne présentent actuellement pas (ou plus) de caractère invasif avéré dans le territoire considéré pour les milieux naturels ou semi-naturels. Toutefois, la possibilité de développer un caractère invasif dans ces milieux n’est pas totalement écartée, compte tenu notamment du caractère invasif de ces plantes dans d’autres régions du monde. La présence de telles plantes sur le territoire considéré nécessite une surveillance particulière.  L’étude des causes de leur prolifération L’introduction involontaire d’espèces invasives est fréquente : activités industrielles, échanges commerciaux et transports de marchandises (fixation de graines sur les colis,
  • 30. 30 navires, véhicules, voyageurs…) figurent parmi les causes d'introductions accidentelles de ces plantes invasives dans un nouveau territoire. Ce phénomène accompagne depuis longtemps toute migration humaine. L’intensification du commerce mondial (le montant des échanges a été multiplié par 17 entre 1965 et 1990) multiplie les risques d’introduction d’espèces envahissantes, avec le commerce du bois ou de semences, le tourisme, ou même l’eau des ballasts des navires marchands. L’introduction peut aussi être volontaire, à des fins alimentaires ou ornementales. Le topinambour est cultivé comme légume pour ses tubercules riches en éléments minéraux et en glucides et sa prolifération reste, toutefois, maîtrisée de manière à éviter sa propagation. Dans les jardins sont plantées la buddléia du Père David ou l'herbe de la Pampa, pour la constitution de collections botaniques (renouée du Japon) ou dans les aquariums (myriophylle du Brésil). Toutes ces plantes invasives sont vendues dans le commerce. L’introduction peut également être naturelle : les graines des plantes peuvent être dispersées par le vent, l'eau ou les animaux.  Les espèces et les habitats particulièrement sensibles à la prolifération des espèces invasives Du Nord au Sud, tous les pays sont concernés par le phénomène des invasions biologiques. Vertébrés, insectes, champignons, bactéries, algues ou plantes, ces espèces sont impliquées dans la moitié de toutes les extinctions des 400 dernières années, selon l'UICN.  Apparition fréquente dans les milieux endommagés par les activités humaines « Introduites hors de leur aire de répartition naturelle par l'Homme, les plantes invasives peuvent se reproduire. Celles-ci s'installent majoritairement dans des milieux déjà perturbés tels que les bords de route, les terrains nus, les chantiers mais aussi les cours d'eau… » a expliqué Enora Leblay, chargée de mission espèces exotiques envahissantes à la fédération des Conservatoires botaniques.  Apparition dramatique dans les espaces insulaires Les iles sont particulièrement sensibles à ce phénomène qui peut entraîner la disparition totale de certaines espèces et une banalisation générale des milieux naturels. La dissémination d’espèces invasives est la première cause d’extinction des espèces insulaires, en particulier pour les oiseaux. En effet, les systèmes insulaires sont très différents des autres, parce qu’ils renferment des espèces endémiques, ne se trouvant nulle part ailleurs. Une espèce insulaire disparue, l’est, bien souvent, à l’échelle mondiale.
  • 31. 31 Les espèces exotiques envahissantes sont une des causes principales de la perte de biodiversité en Outre-Mer. L’ile de Tahiti est recouverte aux deux tiers par une plante envahissante, le miconia calvescens.  Les espaces littoraux et lacustres sont fréquemment touchés par les espèces invasives Les littoraux, écotones de l’écosystème marin et de l’écosystème terrestre est aussi sujet à invasion. En Méditerranée, la présence importante d’espèces invasives est un facteur crucial qui va continuer à modifier la biodiversité. Venues d’autres mers, via le détroit de Gibraltar ou le canal de Suez, elles sont estimées à plus de 600, soit 4% du total des espèces recensées. Certaines d’entre elles, notamment les méduses sont problématiques : la Mnemiopsis Leidyi (méduse américaine), en 2009, a provoqué de grandes inquiétudes en raison de son impact connu sur les écosystèmes et les zones de pêche. La dispersion de la vendue comme plante ornementale et de la jacinthe d’eau sont aujourd’hui un fléau grave sur de nombreux fleuves et lacs de régions chaudes, en Afrique, en Asie. D’autres espèces, comme l’huître ou la palourde japonaise, ont été volontairement introduites avec le développement de l’aquaculture et ont entraîné avec elle de nouvelles espèces non adaptées à la vie en Méditerranée: les fermes à huîtres sont devenues de véritables portes d’entrée dans les eaux côtières pour toute une série d’algues. Au Botswana, une fougère envahissante, la Salvinia Molesta menace la pêche et le tourisme dans le Delta de l’Okavango, en raison de sa reproduction fulgurante qui limite la biodiversité. La fougère originaire d’Amérique du Sud se développe en formant un matelas épais à la surface de l’eau, asphyxiant les espèces animales et végétales situés en-dessous, à commencer par les poissons.  Les espaces naturellement variés sont particulièrement touchés par les espèces exotiques Le phénomène "se produit dans tous les types d’écosystèmes : terrestre, marin, végétal, animal, micro-organique", précise Stas Burgiel, directeur du Global Invasive Species Program (GISP). Ainsi, l’Aquitaine est fortement touchée : ses côtes exemptes d'urbanisation, ses massifs montagneux et sa forêt landaise en font un territoire riche en proie aux espèces exotiques.
  • 32. 32 D) La surexploitation des ressources naturelles Au cours des siècles l’homme a augmenté de manière croissante son emprise sur le milieu naturel en exploitant de plus en plus les espèces. C’est la troisième cause d’extinction des espèces sur terre, bien que ce soit, de manière générale, celle qui vient en premier à l’esprit du public.  Les différentes formes d’exploitation, fonction des objectifs :  La consommation par la chasse, la pêche ou la cueillette La pression de la chasse représente encore de nos jours un facteur de déclin pour certaines espèces vulnérables, et notamment l’avifaune. La pêche a également un impact très important puisqu’on constate un état très préoccupant d’un bon nombre d’espèces exploitées, au point qu’il existe un risque d’effondrement de certaines espèces. Alors que les stocks diminuent, les pêcheurs cherchent à maintenir constant le prélèvement de poissons et utilisent par conséquent des méthodes de plus en plus élaborées et vont pêcher de plus en plus loin. Ceci laisse donc craindre qu’une fois les zones côtières appauvries par la pêche, le large le sera à son tour. Les données actuelles indiquent l’effondrement massif de tous les poissons et fruits de mer aujourd’hui pêchés, avant 2050. D’une manière générale, la perte de biodiversité réduit en profondeur la capacité de l’océan à produire de la nourriture, à résister aux maladies, à filtrer les polluants et à rebondir suite aux dommages tels ceux causés par la surpêche et le changement climatique. Les chercheurs indiquent que la perte d’une espèce est une atteinte à la capacité à produire et à la stabilité de l’ensemble de l’écosystème. L’analyse permet de prédire une disparition d’au moins 90% de chaque espèce de poissons et fruits de mer actuellement pêchés (Centre International de la Recherche Scientifique, Novembre 2005).  La commercialisation Le principal problème réside dans l’effet ricochet qui existe avec la chasse et la pêche. On pourrait qualifier de dommages collatéraux ces activités touchant certaines espèces, par erreur, alors qu’elles ne sont pas visées. On peut citer par exemple les dauphins ou les tortues qui meurent en s’accrochant dans les filets de pêche, ou encore les captures de pétrels liées à la pêche à la palangre dans les zones australes et antarctiques.
  • 33. 33 Ce problème continue d’exister encore aujourd’hui et concerne parfois des espèces menacées d’extinction, malgré les recherches pour améliorer la sélectivité des engins et des techniques de pêche.  Les collections Les pays développés participent au pillage de la faune et de la flore pour la constitution de collections. On pourrait également insérer dans cette catégorie le problème important du commerce d’animaux sauvages, ou encore celui des bois tropicaux qui mettent à mal les politiques de gestion durable. Ce commerce s’est par ailleurs accentué avec le développement d’internet. Chaque jour, des milliers d'animaux et des produits d'origine animale - qu'il s'agisse de chimpanzés vivants, de défenses gigantesques ou de minuscules hippocampes séchés - sont vendus et achetés dans le cyberespace international. Le commerce international légal d’espèces de faune et de flore représente 15 milliards € par an (et plus de 350 millions de spécimens). Cela représente entre autre 1,5 million d’oiseaux et 640 000 reptiles chaque année. En outre, le trafic illégal d’animaux et de plantes sauvages, 3ème de par son importance après la drogue et les armes, est une des premières causes de disparition des espèces. Pendant trois mois, le Fond International pour la Protection des Animaux (IFAW) a mené au Royaume-Uni une enquête qui a montré qu'en une semaine seulement, plus de 9000 animaux vivants ou produits issus de la faune sauvage avaient été proposés à la vente sur des sites Web de langue anglaise, notamment des forums de discussion et le célèbre site d'enchères eBay. Au moins 70% de ces animaux étaient des espèces protégées par la législation internationale. L'enquête a été restreinte à cinq catégories d'animaux ; ses conclusions ne représentent donc que la partie visible de l'iceberg. Le rapport, "Caught in the web: wildlife trade on the Internet" ("pris dans la toile, le commerce de la faune sauvage sur l'Internet") confortera les craintes des écologistes : le commerce sur Internet, toujours croissant et très peu contrôlé, pourrait être une catastrophe pour les espèces menacées. Il ouvre de nouveaux marchés aux trafiquants d'animaux sauvages et beaucoup de ces animaux sont visés par les braconniers pour répondre aux demandes de riches consommateurs étrangers et pour être commercialisés comme "animaux de compagnie". IFAW a découvert que certaines des espèces les plus menacées au monde sont proposées en ligne, à partir de sites Web basés au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Inde, en Israël et en Allemagne, et que la plupart d'entre elles sont vendues ou échangées de manière illégale. Les enquêteurs d'IFAW ont trouvé des animaux exotiques, notamment un gorille vivant en vente à Londres, un tigre de Sibérie et quatre bébés chimpanzés sur un site américain, ainsi que d'autres espèces sérieusement menacées (IFAW, 2006).
  • 34. 34  Les craintes ou superstitions Il s’agit des espèces exploitées pour leurs prétendus effets bénéfiques liés à certaines croyances. La liste des espèces concernées par ces coutumes est longue, mais on pourra citer, par exemple, la tête des singes, le pénis des phoques, la corne des rhinocéros, l’ivoire des éléphants, les peaux de tigres, les mains de gorilles. La très grande majorité de ces artefacts concernent les espèces menacées ce qui augmenterait leur pouvoir.  Les espèces les plus touchées par la surexploitation Les espèces les plus rentables sont exploitées, par la pêche, l’agriculture, l’élevage. Les habitats dédiés à ces activités sont donc repensés pour accueillir ces espèces, au détriment de la diversité spécifique, et de la santé des écosystèmes. En outre, une étude menée par Morgan Trimble, de l’université de Prétoria (Afrique du Sud) explique que les scientifiques et les ONG mettent d’abord en avant les espèces les plus « jolies », celles qui toucheront le mieux le public : ainsi les espèces les plus populaires sont mieux protégées au détriment des autres, ne représentant pas leur degré d’importance pour le maintien de la santé des écosystèmes.  Les espèces marines sont particulièrement menacées En ce qui concerne l’état des espèces marines, la situation est préoccupante. Ce cauchemar d'océans d'où tous les poissons auraient disparu pourrait se concrétiser, en l'absence d'une restructuration profonde du secteur de la pêche : 30% des réserves halieutiques ont déjà disparu et l'ensemble des activités de pêche risque de ne plus être rentable d'ici 2050, d’après l’ONU. Si on tient compte de la progression démographique d'ici à 2050, et de la progression du niveau de vie, il faudrait alors doubler notre prélèvement. Or on est déjà proche du maximum. "Si les différentes estimations que nous avons reçues (...) se réalisent, alors nous sommes dans une situation où effectivement, dans 40 ans, nous n'aurons plus de poisson", a déclaré à des journalistes, à New York, Pavan Sukhdev, directeur de l'Initiative pour une économie verte du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). La chute des réserves de poissons de la planète est un problème écologique mais aussi une question de subsistance pour un milliard de personnes, souvent originaires de pays en développement et dont le poisson constitue la seule source de protéines, selon l'ONU. Le rapport sur l'économie verte estime que 35 millions de personnes vivent de la pêche dans le monde, que 170 millions d'emplois en dépendent de manière directe ou indirecte et qu'en tout 520 millions de personnes y sont financièrement liées.
  • 35. 35 Les subventions des gouvernements à des flottes sont toujours plus grosses pour des prises toujours plus maigres, et qui ne laissent pas le temps aux ressources de se reconstituer. Les capacités des flottes de pêche sont "50 à 60%" supérieures à ce qu'elles devraient être.
  • 36. 36
  • 37. 37 Partie N°2 : Les raisons pour lesquelles une entreprise française doit intégrer la conservation de la biodiversité et des services écologiques dans sa stratégie de développement I Les interactions de l’entreprise avec la biodiversité et les services écologiques A) La protection des écosystèmes au service de la conservation de la biodiversité La Stratégie mondiale de la conservation, publiée en 1980, jette les bases de la conservation de la nature associée au développement et propose une première définition du développement durable. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) souligne alors l’importance de respecter la capacité de charge des écosystèmes, ce qui renvoie à la notion écologique fondamentale de limites de l’environnement, mesurées notamment par l’empreinte écologique. Tous ces principes ont été affinés dans le document Sauver la Planète, stratégie pour l’avenir de la vie, publié en octobre 1991 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le World Wild Fund for Nature (WWF). C’est dans ce document qu’est approfondie la définition du développement durable, mise en rapport avec la capacité de charge et les limites de la biosphère, dans le cadre d’une économie ''qui préserve le capital des ressources dont elle dépend''. Il souligne que la conservation de la biodiversité ne se réduit pas à la protection d’espèces sauvages dans des réserves naturelles, mais qu’elle consiste aussi et surtout à sauvegarder l’intégrité des grands écosystèmes de la planète, appréhendés comme conditions de la vie sur Terre. La diversité des cultures humaines, des représentations, des imaginaires est indissociable de la diversité biologique. La biodiversité désigne une politique de la coexistence des êtres vivants sur une planète aux ressources limitées. B) Les interactions de l’entreprise avec les écosystèmes  Comprendre le fonctionnement d’un écosystème L'ensemble des espèces de faune et de flore, vivant dans un environnement physique déterminé et interagissant entre elles, forme une unité écologique fonctionnelle dynamique appelée l’écosystème.
  • 38. 38 Les interactions, au sein d’un écosystème, sont à l’origine de processus biologiques - de fonctions écologiques - dont la bonne santé est indispensable pour le maintien de l’écosystème, de sa capacité de résilience (capacité d’un écosystème à lutter contre les perturbations extérieures), de la production de services écologiques. Ces services dits écosystémiques ou écologiques désignent l'utilisation humaine - des processus naturels – des fonctions écologiques - à travers la fourniture de biens matériels, la valorisation des modes de régulation écologique, l'utilisation des écosystèmes de support à des activités non productrices de biens matériels (art, éducation). Les services écologiques se rapportent uniquement aux impacts positifs des écosystèmes sur le bien-être humain à travers la fourniture de biens et de services. Si on considérait plus attentivement la biodiversité remarquable par le passé, la diffusion récente du concept de service écosystémique donne à la biodiversité ordinaire une importance considérable, car c’est elle qui, par le biais des interactions entre les espèces, et l’homme en fait partie, permet aux écosystèmes d’apporter toutes sortes de bienfaits à l’humanité. Le maintien durable des écosystèmes et de leur bon fonctionnement représente donc un enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité, mais également pour les entreprises qui emploient les écosystèmes, afin de produire des biens et des services.
  • 39. 39  L’importance de la conservation des écosystèmes pour les entreprises  Découverte de l’importance du capital naturel pour l’activité économique L’apprentissage de la « nature de la valeur » se poursuit à mesure que les études élargissent le concept de capital pour engendrer le capital humain, le capital social, le capital naturel. En reconnaissant l’existence de ces autres formes de capital et en cherchant à les améliorer ou les préserver, l’homme utilise plus durablement les ressources naturelles dont il a besoin. Par ailleurs, la « valeur de la nature » reste encore à découvrir. Elle est une source de valeur importante au quotidien mais il n’en demeure pas moins qu’elle n’apparaît guère sur les marchés, échappe à la tarification et représente un défi pour ce qui est de l’évaluation. Cette absence d’évaluation est une cause sous-jacente de la dégradation observée des écosystèmes et de la perte en biodiversité. Le système de pensée économique imaginé par Adam Smith est obsolète : au 18e siècle les flux financiers internationaux se comptaient en millions et non en milliards. A son époque, la terre était disponible en abondance, l’énergie ne constituait pas un facteur décisif pour la production. L’émergence du concept de croissance économique a contribué à améliorer le bien-être d’une part importante de l’humanité, et devient le critère de progrès de prédilection. Cependant, la croissance du PIB ne prend pas en compte de nombreux aspects essentiels de la richesse et du bien-être comme les modifications du niveau de la qualité et de la quantité de nos ressources naturelles. Notre boussole est défectueuse, elle affecte notre capacité à bâtir une économie durable en harmonie avec la nature. L’Etude de l’Economie de la Biodiversité, commandée par la Commission Européenne en mai 2007, et dont les premiers résultats ont été publiés en mai 2008, a pour tâche d’améliorer notre capacité à évaluer la valeur du vivant, cela afin de façonner une nouvelle boussole pour notre société, et permettre aux entreprises de prendre conscience de l’importance de la contribution des écosystèmes et de leur conservation pour la bonne santé de leur activité économique. Pour Pavan Sukhdev, directeur de cette étude « nos économies ne reconnaissent pas suffisamment le lien de dépendance de cette relation – il n’y a pas d’économie sans environnement, mais il existe des environnements sans économie. »
  • 40. 40  L’évaluation économique des services rendus par les écosystèmes En 1997, l’économiste Robert Costanza et son équipe ont évalué à quelque 33 000 milliards de dollars par an (estimation minimale) la totalité des services rendus à l’humanité par les écosystèmes de la planète. Cette estimation démontre que la valeur du capital naturel est supérieure au PIB mondial annuel, de l’ordre de 18 000 milliards de dollars par an. Divisés par six milliards d’individus, ces 33 000 milliards offrent environ 5 500 dollars par personne et par an de services offerts par la nature. Cela n’est pas cher pour ces services vitaux rendus par les écosystèmes, comme, par exemple, le traitement des déchets, la pollinisation, ou la production de nourriture. L’Etude de l’Economie de la Biodiversité a révélé, en mai 2008, quel serait la valeur des services écologiques perdus si rien n’est entrepris pour enrayer leur dégradation : le coût de l’inaction se monte entre 1 350 et 3 100 milliards d’euros par an, aujourd’hui et se monterait à 7% du PIB mondial à l’horizon 2050, soit 13 938 milliards d’Euros par an. Investir quelque 45 milliards de dollars par an dans le développement des zones protégées sur terre et en mer permettrait d’assurer des bénéfices de l’ordre de 4 à 5 000 milliards de dollars par an après quelques dizaines d’années. Et dépenser des milliards pour protéger la diversité de la vie animale et végétale permettrait un retour sur investissement cent fois supérieur sur le long terme. L’EEB a estimé la valeur totale des services écologiques à 25 000 milliards d’euros par an, soit environ la moitié du PIB mondial. Dans une étude publiée à l'occasion de la Journée mondiale de l'Environnement célébrée tous les 5 juin, ''Planète morte, planète vivante'', le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) estime entre 21 000 et 72 000 milliards de dollars la valeur annuelle des services rendus à l'Homme par les écosystèmes dans le monde : apport en nourriture, en eau potable ou en médicaments naturels, régulation, piégeage du carbone, services culturel. Selon le rapport, ces chiffres peuvent être comparés au Revenu National Brut mondial qui, en 2008, s'élevait à 58 000 de milliards de dollars. L’estimation de la valeur de la biodiversité et des services qu’elle nous rend peut être contestée (éthiquement et techniquement) mais il importe de considérer l’ampleur de la somme, plutôt que la somme elle-même.
  • 41. 41  La biodiversité est source d’opportunités et de risques pour l’entreprise L’entreprise, par son emprise au sol et son activité économique a des impacts (positifs et négatifs) sur les écosystèmes (les espèces, les habitats, les interactions) et sur les services écologiques associés. En outre, pour la bonne production des biens et services qu’elle propose, l’entreprise a besoin que les services écologiques soient en bonne santé : elle en est dépendante. - Les services d’approvisionnement fournissent à l’entreprise les ressources naturelles nécessaires (bois, métaux, denrées alimentaires primaires, etc). - Les services de régulation maintiennent la qualité des eaux (épuration), des sols (lutte contre l’érosion et les inondations), de l’atmosphère (purification de l’air), indispensables pour le bon fonctionnement de l’entreprise. - Les services culturels peuvent servir à la recherche d’innovations (bio-mimétisme). Si la dégradation des éléments constitutifs de l’écosystème, et des services écologiques qu’il produit peut représenter pour l’entreprise un risque, alors les mesures prises pour prévenir ou corriger cette dégradation peuvent représenter une opportunité économique. Les risques et les opportunités sont de cinq différents ordres, pour l’entreprise : 1. Opérationnel : - Si une ressource vient à manquer, son coût augmentera. Son absence modifiera l’équilibre ténu de l’écosystème-source et provoquera des perturbations nuisibles pour la poursuite sereine de l’activité de l’entreprise, et pour le bien-être d’autres agents utilisateurs de l’écosystème ou de la ressource. - Si l’usage d’une ressource est optimisé, les coûts de production diminueront et la compétitivité de l’entreprise grandira. En outre, il sera moins nécessaire de construire les infrastructures de recyclage, d’épuration, ou de compensation (suite à l’absence de la ressource). 2. Réglementaire : - La réglementation en faveur du maintien des écosystèmes et des services écologiques peut se durcir : des risques liés à la mise en place de nouvelles amendes,
  • 42. 42 de nouveaux droits d’usage (paiements des services rendus par la nature), des poursuites judiciaires peuvent émerger. - Si la réglementation évolue en faveur de la conservation de la biodiversité, il est dans l’intérêt de l’entreprise d’embrasser ce changement de paradigme pour bénéficier de subventions, d’incitations financières, d’avantages fiscaux. 3. Image et réputation : - Une entreprise qui ne prend pas en compte ses impacts sur la biodiversité et les services écologiques peut faire l’objet de campagnes d’informations menées par les associations, dénonçant les mauvaises pratiques : l’impact sur le comportement des consommateurs est important. - La mise en place d’une politique de gestion durable des services écologiques et de conservation de la biodiversité peut être utile pour communiquer auprès des consommateurs, et se différencier de ses concurrents. 4. Marchés et produits : - Le comportement du consommateur tend à préférer un produit dont la conception est respectueuse du maintien de la biodiversité, des écosystèmes et des services écologiques. Ceux-ci font l’objet d’éco-labels qui les différencie des autres produits non-durables. - De nouveaux produits durables, de moindre impact pour la biodiversité et les services écologiques, éco-labellisés, permettent à l’entreprise de se différencier, et de se positionner sur un marché de niche. 5. Financement : - Les banques et les compagnies d’assurance peuvent durcir leurs critères en matière de crédit ou de contrat d’assurance aux entreprises. - Les banques et les compagnies d’assurance peuvent proposer des produits financiers avantageux pour les entreprises intégrant la conservation de la biodiversité et des services écologiques dans leur stratégie de développement. Les agents privés peuvent être plus enclins à investir dans l’entreprise.
  • 43. 43  Quels sont les services écologiques ? Le 5 juin 2001 Kofi Annan lance le Millenium Ecosystem Assessment, premier programme, à l'échelle mondiale, évaluant les interactions entre le fonctionnement des écosystèmes et le bien-être social et économique, en quantifiant les biens et les services produits par les écosystèmes qui ont un impact positif sur le bien-être humain. Il s'est achevé en 2005. Son objectif était, alors, de mettre en évidence l'importance de la conservation de la biodiversité, d'un bon fonctionnement des écosystèmes pour le maintien de l'activité économique et le bien-être des populations. Le MEA a évalué l'état de 35 services, parmi les plus importants, qu'il a classé en 4 catégories. Il a démontré le rôle fondamental des écosystèmes dans la production de la plupart des biens et des services fournis à la société. - Les services d'approvisionnement : la production par les écosystèmes de biens consommés par l'être humain (ex: terres fertiles pour l'activité agricole, fourniture d'eau potable pour d'autres usages). - Les services de régulation : processus qui canalisent certains phénomènes naturels, qui ont un impact positif sur le bien-être humain (ex: protection contre les catastrophes naturelles, atténuation des pollutions de l'eau et de l'air) - Les services culturels : bénéfices immatériels que l'être humain tire de la nature en termes de santé, de liberté, d'identité, de connaissance. - Les services de support (ou d’auto entretien) : cycle nutritif et production primaire, sur lesquels reposent la production de tous les autres services mais qui ne sont pas directement accessibles aux usagers (photosynthèse, formation des sols).
  • 44. 44  Quel est l’état des lieux des services écologiques Au cours de ces 50 dernières années, l'homme a modifié l'équilibre de ces écosystèmes de manière plus rapide et plus extensive que sur aucune autre période comparable de l'histoire de l'humanité. La source de ces déséquilibres est la nécessité de satisfaire une demande croissante en nourriture, en bois, en construction, en énergie. Les gains nets sont substantiels sur le niveau de bien-être de l'homme et sur l'économie. Cependant toutes les régions du monde et toutes les communautés humaines n'ont pas tiré profit de ce processus : beaucoup ont subi des préjudices. 60% des services écologiques étudiés (soit 15 sur 24) sont en cours de dégradation ou en cours d'exploitation de manière non rationnelle. Beaucoup de services écologiques ont subi des dégradations par suite des mesures prises en vue d'accroître la provision d'autres services tels que la nourriture. Les coûts de dégradation d'un groupe d'individus va vers un autre ou est transféré aux générations futures. Par exemple, selon une étude de l’INRA et du CNRS, la pollinisation est un service rendu par la nature qui est estimé par cette même étude à 153 milliards d'euros, soit 9,5 % de la valeur de la production agricole mondiale. Il faut savoir que depuis quelques années, la population d'abeilles est en très forte diminution, avec une disparition très importante dans certaines zones. Ce phénomène appelé « Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles » ou CCD (Colony Collapse Disorder) reste un casse-tête pour la communauté scientifique : subitement, les ruches se vident de leurs abeilles sans que l’on ne retrouve aucun cadavre à proximité. Ce syndrome est très préoccupant en raison de l'importance écologique de l'abeille en tant qu’insecte pollinisateur. En France, depuis 1995, près de 30 % des colonies
  • 45. 45 d’abeilles disparaissent chaque année. En 10 ans, 15000 apiculteurs ont cessé leur activité. Un tiers de l'alimentation mondiale dépend de la pollinisation par les insectes. 80% des plantes sont pollinisées par les abeilles. Quelle est la cause de la surmortalité des abeilles sauvages et domestiques qui, partout dans le monde, menace la biodiversité et la sécurité alimentaire de l'humanité ? Pour répondre à cette question, les autorités anglaises et écossaises viennent de lancer un programme d'une envergure sans précédent. Rassemblés sous l'intitulé "Initiative pour les insectes pollinisateurs", neuf projets de recherche, qui bénéficieront d'un financement de 12 millions d'euros sur trois ans, tenteront d'apporter des réponses. On voit déjà les conséquences du manque de pollinisateurs en Angleterre : les producteurs de pommes doivent ainsi importer des abeilles.
  • 46. 46
  • 47. 47 II La pression publique demande aux entreprises de s’investir sur cette question A) Un effort institutionnel insuffisant Les instances politiques se mobilisent depuis une vingtaine d’années pour étudier le phénomène de l’érosion de la biodiversité et convaincre l’ensemble de la communauté internationale de l’urgence d’agir à l’échelle locale, mais de manière synergétique. La communauté internationale s’est dotée d’une Convention pour la Diversité Biologique, qui est complétée par la Convention Internationale pour le commerce des espèces en danger (CITES). L’Union Européenne a voté, en 1979, la directive « Oiseaux » et en 1992, la directive « Habitats » qui permettent de protéger nombre d’espèces et d’habitats remarquables. La France s’est dotée d’une Stratégie Nationale pour la Biodiversité en 2004.  Quels ont été les efforts mis en œuvre.  La Convention pour la Diversité Biologique et la Convention CITES Pour parler de cette convention, on emploie bien souvent le terme de « convention- chapeau», parce qu'elle comble une série de vides juridiques fondamentaux dans la protection des espèces de faune et de flore. Adoptée à Nairobi en mai 1992, ouverte à la signature au cours de la conférence de Rio et entrée en vigueur le 29 décembre 1993, cette Convention est désormais quasiment universelle (191 Etats signataires) car, à l'exception de rares pays, dont celle notable des États-Unis, elle jouit aujourd'hui de l'adhésion de presque tous les États de la planète. La Convention assure de la souveraineté des États concernant la gestion des ressources biologiques (Alinéa 4 du préambule et art.3). La Convention pose d'adopter des stratégies, des plans et des programmes de conservation et de les distinguer clairement dans leur politique de développement (Art.6). Elle demande la création de mesures permettant une utilisation responsable de leur biodiversité (Art.10). La Convention établit les modalités de la gestion dans la conservation des espèces (Art. 8 & 9), une coopération scientifique avancée (Art.18) et un accès aux ressources génétiques (Art.15), l'éducation et la sensibilisation du public (Art.13). La convention enfin, dans l'article 8, encourage une protection large pour le maintien des populations viables d'espèces dans leur milieu naturel et ainsi prévoit la mise en place d'un système d'aires protégées.
  • 48. 48 En 2002, pour la 10è Conférence des parties de la Convention pour la Diversité Biologique, à Johannesburg, les Etats signataires se sont engagés à ''ralentir significativement'' d'ici 2010 l'érosion de la biodiversité. La Convention de Washington (CITES) a été signée en 1973 et est entrée en vigueur le 17 septembre 1978. 172 États l'ont ratifié. L'objectif de cette Convention est d'interdire, sinon de réglementer strictement les exportations et les importations des espèces de faune et flore sauvages menacées d'extinction. A ce titre, la Convention prévoit la création de deux catégories d'institutions nationales : d'une part des organes de gestion chargés de délivrer les autorisations requises, d'autre part des autorités scientifiques, dont la mission est de conseiller les organes de gestion (Art. 9). Les États, partis de la Convention, doivent également créer des centres de sauvegarde pour recevoir les spécimens vivants confisqués suite à un commerce illicite (Art 8). Aujourd'hui, selon le WWF, le commerce international de 800 espèces d'animaux et de plantes est interdit, et plus de 20 000 autres espèces sont contrôlées conformément à la législation européenne appliquant la convention de la CITES.  La Directive Habitats, la Directive Oiseaux En Europe, la protection de la nature est régie par deux actes législatifs, la directive «Oiseaux» et la directive «Habitats». La dégradation continue des habitats naturels et les menaces pesant sur certaines espèces forment une préoccupation primordiale de la politique environnementale de l’Union européenne (UE). La directive «Habitats» vise à contribuer au maintien de la biodiversité dans les États membres en définissant un cadre commun pour la conservation des habitats, des plantes et des animaux d'intérêt communautaire. 216 types d’habitats et 1 180 espèces végétales et animales sont reconnus comme étant d’intérêt communautaire par la Directive Habitats. En vertu de la directive « Oiseaux », les Etats membres doivent classer en zones de protection spéciale (ZPS) les sites d’habitats et les aires de reproduction d’espèces rares ou menacées ainsi que les milieux terrestres ou marins utilisés de façon régulière par les espèces migratrices. La directive «Habitats» met en place le réseau Natura 2000. Ce réseau est le plus grand réseau écologique du monde. Il est constitué de zones spéciales de conservation et de zones de protection spéciale instaurées en vertu de la directive «Oiseaux» 2009/147/CE. Tous les six ans, les États membres font rapport des dispositions prises en application de la directive. La Commission élabore une synthèse sur la base de ces rapports. Le réseau Natura 2000 représente aujourd’hui 17.6% du territoire terrestre de l’UE.
  • 49. 49  Directive Responsabilité Environnementale Première législation communautaire, votée en 2004, comptant parmi ses objectifs principaux l'application du principe du « pollueur-payeur », cette directive établit un cadre commun de responsabilité en vue de prévenir et de réparer les dommages causés aux animaux, aux plantes, aux habitats naturels et aux ressources en eau, ainsi que les dommages affectant les sols. Le régime de responsabilité s'applique, d'une part, à certaines activités professionnelles explicitement énumérées et, d'autre part, aux autres activités professionnelles lorsque l'exploitant a commis une faute ou une négligence. Par ailleurs, il appartient aux autorités publiques de veiller à ce que les exploitants responsables prennent eux-mêmes ou financent les mesures nécessaires de prévention ou de réparation.  La Stratégie Nationale pour la Biodiversité et le Grenelle de l’Environnement La Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) a été adoptée par la France, en 2004, afin de répondre à ses engagements internationaux et communautaires et en particulier à celui d’arrêter, d’ici à fin 2010, l’érosion de la biodiversité. Elle a ainsi pour objectifs cadres le maintien d’espaces naturels diversifiés, de leur connectivité fonctionnelle et de leur bon fonctionnement, ainsi que la conservation des espèces sauvages et des ressources génétiques. Elle vise particulièrement à améliorer la connaissance opérationnelle sur la biodiversité, à faire reconnaître la valeur du vivant, à mobiliser tous les acteurs et à intégrer la biodiversité dans l’ensemble des politiques publiques et des secteurs d’activité. La mise en œuvre pratique de la stratégie est réalisée grâce à des plans d’actions sectoriels. Elaborés de façon concertée, les plans d’actions constituent un programme de travail pour les années à venir. Tous les secteurs abordés dans la stratégie doivent, à terme, faire l’objet d’un plan d’actions spécifique, avec des exigences de résultats. Chaque plan est piloté par le ministère technique concerné, qui met en place un comité de pilotage où siègent, entre autres, des acteurs économiques et des associations de protection de la nature. Les plans sectoriels font l’objet d’un suivi et de rapports annuels, compilés tous les deux ans dans un rapport national sur la biodiversité. Ils relèvent d’une démarche partenariale qui mobilise les acteurs économiques, la société civile et les associations, les collectivités territoriales et le monde de la recherche. A ce jour, dix plans d’actions sont en cours de mise en œuvre : agriculture, coopération internationale, infrastructures de transports terrestres, mer, patrimoine naturel, urbanisme, forêt, recherche, tourisme, Outre-Mer.
  • 50. 50 Le gouvernement a également soutenu la mise en place d’une Agence Nationale des Aires Marines Protégées, la création du premier Parc Naturel sur l’île de la Réunion, et du Parc Naturel Amazonien de la Guyane, en 2007. En outre, le Grenelle de l’Environnement a soutenu la Stratégie Nationale pour la Biodiversité en permettant la création des trames vertes et bleues : celles-ci sont deux outils développés par le groupe de travail n°2 « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles », constitué dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Ce groupe avait pour objectif de répondre aux ambitions françaises décrites dans la stratégie nationale pour la biodiversité de 2005. Il s’agit de nouveaux outils d'aménagement du territoire qui définissent de grands ensembles naturels à préserver et des corridors les reliant entre eux, cela afin d'assurer une continuité territoriale qui permettrait la circulation des espèces, leur reproduction. La trame verte s'applique pour les espaces terrestres. La trame bleue pour les espaces aquatiques. Des Schémas Régionaux de Cohérence Ecologique détermineront lesquels des territoires, de chacune des régions, seront concernés. Le texte a été approuvé par la Commission Mixte Paritaire, à l’issue de nombreuses négociations. Au plan international, la France appuie, via son aide bilatérale (Agence Française de Développement, Fonds Français pour l’Environnement Mondial) et multilatérale (Fonds pour l’Environnement Mondial, Banque Mondiale), les projets impliquant une utilisation durable des ressources naturelles, renforçant l’existence du lien entre protection de l’environnement et lutte contre la pauvreté et impliquant les populations autochtones et locales. En pratique, il s’agit de développer les aires protégées, avec des niveaux adaptés, variables de restriction des activités humaines, de façon à préserver des habitats et des corridors de taille et de diversité suffisante pour permettre la survie d’espèces et de façon générale d’adapter toutes les activités humaines (infrastructures, agricultures) de façon à assurer la survie des espèces, y compris dans un environnement exploité par l’homme. Enfin, elle travaille en partenariat avec les grandes ONG environnementales. Ses partenaires privilégiés sont le World Wide Fund for Nature (WWF), le Conservation International (CI), et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec laquelle elle a signé en 2005 un accord-cadre de partenariat qui a été renouvelé en septembre 2009 pour quatre années supplémentaires.
  • 51. 51  Un échec relatif des efforts institutionnels  Malgré cette mobilisation, les multiples menaces pesant sur la biodiversité persistent.  A l’échelle globale Selon le rapport de l’UICN « Liste Rouge », l'objectif d'enrayer la perte de biodiversité en 2010 ne sera pas atteint par la communauté internationale. Elle dresse un état des lieux préoccupant des conditions de survie des espèces animales et végétales de notre planète : sur les 47 677 espèces répertoriées, 17 291 sont menacées, soit 36 %. La dégradation des milieux naturels, la surexploitation, l’introduction d’espèces invasives, les pollutions et le changement climatique constituent les facteurs responsables de ce fléau. « Ces résultats ne représentent que le sommet de l’iceberg. Nous n’avons évalué pour l’instant que 47 663 espèces, alors qu’il en existe encore des millions qui sont peut-être sérieusement menacées », avoue Craig Hilton-Taylor, directeur du Bureau de l’UICN pour la Liste Rouge. La troisième édition du rapport « Perspectives Mondiales pour la Biodiversité (GBO-3) », éditée par la Convention sur la Diversité Biologique, confirme que le monde n’a pas réussi à atteindre ses objectifs visant à réduire de manière significative la vitesse de disparition de la biodiversité d’ici 2010. Le GBO-3 prévient qu’une disparition massive de la biodiversité est de plus en plus probable (avec un taux d’extinction avéré 1 000 fois supérieur à la normale) et qu’avec elle, sera enregistrée une réduction importante de services essentiels rendus par la nature aux sociétés humaines. Les points de basculement analysés comprennent le dépérissement de vastes zones de forêt amazonienne: la déforestation et les incendies, auront des conséquences sur le climat mondial et sur l’extinction des espèces ; la modification de nombreux lacs d'eau douce vers l'eutrophisation et la domination des algues pourrait conduire à la disparition des poissons, et à l’effondrement de la pêche ; ainsi que l'effondrement de plusieurs écosystèmes de récifs coralliens, à cause de l’acidification des océans et du réchauffement de l’eau, de la surpêche et de la pollution, qui menace la survie de très nombreuses espèces, et l’homme. Aucun des 21 objectifs secondaires, qui accompagnent l'Objectif biodiversité de 2010, ne peut être confirmé comme ayant été atteint de façon définitive au niveau mondial. En outre, 10 des 15 indicateurs principaux développés par la Convention sur la diversité biologique montrent des tendances défavorables pour la biodiversité. Néanmoins le document met en avant de rares progrès comme l'augmentation des zones protégées à la fois sur terre et dans les eaux côtières. La Conférence des parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (Cites) aura fait parler d'elle. Ce coup de