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Pratique Ouverture
Et si nous découvrions une nouvelle pratique, destinée à détendre nos patients, nos
proches, nous-mêmes ? Entretien à propos de la microkinésithérapie à l’occasion d’un
échange entre le Dr Jean-Michel Jayet, chirurgien-dentiste à Figeac,
et Raphaëlle Pignocchi (microkinésithérapeute à Figeac).
Vous avez dit
« microkinésithérapie » ?
Texte : Jean-Michel JAYET et Raphaëlle PIGNOCCHI
ndépendentaire : Pou-
vez-vous nous définir suc-
cinctement l’origine de la
microkinésithérapie ?
Raphaëlle Pignocchi : La
microkinésithérapie a été dé-
veloppée dans les années 80 par
Daniel Grosjean et Patrice Beni-
ni, deux kinésithérapeutes lor-
rains. Cette pratique repose sur
des disciplines scientifiques telles
que l’immunologie, l’embryolo-
gie et la phylogenèse (l’étude de
l’évolution de l’espèce) et permet
de comprendre la cause de nos
dysfonctionnements.
Les chirurgiens-dentistes sont
des scientifiques et des pragma-
tiques, donc je voudrais savoir
quels sont les bases et fonde-
ments de la microkiné ?
Comme on le sait, le corps
humain est conçu pour s’adap-
ter, se défendre et se réparer en
cas d’agressions traumatiques,
émotionnelles, toxiques, virales,
microbiennes ou d’environne-
ments. Lorsque l’agression est
supérieure aux possibilités de
défenses de l’organisme,la vitalité
d’une région du corps va être al-
térée. Ainsi l’embryologie trouve
sa place en fournissant des indi-
cations sur l’origine des tissus et
leur distribution. Ces données
ont été complétées par un tra-
vail expérimental de recherches
de correspondances pour les
muscles afin de les rattacher aux
I
89
©Istockphoto/webphotographeer
Cœur de métier Management
Indépendentaire109•Juin2013
Indépendentaire109•Juin2013
88
CAS CLINIQUES ET ANECDOTES :
////////////////////////////////////////////
• Un patient souffrant de gênes
cervicales et maux de tête fréquents,
se plaint d’avoir vu apparaître
de nouvelles douleurs au niveau
des masséters. Il va consulter son
chirurgien-dentiste qui le conforte
dans l’idée que son problème ne vient
pas des dents mais du fait qu’il souffre
de bruxisme sûrement lié au stress.
La microkinésithérapie était tout
indiquée.
Nous avons travaillé globalement
pour dégager au maximum tous ces
« parasites », puis nous sommes allés
chercher les liens plus précis par
rapport à l’origine de sa demande.
Deux semaines après ce patient me
disait se sentir personnellement
beaucoup plus capable de prendre
du recul et sentir sa mâchoire moins
tendue. Nous laissons donc le temps
faire son office pour le reste du
ménage !
• Une jeune fille de 12 ans vient me
voir pour des perturbations de sa
mâchoire dues à la pose récente d’un
appareil orthodontique. En peu de
temps nous trouvons des corrélations
évidentes entre « l’élément étranger »
et des souffrances cervicales qui par
la même provoquaient des douleurs
derrière les yeux. Tout résidait
uniquement dans l’acceptation du
changement, aussi bien physique que
psychologique. Nous avons aidé son
corps à trouver les bonnes solutions
pour évoluer dans le bon sens.
grands ensembles embryolo-
giques du mésoblaste paraxial
et latéral.Le mésoblaste latéral a
pu être réparti en 30 étages cor-
porels avec un viscère corres-
pondant à la splanchnopleure
et une chaîne musculaire péri-
phérique correspondant à la
somatopleure. Le mésoblaste
paraxial métamérisé fournit
la musculation du rachis mais
aussi les vertèbres et une partie
du derme qui recouvre le corps.
Comment se pratique cette
technique ?
La microkinésithérapie est une
technique palpatoire manuelle,
reconnue comme technique de
massage par le ministère de la
Santé, qui permet de rechercher
les perturbations qui ont laissé
une trace dans les différents tis-
sus du corps et qui peuvent se
manifester par un symptôme.
Cette technique de massage
thérapeutique aide l’organisme,
dans la mesure du possible, à
retrouver ses pleines capacités.
Comment fonctionnez-vous ?
Qui décide du traitement ?
Tout d’abord, je pense qu’il est
important de signaler que la
microkinésithérapie offre une
réponse thérapeutique par rap-
port à une demande effectuée
par un patient qui fait cette
démarche en personne adulte
et responsable de sa santé. Il
n’y a pas de prescription médi-
cale derrière cet acte, le patient
réglera les honoraires et le pra-
ticien lui remettra une note à
transmettre à sa mutuelle pour
une éventuelle participation.
Oui mais comment posez-
vous votre diagnostic ?
La microkinésithérapie n’a
pas pour but de nommer ou
de poser un diagnostic dans
le sens « médical ». C’est un
traitement proposé au patient
qui vient nous voir et nous
dit « souffrir d’une affection
pour laquelle il n’a pas trouvé
de solution satisfaisante dans
les autres traitements propo-
sés jusque-là ». Nous sommes
donc complémentaires aux
autres traitements. L’idéal est de
ne pas seulement venir quand
« ça ne va pas » mais aussi pré-
ventivement pour vérifier le
bon fonctionnement des dif-
férentes fonctions organiques
accessibles à la technique.Il faut
aider régulièrement le corps à
« faire du ménage » avant qu’il
y ait trop de « désordre ».
La séance commence par un
entretien au cours duquel le
patient expose les raisons de
sa venue : mal de dos, maux de
tête, douleurs intestinales…
Nous nous assurons bien qu’il
ait un suivi médical et que l’on
agit en complément et non en
substitution ! Une fois allon-
gé sur la table, nous ne nous
concentrons pas que sur le
symptôme décrit car les zones
bloquées peuvent tout à fait se
situer à distance de la région en
souffrance.
Quelle est votre démarche ?
Que recherchez-vous?
La première démarche théra-
peutique consiste à palper le
symptôme (zone déficiente)
avec une micropalpation, c’est-
à-dire un toucher particulier
permettant de sentir comment
le patient gère son affection. La
micropalpation est très diffé-
rente de la palpation médicale
clinique,purement anatomique,
qui permet de recueillir des in-
formations tactiles sur l’état des
structures atteintes (chaleur,
grosseur, dureté, mollesse…).
Nous plaçons nos deux mains
de chaque côté de la structure
que l’on veut contrôler et nous
percevons la présence d’une
restriction ou d’une retenue. Il
est important de comprendre
que nous nous concentrons
sur ce qui se passe entre nos
deux mains et non pas sous nos
mains ; nous accédons alors à
une nouvelle dimension des
éléments organiques en recher-
chant un « défaut de vitalité » de
la zone palpée.
Ouverture Pratique
Indépendentaire109•Juin2013
Indépendentaire109•Juin2013
90 91
Une structure en bonne
santé ne fait rien ressentir sous
les mains du thérapeute alors
qu’une structure en dysfonc-
tionnement oppose une forte
résistance à la poussée du pra-
ticien. En fonction du type de
palpation effectuée avec nos
mains (pulpe des doigts, paume
ou dos de la main…) et de la
direction de celles-ci (écarte-
ment, rapprochement, rota-
tion…) nous nous enrichissons
en informations concernant
l’état du tissu sous-jacent nous
permettant ainsi d’affiner notre
recherche. On ne peut nier en
bloc toutes ces observations
palpatoires en les rangeant
dans la catégorie des sensations
subjectives, car elles font l’objet
d’un enseignement et sont per-
çues de la même façon quel que
soit le thérapeute.
Quel est votre plan de trai-
tement ? Avez-vous des
priorités ?
Nous allons dégager ce que l’on
ressent au niveau du symp-
tôme et donc en général des
mécanismes de protection que
l’organisme a placé à cet endroit
pour « limiter » les dégâts par
rapport à l’élément agresseur.
Mais malheureusement au bout
de quelque temps cette pro-
tection devient inefficace et la
pathologie de départ réappa-
raît avec souvent une intensité
plus forte et une résistance aux
traitements habituels. Je vous
donne un exemple : imaginez
quelqu’un qui met un « cha-
peau » pour se protéger du so-
leil (le soleil étant l’agresseur),
alors pour un certain temps
il est protégé. Il a donc mis un
mécanisme de protection face
à son agresseur. mais s’il reste
au soleil cela n’empêchera pas
l’insolation et la déshydratation
d’apparaître (agression plus
forte que la première) ! Il devra
donc trouver une solution alter-
native (comme le thérapeute va
le faire en cherchant les diffé-
rents mécanismes mis en place
par le corps) ; par exemple se
mettre à l’ombre et boire ! (c’est
l’élimination des protections
inefficaces). Pour les retrouver,
le thérapeute va se servir de
tableaux de recherche qui lui
Cette technique aide l’organisme,
dans la mesure du possible,
à retrouver ses pleines capacités
permettent de définir avec pré-
cision le nombre d’entre elles
utilisées et surtout la dernière
mise en place. Une fois celle-
ci isolée entre nos mains, nous
allons déclencher une réponse
de l’organisme qui va éliminer
l’ensemble de tous ces processus
de protection.
Autre exemple concret :
• Lorsque l’on crève un abcès
mûr (thérapeute qui trouve la
dernière protection mise en
place),
• l’organisme évacue le pus qui
contient à la fois l’agent infec-
tieux (agresseur) et la réac-
tion immunologique du corps
(protection).
Lorsque nous sommes face à
une agression du corps de type
infectieuse, toxique, trauma-
tique ou obstructive, le théra-
peute va chercher sa localisa-
tion (parfois à distance de la
zone touchée) à l’aide d’une
cartographie lui permettant de
mettre en « face à face » l’agres-
seur et le symptôme déclenché.
Un mécanisme immunologique
de défense se mettra alors en
route. Il en est de même pour
les problèmes que le patient dé-
veloppe suite à des déficiences
psychologiques ou des frustra-
tions ressenties. Un mécanisme
identique de « stockage » se
crée jusqu’à ce que la « bouteille
soit trop pleine »…
Que permet cette technique ?
Comme je l’ai déjà signalé, cette
technique, complémentaire aux
autres approches thérapeutiques,
tente d’utiliser au maximum
les capacités de l’organisme du
patient dans la lutte contre les
pathologies et les dysfonction-
nements de toutes sortes qu’il a
pu subir. Messieurs Grosjean et
Benini rappellent que ce n’est
pas parce que l’organisme n’a
pas su régler le problème au
départ qu’il a perdu pour autant
ses capacités de réparation.Nous
sommes la pour réactiver ses
potentialités.
De quelle façon traitez-vous
les informations que vous
récupérez ?
Il n’est pas nécessaire de dire au
patient tout ce que l’on a trouvé.
Néanmoins nous pouvons, à
titre préventif (pour éviter la
récidive) ou pour faire prendre
conscience de certains éléments
suggérer des pistes de recherche.
Ces quelques informations
peuvent servir à cerner quelques
aspects essentiels si la personne
s’est engagée dans un accompa-
gnement psychologique. Mais
le microkinésithérapeute doit
savoir rester dans son domaine
et ne pas hésiter à faire appel aux
autres professionnels de santé
pour régler des problèmes d’hy-
giène de vie, de soins spécifiques
ou de recherche psychologique.
Pratique Ouverture
À quelles occasions pouvons
nous conseiller à nos patients
de faire une ou plusieurs
séances de microkiné ? Com-
ment pouvons-nous expliquer
simplement cette technique ?
Ma réponse sera très simple,
elle concerne aussi bien les
praticiens de santé que les
patients : nous devons tous
prendre conscience que nous
ne sommes pas des robots in-
sensibles et invincibles et qu’un
« nettoyage » du corps s’impose
parfois.
Ces techniques ne sont pas
réservées seulement aux
« faibles ». Dans toutes les pro-
fessions médicales ou paramé-
dicales il existe un effet « place-
bo » que nous devons prendre
en compte, mais cela n’affecte
en rien notre qualité de thé-
rapeute. Ne cherchons pas à
nous attribuer des médailles,
contentons-nous de voir le
patient aller mieux ! Et si nous
nous plaçons du côté du prati-
cien, le fait de se sentir bien et
plus léger après une séance, ne
le mettra-t-il pas dans de meil-
leures conditions pour exercer
en étant plus ouvert et objectif ?
Ya-t-ildescontre-indications ?
Il n’y a pas de contre-indica-
tions puisque c’est l’organisme
qui est actif. Mais on ne peut
activer ces mécanismes sur un
patient réfractaire à l’inter-
vention d’une tierce personne
(thérapeute) dans sa vie, son
histoire. Le praticien ne peut
répondre qu’à une demande et
doit avoir l’accord de l’intéressé
pour effectuer une séance.
Faut-il faire plusieurs séances ?
La plupart du temps nous ne fai-
sons qu’une séance et laissons le
corps travailler car il a retrouvé
ses outils pour « nettoyer et ci-
catriser » les plaies provoquées
par des chocs. En fonction du
résultat, et sur la demande du
patient, nous pouvons envisager
une autre séance de contrôle et
de complément de traitement
si le premier n’est que partiel.
Un exemple : imaginons une
bouteille remplie de sable avec
un bouchon. Pour la vider nous
devons le retirer et faire couler
son contenu lentement afin de
ne pas créer une accumulation
trop importante et ainsi risquer
l’apparition d’un nouveau bou-
chon. Dans cet exemple, la bou-
teille représente l’organe, le sable
l’élément pathogène, le bouchon
la capacité maximale d’accepta-
tion de l’organe. Ainsi on adapte
le nombre de visites afin d’éviter
le phénomène d’accumulation
cité dans l’exemple. Dans les cas
simples,deux séances par an suf-
fisent généralement à obtenir un
résultat satisfaisant.
Que devons-nous faire après
avoir eu une séance ?
Penser à boire de l’eau (au
moins 1 litre de manière régu-
lière dans la journée), afin de
permettre une élimination plus
efficace des « toxines ».
Et en dentisterie com-
ment pouvez-vous aider les
patients ?
Concernant le domaine de la
dentisterie, la microkinésithé-
rapie peut apporter une aide
importante chaque fois que
le problème à traiter dépasse
la sphère buccale, comme des
problèmes d’articulation tem-
poro-mandibulaire, de diffi-
culté à accepter une prothèse
ou un appareil, le bruxisme,
la bruxomanie… et dans bien
d’autres domaines. Ou simple-
ment lorsque l’état général très
défavorable du patient peut
entraver ou gêner le traite-
ment local. Dans ce cas on peut
conseiller un traitement de
microkinésithérapie en com-
plément dans le respect de la
décision de la personne.
LE SAVIEZ-VOUS ?
////////////////////////
* Seuls les médecins et kinésithérapeutes peuvent pratiquer la microkinésithérapie.
* Il y a environ 500 microkinésithérapeutes en France sur la liste publiée.
* De nombreuses évaluations sont disponibles sur Internet.
* Des cours sont dispensés dans beaucoup d’autres pays tels que Belgique, Allemagne, Pologne,
Brésil, Suisse, Maroc…
* Pour trouver un praticien ou avoir des renseignements sur la microkiné (formation,
évaluation, congrès…) rendez-vous sur le site : www.microkinesitherapie.com

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  • 1. Pratique Ouverture Et si nous découvrions une nouvelle pratique, destinée à détendre nos patients, nos proches, nous-mêmes ? Entretien à propos de la microkinésithérapie à l’occasion d’un échange entre le Dr Jean-Michel Jayet, chirurgien-dentiste à Figeac, et Raphaëlle Pignocchi (microkinésithérapeute à Figeac). Vous avez dit « microkinésithérapie » ? Texte : Jean-Michel JAYET et Raphaëlle PIGNOCCHI ndépendentaire : Pou- vez-vous nous définir suc- cinctement l’origine de la microkinésithérapie ? Raphaëlle Pignocchi : La microkinésithérapie a été dé- veloppée dans les années 80 par Daniel Grosjean et Patrice Beni- ni, deux kinésithérapeutes lor- rains. Cette pratique repose sur des disciplines scientifiques telles que l’immunologie, l’embryolo- gie et la phylogenèse (l’étude de l’évolution de l’espèce) et permet de comprendre la cause de nos dysfonctionnements. Les chirurgiens-dentistes sont des scientifiques et des pragma- tiques, donc je voudrais savoir quels sont les bases et fonde- ments de la microkiné ? Comme on le sait, le corps humain est conçu pour s’adap- ter, se défendre et se réparer en cas d’agressions traumatiques, émotionnelles, toxiques, virales, microbiennes ou d’environne- ments. Lorsque l’agression est supérieure aux possibilités de défenses de l’organisme,la vitalité d’une région du corps va être al- térée. Ainsi l’embryologie trouve sa place en fournissant des indi- cations sur l’origine des tissus et leur distribution. Ces données ont été complétées par un tra- vail expérimental de recherches de correspondances pour les muscles afin de les rattacher aux I 89 ©Istockphoto/webphotographeer Cœur de métier Management Indépendentaire109•Juin2013 Indépendentaire109•Juin2013 88 CAS CLINIQUES ET ANECDOTES : //////////////////////////////////////////// • Un patient souffrant de gênes cervicales et maux de tête fréquents, se plaint d’avoir vu apparaître de nouvelles douleurs au niveau des masséters. Il va consulter son chirurgien-dentiste qui le conforte dans l’idée que son problème ne vient pas des dents mais du fait qu’il souffre de bruxisme sûrement lié au stress. La microkinésithérapie était tout indiquée. Nous avons travaillé globalement pour dégager au maximum tous ces « parasites », puis nous sommes allés chercher les liens plus précis par rapport à l’origine de sa demande. Deux semaines après ce patient me disait se sentir personnellement beaucoup plus capable de prendre du recul et sentir sa mâchoire moins tendue. Nous laissons donc le temps faire son office pour le reste du ménage ! • Une jeune fille de 12 ans vient me voir pour des perturbations de sa mâchoire dues à la pose récente d’un appareil orthodontique. En peu de temps nous trouvons des corrélations évidentes entre « l’élément étranger » et des souffrances cervicales qui par la même provoquaient des douleurs derrière les yeux. Tout résidait uniquement dans l’acceptation du changement, aussi bien physique que psychologique. Nous avons aidé son corps à trouver les bonnes solutions pour évoluer dans le bon sens. grands ensembles embryolo- giques du mésoblaste paraxial et latéral.Le mésoblaste latéral a pu être réparti en 30 étages cor- porels avec un viscère corres- pondant à la splanchnopleure et une chaîne musculaire péri- phérique correspondant à la somatopleure. Le mésoblaste paraxial métamérisé fournit la musculation du rachis mais aussi les vertèbres et une partie du derme qui recouvre le corps. Comment se pratique cette technique ? La microkinésithérapie est une technique palpatoire manuelle, reconnue comme technique de massage par le ministère de la Santé, qui permet de rechercher les perturbations qui ont laissé une trace dans les différents tis- sus du corps et qui peuvent se manifester par un symptôme. Cette technique de massage thérapeutique aide l’organisme, dans la mesure du possible, à retrouver ses pleines capacités. Comment fonctionnez-vous ? Qui décide du traitement ? Tout d’abord, je pense qu’il est important de signaler que la microkinésithérapie offre une réponse thérapeutique par rap- port à une demande effectuée par un patient qui fait cette démarche en personne adulte et responsable de sa santé. Il n’y a pas de prescription médi- cale derrière cet acte, le patient réglera les honoraires et le pra- ticien lui remettra une note à transmettre à sa mutuelle pour une éventuelle participation. Oui mais comment posez- vous votre diagnostic ? La microkinésithérapie n’a pas pour but de nommer ou de poser un diagnostic dans le sens « médical ». C’est un traitement proposé au patient qui vient nous voir et nous dit « souffrir d’une affection pour laquelle il n’a pas trouvé de solution satisfaisante dans les autres traitements propo- sés jusque-là ». Nous sommes donc complémentaires aux autres traitements. L’idéal est de ne pas seulement venir quand « ça ne va pas » mais aussi pré- ventivement pour vérifier le bon fonctionnement des dif- férentes fonctions organiques accessibles à la technique.Il faut aider régulièrement le corps à « faire du ménage » avant qu’il y ait trop de « désordre ». La séance commence par un entretien au cours duquel le patient expose les raisons de sa venue : mal de dos, maux de tête, douleurs intestinales… Nous nous assurons bien qu’il ait un suivi médical et que l’on agit en complément et non en substitution ! Une fois allon- gé sur la table, nous ne nous concentrons pas que sur le symptôme décrit car les zones bloquées peuvent tout à fait se situer à distance de la région en souffrance. Quelle est votre démarche ? Que recherchez-vous? La première démarche théra- peutique consiste à palper le symptôme (zone déficiente) avec une micropalpation, c’est- à-dire un toucher particulier permettant de sentir comment le patient gère son affection. La micropalpation est très diffé- rente de la palpation médicale clinique,purement anatomique, qui permet de recueillir des in- formations tactiles sur l’état des structures atteintes (chaleur, grosseur, dureté, mollesse…). Nous plaçons nos deux mains de chaque côté de la structure que l’on veut contrôler et nous percevons la présence d’une restriction ou d’une retenue. Il est important de comprendre que nous nous concentrons sur ce qui se passe entre nos deux mains et non pas sous nos mains ; nous accédons alors à une nouvelle dimension des éléments organiques en recher- chant un « défaut de vitalité » de la zone palpée.
  • 2. Ouverture Pratique Indépendentaire109•Juin2013 Indépendentaire109•Juin2013 90 91 Une structure en bonne santé ne fait rien ressentir sous les mains du thérapeute alors qu’une structure en dysfonc- tionnement oppose une forte résistance à la poussée du pra- ticien. En fonction du type de palpation effectuée avec nos mains (pulpe des doigts, paume ou dos de la main…) et de la direction de celles-ci (écarte- ment, rapprochement, rota- tion…) nous nous enrichissons en informations concernant l’état du tissu sous-jacent nous permettant ainsi d’affiner notre recherche. On ne peut nier en bloc toutes ces observations palpatoires en les rangeant dans la catégorie des sensations subjectives, car elles font l’objet d’un enseignement et sont per- çues de la même façon quel que soit le thérapeute. Quel est votre plan de trai- tement ? Avez-vous des priorités ? Nous allons dégager ce que l’on ressent au niveau du symp- tôme et donc en général des mécanismes de protection que l’organisme a placé à cet endroit pour « limiter » les dégâts par rapport à l’élément agresseur. Mais malheureusement au bout de quelque temps cette pro- tection devient inefficace et la pathologie de départ réappa- raît avec souvent une intensité plus forte et une résistance aux traitements habituels. Je vous donne un exemple : imaginez quelqu’un qui met un « cha- peau » pour se protéger du so- leil (le soleil étant l’agresseur), alors pour un certain temps il est protégé. Il a donc mis un mécanisme de protection face à son agresseur. mais s’il reste au soleil cela n’empêchera pas l’insolation et la déshydratation d’apparaître (agression plus forte que la première) ! Il devra donc trouver une solution alter- native (comme le thérapeute va le faire en cherchant les diffé- rents mécanismes mis en place par le corps) ; par exemple se mettre à l’ombre et boire ! (c’est l’élimination des protections inefficaces). Pour les retrouver, le thérapeute va se servir de tableaux de recherche qui lui Cette technique aide l’organisme, dans la mesure du possible, à retrouver ses pleines capacités permettent de définir avec pré- cision le nombre d’entre elles utilisées et surtout la dernière mise en place. Une fois celle- ci isolée entre nos mains, nous allons déclencher une réponse de l’organisme qui va éliminer l’ensemble de tous ces processus de protection. Autre exemple concret : • Lorsque l’on crève un abcès mûr (thérapeute qui trouve la dernière protection mise en place), • l’organisme évacue le pus qui contient à la fois l’agent infec- tieux (agresseur) et la réac- tion immunologique du corps (protection). Lorsque nous sommes face à une agression du corps de type infectieuse, toxique, trauma- tique ou obstructive, le théra- peute va chercher sa localisa- tion (parfois à distance de la zone touchée) à l’aide d’une cartographie lui permettant de mettre en « face à face » l’agres- seur et le symptôme déclenché. Un mécanisme immunologique de défense se mettra alors en route. Il en est de même pour les problèmes que le patient dé- veloppe suite à des déficiences psychologiques ou des frustra- tions ressenties. Un mécanisme identique de « stockage » se crée jusqu’à ce que la « bouteille soit trop pleine »… Que permet cette technique ? Comme je l’ai déjà signalé, cette technique, complémentaire aux autres approches thérapeutiques, tente d’utiliser au maximum les capacités de l’organisme du patient dans la lutte contre les pathologies et les dysfonction- nements de toutes sortes qu’il a pu subir. Messieurs Grosjean et Benini rappellent que ce n’est pas parce que l’organisme n’a pas su régler le problème au départ qu’il a perdu pour autant ses capacités de réparation.Nous sommes la pour réactiver ses potentialités. De quelle façon traitez-vous les informations que vous récupérez ? Il n’est pas nécessaire de dire au patient tout ce que l’on a trouvé. Néanmoins nous pouvons, à titre préventif (pour éviter la récidive) ou pour faire prendre conscience de certains éléments suggérer des pistes de recherche. Ces quelques informations peuvent servir à cerner quelques aspects essentiels si la personne s’est engagée dans un accompa- gnement psychologique. Mais le microkinésithérapeute doit savoir rester dans son domaine et ne pas hésiter à faire appel aux autres professionnels de santé pour régler des problèmes d’hy- giène de vie, de soins spécifiques ou de recherche psychologique. Pratique Ouverture À quelles occasions pouvons nous conseiller à nos patients de faire une ou plusieurs séances de microkiné ? Com- ment pouvons-nous expliquer simplement cette technique ? Ma réponse sera très simple, elle concerne aussi bien les praticiens de santé que les patients : nous devons tous prendre conscience que nous ne sommes pas des robots in- sensibles et invincibles et qu’un « nettoyage » du corps s’impose parfois. Ces techniques ne sont pas réservées seulement aux « faibles ». Dans toutes les pro- fessions médicales ou paramé- dicales il existe un effet « place- bo » que nous devons prendre en compte, mais cela n’affecte en rien notre qualité de thé- rapeute. Ne cherchons pas à nous attribuer des médailles, contentons-nous de voir le patient aller mieux ! Et si nous nous plaçons du côté du prati- cien, le fait de se sentir bien et plus léger après une séance, ne le mettra-t-il pas dans de meil- leures conditions pour exercer en étant plus ouvert et objectif ? Ya-t-ildescontre-indications ? Il n’y a pas de contre-indica- tions puisque c’est l’organisme qui est actif. Mais on ne peut activer ces mécanismes sur un patient réfractaire à l’inter- vention d’une tierce personne (thérapeute) dans sa vie, son histoire. Le praticien ne peut répondre qu’à une demande et doit avoir l’accord de l’intéressé pour effectuer une séance. Faut-il faire plusieurs séances ? La plupart du temps nous ne fai- sons qu’une séance et laissons le corps travailler car il a retrouvé ses outils pour « nettoyer et ci- catriser » les plaies provoquées par des chocs. En fonction du résultat, et sur la demande du patient, nous pouvons envisager une autre séance de contrôle et de complément de traitement si le premier n’est que partiel. Un exemple : imaginons une bouteille remplie de sable avec un bouchon. Pour la vider nous devons le retirer et faire couler son contenu lentement afin de ne pas créer une accumulation trop importante et ainsi risquer l’apparition d’un nouveau bou- chon. Dans cet exemple, la bou- teille représente l’organe, le sable l’élément pathogène, le bouchon la capacité maximale d’accepta- tion de l’organe. Ainsi on adapte le nombre de visites afin d’éviter le phénomène d’accumulation cité dans l’exemple. Dans les cas simples,deux séances par an suf- fisent généralement à obtenir un résultat satisfaisant. Que devons-nous faire après avoir eu une séance ? Penser à boire de l’eau (au moins 1 litre de manière régu- lière dans la journée), afin de permettre une élimination plus efficace des « toxines ». Et en dentisterie com- ment pouvez-vous aider les patients ? Concernant le domaine de la dentisterie, la microkinésithé- rapie peut apporter une aide importante chaque fois que le problème à traiter dépasse la sphère buccale, comme des problèmes d’articulation tem- poro-mandibulaire, de diffi- culté à accepter une prothèse ou un appareil, le bruxisme, la bruxomanie… et dans bien d’autres domaines. Ou simple- ment lorsque l’état général très défavorable du patient peut entraver ou gêner le traite- ment local. Dans ce cas on peut conseiller un traitement de microkinésithérapie en com- plément dans le respect de la décision de la personne. LE SAVIEZ-VOUS ? //////////////////////// * Seuls les médecins et kinésithérapeutes peuvent pratiquer la microkinésithérapie. * Il y a environ 500 microkinésithérapeutes en France sur la liste publiée. * De nombreuses évaluations sont disponibles sur Internet. * Des cours sont dispensés dans beaucoup d’autres pays tels que Belgique, Allemagne, Pologne, Brésil, Suisse, Maroc… * Pour trouver un praticien ou avoir des renseignements sur la microkiné (formation, évaluation, congrès…) rendez-vous sur le site : www.microkinesitherapie.com