POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS
1. POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS
KINSHASA, 28 mai 2018
Mesdames et Messieurs de la presse,
Notre communication de ce jour va s’articuler autour de la lecture de la récente déclaration
du Président français, Emmanuel Macron ainsi que de l’agitation que suscite dans divers
milieux hors de notre pays et de notre région l’approche des élections générales en RDC.
En effet, en observateurs avertis de l'actualité tant nationale qu'internationale que vous êtes,
je suis fondé de croire que les controverses, le malaise voire la colère ainsi que les
interrogations exprimés par bon nombre de nos compatriotes à la suite des propos
subliminaux et, disons-le, pleins d'ambiguïté tenus le 23 mai dernier par le Président de la
République française lors du point de presse ayant sanctionné la visite effectuée dans son
pays par le président du Rwanda, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine,
n'ont pas glissé sous la carapace de votre indifférence.
Le Gouvernement congolais, également surpris, ne pouvait être du reste. C'est ainsi que
durant le week-end, le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères et Intégration
Régionale a convoqué trois chefs de missions diplomatiques représentant les pays cités
dans cette déclaration pour obtenir des clarifications et des explications en rapport avec
ladite déclaration relative à une initiative de deux Chefs d’Etats africains sur la RDC mais
dont les autorités de la RDC ne seraient pas partie prenante.
Voilà, la question a été posée en ces termes aux 3 pays.
En attendant des explications à ce sujet, le Gouvernement par ma voix, tient à faire la mise
au point ci-après pour fixer l'opinion nationale à ce sujet :
En liminaire, il sied de rappeler que l'égalité souveraine des États proclamée par la Charte
des Nations Unies est un principe intangible; un horizon indépassable des relations
internationales et un dénominateur commun dans les relations entre tous les États. En vertu
de ce principe rappelé, aucun État n'a le droit de s'arroger unilatéralement ou via des
arrangements ou des alliances particulières, une responsabilité sur le destin d'un autre État.
Ceci étant, nous saisissons cette occasion pour redire, à l'intention de tous les nostalgiques
de l'ordre colonial, que le péché originel fondateur de l'état indépendant du Congo durant la
période des conquêtes barbares et qui a voulu réduire notre pays au rang d’un simple
comptoir des matières premières ou en un pandémonium de quelques grandes puissances
de l’époque avec le droit de préemption sur le territoire de l’actuelle RDC pour certaines, ce
péché originel a été expié depuis par le sang et le sacrifice de nos martyrs et de nos Héros
qui à l’instar de Patrice Lumumba, ont payé le prix le plus élevé que l’on puisse imaginer
pour l’indépendance et l’auto-détermination du peuple congolais qu’on aurait tort de
considérer comme de simples figures de style.
Les connivences, les combinaisons et les tentatives de dépossession des Congolais au
profit des groupes d'intérêts extérieurs dans le but de promouvoir des besoins stratégiques
2. de groupes d’influence en intelligence avec des prédateurs notoires dont certains ont par
ailleurs déchiré, de manière ostentatoire et sans sourciller, le brevet de la démocratie dans
leurs propres pays, ne sauraient en aucune manière nous intimider ou avoir raison de notre
détermination à poursuivre le combat engagé par notre peuple pour prémunir notre pays
contre leurs appétits voraces.
La RDC est jalouse de sa souveraineté et ne laissera personne, État ou groupe d'intérêts,
en Afrique ou hors du continent, s'ingérer dans ses affaires intérieures et se substituer au
peuple congolais pour décider de son devenir.
Le scénario écrit depuis des lustres nous est connu par avance : à chaque époque où notre
peuple s’efforce de se doter des atouts nécessaires pour sortir de la logique accidentelle de
l'histoire qui veut le maintenir dans ce rôle de colonie d’une certaine communauté
internationale, il ne manque jamais des nostalgiques de la loi de la jungle pour rééditer les
épisodes sanglants d’un passé révolu et justifier leur volonté atavique de sacrifier la
souveraineté de notre pays sur l'autel des intérêts aux antipodes de ceux du peuple
congolais en se parant des oripeaux de quelques principes cyniquement sélectionnés du
droit international.
Ainsi, depuis peu, quelques illusionnistes qui prétendent vouer un amour débordant et sans
limites pour le peuple congolais ont un nouvel alibi: le processus électoral qu’ils ont décrété
on ne sait trop sur quelle base, notre peuple incapable de conduire seul à bon port et pour
lequel il doit être aidé par eux. Ce prétexte fallacieux est devenu la nouvelle fenêtre
d’opportunités ouverte qui leur donnerait ainsi le droit de fouler aux pieds tous les principes
aussi bien juridiques que moraux, au point d'absoudre les péchés des pillards, d'en faire des
alliés, de magnifier leurs vitrines dans lequel ils vont du reste s'approvisionner allègrement.
Au demeurant, ces nouveaux conquistadors maquillent leur croisade dans une propagande
nauséabonde, car ils n'ont pas l'honnêteté intellectuelle de dire qu'une élection n'a pas
nécessairement pour vocation de mettre fin à un type de gouvernance surtout lorsque celui-
ci continue à bénéficier d'une onction populaire chaque jour renouvelée. Une élection reste
un moment d'offre politique pour permettre en toute conscience à un peuple de se choisir
des dirigeants. Tel n’est pourtant pas l’entendement de ces prestidigitateurs si l’on met en
parallèle certaines déclarations belliqueuses récentes d’un diplomate retraité américain qui
tente ces dernières années de se recycler laborieusement dans des activités de lobbying
stipendiées et qui n’aurait pas mis les gants pour dessiner l’avenir immédiat de notre pays.
Dans tous les cas, Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une énième manifestation de cette
espèce de pulsion convulsive qui consiste à renvoyer de manière frénétique et systématique
la RDC dans un monde de ténèbres car la prospérité et la paix dans ce pays seraient
synonyme de frein à la boulimie des prédateurs de ses richesses et à ceux qui leur servent
de chevaux de Troie sur notre continent.
Ceci dit, il importe que le peuple congolais, malgré quelques divergences sommes toutes
passagères, prenne définitivement conscience que son bonheur se trouve entre ses propres
mains. Dès lors, les messes basses et les complots à ciel ouvert contre la souveraineté de
notre pays tout comme la propagande des marchands d'illusions qui se drapent dans une
espèce de compassion propre à tout prédateur devraient interpeller la conscience de tout
Congolais digne de ce nom et faire l'objet d'un questionnement à plus d'un titre afin de
3. définir ensemble les stratégies destinées à contrer tous les charognards qui prétendent se
pencher sur le chevet de notre pays dont ils veulent faire un patient endémique en attendant
sa mort programmée pour remplir les assiettes de leur festin.
À l'intention des pays frères africains qui croient tirer leur épingle du jeu en participant d'une
façon ou d'une autre à des projets de déstabilisation de leurs voisins par certaines
puissances non africaines qui veulent contre toute évidence faire admettre qu’on peut
exporter la démocratie par les canons, nous disons qu'il n'y a rien de nouveau dans ce jeu
malsain qu'on tente de leur faire jouer. Le défunt président zaïrois, le Maréchal Mobutu s'y
était prêté en offrant il n’y a pas si longtemps depuis notre territoire des facilités pour aider à
imposer le maintien de l'Angola dans le giron occidental au plus fort de la guerre froide. Il a
aussi permis l'installation de bases militaires dans l'actuelle province du Haut-Uelé pour la
partition du Soudan qui a résulté in fine à la véritable boucherie humaine actuelle au Sud
Soudan qui évidemment n'intéresse plus ceux qui ont patronné la partition de ce pays voisin.
L'on se souvient également que Mobutu avait même envoyé la fine fleur des forces armées
zaïroises intervenir aux côtés d'un des belligérants dans le conflit rwandais qui a dégénéré
avec le génocide de 1994 de triste mémoire. Tout cela dans l'espoir naïf de tirer une
rétribution substantielle pour son régime. On sait de quelle manière il a été jeté, tel un
Kleenex, dans les poubelles de l'Histoire après avoir été utilisé par ceux-là même qui lui
faisaient croire qu'il était leur partenaire de prédilection.
Ces expériences malheureuses très récentes devraient inspirer la génération actuelle des
Africains à comprendre ce qui suit :
(1) les États n'ont que des intérêts, pas d'amis
(2) la RDC tout comme certains autres pays africains ci et là connaissent certes des
problèmes, mais aucune solution importée du dehors de leurs frontières ne pourra y
apporter des réponses durablement favorables à leurs peuples.
C'est ce que Patrice-Emery Lumumba d'heureuse mémoire nous a inculqué en insistant
pour que l'histoire de l'Afrique soit écrite en Afrique par les Africains et non à Bruxelles, à
Paris, à Londres ou à Washington.
(3) les pays Africains qui se hasarderont à servir de tête de pont ou de sous-traitants à des
stratégies extérieures hostiles à la RDC élaborées ailleurs seront toujours payés en
monnaie de singe, en plus de la résistance farouche du peuple congolais à laquelle ils
devront s’attendre.
(4) l'Union Africaine et la CIRGL sont les seuls cadres de concertation et d'élaboration des
politiques communes aux États Membres. Il ne serait pas de bonne politique de s’en servir
comme instruments à la disposition des intérêts particuliers de ceux que nous, États
Membres, désignons pour coordonner le temps d'un mandat nos actions au nom et pour le
compte de TOUS lesdits États membres.
Plaise au ciel que la position sur la situation en RDC soit celle définie par ces organisations
régionale et sous-régionale en plein accord avec la RDC elle-même qui, de ce fait ne peut
que la soutenir, et non pas celle particulière aux deux Etats membres cités par le Président
Macron dans sa déclaration.
4. Si tel n’est pas le cas, le peuple congolais s’assumera comme par le passé car la sagesse
africaine nous apprend que si l'on voit un lion déborder de gentillesse à l'approche d'un
troupeau de brebis, il faut s'en méfier car cela n'est pas l'expression de l'amour envers le
troupeau mais plutôt celle d'un appétit vorace dissimulé derrière un simulacre de
compassion qui cache mal sa réputation de prédateur. Et quand un prédateur se met à jouer
au vigile ou au protecteur dans la proximité d'une bergerie, il revient aux bergers de doubler
de vigilance.
Les Congolais ont donc tout intérêt d'aiguiser davantage le sens de leur patriotisme pour ne
pas retomber dans ce piège de l'allégorie du lion, ici de ceux qui, depuis certaines capitales
occidentales feignent de jouer au médecin perpétuel au chevet de leur patient éternel la
République Démocratique du Congo.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement