Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Faits divers du Pays de Fouesnant - z-cq
1. Annick LE DOUGET
ASPECTS MECONNUS DE LA REVOLUTION
EN PAYS FOUESNANTAIS
LES « TOMMERIEN », REDOUTABLES HORDES DE
CHAUFFEURS, SEMENT LA VIOLENCE ET LA MORT A
PLEUVEN ET A CLOHARS-FOUESNANT
En l'an V de la République, l'insécurité est forte en Cornouaille. Si l'éradication du
mouvement chouan a permis une accalmie - provisoire - dans plusieurs cantons, des bandes de
brigands vont se constituer et sévir en campagne au cours des années 1796-1797 sous le nom de «
Compagnies de Chauffeurs », ou, en breton, de « Tommerien ». Leur nom vient de leur triste
spécialité: ces « chauffeurs » infligent des tortures par le feu aux victimes dans le but de leur
faire avouer où elles cachent leurs économies. Cette horde de scélérats a pris naissance à
Langolen, dans le canton de Briec, déjà fortement ébranlé par les excès de la chouannerie. C'est
une bande mouvante qui se fait et se défait au gré des opportunités, qui se déplace dans un large
secteur pour commettre ses méfaits. Le Pays fouesnantais sera le théâtre de trois crimes qui ont
semé la terreur chez nos aïeux: curieusement, alors qu'ils ont frappé à l'époque toutes les
imaginations, ils ne paraissent pas s'être inscrits dans la mémoire collective, et seuls les
documents des Archives du Finistère en conservent aujourd'hui la trace.
LA BANDE DES CHAUFFEURS, DES
« TOMMERIEN »
La bande des « Tommerien » dont
nous allons examiner les crimes apparaît à
l'origine comme une spécificité étonnante
de Langolen. Elle s'est constituée dans ce
village après l'arrestation d'une première «
Compagnie de Chauffeurs » dirigée par le
jeune Elliantais Jean-Baptiste Riou, né en
1764, qui sévissait dans la Cornouaille et
dont plusieurs membres étaient natifs de
Langolen. Cette Compagnie, troupe armée
comptant parfois jusqu'à 70 hommes, étaitelle une bande de chouans ayant dévié dans
le banditisme, ou de bandits se prévalant
d'une vague cause chouanne ? Si pour les
uns, rares, la chouannerie restait une cause
politique ou religieuse, pour combien
d'autres n'était-elle que la couverture idéale
masquant toutes les dérives ? Délations,
enrichissements rapides et douteux,
violences gratuites, tout devenait possible
avec le sentiment de totale impunité.
Recherché pour de nombreux
crimes (notamment le meurtre de quatre
personnes dont deux curés assermentés, et
de nombreux vols avec violence), Riou est
capturé dans une auberge le II janvier 1797
par les gendarmes de Rosporden et
condamné à mort le 12 avril 1797 par le
Conseil de guerre de Brest.
C'est peu après son arrestation que
va se constituer une seconde bande de
Tommerien à Langolen, complètement
vouée au banditisme. Organisée sur le
mode armé, cette horde s'est inspirée des
méthodes chouannes pour se livrer à des
opérations de brigandage dans la campagne
de manière peu banale. La ramener à un
ramassis d'ivrognes et de mauvais garçons
du village serait simpliste et réducteur : née
de la violence ambiante, elle a semé la
terreur et la haine en l’an V de la
République.
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2. Rapidement repérés pour leurs exactions
commises de février à mai 1797, ses
membres ne seront traduits devant leurs
juges et condamnés qu'en septembre 1797².
Les membres de la bande: surtout des
meuniers !
Rappelons que les villageois de
Langolen ont toujours été réputés paisibles
et honnêtes: les très rares procédures
judiciaires relevées à leur encontre le
prouvent. Comment a pu alors se constituer
une bande ?
Elle s'est agrégée au début de 1797
autour d'un chef reconnu, le jeune aubergiste de Langolen François Le Trent, 22
ans. La description de François Le Treut
nous est donnée par Gaillard, du jury d'accusation : « Taille 5 pieds deux pouces,
cheveux, sourcils et barbe châtaignes, yeux
gris enfoncés, nez aquilin et aplati par le
bout, bouche grande, menton petit, visage
ovale et colorié, ordinaire »o François a
mauvaise réputation: ivrogne, bagarreur,
on l'évite dans les foires. Il tient depuis
peu, avec sa jeune épouse Louise Canvel,
l’auberge du bourg qui va devenir le lieu
de ralliement des Tommerien. Cette
auberge est un lieu de multiples rencontres,
que ce soit des autorités républicaines
(c'est chez lui que s'opère la désignation
des fonctionnaires municipaux, que se tient
la Recette des Contributions...), ou des
troupes en tous genres, déserteurs,
chouans, tenant chez lui leurs conciliabules. Il détient donc dans le bourg toutes les
informations utiles, renforcées par les
quelques confidences d'après boire des
villageois.
Autour de lui, dans son auberge, gravitent
une quinzaine de fidèles qui forment sa
bande, pour partie des parents, mais
surtout, étonnamment, les meuniers du
village: son demi-frère, Charles Ollivier est
le meunier du moulin de La Villeneuve.
Jean Le Meur est le garçon-meunier du
même moulin. Yves Barré, 32 ans, né à
Langolen, est fermier de La Villeneuve: il
est le beau-frère de Charles Ollivier.
2 Tous les renseignements de cette partie proviennent des
archives du juge de paix, des dossiers criminels et des arrêts de
condamnation (Archives du Finistère).
L'Administration lui a confié la
tâche de percepteur dans le village, ce qui
lui permet d'ailleurs de connaître la richesse de chacun : c'est ce fonctionnaire
peu modèle qui a pris l'initiative d'installer
la Recette des Contributions dans l'auberge
de son ami! Il est reconnaissable dit-on par
une « vérule » sous l'reil gauche. François
Le Cain, menuisier à Kertanguy en Elliant,
est le beau-frère de François Le Treut :
borgne, « avec une cicatrice à la joue
droite prenant du cou à la bouche », il est
facilement repérable. Plusieurs meuniers
qui fréquentent assidûment l'auberge font
partie des mauvais coups. Hervé Thalamon
père est un inséparable de Le Treut. Agé de
42 ans, il a épousé une fille Poher de
Langolen; il est craint et détesté dans
toutes les fermes où il arrive précédé d'une
réputation de voleur. Il est meunier du
moulin de L'Abbé à Guellevain, en limite
de Langolen : retenez son nom, il est 1 'un
des meneurs de la troupe qui a sévi au
Moulin-du-Pont. Son fils Hervé Thalamon
est garçon-meunier et suit les traces de son
père.
Alain Penziat, garçon-meunier depuis peu
à Stang-Bras, est peu recommandable,
ayant déjà été condamné le 18 juillet 1792
pour des vols multiples. Jean Porchec, 30
ans, également garçon-meunier du Stang,
est originaire d'ErguéGabéric ; il travaillait
auparavant à Landudal et est soupçonné de
« chouanner ». Voilà donc les Tommerien
« de base » auxquels se joindront pour
certains coups d'autres hommes comme Le
Gars, garçon-meunier du Stang, ou Michel
Joannès, ancien gendarme reconverti en
aubergiste à Quimper. Au fur et à mesure
des exactions - dont l'impunité semble
évidente et dont les gains suscitent la convoitise ! - la troupe s’enrichit de membres
occasionnels, on le verra pour les faits de
Pleuven : la bande des Tommerien devient
alors mouvante
En résumé, on s'aperçoit que le
groupe n'est pas issu de la paysannerie
langolinoise, à l'exception de Yves Barré.
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3. Et dans le noyau dur, on retrouve quelques
hommes de la troupe mi-chouanne, mi brigande de J.B. Riou, comme Yves Barré,
Perchec ou Thalamon fils. J.B. Riou a été
interpellé le Il janvier 1797, et l'idée de
commettre des brigandages a germé après
son arrestation: les Tommerien profitent
simplement du champ libre car jamais ils
ne se seraient mis sur le chemin du
redoutable bandit. Leur premier vol ne
datera en effet que du 4 février suivant.
Le passage à l'acte
Nous sommes dans un climat de
violence généré par les chouans; le canton
de Briec est devenu une zone de non droit;
fonctionnaires municipaux et patriotes se
retrouvent livrés à la discrétion de leurs
ennemis, face à l'impuissance des autorités
révolutionnaires.
A l'auberge du bourg, dans la
surexcitation que l'on imagine, chouans et
brigands font l'objet d'une certaine admiration mêlée de crainte. Leurs aventures,
leurs méthodes, leurs gains faciles ne peuvent que séduire les mauvais garçons: les
futurs Tommerien vont s'en inspirer largement.
S'ajoute alors le facteur alcoolisation: plusieurs Tommerien ont ce triste
penchant, et le lieu même de rassemblement - l'auberge - ne peut qu'inciter à le
développer... Sur des valeurs morales
émoussées, l'alcool est un détonateur assuré. Enfin, et surtout, face aux autorités
débordées, prévaut le sentiment général
d'impunité. Il est aisé de se fondre dans un
groupe, une troupe, surtout la nuit et avec
un déguisement; certains en ont fait l'expérience dans la bande Riou.
Leurs méthodes
Avant de détailler leurs méfaits, il
est bon de parler des méthodes brutales
employées par les bandits. Quelle sera la
cible des Tommerien ? Leur seul critère
étant celui du montant estimé des économies, ils seront patriotes ou royalistes,
jeunes ou vieux, de préférence sans défense !
La méthode des Tommerien s'inspire de celle des chouans. Les malfaiteurs
se regroupent à l'auberge du bourg en soirée : la présence de plusieurs chevaux à sa
poi1e est, dit-on, le signe infaillible qu'un
mauvais coup se prépare pour la nuit. On
met des déguisements, les visages sont
passés au charbon à la manière des déserteurs. On distribue les armes, fusils, sabres
et pistolets. Puis c'est le départ de la troupe
armée vers la ferme choisie.
Là, selon le stratagème habituel, ils
en forcent la porte, brutalisent les habitants, et brûlent les pieds des victimes pour
faire avouer la cachette du magot espéré.
Ensuite, ils repartent avec l'argent, la
nourriture, les vêtements et même les
meubles pour partager le butin à l'auberge.
L'argent sera vite dépensé: les malfrats, les
poches pleines, iront s'alcooliser à l'eau-devie dans toutes les auberges entre Langolen
et Quimper.
Au début, ces vols sont espacés,
puis la cadence s'accélère, et nos bandits
n'hésitent pas à commettre des forfaits hors
Langolen, comme à Coray, à PlonéourLanvem et dans le Pays fouesnantais.
Enfin, pour ne pas être dénoncés, il
faut faire taire les témoins. Et ils sont
nombreux, car les bandits ont été reconnus
dès le premier vol, et leurs noms ont fait le
tour de Langolen le lendemain même. I1s
sont d'ailleurs peu discrets et n'hésitent pas
à exhiber leur butin dans l'auberge. Mais
usant de pressions, de menaces de
représailles (comme l'incendie ou l'assassinat), ils maintiendront la terreur jusqu'à
leur arrestation quelques mois plus tard.
Par peur, beaucoup refusent de porter plainte. Aussi est-ce la rumeur publique
qui remonte au juge de paix ou aux
autorités de l’Administration. Ainsi Jean
Rospars, paysan langolinois, déclarera
après l'interpellation des malfaiteurs : «
C'est la crainte de cet homme (Le Treut)
qui l'a empêché de/aire cette déclaration
devant le Juge de Paix, qu'il n'a cessé de
craindre d'être assassiné que depuis qu'il
est en arrestation ». Si une douzaine
d'affaires sont recensées dans les archives
judiciaires, on peut être certain que plusieurs autres crimes sont restes impunis.
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4. LES CRIMES DU
FOUESNANTAIS
PAYS
Les crimes du Moulin-du-Pont à
Pleuven en février 1797
L'enquête sur les crimes commis au
Moulin-du-Pont à Fouesnant révèle le côté
odieux des Tommerien. Ces deux crimes,
des violences mortelles par le feu ainsi
qu’un viol, ont été commis par une ban~e
élargie de Tommerien ; le groupe langolinois s'est adjoint en cette circonstance les
services de mauvais garçons, meuniers et
journaliers originaires du pays de. Quimper
pour les guider. Ces complices se mettront
en avant, seront reconnus et arrêtés
rapidement pour la plupart. Nous mettrons
ici l'accent sur ces seconds rôles. Le
moulin du Pont, bien connu de tous sur la
route de Quimper à Bénodet, démarque
l’entrée du Pays fouesnantais. Son meunier
est alors Yves Houarner, originaire du
Faouët, marié avec Marie Le Dars, 33 ans.
Ils ont une fille d'une douzaine d'années,
Anne. Dans la maison attenante au moulin,
une auberge, vit le père de Marie, Germain
Le Dars, veuf. Il tient le cabaret avec sa
fille cadette Catherine, 30 ans: le lieu est
passant, les clients ne manquent pas. Mais
il n'est pas pr?priétaire de son affaire: c'
est, Alain Kemafflen de Kergos, noble non
émigré, qui possède ces biens et qui les
loue en ferme aux intéressés.
Germain Le Dars à la foire
A l’origine du drame, un fait presque ordinaire s’est déroulé le 19 février
1797 : Germain Le Dars est allé à la foire
de Quimper vendre ses deux cochons bien
gras pour le prix de 38 écus. Il ne pouvait
se douter qu’au moment de la transaction il
était surveillé, et qu’un journalier mal
intentionné le connaissant pour fréquenter
son auberge, ne perdait rien au
marchandage. Selon les méthodes des voleurs de grand chemin qui sévissaient en
campagne au 18e siècle, les Tommerien
surveillaient foires et marchés des alentours afin de repérer les hommes et les
femmes susceptibles d'avoir de l'argent en
leur possession. Les informations cir-
culaient alors et remontaient à la tête de
l’organisation.
Celui qui espionne est Allain
Horellou, un homme de 61 ans au passe
Judiciaire déjà chargé. Il demeure à Quimper, rue Orfèvre, et se présente « vêtu à la
mode de la campagne, un pourpoint bleu à
la mode de Pluguffant, un chapeau à basse
forme rabattu, taille 5 pieds 1 pouce
(lm68), visage rond et un peu décharné,
cheveux gris, yeux bleus, front large, nez
aquilin, bouche grande et menton rond ».
Il fournira aussi des renseignements selon
lesquels il y a de l’argent aux fermes de
Kereven en Clohars-Fouesnant et à Lesquidic en Pleuven. Mais son rôle est encore
plus actif: il fera partie du groupe de
quinze ou seize hommes qui vont s’en
assurer sur place, et participera même au
vol avec violences.
Germain Le Dars ne pouvait se
douter que, riche de ses 38 écus, il devenait
la proie de scélérats sans scrupules...
d'autant que, le jour même, il rencontrait
son propriétaire Alain de Kergos pour lui
régler le montant de son bail: la vente des
deux cochons avait été faite dans ce but
seulement, et des 38 écus, il ne lui en restait plus un seul le soir même !
Les Tommerien investissent le moulin du
Pont
Dans la nuit du 19 au 20 février
1797, (l er au 2 ventôse de l'an V), vers
minuit, alors que la maisonnée s’est endormie une horde d'une quinzaine de
malfaiteurs armés, sinistrement déguisés,
le visage sommairement noirci au charbon,
s'arrête au Moulin-du-Pont. Les hommes se
regroupent devant l’auberge, en brisent la
porte, et huit d'entre eux investissent les
lieux ; 1 'un des malfrats est armé d’un
sabre; un autre porte la lumière. Ils forcent
Germain Le Dars à quitter son lit en
chemise, s'emparent de son fusil. Ils lui
ordonnent de les suivre a la maison
attenante où dorment sa fille Marie et sa
petite-fille Anne; ce soir-là, son gendre, le
meunier Yves Houarner, est absent. Ils
fouillent sans ménagement cette maison,
et, ne trouvant pas d'argent,
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5. réclament alors à haute voix les 38 écus,
prix des deux cochons qui ont été vendus.
Germain Le Dars leur explique qu'il n'a
plus cet argent, qu'il l'a remis à M. de
Kergos en paiement de sa ferme.
Les malfrats s'énervent, menacent
alors de l'assassiner, lui ainsi que les
membres de sa famille; ils lui portent des
coups de poing et « de plat de sabre ». Ils
lient les pieds et les mains du pauvre
homme et des gens de la maison: ses filles,
le domestique du moulin Guillaume Le Gal
(22 ans). Selon leur procédé habituel, ils
arrachent du chaume du toit de la maison
pour le mettre dans la cheminée, y jettent
de la poudre à tirer ou poudre à canon et
des allumettes. Une dernière fois, ils
somment Germain Le Dars de leur remettre son argent; il doit encore jurer qu'il
n'en a plus... Là, « ils présentèrent
Germain Le Dars tout nu à ce brasier ardent, ils I’y mirent jusqu'à la ceinture, en
lui brûlant les jambes, les cuisses et les
parties génitales ». Non contents, les sadiques personnages « le passèrent dans le
feu en l'accablant de coups et prononçant
des grands jurements pour lui faire avouer
où était son argent, qu’après l'avoir ainsi
brûlé, ils le laissèrent presque mort sur son
foyer et se retirèrent après lui avoir pris
plusieurs hardes ... ».
Viol de la petite fille du meunier
Pendant ce temps un autre drame se
joue au moulin. Plusieurs des malfaiteurs
qui fouillaient la maison du meunier sont
rentrés « dans l'appartement », dans la
chambre de Anne Houarner; « Hervé
Thalamon, l'un d'eux, lui dit que si elle ne
lui apprenait pas où était son père, il couchait avec elle; que ses camarades qui
avaient la lumière s'étant retirés, il resta
après eux dans l’obscurité, frappa Anne
Houarner dans son lit, excita les cris de
celle-ci par ses excès et la viola ou tenta de
la violer ». Hervé Thalamon se rendait
ainsi coupable «d'avoir vaincu de force la
pudeur d'Anne Houarner et de l'avoir
violée ou tenter de la violer», ce qui lui
vaudra, en sus des autres crimes commis,
la peine de mort. Meunier âgé de 42 ans,
notre homme n'était pas un Don Juan, il
était reconnaissable à « une grosse bosse
sur le front» et à son nez cassé. Méchant,
violent, vicieux, ivrogne, il était craint et
détesté en campagne. Sa réputation n'était
pas usurpée. . .
Partage du butin
A 1 heure du matin, les bandits
quittent le Moulin-du-Pont en direction de
Quimper; ils s'arrêtent pour partager leur
butin quelques cinq cents mètres plus loin
(un demi-quart de lieue), près d'une petite
auberge, une « loge », ou « chambrière »,
selon les termes employés, chaumière
couverte de genêts, située sur le village
d'Ergué-Armel. Ils y réveillent les aubergistes, Pierre et Françoise Le Signour,
mais, tout en leur interdisant de sortir ou de
se mettre à la fenêtre, ils exigent d'être
servis en eau-de-vie. L'un des malfaiteurs,
Yves Moulin, fera le service et apportera
l'alcool aux malfaiteurs restés à l'extérieur.
Le Signour témoigne que Moulin « s'étant
présenté à la fenêtre demander de l'eaude-vie, et avoir sommé le dit Signour de ne
point sortir ou peine lui arriverait, qu'il
entendit les individus sans savoir le
nombre se disputer et se battre, qu'ils
avaient bu dehors un pot d'eau-de-vie et
que ce fut Yves Moulin qui paya tout.
Ce Yves Moulin fait figure de naïf
dans ce dossier: il paie la note et il est
évident qu'il sera reconnu... d'autant que,
ivre mort, il restera sur les lieux jusqu'au
lendemain! Journalier de profession, il est
au moment des faits le « domestique du
citoyen Danielou, recteur d'ErguéArmel ».
Il a 35 ans, demeure rue Dorée à Quimper
et sa description est la suivante : « vêtu en
artisan, pantalon de toile, veste bleue et
courte, chapeau rabattu et à basse forme,
taille d' environ 5 pieds (lm65 environ),
visage ovale, cheveux courts et noirs, nez
et bouche ordinaires, menton rond ».
Le partage du maigre butin ne se
passe pas calmement, visiblement les
Tommerien sont déçus de n'avoir pas
trouvé d'argent ; une bagarre oppose là les
malfrats avinés et excités.
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6. Les objets volés chez Le Dars
consistent en « 28 aulnes de toile de
chanvre neuve, une bouteille d'eau-de-vie,
deux pots de grès, des pipes neuves de
Locmaria, une hache et un pain de
graisse».
Descente du Juge de Paix
Le 20 février, Allain Clorennec, juge de
paix de Fouesnant résidant à Pleuven,
alerté par la rumeur, se déplace au Moulindu-Pont opérer quelques constatations. Il
remarque de prime abord plusieurs leviers
de bois abandonnés près de l'entrée de
l'auberge, puis en voit la porte fracturée et
la serrure arrachée. Rentré dans la pièce, il
constate l’état pitoyable de Germain Le
Dars, couché. « Il nous a fait voir que ses
pieds, ses jambes et ses cuisses jusqu'aux
fesses ne formaient qu'une seul plaie avec
escarres, accompagnée d'une inflammation
générale, gonflement et douleur extrême,
de grandes fièvres...».
Malgré sa faiblesse, l’aubergiste est
à même de dénoncer l'un des deux agresseurs qui le tenaient dans le feu comme
étant Hervé Bourgeon, « charbonnier demeurant à Quimper près de la fontaine
saint-Corentin ». Sa fille Catherine donne
plus de détails; elle était présente au moment du crime et a reconnu malgré leurs
déguisements les meuniers Prigent père et
fils du moulin de Lanroze d'Ergué-Armel,
Pierre Donnard, « un vieux domestique ou
journalier qui a coutume de tenir les pieds
des chevaux à Jean Le Marrec, maréchal
ferrant à la rue Neuve de Quimper » ainsi
que l'ex-meunier du moulin de Bodinio et
« un homme de Locmaria près Quimper,
grand homme ayant un nez large et travaillant à la manufacture d'Eloury ». On
s'aperçoit alors que le noyau dur langolinois des Tommerien a été prudent et a
préféré rester au-dehors attendre le butin,
poussant des voyous à commettre les violences au risque d’être reconnus par
les,témoins.
Arrestations des premiers complices
Alors qu'il enquête au Moulin-duPont, on
vient prévenir le juge que deux individus
au comportement étrange ont été repérés
près de l'auberge des Signour. En fait ces
hommes sont ivres. Le juge Clorennec
remarque qu'ils sont en possession des
objets volés chez Le Dars et décide aussitôt
de les arrêter: il s'agit de Yves Moulin,
dont nous avons parlé précédemment, et de
Noël Thomas. Après le partage du produit
du vol, ils ont bu plus que de raison et,
abrutis par l’alcool, n’ont pas été à même
de quitter les lieux de leur forfait! Le juge
de paix n'a qu'à les cueillir, et toujours
ivres, les deux malfrats le suivent sans trop
de difficultés vers le bourg de Pleuven. Si
un moment Yves Moulin sort un couteau
pour en menacer Clorennec, ce dernier n'a
pas de mal à le désarmer. . . En cours de
route, le juge reçoit les premières
déclarations; il les jette en prison à Pleuven
et renvoie leur audition au jour suivant: «
Ils seront interrogés le lendemain
lorsqu'ils auront cuvé leurs boissons »
inscrit-il sans ambages sur son procèsverbal relatant les démarches...
Hélas, Noël Thomas ne lui en laissera pas
le temps car il s'échappe de sa geôle de
Pleuven au petit matin du 21 février. . . Le
gaillard est souple (il mesure Im65), « il
s'est évadé le matin de ce jour par une
fenêtre qui n'a que 5 pouces et demi de
large sur onze pouces de hauteur et en
bonne maçonne » (soit environ 15
centimètres sur 30), nous renseigne-t-on. Il
ne sera arrêté que le 30 mai suivant (11
prairial an V) au moulin de l'Abbé à
Guellevain (Edern) après qu'un mandat
d’arrêt aura été lancé à son encontre. Ce
Noël Thomas est un garçon-meunier originaire de Châteaulin, il a 30 ans et demeure rue Dorée à Quimper. Il a un oeil au
beurre noir depuis la bagarre de la veille. «
Vêtu en artisan, ayant un mauvais pantalon de toile, un gilet croisé court et bleu
et un chapeau à basse forme rabattu »,
voilà sa description.
Quant à Yves Moulin, il se contredit dans
ses dépositions, et dans une piètre défense,
indique avoir été trouvé près du Moulindu-Pont car il avait quitté son domicile de
Quimper le soir du crime uniquement dans
l'intention de chercher du cidre à
Fouesnant. Pourquoi aller chercher du cidre
la nuit ?
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7. Il ne s'en rappelle plus. La hache qu'il avait
sur lui ? Non, ce n'est pas celle de Le Dars,
c'est la sienne bien sûr... Et pourquoi
s'encombrer d'une hache pour aller
simplement acheter du cidre? Là, Moulin
ne sait plus quoi répondre aux questions
ironiques de son juge. . .
Poursuite de l'enquête
Le 22 février, l'enquête reprend de plus
belle par les autorités quimpéroises. Le
Commissaire du pouvoir exécutif de
Quimper, Baron de Boisjaffré, décide d'
effectuer la nuit du 22 au 23 février une
visite domiciliaire au moulin voisin de
Lanroze à Ergué-Annel, situé à une demilieue de celui du Pont. Il s'avère selon des
témoignages concordants que le lieu de
ralliement des Tommerien avant la commission du crime était bien ce moulin. . .
Noël Thomas indiquera plus tard, lors de
son arrestation, qu'il avait quitté le soir des
faits Quimper à dix heures du soir en
compagnie de Yves Moulin. « Ils rejoignent les meuniers à Lannroz où il avait
grande assemblée ... ». S'il minimise sa
participation (lui n’était là que pour réparer
sa meule), il reconnaît qu'il y avait du
monde ce soir-là, entre autres « deux
militaires, un hussard, Louis Prigent et son
fils, Yves Moulin et un faiseur de cribles ».
Ledit faiseur de cribles s'avère être Pierre
Donnard, « cribleur de profession et tenant
parfois les pieds des chevaux à Jean Le
Marc ou Goulhen, maréchal ferrant en la
dit te rue Neuve ». Il a 56 ans, « vêtu en
artisan, ayant un pantalon de toile bien
sale, taille 5 pieds, visage ovale un peu
décharné, cheveux gris, yeux noirs, nez
retroussé, bouche ordinaire et menton
rond ».
Le meunier de Lanroze, Louis Prigent, et
son fils aîné ont filé avant la perquisition
du Commissaire, mais les enquêteurs
trouvent derrière la maison « un coupon de
toile blanche d'une aulne et demi et un
chapeau rond d'enfant ». Le Dars reconnaît
sa toile, et Guillaume Le Gac, son aide,
reconnaît son chapeau. Les arrestations des
différents complices du crime vont s'opérer
rapidement les jours suivants. Yves Brunet,
un autre complice, ne sera interpellé que
peu avant le procès. Seul le noyau
langolinois des Tommerien échappera aux
poursuites et pourra poursuivre ses méfaits
en toute tranquillité. Quant au malheureux
Gennain Le Dars, il décède le 8 mars 1797
et sera enterré à Pleuven le 10 mars suivant
(20 ventôse an V).
Condamnation des malfrats
Le Tribunal criminel, présidé par
Penguilly- L 'Haridon, rendra son arrêt de
condamnation le 4 juin 1797 (16 prairial an
V). Yves Moulin, Pierre Donnard, Hervé
Bourgeon, Alain Horellou, Noël Thomas et
Yves Brunet sont déclarés coupables
d'avoir « commis cet homicide méchamment, à dessein et avec préméditation, ainsi que le vol qui s'en est suivi, de
nuit, dans une maison habitée, avec effraction extérieure, excès et violences, et
par des hommes armés » : ils sont condamnés à mort.
Le sort du voleur et violeur Thalamon sera
réglé plus tard dans une autre procédure, et
un arrêt du Tribunal criminel présidé par
Le Guillou-Kérincuff, en date du 5
septembre 1797 (19 fructidor an V),
condamnera l'intéressé à la peine capitale
malgré des dénégations de principe.
Le crime de Kereven à CloharsFouesnant
en avril 1797 : un crime odieux et une
victime négligée
« Les campagnes du Finistère échappées à
la raaz (sic) des chouans se sont vues tout
a coup exposées a une espèce d'hommes
plus féroces encore, à des bandes de
scélérats que sous tous les points de la
République l'on signale sous le nom de
chauffeurs », déclarent les Administrateurs
du Département au Ministre de la Police
générale le 18 juin 1797 (30 prairial an V)
dans une note figurant au dossier des
Tommerien. L'un des crimes commis par
les Tommerien à CloharsF ouesnant nous
paraît d' autant plus odieux que la pauvre
victime terrorisée, le paysan François
Nédélec, refusera de témoigner, et que l'
Administration ne s'inquiétera plus dès lors
de son sort :
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8. Il mourra peu après dans la plus grande indifférence. . . Même si les coupables seront
condamnés à mort pour d'autres faits sin1ilaires, il est bon de rendre justice à ce
pauvre homme.
Agression de François Nédélec
Dans la nuit du 18 au 19 avril 1797 (29 au
30 germinal an V), François Nédélec,
cultivateur de 52 ans, est sauvagen1ent
agressé par un groupe de Ton1nlerien, et
brûlé selon leurs n1éthodes habituelles.
L’on se souvient que la ferme de Kereven
à Clohars-Fouesnant avait été signalée aux
malfaiteurs par leur indicateur Horellou
con1nle étant une ferme riche n1ais il
sen1ble, alors même que l’Administration
connaissait cette information, qu'elle ait
on1is d'en prévoir les risques, et
notamment de prévenir en ten1ps voulu les
fermiers. . .
François Nédélec, veuf d'une pren1ière
union avec Jeanne Rannou (mariage
célébré à Clohars-Fouesnant le 3 juillet
1769), s'était ren1arié le 23 noven1bre
1790 avec une femme de Pleuven, Marie
Le Rhun.
François Nédélec refuse de déposer une
plainte après son agression, la crainte des
représailles pron1ises est trop forte. C'est
le « bruit public » qui remonte à l'
Administration; dans les mêmes temps, le
28 n1ai 1797 (9 prairial), le châtelain Alain
Kemafflen de Kergos écrit égalen1ent à
l'autorité pour signaler les faits dont a été
victin1e son fermier .
De plus, la sinistre troupe des Ton1n1erien
de Langolen vient d’être enfin arrêtée entre
le 20 et le 25 mai 1797, n1ais l'infortuné
François Nédélec, incapable de se déplacer
du fait de ses blessures, ne peut venir à
Quin1per tén1oigner et participer à la
confrontation prévue pour confondre ses
agresseurs.
Sinistre confrontation
Le Président du Jury d' Accusation,
Gaillard, ordonne alors le transport sur les
lieux du Tribunal crin1inel du Finistère le
31 n1ai 1797 (12 prairial) avec les chauffeurs langolinois en attente de jugement.
Un étrange et bruyant convoi se déplace ce
jour là sur la route de Quin1per à Bénodet.
Précédés de plusieurs notables en voiture à
cheval ou sur leurs n1ontures, des
gendarmes et des soldats escortent treize
prisonniers enchaînés qui, lentement,
marchent vers la ferme de Kereven. Ce
sont François Le Treut, le chef des
Tommeriens, les Thalatnon père et fils,
Joannès, Peuziat, Perchec, Le Gars, Le
Feunteun, Le Meur, Ollivier, Lucas, Chiquet et Crane.
Arrivés à destination, un homme se
détache du groupe, c’est le Président
Gaillard: il rentre dans la sombre demeure
où un triste spectacle l'attend. Sur la terre
battue, une couchette a été étendue, et un
homme gît sur ce lit de fortune : c'est
François Nédélec, le fermier; son corps
n'est que plaie et pus depuis qu'il a été
torturé il y a quarante jours par les redoutables Tommeriens. « Etendu dans une
couchette de lit sur terre, pieds et mains
enveloppés de toiles, parlant d'une voix
éteinte », il explique à son interlocuteur
qu'il ne peut plus marcher, ni même bouger
ses jambes, et à fortiori vaquer à ses
occupations agricoles.
Gaillard fait alors réunir dans la pièce
Marie Le Roux l'épouse, Philibert
Rousseau, le valet ainsi que la servante. La
confrontation commence, les treize
hommes à la mine patibulaire sont introduits ensemble dans la pièce: mais maîtres
et domestiques ne peuvent ou ne veulent en
reconnaître aucun.
Est-ce la crainte qui empêche les Nédélec
de s'exprimer ? Certainement. Les
méthodes utilisées par les Tommeriens
inspirent la terreur.
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9. La peur des représailles promises en cas de
délation (assassinat, incendie de la ferme)
fait taire les victimes. A Langolen, ceci
s'est confirmé à plusieurs reprises et jamais
les villageois n'ont osé dénoncer les
malfaiteurs dont les noms étaient connus
au premier crime !
Le Président Gaillard quitte les lieux, mais
avant de partir, confie François Nédélec
aux soins de l'officier de santé qui
l'examine d'abord: « L’homme de l'art
ayant ôté les bandes de linge qui
couvraient le malade, il m'a fait voir les
pieds et les mains brûlés, étant en suppuration totale, de grandes plaies sur les
épaules et sur d'autres parties du corps ».
L'officier va lui apporter quelque
soulagement; mais la médecine de l'époque
est incapable de guérir de telles brûlures, et
le pauvre homme décède le 29 juin suivant
(11 messidor) à sept heures du soir. Il sera
enterré à CloharsFouesnant le lendemain.
Ce décès se produira dans la plus grande
indifférence de l'Administration. Certes les
malfrats seront condamnés à mort pour de
multiples crimes - qu'ils nieront tous
d'ailleurs malgré les évidences! -, mais
celui-ci ne leur sera pas imputé du fait du
silence de la victime. . . L'acte de décès de
François Nédélec ne figure pas dans le
dossier; le procès-verbal de
Tribunal criminel n'est suivi
supplétif d'information. . .
recherches du modeste
rétablissent les faits.
transport du
d'aucun acte
Ce sont les
auteur qui
Les procès des Tommerien
Avant d'évoquer ces procès, il est bon de
s'interroger d'abord sur les lenteurs d'une
jeune Administration républicaine, sur les
dysfonctionnements de sa police ou de son
système judiciaire. Il aurait suffi d'un seul
acte de justice décerné plus tôt - comme le
mandat d'amener- pour éteindre la fougue
des Tommerien langolinois. Pourquoi les
autorités ne sont-elles pas intervenues plus
tôt ? On peut fustiger leur lenteur et leur
inefficacité.
Peur des témoins
Elles ont pourtant été alertées par la
rumeur publique; c'est seulement le 6 mai
que le juge de paix de Briec, bien informé
en l'absence de plaintes précises, s'est
déplacé dans toutes les fermes de Langolen
où ont eu lieu des vols. « Là, dit-il en son
rapport, la crainte paraissait les empêcher
de découvrir les coupables parce qu'ils ont
menacé de les incendier ».
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10. Ce rapport portant le nom des suspects est
transmis à l'accusateur public, qui, trois
jours après, soit le 9 mai, signale au Jury
d'accusation l'existence des scélérats et
demande une répression totale.
L'aspect politique même n'est pas négligé:
la République est consciente que
l'émergence de désordres, dont l'origine
importe peu, sert fatalement l'adversaire.
Aussi suspecte-t-on les Tommeriens
d'avoir des relations avec d'autres bandes
du Morbihan, voire d'être près de glisser
dans la chouannerie « s'il se présentait
quelque circonstance favorable à leurs
projets, on verrait en un moment se former
une troupe nombreuse armée, équipée , qui
renouvellerait toutes les horreurs de la
Chouannerie... Il est de la plus grande
importance d'arrêter cette organisation
dans son principe ». Mais c'est prêter là
beaucoup d'ambition à une troupe de
simples malfaiteurs !
Un dernier vol commis à PlonéourLanvern dans la nuit du 20 au 21 mai est le
détonateur de la répression. Les cultivateurs, durement malmenés par les bandits, révèlent immédiatement les faits aux
autorités, et ce jour-là, enfin, un mandat
d'amener est lancé contre Le Treut et
Peuziat. Ce seul acte de justice, le premier,
marquera l'arrêt des vols avec violences
dans notre pays.
Un coup de filet permet d'arrêter les
scélérats les jours suivants, entre le 20 et le
25 mai.
De nombreux Langolinois seront cités
comme témoins pour les sept procès
prévus sur quatre jours, du 2 au 5 sep-
tembre (16 au 19 fructidor). Mais les
pressions continuent dans le village. Le
jeune tisserand du bourg, Jean Le Gars,
déclarera au juge que trois jours avant
l'audience, « la femme de Françoise Le
Treut et Catherine sa servante le menacèrent et lui dirent que tous ceux qui déposaient contre les prévenus seraient battus
ou tués ». Mais les Langolinois ne se tairont plus, et leurs témoignages précis
permettront les condamnations des Tommeriens qui, eux, ont pris le parti de tout
nier.
Condamnation des Tommerien
Cinq des Tommeriens sont condamnés à
mort par le Tribunal criminel du Finistère,
sous la présidence de Le Guillou de
Kérincuff. Le premier jour du procès, le 2
septembre 1797, c’est le sort réservé à
François Le Treut et à Alain Peuziat ; le 4
à Yves Barré ; et le 5 à Hervé Thalamon
père, puis à Michel Joannès. Revêtus d’une
chemise rouge, ils seront exécutés
quelques jours après à Quimper. Quant aux
complices, Guillaume Le Gars, Jean Le
Meur et Thalamon fils, ils sont condamnés
à vingt-quatre ans de fer et conduits au
bagne de Brest après avoir été exposés six
heures sur l’échafaud dressé place SaintCorentin à Quimper.
Sources : Archives départementales, Centre
de généalogie de Quimper. L’histoire des
Tommerien est longuement évoquée
dans la partie révolutionnaire du livre «
Langolen, chronique d’un village de BasseBretagne » écrit par A. Le Douget.
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