1. Interview
Bernard Brébion (Unis pour Dieppe) répond à vos questions
« Le nom de la tête de liste sera
connu avant les fêtes de Noël »
Les membres de l’association Unis pour Dieppe travaillent sur l’élaboration d’un projet pour les prochaines municipales.
Bernard Brébion, un proche du Parti socialiste et président de cette association, a répondu à vos questions.
Il a indiqué que le nom de la tête de liste sera rendu public avant les fêtes de Noël.
Serez-vous tête de liste d’Unis pour Dieppe ? Si non, qui
sera cette tête de liste ?
Je suis le président de l’association Unis pour Dieppe et la question de la tête de liste ne se pose pas aujourd’hui. Cela ne sera pas
une autoproclamation, ce sera une décision collective prise par les
membres de l’association. Je peux vous annoncer que cette personne sera prochainement désignée. Le nom de la tête de liste sera
connu avant les fêtes de Noël. Quant à moi, j’ai déjà dit que je me
rendrai disponible.
Alain Le Vern (ancien président de Région et ancien sénateur PS) est-il à la manœuvre ?
Alain Le Vern a démissionné de tous ses mandats et il a repris
une activité professionnelle extrêmement prenante, avec des responsabilités nationales. Cette activité professionnelle lui interdit
d’une certaine manière de faire de la politique.
Mais Alain Le Vern est un Dieppois, il est inscrit sur les listes électorales de Dieppe et il est adhérent de l’association Unis pour
Dieppe. On compte sur lui pour apporter sa pierre à l’édifice,
apporter son expertise et son expérience si besoin.
Non, Alain Le Vern n’est pas à la manœuvre, il a d’autres chats
à fouetter, mais il se tient au courant du travail que nous réalisons.
Je tiens à rappeler qu’avant la création de l’association, il a été à
l’origine de la démarche de ce rassemblement.
« Nous pensons qu’il est temps de vivre
les choses différemment dans la ville
et dans l’Agglo. Il faut s’habituer à penser
qu’il faut dépasser les clivages »
Vous vous affichez avec une partie des leaders de la droite
locale comme Patrick Hoornaert. Regrettez-vous, comme
lui, la défaite de Nicolas Sarkozy ? Comme lui, êtes-vous
nostalgique des années d’Edouard Leveau (maire divers
droite 2001-2008) ?
Je ne suis nostalgique de rien du tout. Ce qui nous préoccupe,
c’est l’avenir même si je sais bien qu’il faut aussi tirer les leçons du
passé. Unis pour Dieppe rassemble des gens de gauche, de droite,
du centre. Notre démarche consiste à dépasser les clivages politiques. Notre démarche est avant tout territoriale : ce qui nous
préoccupe, c’est Dieppe.
A ma connaissance, il y a une liste de droite, une ou deux à
gauche. Nous, notre démarche est originale, et c’est une première dans l’histoire de Dieppe, nous proposons une liste dichotomique.
La situation en 2008 n’était pas la même qu’en 2014. Notre
démarche n’est pas simpliste ; c’est compliqué mais salutaire. Il
est temps de vivre les choses différemment dans la ville et dans l’Agglo. Il faut s’habituer à penser qu’il faut dépasser les clivages.
A Unis pour Dieppe, on se retrouve sur l’idée de l’union, le
besoin de réconcilier un bon nombre de personnes dans la ville et
sur les territoires. Nous aurons une charte de fonctionnement :
nous devrons être solidaires, dynamiques et avancer en mêlée
sans faille, comme dans le rugby.
Bernard Brébion est venu accompagné de Pascale Rondel et de
Eric Tavernier.
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Vos projets pour Dieppe seront-ils différents de ceux de
Sébastien Jumel et André Gautier ? Si oui, quelles sont ces
différences ? Et pensez-vous que les Dieppois sont prêts à
voter pour une liste qui rassemble des personnes venues
d’horizons différents ?
Notre projet n’est pas encore ficelé mais nous y travaillons. Le
moment venu, nous le rendrons public. Pour le reste, la démarche
est inédite. Nous espérons que les Dieppois nous feront confiance.
Nous voulons réconcilier et unir.
Pourquoi le groupe socialiste et vous-même n’avez pas
démissionné du conseil municipal au lendemain de l’éviction
de Thierry Levasseur ?
Nous avons collectivement décidé de prendre nos responsabilités en restant dans la majorité. Nous avons été élus pour un
mandat complet. Il nous a semblé important de respecter ce mandat. Nous n’avions pas envie non plus de faire la politique de la
chaise vide.
Comment arrivez-vous à concilier la présentation d’une
liste contre la politique municipale que vous avez soutenue
pendant l’ensemble de votre mandat en tant que maire de
Neuville ?
Que comptez-vous faire pour diminuer les taxes d’habitation et foncières exorbitantes sur Neuville-lès-Dieppe ?
Les familles modestes ou à revenus moyens sont obligées
de déménager essentiellement à cause de cela.
Je reste maire délégué de Neuville-lès-Dieppe jusqu’à la fin du
mandat. Le contexte en 2008 était différent avec la municipalité
d’Edouard Leveau qui avait beaucoup de défauts et ne fonctionnait pas.
Ce n’était pas simple de faire une liste d’union de gauche, mais
nous avons pris nos responsabilités. Dans le travail quotidien, nos
craintes du départ se sont révélées réelles. Le travail d’équipe
qu’on aurait dû mener n’a pas pu se faire car Sébastien Jumel, le
maire, n’a pas joué son rôle de capitaine d’équipe. Il a essentiellement été le chef d’un parti.
En 2008, j’ai été élu maire délégué de Neuville-lès-Dieppe à
l’unanimité. Certes, la tâche n’est pas simple mais je n’ai jamais
été sollicité par le maire de Dieppe pour le représenter aux manifestations neuvillaises ; à chaque fois, il a envoyé un élu de son
bord pour le représenter. J’estime que c’est un manque évident de
respect pour moi-même et pour la fonction. Ce n’est qu’un
exemple. Pourquoi a-t-il cette attitude? Il a vidé la fonction de maire
délégué de son essence.
Si notre groupe a fondu, ça vient aussi d’un certain nombre de
manœuvres qui n’a pas garanti l’équité et qui a épuisé les gens dans
des querelles.
Cela aurait pu marcher. A l’époque, en 2008, on s’est dit que
Sébastien Jumel était un gars jeune, qu’il ne réagirait peut être pas
comme les vieux classiques staliniens qu’on a connus précédemment. On s’est trompé, il a été à bonne école.
Je ne suis pas sûr que l’impôt soit la seule cause du mouvement
de population. La baisse de la population date des années 90
avec une accélération de la rurbanisation. C’est évident que la
taxe d’habitation et l’ensemble des taxes sont historiquement élevés et à Neuville en particulier. On m’a expliqué qu’au moment de
la fusion entre Dieppe et Neuville, les services fiscaux ont déterminé que les taxes seraient plus fortes à l’Est qu’à l’Ouest.
Pendant six ans, les taux d’imposition n’ont pas changé et on
a tenu à fonctionner comme ça. La Teom, la taxe d’enlèvement des
ordures ménagères, a augmenté pour des raisons techniques de
transfert de compétences vers l’Agglo.
La question fiscale sera au centre de nos préoccupations et sera
prise en compte dans notre programme. Il faut en discuter collectivement : si on baisse les taux, comment va-t-on trouver de nouvelles ressources, comment va-t-on continuer à investir ?
« Les agents sont employés pour des tâches
précises et ne sont pas là pour faire
de la politique. Il faut être clair là-dessus »
La Ville vit au-dessus de ses moyens, allez-vous réduire son
train de vie ?
Jamais vous ne vous êtes interposés lorsqu’il s’agissait
de prendre des décisions aussi importantes que l’implantation d’Uralchem et vous avez approuvé les budgets. Les
propos que vous tenez aujourd’hui sont-ils le reflet d’un
aveu que vous faites aux Dieppois pour leur dire que vous
avez, vous aussi, participé à la paupérisation de la ville que
vous dénoncez aujourd’hui ? Ou avez-vous pendant cinq
ans manqué à votre devoir d’élu qui est de défendre l’intérêt de ses concitoyens ?
On n’a pas manqué à nos devoirs d’élus, nous avons participé
à tous les conseils, les commissions et bureaux municipaux pour
apporter notre pierre à l’édifice. On a pris nos responsabilités en
2008 et au cours du mandat. Personnellement, je suis tous les jours
à la mairie de Neuville, soit tôt le matin ou tard le soir. Je ne
manque pas à mon devoir d’élu.
Aujourd’hui, on prend nos responsabilités en disant qu’on ne
peut plus continuer comme ça même si dans l’euphorie de la
réunion de présentation de l’association Unis pour Dieppe, nos propos ont pu dépasser nos pensées. On n’a jamais dit que ce qu’on
a fait pendant le mandat était à jeter aux orties. Je pense par
exemple à la collecte des ordures ménagères. On a voté des budgets sur une base qu’on s’était donnée : ne pas augmenter les taux
d’imposition. C’était une décision de principe du groupe Dieppe
A-Venir. Je ne suis pas sûre qu’il n’y ait pas eu la volonté d’alourdir les impôts dans l’autre groupe.
L’an passé, compte tenu des dossiers qui n’ont pas avancé, le
groupe Dieppe A-Venir s’est abstenu lors du vote du budget car
nous pensions qu’il y avait mieux à faire. Il y a eu des rendez-vous
manqués dus à des problèmes d’ego.
Quant à Uralchem, oui nous avons voté la vente du terrain à la
Sémad sur les informations qu’on nous avait fourni à l’époque. Lorsqu’on a eu l’information sur la nature du produit qui allait être
amené et travaillé sur place, sa dangerosité, etc. nous avons pris
une position différente.
LES INFORMATIONS DIEPPOISES - VENDREDI 22 NOVEMBRE 2013
La Ville vit au-dessus de ses moyens ? C’est la question des ressources qui se pose. Comment faire des économies? On a quelques
idées. Nous pensons que les transferts de compétences vers l’Agglo permettraient de faire des économies. Les ordures ménagères
ont été transférées, mais on aurait pu le faire aussi pour nos piscines, les stades, Dieppe Ville d’art et d’histoire… Cela aurait permis à l’Agglo d’avoir de nouvelles ressources et à la Ville de faire
des économies. La mutualisation des moyens, les économies
d’échelle, la bonne gestion du personnel permettraient aussi de
faire des économies. Ce n’est pas parce qu’on offre un verre et des
petits fours lors d’une cérémonie qu’on vit au-dessus de nos
moyens.
Que comptez-vous faire de la pléthore d’employés municipaux à la Ville de Dieppe ? Savez-vous d’ailleurs combien
il y a d’agents municipaux ?
Nous n’arrivons pas à avoir le nombre exact d’agents municipaux.
On les estime entre 1 000 et 1 300. Le transfert des activités de
l’école de musique et des ordures ménagères vers l’Agglo aurait
dû permettre à la Ville d’avoir une soixantaine d’agents en moins
et une masse salariale moindre. Or, elle est plus importante
qu’avant. On nous explique que c’est en raison des augmentations
de salaires dues aux glissements vieillesse technicité et aux progressions d’échelon des agents.
Y a-t-il pléthore d’agents municipaux ? Il faut vérifier que le
nombre d’agents correspond bien aux services à rendre à la population. Les agents ne doivent pas avoir de craintes, les licenciements
dans la fonction publique n’existent pas. Il s’agit de recruter de
manière professionnelle et non pas politique. Les agents sont
employés pour des tâches précises et ne sont pas là pour faire de
la politique. Il faut être clair là-dessus.