1. Interview
Vous êtes le suppléant de Sandrine Hurel (PS) au conseil
général, vous êtes donc coresponsable de l’augmentation
d’impôts qu’elle a voté et qui a fait grimper en flèche le
foncier des habitants de Seine-Maritime. Est-ce cela la justice fiscale pour vous ?
Quelle est votre position sur l’EPR de Penly, un projet
auquel le gouvernement semble avoir renoncé ?
C’est une question qui fait consensus dans la région. Si on faisait un référendum, nous aurions à Dieppe 90 % de oui à l’implantation de l’EPR à Penly. Aujourd’hui, le gouvernement a décidé de
ne pas poursuivre le projet et ce n’est pas nous qui avons les
moyens de le faire revenir sur la question.
Nous avons comme position de défendre le bouquet énergétique.
Le projet d’implantation d’éoliennes au large de Fécamp et du Tréport est très satisfaisant, c’est favorable à l’économie et à l’écologie.
Nous ne pouvons pas être favorables à une monoactivité énergétique. Le nucléaire a apporté beaucoup de travail dans la région.
L’EPR n’est plus à l’ordre du jour, d’autres chantiers doivent nous
préoccuper comme les éoliennes en mer ou encore la maintenance nucléaire.
Ce sont de bien grandes responsabilités qu’on m’accorde. Oui,
je suis le suppléant de Sandrine Hurel au Département mais ce rôle
se limite à la remplacer si elle venait à disparaître. Mais je ne botte
pas en touche. Le Département, comme beaucoup de collectivités territoriales, a des difficultés financières. La décision prise n’arrange personne car elle a des impacts sur les impôts de chacun.
Le conseil général a été obligé de prendre des mesures impopulaires pour se sortir de ses difficultés. Les transferts de charges de
l’Etat vers les Départements font aussi que les finances en ont
pris un coup.
Localement, on n’est pas là pour assurer la politique départementale même si nous devons la prendre en compte. C’est la
même chose pour les associations : quand la subvention est à
l’étale ou réduite, on se serre les coudes.
Quelle sera votre politique sportive ?
La ville a perdu 2 000 habitants en cinq ans. Que comptezvous faire pour enrayer cette tendance ?
C’est un enjeu important que de retrouver un nombre d’habitants plus élevé. Cela suppose que la Ville crée les conditions pour
que les gens reviennent s’installer à Dieppe. La Ville peut créer les
conditions pour que les entreprises viennent aussi s’installer. L’éolien et la sécurité des centrales doivent nous apporter du travail.
A nous aussi de faire de Dieppe une ville attractive, une ville où
la fiscalité ne soit pas dissuasive et de créer les conditions pour que
les gens aient envie de se loger à Dieppe.
Par exemple, 40 ingénieurs vont arriver chez Alpine. Il faut des
logements pour les accueillir, mais aussi une vie culturelle et des
écoles dignes de ce nom, c’est un critère important.
« La Ville aurait dû être le moteur de l’Agglo,
elle a été le frein »
La délégation de service public arrive à échéance pour la
ligne transmanche. Avez-vous l’intention de la défendre
et/ou d’augmenter la participation financière de la Ville ?
Personne ne peut imaginer que la ligne disparaisse. La question
qui se pose est financière pour le Département. La réponse doit
être collective. Pour conserver cette ligne, il faut qu’elle soit utilisée. Le fret a bien progressé. Il faudra tous se mettre autour d’une
table et voir quel cofinancement peut se mettre en place entre le
Département, la Région, l’Agglo, la Ville, en fonction des capacités de chacun.
Quelle est votre position sur la gouvernance de la Ville de
Dieppe et de l’Agglo ?
C’est une question essentielle. Il est évident que notre volonté
de travailler avec l’Agglo est au cœur de nos préoccupations. Il faut
dépasser les clivages politiques qui ne font que freiner le travail.
De trop nombreux dossiers inscrits au programme n’ont pas
démarré comme la réfection du front de mer de Dieppe, la place
Nationale, Dieppe Scène nationale. Cette mandature, ça a vraiment
été beaucoup de rendez-vous manqués. Tout cela parce la Ville de
Dieppe est toujours entrée en résistance par rapport à l’Agglo. Elle
aurait dû être le moteur de l’Agglo, elle a été le frein. On doit sortir de cette opposition stérile entre Dieppe et les communes rurales.
Personnellement, je ne pense pas que le maire de Dieppe doit
obligatoirement être le président de l’Agglo. La Ville peut avoir l’intelligence d’envoyer un signe fort, un signal donné à l’ensemble
du territoire. Il doit y avoir de la synergie et de la mutualisation sans
qu’il soit question de prendre le pouvoir avec domination.
Le maire sortant laisse le patrimoine communal et plus particulièrement les écoles dans un terrible état et les finances
de la ville ne sont pas plus réjouissantes. Comment allezvous réussir à allier projet et redressement financier de la
ville ?
Le patrimoine, c’est évident pour les écoles mais pas seulement. La voirie, les églises, les maisons de cœur de ville, beaucoup
de bâtiments publics n’ont pas reçu les investissements utiles. Le
pire, ce sont les écoles et le centre technique municipal. Il y a
beaucoup de retard et ça ne date pas de cette mandature. Des rues
n’ont pas été refaites depuis quarante ou cinquante ans.
Il faut retrouver une capacité d’investissement, agir fort et vite
pour les écoles en particulier. C’est la première chose que les gens
de l’extérieur regardent quand ils arrivent : le cadre de vie scolaire
et le cadre de travail dans les établissements. Des travaux ont été
faits dans des sanitaires mais on part de loin… L’état des salles de
classe, l’état des équipements, tout est à revoir. Ce n’est pas des
équipements comme des tablettes numériques qui vont remplacer les équipements plus performants nécessaires au fonctionnement des écoles.
Nous avons reçu Bernard Breton dans nos locaux mardi après-midi.
Que proposez-vous pour combattre la pauvreté et l’insécurité à Dieppe et en particulier au Val Druel ?
La pauvreté et l’insécurité, c’est peut-être lié. La pauvreté, il
faut la combattre et créer les conditions pour que Dieppe retrouve
des emplois et de la richesse. Il faut investir dans les quartiers
pour l’amélioration de l’habitat et à plus long terme, poser les
questions de la formation, l’insertion, et sortir de cette idée que
la pauvreté est une fatalité. Il faut donner espoir aux gens même
quand ils sont au fond du trou.
Il faut développer la solidarité en évitant de tomber dans l’assistanat. Il faut pousser les gens à sortir de leur situation compliquée.
Je voudrais saluer les centres sociaux qui font du bon travail et
permettent aux gens de regagner un peu d’espoir. Les épiceries
solidaires par exemple, elles facilitent l’achat pour les familles les
plus modestes et en même temps, elles travaillent sur un projet.
Les actions sociales doivent être soutenues et fortifiées.
Quant à l’insécurité, je pense qu’il s’agit plus d’un sentiment.
Je ne me suis jamais senti en insécurité à Neuville ou à Dieppe. Toutefois, je suis pour que soit utilisé tout l’arsenal possible pour lutter contre les dégradations, les agressions. Il faut tout utiliser, du
pédagogique au répressif. Je ne suis pas contre l’installation de
caméras de vidéo surveillance là où c’est nécessaire.
Enfin, le quartier du Val Druel, je le connais bien. Pendant quatorze ans, j’ai travaillé tout les mercredis au centre aéré. C’est un
quartier très hétérogène où les gens ont le sentiment d’être exclus.
Il faut les aider à sortir de cette impression qu’ils restent au fond
du trou.
Si vous êtes élu aux municipales, que comptez-vous faire
pour les jeunes diplômés ne rentrant pas dans les dispositifs des contrats aidés et qui sont au chômage ?
Ce n’est pas une compétence de la Ville. Il faut inciter les jeunes
à aller voir ailleurs. Selon les diplômes qu’ils ont, ce n’est pas à
Dieppe qu’ils vont trouver un emploi. Ils doivent être mobiles.
On évoque souvent l’implantation d’un IUT ou d’une école de
formation supérieure. Personnellement, je ne vois pas l’intérêt
d’enfermer des jeunes à Dieppe. Il existe des aides, des bourses pour
qu’ils puissent suivre leurs études et voir du pays.
Toutefois, si on peut avoir des BTS, licence pro, pourquoi pas des
antennes d’IUT dans les domaines de l’éolien, des énergies, la
maintenance nucléaire, on peut imaginer des formations de
niveau 2 ou 3 autour des entreprises. Ces formations pourraient
s’adresser aux jeunes Dieppois mais aussi à des jeunes qui viennent
de l’extérieur. Amener des jeunes de l’extérieur à Dieppe apporte
un dynamisme à la ville, on le voit bien avec l’Ifcass l’Institut de formation aux carrières administratives, sanitaires et sociales.
Les enseignants de Pablo-Neruda se sont sentis abandonnés par la Région lors de leur lutte pour sauver le BTS IMP.
Quelle est votre position concernant la formation des jeunes?
Etes-vous prêt à défendre des filières porteuses d’emploi ?
Etes-vous prêts à défendre l’Ifcass menacé de fermeture ?
Dans un contexte qui ne soit pas politique, si tout le monde travaille à la sauvegarde de l’Ifcass, il y aura des solutions. Ce sont
des problèmes de financements croisés entre les ministères et la
Région dans le cadre de sa compétence formation. Il faut mettre
tout le monde autour de la table, sans opposition politique.
En ce qui concerne les BTS au lycée Pablo-Neruda, ils sont à 50 %
vides. C’est en amont que se pose le problème : il y a 15 places,
ça devrait être plein. Sur Dieppe, on doit élever le niveau de formation. Malheureusement, beaucoup de jeunes n’envisagent pas
d’aller jusqu’au BTS. Il faut que les jeunes aient l’ambition d’obtenir des diplômes de niveau 3 ou 4.
Les équipements seront mieux entretenus et nous ferons des
investissements forts. Des équipements ne doivent plus être dans
un état de vétusté comme nous les connaissons aujourd’hui. C’est
l’image de la ville qui en prend un coup quand nous recevons des
équipes de l’extérieur.
Nous voulons transférer les stades et les piscines à l’Agglo et avoir
un équipement polyvalent pour accueillir des événements sportifs,
culturels ou festifs de grande envergure. Ce serait une erreur de
vouloir réduire cet équipement au territoire dieppois, il faut que
ce soit un bien communautaire. Il y a aussi le problème du soutien à toutes les activités sportives. Il y a souvent eu du tiraillement
sur les modalités d’attribution des subventions. Enfin, nous devons
accentuer la promotion des pratiques sportives.
Et votre politique culturelle ? Y aura-t-il une nouvelle salle
de spectacle ? Etes-vous favorable à un transfert de DSN à
l’Agglo ?
Il y a une échelle de temps à prendre en compte. La question
de la démolition et de la reconstruction de DSN se posera plus tard
mais le plus important, c’est le transfert. Il faut transférer immédiatement les activités elles-mêmes. Il s’agit d’une programmation
de grand territoire qui concerne plus de 50 % des spectateurs qui
ne sont pas de Dieppe.
Ma préoccupation, c’est la pratique des activités culturelles et
artistiques dans nos quartiers, surtout au Val Druel et en centreville. Aujourd’hui, il y a un traitement inégalitaire. On pourrait
missionner les centres sociaux pour plus de pratique culturelle.
Que ferez-vous pour aménager la circulation des voitures
et des vélos en ville ? Pour améliorer le stationnement.
Les questions de la circulation et des modes de stationnement,
ce sera un projet fort à développer. Nous sommes dans le problème
du tout voiture, notamment en hypercentre. Il faut désengorger
le centre-ville mais faciliter le résidentiel et l’utilisation des vélos qui
cohabitent bien avec les piétons. Il faut une approche globale. Si
on retire les modes de stationnement dans l’hypercentre, il faut proposer des solutions alternatives et ne pas pénaliser les activités commerciales. Je pense qu’il faut une aire de stationnement en périphérie de la ville et mettre en place des services de navettes, une
politique incitative.
Il faudra une réflexion globale sur la circulation, le stationnement
et les modes alternatifs du transport. Il n’y a plus qu’à Dieppe
qu’on voit des endroits comme la place Nationale, avec un stockage de voitures en plein centre-ville.
« Nous ne ferons pas d’alliance
au deuxième tour, quitte à tout perdre »
Au 2e tour, appellerez-vous à un rassemblement aveugle
de la gauche ou maintiendrez-vous votre liste dans l’opposition locale, en recherchant vraiment une majorité élargie
à toutes les bonnes volontés et détachée des appareils politiques parisiens ?
Les membres d’Unis pour Dieppe veulent que le groupe reste
apolitique sinon ça explosera en interne. Nous sommes totalement étrangers aux appareils politiques. Unis pour Dieppe compte
des gens qui sont étrangers à toute obédience politique. Nous ne
ferons pas d’alliance au 2e tour quitte à tout perdre. On veut travailler pour l’intérêt général de Dieppe.
Si au 2e tour des municipales il restait la liste du PCF et celle
du Front national, pour qui appelleriez-vous à voter ?
Notre attitude est claire : il n'y aura aucune alliance partisane,
ni au premier tour ni au second. Ce serait totalement contradictoire avec notre démarche. A l'hypothèse très improbable d'un
deuxième tour PCF / Front national, chacun d'entre nous prendrait
ses responsabilités selon ses convictions.
LES INFORMATIONS DIEPPOISES - VENDREDI 22 NOVEMBRE 2013
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