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Résumé
Le secteur de
l’audiovisuel français
n’a pas su s’adapter
au double défi de
l’internationalisa-
tion et des nouveaux
usages du public
Alors que le cinéma, le
luxe et la mode participent
au rayonnement de
l’excellence culturelle
française, notre audiovisuel peine à se faire connaître à
l’international et répond insuffisamment aux attentes du
public face aux évolutions rapides d’Internet et des usages.
L’âge d’or de la télévision française est désormais révolu,
bousculé par deux forces qui affaiblissent irrésistiblement
la diffusion de la culture française en France comme dans
le monde : la compétition mondiale entre les œuvres
audiovisuelles et la démultiplication des canaux de diffusion
du fait notamment du rôle croissant d’Internet.
Si les Français continuent à regarder en moyenne 3 h 40 par
jour la télévision, la dimension familiale de la consommation
télévisuelle tend à diminuer au profit d’usages plus
individualisés liée à la multitude des supports de diffusion
(tablettes, ordinateurs, téléphones portables), à la diversité
des œuvres et à une offre de plus en plus segmentée.
Longtemps captif, le public français est désormais en mesure
de choisir parmi une palette plus large d’œuvres, qu’elles
soient proposées par des diffuseurs classiques ou des
plateformes numériques.
Alors que le cinéma national est privilégié en France (en
2014, les trois plus gros succès au cinéma étaient français),
notre pays est le seul de l’Union européenne dans lequel la
fiction télévisuelle américaine bat la fiction nationale. Les
œuvres étrangères inondent aujourd’hui les écrans, imposant
au secteur des standards de production internationaux de
plus en plus exigeants qui transforment les goûts du public1
.
Le secteur audiovisuel français peine à s’exporter2
et doit
ainsi s’ouvrir au monde en adoptant les méthodes de travail
innovantes et les bonnes pratiques des pays qui exportent, et
qui ne sont pas seulement des pays anglo-saxons comme les
montrent les exemples israélien, danois ou allemand.
Le secteur audiovisuel souffre d’une
règlementation datée qui n’encourage ni
l’innovation, ni la consolidation du secteur
Les diffuseurs sont peu incités à innover et à prendre des
risques
Le secteur audiovisuel français s’est longtemps complu
dans un marché national très performant, protégé par une
réglementation issue des années 1980 qui a favorisé les
gains de court terme exclusivement fondés sur l’audience
pour les diffuseurs, les droits d’exploitation ayant été jusqu’à
aujourd’hui quasi exclusivement détenus par les producteurs.
Ces choix de court terme se sont fait aux dépens d’une vision
de l’œuvre tout au long de sa vie, d’une ouverture à des
partenariats ou à l’international. Les chaines historiques,
confrontées à une baisse de leurs parts d’audience, n’ont pas
su renouveler leur modèle économique. Ainsi, entre 1989 et
2012, les diffuseurs historiques (TF1, M6, France 2, France
3 et Canal+) ont perdu trente points de parts d’audience au
profit des chaînes de la TNT.
Les producteurs n’ont pas consolidé un secteur à la mesure
des défis
La réglementation de l’audiovisuel, construite pour garantir
la préservation de la production française à l’aune de
l’émergence de chaînes privées à la fin des années 1980, a
échoué à garantir la diversité culturelle et la consolidation du
secteur de la production en France.
Ainsi, les obligations d’indépendance de la production
imposées aux diffuseurs, qui les empêchent de détenir plus
de 15 % des entreprises de production, participent à la
fragmentation du secteur, à sa faible industrialisation et à une
défiance réciproque qui favorise le statu quo.
L’industrialisation du secteur comme le travail collaboratif
devraient permettre de favoriser la compétitivité internationale
du secteur.
Le morcellement des producteurs, alimenté par des
phénomènes de rente, les empêche d’atteindre la taille
critique qui leur permettrait de s’imposer sur le marché
européen et de prendre des risques. Ainsi, la première
entreprise de production française n’occupe que la treizième
place en Europe. Il y a environ dix fois moins d’entreprises de
production en Allemagne et 40 fois moins au Danemark où
80 % de la production est assumée par quatre entreprises.
1 
Ainsi, une heure de production d’une série américaine coûte en moyenne entre trois et cinq fois plus cher qu’une heure de production d’une série française.
2
Le montant des ventes à l’international de l’audiovisuel français en 2013 était ainsi dix fois inférieur à celui des exportations britanniques.
INSTITUT MONTAIGNE
Institut Montaigne : 59, rue La Boétie - 75008 Paris
Tél. +33 (0)1 53 89 05 60 - Fax +33 (0)1 53 89 05 61 - www.institutmontaigne.org - www.desideespourdemain.fr
AXE 1 : Favoriser la créativité du secteur par les
soutiens publics
Proposition n° 1 : Réallouer les aides du CNC pour créer trois
fonds stratégiques destinés à soutenir massivement les trois
leviers de croissance de demain : le numérique, l’international
et la promotion des nouveaux talents.
Avec les fonds des aides sélectives qui seront supprimées (23 Me)
et une réallocation d’une partie des aides automatiques (76 Me),
l’Institut Montaigne propose de créer trois fonds stratégiques pour
la croissance de l’audiovisuel pour un montant total de 100  Me :
• un fonds pour l’audiovisuel numérique (FAN) ;
• un fonds pour l’internationalisation de l’audiovisuel (FIA) ;
• un fonds pour les jeunes producteurs (FJP).
Proposition n° 2 : Rendre éligible aux aides du CNC tous les
genres audiovisuels y compris les programmes de flux et les
programmes courts (dont les sketchs).
Proposition n° 3 : Assouplir la définition de l’œuvre d’expression
originale française : une œuvre française doit être une œuvre
made in France, ce qui implique un auteur employé en France et
une production créant des emplois en France.
Proposition n° 4 : Améliorer l’obligation d’exploitation continue
d’une œuvre audiovisuelle sur des supports numériques.
AXE 2 : Mettre en place une réglementation qui
libère la prise de risque
Proposition n° 5 : Lisser sur une période de trois ans les
obligations de production afin d’alléger la contrainte qui pèse sur
les diffuseurs et de permettre des projets de long terme.
Proposition n° 6 : Élargir l’obligation des 120 heures
(actuellement 20 h-21 h) à 18 h-23 h 30, en passant à 240 heures
pour favoriser la prise de risque.
AXE 3 : Faire rayonner l’excellence culturelle
française
Proposition n° 7 : Renforcer l’attractivité de la France à
l’international, à l’export et sur son territoire en rapprochant TV
France International et Unifrance en une seule structure, qui se
verrait confier le rôle de promotion des œuvres françaises (cinéma
et audiovisuel).
Proposition n° 8 : Investir dans la formation des auteurs
français afin qu’ils exportent leurs talents en finançant grâce au
FIA une partie de leur formation pour leur permettre d’écrire en
anglais et de se former aux nouvelles méthodes d’écriture.
Proposition n° 9 : Définir l’indépendance des producteurs à
l’égard des diffuseurs par un critère de droit commun (moins
de 50 % détenu par le diffuseur) afin de réduire la fracture
entre diffuseurs et producteurs et de favoriser l’émergence de
champions nationaux sur la scène internationale.
Proposition n° 10 : Donner un objectif explicite à France
Télévisions de consolidation de l’industrie dans le futur contrat
d’objectifs et de moyens et renforcer l’objectif de diversité
des œuvres (genres) en supprimant l’objectif de diversité des
producteurs pour en faire un objectif de diversité des œuvres.
Les propositions de l’Institut Montaigne
Le groupe France Télévisions n’a pas joué de rôle de
locomotive de l’innovation
Alors qu’il représente la moitié des dépenses en faveur de
la production d’œuvres audiovisuelles (409 millions d’euros
en 2012), le groupe France Télévisions n’a pas joué un rôle
structurant en matière de création audiovisuelle et participe
au morcellement du secteur.
Ainsi, la moitié des producteurs qui ont travaillé pour France
Télévisions en 2013 – soit 160 sociétés – ont produit
exclusivement pour le groupe public. Le positionnement
singulier du groupe et l’absence d’une sanction économique
de son audience en prime time n’ont pas permis de faire
émerger sur les chaînes publiques des œuvres originales par
rapport à la programmation des chaînes privées.
Le secteur a été trop conservateur pour s’ouvrir à
l’international et aux enjeux du numérique
Le manque d’ouverture du secteur audiovisuel français n’est
pas uniquement lié aux freins réglementaires et financiers
qui n’ont pas incité producteurs et diffuseurs à s’ouvrir
pour demeurer compétitifs : il existe des freins culturels à
l’épanouissement du secteur.
Tout d’abord, la collaboration entre les producteurs et les
diffuseurs repose malheureusement souvent sur une absence
de coopération fondée sur une méconnaissance et une
méfiance réciproques.
Deuxièmement, les institutions et le service public de
l’audiovisuel participent à une hiérarchisation culturelle des
œuvres audiovisuelles qui nie les dynamiques de marché.
Les programmes de flux sont exclus des soutiens du CNC,
qui représentent chaque année 265 millions d’euros, tandis
que les documentaires bénéficient d’une surpondération de
soutiens publics.
Enfin, le secteur semble largement dépassé par les deux
mouvements fondamentaux qui brisent le statu quo : le
digital, qui permet la délinéarisation de la consommation
d’audiovisuel, et l’international, levier évident d’innovation
et de compétitivité, qui est aujourd’hui le seul moyen pour le
secteur d’amortir ses œuvres sur le long terme et d’identifier
de nouvelles sources de financement.

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Rallumer la télévision,10 propositions pour faire rayonner l’audiovisuel françaisRésumé

  • 1. Résumé Le secteur de l’audiovisuel français n’a pas su s’adapter au double défi de l’internationalisa- tion et des nouveaux usages du public Alors que le cinéma, le luxe et la mode participent au rayonnement de l’excellence culturelle française, notre audiovisuel peine à se faire connaître à l’international et répond insuffisamment aux attentes du public face aux évolutions rapides d’Internet et des usages. L’âge d’or de la télévision française est désormais révolu, bousculé par deux forces qui affaiblissent irrésistiblement la diffusion de la culture française en France comme dans le monde : la compétition mondiale entre les œuvres audiovisuelles et la démultiplication des canaux de diffusion du fait notamment du rôle croissant d’Internet. Si les Français continuent à regarder en moyenne 3 h 40 par jour la télévision, la dimension familiale de la consommation télévisuelle tend à diminuer au profit d’usages plus individualisés liée à la multitude des supports de diffusion (tablettes, ordinateurs, téléphones portables), à la diversité des œuvres et à une offre de plus en plus segmentée. Longtemps captif, le public français est désormais en mesure de choisir parmi une palette plus large d’œuvres, qu’elles soient proposées par des diffuseurs classiques ou des plateformes numériques. Alors que le cinéma national est privilégié en France (en 2014, les trois plus gros succès au cinéma étaient français), notre pays est le seul de l’Union européenne dans lequel la fiction télévisuelle américaine bat la fiction nationale. Les œuvres étrangères inondent aujourd’hui les écrans, imposant au secteur des standards de production internationaux de plus en plus exigeants qui transforment les goûts du public1 . Le secteur audiovisuel français peine à s’exporter2 et doit ainsi s’ouvrir au monde en adoptant les méthodes de travail innovantes et les bonnes pratiques des pays qui exportent, et qui ne sont pas seulement des pays anglo-saxons comme les montrent les exemples israélien, danois ou allemand. Le secteur audiovisuel souffre d’une règlementation datée qui n’encourage ni l’innovation, ni la consolidation du secteur Les diffuseurs sont peu incités à innover et à prendre des risques Le secteur audiovisuel français s’est longtemps complu dans un marché national très performant, protégé par une réglementation issue des années 1980 qui a favorisé les gains de court terme exclusivement fondés sur l’audience pour les diffuseurs, les droits d’exploitation ayant été jusqu’à aujourd’hui quasi exclusivement détenus par les producteurs. Ces choix de court terme se sont fait aux dépens d’une vision de l’œuvre tout au long de sa vie, d’une ouverture à des partenariats ou à l’international. Les chaines historiques, confrontées à une baisse de leurs parts d’audience, n’ont pas su renouveler leur modèle économique. Ainsi, entre 1989 et 2012, les diffuseurs historiques (TF1, M6, France 2, France 3 et Canal+) ont perdu trente points de parts d’audience au profit des chaînes de la TNT. Les producteurs n’ont pas consolidé un secteur à la mesure des défis La réglementation de l’audiovisuel, construite pour garantir la préservation de la production française à l’aune de l’émergence de chaînes privées à la fin des années 1980, a échoué à garantir la diversité culturelle et la consolidation du secteur de la production en France. Ainsi, les obligations d’indépendance de la production imposées aux diffuseurs, qui les empêchent de détenir plus de 15 % des entreprises de production, participent à la fragmentation du secteur, à sa faible industrialisation et à une défiance réciproque qui favorise le statu quo. L’industrialisation du secteur comme le travail collaboratif devraient permettre de favoriser la compétitivité internationale du secteur. Le morcellement des producteurs, alimenté par des phénomènes de rente, les empêche d’atteindre la taille critique qui leur permettrait de s’imposer sur le marché européen et de prendre des risques. Ainsi, la première entreprise de production française n’occupe que la treizième place en Europe. Il y a environ dix fois moins d’entreprises de production en Allemagne et 40 fois moins au Danemark où 80 % de la production est assumée par quatre entreprises. 1 Ainsi, une heure de production d’une série américaine coûte en moyenne entre trois et cinq fois plus cher qu’une heure de production d’une série française. 2 Le montant des ventes à l’international de l’audiovisuel français en 2013 était ainsi dix fois inférieur à celui des exportations britanniques.
  • 2. INSTITUT MONTAIGNE Institut Montaigne : 59, rue La Boétie - 75008 Paris Tél. +33 (0)1 53 89 05 60 - Fax +33 (0)1 53 89 05 61 - www.institutmontaigne.org - www.desideespourdemain.fr AXE 1 : Favoriser la créativité du secteur par les soutiens publics Proposition n° 1 : Réallouer les aides du CNC pour créer trois fonds stratégiques destinés à soutenir massivement les trois leviers de croissance de demain : le numérique, l’international et la promotion des nouveaux talents. Avec les fonds des aides sélectives qui seront supprimées (23 Me) et une réallocation d’une partie des aides automatiques (76 Me), l’Institut Montaigne propose de créer trois fonds stratégiques pour la croissance de l’audiovisuel pour un montant total de 100  Me : • un fonds pour l’audiovisuel numérique (FAN) ; • un fonds pour l’internationalisation de l’audiovisuel (FIA) ; • un fonds pour les jeunes producteurs (FJP). Proposition n° 2 : Rendre éligible aux aides du CNC tous les genres audiovisuels y compris les programmes de flux et les programmes courts (dont les sketchs). Proposition n° 3 : Assouplir la définition de l’œuvre d’expression originale française : une œuvre française doit être une œuvre made in France, ce qui implique un auteur employé en France et une production créant des emplois en France. Proposition n° 4 : Améliorer l’obligation d’exploitation continue d’une œuvre audiovisuelle sur des supports numériques. AXE 2 : Mettre en place une réglementation qui libère la prise de risque Proposition n° 5 : Lisser sur une période de trois ans les obligations de production afin d’alléger la contrainte qui pèse sur les diffuseurs et de permettre des projets de long terme. Proposition n° 6 : Élargir l’obligation des 120 heures (actuellement 20 h-21 h) à 18 h-23 h 30, en passant à 240 heures pour favoriser la prise de risque. AXE 3 : Faire rayonner l’excellence culturelle française Proposition n° 7 : Renforcer l’attractivité de la France à l’international, à l’export et sur son territoire en rapprochant TV France International et Unifrance en une seule structure, qui se verrait confier le rôle de promotion des œuvres françaises (cinéma et audiovisuel). Proposition n° 8 : Investir dans la formation des auteurs français afin qu’ils exportent leurs talents en finançant grâce au FIA une partie de leur formation pour leur permettre d’écrire en anglais et de se former aux nouvelles méthodes d’écriture. Proposition n° 9 : Définir l’indépendance des producteurs à l’égard des diffuseurs par un critère de droit commun (moins de 50 % détenu par le diffuseur) afin de réduire la fracture entre diffuseurs et producteurs et de favoriser l’émergence de champions nationaux sur la scène internationale. Proposition n° 10 : Donner un objectif explicite à France Télévisions de consolidation de l’industrie dans le futur contrat d’objectifs et de moyens et renforcer l’objectif de diversité des œuvres (genres) en supprimant l’objectif de diversité des producteurs pour en faire un objectif de diversité des œuvres. Les propositions de l’Institut Montaigne Le groupe France Télévisions n’a pas joué de rôle de locomotive de l’innovation Alors qu’il représente la moitié des dépenses en faveur de la production d’œuvres audiovisuelles (409 millions d’euros en 2012), le groupe France Télévisions n’a pas joué un rôle structurant en matière de création audiovisuelle et participe au morcellement du secteur. Ainsi, la moitié des producteurs qui ont travaillé pour France Télévisions en 2013 – soit 160 sociétés – ont produit exclusivement pour le groupe public. Le positionnement singulier du groupe et l’absence d’une sanction économique de son audience en prime time n’ont pas permis de faire émerger sur les chaînes publiques des œuvres originales par rapport à la programmation des chaînes privées. Le secteur a été trop conservateur pour s’ouvrir à l’international et aux enjeux du numérique Le manque d’ouverture du secteur audiovisuel français n’est pas uniquement lié aux freins réglementaires et financiers qui n’ont pas incité producteurs et diffuseurs à s’ouvrir pour demeurer compétitifs : il existe des freins culturels à l’épanouissement du secteur. Tout d’abord, la collaboration entre les producteurs et les diffuseurs repose malheureusement souvent sur une absence de coopération fondée sur une méconnaissance et une méfiance réciproques. Deuxièmement, les institutions et le service public de l’audiovisuel participent à une hiérarchisation culturelle des œuvres audiovisuelles qui nie les dynamiques de marché. Les programmes de flux sont exclus des soutiens du CNC, qui représentent chaque année 265 millions d’euros, tandis que les documentaires bénéficient d’une surpondération de soutiens publics. Enfin, le secteur semble largement dépassé par les deux mouvements fondamentaux qui brisent le statu quo : le digital, qui permet la délinéarisation de la consommation d’audiovisuel, et l’international, levier évident d’innovation et de compétitivité, qui est aujourd’hui le seul moyen pour le secteur d’amortir ses œuvres sur le long terme et d’identifier de nouvelles sources de financement.