1. Réussir l’avenir
La réforme des politiques publiques
Synthèse de la journée du 3 mai 2013
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2. #3 Le contexte et l’ambition du Forum
par François Pélissier
#6 Intervention de Philippe Maystadt
#22 Intervention de Gerhard Schröder
#25 LES VALEURS
#25 Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
#27 La vérité, la transparence, la gouvernance
Des valeurs fondamentales pour le changement
#30 Oser la liberté
De l’intérêt particulier à l’intérêt général
#32 LA MÉTHODE
#32 Public-Privé
Déplacer le curseur
#35 Success stories
Le Canada et la Lettonie
#37 Les challenges
Remettre en question nos modes de fonctionnement
#38 Biographie des intervenants
Sommaire
.2
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3. L
a première session des Economic Ideas s’est tenue Place Stanislas à
Nancy (France) le 3 mai 2013. Ce forum avait été conçu pour donner
de la visibilité aux dirigeants et les aider à construire leur stratégie.
En comprenant mieux les enjeux liés à la nécessaire réforme de l’État, ce
Forum devait leur permettre de mieux anticiper les difficultés à venir, de s’y
préparer et de s’adapter, grâce à une meilleure connaissance des problèmes
économiques actuels.
Nous nous étions également fixé pour ambition de donner de l’espérance
aux acteurs économiques, de réfléchir ensemble et d’imaginer des solutions
s’engageant résolument dans la réforme, de partager de l’information
entre chefs d’entreprise de terrain et experts internationaux, de contribuer
à redonner une certaine fierté aux acteurs du territoire en créant un
événement d’envergure internationale et de développer l’attractivité,
le rayonnement de Nancy et de la Grande Région.
De l’avis de tous, l’ensemble de ces objectifs ont été atteints et nous
imposent maintenant de pérenniser cet événement qui aura marqué
l’actualité économique de 2013.
Ce Forum, organisé autour de 2 séances plénières et de 2 séries de
3 ateliers thématiques simultanés, centrées pour la première sur les
valeurs et pour la seconde sur la méthode, aura réuni 23 intervenants de
renommée internationale. Plus de 500 participants dont 80 % de chefs
d’entreprise ont débattu, échangé et réfléchi ensemble sur la réforme des
politiques publiques, condition nécessaire d’un avenir réussi.
Philippe Maystadt a brillamment ouvert le Forum en posant la
problématique générale et en exposant son point de vue d’expert et
d’homme politique d’expérience. L’intervention de Gerhard Schröder,
point d’orgue de cette journée, nous a permis de connaître sa vision de la
réforme, son analyse des premières actions des pays occidentaux et ses
pistes de réflexion pour l’avenir.
Afin de permettre à chacun d’avoir une vision globale de cette réflexion,
nous avons établi une synthèse de cette journée. Ainsi, chaque acteur local,
dont vous êtes, pourra prendre en compte la nécessité absolue pour nos
pays de s’engager dans cette réforme que les entreprises appellent de leurs
vœux.
Réussir l’avenir
.3
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
François Pélissier, Président de la CCI
de Meurthe-et-Moselle
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Les ateliers
Les valeurs
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
Public-Privé
Déplacer le curseur
Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
Success stories
Le Canada et la Lettonie
Les challenges
Remettre en question
nos modes de fonctionnement
4. L’ensemble de ces partenaires ont contribué par leurs actions, par leur mobilisation et par leur soutien au succès
de la première session des Economic Ideas le 3 mai dernier.
Les partenaires
Partenaires publics
Partenaires consulaires
Partenaires privés
principaux
Partenaire privé
.4
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
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Les ateliers
Les valeurs
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
Public-Privé
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Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
Success stories
Le Canada et la Lettonie
Les challenges
Remettre en question
nos modes de fonctionnement
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
5. 502participants dont plus de 400 chefs d’entreprise
nationalités (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada,
États-Unis, Finlande, France, Hongrie, Kosovo, Lettonie,
Luxembourg, Royaume-Uni et Russie)
journalistes
(BFM, Les Échos, L’Est Républicain,
Europe 1, Le Point, RTL, Wall Street Journal...)
Les chiffres-clés
.5
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
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13
35
Les ateliers
Les valeurs
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la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
6. .6
Le temps de l’investissement
PLÉNIÈRE AVEC PHILIPPE MAYSTADT
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Philippe MAYSTADT
Président honoraire
de la Banque européenne
d’investissement,
Conseiller spécial auprès de
la Commission européenne,
Président de l’European
Policy Centre.
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
Le Point
BALISE
La situation économique en Europe est
une occasion de repenser nos modes de
fonctionnement. En effet, le secteur public
comme le secteur privé manquent aujourd’hui
de moyens parce que la croissance est en
berne de façon durable. Plus que jamais, il est
important de s’interroger sur les causes de la
richesse des nations et sur ce qui peut lui nuire
à terme. Le développement des entreprises
privées devrait ainsi redevenir une des priorités
des politiques publiques actuelles afin qu’elles
puissent réaliser ce qu’elles savent faire de
mieux : créer des emplois, de la richesse et de
la croissance. Pour conduire le changement,
il est nécessaire de s’appuyer sur les valeurs
fondamentales que sont le courage, la vérité,
la transparence et la liberté. Elles orienteront
les méthodes à utiliser pour repositionner
le rôle de chacun, comme ont su le faire des
pays comme l’Allemagne, le Canada, et bien
d’autres.
INTERVENTION
Comment concilier le besoin d’assainissement
des finances publiques de nombreux États
européensetlanécessitédestimulerlacroissance
et l’emploi ? C’est la question centrale qui se
pose aujourd’hui à nos gouvernements et qui
divise économistes, partis politiques et opinion
publique. La réponse à cette question ne peut
évidemment pas être “tout à l’assainissement” ou
“tout à la croissance”.
1) D’une part, le poids de la dette publique
doit être réduit si on veut éviter de
(re)tomber dans l’effet “boule de neige” qui
oblige à consacrer au service de la dette
une part croissante des moyens disponibles.
Ce serait catastrophique au moment où l’impact
budgétaire du vieillissement de la population se
fera de plus en plus sentir. La partie active de la
population devrait supporter à la fois la charge
croissante de la dette et celle des personnes
âgées. Impossible !
D’ailleurs, la crise a montré qu’une croissance
stimulée par l’endettement – public ou
privé – est une croissance artificielle qui n’est
pas durable. L’Espagne est sans doute le cas le
plus spectaculaire. En entendant aujourd’hui des
appels à relancer l’économie par un endettement
supplémentaire, je me dis que certains ont la
mémoire courte. Il suffit de rappeler que les pays Voir les biographies
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Les ateliers
Les valeurs
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la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
7. .7
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
qui ont perdu ou qui risquent de perdre l’accès
aux marchés, ou qui paient des coûts prohibitifs
pour le financement de leur dette souveraine,
n’ont simplement plus le choix. Leur seule option
est de rétablir la soutenabilité de leurs finances
publiques.S’ilsnelefontpas,ilsserontconfrontés
à des coûts de plus en plus insoutenables pour
refinancer leur dette avec des conséquences
encore plus négatives, principalement pour
les plus vulnérables dans la société car ce sont
généralement ceux qui sont déjà en difficulté
qui paient le prix le plus élevé quand l’État est en
cessation de paiement.
Bien entendu, le rythme de l’assainissement peut
être discuté. Dans le cas de l’Espagne, du Portugal
et ensuite de la Grèce, on a, à juste titre, revu le
calendrier initial et accordé une extension d’un
ou deux ans – jusqu’en 2015 – pour ramener le
déficit public sous la barre des 3 % du PIB. Il est
vraisemblable que des ajustements de trajectoire
budgétaire seront décidés pour d’autres pays,
dont la France qui recevra probablement un délai
supplémentaire de deux ans. En effet, comme l’a
écrit la Commission Européenne dès novembre
2012 dans son “Examen annuel de la croissance
2013” (doc. COM(2012) 750 du 28.11.2012), “si un
pays a déployé l’effort structurel convenu mais
n’atteint pas ses objectifs uniquement en raison
d’une croissance plus défavorable que prévue,
le délai fixé pour la correction du déficit excessif
peut être prolongé”. Ce qui est important, c’est
de raisonner en termes de déficit structurel
(c’est-à-dire nettoyé de l’impact des variations
conjoncturelles) plutôt que de déficit nominal ;
sinon, on se met dans une logique d’amplification
des cycles qui contraint à d’autant plus
d’efforts que l’évolution conjoncturelle est plus
défavorable.
Si le rythme de l’assainissement peut être discuté,
la direction n’est pas discutable. Car la simple
perspective d’une marche arrière peut annuler
l’effet positif de l’assainissement sur les primes de
risque.Labonnestratégieconsistedoncàconduire
la consolidation budgétaire graduellement mais
avecconstance,enveillantàlaqualitédesmesures
tout autant qu’à leur quantité et en crédibilisant
l’engagement pluriannuel de réduction du déficit.
Pour cela, il faut, me semble-t-il, respecter les
cinq principes rappelés par Jean Pisani-Ferry (“Le
Monde”, 23 avril 2013) :
fondersescalculssurdesprévisionsprudentes
(par exemple, pour la France, il serait plus crédible
de retenir une hypothèse de croissance du
PIB de 0,7 % en 2014, qui est la moyenne des
estimations des principaux experts, plutôt qu’un
taux de 1,2 % qui risque de laisser dubitatifs non
seulement le Haut Conseil des finances publiques
mais aussi les marchés) ;
décider dès aujourd’hui des réformes
structurelles qui s’appliqueront progressivement
dans les prochaines années (par exemple, la fin
programméedecertainsmonopoles,lerelèvement
progressif de l’âge effectif du départ à la retraite
ou la réduction progressive des inégalités entre
régimes de retraite) ;
identifier les gisements d’efficacité dans la
sphère publique (la Belgique est 2ème
et la France
5ème
sur 27 pour le nombre de fonctionnaires
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Philippe MAYSTADT
Président honoraire
de la Banque européenne
d’investissement,
Conseiller spécial auprès de
la Commission européenne,
Président de l’European
Policy Centre.
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
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pour le changement
8. .8
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
pour 100 habitants sans que la qualité du service
public soit pour autant supérieure) ;
programmer la fin des politiques dont le
rapport coût bénéfice est trop élevé (par
exemple, les allocations familiales pour les plus
aisés ou certaines mesures d’aide à l’emploi qui
ne provoquent que des effets d’aubaine et pas de
véritable création d’emplois additionnels) ;
mettre en œuvre des réformes fiscales qui
apporteront des recettes sans décourager
l’activité (par exemple, comme la Commission
Européenne le recommande fortement à la
Belgique devenue, selon la dernière publication
d’Eurostat, championne européenne de la charge
fiscale sur le travail, alléger la fiscalité sur les
revenus du travail et compenser par une hausse
de la fiscalité environnementale).
Au niveau européen, l’examen des programmes
de stabilité et des programmes nationaux de
réformes que les gouvernements viennent de
déposer à Bruxelles dans le cadre de la nouvelle
procédure dite du « semestre européen » devrait
servir de support à un dialogue sur les mesures
à venir, et à certifier – donc à crédibiliser - les
engagements nationaux.
2) D’autre part, on ne peut nier que les
mesures prises pour réduire le déficit et la
dette, même si on admet qu’elles peuvent
être plus progressives, viennent s’ajouter à
celles qui, dans de nombreux pays, doivent
être prises d’urgence pour tenter de rétablir
la compétitivité-coût des entreprises. Ceci
est vrai aussi pour la France et la Belgique. Les
deux pays connaissent depuis plusieurs années
une détérioration de leur balance courante et des
pertes de parts de marché à l’exportation. Dans
les deux pays, la hausse des salaires a été plus
rapide que celle de la productivité, conduisant à
une hausse significative du coût salarial unitaire.
En France, c’est dans le secteur des services
marchands que la hausse du coût salarial unitaire
a été la plus forte : 20 % sur la dernière décennie
alors qu’il demeurait pratiquement stable en
Allemagne. Résultat : le coût salarial horaire
apparaît aujourd’hui particulièrement élevé en
France par rapport à ses voisins (34 euros/h pour
28 euros/h en Allemagne, 26 euros/h en Italie et
18 euros/h en Espagne).
Or, en France, le prix des services marchands
représente 25 % des coûts de production de
l’industrie manufacturière. Certes, la compétitivité
ne dépend pas seulement des coûts, et plusieurs
étudesmontrentquelehandicap de compétitivité
de la France tient davantage à des éléments hors
coûts, des éléments plus qualitatifs. Mais il y a
un lien entre les deux. En raison de la hausse de
leurs coûts, pour garder des prix compétitifs à
l’exportation,denombreusesfirmesontréduitleur
marge opérationnelle (pour l’ensemble du secteur
manufacturier, celle-ci a diminué d’un tiers entre
2000 et 2011) et cette détérioration de la marge
a réduit leur capacité d’investir en recherche-
développement, en nouvelles technologies, en
marketing, en innovation sous toutes ses formes.
Juste pour donner une idée, on peut mentionner
que les dépenses de RD du secteur privé en 2011
se sont élevées à 1,4 % du PNB en France, pour
1,9 % en Allemagne, 2 % aux USA et davantage
encore au Japon et en Corée du Sud.
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Philippe MAYSTADT
Président honoraire
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Des valeurs fondamentales
pour le changement
9. .9
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Cette perte de compétitivité à la fois “coûts” et
“hors coûts” est une situation que l’on retrouve à
des degrés divers dans plusieurs pays de la zone
euro et qui a amené les gouvernements de ces
pays à prendre des mesures en vue de limiter
les coûts salariaux par diverses techniques :
dans certains pays du Sud, par une diminution
forcée des salaires ; en Belgique, par l’interdiction
d’augmenter les salaires au-delà de l’indexation
et des augmentations liées à l‘ancienneté ;
en France, par un crédit d’impôt qui devrait
diminuer les coûts salariaux de 6 % mais qui est
partiellement financé par une hausse de la TVA.
Ce cumul des mesures budgétaires et de
compétitivité aboutit inévitablement à
déprimer la consommation, ce qui a pour
conséquence de freiner la croissance et
de pousser le chômage vers des niveaux
insoutenables. Le chômage touche plus de 19
millions de personnes dans la zone euro, 12 %
de la population active ; il atteint plus de 25 %
en Espagne et en Grèce ; en Espagne, plus d’un
jeune sur deux est sans emploi. L’effet dépressif
est d’autant plus fort que ces mesures sont prises
simultanément dans plusieurs pays qui sont dans
des liens étroits d’interdépendance économique.
La récession en Espagne aggrave la situation au
Portugal ; les mesures prises en Grèce pèsent
sur l’économie chypriote ; la détérioration de la
situation française affecte celle de la Belgique.
On est donc face à une énorme crise sociale
qui débouche sur une crise politique avec son
florilège de proclamations anti-européennes
et protectionnistes, la montée des égoïsmes
nationaux et l’emballement des populismes
d’extrême droite ou d’extrême gauche.
Certes, tous les États membres de la zone euro ne
sont pas dans la même situation. Plusieurs pays,
en premier lieu l’Allemagne mais aussi l’Autriche,
la Finlande et l’Estonie, ont à la fois des finances
publiques saines et un surplus de leur balance
courante. D’où la suggestion souvent entendue
ces jours-ci : que les pays qui se portent bien
fassent l’inverse des autres et augmentent les
salaires et/ou les dépenses publiques. Grâce au
marché unique, ceci aurait sûrement un impact
positif pour d’autres pays de l’Union, mais sans
doute moins pour les pays du Sud qui sont dans
les difficultés les plus grandes. De toute façon,
même si les salaires croissent cette année plus
vite en Allemagne que chez ses voisins, il est
peu vraisemblable que l’Allemagne s’engage
délibérément dans une politique d’expansion
par la dépense publique ou tolère des hausses
salariales qui compromettraient la compétitivité
de ses entreprises.
3) Si la demande demeure déprimée, les
pays de la zone euro peuvent-ils espérer
sortir de leurs difficultés grâce aux
exportations ? Certes, le déficit de la balance
courante de plusieurs pays en crise s’est réduit
récemment. Mais c’est dû davantage à la forte
contraction de leurs importations, conséquence
de l’effondrement de la demande intérieure, qu’à
l’essor de leurs exportations, même si celles-
ci ont augmenté pour l’Irlande, le Portugal et
surtout pour l’Espagne (+ 20 % en deux ans).
Si la reprise se confirme dans d’autres parties
du monde, notamment aux États-Unis, la zone
euro devrait en bénéficier. Ce serait encore
davantage le cas si nous parvenions à négocier
de bons accords commerciaux qui assurent une
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Philippe MAYSTADT
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Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
véritable réciprocité et qui ouvrent effectivement
de nouvelles opportunités pour nos entreprises.
Cela semble être le cas pour le dernier accord
de ce type, celui avec la Corée du Sud. Depuis
l’entrée en vigueur de l’accord, les exportations
européennes vers ce pays ont augmenté
davantage que les exportations coréennes
vers l’Union européenne. Les négociations se
terminent avec le Canada ; elles commencent
avec le Japon et les USA. La Commission
européenne estime que la finalisation de ces
accords pourrait apporter une augmentation de
plus de 1 % du PIB de l’Union européenne. Encore
faut-il que les belles intentions se traduisent
dans la réalité, notamment en ce qui concerne
l’ouverture effective des marchés publics et
l’harmonisation ou du moins la reconnaissance
réciproque des normes techniques (principal
point d’accrochage avec les USA). Mais, même
dans un scénario optimiste, pour les pays du Sud
del’Europe,lapartien’estpasgagnée.Lesmesures
courageuses qu’ils prennent pour rétablir leur
compétitivité ne produisent leurs effets positifs
que progressivement ; en outre, la force de l’euro
ne favorise pas leurs exportations.
4)Dèslors,silademandedomestiquedemeure
déprimée et si les exportations n’offrent qu’un
soutien limité, que reste-t-il comme levier
de croissance ? L’investissement productif
qui peut créer des actifs aussi bien matériels
(infrastructures d’énergie ou de transport,
bâtiments ou équipements industriels,
logements,…) qu’immatériels (formation,
recherche). Ce faisant, l’investissement a un
impact positif sur le long terme carilaugmente
le potentiel de croissance de l’économie. C’est
l’objectif fondamental de la stratégie “Europe
2020” : accroître la productivité des économies
européennes, puisque de hauts taux de
productivité signifient que, même avec des coûts
salariaux et des coûts énergétiques relativement
élevés, les coûts unitaires peuvent être maintenus
à un niveau compétitif. Les énormes différences
de croissance de la productivité entre les États
membres dans la période de 2002 à 2007, donc
déjà avant la crise financière (en Grèce, durant
cette période, la productivité a diminué de 1,8 %
par an !) expliquent pour beaucoup les écarts de
compétitivité qui se sont creusés au sein de la
zone euro. La compétitivité n’est pas un but en
soi. Mais c’est le moyen d’assurer la croissance
des entreprises et donc de soutenir l’emploi et le
niveau de vie. À cet égard, il est intéressant de
noter que ce sont les pays européens qui sont
restés parmi les plus compétitifs dans l’économie
mondialisée qui ont aussi des systèmes de
protection sociale particulièrement développés.
Pour rappel, la stratégie “Europe 2020”, telle
qu’elle a été proposée par la Commission et
solennellement adoptée par le Conseil européen,
comporte trois piliers :
une croissance “intelligente” (“smart
growth”), c’est-à-dire “développer une économie
fondée sur la connaissance et l’innovation”, ce qui
impliqued’investirplusetmieuxenRD(objectif :
3 % du PIB) et en formation (objectif : au moins
40 % de diplômés de l’enseignement supérieur
dans la population âgée de 30 à 34 ans) ;
une croissance “durable” (“sustainable
growth”), c’est-à-dire “promouvoir une économie
plus verte, plus économe dans l’utilisation des
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11. .11
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
ressources naturelles”, ce qui implique d’investir
plus et mieux dans la recherche de nouvelles
technologies de production, dans des réseaux
plus performants de transports en commun,
dans de nouvelles sources d’énergie renouvelable
(objectif : 20 % de la consommation finale
d’énergie)etsurtoutdansleséconomiesd’énergie
fossile (notamment dans les transports et les
bâtiments) ;
une croissance inclusive (“inclusive growth”) ,
c’est-à-dire“encourageruneéconomieàforttaux
d’emploi favorisant la cohésion sociale”, ce qui
implique d’investir plus et mieux dans l’économie
sociale et dans des programmes destinés aux
catégories plus vulnérables, notamment en
proposant des solutions innovantes en matière
de formation par le travail, de lutte contre les
discriminations et d’intégration des immigrants.
Ajoutons que, si l’investissement dans ces
trois piliers est crucial pour maintenir notre
compétitivité et augmenter notre potentiel de
croissance, il peut aussi contribuer à créer de
l’emploi dans le court terme, par exemple dans
les secteurs de la construction et de l’équipement.
Mais l’investissement ne se décrète pas.
L’investissement suppose confiance dans
l’avenir et moyens de financement. Ce sont
les deux questions essentielles : comment
rendre confiance dans l’avenir ? Comment
acheminer les ressources disponibles vers
l’investissement ?
5) Le mal dont souffre l’Europe aujourd’hui,
c’est d’abord le manque de confiance.
Les indicateurs du moral des consommateurs
et des entreprises restent très bas et parfois
reculent encore. Nombre d’acteurs économiques
européens ne croient plus en l’avenir parce qu’ils
ne voient plus quelles sont les perspectives,
parce que les responsables communautaires
ou nationaux ne leur expliquent pas pourquoi,
comment et selon quel tempo les réformes seront
menées. Ainsi, on laisse se développer des débats
nationaux à coups de slogans pour ou contre
l’austérité, pour ou contre Bruxelles, pour ou
contre Berlin et sa “chancelière égoïste”. Cela n’a
aucun sens puisqu’en réalité il est déjà convenu
au niveau européen, avec l’accord de l’Allemagne,
de maintenir le cap de l’assainissement mais
de ralentir le rythme de la consolidation
budgétaire. L’autre jour, Olli Rehn, le Commissaire
européen aux affaires économiques, déclarait à
Washington : “Je vais vous dire un secret : cela
fait des mois que nous avons décidé de ralentir le
rythme de l’ajustement budgétaire”. C’est bien là
le problème : cela fait des mois que cela ne devrait
plus être un secret ! Tous les acteurs économiques
devraient savoir quelles sont les perspectives
pour les prochaines années, quels programmes
de réformes ont été “certifiés” par la Commission
et selon quel calendrier les gouvernements les
mettront en œuvre. Comme disait Émile Zola : “Il
faut savoir où on va et montrer qu’on y va”.
De même, pour rétablir la confiance, nous avons
besoin d’une vision plus claire sur l’avenir de
l’Europe et plus particulièrement de la zone euro.
Le débat lancé par le rapport Van Rompuy en vue
de compléter l’union monétaire par une union
bancaire, une union économique et, à terme, une
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la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
12. .12
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
union politique est, à cet égard, d’une importance
capitale. En particulier, la mise en œuvre selon
le calendrier prévu des différentes étapes vers
l’union bancaire devrait être un élément essentiel
de clarification et donc de rétablissement de la
confiance. Ce qui signifie que la supervision
bancaire unique confiée à la BCE devrait être
opérationnelle comme prévu en mars 2014, et
que la directive visant à harmoniser les régimes
nationauxderestructurationbancairedevraitêtre
rapidement adoptée par le Conseil et le Parlement
européens. La création d’une véritable union
bancaire est un des projets les plus importants
pour rétablir la confiance dans la zone euro,
notamment parce qu’elle contribuera à restaurer
le mécanisme de transmission de la politique
monétaire dans l’ensemble de la zone euro.
Dans le même ordre d’idée, de manière encore
plus urgente, il serait très utile, pour contribuer
au rétablissement de la confiance, d’achever la
remiseenordredusecteurbancaire,encorefragile
dans plusieurs pays. La Commission Européenne
pourrait encourager les gouvernements à
recapitaliser rapidement les banques, dans les
cas où cela s’avérerait encore indispensable, en
annonçant que l’augmentation du déficit due à
des mesures de recapitalisation avant la fin de
2013 serait traitée comme une “mesure unique et
exceptionnelle” au sens du Traité budgétaire et ne
serait donc pas prise en compte dans le calcul du
déficit structurel (un autre avantage de raisonner
en termes structurels !).
6) La seconde condition pour la relance par
les investissements, c’est évidemment la
capacité de les financer. Malheureusement,
l’investissement public diminue en raison des
contraintes budgétaires, d’autant plus qu’il est
électoralementmoinsdangereuxdesupprimerun
investissement en recherche ou en infrastructure
que de diminuer une allocation ou un subside
de fonctionnement. Quant à l’espoir de voir la
diminutiondesinvestissementspublicsnationaux
compensée par une hausse significative des
investissements financés par le budget européen,
comme le proposait la Commission européenne, il
aététuédansl’œufparlecompromismalheureux
du Conseil européen sur le cadre financier 2014-
2020. Les quelques mesures annoncées par le
Conseil européen – utilisation plus rapide des
fonds structurels, “Connecting Europe Facility”,
“YouthEmploymentInitiative”pourlesrégionsoù
le chômage des jeunes dépasse 25 % - n’auront
qu’un impact limité...
Reste donc l’investissement privé. Les fonds
pour le financer ne manquent pas. Que l’on songe
au montant colossal que les particuliers ont
déposé sur leurs livrets d’épargne ! Que l’on songe
à de nombreuses sociétés du Nord de l’Europe
qui ont un accès aisé au marché des capitaux
et qui, souvent, ont reconstitué une trésorerie
abondante ! Que l’on songe aux investisseurs
institutionnels – compagnies d’assurances,
fonds de pension, fonds mutuels, fondations -
qui disposent d’importantes réserves et sont à
la recherche de placements à long terme, sûrs
et diversifiés ! Ces investisseurs institutionnels
détiennent dans l‘Union européenne un total
d’actifs estimé en 2012 à près de 14 trillions
d’euros, 14 000 milliards, soit plus que le PIB
de l’Union. La question fondamentale est
donc de savoir comment une partie de ces
énormes ressources peut être acheminée vers
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Philippe MAYSTADT
Président honoraire
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d’investissement,
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pour le changement
13. .13
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
le financement d’investissements productifs.
Pour répondre à cette question, il faut considérer
un ensemble de facteurs interconnectés :
la capacité des institutions financières à
apporter du financement de long terme ;
l’efficience des marchés financiers pour offrir
des instruments de financement de long terme ;
l’encouragement du placement de l’épargne à
long terme ;
la possibilité pour les PME d’accéder au
financement bancaire et non bancaire ;
un système de garantie pour les
investissements dans les pays en crise.
Note pour le lecteur : la partie qui suit est plus technique ;
ses quatre premiers points sont pour l’essentiel un résumé
des propositions qui sont reprises dans le Livre vert sur
le financement de long terme que vient de déposer le
Commissaire Michel Barnier ; le cinquième point est la
présentationd’unepropositionquedéfendl’EuropeanPolicy
Centre.
1) La capacité des institutions financières à
apporter du financement de long terme
Traditionnellement, les banques commerciales
ont été les intermédiaires financiers les plus
importants en Europe. La part du secteur
bancaire dans l’Union européenne est grande en
comparaison avec d’autres régions, spécialement
les États-Unis, Les entreprises européennes
sont davantage dépendantes du financement
bancaire.
La crise financière a montré les conséquences
désastreuses que peuvent entraîner un excès de
crédit et une prise de risques trop importants
par les banques. Il est dès lors justifié que de
nouvelles règles prudentielles visent à éviter la
répétition des excès du passé ; il s’agit d’améliorer
la résilience des banques et de restaurer la
confiance dans ces institutions. Toutefois, il ne
faut pas pousser les choses trop loin – ou trop
rapidement – et imposer des exigences en termes
de ratio de solvabilité et de ratio de liquidité
qui aboutiraient à décourager le financement
de long terme. Or, on doit bien constater que le
volume de nouveaux prêts de plus de 5 ans a
sensiblement diminué en 2012, d’abord en raison
de la diminution de la demande de crédit mais
aussi parce que les banques ont tendance à
considérer que ce genre de prêts consomme trop
de capital. Lorsqu’ils sont interrogés à ce sujet,
des dirigeants de grandes banques expliquent
que les nouvelles exigences de “Bâle III”, qui
viennent d’être traduites dans la directive “Capital
Requirements IV”, rendent les prêts à long terme
trop coûteux en termes de fonds propres. Même
s’il est probable qu’ils exagèrent, il demeure que
le “trade-off” entre la nécessité de restreindre
la création de liquidité pour assurer la stabilité
et le besoin de fournir du financement pour les
investissements dans l’économie réelle requiert
une calibration adéquate et une mise en œuvre
progressive des nouvelles règles.
D’autre part, les banques publiques de
développement, nationales et multilatérales,
pourraient jouer un rôle accru dans le
financement des investissements et mener
une action contra-cyclique. Ainsi, la Banque
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14. Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Européenne d’Investissement, dont le capital
vient d’être augmenté de 10 milliards, devrait
pouvoir prêter 60 milliards de plus que prévu au
coursdesannées2013-2015,cequireprésenteun
volume d’investissements de plus de 120 milliards
(puisque la BEI ne finance normalement qu’au
maximum 50 % du coût total de l’investissement
et s’efforce toujours de servir de catalyseur
d’autres financements). Outre leur action contra-
cyclique,lesbanquespubliquesde développement
peuvent aussi réduire la volatilité des coûts de
financement pour certains investisseurs, par
exemple des emprunteurs dont la note de crédit
est dégradée non pour des raisons intrinsèques
mais comme une conséquence automatique de
la dégradation de la note-pays.
Enfin, les banques publiques de développement
peuvent contribuer à attirer des fonds privés
en offrant des instruments financiers fondés
sur le partage ou la garantie de certains
risques. C’est l’idée à la base des “obligations
de projet” (projectbonds, à ne pas confondre
avec les eurobonds). Une société en charge de
la réalisation d’un projet d’infrastructure émet
des obligations pour le financer. Pour que ces
obligations atteignent le niveau de “rating” qui
permet aux investisseurs institutionnels (fonds de
pension, compagnies d’assurances) d’y souscrire,
unetranchesubordonnéeestpriseconjointement
par la Commission Européenne (dont le risque
en first loss est plafonné au départ) et par la BEI
(qui assume le risque résiduaire). Cette formule,
que la Commission a soumise à consultation
publique, a reçu des signes de vif intérêt de la part
d’investisseurs institutionnels, pour autant, ont-
ils ajouté, que les nouvelles règles prudentielles
de Solvency II ne découragent pas ce type de
placements à long terme.
Des formules de ce genre, en partageant les
risques et en attirant des fonds privés, permettent
d’accroître l’efficience dans l’utilisation du budget
européen ; avec un même montant budgétaire,
la Commission peut soutenir un volume
beaucoup plus important d’investissements. De
même, puisqu’il y a partage de risques avec la
Commission, la BEI peut, avec le même montant
de capital, accorder un volume de prêts bien
plus important que si elle agissait seule. Outre la
proposition relative aux “obligations de projet”, la
CommissionetlaBEIavaientdéjàmisenplacedeux
“facilités” avec partage de risques : la Risk Sharing
Financing Facility (RSFF) pour le financement de
projets de RD et le Loan Guarantee Instrument
for TEN-Transport (LGTT) pour le financement
d’infrastructures de transport. Le cadre financier
pluriannuel 2014-2020, tel que proposé par la
Commission, prévoyait un recours accru à ces
instruments conjoints de financement. Il n’est
pas encore possible de savoir ce qui subsistera
de cette intention après la décision du Conseil
européen.
Les investisseurs institutionnels devraient
constituer des apporteurs naturels de
financement de long terme. La longue duration
de leurs engagements les autorise, du moins en
principe, à faire des investissements buy-and-
hold dans des actifs productifs de longue durée,
donnant sur la durée un rendement plus élevé
pour compenser les risques à long terme et la
moindre liquidité inhérente à la plupart de ces
actifs. Leur horizon à long terme permet aux
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15. .15
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
investisseurs institutionnels de se comporter de
manière “patiente”, tout le contraire du “short-
termisme” qui caractérise le comportement de
beaucoup d’acteurs sur les marchés financiers.
On voit clairement une tendance de nombreux
investisseurs institutionnels à rechercher des
placements de long terme, suffisamment
diversifiés et avec des risques limités, et à
y consacrer une part croissante de leurs
portefeuilles.
Toutefois, les investisseurs institutionnels, comme
les banques, sont obligés de respecter une
multitude de règles prudentielles et les normes
comptables internationales (IFRS). Les nouvelles
règles prudentielles pour les compagnies
d’assurances (la directive Solvency II) les obligent
à détenir des actifs pour couvrir la nature et la
duration de leurs engagements. La directive vise à
introduire un régime harmonisé d’évaluation des
actifsfondéesurlavaleuréconomiquedemarché.
L’impact de ces nouvelles règles prudentielles
dépendra du point de départ individuel de
chaque institution mais aussi du fine-tuning des
modalités de traitement des actifs de long terme.
Ladiscussionencoursportesurlameilleurefaçon
d’assurer que les règles d’allocation de capital ne
vont pas trop peser sur la détention d’actifs à
long terme. Certains assureurs prétendent que les
règles dans leur formulation actuelle les incitent à
réduire la détention d’actifs à plus de 5 ans, ce qui
serait paradoxal compte tenu de la nature “long
terme” de leurs engagements. Dans ce contexte,
les services de la Commission ont demandé à
l’EIOPA (“European Insurance and Occupational
Pensions Authority”) d’examiner si la calibration
détaillée des exigences en capital pour des
investissements dans certaines catégories d’actifs
(y compris les “obligations de projet”) ne devrait
pas être ajustée pour s’assurer qu’il n’y a pas
d’obstacle au financement de long terme sans
pour autant créer de risque additionnel. L’EIOPA
doit remettre son rapport en juin 2013 ; sur cette
base, la Commission appréciera s’il y a lieu de
revoir Solvency II ou les mesures dérivées.
Quant aux fonds de pension, ils ont besoin de
gérer leur portefeuille de manière à générer le
niveau requis de rendement annuel pour leurs
bénéficiaires.Lesrèglesdiffèrentencorefortement
d’un État à l’autre. La Commission a l’intention de
proposer une harmonisation et, dans l’ensemble,
un renforcement des règles applicables aux fonds
de pension. Ici encore, il faudra veiller à ce que les
nouvelles règles ne découragent pas indûment le
financement de long terme.
2) L’efficience des marchés financiers pour
offrir des instruments de financement de
long terme
Des marchés financiers performants sont
aussi nécessaires pour assurer le financement
des investissements dans l’économie réelle.
Les marchés européens d’obligations se sont
remarquablement développés au cours des
dernières années : c’est ainsi que le montant total
de l’encours d’obligations émises par des sociétés
non financières est passé de 652 milliards début
2008 à 940 milliards en juillet 2012. Néanmoins,
les obligations des sociétés non-financières en
Europe ne représentent encore que 15 % de leur
dette. En outre, seules les grandes sociétés ont
accès à ce type de financement.
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16. .16
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
La Commission a proposé diverses mesures pour
améliorer la structure du marché, la transparence
et la pertinence des informations, la protection
desinvestisseurs.Ilfaudravoirsicesmesuressont
suffisantespouraccélérerledéveloppementdece
type de financement. D’autre part, de nombreux
analystes estiment que les entreprises ont besoin
davantage de capital que de dette. Il est clair qu’il
y a un equity gap en Europe, surtout pour les
entreprises moyennes (mid-caps) en croissance.
Cette situation existait avant la crise mais,
depuis, l’incertitude macro-économique a encore
accentué le biais en défaveur de l’investissement
en capital. Les fenêtres pour des placements en
bourse sont plus réduites que jamais, limitant
encore davantage l’accès des sociétés au capital ;
les bourses européennes jouent aujourd’hui
davantage un rôle de fournisseur de liquidités
que d’apporteur de capital frais. De manière
générale, le coût du capital demeure élevé
tandis que le coût de la dette a diminué. Ce qui
renforce la justification de mesures qui visent à la
neutralité entre le financement par fonds propres
et par endettement. En Belgique, la justification
économique des intérêts notionnels garde tout
sonsens,mêmes’ilfautcorrigerlalégislationpour
éviter les abus et les effets d’aubaine auxquels elle
a donné lieu.
3) L’encouragement du placement de
l’épargne à long terme
Il y a divers facteurs qui doivent être pris en
compte étant donné l’impact qu’ils peuvent avoir
sur l’épargne à long terme. L’action des pouvoirs
publics, en particulier les régimes fiscaux, a
un rôle important pour favoriser l’épargne à
long terme et son utilisation pour financer des
investissements productifs. D’autres éléments,
comme les méthodes d’évaluation des actifs,
les normes comptables et les stratégies des
gestionnaires de fortune, sont aussi cités par les
analystes parmi les facteurs qui compliquent la
chaîne d’intermédiation, augmentent le coût de
l’intermédiation et accentuent le biais en faveur
du court terme.
Fiscalité
La structure et le niveau de taxation peuvent
évidemment avoir un impact sur les décisions
d’épargne et d’investissement et donc sur le
potentiel de croissance. De manière générale,
les systèmes fiscaux devraient être conçus
de manière telle qu’ils entraînent le moins
de distorsion possible dans les décisions
économiques des ménages et des entreprises,
sauf s’il s’agit d’encourager des changements de
comportement pour tenir compte d’externalités
qui sont ignorées par le marché (market failures).
Fiscalité et investissement
L’impôt des sociétés est un des facteurs qui
influencent les décisions sur le volume des
investissements et le mode de leur financement.
Comme je viens de l’indiquer, l’impôt des sociétés
dans la plupart des Etats membres tend à
favoriser le financement par endettement plutôt
que par fonds propres, puisque les intérêts sur les
emprunts sont déductibles. La formule belge des
intérêts notionnels est une tentative pour réduire
ce biais et donc pour rendre les entreprises non
financières moins vulnérables à des mesures de
restriction du crédit. Les discussions en cours
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17. .17
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
sur l’harmonisation de la base taxable à l’impôt
des sociétés devraient permettre d’approfondir
cette question, notamment de tirer les leçons –
positives et négatives – de l’expérience belge.
Fiscalité et épargne
La fiscalité de l’épargne a de nombreuses
implications, y compris sur le niveau d’épargne
dans une économie et sur son utilisation. Il est
évident que donner un avantage fiscal à des
dépôtsdecourtterme,commeleslivretsd’épargne
en Belgique, n’a guère de sens. Plusieurs États
membres ont déjà mis en place des incitants pour
accroître l’épargne à long terme, notamment en
relation avec la pension. Quelques États membres
ont aussi adopté des mesures pour favoriser le
placement de l’épargne des ménages dans des
investissements de long terme, notamment par
des comptes d’épargne spécifiques réservés au
financement d’investissements dans certains
secteurs (souvent le logement), moyennant un
rendement garanti et, dans certains cas, des
avantages fiscaux. Le gouvernement belge a
annoncé la mise à l’étude d’une formule similaire.
Normes comptables
La comptabilité n’est pas neutre ; elle influence les
décisions économiques. Les normes comptables
aident à fournir un langage commun entre les
entrepreneurs, les investisseurs et les autorités
publiques, offrant ainsi confiance et sécurité.
Ceci implique que les normes comptables doivent
tenter de réconcilier différents points de vue :
celui économique de l’entrepreneur et celui
financier de l’investisseur. Le principe du marked
to market peut améliorer la transparence et la
cohérence de l’information financière puisqu’il
montre la valeur de marché des actifs et passifs
et fournit des informations sur la condition
financière relative des divers acteurs. Mais il peut
aussi être préjudiciable à la stabilité et à la vision
de long terme. Il est donc nécessaire d’examiner
plus avant si les normes actuelles sont adéquates
lorsqu’elles s’appliquent à des institutions dont
le business model implique qu’elles conservent
actifs et passifs jusqu’à leur échéance (buy-
and-hold). Il serait utile d’identifier le moyen
de combiner la qualité de l’information donnée
aux investisseurs avec l’incitation à détenir et à
gérer des actifs de long terme. Car, selon moi, les
normalisateurs comptables ne peuvent pas être
indifférents aux conséquences économiques des
normes qu’ils promulguent.
4) La possibilité pour les PME d’accéder au
financement bancaire et non bancaire
Les petites et moyennes entreprises ont le
potentiel de soutenir la croissance et surtout la
création d’emplois. On les a souvent qualifiées
d’ “épine dorsale” de l’économie européenne. Elles
représentent 98 % de toutes les firmes de la zone
euro ; elles emploient environ ¾ des travailleurs
de la zone euro et elles génèrent 60 % de la valeur
ajoutée. Mais, tout aussi traditionnellement,
elles ont rencontré des difficultés pour financer
leur croissance. Cela s’explique par des raisons
structurelles, notamment le fait qu’elles sont plus
opaques et que leur capacité financière est plus
difficileàapprécier,parcequeleurdocumentation
financière est moins informative et leur histoire
de crédit généralement plus courte. Étant donné
leur dépendance à l’égard du financement
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18. .18
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
bancaire, ces difficultés sont accrues aujourd’hui
en raison de la plus grande prudence des
banques. La dernière enquête de la BCE auprès du
secteur bancaire confirme que les PME ont plus
difficilement accès au crédit aujourd’hui qu’avant
la crise. En outre, dans plusieurs pays, elles
subissent les conséquences de la fragmentation
des marchés financiers au sein de la zone euro, et
les conditions d’accès au crédit varient fortement
d’un pays à l’autre. C’est dans les pays fragiles,
où les banques elles-mêmes en sérieuse difficulté
ont réduit leur activité de prêt, que les difficultés
de financement des PME sont les plus grandes,
même si les perspectives de faible croissance et la
nécessitéderéduirel’endettementdesentreprises
et des ménages freinent aussi la demande de
crédit.
Du point de vue des banques commerciales, il est
compréhensible qu’elles adoptent une approche
plus sélective afin de préserver la qualité des
actifs dans leur bilan. Mais, en général, les
restrictions apparaissent très sévères à l’égard
des PME. Pour illustrer ceci, on peut mentionner
deux faits. Au second semestre 2012, les PME
payaient en moyenne 160 points de base de plus
que les grandes entreprises, mais cette moyenne
recouvre de grandes différences entre les pays.
Le supplément de prix payé par les PME s’élevait
à 50 points de base en Autriche et en Belgique,
mais à 174 points de base en Irlande et à 261
points de base en Espagne. Le second fait est le
plus grand taux de rejet des demandes de prêts
des PME, comme le montre la dernière enquête
de la BCE. Cette dernière estime qu’au plus fort de
la crise, plus précisément au premier semestre de
2009, les restrictions additionnelles dans l’octroi
de crédits ont entraîné près de 2 % de réduction
de croissance du PIB, soit environ un tiers de la
récession générale !
Pour tenter de contrer cette évolution, la BEI a
développé un nouveau type de prêts aux banques
commerciales, liant plus explicitement l’octroi
de ces prêts à une amélioration effective des
conditions de crédit pour les PME. En Grèce et
sans doute demain dans d’autres pays en crise,
la Commission a autorisé l’utilisation de fonds
structurels pour constituer un fonds garantissant
la BEI pour l’octroi de ces prêts.
Une approche similaire et fort utile consiste à
mettre en place un système public de garanties
pour les prêts des banques commerciales aux
PME. C’est ainsi que le gouvernement français a
prévu pour 2013 une enveloppe de 500 millions
d’euros pour des garanties de ce type accordées
via la nouvelle BPI.
La moindre disponibilité du crédit bancaire
amène à rechercher des alternatives, des
canaux non bancaires pour le financement des
PME : fonds de capital-risque, le cas échéant avec
le soutien du Fonds européen d’investissement
(FEI) ; bourses et plates-formes spécialisées pour
lesPME ;institutionsdemicro-crédit,notamment
dans le cadre du programme européen Progress
ou soutenues par l’initiative JEREMIE gérée par le
FEI (recyclage de fonds structurels). Une initiative
récente mérite d’être signalée : l’adoption par
le Parlement européen et le Conseil de l’Union
européenne de deux règlements qui seront
directement applicables à partir du 22 juillet
prochain : le règlement n° 345/2013 relatif aux
fonds de capital-risque européens et le règlement
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Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
n° 346/2013 relatif aux fonds d’entrepreneuriat
social européens. Dans les deux cas, il s’agit
d’établir un cadre commun pour éviter que les
activités de ces fonds soient soumises à des règles
différentes d’un État membre à un autre et que
des exigences qualitatives différentes ne créent
des inégalités dans la protection des investisseurs
etengendrentdesincertitudesquantàlaquestion
de savoir ce que recouvre un investissement dans
un de ces fonds. Ces deux règlements établissent
donc des règles uniformes, notamment en ce
qui concerne les investissements éligibles, les
investisseurs susceptibles d’être sollicités, la
relation des gestionnaires avec les investisseurs,
l’obligationdedisposerdefondspropressuffisants
et de ressources humaines adaptées, le règlement
des conflits d’intérêts, la méthode d’évaluation
des actifs, l’obligation de fournir régulièrement
des informations sur la politique et les cibles
d’investissement. L’autorité compétente de l’État
d’origine vérifie le respect, par les gestionnaires
du fonds, des exigences uniformes prévues par
le règlement et, si l’examen est positif, accorde
un “enregistrement” et en informe aussitôt les
autorités des autres États membres. À partir de
ce moment, disposant d’une sorte de passeport
européen, le fonds peut développer ses activités
dans d’autres pays de l’Union Européenne.
Une autre alternative, plus récemment
expérimentéemaissusceptiblededéveloppement,
consiste à créer des réseaux d’affaires permettant
le partage des risques, notamment entre
une grande entreprise et un groupe de PME
(expérience de Philips sous-traitant de la RD
à des PME et les finançant partiellement).
Selon la BCE, ces prêts de sociétés à sociétés se
développent actuellement en Allemagne.
Enfin, il y a la proposition d’innover en créant
un marché d’”asset-backed securities” où les
actifs sous-jacents seraient des prêts aux PME,
des crédits “prime” (et non “subprime”). Puisque
les PME sont caractérisées par leur petite taille
et parce qu’il est coûteux pour un investisseur
de rassembler des informations à leur sujet, les
PME ne peuvent qu’avoir un accès très limité aux
investisseurs institutionnels, même quand leur
qualité de crédit est bonne. Dans ce contexte,
la titrisation, si elle est bien organisée, pourrait
offrir aux gestionnaires de masses importantes
d’épargne une voie moins coûteuse pour les
acheminer vers les PME. Toutefois, pour soutenir
la relance de ce segment de marché auquel
les excès passés ont donné une réputation
d’opacité, il est indispensable d’augmenter la
transparence si on veut retrouver la confiance
des investisseurs. À cet égard, les efforts déployés,
sous l’impulsion de la BCE, par l’initiative baptisée
“Prime Collateralised Securities” (PCS) méritent
d’être encouragés. Ses promoteurs ont défini des
critères communs de standardisation, qualité,
simplicitéettransparencedemanièreàgarantirla
profondeur et la liquidité de ce nouveau marché
d’”asset-backed securities”. L’achat de ces ABS
permettrait de libérer du capital réglementaire
pour les banques émettrices et donc rendrait
possible l’octroi de nouveaux prêts aux PME.
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pour le changement
20. .20
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
5) Un système de garantie pour les
investissements de non-résidents dans les
pays en crise
Les flux de capitaux privés au sein de la zone euro
se sont brusquement déplacés, abandonnant les
pays les plus vulnérables. Il est à craindre que ces
fondsprivés, pourtantabondants, nefinanceront
pas l’investissement dans les pays qui en ont le
plus besoin aussi longtemps que l’incertitude et
les risques seront aussi élevés. Ces risques sont
de divers ordres : changements de politiques, par
exemple en matière fiscale ; instabilité sociale, se
traduisant par des grèves ou des occupations ;
incapacité des consommateurs de payer leurs
factures…
Or, la priorité absolue pour la zone euro est
de mettre fin à la fragmentation financière,
d’améliorer les conditions de financement dans
les pays les plus vulnérables et d’encourager
l’entrée et l’utilisation efficiente des capitaux
afin d’y soutenir l’ajustement. C’est pourquoi
l’EPC (“European Policy Centre”) propose que
l’Union Européenne crée un Fonds européen
de garantie des investissements (FEGI) pour
apporter une forme d’assurance contre les
risques excessifs que prendraient des non-
résidents qui investissent dans les pays en crise.
Pour être crédible, ce fonds devrait être alimenté
par une dotation de départ, mais il n’y aurait de
paiement effectif que dans la mesure où le risque
couvert se matérialiserait. En fait, cela reviendrait
à utiliser au profit de l’investissement dans le Sud
de l’Europe la méthode bien connue et efficace
de l’Allemagne qui assure par un fonds public les
investissements des sociétés allemandes dans des
pays en développement. C’est aussi la méthode
utilisée par l’Union Européenne lorsqu’elle
accorde sa garantie aux financements de la
Banque Européenne d’Investissement en-dehors
de l’Union Européenne (en l’espèce, la provision
dans le budget européen représente 9 % du total
des financements couverts et elle s’est avérée
plus que suffisante).
Les arguments ne manquent pas en faveur de
la création d’un tel Fonds : il serait une preuve
de confiance dans l’avenir à long terme des
pays en crise ; ce serait un instrument beaucoup
moins coûteux que des subsides ; il est très
probable qu’en cas de matérialisation des risques
couverts, les paiements iraient à des sociétés de
pays qui seraient les plus gros contributeurs au
Fonds, ce qui rend le schéma plus acceptable
politiquement ; il fournirait une route sûre pour
les investisseurs institutionnels, libérant ainsi des
capitaux importants. Surtout, il contribuerait à
réaliser ce qui était un objectif majeur lors du
lancement de l’euro : une meilleure allocation
des ressources permettant une plus grande
convergence des économies.
La question clé pour les gouvernements (et les
parlements) est de savoir s’ils sont disposés à
mettre leurs actes en conformité avec leurs
déclarations. Ils proclament tous leur confiance
dans l’avenir de la zone euro et ils disent
tous vouloir que les pays en crise retrouvent
la croissance. La création du FEGI serait un
moyen efficace et relativement peu coûteux d’y
contribuer. Certes, le Conseil européen ne peut
pas décider cette création du jour au lendemain.
Lesdétailsduprojetdevraientêtresoigneusement
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Philippe MAYSTADT
Président honoraire
de la Banque européenne
d’investissement,
Conseiller spécial auprès de
la Commission européenne,
Président de l’European
Policy Centre.
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
Le Point
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La méthode
Les ateliers
Les valeurs
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
Public-Privé
Déplacer le curseur
Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
Success stories
Le Canada et la Lettonie
Les challenges
Remettre en question
nos modes de fonctionnement
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
21. .21
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
analysés et développés, notamment quels risques
pourraientêtrecouvertsetdansquelleproportion
(pour éviter des comportements irresponsables, il
est clair que l’indemnisation ne peut jamais être
totale). Il serait utile de consulter des experts des
assurances et des investisseurs institutionnels
et d’examiner comment le Fonds pourrait être
soutenu par les actifs de la BEI. Mais le Conseil
européen pourrait demander que ces analyses
et consultations se déroulent rapidement de
manière à pouvoir décider début 2014. En soi, une
telle demande serait déjà un signe de confiance.
Les Européens restent maîtres de leur destin.
Contrairement à ceux qui considèrent que
l’Europe est définitivement un continent perdu,
“a lost continent”, pour reprendre un titre du
magazine américain Time, je suis convaincu
que le déclin n’est pas inéluctable. Mais la
décennie qui vient sera cruciale. Nous sommes
à une période charnière de notre histoire, une
période de basculement géo-économique et
de mutations technologiques dont la rapidité
et l’ampleur ne nous permettent plus de faire
“comme d’habitude”. Il ne sert à rien de cultiver
la nostalgie des “Trente Glorieuses”. Ces temps
ne reviendront pas. De même qu’on ne reviendra
pas sur la mondialisation de l‘économie. Face à
ces bouleversements, il n’y a qu’une voie, celle
des réformes, qui nous permettront de rester ou
de devenir les meilleurs dans un certain nombre
de domaines et d’assurer ainsi un potentiel de
croissance suffisant pour garder un régime
social conforme à nos valeurs. J’espère que
les Européens choisiront cette voie, celle des
réformes pour la croissance, une croissance
réelle, pas une croissance artificielle alimentée par
un endettement excessif, une croissance durable,
pas une croissance qui gaspille les ressources
naturelles, une croissance inclusive, pas une
croissance qui ne bénéficie qu’à une minorité de
privilégiés.
J’aiessayédemontrerquecetypedecroissance
passe nécessairement par l’investissement et
que celui-ci suppose une vision plus claire de
notre avenir collectif.
Merci de votre attention.
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Philippe MAYSTADT
Président honoraire
de la Banque européenne
d’investissement,
Conseiller spécial auprès de
la Commission européenne,
Président de l’European
Policy Centre.
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
Le Point
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Une nécessité gagnante
La vérité, la transparence,
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Des valeurs fondamentales
pour le changement
22. .22
La vision de la réforme
du Chancelier Schröder
PLÉNIÈRE DE GERHARD SCHRÖDER
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Gerhard SCHRÖDER
Ancien Chancelier Allemand
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
Le Point
BALISE
Cette intervention a été l’occasion pour le
Chancelier de donner sa vision concernant
les valeurs nécessaires pour réformer et la
méthode que l’on doit employer. Il s’est agi
aussi pour lui d’analyser les premières actions
de réforme des pays occidentaux et de donner
quelques pistes de réflexion et d’actions qui
seront utiles pour que l’Europe sorte de la crise
et retrouve le chemin d’une croissance durable.
INTERVENTION
La crise en Europe a démontré qu’une nouvelle
orientation est nécessaire pour relever les
défis actuels et futurs. Les changements doivent
être conduits au niveau national mais également
européen.
1) Dans le respect d’une même philosophie à
harmoniser sur le plan européen, chaque pays
doit déterminer sa propre voie et adapter son
propre plan de réforme.
De nombreux pays européens se situent dans
une situation similaire à celle de l’Allemagne
au début des années 2000, alors qualifiée par
de nombreux observateurs comme “le malade
de l’Europe”. Le programme “Agenda 2010”
avait été présenté devant le Parlement comme
une ambition moderniste et protectrice, visant
à préserver le modèle d’économie sociale
de marché. Aujourd’hui, l’Europe considère
l’Allemagnecommeunmodèleàsuivre.Certes,un
programme de réforme des économies nationales
doit être initié par les États membres, afin qu’ils
se donnent les moyens de choisir les contours de
leur réforme plutôt que de se la voir imposer. Mais
il serait illusoire de croire que le modèle allemand
puisse être dupliqué à l’identique dans d’autres
pays. Chacun possède en effet son histoire et des
spécificités culturelles avec lesquelles il convient
de composer. Dans le cas de l’Allemagne, les
réformes conduites à partir de 2003 n’expliquent
d’ailleurs qu’en partie sa réussite actuelle. Certes,
la flexibilisation du marché du travail, la baisse
des impôts de 53 % à 43 % et la hausse de
l’âge de départ à la retraite ont permis d’alléger
les dépenses publiques et de réinvestir dans
des secteurs jugés prioritaires. Cependant, les
principaux facteurs sont également structurels :
D’une part, l’Allemagne a su conserver une
structure économique unique qui se caractérise
par une base industrielle forte et des PME
très compétitives, le fameux “Mittelstand”, qui
représente 24 % du PIB. Ceci contraste nettement
avec la Grande-Bretagne, qui a misé sur les
services financiers et où l’industrie ne représente Voir les biographies
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Les ateliers
Les valeurs
Public-Privé
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Les challenges
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Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
23. .23
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
plus que 16 % du PIB. L’instauration d’une
politique de soutien aux PME combinée à une
culture de l’international forte et omniprésente
a permis un développement constant de la base
industrielle allemande.
D’autre part, le partenariat social qui régit les
relations entre employés et dirigeants a fait ses
preuves pendant la crise : les partenaires sociaux
ont démontré leur sens des responsabilités, par la
signatureaucoursdesdernièresannéesd’accords
salariaux flexibles et l’acceptation de hausses
modérées des rémunérations. À cet aspect,
vient s’ajouter la formation duale, encouragée
en Allemagne depuis longtemps, qui favorise
l’apprentissage et aide les jeunes à s’insérer très
tôt sur le marché du travail.
Ces éléments constituent des caractéristiques
propres à la mentalité et à la structure politico-
économique allemandes, caractéristiques qui ne
peuvent être transposées de manière simpliste
vers d’autres pays.
Selon Gerhard Schröder, la France devrait
s’attacher à développer sa compétitivité
industrielle en renforçant le développement
international de ses entreprises, faire évoluer
le système de retraite, flexibiliser le marché du
travail et enfin élaborer une politique fiscale
favorable aux PME.
2) Pour la mise en œuvre du processus de
réforme, trois paramètres devraient être
absolument pris en considération : le facteur
temps, la nécessaire pédagogie, l’équilibre
entre rigueur et croissance.
Tout d’abord, s’il peut y avoir une acceptation
socialedesréformesentempsdecrise,leprincipal
obstacle est lié au fait qu’il subsiste un décalage
temporel entre l’instant où les réformes, parfois
douloureuses, sont prises et celui où leurs effets
commencent à se faire sentir. Dans le cas de
l’Agenda 2010, il a fallu attendre plus de cinq ans
pour mesurer les premiers effets des réformes
engagées. Les élus doivent par conséquent
concevoir la probabilité d’un échec électoral dans
l’intérêt de leur pays.
Ensuite, le processus doit absolument être
accompagné d’une pédagogie adéquate,
afin d’éviter d’éventuels rejets de la part de
la population. En ce sens, il est indispensable
d’expliquer l’essence même de la réforme et son
intérêt. Dans le cas de l’Agenda 2010, qui fut très
controversé, l’objectif était de protéger les moins
de 25 ans : ces derniers ont ainsi été les grands
vainqueurs des réformes engagées avec 8 % de
chômage en Allemagne aujourd’hui seulement,
contre 25 % en France ou 60 % en Espagne. Par
ailleurs, le cœur des réformes de l’Agenda 2010
était articulé selon le principe “exiger et aider”
qui vise à maintenir l’équilibre entre solidarité et
responsabilité individuelle : l’État-Providence doit
garantir un droit à la protection et à la dignité ;
parallèlement, il doit pouvoir demander aux
individus des contreparties, et notamment de se
prendre en main dans le cadre d’une recherche
d’emploi. Il s’agissait donc d’une réforme à la fois
structurelle et culturelle.
Enfin, il convient de veiller à ne pas s’enfermer
dans une approche dogmatique. Il ne s’agit pas de
choisir entre austérité et croissance. L’approche
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Gerhard SCHRÖDER
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Journaliste
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Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
24. .24
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
doitbieninclurelesdeuxéléments, carlesréformes
structurelles ne peuvent être efficaces que si la
croissance est stimulée de manière parallèle à la
rigueur. Ainsi, les marges de manœuvre dégagées
doivent bénéficier en premier lieu à la formation,
aux entreprises, à la recherche-développement
et à l’éducation. Sans cela, il existe un risque
d’étranglement des économies nationales par
l’austérité. En outre, le calendrier doit être
soigneusement défini et revêtir une certaine
souplesse. Le retour à la rigueur de Chypre ou
de la Grèce ne peut être réalisé à court terme
et doit pouvoir être amorti via le principe de
solidarité européenne. Dans le cas de l’Allemagne,
le gouvernement avait d’ailleurs en son temps
mené des négociations permettant de ne pas
remplir les critères de Maastricht afin de ne pas
paralyser la réforme.
3) L’Europe et le couple franco-allemand
doivent être les éléments moteurs de cette
reconstruction.
Globalement, tous les pays de l’Union Européenne
ont compris l’intérêt de réformes qui partageraient
des objectifs communs : renforcer la compétitivité,
consolider les budgets publics et préserver les
systèmes sociaux afin d’en assurer la viabilité.
Cependant,ilexisteencoredegrandesdisparitésau
seindel’UnionEuropéenne,cequiestpréjudiciable.
L’erreur commise lors de l’union monétaire avait
d’ailleurs été de ne pas prévoir la coordination des
différentes politiques économiques et financières
au sein de la zone euro.
LaFranceetl’Allemagneontdonclaresponsabilité
desortirl’Europedelacrisepolitiquedanslaquelle
elle se trouve actuellement, et d’être moteur dans
l’instauration d’un programme de réformes et de
croissance au niveau européen, et donc corriger
les erreurs de conception initiales de l’union
monétaire. Le couple franco-allemand doit
endosser le leadership de l’Europe qui permettra
de faire progresser la communauté sans créer
de division et réinvestir pour mieux construire.
À terme, une mutualisation de la dette pourrait
même être envisageable.
En effet, l’Europe a besoin d’un Euro fort et d’une
politique économique et financière commune
qui préserve ses intérêts économiques mais
aussi sociaux. D’un point de vue géopolitique,
la concurrence des États-Unis, et désormais de
l’Asie avec la Chine (qui devrait atteindre le même
niveau que l’Europe d’ici à une dizaine d’années),
démontre que nous avons tout simplement
besoin de plus d’Europe. Il revient désormais
aux dirigeants des États membres de défendre
l’idée européenne de manière plus ouverte et
vigoureuse.
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Gerhard SCHRÖDER
Ancien Chancelier Allemand
Journaliste
Franz-Olivier GIESBERT (FRA)
Directeur
Le Point
Les ateliers
Les valeurs
Public-Privé
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Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
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Les challenges
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nos modes de fonctionnement
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La vérité, la transparence,
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Des valeurs fondamentales
pour le changement
25. .25
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
ATELIER LES VALEURS
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Intervenants
Antje GERSTEIN (ALL)
Directrice de la représenta-
tion permanente du BDA
auprès de l’Union
Européenne
Pierre GRAMEGNA (LUX)
Directeur général de la
Chambre de Commerce
du Grand-Duché
de Luxembourg
Christian NOYER (FRA)
Gouverneur de la Banque
de France
Modérateur
Jean-Rémi BAUDOT (FRA)
Journaliste économique
BFM TV
BALISE
Noustraversons,enEuropeparticulièrement,
une crise sévère et durable qui appelle des
réformes budgétaires et structurelles certes
indispensablesmaisquifontpeur.Certainspays
comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie se sont
engagés sur cette voie. La mise en œuvre de ces
réformes est cependant difficile et conflictuelle.
Elle nécessite toujours un courage de la part
de l’ensemble des citoyens, mais aussi des
responsables politiques. Pourquoi ce paradoxe ?
Comment sortir de cette impasse ? Quelle est la
méthode gagnante du courageux management
des réformes ? « Il faut de l’audace, encore de
l’audace, toujours de l’audace » : cette phrase de
Danton qui a marqué l’histoire de France est plus
que jamais d’actualité.
SYNTHÈSE
La crise actuelle – financière, économique et
politique – a des incidences profondes sur
l’interaction entre le politique et le citoyen.
La nécessaire mutation qui en découle se voit
accompagnée de la mise en œuvre – parfois
imposée par les institutions extérieures – de
réformes structurelles.
Ce changement macro-économique va de pair
avec la remise en cause de certains acquis ;
dans bien des cas, il est source de relations
conflictuelles entre les différents corps de notre
société. C’est d’ailleurs là son principal paradoxe :
bien que l’ensemble des acteurs économiques
et sociétaux reconnaissent volontiers, lors d’une
crise,queleursystèmeaatteintseslimitesetdonc
invoquent un besoin de changement, le passage
à l’acte demeure difficile voire parfois impossible.
Cela nécessite de la part des initiateurs une
maîtrise du management des réformes qui
s’inscrit en premier lieu dans le courage,
point d’entrée du mouvement de réforme.
La réforme est par définition un élément crispant
car elle implique pour l’opinion la notion de
perdants. Ainsi, en fonction des organisations des
différents pays, la mise en œuvre peut s’avérer
compliquée : en effet, en France par exemple, la
centralisation et la bureaucratie constituent des
freins significatifs que les corporatismes existants
ne facilitent pas. La crainte des élus d’être
écartés de l’échiquier politique en cas de défaite
électorale, s’ils venaient à conduire des mesures
impopulaires ou à bouleverser profondément le
cadrepolitique,représenteelleaussiunimportant
élément de blocage. Voir les biographies
1/2
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Les ateliers
Les valeurs
Public-Privé
Déplacer le curseur
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De l’intérêt particulier
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Success stories
Le Canada et la Lettonie
Les challenges
Remettre en question
nos modes de fonctionnement
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
26. .26
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
ATELIER LES VALEURS
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Aussi, des éléments communs, combinés, sont
nécessaires pour réussir ce processus :
la propension au courage est indispensable,
avec comme corollaire la capacité à envisager
l’échec électoral au profit d’une vision et d’une
ambition à plus long terme,
la vision à long terme est nécessaire, et
doit tenir compte des données d’évolution
structurelle, comme la dynamique de la dette ou
la dynamique démographique,
l’équité de la réforme doit être un fil directeur
et doit prendre en compte des notions comme
l’inter-générationnel (jeunes-seniors), l’inter-
sectoriel (public-privé), l’inter-géographique
(territoires différents),
lapédagogie,enfin,estunfacteurclépermettant
d’expliquer le bien-fondé de l’action, à initier dès
les phases de consultation ou de négociation.
Ce processus de réforme doit absolument
s’inscrire dans un espace-temps suffisant pour
permettre d’analyser collectivement la situation,
de soigner les transitions et, à terme, d’en faciliter
l’acceptation. La relance de l’économie allemande
par Gerhard Schröder au début des années 2000
n’a pas été un miracle mais l’aboutissement d’une
prise de conscience sur plusieurs années avec
un diagnostic connu et partagé par l’ensemble
des couleurs politiques ; en Allemagne, c’est le
SPD qui a conduit et crédibilisé ces réformes,
confirmant par là même qu’il n’existait pas
d’autre alternative. En effet, si le constat n’est pas
reconnu par l’ensemble des protagonistes, aucun
mouvement ou objectif de réforme ne peut être
mis en œuvre collectivement sur le long terme.
En ce sens, l’implication des partenaires sociaux au
niveau européen est cruciale.
Cette nécessité de réforme doit se traduire
également dans l’uniformisation indispensable
des politiques économiques au niveau européen.
Le courage se traduit alors dans la capacité, lors
des périodes de rebond économique, de continuer
d’assainir les finances publiques au détriment
d’une facilité qui serait d’ouvrir les vannes d’une
redistribution non maîtrisée. On peut dès lors se
poser la question s’il est plus courageux de réformer
dans le contexte d’une crise ou dans un cadre
économiquement plus favorable.
Réformer,c’estavoircetteincessantepropension
à l’audace en se posant la question du principe de
subsidiarité, et le courage de valider le bon niveau
d’exercice entre l’Europe et les États des différentes
compétences. Sur la base d’une vision partagée et
explicitée, c’est aussi avoir le courage d’anticiper les
réformes au plus tôt sans attendre “d’être au bord
du précipice”. Enfin, il s’agit d’inverser le prisme
et d’attendre de nos décideurs qu’ils changent la
donne ; comme disait W. Churchill : “la première des
qualités humaines est le courage car elle garantit
toutes les autres”.
2/2
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Les valeurs
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la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
27. .27
ATELIER LES VALEURS
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Intervenants
Yves ELSEN (LUX)
Président Directeur Général
de HITEC Luxembourg SA
Richard WEBER (ALL)
Président Directeur Général
du groupe Karlsberg GMBH
Modérateur
Pascale JOANNIN (FRA)
Directrice générale de la
Fondation Robert Schuman
BALISE
F ace aux nouveaux défis du monde, de plus
en plus aplati par les nouvelles technologies,
la vérité, la transparence, voire l’authenticité de
la gouvernance sont autant de paramètres qui
s’imposent désormais à tous, non plus comme
un souhait ou l’option d’un choix, mais comme
la nécessité de dépasser ses propres horizons et
de développer une démarche top-managériale
novatrice, adaptée au temps présent et, à terme,
gagnante. Exigées par les consommateurs,
ces valeurs ont déjà profondément modifié le
fonctionnement des entreprises. La question
est de savoir comment et s’il est possible de s’en
inspirer afin de mettre en œuvre des réformes
structurelles dans le secteur public.
SYNTHÈSE
Verbatim :
La gouvernance donne de l’indépendance.
On n’achète pas l’innovation, on ne décrète pas
l’innovation, on s’y entraîne tous les jours.
Winston Churchill : Never was so much owed
by so many to so few.
John Fitzgerald Kennedy : Ne demandez pas ce
que votre pays peut faire pour vous. Demandez
ce que vous pouvez faire pour votre pays.
Karl Marx : L’humanité ne se pose que des
problèmes qu’elle peut résoudre.
Le thème de la transparence est empreint
d’actualité : au-delà du concept, il est devenu une
véritable exigence dans le monde politique mais
égalementdanslemondeéconomiqueetfinancier.
La gouvernance est également une réalité dans
le monde des entreprises, au sein de l’État, et
doit permettre de fixer les règles permettant la
transparence. Le développement des usages
numériques et les tendances du “fast checking”
témoignentdubesoindetransparenceetdevérité
notamment dans la sphère politique et dans la
relation aux citoyens. Deux chefs d’entreprise, l’un
luxembourgeois et l’autre allemand, apportent un
éclairagesurleurcompréhensiondelavérité,dela
transparence et de la gouvernance dans le monde
économique et envisagent dans quelle mesure
ces valeurs peuvent permettre des changements.
Selon Yves ELSEN, la gouvernance dans
l’entreprise doit s’appuyer sur une répartition
très claire des rôles et responsabilités. À titre
d’illustration, HITEC a fait le choix de définir
six compétences fondamentales : chaque
collaborateurdelasociétédisposedel’uned’entre
elles au moins et doit savoir précisément ce qu’il
est censé apporter dans ce cadre à travers des
objectifs clairs et partagés. Ceci permet de laisser
une forme d’indépendance ou d’autonomie
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La vérité, la transparence,
la gouvernance : des valeurs
fondamentales pour le changement 1/3
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
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Les ateliers
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Une nécessité gagnante
28. .28
La vérité, la transparence,
la gouvernance : des valeurs
fondamentales pour le changement
ATELIER LES VALEURS
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
à chacun. Cette autonomie est renforcée par
la question des évaluations individuelles qui
permettent de responsabiliser les salariés sur
leurs objectifs et de les associer aux résultats de
l’entreprise par l’intermédiaire de primes.
Le second axe clé du développement de la
société réside dans l’innovation, qui ne peut
se décréter ou s’acheter mais qui doit faire l’objet
d’un “entraînement quotidien”. Tous les salariés
de l’entreprise sont encouragés à développer un
esprit novateur et créatif. L’autonomie de chacun
évoquée plus haut facilite ce développement
qui doit être préféré à des modèles prédéfinis à
l’anglo-saxonne (processus d’innovation figés).
La société Karlsberg GMBH, brasseur depuis 1878,
s’est développée autour de la vision suivante :
“Faire aujourd’hui ce à quoi les autres penseront
demain”. Ainsi, selon M. Weber, les niveaux des
salaires étant globalement comparables entre
la France et l’Allemagne, c’est l’innovation qui
permet à l’Allemagne de garder un leadership
économique en Europe.
L’innovation allemande est surtout portée
par les entreprises du “Mittelstand”,
entreprises de taille intermédiaire très peu
développées en France. À titre d’illustration, la
Lorraine compte seulement 200 entreprises de
plus de 200 salariés. Le modèle du Mittelstand
s’est tout d’abord développé en appui aux grandes
entreprises industrielles (services tels que l’IT
par exemple). Historiquement, les entreprises
de taille intermédiaire ont aidé les entreprises
industrielles à innover dans les domaines connexes
ou supports à leur métier. Dès la fin des années
1990, le Mittelstand a été considéré comme une
cible prioritaire pour l’État en matière d’innovation.
C’est également par le biais de l’innovation que la
qualité peut se développer. Au-delà des aspects
économiques, la compétitivité hors coûts est
un enjeu clé du développement des entreprises
européennes : ainsi, la loi de pureté de 1516 qui
encadre les ingrédients autorisés dans le brassage
de la bière continue d’être appliquée en Allemagne
et se développe même dans d’autres pays malgré
l’assouplissement de la législation européenne. Cet
exemple illustre comment la compétitivité peut
s’appuyer avant tout sur la qualité.
M. WEBER souligne enfin que les PME
allemandes sont fondées sur des valeurs de
responsabilité, fiabilité, assiduité, confiance
et loyauté. Ces valeurs constituent une forme de
contrat social entre les entrepreneurs et les salariés
dans les PME allemandes, notamment dans les
entreprises familiales. Aujourd’hui, on tente
“d’institutionnaliser” ces valeurs, notamment à
travers la responsabilité sociale des entreprises : en
décrétant qu’elles sont socialement responsables,
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2/3
La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
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à l’intérêt général
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Le Canada et la Lettonie
Les challenges
Remettre en question
nos modes de fonctionnement
Le courage de la réforme
Une nécessité gagnante
29. .29
La vérité, la transparence,
la gouvernance : des valeurs
fondamentales pour le changement
ATELIER LES VALEURS
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
les entreprises deviennent des employeurs
intéressants et des fournisseurs de qualité. Mais
ces dispositifs ne permettent pas de remplacer les
valeursfondamentalesetlaculturedel’entreprise.
Ces valeurs font également naître une différence
entre les entreprises allemandes et les entreprises
françaises : l’employé français veut un patron
fort auquel il veut donner toute responsabilité.
En Allemagne, c’est la notion d’équipe et de
collégialité de la décision au sein de l’entreprise
qui est plus importante.
Les fondements de l’Europe reposent sur la
différenciation : les entreprises européennes
doivent cultiver leurs différences tout en
développant les éléments qui les rapprochent.
L’innovation doit être un moteur commun à
l’ensemble des entreprises européennes.
L’innovation revêt, plus que jamais, un
caractère stratégique dans la mesure où elle
assure la pérennité de l’entreprise.
Mais l’innovation ne doit pas être envisagée
comme une solution à court terme car elle
produit une pérennité beaucoup plus courte qu’il
y a vingt ans compte tenu d’une compétition qui
a pris une dimension internationale.
En pratique, la mise en réseau (entre PME, avec des
fournisseurs, des universités...) est un facteur qui
permet d’aborder l’innovation de manière efficace.
Culturellement, les entreprises européennes
doivent également davantage considérer
l’innovation comme un vecteur de profit et
non comme un centre de coûts.
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La vérité, la transparence,
la gouvernance
Des valeurs fondamentales
pour le changement
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Les valeurs
Public-Privé
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Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
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Oser la liberté
De l’intérêt particulier à l’intérêt général
ATELIER LES VALEURS
Oser la liberté
De l’intérêt particulier
à l’intérêt général
La méthode
Intervention de Philippe Maystadt
Intervention de Gerhard Schröder
Intervenants
Alexandre MELNIK (FRA)
Professeur à l’ICN Business
School
Bernard RENTIER (BEL)
Recteur de l’Université
de Liège
Carlo THILL (LUX)
Président du Comité de
Direction de la BGL
BNP Paribas
Modérateur
Jean-Marc VITTORI (FRA)
Éditorialiste économique
Les Echos
BALISE
L a liberté individuelle puise ses racines dans
la civilisation de l’Europe. Oser la liberté,
c’est revenir aux sources et sortir de la peur de
l’avenir. Oser la liberté, c’est devenir acteur de
son changement. Oser la liberté, c’est ouvrir
un nouvel horizon aux générations futures.
Aujourd’hui et a fortiori demain, la liberté et
la responsabilité individuelles peuvent-elles
façonner les innovations d’une société ouverte,
moderne et démocratique ? Comment préserver
la confiance en la capacité de l’homme à trouver
des solutions aux problèmes qui se posent à lui
et s’assurer en même temps qu’il ne prenne pas
trop de risques ?
SYNTHÈSE
La liberté individuelle puise ses racines dans la
civilisation de l’Europe. Dans son discours du
3 mars 1794, Saint Just a dit : “Le bonheur est une
idée neuve en Europe”. En 2013, la liberté est-elle
une idée neuve ?
Les libertés actuelles sont souvent fragilisées
par les éléments suivants : réglementations,
interdictions, changements permanents… N’a-
t-on pas oublié que la liberté est fondamentale ?
Oser la liberté en 2013, c’est oser repenser
le monde du XXIe
siècle de manière globale.
L’aspiration à la liberté est irrépressible : il
est indispensable de décloisonner le monde,
de développer une vision globale, d’essayer
d’expliquer les choses de manière simple. Avec
l’émergence d’Internet et des nouvelles modalités
d’échange à travers les réseaux sociaux, la liberté
de parole est en train de prendre une toute
autre signification. De la même façon, les mots
“éducation” et “travail” sont à reconsidérer à
l’aune de ce nouveau monde. Ainsi, la liberté
de la finance est également à promouvoir : la
régulation trop contraignante en Europe (sur-
règlementation,absenced’harmonisationentreles
États européens, rémunérations trop encadrées)
a un effet négatif sur le fonctionnement de
l’économie.
Oser la liberté en 2013, c’est sortir de la peur
du changement, retrouver l’excitation du
challenge. Le principal frein à la liberté est la peur
de l’avenir : le respect des traditions, la sécurité de
l’emploi, le principe de précaution, sont autant de
sources de blocage. Il est nécessaire de changer
de mentalité, il faut réhabiliter le goût du risque.
Oser la liberté, c’est accepter et assumer l’échec.
Oser la liberté en 2013, c’est réinjecter le
politique dans l’économie. L’homme politique Voir les biographies
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