1. Beersel le 16 juin 2016.
A la bonne intention de
- Monsieur C. Rousseau , directeur de la ligue Royale belge pour la protection des oiseaux
- Monsieur J.Rodts , directeur de la ligue de protection des oiseaux Vlaanderen
Copie à
- Monsieur Carlo Di Antonio , ministre de l’environnement, de l'aménagement du territoire, de la mobilité
et des transports et du bien-être animal de la fédération Walonie-Bruxelles
- Monsieur Ben Weyts , Vlaams minister van Mobiliteit, Openbare Werken, Vlaamse Rand, Toerisme en
Dierenwelzijn.
- Monsieur Steefaan Van Bocstaele , président de la Royale Fédération Colombophile Belge.
- A la presse colombophile
Messieurs,
La Belgique est le berceau de la colombophilie, sa réputation s'étend bien au-delà de nos frontières et elle fait
partie de notre patrimoine.
Cette passion qui nous anime est bien souvent le fruit d'un savoir hérité des anciens. Les clefs du succès
recherché par les colombophiles sont empreintes, en grande partie, d'une attention quotidienne, d'un
renforcement de notre sens de l'observation, d'un développement de la psychologie et génèrent la mise en
place de tactiques et d'organisations sans faille. Des valeurs et des habitudes qui doivent être encouragées
dans notre monde actuel. Malheureusement, le sport colombophile est actuellement en danger !
Je suis président de la société colombophile de Beersel qui se situe au sud de Bruxelles et il est de mon devoir
de relayer le désespoir exprimé par nombre de mes membres qui se trouvent confrontés à la prédation
journalière de leurs pigeons voyageurs par des rapaces. Beaucoup sont prêts à jeter l'éponge. Comme vous
pouvez facilement le comprendre, cette problématique est loin d'être localisée, elle touche la totalité de notre
territoire et est encore beaucoup plus aiguë dans certaines régions. Je prends la liberté de m'exprimer au nom
des 22000 membres qui composent notre fédération.
Il y a quelques années, la prédation des pigeons voyageurs par des rapaces dans notre région était régulière,
certains colombiers étant plus sujets que d'autres aux agressions, mais cela restait souvent concentré aux
abords immédiats du colombier et durant des périodes de l'année bien déterminées.
Ce fléau touche, à présent, la totalité des colombiers qu'ils soient situés en ville, en périphérie ou à la
campagne. Les attaques sont quotidiennes, durant toute l'année et quelque soit l'heure du lâcher. Elles se
produisent non seulement aux abords immédiats du colombier mais aussi lors des vols autour des colombiers
ainsi qu’à proximité des lieux de lâcher ou dans les couloirs de passage.
Les rapaces étant des oiseaux protégés, les colombophiles restent légalement désarmés face à la situation et
ont élaboré plusieurs stratagèmes visant à limiter les dégâts. Malheureusement, les résultats s'avèrent que
peu où pas du tout efficaces. En voici une énumération non exhaustive :
- Changement des horaires des volées quotidiennes
- Diffusion du cri du hibou grand- duc par l’intermédiaire de cd
- Divers autres subterfuges visuels aux abords des colombiers (manches de brosses retournés,
épouvantails, boules à facettes, cd pendus aux arbres, statue de grand-duc ... )
- Une présence physique tout au long de la volée, taper dans les mains ou faire du bruit dans l'espoir
d'effrayer le prédateur.
Mais rien n'y fait!
Pire encore, outre les prédations directes, les attaques font aussi de nombreuses victimes collatérales.
Beaucoup de jeunes pigeons inexpérimentés sont attaqués lors de leurs premières sorties, s’effrayent,
s'égarent et ne rejoignent jamais plus leur colombier.
Les colombophiles ne ménagent pas leurs efforts tant dans l’aspect affectif que dans le domaine financier.
Certains n'hésitent pas à consacrer un budget important afin d'acquérir des sujets de qualité auprès de
colonies réputées en vue de se renforcer, d'autres possèdent des athlètes aux nombreuses performances avec
lesquels ils entretiennent un lien affectif. C'est inexplicable, mais les prédations touchent souvent ce type de
2. sujet, sous les yeux impuissants de leur propriétaire. Cette impuissance qui se transforme en frustration et en
mouvement de révolte puis de dégoût. Enfin, n'oublions pas que la colombophilie draine une activité
économique non négligeable et de nombreux sympathisants.
Ces faits sont un préjudice manifeste, le plaisir faisant place à l'angoisse et il n'y a aucun moyen légal de s'en
préserver. Cette situation n'est pas digne de l'état de droit qui est le nôtre.
Outre les pigeons, les rapaces font également des dégâts dans les basses-cours, attaquent le petit gibier et
écument les petits oiseaux de nos jardins,
Ces agressions très répétitives et menées parfois simultanément par plusieurs prédateurs m'amènent à vous
poser quelques questions :
- la reconquête des territoires par les éperviers et les autours de palombes n'est-elle pas arrivée à son
maximum dans la plupart des régions ?
- n’y a-t-il pas trop de rapaces ou disposent-ils d'assez de proies ?
Je crois savoir que l'autour des palombes se nourrit principalement de pigeons et à raison de 9 voyageurs
pour 1 ramier , que chaque nidification comporte 3 à 4 œufs , qu'il se sédentarise et que son espérance de vie
peut atteindre 19 ans , que la nichée d'un faucon pèlerin se compose de 3 à 4 œufs, que c'est l'oiseau le plus
rapide au monde et que son espérance de vie dans la nature atteint une moyenne de 13 ans et enfin l'épervier
d'Europe est un impitoyable chasseur, ces dernières années ,sa population a connu une forte augmentation ,
son nid comporte 4 à 6 œufs, la femelle se spécialiserait de plus en plus dans les attaques de pigeons. Tout
ceci ne contribue pas à rassurer la communauté colombophile.
L'observation des faucons pèlerins connaît un engouement grandissant au travers de webcam et site internet
dédiés. Les aménagements de nids sont favorisés au travers d'interventions humaines et ce dans bon nombre
de clochers. Rien que dans les communes de notre capitale, nous pouvons répertorier 12 couples de faucons
pèlerin. Ce phénomène est également en progression dans les communes de la périphérie, en région
Flamande, Wallonne et partout en Europe.
Il est évident que la population des rapaces est en progression constante et partout depuis les années 90.
Nous sommes très loin de la situation catastrophique des années 70. Actuellement nous pouvons considérer
qu'il n'y a plus aucun risque de disparition pour les espèces présentes en Belgique.
A travers de ce courrier, je voudrais vous faire part de mon souhait d'ouvrir un dialogue entre une délégation
interprovinciale de colombophiles, de représentants de la ligue royale Belge pour la protection des oiseaux et
d'experts en rapaces qui aura entre autre pour but :
- d’éclairer les colombophiles sur le comportement et les habitudes des faucons pèlerins, des éperviers,
des autours des palombes, busard des roseaux
- d’envisager les possibilités d'un programme de réintroduction du Grand- Duc
- d’aborder le souhait des arrêts des interventions humaines qui favorisent le développement des
nidifications
- d’analyser le statut des rapaces en Belgique et en Europe.
- La diffusion des comptes rendus des réunions dans les médias spécialisées ainsi qu’envers les
ministères compétents.
Beaucoup considèrent que mon intervention est une cause perdue d’avance, mais je suis idéaliste et je crois à
la bonne volonté, au dialogue et au consensus. Il faut reconnaître que c'est bien plus enrichissant que la
résignation et j'espère rencontrer une dynamique identique de votre part.
Je terminerai ce courrier en précisant qu'il s'agit d’une initiative personnelle. Si vous le souhaitez, je n'aurai
aucun problème à réunir une délégation interprovinciale puisqu'il s'agit d'un sujet de la plus grande importance
pour la famille colombophile. Si elle le souhaite, des représentants de notre fédération qui ne se sont pas
encore montrés réactifs face à cet enjeu important peuvent se joindre à nos travaux.
Vous trouverez ci-dessous mes coordonnées :
Michel Van Muijlder
Stoofstraatt 52- 1650 Beersel
1650 Beersel
vanmuijlder@gmail.com
Portable : 0477 20 46 81