Dans une société qui virtualise de plus en plus
ses échanges et ses services, nous serons tous
un jour, dans une situation d'incompétence
numérique. De fait, l'inclusion numérique est
plus que jamais un enjeu d'intérêt général et la
maîtrise tout au long de la vie des compétences
numériques par le plus grand nombre est posée.
Comment les acteurs (Etat, collectivités,
associations) peuvent-ils agir au niveau local ?
Jean Pouly - Econum - Tous incompétents numériques ?
1. Ateliers Interconnectés
Tous incompétents numériques ?
Après une décennie de développement important du secteur de la médiation
numérique, le contexte de la société de l’information a fortement évolué. La fracture
numérique qui avait prévalu à l’émergence de la médiation numérique au moment du PAGSI
dans une situation où les internautes étaient encore une petite minorité a laissé place à la
notion d’exclusion numérique. D’une nécessaire solidarité numérique, réponse à cette
fracture essentiellement dans l’accès physique au réseau et à ses équipements, nous
sommes passés à une nécessaire logique d’inclusion numérique et au défi d’une littératie
numérique pour tous, c’est à dire une culture générale numérique qui va bien au-delà d’une
maitrise instrumentale ou technique du numérique.
La bonne nouvelle, c’est que la médiation numérique n’est plus ou ne sera plus une
fonction transitoire et marginale dans la société de l’information. Avoir une société de
l’information inclusive est devenue une priorité pour tous. Les services publics et privés sont
en train d’en prendre conscience. Comment en effet imaginer passer dans une économie
totalement virtualisée sans prendre en compte l’accessibilité des services dans son sens le
plus large ? Les services publics en ligne se multiplient et leur version physique commence
à disparaître au détriment de certains citoyens. Certains services privés comme les services
bancaires sont aussi par cette mutation et la Société générale vient de lancer une initiative
pour former ses clients au numérique. Preuve que l’enjeu dépasse la sphère publique. On
risque en effet une rupture de l’égalité entre citoyens si on ne donne pas les moyens d’accès
aux services
Du coup, le secteur de la médiation numérique est en pleine mutation. Chahutés par
la fin de du besoin de l’accès physique, les EPN doivent redéfinir leurs misions, et voient
l’émergence des tiers-lieux soit comme une menace, soit comme une opportunité. Les
collectivités qui ont soutenu l’accès public à Internet voient aussi leur rôle évoluer, et, en
fonction des compétences qui sont les leurs, investissent aussi cette question de la littératie
numérique, soit parce qu’elles sont engagées dans des politiques de formation, (comme les
régions), soit parce qu’elles sont aussi productrices de services publics en ligne.
Mais les collectivités ne sont pas seules. L’Etat, qui a depuis le PAGSI et la Mission pour
l’Accès Public à Internet (MAPI) en 2000, investi dans cette politique publique vient de faire
une analyse de cette question à travers les rapports Camani-Verdier et celui du CNN. Les
récentes Assises de la médiation numérique et les déclarations d’Axelle Lemaire montrent
une volonté de faire de l’inclusion un des piliers de la politique du gouvernement. Les ONG
et les entreprises sont aussi largement concernés et mobilisés. Dans ce contexte, comment
chacun va jouer sa partition pour que nous ne nous retrouvions pas tous, à un moment ou à
un autre, incompétent numérique, c’est à dire incompétent tout court.
2. Yves Sibilaud / ARSENIC PACA
1) Qu’est –ce qu’un pôle de ressource sur la médiation numérique ? quelles sont vos
missions ? vos actions ?
2) Comment le changement de paradigme actuel de la médiation numérique (de l’accès à la
littératie numérique) se traduit-il concrètement au niveau de l’intervention de l’Etat ? (suite
aux rapports Camani-Verdier et CNN) ? Quelle est la vision de la DUI et demain de la future
agence du numérique sur les chantiers à venir ?
3) Quels rôles vont jouer ensemble les différents acteurs : Etat, collectivités, associations ?
N’y a t-il pas un risque de superposition, de doublons ? Qui doit faire quoi ? Quelle rôle
particulier des collectivités locales ?
Jean Deydier / Emmaüs Connect
1) Une récente étude que vous avez réalisée et qui a été présenté au Forum Connexions
solidaires montre que l’exclusion numérique souffre de certains clichés. Qui fait partie de ces
exclus du numériques en 2014 et quels sont les défis à relever ?
2) Au delà de l’accès au matériel et à la téléphonie que vous fournissez aux plus exclus,
quelle est votre approche sur l’acquisition, la mise à jour et l’autonomie dans les
compétences et la littératie numérique ? Comment faire pour atteindre ces objectifs
ambitieux ?
3) Emmaüs est très implanté localement et Emmaüs Connect se déploie assez vite en
région. Comment voyez vous votre rôle, par rapport à d’autres acteurs ? notemment les
collectivités ? Qu’en attendez-vous ?
Valérie François – Région Rhône-Alpes
1) La Région Rhône-Alpes a une politique très volontariste depuis de nombreuses années
de lutte contre l’exclusion numérique : soutien au réseau des EPN, Pass numérique,
formation à travers le projet Formavia. Où en êtes-vous de ces dispositifs et sont-ils à
adaptés aux nouveaux enjeux que nous venons de décrire ?
2) La formation est une compétence importante des Régions. Comment mettre au cœur de
ses politiques régionales ce défi de la littératie numérique quand on sait l’importance de la
maitrise des compétences numériques dans l’accès à l’emploi, aux formations (e-learning,
MOOC, webinar, etc) et aux services publics (dématérialisation) ?
3) Les collectivités (et votre collectivité) ne peuvent pas tout faire. Comment voyez vous
votre rôle spécifique par rapport aux acteurs associatifs, aux autres collectivités, à l’Etat mais
aussi aux entreprises qui ont sans doute aussi un rôle à jouer (implication des entreprises
auprès d’Emmaus Connect, programme de formation au numérique de la Société Générale,
etc.)