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« L’histoire d’Oran espagnole est avant tout une histoire de fortification » écrit Lespès (1938, p. 63). La première
préoccupation des Espagnols est de faire d’Oran une place forte et une garnison. La construction d’un large complexe de
fortifications composé de forts, d’enceintes et de bâtiments militaires constitue l’essentiel du domaine militaire
2 Henri Léon Fey dans son ouvrage Histoire d’Oran, p
Durant cette longue époque, la ville originelle entourée d’une enceinte n’occupait qu’une petite surface d’un plateau
enserrée entre la montagne, le ravin d’oued Rehhi et la Casbah
Elle regroupait principalement églises et couvents, magasins militaires et casernes, et le conduit royal pour l’écoulement des
eaux
Plans et cartes hispaniques de l’Algérie XVIème siècle –
XVIIIème siècle
Un nouveau quartier, celui de « la Marine », situé entre la ville et la mer voit le jour
, trois principaux quartiers composaient la ville espagnole : la Blanca posé sur un plateau aux pieds de la montagne
Murdjadjo attenante à la Casbah au sud et au ravin de l’oued Rehhi à l’est; la Marine située en contrebas bordant la mer ; et
la « ville nouvelle » qui commençait à s’étager à l’est du ravin. La Blanca qui avait pour centre la Plaza de Armas de la ville,
s’ouvrait vers l’extérieur par trois portes : à l’ouest, Bab-elMarsa ou Porte de Santon (1754), au sud, la Porte de Tlemcen ou
du Ravin Vert, et la troisième, à l’est, la Porte de Canastel
D’après l’historienne Béatrice Alonso Acero (2004), Oran « apparaît comme une ville entourée de murailles, de rues étroites,
bâtie de labyrinthes et maisons entassées "qui ressemblent à Toledo " ». Il s’agit de maisons « avec cour intérieure, peu de
fenêtres, des murs badigeonnés et des terrasses à la place de toits »
La « ville » ottomane
La présence turque est beaucoup moins marquée à Oran. Cela s’explique par leur double présence de courte durée
La première période de 1708 à 1732, gouvernée par le bey Bou-Chelaghem, ne semble pas avoir connu d’édifications
nouvelles ni d’améliorations urbaines significatives
l’ancien quartier espagnol est nommée Sidi-el-Houari, du nom du Saint patron de la ville qui reste jusqu’à nos jours
vénéré par les Oranais.
Après le départ des Espagnols en 1792 une importante action de repeuplement pour redonner vie à une ville évacuée
par les Espagnols et détruite aux trois quarts par le séisme
Cette politique de repeuplement sera suivie inéluctablement par une action d’urbanisation
Il convient de préciser qu’en raison de la topographie qui a fortement influencé l’organisation urbaine, la ville nouvelle
est, en fait, composée de deux parties distinctes
- Au nord, une partie surplombée par l’éperon sud du Château-Neuf où se dresse le Palais du Bey, est formée par
un espace très pentu sur lequel fut édifiée la grande mosquée du Pacha construite par le Bey Mohamed el Kébir
en 1796. Autour de cette mosquée un quartier commença à s’ébaucher, se déployant le long du chemin de
Canastel (future rue Philippe), voie curviligne qui monte de la porte et du pont de Canastel vers la porte d’Alger
appelée Bab es-Souk (porte du marché), porte située au niveau de la deuxième muraille espagnole. - Au sud, une
deuxième partie est, quant à elle, constituée d’une étroite et longue bande en pente douce qui s’étire le long du
mur d’enceinte. Elle est enserrée entre celui-ci à l’est et la ligne de crête à l’ouest qui borde les jardins qui
dévalent vers l’oued Rehhi. Elle se déploie entre la porte Bab es-Souk au nord et la porte Bab el-Djiara (porte des
chaufourniers) au sud. C’est cette deuxième partie qui fut attribuée aux Juifs.
Cet octroi est accompagné d’une obligation de bâtir selon de longs alignements parallèles, les rues se coupant parfois à
angles droits. Beaucoup d’historiens attribuent
ce fait urbain à la volonté d’un véritable conquérant et aménageur éclairé. Mais si le développement urbain que prend Oran
à la fin du XVIIIe siècle illustre la volonté du Bey, non seulement de repeupler la ville, mais aussi de mieux l’organiser, il n’en
demeure pas moins que le tracé semble avoir été dicté à la fois par la linéarité du mur d’enceinte et du terrain à bâtir
disponible et par le tracé initial des chemins qui traversent et divisent les jardins datant de la période espagnole. Ainsi le Bey
a certainement mis à profit ces éléments géographiques et topographiques pour édifier de longues voies parallèles qui
structurent les lots qu’il vendit aux Juifs, préfigurant en quelque sorte un plan de « lotissements » avant l’heure50 .
Ce quartier dit Derb el Yhoud en arabe, et désigné « quartier Juif » sur les plans français comme sur celui d’I. Derrien de
1848, constituait la nouvelle poussée de la ville sur la rive droite du ravin oued Rehhi. Cependant, nous ignorons si cette
organisation urbaine est accompagnée par l’obligation d’édifier des places publiques. Cela est fort peu probable, mais nous
ne disposons pas d’information à ce sujet. Néanmoins, le plan d’alignement des rues d’Oran, dessiné par l’ingénieur Aucour
en 1840 sous l’occupation française, indique l’existence de quelques espaces libres qui semblent avoir été remaniés pour
former de futures places : Place Napoléon à la porte du marché (Babes-Souk), Place des Carrières à la porte des Carrières
(Bab el Djiara), Place Blanche et Place Naples à l’intérieur du quartier. Les Turcs durent finalement battre en retraite et les
Français s’installèrent en janvier 1831.
Urbanisme militaire français et nouveau tracé urbain
Dès la conquête française, les ingénieurs militaires et les architectes ont procédé à la transformation de la structure et
de la forme des villes
Le processus d’urbanisation en Algérie s’est effectué de manière progressive. Lors des premières années de
l’occupation française, on assiste à des interventions plus spontanées sans plan d’ensemble
la préoccupation majeure étant de satisfaire les besoins militaires. A Oran, comme à Alger, l’installation française s’exprime par
la confiscation des édifices publics et religieux pour les transformer en casernes et hôpitaux pour y loger les services de l’armée
et quelques services civils
l’application du modèle urbanistique européen à Oran s’est faite d’une manière plus aisée. Comme nous l’avons vu plus
haut, les Espagnols ont fait d’elle une ville à caractère européen et les Ottomans ne l’ont pas vraiment modifié. Par ailleurs,
le tremblement de terre de 1790, qui a détruit une bonne partie de la ville, a favorisé l’installation rapide des Français.
1831 et 1848
Le nouveau tracé suivait en grande partie le tracé de la ville espagnole dont les lignes subsistaient encore. L’attention se
porta aussi sur le comblement des terrains libres entre le Château Neuf et le quartier juif. Mais jusqu’en 1839 il n’y avait
aucun plan d’alignement ni de nivellement ou d’ouverture de nouvelles voies. Plusieurs faits retardèrent le développement
de la ville.
Le nouveau tracé suivait en grande partie le tracé de la ville espagnole dont les lignes subsistaient encore. L’attention se porta
aussi sur le comblement des terrains libres entre le Château Neuf et le quartier juif. Mais jusqu’en 1839 il n’y avait aucun plan
d’alignement ni de nivellement ou d’ouverture de nouvelles voies. Plusieurs faits retardèrent le développement de la ville.
un plan d’alignement et de nivellement des rues de la ville fut levé par Aucour et publié le 8 octobre 1840
Ce plan que nous avons retrouvé dans les ANOM, semble
s’appuyer sur celui dressé par M. Pézerat en 1832 décrit par
Lespès (1938)
L’analyse exhaustive de ce plan nous montre clairement l’importance accordée à la régularité de l’espace urbain qui est
construit tantôt sur des alignements de rues tantôt autour de places publiques
les ingénieurs ont fait de la place un outil majeur de structuration urbaine et en ont réalisé une grande variété
Développement urbain : la place se multiple entre 1848 et 1930
Cependant, jusque vers 1860 les travaux d’urbanisme se concentrèrent principalement à l’intérieur des murs d’enceinte (Lespès,
1938)
Dès que le plateau de Karguentah (appelé « faubourg de la Mosquée »)68 fut annexé à la Commune d’Oran le 31 décembre
1956, l’extension de la ville commença à s’orienter au-delà des murs, vers l’Est et le Sud, entraînant dans son sillage le
déplacement du centre des affaires et des administrations
Le développement de la ville était inéluctable. Ainsi, en 1855, le Génie fut appelé à préparer un projet d’extension des
enceintes de la ville pour englober les nouveaux quartiers. En attendant l’achèvement des études et le tracé définitif de la
nouvelle enceinte
un « polygone exceptionnel » desserrant les zones de servitude militaires fut établi en 1861 afin de rendre possible la liaison de
la ville existante avec Karguentah et avec le "Village Nègre"
C’est ainsi qu’un plan général d’alignement des nouveaux quartiers d’Oran put être arrêté en 1862 et approuvé en 1865. Mais il
fallut attendre le projet de construction de la nouvelle enceinte – construite en 1866 et englobant une nouvelle surface de 75
hectares – pour que ce plan, remanié en 1867, puisse fixer définitivement le dessin de la voirie de Karguentah.
l’activité intense de l’industrie du vin a favorisé une vertigineuse poussée de la croissance urbaine d’Oran qui amena
l’apparition des premiers faubourgs à l’extérieur des murs d’enceinte
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  • 1. « L’histoire d’Oran espagnole est avant tout une histoire de fortification » écrit Lespès (1938, p. 63). La première préoccupation des Espagnols est de faire d’Oran une place forte et une garnison. La construction d’un large complexe de fortifications composé de forts, d’enceintes et de bâtiments militaires constitue l’essentiel du domaine militaire 2 Henri Léon Fey dans son ouvrage Histoire d’Oran, p Durant cette longue époque, la ville originelle entourée d’une enceinte n’occupait qu’une petite surface d’un plateau enserrée entre la montagne, le ravin d’oued Rehhi et la Casbah Elle regroupait principalement églises et couvents, magasins militaires et casernes, et le conduit royal pour l’écoulement des eaux Plans et cartes hispaniques de l’Algérie XVIème siècle – XVIIIème siècle Un nouveau quartier, celui de « la Marine », situé entre la ville et la mer voit le jour , trois principaux quartiers composaient la ville espagnole : la Blanca posé sur un plateau aux pieds de la montagne Murdjadjo attenante à la Casbah au sud et au ravin de l’oued Rehhi à l’est; la Marine située en contrebas bordant la mer ; et la « ville nouvelle » qui commençait à s’étager à l’est du ravin. La Blanca qui avait pour centre la Plaza de Armas de la ville, s’ouvrait vers l’extérieur par trois portes : à l’ouest, Bab-elMarsa ou Porte de Santon (1754), au sud, la Porte de Tlemcen ou du Ravin Vert, et la troisième, à l’est, la Porte de Canastel D’après l’historienne Béatrice Alonso Acero (2004), Oran « apparaît comme une ville entourée de murailles, de rues étroites, bâtie de labyrinthes et maisons entassées "qui ressemblent à Toledo " ». Il s’agit de maisons « avec cour intérieure, peu de fenêtres, des murs badigeonnés et des terrasses à la place de toits »
  • 2. La « ville » ottomane La présence turque est beaucoup moins marquée à Oran. Cela s’explique par leur double présence de courte durée La première période de 1708 à 1732, gouvernée par le bey Bou-Chelaghem, ne semble pas avoir connu d’édifications nouvelles ni d’améliorations urbaines significatives l’ancien quartier espagnol est nommée Sidi-el-Houari, du nom du Saint patron de la ville qui reste jusqu’à nos jours vénéré par les Oranais. Après le départ des Espagnols en 1792 une importante action de repeuplement pour redonner vie à une ville évacuée par les Espagnols et détruite aux trois quarts par le séisme Cette politique de repeuplement sera suivie inéluctablement par une action d’urbanisation Il convient de préciser qu’en raison de la topographie qui a fortement influencé l’organisation urbaine, la ville nouvelle est, en fait, composée de deux parties distinctes - Au nord, une partie surplombée par l’éperon sud du Château-Neuf où se dresse le Palais du Bey, est formée par un espace très pentu sur lequel fut édifiée la grande mosquée du Pacha construite par le Bey Mohamed el Kébir en 1796. Autour de cette mosquée un quartier commença à s’ébaucher, se déployant le long du chemin de Canastel (future rue Philippe), voie curviligne qui monte de la porte et du pont de Canastel vers la porte d’Alger appelée Bab es-Souk (porte du marché), porte située au niveau de la deuxième muraille espagnole. - Au sud, une deuxième partie est, quant à elle, constituée d’une étroite et longue bande en pente douce qui s’étire le long du mur d’enceinte. Elle est enserrée entre celui-ci à l’est et la ligne de crête à l’ouest qui borde les jardins qui dévalent vers l’oued Rehhi. Elle se déploie entre la porte Bab es-Souk au nord et la porte Bab el-Djiara (porte des chaufourniers) au sud. C’est cette deuxième partie qui fut attribuée aux Juifs.
  • 3. Cet octroi est accompagné d’une obligation de bâtir selon de longs alignements parallèles, les rues se coupant parfois à angles droits. Beaucoup d’historiens attribuent ce fait urbain à la volonté d’un véritable conquérant et aménageur éclairé. Mais si le développement urbain que prend Oran à la fin du XVIIIe siècle illustre la volonté du Bey, non seulement de repeupler la ville, mais aussi de mieux l’organiser, il n’en demeure pas moins que le tracé semble avoir été dicté à la fois par la linéarité du mur d’enceinte et du terrain à bâtir disponible et par le tracé initial des chemins qui traversent et divisent les jardins datant de la période espagnole. Ainsi le Bey a certainement mis à profit ces éléments géographiques et topographiques pour édifier de longues voies parallèles qui structurent les lots qu’il vendit aux Juifs, préfigurant en quelque sorte un plan de « lotissements » avant l’heure50 . Ce quartier dit Derb el Yhoud en arabe, et désigné « quartier Juif » sur les plans français comme sur celui d’I. Derrien de 1848, constituait la nouvelle poussée de la ville sur la rive droite du ravin oued Rehhi. Cependant, nous ignorons si cette organisation urbaine est accompagnée par l’obligation d’édifier des places publiques. Cela est fort peu probable, mais nous ne disposons pas d’information à ce sujet. Néanmoins, le plan d’alignement des rues d’Oran, dessiné par l’ingénieur Aucour en 1840 sous l’occupation française, indique l’existence de quelques espaces libres qui semblent avoir été remaniés pour former de futures places : Place Napoléon à la porte du marché (Babes-Souk), Place des Carrières à la porte des Carrières (Bab el Djiara), Place Blanche et Place Naples à l’intérieur du quartier. Les Turcs durent finalement battre en retraite et les Français s’installèrent en janvier 1831. Urbanisme militaire français et nouveau tracé urbain Dès la conquête française, les ingénieurs militaires et les architectes ont procédé à la transformation de la structure et de la forme des villes Le processus d’urbanisation en Algérie s’est effectué de manière progressive. Lors des premières années de l’occupation française, on assiste à des interventions plus spontanées sans plan d’ensemble
  • 4. la préoccupation majeure étant de satisfaire les besoins militaires. A Oran, comme à Alger, l’installation française s’exprime par la confiscation des édifices publics et religieux pour les transformer en casernes et hôpitaux pour y loger les services de l’armée et quelques services civils l’application du modèle urbanistique européen à Oran s’est faite d’une manière plus aisée. Comme nous l’avons vu plus haut, les Espagnols ont fait d’elle une ville à caractère européen et les Ottomans ne l’ont pas vraiment modifié. Par ailleurs, le tremblement de terre de 1790, qui a détruit une bonne partie de la ville, a favorisé l’installation rapide des Français. 1831 et 1848 Le nouveau tracé suivait en grande partie le tracé de la ville espagnole dont les lignes subsistaient encore. L’attention se porta aussi sur le comblement des terrains libres entre le Château Neuf et le quartier juif. Mais jusqu’en 1839 il n’y avait aucun plan d’alignement ni de nivellement ou d’ouverture de nouvelles voies. Plusieurs faits retardèrent le développement de la ville. Le nouveau tracé suivait en grande partie le tracé de la ville espagnole dont les lignes subsistaient encore. L’attention se porta aussi sur le comblement des terrains libres entre le Château Neuf et le quartier juif. Mais jusqu’en 1839 il n’y avait aucun plan d’alignement ni de nivellement ou d’ouverture de nouvelles voies. Plusieurs faits retardèrent le développement de la ville. un plan d’alignement et de nivellement des rues de la ville fut levé par Aucour et publié le 8 octobre 1840 Ce plan que nous avons retrouvé dans les ANOM, semble s’appuyer sur celui dressé par M. Pézerat en 1832 décrit par Lespès (1938)
  • 5. L’analyse exhaustive de ce plan nous montre clairement l’importance accordée à la régularité de l’espace urbain qui est construit tantôt sur des alignements de rues tantôt autour de places publiques les ingénieurs ont fait de la place un outil majeur de structuration urbaine et en ont réalisé une grande variété Développement urbain : la place se multiple entre 1848 et 1930 Cependant, jusque vers 1860 les travaux d’urbanisme se concentrèrent principalement à l’intérieur des murs d’enceinte (Lespès, 1938) Dès que le plateau de Karguentah (appelé « faubourg de la Mosquée »)68 fut annexé à la Commune d’Oran le 31 décembre 1956, l’extension de la ville commença à s’orienter au-delà des murs, vers l’Est et le Sud, entraînant dans son sillage le déplacement du centre des affaires et des administrations Le développement de la ville était inéluctable. Ainsi, en 1855, le Génie fut appelé à préparer un projet d’extension des enceintes de la ville pour englober les nouveaux quartiers. En attendant l’achèvement des études et le tracé définitif de la nouvelle enceinte un « polygone exceptionnel » desserrant les zones de servitude militaires fut établi en 1861 afin de rendre possible la liaison de la ville existante avec Karguentah et avec le "Village Nègre" C’est ainsi qu’un plan général d’alignement des nouveaux quartiers d’Oran put être arrêté en 1862 et approuvé en 1865. Mais il fallut attendre le projet de construction de la nouvelle enceinte – construite en 1866 et englobant une nouvelle surface de 75 hectares – pour que ce plan, remanié en 1867, puisse fixer définitivement le dessin de la voirie de Karguentah. l’activité intense de l’industrie du vin a favorisé une vertigineuse poussée de la croissance urbaine d’Oran qui amena l’apparition des premiers faubourgs à l’extérieur des murs d’enceinte