Point de Mire was established in 1995 in Geneva as an independent financial print media targeted at the decision makers within the Swiss and international financial sector. Under my leadership as the editor in chief it expanded into new fields such as Blockchain, Crowdfunding, Fintech, and Smart Contracts.
6. 6 Numéro 74 – Automne 2018 –
Portrait (➥ suite de la page 5) lemania-pension hub, Genève
est en marche et les carrières
en entreprises ne sont plus les
mêmes et sont surtout de plus
en plus rarement un long fleuve
tranquille. Les prestations de
sortie d’une caisse de pensions
en libre passage étaient autre-
fois marginales, elles sont main-
tenant devenues un phéno-
mène courant en entreprise, qui
impacte non seulement l’indi-
vidu dans son statut d’employé,
mais également le directeur des
ressources humaines qui gère la
sortie des collaborateurs sous
l’angle administratif et aussi de
la prévoyance professionnelle.
Il y a ici clairement un enjeu de
responsabilités individuelle et
collective, qui doit être maîtrisé
tant par l’employé que par son
employeur. La vice-présidente du
Conseil de la fondation lemania
de libre passage, Mme Roxane
Ecoffey, abordera cette théma-
tique le 3 octobre lors d’une
conférence au salon RH intitulée
« La capitalisation de l’épargne
de prévoyance, 40 ans de respon-
sabilité commune ».
PdM : Une question un peu éloi-
gnée du sujet, mais liée aux res-
sources humaines. Tout le monde
le sait, mais on feint de le décou-
vrir, que les actifs de « 50 ans et
plus » sont pénalisés par le coût
de la prévoyance à charge des
entreprises pour cette tranche
d’âge. Que pourrait-on faire
pour atténuer ce handicap ?
A.M. : À mon sens la problé-
matique pourrait être abordée
par un processus de cotisation
d’épargne démarrant non pas à
25 ans, mais à 18 ans déjà comme
pour les cotisations liées au
risque. Il conviendrait peut-être,
en parallèle à cette démarche,
d’uniformiser les bonifica-
tions d’épargne et d’abolir les
fameuses tranches de cotisations
« 7/10/15/18 » par tranches d’âge.
Il me paraît quelque peu para-
doxal au niveau politique de vou-
loir pousser l’augmentation de
l’âge de la retraite au-delà des
65 ans sans pour autant s’adap-
ter à la réalité du monde de l’en-
treprise où le franchissement de
l’âge de 58 ans est déjà consi-
déré, par certains, comme un
objectif ambitieux…
PdM : Enfin, à l’horizon des cinq
prochaines années, comment le
secteur de la prévoyance profes-
sionnelle surtout va-t-il évoluer ?
Peut-on simplement continuer
sur la tendance actuelle ou ima-
ginez-vous d’autres réformes à
mettre en œuvre ?
A.M. : Je crois fermement à un
système de prévoyance vieillesse
basé sur 3 piliers, même si nous
assistons depuis quelques années
à une dérive certaine entre les
régimes obligatoires (1er
pilier et
Alexandre Michellod est titulaire d’une licence en gestion d’entre-
prise de la section HEC de l’Université de Genève, de la certification
Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA) et porteur égale-
ment du brevet fédéral de spécialiste de la prévoyance en faveur du
personnel. Il a débuté son activité professionnelle en 2000 comme
économiste auprès de la société de gestion institutionnelle IAM,
à Genève. En 2002 il a rejoint, à Lausanne, le siège de la Banque
Cantonale Vaudoise avant d’intégrer, en 2005, Wegelin & Co. Ban-
quiers Privés dont il fut membre du Comité Exécutif pour la Suisse
romande. Au sein du groupe Edmond de Rothschild, pour lequel
il fut actif de janvier 2012 à octobre 2017, il a créé l’offre de pré-
voyance professionnelle pour le marché suisse et les stratégies OPP2
siam permettant une gestion sous contrainte OPP2 et fiscalement
efficiente de l’épargne de prévoyance. Il y dirigea dans ce contexte
les solutions collectives et individuelles proposées par la banque aux
particuliers et aux entreprises. Depuis le 1er
novembre 2017, il dirige
le département Wealth Solutions de la banque Gonet & Cie SA et
siège, comme représentant de l’employeur, au Conseil de fondation
de la caisse de pensions du groupe Gonet. Depuis mars 2018, il est
Président du Conseil de la fondation lemania de libre passage (fllp)
qui dirige les activités de la plateforme lemania-pension hub, et est
également Président du Conseil de la Fondation romande en faveur
de la prévoyance individuelle 3a (frpi).
des intermédiaires financiers. Avec
une approche B2B2C, l’ambition
de la plateforme lemania est de
pouvoir toucher en finalité d’une
part les assurés au sein du 2e
pilier
par l’intermédiaire des PME qui
les affilient à la prévoyance pro-
fessionnelle et d’autre part les
épargnants volontaires au sein du
3e
pilier via la prévoyance 3a. Les
intermédiaires financiers accrédi-
tés lemania - pension hub peuvent
être des intermédiaires courtiers
en assurance avec un numéro
FINMA ou des conseillers non-ges-
tionnaires de fortune appartenant
à une organisation d’autorégula-
tion (OAR) reconnue par la FINMA
ou être placés sous la FINMA dans
le cadre de la Loi fédérale sur le
blanchiment d’argent (LBA).
PdM : À moyen et plus long terme
comment le « lemania-pension
hub » devrait-il évoluer ? Quelle
est votre vision et plus spécifique-
ment les objectifs visés en matière
du volume géré, du nombre de
vos partenaires en prévoyance ?
Pour l’heure vous jouez la carte de
la Suisse romande et votre enraci-
nement sur ce marché ? Mais il est
relativement étroit, qu’en est-il
de la Suisse alémanique ?
A.M. : Nous revendiquons une
expertise romande pour une
ambition suisse. La plateforme
lemania – pension hub a claire-
ment l’ambition d’occuper une
place de choix au niveau natio-
nal. Dans le domaine des solu-
tions de prévoyance profession-
nelle et individuelle proposant
le libre choix de placement, la
volonté des 3 fondations actives
dans ce segment au niveau du
hub lemania est d’arriver, d’ici
2026, à passer le cap du milliard
de francs en supervision d’ac-
tifs. Pour y parvenir, nous allons
devoir effectivement franchir la
Sarine. La marque «lemania» se
prononce, semble-t-il, aussi faci-
lement dans les différents dia-
lectes de la Suisse alémanique…
PdM : Le « lemania-pension hub »
participera justement au Salon
RH 2018 à Genève. Quelles sont
les motivations qui vous ont
amené à y prendre part ? Il est un
fait qu’une approche cohérente
de la prévoyance fait partie d’une
gestion optimum des ressources
humaines. Comment allez-vous
vous présenter à ce salon ?
A.M. : Comme précédemment
expliqué, l’évolution sociétale
régime obligatoire du 2e
pilier)
et hors obligatoires (2e
pilier
surobligatoire et 3e
pilier indi-
viduel). L’échec des dernières
tentatives de réforme en est lar-
gement l’illustration. Par corol-
laire, aucune solution concrète
avant 5 ans, voire même 10 ans,
ne sera proposée par le politique
au niveau de la prévoyance pro-
fessionnelle. Ce dernier donne
désormais en effet la priorité à la
prévoyance étatique du premier
pilier qui doit en effet de toute
urgence trouver des solutions en
ce qui concerne son financement.
Dans ce contexte, la prévoyance
individuelle - hors obligatoire en
particulier - va prendre toujours
plus d’importance. À titre per-
sonnel, je suis convaincu de l’ap-
port pérenne du tiers cotisant
permettant ainsi à notre épargne
constituée dans le circuit de la
prévoyance professionnelle et
individuelle de s’accroître.
Interview réalisée pour Point de Mire
par Daniel Stanislaus Martel,
Rédacteur en chef
Note :
1
Concernant AROMED voir ci-après les
propos de son président Patrick Féral.
2
Concernant Mutuel Prévoyance, voir
ci-après les propos de Madame Madeleine
Rast, directrice des institutions de pré-
voyance du Groupe Mutuel.
12. 12 Numéro 74 – Automne 2018 –
Retraites & Prévoyance
PdM : A défaut, quelle solution
nouvelle préconiseriez-vous ?
J.C. : Il faut s’unir derrière des prin-
cipes fondamentaux, largement
acceptés, et en décliner ensuite
les conséquences. Par exemple,
il me semblerait normal que les
actifs et les retraités bénéficient
du même rendement sur leurs
avoirs de vieillesse. Cela implique-
rait certainement à court terme
une baisse du taux de conversion.
Mais inversement, si les rende-
ments devaient remonter, il fau-
drait que les retraités puissent
en profiter aussi par le biais d’un
bonus annuel, une sorte de trei-
zième salaire dépendant de la
performance de la caisse.
Propos recueillis par Daniel Stanislaus
Martel pour Point de Mire
vail pour plusieurs employeurs à
la fois), et l’apparition de formes
hybrides de contrat de travail, à
mi-chemin entre l’activité salariée
et l’indépendance (on pensera aux
chauffeurs Uber).
PdM : Concernant la partie
surobligatoire de la prévoyance
professionnelle, pensez-vous qu’il
est sage et correct de vouloir don-
ner davantage d’autonomie aux
assurés que nous sommes tous,
pour intervenir dans la gestion de
leurs capitaux de prévoyance ?
J.C. : Aujourd’hui, les biographies
individuelles et les préférences
des assurés varient toujours
plus. La prévoyance profession-
nelle ne permet pas suffisam-
ment de tenir compte de cette
diversité. Il faut donc offrir aux
assurés plus de possibilités pour
mieux prendre en main leur pré-
voyance. Cette approche serait
aussi le meilleur garant pour rap-
peler aux assurés que l’argent du
2e
pilier leur appartient, et non
pas à la caisse, ni à l’employeur,
ni à l’Etat. Cela les encouragerait
à se battre pour éviter des finan-
cements croisés toujours plus
importants et contraires au sys-
tème de capitalisation.
Quelle prévoyance
pour demain en
Suisse ?
Jérôme Cosandey est le nouveau Directeur romand
d’Avenir Suisse depuis le 1er
septembre 2018. A plu-
sieurs reprises, ce spécialiste en prévoyance a par-
tagé ses idées dans nos colonnes. Lors d’une ren-
contre destinée à la presse économique spécialisée
du 4 septembre 2018, il a proposé un « update ».
Dialogue
Point de Mire : Vous avez à plu-
sieurs reprises fait part de vos
remarques et critiques à propos
de notre système de prévoyance.
En bref, quels sont les principaux
griefs que l’on peut faire à l’ap-
proche suisse dite des trois piliers ?
Jérôme Cosandey : Je suis encore
et toujours un grand adepte du
concept des trois piliers, car il per-
met de diversifier les risques. Dans
l’AVS, ce sont des risques démogra-
phiques et associés à l’économie
locale (par le biais des cotisations
salariales des actifs), et dans la pré-
voyance professionnelle, il s’agit
surtout de risques de volatilité des
marchés suisses et internationaux.
Les défis liés à ces deux formes de
financement sont connus et des
réformes sont en cours. Ce qui
demanderait plus d’attention de
la part du politique sont les muta-
tions du marché du travail : à savoir
l’importance accrue du tempspar-
tiel et de la multi-activité (le tra-
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Jérôme Cosandey
13. Numéro 74 – Automne 2018 – 13
Association romande des intermédiaires financiers – 20 ans d’histoire
parmi les professionnels, tout
comme ceux qu’elle dispense à
ses membres soumis au CoD. En
outre, même si la présidence est
restée stable depuis près de 13
ans, le Comité, composé actuel-
lement de 16 personnes, n’a pas
manqué de recruter de nou-
veaux talents, maintenant ainsi
la riche palette de compétences
et d’expériences nécessaires à la
conduite d’un OAR générique.
Un chemin considérable a donc
déjà été parcouru et permet-
tra sans aucun doute possible à
l’ARIF de relever les défis de ces
prochaines années, notamment
le passage à l’Organisme de sur-
veillance. Ce dernier, mais sure-
ment pas ultime défi implique
de nombreux changements qui
seront communiqués au fur et à
mesure aux membres de l’ARIF.
Bénéficiant de son savoir-faire
acquis au cours de deux décennies
de surveillance concrète, dont une
spécifiquement dans la surveil-
lance des Règles cadres pour les
GFI, un Comité réunissant des per-
sonnes qualifiées, ainsi que d'un
secrétariat aussi engagé qu’ef-
ficace, l’ARIF continuera de veil-
ler aux intérêts de ses membres
actuels et futurs tout en assurant
le respect des obligations de dili-
gence, que ce soit pour ceux des
membres qui resteront soumis
uniquement à la LBA ou pour
ceux qui seront soumis dès janvier
2020 aux LSFin / LEFin.
1999 - 2019 :
Bientôt 20 ans, et après !
n Norberto Birchler, Directeur et membre du Comité de l’ARIF
Née le 15 mars 1999 à Genève, l’ARIF (Association romande des intermé-
diaires financiers) a reçu le 24 décembre de la même année son agrément
de l’Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d’argent
(ACLBA). Elle a donc entamé en mars 2018 sa vingtième année d’existence.
Son origine remonte toutefois au 10 octobre 1997, date de l’approbation par
le Parlement Fédéral de la Loi fédérale concernant la lutte contre le blanchi-
ment d’argent dans le secteur financier (LBA).1
rique » en matière de lutte
contre le blanchiment et
le financement du terro-
risme, celui d’un régulateur
dans le secteur de la gestion
de fortune. En franchissant ce pas,
l’ARIF relevait un challenge de taille.
Aujourd’hui, la nature des défis qui
attendent l’ARIF, notamment avec
la création d’un Organisme de sur-
veillance selon les nouvelles LSFin
/ LEFIN est comparable. Nos GFI
serontbientôt,deparlaloi,soumisà
une surveillance de type prudentiel,
laquelle dépassera sensiblement
l’application des principes établis de
respect de l’intégrité des marchés
financiers, de garantie d’une ges-
tion irréprochable, du devoir d’in-
formation (sur les prestations et la
rémunération), de conclusion d’un
contrat de gestion de fortune écrit
et de confidentialité. Ce nouveau
type de surveillance s’inscrira cepen-
dant dans la lignée de ce qui a été
fait jusqu’à maintenant et nul doute
que les années « CoD » passées à
l’ARIF s’avèreront comme ayant été
une excellente préparation.
Durant les dix dernières années,
l’ARIF s’est engagée, comme le
prévoient ses Statuts, à contri-
buer « à maintenir et améliorer
la réputation et la compétitivité
de la place financière suisse »4
. A
ce jour, l’ARIF est donc devenue
un partenaire reconnu et estimé
dans la lutte contre la blanchi-
ment d’argent et le financement
du terrorisme. La qualité des cours
LBA qu’elle propose est reconnue
Cette loi est entrée en vigueur le
1er
avril 1998 et un délai de deux
ans avait été alors imparti aux
intermédiaires financiers (IF) du
secteur non-bancaire pour s’affi-
lier à un organisme d’autorégula-
tion (OAR), ou faire une demande
d’autorisation auprès de l’ACLBA et
devenir ainsi un IFDS (Intermédiaire
financier directement assujetti).
Alors qu’un certain nombre
d’associations professionnelles
constituaient leur OAR dit « de
branche » (ASG, FSA-FSN, SSL, etc.),
il est apparu très vite qu’un certain
nombre d’IF ne pouvaient, ou ne
voulaient, s’affilier à aucun de ces
OAR en constitution. A Genève,
des discussions ont alors eu lieu
dès octobre 1998 pour, soit créer
un OAR romand générique (c’est-
à-dire ouvert à tous les IF du sec-
teur non-bancaire), soit rejoindre
un OAR générique alémanique et
ouvrir une antenne à Genève. C’est
la première solution qui a été rete-
nue, en raison du nombre impor-
tant de demandes de diverses
professions tendant à la création
d’un OAR générique en Romandie.
En décembre 1999, l’ARIF décide,
suite à l’arrivée de Josef Bollag au
Comité, de s’ouvrir également aux
IF de toute la Suisse. Au 1er
avril
2000, date butoir pour l’affilia-
tion, l’ARIF, compte 355 affiliés.
L’année 2000 voit la consolidation
des travaux effectués durant l’an-
née 1999, l’arrivée de nouveaux
membres et la nomination de plu-
sieurs membres au Comité, ainsi
que l’installation du secrétariat au
8 rue de Rive, où, au gré de son
développement, l’ARIF « prendra
de la hauteur », du 1er
étage au
5e
, en passant par le 3e
. C’est tou-
jours à cette adresse, que le secré-
tariat, vingt ans après, est logé. En
octobre 2001, c’est Jacques Vernet,
ancien Conseiller d’Etat
genevois, qui est élu
président. Le président
actuel, Julien Blanc, lui a
succédé en novembre 2005
et préside encore à l’heure actuelle
aux destinées de l’Association.
L’ARIF atteint sa vitesse de croi-
sière en 2003, après la nomina-
tion de Norberto Birchler, en tant
que directeur et responsable du
secrétariat. En regard des tâches
à accomplir ce dernier se com-
pose aujourd’hui de six personnes
(représentant 5,9% EPT). En 20
ans, l’ARIF a dû adapter réguliè-
rement ses textes à l’évolution
législative (2010 / 2011 / 2012 /
2014 / 2015 / 2018), et a même
réussi, malgré un carcan légis-
latif de plus en plus restrictif, à
assouplir certaines obligations de
ses membres (introduction d’une
révision biennale, puis triennale,
allongement du délai pour la for-
mation continue, réduction de la
durée de formation de base, etc.).
En ce qui concerne les membres,
leur nombre a augmenté réguliè-
rement jusqu’en 2011 à un pic de
près de 500 affiliés, pour ensuite
se stabiliser autour des 450-460.
A l’heure de fêter son dixième
anniversaire, l’ARIF, s’apprêtait à
relever les défis de la décennie sui-
vante, à savoir, dès le 1er
janvier
2009, apprendre à collaborer avec
la nouvelle Autorité de surveillance
des marchés financiers (FINMA)2
,
prendre influence sur les modi-
fications 2010 de la LBA, entrées
en vigueur en 2010, ou encore de
mettre en œuvre ses nouvelles
règles-cadres concernant la sur-
veillance des gérants de fortune,
suite à l’adoption de son Code de
déontologie (CoD)3
: L’ARIF obtenait
ainsi,outresonstatutd’OAR« géné-
Norberto Birchler est direc-
teur de l’ARIF depuis 2003. Il
est également conseiller muni-
cipal PLR à Collonge-Bellerive.
Notes :
1
Nommée aujourd’hui : Loi fédérale du 10 octobre 1997 concernant la lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
2
Entrée en vigueur complète de la Loi sur l’Autorité fédérale de surveillance des marchés
financiers (Loi sur la surveillance des marchés financiers, LFINMA) le 01.01.2009.
3
23 février 2009.
4
STATUTS DE L’ASSOCIATION ROMANDE DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS (ARIF), ch.
5., et selon approbation par l’AG du 10.11.2014.
14. 14 Numéro 74 – Automne 2018 –
Ingénierie immobilière et fonds de placement
et cohérents avec le marché, en
proposant par exemple une mai-
sonnette au prix de CHF 2400.
Quatre-vingt pourcent de nos
propriétés ont des loyers compris
entre CHF 1000 et 3000, ce qui
nous permet de tout louer très
rapidement.
Comment Valres se distingue-
t-elle des autres directions de
fonds ?
Valres Fund Management est la
seule direction de fonds indé-
pendante basée à Genève. Grâce
au fait de contrôler en même
temps le fonds et la direction de
fonds, nous pouvons garantir à
nos investisseurs une maîtrise
totale de la chaîne de valeur, une
grande transparence quant aux
coûts, ainsi qu’une importante
rapidité d’action.
Interview
par Antonio Rosati
Valres, un fonds de placement
aux valeurs responsables
En moins de cinq ans, la société VALRES Fund Management a réuni une fortune
de CHF 450 millions dans le cadre de son fonds d’investissement immobilier qui
devient le Valres Suisse Romande Fonds. Décryptage avec Ralph Kattan.
Quelle est votre approche des
nouvelles technologies de l’im-
mobilier ?
Valres se distingue également
au travers du marché des « Prop-
Tech », les technologies de l’im-
mobilier. Je suis d’ailleurs men-
tor dans ce domaine au sein de
l’accélérateur genevois Fusion :
chaque start-up sélectionnée
bénéficie de l’accompagnement
de deux à trois mentors. C’est un
moyen de plus pour nous d’aug-
menter nos chances d’être réac-
tifs dans le marché. Nous souhai-
tons sur le long terme intégrer
les PropTech dans notre propre
fonctionnement.
Quel est votre rapport avec
Genève ?
C’est un autre atout de Valres :
être solidement ancrée en
Suisse romande et dans le can-
ton de Genève, où elle a son
siège et près de la moitié de ses
immeubles. La forte demande en
logements ainsi que l’attractivité
du domaine commercial rendent
le marché genevois intéressant.
Et l’autre moitié des biens, dans
quelle région se trouve-t-elle ?
Le reste de la Suisse romande,
moins cher que Genève, demeure
primordial dans la stratégie de
Valres. La société possède des
immeubles dans les cantons de
Vaud, Fribourg, Neuchâtel et du
Jura. Cet attachement à la région
se traduit par un changement
de nom en septembre 2018 : le
nom VSRF devient l’acronyme de
Valres Suisse Romande Fonds.
Qu’en est-il de votre politique de
loyers ?
Notre but est de proposer des
loyers à des prix intéressants
pour la classe moyenne. Nous ne
souhaitons pas traiter des biens
de luxe et privilégions, dans la
mesure du possible, des critères
de durabilité dans nos acqui-
sitions et dans nos activités de
rénovation. L’entreprise vise à
appliquer des loyers attractifs
Pourriez-vous me décrire votre
société en quelques mots ?
Un portfolio diversifié, une
équipe dynamique qui dépasse
désormais les dix collaborateurs
et une croissance annuelle à deux
chiffres : la société Valres se posi-
tionne comme un acteur majeur
de l’immobilier romand, et cela
grâce au fonds d’investissement
VSRF. Rien qu’en 2017, notre
fonds a effectué des acquisitions
pour près de CHF 150 millions et
projette un investissement équi-
valent d’ici la fin de 2018. Quant à
son rendement, il se monte à 39%
sur les trois dernières années.
Valres est la contraction de
« valeurs responsables ». En quoi
consiste ce concept ?
Les échanges réguliers entre les
différents acteurs constituent
un des piliers du modèle Valres.
Depuis les premières acquisi-
tions, un dialogue en direct est
instauré avec les locataires. En
collaboration avec eux, l’entre-
prise met en œuvre une politique
de rajeunissement constant des
immeubles. Cela permet d’amé-
liorer les appartements en même
temps que les rendements.
Cela veut dire que vous êtes pré-
sents sur chaque site ?
Notre responsable des travaux
est presque quotidiennement
sur place dans la période qui suit
une acquisition. Parfois, il nous
arrive de proposer à tous les
locataires d’un immeuble de visi-
ter un appartement récemment
rénové. Suite à cela, les locataires
demandent spontanément,
contre une légère augmentation
de loyer, des interventions dans
leur logement.
Cette approche apporte-t-elle
des résultats ?
Oui, cette démarche s’avère
productive car le nombre de
demandes de rénovation est en
constante augmentation selon
les derniers chiffres de notre
département des travaux.
Sur quel autre pilier repose le
concept de Valres ?
Le terme de responsabilité, Valres
l’utilise aussi pour désigner les
relations de longue durée que la
société entretient avec les inves-
tisseurs. Près de 75% d’entre eux
sont des acteurs institutionnels et
ont suivi la société depuis le début
du fonds jusqu’à aujourd’hui, en
passant par l’entrée en bourse en
2017. L’entreprise les rencontre une
à deux fois par année. Profession-
nels de l’immobilier avant tout,
nous avons eu l’idée de lancer un
produit financier tel le VSRF en dis-
cutant avec nos investisseurs. Un
choix qui s’avère avisé : de mi-2017
à ce jour, l’entreprise a quasiment
doublé la taille du fonds, tout
comme celle de l’équipe.
Quelle est la vision de Valres
Fund Management pour les pro-
chaines années ?
Notre métier est d’aller cher-
cher des immeubles qui néces-
sitent des améliorations, ce qui
représente un vrai défi en Suisse
romande. Ces dernières années,
nous avons analysé des biens pour
un montant de plusieurs milliards
de francs suisses. Au final, moins
de 4% ont été achetés. Dans un
marché immobilier saturé comme
celui de la Suisse romande, la
proactivité est un élément crucial
du développement de Valres.
Cherchez-vous d’autres opportu-
nités de développement ?
Oui, l’entreprise a un autre sec-
teur dans sa ligne de mire : elle
tente de débusquer les meilleures
opportunités en matière d’im-
mobilier commercial. Nous trou-
vons que le marché des locaux
commerciaux offre actuellement
des prix qui ne sont pas surfaits.
C’est pourquoi nous avons décidé
d’investir davantage dans ce
domaine. A ce jour, le fonds inclut
quatre bâtiments entièrement
commerciaux, en plus de diffé-
rents immeubles mixtes, et sou-
haite à terme, viser un équilibre
entre résidentiel et commercial.
Membre d’associations telle
que l’association Suisse des
Professionnels en Titrisation
Immobilière (COPTIS) et men-
tor PropTech, Ralph Kattan a
obtenu sa double licence en
Finance et Business à l’Univer-
sité Georgetown de Washing-
ton, il est également diplômé
de la Harvard Business School
(Real Estate Program).
Passionné par l’immobilier, il
décide de créer VALRES Fund
Management SA, en 2013, afin
de gérer et administrer des
Fonds immobiliers en Suisse,
régulé par la FINMA. Il y prend
la fonction de CEO et d’Admi-
nistrateur Délégué. En 2014
Ralph Kattan lance le Fonds
VSRF, coté à la bourse SIX en
2017 et dirigé par une équipe
qui intègre les compétences
immobilières et financières.
www.valres.ch
15. Numéro 74 – Automne 2018 – 15
Fintech & solutions financières nouvelles
un investissement dans celui-ci leur
convient. Outre les données quanti-
tatives, Fundeye traite les informa-
tions statiques et qualitatives dans
le but de fournir aux investisseurs
une description précise de chaque
fonds, de ses caractéristiques princi-
pales (dont les frais) et de ses pres-
tataires de services à des fins de due
diligence opérationnelle. Elle met
également à disposition un réper-
toire complet de documents actuels
et anciens, ce qui permet aux inves-
tisseurs de les retrouver facilement,
qu’il s’agisse de documents à teneur
juridique (prospectus, statuts, KIIDs,
etc.) ou non (factsheets promotion-
nels, présentations, rapports, etc.).
À l’heure actuelle, il n’existe pas
d’autre répertoire aussi complet sur
le marché.
Par ailleurs, il est important de sou-
ligner que les données et les docu-
ments figurant sur Fundeye pro-
viennent exclusivement de sources
primaires, à savoir les agents admi-
nistratifs et les gestionnaires de
fonds eux-mêmes. Un tel niveau de
précision est unique sur le marché.
Fundeye est une filiale de Carnegie
Fund Services SA. Elle a été déve-
loppée et est continuellement mise
à jour en interne par notre équipe
d’informaticiens professionnels
chevronnés afin que les besoins
des clients en constante évolution
puissent être satisfaits.
traiter et diffuser des données et
des documents de manière rapide,
directe et économique. Elle est
reconnue, en Suisse et dans l’Union
européenne, en tant que plate-
forme officielle de publication d’in-
formations sur les fonds d’inves-
tissement par l’Autorité suisse de
surveillance des marchés financiers
(FINMA) et par l’Autorité belge
des services et marchés financiers
(FSMA) respectivement. Elle permet
donc aux gestionnaires de fonds de
communiquer avec leurs investis-
seurs actuels et potentiels dans le
respect du droit helvétique et des
réglementations européennes (y
compris le Règlement européen sur
la protection des données (RGPD)).
Fundeye a été conçue comme une
plateforme multilingue afin d’as-
surer au mieux les besoins des ges-
tionnaires de fonds et des inves-
tisseurs. Celle-ci est disponible en
anglais, français, italien, espagnol
et en allemand. Quant aux condi-
tions d’utilisation qui s’affichent
sur la page consacrée à l’inscription
sur le site, elles sont publiées dans
douze langues différentes.
Actuellement, elle fournit des ser-
vices aux investisseurs dans 58 pays
et pourra à l’avenir ajouter des lan-
gues et des pays en fonction de la
demande. Son but est de couvrir
plus de marchés et d’être présente
dans toutes les juridictions où sont
distribués des fonds de type UCIT.
Son puissant outil d’analyse, qui lui
permet de traiter des données quan-
titatives, compte parmi ses princi-
paux atouts. En effet, les utilisateurs
peuvent analyser les performances
passées d’un fonds afin d’évaluer si
Nouvelle référence en matière
de traitement et de publication
de données et de documents
de fonds d’investissement
n Neil Carnegie, CEO, administrateur et associé fondateur de Carnegie Fund Services SA
Développée par le représentant suisse de fonds étrangers Carnegie Fund Ser-
vices SA, basé à Genève, au travers de sa filiale fund-services.com SA, la nou-
velle plateforme Fundeye (www.fundeye.com) offre désormais aux investis-
seurs un service d’informations complet. En effet, elle permet non seulement
de publier des données et des documents, mais aussi de les diffuser de manière
automatique et directe à une liste de destinataires préétablie.
Fundeye a été spécifiquement
conçue dans le but de satisfaire
les besoins complexes en matière
d’information des investisseurs
professionnels, notamment ceux
des gestionnaires chargés de la
sélection des fonds et des respon-
sables de l’allocation d’actifs. Gra-
tuite, elle est organisée de manière
à considérablement simplifier la
procédure de due diligence : toutes
les informations essentielles se
trouvent au même endroit, ce qui
libère les professionnels de la tâche
fastidieuse consistant à rechercher
tous les composants de données et
de documents statiques et dyna-
miques dans différentes sources.
Plateforme de publi-
cation et diffusion de
documents et données
Grâce à sa facilité d’utilisation et à
la publication de données, de gra-
phiques et de documents complets,
Fundeye convient parfaitement
aux investisseurs privés également,
qui peuvent obtenir des informa-
tions à jour et précises par le biais
d’une interface claire et intuitive.
Fundeye offre la possibilité de télé-
charger des documents actuels et
anciens, répondant ainsi au besoin
des investisseurs professionnels
d’étayer leur processus de sélection
des fonds. De plus, grâce à son outil
intégré de diffusion automatique de
documents, les investisseurs et les
gestionnaires, chargés de la sélection
des fonds peuvent, sur demande, être
tenus au courant des nouvelles infor-
mations publiées. Ils ne sont donc plus
obligés de consulter régulièrement
une myriade de sites Internet afin de
tenter de deviner quels changements
ont subis les fonds qui les intéressent.
L’interface intuitive de Fundeye per-
met aussi aux investisseurs non pro-
fessionnels d’accéder facilement et
rapidement à des informations de
même qualité que celles destinées aux
investisseurs institutionnels, mais dans
un environnement conçu en fonction
de leurs particularités.
Fundeye se démarque non seule-
ment par ses services de publica-
tion et de diffusion automatique
à la pointe de la technologie, mais
aussi par la possibilité, pour les
gestionnaires de fonds, de publier
du matériel de marketing numé-
rique, que ce soit sous la forme de
présentations, de brochures ou de
coordonnées régionales. Elle leur
permet ainsi de publier et de diffu-
ser des documents et des données,
ainsi que d’adapter ces publica-
tions et diffusions en fonction du
type d’investisseurs, et ce à l’atten-
tion des investisseurs profession-
nels, institutionnels et privés, soit
l’ensemble de la communauté des
investisseurs. De cette manière, les
gestionnaires de fonds peuvent
toucher le bon public au bon
moment et au prix adéquat, tout
en gagnant du temps et en éco-
nomisant des ressources. En outre,
le système leur permet de savoir
quels documents diffusés ont été
ouverts et à quel moment et donc
de faire le suivi des envois automa-
tiques adressés à leur public cible.
Hautement automa-
tisée, multilingue et
internationale
Fundeye est une plateforme haute-
ment automatisée grâce à laquelle
les gestionnaires de fonds peuvent
Neil Carnegie, CEO, administra-
teur et associé fondateur de Car-
negie Fund Services SA, bénéficie
d’une vaste expérience interna-
tionale dans le domaine bancaire,
l’industrie des fonds, les valeurs
mobilières et les instruments déri-
vés. Avant de rejoindre la Banque
Cantonale de Genève (BCGE), il a
travaillé pour Merrill Lynch, Bear
Stearns, la Banque Gutzwiller,
Kurz et Bungener SA en Suisse et
a ainsi acquis son expérience dans
les domaines du courtage, du tra-
ding et des banques d’investisse-
ment. Diplômé du Swiss Finance
Institute de l’Université de Zurich,
il a commencé sa carrière dans l’in-
dustrie des fonds en 1992 en tant
que membre du comité d’investis-
sement de Swisscanto Funds.
16. 16 Numéro 74 – Automne 2018 –
ASPECTS éCONOMIQUES ET FINANCIERS
d’euros en Turquie, soit 36,2%
de l’exposition du système ban-
caire international dans ce pays,
d’après les données fournies par
la Banque des Règlements inter-
nationaux (BRI), siégeant à Bâle.
On restera ainsi à l’écart de l’Es-
pagne, avec un nouveau point
de situation en décembre. Autre
indicateur relevant, c’est le cours
du métal jaune. Il est resté faible.
Ce qui laisse croire que personne
n’anticipe, aujourd’hui, une crise
majeure. Pour sa part, Exane du
groupe BNP Paribas précise que
les sociétés aurifères sont les
victimes collatérales de la crise
turque. Avec les explications sui-
vantes en ce qui concerne l’or :
« La crise turque a accéléré la
baisse des devises émergentes et
les rapatriements de capitaux vers
les actifs étatsuniens. On observe
ainsi que la Turquie, comme la
Russie, ont beaucoup augmenté
leurs réserves en or depuis deux
ans, sans doute pour se préparer
pour une situation de crise. »
Les valeurs techno-
logiques toujours en
verve
Dans cette constellation, les
valeurs qui se comportent encore
le mieux sur les marchés sont les
entreprises technologiques. On
notera la capitalisation stratos-
phérique atteinte par la firme
Amazon – commerce en ligne,
entre autres – 1000 milliards de
dollars ! Il est bon alors de rap-
peler que l’année 2007 avait
elle aussi été un exercice faste
pour les valeurs technologiques,
précédant la plus grande crise
boursière mondiale depuis 1929.
Déclenchée, il est vrai, par la
débâcle des subprimes et des
banques. Nous conservons un
biais neutre.
Chronique financière
Une stabilité apparente
mais un regain de tensions
géopolitiques en Europe
n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Est-ce parce que nous approchons
le terme d’un cycle économique
que nos chefs d’Etat tergiversent
entre guerre commerciale et
menaces à peine voilées par le
biais de Twitter ? Chacun cher-
chant à acquérir un gain d’enri-
chissement pour la nation qu’il
dirige au détriment de l’autre.
Pourtant, l’époque voudrait que
ces mêmes dirigeants se mobi-
lisent au profit d’une vision
commune incluant le plus grand
nombre. Qu’ils entreprennent le
changement de paradigme néces-
saire. Celui que les générations
futures nous féliciteront. Hors
rien de tel. C’est encore le court
terme et l’électoralisme qui l’em-
portent sur le sens de la grandeur.
L’Asie stabilisée
Sur le plan géopolitique, les ten-
sions entre l’Iran et l’entourage
de Donald Trump se sont momen-
tanément apaisées. Permettant
ainsi une stabilisation du prix du
pétrole. C’est positif pour la maî-
trise de l’inflation et pour conte-
nir le renchérissement des prix.
Autant d’agrégats favorables à la
bonne santé des entreprises. Par
ailleurs, la crispation avec la Corée
du Nord et en mer de Chine ne
semble plus être au menu… du
moins, jusqu’à la prochaine crise.
Foyer de crise latent en
Europe
Etonnant que cela puisse être,
c’est à nos portes que se des-
sinent les contours d’un potentiel
foyer infraguerrier. C’est celui de
l’autonomie catalane. En début
d’année, la banque Vontobel
évoquait une situation surréa-
liste. L’établissement zurichois a
vu juste. Quand les indépendan-
tistes se mobilisent ils arrivent au
nombre de deux millions d’indivi-
dus, pour une population de 7,5
millions d’habitants. Ce n’est de
la loin pas la majorité des Cata-
lans qui poussent à la sécession
d’avec l’Espagne. Mais ils sont,
aujourd’hui, suffisamment nom-
breux pour bloquer cette région
jadis prospère sur plusieurs plans.
Un exemple en est l’insécurité
qui s’est répandue au sein des
échanges entre citoyens avec une
police autonome – los Mossos
d’Esquadra – comparable à une
police cantonale, en Suisse, forte
de 17’000 membres mais qui pré-
sente la même scission au sein de
ses rangs. Bonjour l’ambiance de
travail pour ces acteurs des forces
de l’ordre. Et pour le Catalan de
jamais savoir à quelle sensibilité il
s’expose quand il appelle la police.
Pour couronner le tout, sont
apparus les Comité de défense
de la République (CDR). Ce sont
des milices d’indépendantistes
qui intimident les habitants n’ad-
hérant pas au projet de sédition.
Bref, à part calmer le jeu au sein
de cette population qui est divi-
sée comme elle ne l’avait plus été,
avant la guerre civile espagnole, il
reste à prier. D’aucuns appellent
de leurs vœux à reprendre la main
sur les deux piliers qui ont permis
la montée en puissance de l’indé-
pendantisme. A savoir l’éducation
et la sécurité.
Mauvaise augure ou non ?
Comme si une incertitude ne
pouvait arriver seule, toujours
en Espagne, les banques sont
passablement exposées à la
crise turque. Comme nous l’ap-
prend Nicolas Klein, spécialiste
de renom de la chose espagnole :
« C’est le système le plus concerné
au monde par la dégringolade de
l’économie turque avec des actifs
de plus de septante milliards
Point de départ
par Anton W. Sussland
S’il est bien un
sujet qui suscite
des débats pas-
sionnés, c’est
bien celui des
retraites ! Si les
retraites et leur
mode de finan-
cement font autant jaillir les
émotions, c’est que ce sujet
est au croisement de l’écono-
mie froide et mathématique
d’une part, et de nos valeurs
sociales d’autre part. Comment
réconcilier les chiffres et un
idéal de société qui cherche à
protéger nos ainés ? Et ce n’est
pas tout. Les taux de nata-
lité sont en baisse et on voit
un éclatement de la structure
familiale classique : les enfants
sont de moins en moins enclins
(ou n’ont pas les moyens) à
subvenir aux besoins de leurs
parents dont l’espérance de vie
ne cesse – heureusement - de
croître. En Suisse, il faut se rap-
peler que lorsque la loi fédé-
rale sur l’assurance vieillesse et
survivants (AVS) a été approu-
vée en votation populaire le 6
juillet 1947, l’espérance de vie
des hommes était de 66 ans
avec un âge de la retraite fixé
à 65 ans ! Statistiquement, un
retraité suisse ne touchait sa
rente qu’une année ! Reconnu
par tous, le système actuel de
financement des retraites n’est
pas tenable, mais le courage
politique manque pour les
réformes. Jouer la montre ne
fait qu’aggraver la situation…
La rendre de plus en plus ins-
table… Au premier plan des
victimes, on trouve les per-
sonnes actives de la tranche
des 50 à 60 ans. En effet, en
cas de changement (inévitable)
du système de financement
des retraites, cette tranche de
la population ne bénéficiera
pas des périodes de transition
(en douceur ?) dont bénéficie-
ront probablement leurs ainés,
plus proches de la retraite. Et
contrairement aux générations
plus jeunes, nos jeunes quin-
quagénaires n’auront pas le
luxe de pouvoir compter sur
de nombreuses années de tra-
vail pour pouvoir mettre plus
d’épargne de côté… Ils devront
prendre en main la planifica-
tion de leur retraite !
17. Numéro 74 – Automne 2018 – 17
Tribune libre
Fin de la garantie minimale :
une aubaine pour les entrepreneurs et les cadres
En octobre dernier, le Conseil fédéral supprimait la garantie minimale pour les assurés
dans les caisses de pension couvrant les revenus dépassant les 126'900 francs et pro-
posant plusieurs stratégies de placement (cf. modification art. 17 LFLP). En effet, lors de son départ,
l'assuré perçoit son avoir de prévoyance augmenté des rendements réalisés, liés au choix de ses inves-
tissements, tout en assumant désormais seul les éventuelles pertes.
Cette décision forte était nécessaire, comme le confirme l'attrait croissant pour les plans 1e. Le gouverne-
ment a ainsi répondu au besoin de flexibilité du 2e
pilier, en permettant aux assurés de gérer leurs avoirs de
prévoyance de manière individuelle, selon leurs propres besoins et en toute transparence, dans un esprit
d’entrepreneur. De surcroît, cette mesure est bonne pour les employeurs, puisqu'elle réduit considérable-
ment les engagements financiers de ceux qui sont soumis aux normes comptables internationales (IAS19).
Pour nuancer, regrettons tout de même que, sous couvert de respect de la collectivité, les nouvelles
dispositions limitent à dix le nombre de stratégies de placement autorisées.
Plus que tout, cette modification légale a ouvert la voie à un important changement de paradigme :
l'exécutif de notre pays a enfin admis que les fonds déposés auprès des institutions de prévoyance
sont la propriété des clients à part entière ! Malgré une certaine timidité, les autorités affirment que le
renforcement du système des trois piliers, qui croule sous le poids démographique, ne peut se passer
de liberté et de responsabilité individuelle. Espérons que la tendance se poursuivra. Par exemple, en
élargissant la flexibilité à l'ensemble de la prévoyance surobligatoire (dès 84'600 francs) ?
Libres propos
par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne
Note d’humeur
par Maurice Baudet
Fake News
La mode est aux
« fake news ». Ce
terme est devenu
l’invective favorite
de Donald Trump,
lequel en aurait
lui-même, selon le
Washington Post,
distillé une moyenne de huit par
jour depuis son investiture. Cette
nouvelle arme politique et écono-
mique ne manque pas d’efficacité :
elle a pour elle l’effet d’annonce.
A l’instar de la calomnie, même
lorsque le ballon se dégonfle, il en
reste toujours quelque chose.
Dans ce domaine, la palme de
l’été revient sans doute en Suisse
au pesant pavé dans la mare
jeté par l’Union Syndicale Suisse,
dont le président, Monsieur Paul
Rechsteiner, annonçait bruyam-
ment début août qu’il claquait
la porte des négociations sur
l’accord-cadre avec l’UE, la ligne
rouge des mesures d’accompa-
gnement de la libre circulation
des personnes ayant été franchie.
L’infortuné Johann Schneider-
Amman devait interrompre ses
vacances, dont il semblait pour-
tant avoir tant besoin, pour cla-
mer son indignation et tenter de
calmer le jeu.
Quelques jours plus tard, l’on
apprenait qu’en fait le sieur
Rechsteiner s’était livré à une sor-
tie certes spectaculaire, mais suivie
par un retour très discret dans le
bureau du Conseiller fédéral en
passant par la porte arrière, et que
les discussions se poursuivaient.
Quelle mouche a donc piqué
l’USS ? Les motivations de cette
manœuvre sont sans aucun doute
de plusieurs ordres. La première
cible était sans doute sa bête
noire attitrée, le trop libéral Igna-
zio Cassis. Puis vint une seconde
explication. Toujours heureux de
se répandre dans les médias, le
Conseiller d’Etat vaudois Pierre-
Yves Maillard s’était précipité
pour applaudir avec fracas le refus
de Paul Rechsteiner. Puis il annon-
çait peu après sa candidature à la
tête de l’USS où, tenant de la ligne
dure, il joue le rôle de favori.
Et c’est ainsi que l’USS, dont les
effectifs enregistrent une baisse
inquiétante, a brillamment con
quis son rôle de vedette du feuil-
leton de l’été.