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La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance
No
74 – Automne 2018 – CHF 12.– / E 12.–
w w w.pointdemire.ch
Revue fondée en 1995, 23e
année	 ISSN 1662-6826
Prévoyance professionnelle
et marché immobilier
De nouveaux défis en perspective !
		1
Portrait
Alexandre Michellod, CAIA
Président du Conseil
lemania-pension hub / fondation lemania de libre passage (fllp)
Genève
« lemania-pension hub,
­plate­forme de prévoyance, doit
devenir le point d’entrée de
référence pour les conseillers
patrimoniaux et les courtiers
en assurance »
(➥ suite en page 4)
©KarineBauzin
Point de situation et
solutions
L’évolution démographique et
sociétale impose des réformes
structurelles, notamment en
liaison avec le financement
des prestations découlant de
la prévoyance vieillesse. Toute-
fois, confrontées depuis plus de
vingt ans à l’opposition au sein
du processus politique et à la
contestation systématique d’une
majorité de la population, les
récentes tentatives de révision
du système des trois piliers n’ont
jamais pu aboutir. C’est dans un
tel contexte d’incertitude que la
prévoyance vieillesse est devenue
aujourd’hui l’une des préoccupa-
tions majeures de la population.
La mise en place de la structure
de base du lemania – pension
hub, annoncée en mai dernier, a
d’ailleurs trouvé ses fondements,
selon ses initiateurs, dans la phase
qui a suivi l’échec en votation
populaire l’an dernier du projet
de réforme Prévoyance 2020, ainsi
qu’en raison d’un cycle conjonctu-
rel favorable à la capitalisation de
l’épargne, facteur principal de l’ac-
croissement des capitaux accumu-
lés dans le circuit de la prévoyance
professionnelle et individuelle. La
plateforme lemania – pension
hub souhaite ainsi pouvoir ame-
ner des solutions concrètes au
niveau du 2e
et du 3e
pilier par une
gamme de prestations novatrices.
Elle devrait surtout permettre aux
acteurs spécialisés qui recourront
à ses services d’obtenir des réduc-
tions de coûts et dès lors des meil-
leurs rendements d’échelle en
faveur de leurs clients (approche
«B2B2C»).
Pour en savoir plus, nous avons
rencontré à Genève Alexandre
Michellod, initiateur et fondateur
de lemania - pension hub. Pour
les lecteurs de Point de Mire, il
a bien voulu nous dévoiler les
détails de ce nouveau concept.
Alexandre Michellod
Le 24 septembre 2018, le lancement de la marque lemania - pension hub a été officiellement annoncé, permettant
à la première plateforme romande de prévoyance dédiée aux entrepreneurs de la finance (courtiers, GFI et Wealth
Managers) de franchir une nouvelle étape suite à l’annonce de sa constitution au printemps dernier. Cette approche
novatrice a été initiée par le rapprochement de trois fondations actives dans la prévoyance professionnelle et indi-
viduelle (la fondation lemania de libre passage – fllp, la Fondation pour Cadres et Dirigeants d’Entreprises et la
Fondationromandeenfaveurdelaprévoyanceindividuelle3a–frpi).Avecl’arrivéedanslehubcetétédel’Associa-
tion Romande de Médecins – AROMED et en septembre du Groupe Mutuel, la plateforme lemania - pension hub
se renforce et passe un cap important, avec pour objectif stratégique de devenir le point d’entrée de référence pour
l’ensemble des intermédiaires financiers actifs dans le conseil lié à la prévoyance professionnelle ou individuelle.
sequoia.ch
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Numéro 74 – Automne 2018 – 	 3
Sommaire éditorial
« Tout le monde voudrait vivre longtemps,
mais personne ne veut devenir vieux. »
Jonathan Swift, écrivain irlandais au XVIIIe
siècle
La retraite, aujourd’hui, non seulement se prépare
elle s’encadre aussi. Dans un pays vieillissant comme le
nôtre, ce que l’on appelle la Silver économie - la clien-
tèle du troisième et du quatrième âge - constitue un
potentiel d’affaires important. Premièrement, ce sont
nos aînés qui ont eu le temps d’accumuler, d’épar-
gner, d’hériter, de vendre leur entreprise et de pous-
ser les enfants hors du nid. Deuxièmement, ce sont
eux également qui ont le plus fort pouvoir d’achat. Beaucoup l’ont très
bien compris. Des agences de voyages aux autres fournisseurs de loisirs
en passant par les assurances des efforts considérables sont dépensés en
marketing pour attirer cette population courtisée.
En matière de conseil financier global, nos aînés ont un grand besoin de
services et de conseils. Je dis bien de services et moins de produits. Parce
que, contrairement aux plus jeunes, ils ont compris eux que la vie est
essentiellement composée de temps et qu’avec l’âge c’est la denrée de
plus en plus rare. À la quantité, notre clientèle senior préfère la qualité.
La valeur du service ou du conseil rendu prime alors sur l’aspect stricte-
ment pécuniaire. Aux côtés du médecin de famille, le gérant de fortune
indépendant (GFI) est aussi un confident. Et c’est un offreur de solutions.
Dans tous les cas, il est celui ou celle qui œuvre au maintien et à la
transmission du patrimoine. Aussi, il est fréquent que le mandat d’exé-
cuteur testamentaire soit confié au GFI. Ce dernier mandat est fixé dans
le cadre d'un testament. Seul le client, de son vivant, peut prendre une
telle disposition. Personne d'autre ne peut le faire à sa place.
Un mandat d'exécuteur testamentaire se justifie lors d'un patrimoine/héri-
tage complexe. Une mésentente palpable ou des héritiers dits compliqués.
La relation de confiance entre le GFI et son client prend alors tout son sens.
Soit la relation est encadrée par un mandat de gestion de fortune ou de
conseils et on pourra admette que quelques services annexes soient com-
pris dans la marge. Soit une tarification horaires ou, à l’instar du médecin
de famille, à la prestation sera appliquée. Concernant plus spécifiquement
le coût du mandat d’exécuteur testamentaire, les notaires de la place ont
bien tenté, par le passé, d’élaborer une échelle de prix. Monsieur Prix s’y
était opposé. À tort ou à raison, dénonçant une forme d’entente.
Le mandat est suspendu tant que le de cujus - le client - est vivant. C'est
une mission de très grande confiance. Il est illusoire de penser que les
grandes structures bancaires, une fois de plus, avec leur turnover de
personnel élevé, puissent répondre à un tel niveau d'intimité et de
connaissance de la famille du client.
La demande de lits dans les EMS croît plus lentement que le nombre de
personnes âgées selon l’Office fédéral de la statistique.
Mais la courbe s’inverse parce les personnes âgées sont toujours plus nom-
breuses à finir leur vie chez elles. Alors il faut davantage de logements
adaptés au troisième âge. Ces résidences doivent être assez attrayantes
pour que les personnes concernées puissent envisager d’y vivre bien
avant que la question de la dépendance se pose. Tel est le constat en
Suisse partagé par les principaux décideurs et acteurs politiques. De l’ère
« tout EMS » - qui par moment ressemblait plus à une fuite en avant et à
une bonne affaire commerciale - on est en train de se réorienter vers le
maintien des seniors à domicile. Pour autant, la Suisse ne serait pas pion-
nière dans le domaine. Les Pays-Bas sont plus avancés. On y a décidé qu’il
n’y aurait plus de EMS. Le coût du maintien des personnes à domicile est
bien moindre pour l’ensemble de la collectivité que la formule EMS, selon
leurs statistiques. C’est un changement de paradigme qui valorise égale-
ment le gérant financier indépendant. Qui de mieux placé a la vue d’en-
semble sur la chose patrimoniale ? Qui est en mesure d’entreprendre une
démarche auprès de la caisse de compensation, de remplir un formulaire
en vue de l’obtention d’une rente d'impotent, de revoir le portefeuille
d’assurances, de prendre rendez-vous avec l’opérateur téléphonique
pour l’installation de la fibre optique, de comparer les frais bancaires et
d’obtenir l’optimum pour le client. C’est le GFI.
François Meylan,
Rédacteur associé Point de Mire
Editeur : Association Point de Mire Edition, Genève | Administration,
abonnements et gestion des annonces : Point de Mire – 9, rue de Candolle,
CP 5340 – 1211 Genève 11, Tél. 022 550 2945, E-mail : info@pointdemire.ch –
www.pointdemire.ch | Directeur de la publication : Jean-Pierre Michellod |
Rédacteur en chef : Daniel Stanislaus Martel | Rédacteur associé : Maurice
Baudet | Ont également participé à la rédaction de ce numéro : Norberto
Birchler, Neil Carnegie, Albert Gallegos, François Meylan, Antonio Rosati,
Anton W. Sussland, Pasquale Zarra | Crédit photos : Maurice Baudet, Karine
Bauzin, Jean-Pierre Michellod, PayrollPlus AG, Loris von Siebenthal et divers
contributeurs / Copyright 2018 | Composition, mise en page et impression :
APPI Sàrl (Denise Gaillard) - Riant-Coteau 11 – CH-1196 Gland - Tél. 022 995 0252
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4-5 numéros par an | Diffusion spéciale à l’étranger : une version électronique
est diffusée par la Fédération Européenne des Conseils et Intermédiaires
Financiers (FECIF à Bruxelles) à ses membres francophones dans l’Union
européenne. | Prix de l’abonnement (Suisse) : 1 an CHF 45.– / 2 ans CHF 80.–
/ Abonnement de soutien CHF 250.– / Prix au numéro CHF 12.– / E 12.– | © Point
de Mire 2018
Tous les droits sont réservés. Toute réimpression, copie de texte ou d’annonce,
ainsi que toute utilisation sur des supports optiques ou électroniques, sont
soumis à l’approbation préalable de la rédaction.
Portrait	Pages
•	 Alexandre Michellod, CAIA, Président du Conseil, lemania-pension hub /
fondation lemania de libre passage (fllp), Genève
« lemania-pension hub, ­plate­forme de prévoyance, doit devenir
le point d’entrée de référence pour les conseillers patrimoniaux
et les courtiers en assurance »	 1, 4, 5 et 6
•	 Questions à Monsieur Patrick Féral, Président d’AROMED,
Association romande de médecins	 7
•	 Questions à Madame Marlène Rast, directrice des institutions
de prévoyance du Groupe Mutuel	 7
Éditorial
•	 « Tout le monde voudrait vivre longtemps,
mais personne ne veut devenir vieux. » 	 3
Ressources humaines – nouveaux concepts
•	 Avoir un employeur « virtuel », un grand avantage pour l’indépen-
dant ou le consultant en quête de stabilité professionnelle	 9
Retraites & Prévoyance
•	 La prévoyance et les baby-boomers	 10 et 11
•	 Quelle prévoyance pour demain en Suisse ?	 12
Association romande des intermédiaires financiers –
20 ans d’histoire
•	 1999 - 2019 : Bientôt 20 ans, et après !	 13
Ingénierie immobilière et fonds de placement
•	 Valres, un fonds de placement aux valeurs responsables	 14
Fintech & solutions financières nouvelles
•	 Nouvelle référence en matière de traitement et de publication
de données et de documents de fonds d’investissement	 15
Aspects économiques et financiers
•	 Chronique financière : Une stabilité apparente
mais un regain de tensions géopolitiques en Europe	 16
•	 Point de départ	16
Tribune libre
•	 Libres propos : Fin de la garantie minimale :
une aubaine pour les entrepreneurs et les cadres 	 17
•	 Note d’humeur : Fake News	 17
Forum
•	 Evénements en perspective :
- Deux journées spéciales pour les professionnels RH	 18
	- Focus Conférence : lemania-pension hub 	 18
•	 Echos des affaires et de l’économie	 19
•	 Point d'arrivée	19
4	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
Portrait	 (➥ suite de la page 1) lemania-pension hub, Genève
voyance professionnelle, les assu-
rés du 2e
pilier réussissant à ache-
ver un tel cycle en entreprise se
font aujourd’hui bien rares. Cer-
tains en viennent même parfois
à considérer le franchissement de
la limite des 58 ans, souvent asso-
cié à une retraite anticipée régle-
mentaire, comme un accomplis-
sement dans un contexte où le
financement des bonifications
d’épargne des 55 ans et plus
devient pour l’employeur une
source de dépenses toujours plus
difficile à optimiser. Observant
ce phénomène, beaucoup de
jeunes ne souhaitent plus jurer
loyauté à une entreprise préfé-
rant privilégier une vie profes-
sionnelle épanouie, marquée
par des expériences et parfois
de longs séjours à l’étranger ou
du temps partiel sans se soucier
de l’impact de ces facteurs sur
la constitution de leur épargne
de prévoyance professionnelle,
et de la « problématique des 44
années complètes » nécessaires
pour obtenir des prestations à
100% de l’AVS. La transition vers
une économie 4.0 foncièrement
« uberisée » renforce encore plus
cette tendance.
PdM : Vous avez pris l’initiative
de créer un hub romand de la
prévoyance alors même que l’on
assiste, depuis des années, à
une diminution du nombre des
institutions de prévoyance tout
en observant une croissance du
nombre des assurés. N’est-ce pas
paradoxal ? Et quelles sont les rai-
sons de ce phénomène ?
A.M. : Il n’y a là, au contraire,
aucun paradoxe. La plateforme
lemania-pension hub accom-
pagne justement cette tendance
à la concentration des caisses
de pensions. Le nombre d’insti-
tutions certes diminue, mais ce
sont surtout les institutions de
prévoyance propres à un seul
employeur qui disparaissent
(une centaine par année) alors
que les structures collectives
sont toujours en augmentation
avec en arrière-fond une hausse
continue du nombre d’assurés
affiliés dans le système qui frôle
les 4 millions de personnes. Les
fondations membres du hub
lemania sont dans leur totalité
des structures collectives (FCDE,
AROMED1
, Mutuel Prévoyance2
)
à l’exception de la fondation
lemania (fllp) spécifique au
libre passage et de la fondation
romande en faveur de la pré-
voyance individuelle (frpi). L’ob-
jectif principal de ce nouveau
hub est justement de pouvoir
amener des solutions à ces mil-
lions de personnes qui, dans leur
grande majorité, se posent des
questions quant à l’évolution à
terme de leur épargne de pré-
voyance. Leurs préoccupations
sont ramenées au niveau du hub
par leurs conseillers (courtiers,
GFI et Wealth Managers) que
nous souhaitons pouvoir accom-
pagner dans leur travail de
conseiller patrimonial. En Suisse,
ce travail se fait principalement
par l’optimisation des structures
de prévoyance. La plateforme
lemania-pension hub doit deve-
nir le point d’entrée de réfé-
rence pour les intermédiaires
financiers actifs dans le conseil
patrimonial.
PdM : Le « lemania-pension hub »
vise donc les fonds de prévoyance
placés sous une direction com-
mune. Pourriez-vous nous en
expliquer l’idée de base et les
avantages que ce concept nova-
teur offre, notamment dans le
contexte actuel ?
Ecoutons-le !
Point de Mire : Comme le pro-
clament bien fort les médias,
« la prévoyance vieillesse est
aujourd’hui la préoccupation
majeure des Suisses ». Pourquoi
en est-il ainsi ?
Alexandre Michellod : Dans un
contexte de configurations de
vie qui changent, d’un monde du
travail qui évolue et d’un cycle
conjoncturel tout à fait particu-
lier (faiblesse des rendements
en francs suisses), le système
de prévoyance vieillesse doit
désormais faire face à des défis
considérables, non seulement
liés à l’évolution nécessaire de
ses paramètres dits techniques
(comme la baisse du taux de
conversion ou le calcul du taux
technique), mais également au
financement de ses prestations
par le système de répartition
pour le 1er
pilier et de capitalisa-
tion pour le 2e
pilier. Selon moi,
le peuple suisse ne souhaite clai-
rement pas remettre en cause
le système de financement par
la capitalisation. Raison pour
laquelle c’est désormais du côté
du 1er
pilier et de son système de
financement basé sur la réparti-
tion que s’orientent les priorités
du politique. Le récent refus par
le peuple du projet Prévoyance
2020 a probablement provoqué
une prise de conscience auprès
des Suisses de l’ampleur des défis
que notre système dit « des 3
piliers » va devoir relever afin de
pérenniser le fonctionnement
de son financement basé à la fois
sur la répartition et la capitali-
sation. Malgré la relative com-
plexité de la matière, cette thé-
matique préoccupe aujourd’hui
non seulement les rentiers du
système, mais surtout les actifs
au niveau de la prévoyance pro-
fessionnelle qui, je le rappelle,
représentent selon les récentes
statistiques, quelque 4 millions
de personnes, plaçant ainsi logi-
quement et mathématiquement
la prévoyance vieillesse comme
l'une des principales préoccupa-
tions des Suisses!
PdM : Notre système de pré-
voyance, basé sur trois piliers,
est considéré souvent comme un
modèle pour de nombreux pays
et pourtant celui-ci doit faire face
aujourd’hui à de grands défis.
Quels sont-ils et quelles en sont
les limites ? Quid notamment de
la position du tiers cotisant ?
A.M. : Les limites sont clairement
liées au système de financement
propre à chacun des éléments
constituant notre système basé
sur trois piliers. Alors que la pré-
voyance étatique du 1er
pilier
repose sur un système de répar-
tition qui va atteindre clairement
ses limites à moyen terme, la
prévoyance professionnelle du
2e
pilier, quant à elle, connaît
une contribution du cotisant
dit tiers (les marchés financiers)
relativement stable. Il apparaît
ainsi comme une évidence que
les causes du récent échec de la
réforme globale de notre sys-
tème de prévoyance vieillesse
(i. e Prévoyance 2020) résulte
d’avoir voulu lier le destin de ces
deux systèmes de financement
de prestations vieillesse dans un
projet de réforme globale à la
fois du 1er
et du 2e
pilier. Pour
répondre clairement à la ques-
tion, le 1er
pilier atteint déjà
aujourd’hui ses limites alors que
le 2e
pilier basé sur la capitalisa-
tion de l’épargne portant sur un
cycle de 40 ans est, à mes yeux,
le seul système de financement
adapté à la prévoyance profes-
sionnelle. Le tiers cotisant appor-
tera toujours une contribution
plus qu’effective au système aux
côtés des cotisations provenant
de la part paritaire employé et
employeur.
PdM : Toutes les tentatives de
réforme par le processus poli-
tique ont jusqu’ici échoué. Com-
ment en sommes-nous arrivés là ?
Un autre défi est celui de l’évolu-
tion démographique et la durée
de vie toujours plus élevée. La
transition vers l’économie 4.0 et
les technologies nouvelles qui
provoquent des bouleversements
dans les cursus professionnels,
est une autre grande contrainte.
Que pouvez-vous en dire vu sous
l’angle de la prévoyance ?
A.M. : Sans vouloir refaire l’his-
torique du débat du projet de
réforme Prévoyance 2020, je
crois simplement, qu’au-delà
des considérations démogra-
phiques, la société dans laquelle
nous vivons a surtout évolué
sur le plan professionnel. La LPP
(Loi fédérale sur la prévoyance
professionnelle vieillesse, survi-
vants et invalidité) est basée sur
un cycle d’épargne de 40 ans qui
débute pour l’assuré à l’âge de
25 ans et qui doit s’achever en
théorie 40 ans plus tard à 65 ans.
Considérés sous l’angle de la pré-
2935
2770
2669
2543
2435
2351
2265
2191
2073
1957
1886
1782
1713
1465
1312
1239
1140
1067 1023
956
892
821
754
686 643
605
3,153,479
3,849,654
0
500,000
1,000,000
1,500,000
2,000,000
2,500,000
3,000,000
3,500,000
4,000,000
4,500,000
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Total des insƟtuƟons de prévoyance IP d'un seul employeur Nombre d'assurés affiliés à ces insƟtuƟons de prévoyance
Évolution de la prévoyance professionnelle
Renforcement des fondations collectives & importance
de la prévoyance individuelle
Source : lemania-pension hub©
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 5
par l’intermédiaire de la fonda-
tion Lemania (fllp) dont je pré-
side le Conseil. Le board a été
ouvert aux représentants du hub
et intègre des partenaires indé-
pendants comme Me Alexandre
de Boccard ou l’expert en com-
munication Laurent Pittet. En
outre, un Steering Committee
composé de représentants issus
des entreprises du hub s’occupe
au quotidien de la coordination
et des aspects opérationnels
entre les fondations et les ges-
tionnaires de fortunes (Gonet
& Cie SA, Groupe Mirabaud,
PLEION).
PdM : Le « lemania-pension hub »
vise les entrepreneurs de la
finance, dans ce contexte vous
englobez aussi bien les gérants
de fortune indépendants (GFI)
que les Wealth Managers et les
courtiers en assurance. Quels
sont les critères que vous retenez
pour les accepter ?
A.M. : La plateforme lemania vise
les entrepreneurs de la finance,
mais effectivement surtout
l’ensemble des intermédiaires
financiers comme le sont non
seulement les courtiers en assu-
rance-vie, mais également les GFI/
Wealth Managers qui ne sont pas
au bénéfice d’une licence ban-
caire/FINMA ou de l’agrément de
la CHS PP (Commission de haute
surveillance de la prévoyance
professionnelle). Sous cet angle,
les courtiers en assurance sont
proches de la prévoyance, mais
éloignés de la gestion de fortune
alors que les courtiers financiers
(ou « consultants ») sont proches
de la gestion de fortune, mais éloi-
gnés de la prévoyance. En finalité,
courtiers et consultants sont bien
Portrait
A.M. : Dans le cadre du finance-
ment par la capitalisation, le libre
choix des placements est au cœur
de l’offre lemania. Il permet à
l’assuré de retrouver un rôle actif
dans la gestion de ses avoirs de
prévoyance. Ce dernier point est
un des avantages majeurs pour le
preneur de prévoyance. Les solu-
tions de prévoyance issues de la
plateforme lemania incitent en
effet leurs bénéficiaires à s’impli-
quer de manière dynamique dans
le suivi de leur épargne de pré-
voyance et non pas de manière
unique lorsqu’ils sont contraints
de le faire, par exemple lors de
la sortie d’une caisse de pen-
sions. Avec les solutions fournies
par les prestataires de la plate-
forme lemania, l’assuré a la pos-
sibilité de faire son choix à plu-
sieurs niveaux, en fonction de ses
objectifs et de ses contraintes qui
sont souvent relayés, au niveau
du hub, par les courtiers, GFI ou
Wealth Managers accrédités à la
plateforme.
PdM : Votre nouvelle structure se
concentre également sur la pré-
voyance surobligatoire 1e, dite
« Bel étage », proposée dans le
cadre de salaires assurés dépas-
sant le seuil des CHF 126'900.
Au travers du « lemania-pension
hub » et de par la législation
qui a récemment été modifiée,
vous visez donc la diminution
du risque des institutions et des
entreprises, tout en offrant une
marge décisionnelle accrue à
leurs clients finaux, qui forment
la masse des assurés ? Que pou-
vez-vous nous dire à ce sujet ?
A.M. : L’engouement que connaît
depuis peu les plans de pré-
voyance dits « 1e » est effec-
tivement lié à une évolution
réglementaire récente de la Loi
fédérale sur le libre passage dans
la prévoyance professionnelle
vieillesse, survivants et invalidité
(i. e article 19a LFLP). Si désormais
des solutions de « derisking 1e »
peuvent clairement être béné-
fiques pour certaines grandes
entreprises au niveau de leurs
engagements comptables liés à
la prévoyance professionnelle, je
suis certain aussi que les plans 1e
vont être également favorables à
certaines PME. Dans le contexte
du phénomène de consolidation
des institutions de prévoyance
décrit précédemment, des fon-
dations de prévoyance propres à
un seul employeur, qui existent
encore auprès de certaines PME,
vont avoir une opportunité de
pouvoir ainsi pérenniser le finan-
cement des engagements de
leur caisse de pensions par l’in-
termédiaire d’un dispositif de
prévoyance scindée (« splitée »)
réalisé par une affiliation à une
fondation collective active uni-
quement dans la prévoyance
surobligatoire au sens de l’article
1e de l’OPP2 (Ordonnance sur la
prévoyance professionnelle vieil-
lesse, survivants et invalidité).
Au sein du hub lemania, la Fon-
dation pour Cadres et Dirigeants
d’Entreprises (FCDE) est effecti-
vement active dans ce segment
1e : elle a pour but d’amener à
la fois une solution pour péren-
niser l’engagement financier lié
au fonds de pension d’une PME
et permettre simultanément
à ses assurés de bénéficier du
libre choix des placements pour
dynamiser la constitution de son
épargne de prévoyance. Une
forme de compromis social en
quelque sorte pour permettre
à une fondation propre à une
entreprise de pouvoir exister
encore sous l’angle économique.
PdM : La banque privée Gonet
& Cie SA a été la première, en
Suisse romande, à s’intéresser
au concept que vous entendiez
développer. Aujourd’hui, d’autres
institutions financières s’associent
à votre concept. Comment cette
évolution s’est-elle faite ?
A.M. : Je connaissais Nicolas Gonet
depuis quelques années déjà et
l’évidence d’exploiter ensemble
un momentum favorable pour
initier la mise en place de la
future plateforme lemania nous
est apparue très naturellement
en 2017, lorsque l’actualité liée
à la prévoyance professionnelle
était à son zénith. Entre le projet
Prévoyance 2020 et l’entrée en
vigueur du nouvel article 19a LFLP
cité précédemment, les sujets
de réflexions ne manquaient
pas. Il fallait alors simplement
« oser » aller jusqu’au bout de
nos envies. Le profil de banquier
entrepreneur que l’on reconnait
à Nicolas Gonet et mon envie
d’entreprendre durant ma 40e
année ont été les déclencheurs
pour exploiter alors ce fameux
momentum… Tout s’est ensuite
très vite enchaîné, la convergence
de points de vue avec les repré-
sentants du groupe Mirabaud, la
rencontre avec Patrick Héritier,
CEO de PLEION, l’onboarding de
l’Association romande de Méde-
cins basée à Gland et finalement
l’aboutissement très récent des
négociations avec le Groupe
Mutuel à Martigny. En moins
d’une année, l’ensemble de ces
acteurs ont démontré que les
Romands sont aussi capables de se
fédérer pour contribuer ensemble
à faire évoluer notre système de
prévoyance vieillesse. C’est là un
accomplissement majeur dont
nous pouvons au sein du hub
Lemania être fiers !
PdM : Vous réunissez donc des
entités individuelles. S’agit-il
en fait de clients de vos services
d’intermédiaire ou ces entités
sont-elles de réels partenaires ?
Élaborent-ils donc conjointement
avec vous les décisions ?
A.M. : Cette question est très
importante sous l’angle de la
gouvernance. lemania – pension
hub fonctionne avec des parte-
naires totalement associés au
processus décisionnel. La plate-
forme est actuellement pilotée
(➥ suite en page 6)
Source : lemania-pension hub©
Source : lemania-pension hub©
6	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
Portrait	 (➥ suite de la page 5) lemania-pension hub, Genève
est en marche et les carrières
en entreprises ne sont plus les
mêmes et sont surtout de plus
en plus rarement un long fleuve
tranquille. Les prestations de
sortie d’une caisse de pensions
en libre passage étaient autre-
fois marginales, elles sont main-
tenant devenues un phéno-
mène courant en entreprise, qui
impacte non seulement l’indi-
vidu dans son statut d’employé,
mais également le directeur des
ressources humaines qui gère la
sortie des collaborateurs sous
l’angle administratif et aussi de
la prévoyance professionnelle.
Il y a ici clairement un enjeu de
responsabilités individuelle et
collective, qui doit être maîtrisé
tant par l’employé que par son
employeur. La vice-présidente du
Conseil de la fondation lemania
de libre passage, Mme Roxane
Ecoffey, abordera cette théma-
tique le 3 octobre lors d’une
conférence au salon RH intitulée
« La capitalisation de l’épargne
de prévoyance, 40 ans de respon-
sabilité commune ».
PdM : Une question un peu éloi-
gnée du sujet, mais liée aux res-
sources humaines. Tout le monde
le sait, mais on feint de le décou-
vrir, que les actifs de « 50 ans et
plus » sont pénalisés par le coût
de la prévoyance à charge des
entreprises pour cette tranche
d’âge. Que pourrait-on faire
pour atténuer ce handicap ?
A.M. : À mon sens la problé-
matique pourrait être abordée
par un processus de cotisation
d’épargne démarrant non pas à
25 ans, mais à 18 ans déjà comme
pour les cotisations liées au
risque. Il conviendrait peut-être,
en parallèle à cette démarche,
d’uniformiser les bonifica-
tions d’épargne et d’abolir les
fameuses tranches de cotisations
« 7/10/15/18 » par tranches d’âge.
Il me paraît quelque peu para-
doxal au niveau politique de vou-
loir pousser l’augmentation de
l’âge de la retraite au-delà des
65 ans sans pour autant s’adap-
ter à la réalité du monde de l’en-
treprise où le franchissement de
l’âge de 58 ans est déjà consi-
déré, par certains, comme un
objectif ambitieux…
PdM : Enfin, à l’horizon des cinq
prochaines années, comment le
secteur de la prévoyance profes-
sionnelle surtout va-t-il évoluer ?
Peut-on simplement continuer
sur la tendance actuelle ou ima-
ginez-vous d’autres réformes à
mettre en œuvre ?
A.M. : Je crois fermement à un
système de prévoyance vieillesse
basé sur 3 piliers, même si nous
assistons depuis quelques années
à une dérive certaine entre les
régimes obligatoires (1er
pilier et
Alexandre Michellod est titulaire d’une licence en gestion d’entre-
prise de la section HEC de l’Université de Genève, de la certification
Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA) et porteur égale-
ment du brevet fédéral de spécialiste de la prévoyance en faveur du
personnel. Il a débuté son activité professionnelle en 2000 comme
économiste auprès de la société de gestion institutionnelle IAM,
à Genève. En 2002 il a rejoint, à Lausanne, le siège de la Banque
Cantonale Vaudoise avant d’intégrer, en 2005, Wegelin & Co. Ban-
quiers Privés dont il fut membre du Comité Exécutif pour la Suisse
romande. Au sein du groupe Edmond de Rothschild, pour lequel
il fut actif de janvier 2012 à octobre 2017, il a créé l’offre de pré-
voyance professionnelle pour le marché suisse et les stratégies OPP2
siam permettant une gestion sous contrainte OPP2 et fiscalement
efficiente de l’épargne de prévoyance. Il y dirigea dans ce contexte
les solutions collectives et individuelles proposées par la banque aux
particuliers et aux entreprises. Depuis le 1er
novembre 2017, il dirige
le département Wealth Solutions de la banque Gonet & Cie SA et
siège, comme représentant de l’employeur, au Conseil de fondation
de la caisse de pensions du groupe Gonet. Depuis mars 2018, il est
Président du Conseil de la fondation lemania de libre passage (fllp)
qui dirige les activités de la plateforme lemania-pension hub, et est
également Président du Conseil de la Fondation romande en faveur
de la prévoyance individuelle 3a (frpi).
des intermédiaires financiers. Avec
une approche B2B2C, l’ambition
de la plateforme lemania est de
pouvoir toucher en finalité d’une
part les assurés au sein du 2e
pilier
par l’intermédiaire des PME qui
les affilient à la prévoyance pro-
fessionnelle et d’autre part les
épargnants volontaires au sein du
3e
pilier via la prévoyance 3a. Les
intermédiaires financiers accrédi-
tés lemania - pension hub peuvent
être des intermédiaires courtiers
en assurance avec un numéro
FINMA ou des conseillers non-ges-
tionnaires de fortune appartenant
à une organisation d’autorégula-
tion (OAR) reconnue par la FINMA
ou être placés sous la FINMA dans
le cadre de la Loi fédérale sur le
blanchiment d’argent (LBA).
PdM : À moyen et plus long terme
comment le « lemania-pension
hub » devrait-il évoluer ? Quelle
est votre vision et plus spécifique-
ment les objectifs visés en matière
du volume géré, du nombre de
vos partenaires en prévoyance ?
Pour l’heure vous jouez la carte de
la Suisse romande et votre enraci-
nement sur ce marché ? Mais il est
relativement étroit, qu’en est-il
de la Suisse alémanique ?
A.M. : Nous revendiquons une
expertise romande pour une
ambition suisse. La plateforme
lemania – pension hub a claire-
ment l’ambition d’occuper une
place de choix au niveau natio-
nal. Dans le domaine des solu-
tions de prévoyance profession-
nelle et individuelle proposant
le libre choix de placement, la
volonté des 3 fondations actives
dans ce segment au niveau du
hub lemania est d’arriver, d’ici
2026, à passer le cap du milliard
de francs en supervision d’ac-
tifs. Pour y parvenir, nous allons
devoir effectivement franchir la
Sarine. La marque «lemania» se
prononce, semble-t-il, aussi faci-
lement dans les différents dia-
lectes de la Suisse alémanique…
PdM : Le « lemania-pension hub »
participera justement au Salon
RH 2018 à Genève. Quelles sont
les motivations qui vous ont
amené à y prendre part ? Il est un
fait qu’une approche cohérente
de la prévoyance fait partie d’une
gestion optimum des ressources
humaines. Comment allez-vous
vous présenter à ce salon ?
A.M. : Comme précédemment
expliqué, l’évolution sociétale
régime obligatoire du 2e
pilier)
et hors obligatoires (2e
pilier
surobligatoire et 3e
pilier indi-
viduel). L’échec des dernières
tentatives de réforme en est lar-
gement l’illustration. Par corol-
laire, aucune solution concrète
avant 5 ans, voire même 10 ans,
ne sera proposée par le politique
au niveau de la prévoyance pro-
fessionnelle. Ce dernier donne
désormais en effet la priorité à la
prévoyance étatique du premier
pilier qui doit en effet de toute
urgence trouver des solutions en
ce qui concerne son financement.
Dans ce contexte, la prévoyance
individuelle - hors obligatoire en
particulier - va prendre toujours
plus d’importance. À titre per-
sonnel, je suis convaincu de l’ap-
port pérenne du tiers cotisant
permettant ainsi à notre épargne
constituée dans le circuit de la
prévoyance professionnelle et
individuelle de s’accroître.
Interview réalisée pour Point de Mire
par Daniel Stanislaus Martel,
Rédacteur en chef
Note :
1
Concernant AROMED voir ci-après les
propos de son président Patrick Féral.
2
Concernant Mutuel Prévoyance, voir
ci-après les propos de Madame Madeleine
Rast, directrice des institutions de pré-
voyance du Groupe Mutuel.
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 7
lemania-pension hub, Genève	 Portrait Suite & Fin
Questions à Monsieur Patrick Féral,
Président d’AROMED,
Association romande de médecins
Point de Mire : Comment avez-
vous eu connaissance de la nou-
velle plateforme romande de pré-
voyance « lemania-pension hub » ?
Patrick Féral : Je connais de
longue date l’ensemble des
intervenants pour leur profes-
sionnalisme, leur reconnaissance
sur le marché et c’est naturelle-
ment qu’ils m’ont contacté il y a
quelques mois pour me faire part
du projet.
PdM : Qu’est-ce qui vous a amené à la rejoindre dans le cadre d’AROMED ?
P.F. : Aujourd’hui, certains membres de l’association souhaitent trou-
ver une solution de gestion individualisée des actifs pour leur pré-
voyance, et avant tout, une solution romande. En effet, d’autres
acteurs existent principalement en Suisse alémanique et sont recom-
mandés par l’ensemble des conseillers du marché. Notre démarche
est de clairement nous démarquer en étant partie prenante du
« lemania-pension hub ».
PdM : Sur le plus long terme quels avantages comptez-vous en tirer ?
P.F. : C’est une évidence que les médecins qui souhaiteront adhérer
à cette solution, devront assurer une partie de leur salaire dans une
fondation de base. La fondation de prévoyance professionnelle en
faveur d’AROMED, première caisse de pensions romande pour les
médecins, semble toute indiquée pour remplir
cet office. Nous visons de pouvoir développer par
cette offre le nombre d’affiliés, la notoriété et
la solidité de notre caisse à la pointe de la pré-
voyance n’étant plus à faire.
PdM : La profession que vous représentez est très concernée par la
bonne gestion de ses avoirs de retraite, mais les médecins n’ont pas
forcément le temps ou l’envie de s’en occuper pleinement. Comment
vous et les membres de l’AROMED voient-ils l’évolution des prestations
de prévoyance à l’horizon des cinq prochaines années. Peut-on, selon
vous, continuer sur la tendance actuelle ou imaginez-vous d’autres
réformes à mettre en œuvre pour les professions libérales comme celle
de médecin ?
P.F. : Dès le début, notre caisse s’est inscrite sous le label de l’innova-
tion et de la créativité. En effet, le risque majeur et le défi de toutes
les caisses de pension est la capacité à financer à long terme les rentes
de vieillesse, et bon nombre ont et auront de grosses difficultés sur ce
financement ; ce n’est pas pour rien si la base des réformes fédérales
porte sur les taux de conversion qui, à long terme, sont intenables.
AROMED n’est pas concernée par ce risque : En effet, nos rentes de
vieillesses sont entièrement réassurées par les Retraites Populaires
avec différentes possibilités. Cette solution est unique actuellement
mais prendra en importance dans le futur.
Pour accompagner les jeunes médecins nous avons mis en place une
solution de prévoyance sur-mesure ; En effet, selon la LPP, en cas de
prestations (invalidité, décès), le revenu considéré est celui des 3
années précédant l’ouverture du cas. Aussi le Conseil de fondation a
décidé d’assurer des prestations de risques fixes ; AROMED est la seule
caisse de pensions à proposer une telle solution.
Les médecins travaillant au-delà de l’âge de 65 ans majoritairement,
nous avons adapté nos prestations pour fournir un plan senior avec
des couvertures de risques décès pouvant être maintenues jusqu’à 70
ans, encore une exclusivité.
Par ces points non exhaustifs, nous sommes déjà en avance sur le mar-
ché et en résonance avec lui.
Propos recueillis par Daniel Stanislaus Martel pour Point de Mire
Questions à Madame Marlène Rast,
directrice des institutions
de prévoyance du Groupe Mutuel
PdM : Comment avez-vous eu
connaissance de la nouvelle plate-
forme romande de prévoyance
« lemania-pension hub » ?
Marlène Rast : Le Groupe Mutuel
réfléchit depuis toujours à une
approche avant-gardiste pour
les entreprises. L’objectif actuel,
c’est vraiment de coller le plus
proche possible au profil particu-
lier de chaque entreprise en leur
proposant des solutions person-
nalisables en fonction de la struc-
ture des âges et du niveau des
salaires. Et comme notre parte-
naire, Gonet Conseils Finances SA
était lui aussi en train de réfléchir à ce type d’approche avec « lema-
nia-pension hub », nous avons entamé des discussions car nous avons
été séduits par ce projet. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois,
le projet a mûri et nous sommes prêts à le dévoiler aujourd’hui.
Il correspond parfaitement à notre volonté de placer l’assuré au cœur
de nos préoccupations et à lui offrir les meilleurs rendements pos-
sibles, tout en conservant un niveau de sécurité approprié.
Nos solutions de prévoyance offrent à nos assurés des rendements
figurant parmi les meilleurs de Suisse depuis 10 ans. Il était donc
logique de rejoindre une plateforme dédiée à une prévoyance per-
formante.
Nous avons entamé cette réflexion en 2017, car le
constat que nous vivons de plus en plus longtemps
est incontestable. En parallèle, les placements
sans risques n’offrent plus de rendement permet-
tant d’accroître le capital initial de manière signi-
ficative.
Dans un environnement des retraites qui se complexifie, les éléments
qui participent à la constitution du capital de prévoyance doivent
donc faire l’objet d’une attention toute particulière, pour n’en négli-
ger aucun, à tous les stades de la vie.
PdM : Pourquoi le GM a-t-il choisi le « lemania-pension hub » ?
M.R. : Le hub, c’est une vision de la prévoyance à 360 degrés : de l’ins-
titution de prévoyance traditionnelle telle que la nôtre, ouverte à
l’ensemble des collaborateurs, à la fondation permettant de couvrir
de manière différente les très hauts salaires, en passant également
par les portes de sortie en cas de réalisation d’un cas de libre passage
ou la constitution individuelle d’un 3e
pilier lié. Le Hub lemania offre
une solution dans chaque segment, pour chaque étape de la vie, dans
une perspective de prévoyance performante.
PdM : Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre cette plateforme avec
votre statut d’assureur généraliste ?
M.R. : Nous offrons une solution de prévoyance professionnelle tradi-
tionnelle, pour compléter la vision à 360 degrés offerte par les autres
acteurs. Mais nous proposons aussi une couverture de risques sur les
solutions de 3e
pilier lié. Notre métier de base, au Groupe Mutuel,
c’est l’assurance et c’est avec nos compétences pointues, dans ce
domaine, que nous avons rejoint le Hub.
PdM : Sur le plus long terme quels avantages comptez-vous en reti-
rer et de votre côté qu’est-ce que votre groupe peut-il apporter au
« lemania-pension hub » ?
Notre position d’assureur romand nous place en position d’outsider
sur le marché national. La mise en commun de forces romandes per-
met de se détacher des limites géographiques, dans une offre d’en-
vergure nationale destinée en priorité, mais pas exclusivement, au
marché que nous connaissons le mieux, la Suisse romande.
Patrick Féral
Marlène Rast
©GroupeMutuel
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Numéro 74 – Automne 2018 – 	 9
Ressources humaines – nouveaux concepts
Avoir un employeur « virtuel », un
grand avantage pour l’indépendant
ou le consultant en quête de stabi-
lité professionnelle
En pleine 4e révolution industrielle, notre monde est entré dans une période de pro-
fondes mutations. En conséquence, les entreprises doivent en permanence adapter
leurs effectifs aux fluctuations des marchés et des commandes. Il s’ensuit pour elles des
pressions constantes sur les prix et des perspectives beaucoup moins prévisibles. Cela
étant, de nombreux employés, qui voient leur poste de travail disparaître, éprouvent
de la peine à retrouver une situation adéquate. L’employeur, quant à lui, à court
terme, en tire un avantage, puisqu’en réduisant ses effectifs il voit ses coûts diminuer,
cequiluipermetaussisouventd’allégersescontraintesadministratives.C’estlàqu’une
société comme PayrollPlus, connue sous son nom actuel depuis 2013, peut interve-
nir efficacement entre le chercheur d’emploi, qui souvent aspire à l’indépendance et
l’entrepreneur qui, lui, souhaite pouvoir continuer à réduire ses charges financières
et administratives. Comme le définit son fondateur Edgar Weber, c’est le caractère
« d’employeur virtuel » de PayrollPlus qui rend cette double attente possible.
préféré, pour des raisons de coûts
et de flexibilité, notamment lors-
qu’une contrainte particulière se
fait sentir ou lorsqu’il s’agissait
de lancer un projet spécifique, de
ne plus embaucher du personnel
fixe supplémentaire, mais de faire
appel à des spécialistes pour des
missions temporaires. C’est là que
peut intervenir PayrollPlus dans la
mesure où les deux parties se ren-
contrent et se mettent d’accord. A
ce jour nous avons rendu possible
ainsi quelque 17’000 partenariats.
Chaque année, environ 1000 nou-
veaux contrats sont conclus. Parmi
nos clients se trouvent les plus
grandes sociétés suisses, des PME
et des microentreprises. Même
des entités publiques s’appuient
sur les prestations de PayrollPlus.
L’idée de base est toujours la
même : l’entreprise et la personne
se retrouvent d’eux-mêmes d’un
commun accord et nous devenons
l’employeur externe ou virtuel.
PdM : D’autres acteurs proposent
des prestations similaires sur ce
marché. Quels sont les « plus »
que vous offrez par rapport à ces
concurrents ?
E.W. : En fait, le nombre de concur-
rents est relativement faible. Notre
premier atout est en effet notre
transparence que notre calculatrice
sur www.payrollplus.ch illustre
fort bien. Par ailleurs, nos coûts
sont très modestes. Ils s’élèvent à
CHF 2.- pour un salaire à l’heure,
à une base minimum de CHF 16.-
pour un salaire journalier et, pour
une rémunération mensuelle, à un
forfait qui commence à CHF 200.-.
Ce sont là des chiffres imbattables.
Nous entendons dès lors rester le
numéro un et, dans cette optique,
nous misons sur la confiance. Notre
société qui existe depuis 1989 a
toujours été entièrement autofi-
nancée. Nous sommes conscients
que la « bonne idée » attire des
concurrents. A notre connaissance
toutefois, nul autre concurrent
n’est en mesure d’offrir des coûts
aussi avantageux que nous.
PdM : Vous vous adressez plus parti-
culièrement à la génération des 50+.
Comment voyez-vous l’avenir de ces
gens sur le marché du travail suisse ?
E.W. : Effectivement, leur situation
est plutôt difficile. La génération
50+ doit convaincre par son savoir-
faire et ses capacités. Son approche
est souvent plus efficiente car cette
génération peut souvent s’appuyer
sur une expérience plus large. Un
grand nombre de personnes de
cette tranche d’âge doit toutefois
revoir ses prétentions salariales à
la baisse. L’expérience acquise dans
une société ne peut pas forcément
être « transplantée » dans une autre.
Sont en revanche contreproductifs
des régulateurs, notamment des
protections contre les licenciements.
Propos recueillis par
Daniel Stanislaus Martel
Le désir d’indépendance est propre à
beaucoup d’individus. Toutefois, au
plan professionnel, entre le rêve et
la réalité il y a souvent un très grand
fossé. Peu de gens parviennent à
le franchir. Ou alors, ce sont les cir-
constances de la vie, par exemple la
perte d’un emploi, qui vont obliger
certains à tenter l’aventure de l’indé-
pendance, quitte à risquer de perdre
les avantages sociaux qu’offre un
emploi salarié traditionnel.
C’est dans un tel contexte que Pay-
rollPlus peut jouer un rôle déter-
minant, pour sauvegarder à la fois
les intérêts du futur consultant en
ce qui concerne la sécurité de sa
situation, et ceux de son mandant
en devenir et ce, selon le principe
du portage salarial. Pour en savoir
davantage, Edgar Weber, le fonda-
teur, a eu l’obligeance de répondre
à quelques questions.
PdM : Quelle est l’idée de base de
PayrollPlus et comment fonctionne
votre organisation ?
Edgar Weber : PayrollPlus donne
l’opportunité à ceux qui le veulent
de travailler comme le ferait un
véritable indépendant, tout en
conservant le statut plus avanta-
geux d’employé. PayrollPlus éta-
blit, dans cet objectif, un contrat
de travail et devient l’employeur
de la personne. Un contrat de man-
dat est par ailleurs signé entre Pay-
rollPlus et la société ou l’institution
qui bénéficiera des prestations de
cette personne. Au niveau adminis-
tratif, y compris en matière d’assu-
rances sociales, PayrollPlus s’occupe
de tout. Dès lors, la personne qui
travaille sur mandat et l’entreprise
qui en bénéficie sont l’une et l’autre
libérées des démarches administra-
tives et des contraintes usuelles liées
au droit du travail. Il n’y a donc pas
d’ambiguïté possible en matière de
« fausse indépendance ».
PdM : Plutôt que de parler de por-
tage salarial, vous préférez l’expres-
sion « employeur virtuel ». Qu’en-
tendez-vous par là et où sont les
différences par rapport aux agences
de travail temporaire classiques ?
E.W. : Chez nous, les coûts de recru-
tement élevés sont éliminés car le
contact entre le collaborateur et la
société se fait généralement spon-
tanément. Les deux parties nous
confient la gestion des salaires, ce
qui permet à nos consultants de se
concentrer sur les mandats.
PdM : Comment l’idée de Pay-
rollPlus vous est-elle venue, com-
ment l’avez-vous mise en œuvre
et comment s’est-elle dévelop-
pée ? Pourriez-vous l’illustrer par
quelques chiffres ?
E.W. : Pendant 25 ans nous avons
travaillé dans la location de ser-
vices classiques. Il y cinq ans envi-
ron nous avons ressenti que le
marché demandait de plus en plus
d’indépendants disponibles sur
appel. Beaucoup de sociétés ont
Edgar Weber, un serial entrepre-
neur, a fondé sa première société,
Fairplay conseils en recrutement,
à l’âge de 22 ans. Il y a cinq ans
il l’a transformée en PayrollPlus
SA. Dès 1990, Edgar Weber a
lancé le service de restitution de
clés égarées, Keyfinder SA, en
partenariat avec la Poste. Quant
à Fairplay Immobilien AG, égale-
ment fondée par Edgar Weber,
elle pilote des constructions à
Zurich et à Schwyz. Notre serial
entrepreneur s’investit d’ailleurs
en faveur de l’organisation Save-
50Plus, qui encadre la génération
des 50+ sur le marché du travail.
©PayrollPlusAG
10	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
Retraites & Prévoyance
rence fondamentale avec l’AVS :
la prévoyance professionnelle
est financée par capitalisation.
Cela signifie que les cotisations
de l’employé, ainsi que celles ver-
sées par l’employeur, permettent
de constituer un capital qui
est versé, au moment de votre
retraite, sous forme de rente ou
de capital.
Ceci dit, du fait qu’il y aura de
moins en moins d’actifs par
retraité et qu’en moyenne les
nombres de personnes âgées ne
cesse de croître, il faudra verser
des rentes beaucoup plus long-
temps en Suisse. Au moment de
l’entrée en vigueur de la pré-
voyance professionnelle, l’es-
pérance de vie après la retraite
était calculée à 14,9 ans pour un
homme et de 19 ans pour une
femme. Aujourd’hui elle est de
19.8 ans pour les hommes et de
22.6 ans pour les femmes3
. Pour
cette raison, et compte tenu de
la volatilité des rendements, le
taux de conversion de la rente
LPP ne cesse de diminuer. Quelles
La prévoyance et les
baby-boomers
n Albert Gallegos, Directeur, Responsable Conseil patrimonial et prévoyance, Banque Cantonale de Genève (BCGE)
Les baby-boomers représentent un marché à fort potentiel qui va continuer
à se développer ces prochaines années. Cible très convoitée, elle requiert des
propositions spécifiques qui tiennent compte des besoins et du cycle de vie, une
segmentation mieux affinée et une communication adaptée pour fidéliser ce
marché. La prévoyance en général et plus particulièrement la planification de
la retraite est un des besoins à traiter dans cette tranche de la vie.
Le « marché » des baby-boomers
(nés entre 1946 et 1965)1
est
constitué de personnes dont les
parents ont fondé leur famille
après la Seconde Guerre mon-
diale et au cours des années
1950. La taille considérable de
cette classe d’âge a eu comme
conséquence de nombreux chan-
gements tant culturels qu’écono-
miques.
Les défis des
baby-boomers
De nombreux baby-boomers ont
choisi de se marier et d’avoir des
enfants plus tard, vers le début de
la trentaine, ce qui a eu comme
conséquence la diminution d’en-
fants par famille. En Suisse, en
1950, le taux de natalité était de
2,4 naissances par mère avec un
pique de 2,67 en 1963, pour se
retrouver aujourd’hui à 1,48. Et
selon le scenario moyen, ce taux
sera de 1,42
en 2050. Pour assu-
rer le renouvellement des géné-
rations, il faudrait 2,1 enfants
par femme ! Lorsque l’on sait
que l’AVS est financée selon le
système de répartition - c’est-
à-dire que les salariés cotisent
pour payer les rentes de ceux qui
sont à la retraite aujourd’hui, en
attendant que les futurs salariés
fassent de même -, on s’aperçoit
qu’à moyen terme il y aura un
problème. La solidarité entre les
générations diminue très forte-
ment ; chacun a donc intérêt à
prendre en main, en fonction de
ses moyens, la planification de sa
retraite !
L’accroissement de l’espérance
de vie est un autre défi pour
les baby-boomers. En effet, en
1950 celle-ci était de 66,4 ans
pour un homme et de 70,9 pour
une femme. En 2006 celle-ci
était de 79,1 pour un homme et
84 pour une femme. Ce risque,
que l’on appelle « risque de
longévité », n’a pas seulement
des conséquences pour l’AVS.
La prévoyance professionnelle
doit également s’adapter. Mais,
il existe néanmoins une diffé-
Albert Gallegos est juriste en
droit suisse avec un Master en
droit international de l’univer-
sité de Lausanne, avocat en
droit péruvien, titulaire d’un
MBA de HEC Lausanne, d’un
Certificat d’entrepreneurs hip
de l’Université de Neuchâtel
et porte le titre de « Certified
Wealth Management Advi-
sor » (SAQ Swiss Association
for Quality).
Il est au bénéfice d’une grande
expérience dans le domaine
de la planification financière
développée auprès de la BCGE,
en tant que directeur respon-
sable du département Conseil
patrimonial et prévoyance,
d’une autre banque cantonale
et de deux compagnies d’assu-
rances de dimension nationale
et internationale. Par ailleurs,
il est Vice-président du Conseil
de fondation de la caisse de
pensions de la BCGE.
Albert Gallegos est égale-
ment chargé de cours en fis-
calité suisse et en planification
financière à l’Institut supérieur
de formation bancaire (ISFB)
et Kalaidos HES (Haute Ecole
Supérieure) pour le diplôme
postgrade HES en banque
et finance. Il est également
expert aux examens pour la
Suisse romande pour le brevet
fédéral de conseiller financier.
Albert Gallegos publie régu-
lièrement des articles traitant
des questions financières et
anime des séminaires et des
conférences. Il est également
co-auteur de l’ouvrage « Le
guide de votre prévoyance ».
Pyramide des âges, en 2017 - Selon le sexe et l'état civil
©LorisvonSiebenthal
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 11
Retraites & Prévoyance
Notes :
1
Source : le Senior marketing, Jean-Paul Tréguer, 4e édition, Dunod 2007
2
Source : Office fédéral de la statistique, 28.09.2017. ESPOP, BEVNAT
3
Source : Espérance de vie selon l’âge, 31.03.2017. Office fédéral de la statistique (OFS)
4
Source : L’activité professionnelle des personnes de 50 ans et plus. OFS, février 2008
5
Source : OFS, 2005
6
Source : Heidi Stutz, Tobias Bauer et Susanne Schmugge, Bureau d’études de politique
du travail et de politique sociale (BASS)
sont les mesures à envisager pour
pallier ce problème ? Mise à part
la diminution des rentes, élever
l’âge de la retraite est dans l’air
du temps. Mais la flexibilisation
de la retraite semble la meilleure
solution.
Les plus de 50 ans –
un marché intéressant
D’un point de vue économique,
la classe d’âge des plus de 50 ans
croît au point de devenir presque
majoritaire au milieu de ce siècle.
En effet, la population âgée de
50 à 64 ans représente un groupe
d’âge intéressant pour les éco-
nomistes et les sociologues, en
raison des défis qu’elle suscite en
termes de retraite. Ainsi, comme
conséquence de l’arrivée à la cin-
quantaine des premières généra-
tions du baby-boom, la part des
travailleurs âgés de 50 ans et plus
est passée de 24,9% de la popu-
lation active4
, en 1996 à 27,7% en
2007. En 2030, elle sera d’environ
32%.
On compte aujourd’hui 1,2 mil-
lions de personnes de plus de 65
ans. Elles n’étaient que 550’000
en 1960 et 200’000 en 1900. Elles
seront 1,5 millions en 2020, et
représenteront un quart de la
population suisse en 2030 ! L’Of-
fice fédéral de la statistique est
formel : le vieillissement de la
population active, amorcé depuis
le milieu des années 90, va s’am-
plifier au cours des prochaines
décennies. Notre continent
mérite plus que jamais son quali-
ficatif de « Vieille Europe ».
La domination financière et patri-
moniale de 50+ ans ne fait que
commencer et elle va s’intensifier
dans les années à venir. Ceci sera
dû à plusieurs facteurs : d’abord
les femmes « seniors » arriveront
à la retraite, ce qui signifie deux
pensions au lieu d’une seule. En
effet, leur taux d’activité est passé
de 33% en 1960 à 50% en 20055
.
Donc, une part non négligeable
aura droit à la rente d’une caisse
de pensions. Ensuite, les retraites
seront plus élevées dû au fait
que la LPP arrivera à maturité (en
vigueur depuis 33 ans) et que les
salaires des 50+ d’aujourd’hui
auront été plus importants pen-
dant leur carrière que ceux des
retraités actuels. En effet, ils sont
arrivés dans le marché du travail
au moment de la croissance écono-
mique et ils ont profité de bonnes
conditions financières. Chaque
année, plus de 7 milliards de francs
sont prélevés sous forme de capital
des caisses de pensions et une par-
tie de ces fonds alimentent le Pri-
vate Banking. Finalement, la Suisse
est un pays d’héritiers, où deux
tiers de la population touchent un
héritage en cours de vie, les classes
moyennes étant en première
ligne. Selon différents études6
, 63
milliards sont légués par année et
64% des bénéficiaires ont plus de
50 ans !
Conseillers financiers et
gérants de fortune indé-
pendants – soyez prêts !
Les baby-boomers constituent
donc le segment le plus puis-
sant du fait de leur nombre et
leur pouvoir économique. Par
rapport au marché de l’assu-
rance, les grands groupes ont
lancé des produits de rente
dite « flexible » où le bénéfi-
ciaire peut fixer le niveau de sa
rente en fonction de son âge
et de son besoin particulier. Il
peut même modifier sa rente en
cours de route. Les assureurs,
développent également des
produits dit de « dépendance »
dont le but et de couvrir le
risque de « longévité ». En effet,
le séjour en maison de retraite
ou en établissement médico-so-
cial (EMS) occasionne des frais
considérables. Selon l’Associa-
tion suisse des homes pour per-
sonnes âgées, les frais annuels
peuvent rapidement atteindre
entre Fr. 50’000 et 100’000 pour
la personne concernée en fonc-
tion de l’importance des soins
et de la prise en charge, ainsi
que du standard d’héberge-
ment. Dans le cas où une per-
sonne âgée n’arrive pas à assu-
mer la totalité des coûts d’un
séjour en maison de retraite et
en EMS avec la rente AVS, les
montants versés par la caisse
de pensions et l’assurance mala-
die obligatoire, la loi autorise
en principe le recours à la for-
tune des enfants. D’ailleurs,
aux articles 328 et 329 du Code
civil, le législateur a stipulé que
les descendants directs sont en
principe tenus à une assistance
financière. Les enfants et même
les petits-enfants de personnes
ayant besoin de soins doivent
dès lors prendre en charge, dans
la mesure de leurs possibilités,
les montants non couverts.
La pyramide financière des
ménages suisses est dominée
largement par les 50+. Pour
cette raison, les banques déve-
loppent des prestations qui
tiennent compte de l’ensemble
du patrimoine du client : place-
ment, prévoyance, financement
et les aspects liés à la succession,
voire le divorce (en 1950 12% des
couples divorçaient. En 2017 ce
taux est de 50% !)
Une des clés pour capter la clien-
tèle des baby-boomers est l’ac-
cueil, l’écoute et la réponse à
leurs besoins spécifiques grâce à
des gestionnaires formés et avi-
sés. L’approche du client « 50+ »
requiert un grand doigté, car il
est un consommateur exigeant,
est relativement bien informé,
pose des questions précises,
compare volontiers avec d’autres
solutions et a pleinement
conscience de son pouvoir !
99+
1950
■ Hommes ■ Femmes
1970 1990 2017
90
80
70
60
50
40
30
20
10
80 60 40 20 0 20 40 60 80
99+
90
80
70
60
50
40
30
20
10
80 60 40 20 0 20 40 60 80
99+
90
80
70
60
50
40
30
20
10
80 60 40 20 0 20 40 60 80
99+
90
80
70
60
50
40
30
20
10
80 60 40 20 0 20 40 60 80
Pyramide des âges - Nombre de personnes en milliers
Source : OFS – RFP, STATPOP	 © OFS 2018
12	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
Retraites & Prévoyance
PdM : A défaut, quelle solution
nouvelle préconiseriez-vous ?
J.C. : Il faut s’unir derrière des prin-
cipes fondamentaux, largement
acceptés, et en décliner ensuite
les conséquences. Par exemple,
il me semblerait normal que les
actifs et les retraités bénéficient
du même rendement sur leurs
avoirs de vieillesse. Cela implique-
rait certainement à court terme
une baisse du taux de conversion.
Mais inversement, si les rende-
ments devaient remonter, il fau-
drait que les retraités puissent
en profiter aussi par le biais d’un
bonus annuel, une sorte de trei-
zième salaire dépendant de la
performance de la caisse.
Propos recueillis par Daniel Stanislaus
Martel pour Point de Mire
vail pour plusieurs employeurs à
la fois), et l’apparition de formes
hybrides de contrat de travail, à
mi-chemin entre l’activité salariée
et l’indépendance (on pensera aux
chauffeurs Uber).
PdM : Concernant la partie
surobligatoire de la prévoyance
professionnelle, pensez-vous qu’il
est sage et correct de vouloir don-
ner davantage d’autonomie aux
assurés que nous sommes tous,
pour intervenir dans la gestion de
leurs capitaux de prévoyance ?
J.C. : Aujourd’hui, les biographies
individuelles et les préférences
des assurés varient toujours
plus. La prévoyance profession-
nelle ne permet pas suffisam-
ment de tenir compte de cette
diversité. Il faut donc offrir aux
assurés plus de possibilités pour
mieux prendre en main leur pré-
voyance. Cette approche serait
aussi le meilleur garant pour rap-
peler aux assurés que l’argent du
2e
pilier leur appartient, et non
pas à la caisse, ni à l’employeur,
ni à l’Etat. Cela les encouragerait
à se battre pour éviter des finan-
cements croisés toujours plus
importants et contraires au sys-
tème de capitalisation.
Quelle prévoyance
pour demain en
Suisse ?
Jérôme Cosandey est le nouveau Directeur romand
d’Avenir Suisse depuis le 1er
septembre 2018. A plu-
sieurs reprises, ce spécialiste en prévoyance a par-
tagé ses idées dans nos colonnes. Lors d’une ren-
contre destinée à la presse économique spécialisée
du 4 septembre 2018, il a proposé un « update ».
Dialogue
Point de Mire : Vous avez à plu-
sieurs reprises fait part de vos
remarques et critiques à propos
de notre système de prévoyance.
En bref, quels sont les principaux
griefs que l’on peut faire à l’ap-
proche suisse dite des trois piliers ?
Jérôme Cosandey : Je suis encore
et toujours un grand adepte du
concept des trois piliers, car il per-
met de diversifier les risques. Dans
l’AVS, ce sont des risques démogra-
phiques et associés à l’économie
locale (par le biais des cotisations
salariales des actifs), et dans la pré-
voyance professionnelle, il s’agit
surtout de risques de volatilité des
marchés suisses et internationaux.
Les défis liés à ces deux formes de
financement sont connus et des
réformes sont en cours. Ce qui
demanderait plus d’attention de
la part du politique sont les muta-
tions du marché du travail : à savoir
l’importance accrue du tempspar-
tiel et de la multi-activité (le tra-
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Jérôme Cosandey
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 13
Association romande des intermédiaires financiers – 20 ans d’histoire
parmi les professionnels, tout
comme ceux qu’elle dispense à
ses membres soumis au CoD. En
outre, même si la présidence est
restée stable depuis près de 13
ans, le Comité, composé actuel-
lement de 16 personnes, n’a pas
manqué de recruter de nou-
veaux talents, maintenant ainsi
la riche palette de compétences
et d’expériences nécessaires à la
conduite d’un OAR générique.
Un chemin considérable a donc
déjà été parcouru et permet-
tra sans aucun doute possible à
l’ARIF de relever les défis de ces
prochaines années, notamment
le passage à l’Organisme de sur-
veillance. Ce dernier, mais sure-
ment pas ultime défi implique
de nombreux changements qui
seront communiqués au fur et à
mesure aux membres de l’ARIF.
Bénéficiant de son savoir-faire
acquis au cours de deux décennies
de surveillance concrète, dont une
spécifiquement dans la surveil-
lance des Règles cadres pour les
GFI, un Comité réunissant des per-
sonnes qualifiées, ainsi que d'un
secrétariat aussi engagé qu’ef-
ficace, l’ARIF continuera de veil-
ler aux intérêts de ses membres
actuels et futurs tout en assurant
le respect des obligations de dili-
gence, que ce soit pour ceux des
membres qui resteront soumis
uniquement à la LBA ou pour
ceux qui seront soumis dès janvier
2020 aux LSFin / LEFin.
1999 - 2019 :
Bientôt 20 ans, et après !
n Norberto Birchler, Directeur et membre du Comité de l’ARIF
Née le 15 mars 1999 à Genève, l’ARIF (Association romande des intermé-
diaires financiers) a reçu le 24 décembre de la même année son agrément
de l’Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d’argent
(ACLBA). Elle a donc entamé en mars 2018 sa vingtième année d’existence.
Son origine remonte toutefois au 10 octobre 1997, date de l’approbation par
le Parlement Fédéral de la Loi fédérale concernant la lutte contre le blanchi-
ment d’argent dans le secteur financier (LBA).1
rique » en matière de lutte
contre le blanchiment et
le financement du terro-
risme, celui d’un régulateur
dans le secteur de la gestion
de fortune. En franchissant ce pas,
l’ARIF relevait un challenge de taille.
Aujourd’hui, la nature des défis qui
attendent l’ARIF, notamment avec
la création d’un Organisme de sur-
veillance selon les nouvelles LSFin
/ LEFIN est comparable. Nos GFI
serontbientôt,deparlaloi,soumisà
une surveillance de type prudentiel,
laquelle dépassera sensiblement
l’application des principes établis de
respect de l’intégrité des marchés
financiers, de garantie d’une ges-
tion irréprochable, du devoir d’in-
formation (sur les prestations et la
rémunération), de conclusion d’un
contrat de gestion de fortune écrit
et de confidentialité. Ce nouveau
type de surveillance s’inscrira cepen-
dant dans la lignée de ce qui a été
fait jusqu’à maintenant et nul doute
que les années « CoD » passées à
l’ARIF s’avèreront comme ayant été
une excellente préparation.
Durant les dix dernières années,
l’ARIF s’est engagée, comme le
prévoient ses Statuts, à contri-
buer « à maintenir et améliorer
la réputation et la compétitivité
de la place financière suisse »4
. A
ce jour, l’ARIF est donc devenue
un partenaire reconnu et estimé
dans la lutte contre la blanchi-
ment d’argent et le financement
du terrorisme. La qualité des cours
LBA qu’elle propose est reconnue
Cette loi est entrée en vigueur le
1er
avril 1998 et un délai de deux
ans avait été alors imparti aux
intermédiaires financiers (IF) du
secteur non-bancaire pour s’affi-
lier à un organisme d’autorégula-
tion (OAR), ou faire une demande
d’autorisation auprès de l’ACLBA et
devenir ainsi un IFDS (Intermédiaire
financier directement assujetti).
Alors qu’un certain nombre
d’associations professionnelles
constituaient leur OAR dit « de
branche » (ASG, FSA-FSN, SSL, etc.),
il est apparu très vite qu’un certain
nombre d’IF ne pouvaient, ou ne
voulaient, s’affilier à aucun de ces
OAR en constitution. A Genève,
des discussions ont alors eu lieu
dès octobre 1998 pour, soit créer
un OAR romand générique (c’est-
à-dire ouvert à tous les IF du sec-
teur non-bancaire), soit rejoindre
un OAR générique alémanique et
ouvrir une antenne à Genève. C’est
la première solution qui a été rete-
nue, en raison du nombre impor-
tant de demandes de diverses
professions tendant à la création
d’un OAR générique en Romandie.
En décembre 1999, l’ARIF décide,
suite à l’arrivée de Josef Bollag au
Comité, de s’ouvrir également aux
IF de toute la Suisse. Au 1er
avril
2000, date butoir pour l’affilia-
tion, l’ARIF, compte 355 affiliés.
L’année 2000 voit la consolidation
des travaux effectués durant l’an-
née 1999, l’arrivée de nouveaux
membres et la nomination de plu-
sieurs membres au Comité, ainsi
que l’installation du secrétariat au
8 rue de Rive, où, au gré de son
développement, l’ARIF « prendra
de la hauteur », du 1er
étage au
5e
, en passant par le 3e
. C’est tou-
jours à cette adresse, que le secré-
tariat, vingt ans après, est logé. En
octobre 2001, c’est Jacques Vernet,
ancien Conseiller d’Etat
genevois, qui est élu
président. Le président
actuel, Julien Blanc, lui a
succédé en novembre 2005
et préside encore à l’heure actuelle
aux destinées de l’Association.
L’ARIF atteint sa vitesse de croi-
sière en 2003, après la nomina-
tion de Norberto Birchler, en tant
que directeur et responsable du
secrétariat. En regard des tâches
à accomplir ce dernier se com-
pose aujourd’hui de six personnes
(représentant 5,9% EPT). En 20
ans, l’ARIF a dû adapter réguliè-
rement ses textes à l’évolution
législative (2010 / 2011 / 2012 /
2014 / 2015 / 2018), et a même
réussi, malgré un carcan légis-
latif de plus en plus restrictif, à
assouplir certaines obligations de
ses membres (introduction d’une
révision biennale, puis triennale,
allongement du délai pour la for-
mation continue, réduction de la
durée de formation de base, etc.).
En ce qui concerne les membres,
leur nombre a augmenté réguliè-
rement jusqu’en 2011 à un pic de
près de 500 affiliés, pour ensuite
se stabiliser autour des 450-460.
A l’heure de fêter son dixième
anniversaire, l’ARIF, s’apprêtait à
relever les défis de la décennie sui-
vante, à savoir, dès le 1er
janvier
2009, apprendre à collaborer avec
la nouvelle Autorité de surveillance
des marchés financiers (FINMA)2
,
prendre influence sur les modi-
fications 2010 de la LBA, entrées
en vigueur en 2010, ou encore de
mettre en œuvre ses nouvelles
règles-cadres concernant la sur-
veillance des gérants de fortune,
suite à l’adoption de son Code de
déontologie (CoD)3
: L’ARIF obtenait
ainsi,outresonstatutd’OAR« géné-
Norberto Birchler est direc-
teur de l’ARIF depuis 2003. Il
est également conseiller muni-
cipal PLR à Collonge-Bellerive.
Notes :
1
Nommée aujourd’hui : Loi fédérale du 10 octobre 1997 concernant la lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
2
Entrée en vigueur complète de la Loi sur l’Autorité fédérale de surveillance des marchés
financiers (Loi sur la surveillance des marchés financiers, LFINMA) le 01.01.2009.
3
23 février 2009.
4
STATUTS DE L’ASSOCIATION ROMANDE DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS (ARIF), ch.
5., et selon approbation par l’AG du 10.11.2014.
14	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
Ingénierie immobilière et fonds de placement
et cohérents avec le marché, en
proposant par exemple une mai-
sonnette au prix de CHF 2400.
Quatre-vingt pourcent de nos
propriétés ont des loyers compris
entre CHF 1000 et 3000, ce qui
nous permet de tout louer très
rapidement.
Comment Valres se distingue-
t-elle des autres directions de
fonds ?
Valres Fund Management est la
seule direction de fonds indé-
pendante basée à Genève. Grâce
au fait de contrôler en même
temps le fonds et la direction de
fonds, nous pouvons garantir à
nos investisseurs une maîtrise
totale de la chaîne de valeur, une
grande transparence quant aux
coûts, ainsi qu’une importante
rapidité d’action.
Interview
par Antonio Rosati
Valres, un fonds de placement
aux valeurs responsables
En moins de cinq ans, la société VALRES Fund Management a réuni une fortune
de CHF 450 millions dans le cadre de son fonds d’investissement immobilier qui
devient le Valres Suisse Romande Fonds. Décryptage avec Ralph Kattan.
Quelle est votre approche des
nouvelles technologies de l’im-
mobilier ?
Valres se distingue également
au travers du marché des « Prop-
Tech », les technologies de l’im-
mobilier. Je suis d’ailleurs men-
tor dans ce domaine au sein de
l’accélérateur genevois Fusion :
chaque start-up sélectionnée
bénéficie de l’accompagnement
de deux à trois mentors. C’est un
moyen de plus pour nous d’aug-
menter nos chances d’être réac-
tifs dans le marché. Nous souhai-
tons sur le long terme intégrer
les PropTech dans notre propre
fonctionnement.
Quel est votre rapport avec
Genève ?
C’est un autre atout de Valres :
être solidement ancrée en
Suisse romande et dans le can-
ton de Genève, où elle a son
siège et près de la moitié de ses
immeubles. La forte demande en
logements ainsi que l’attractivité
du domaine commercial rendent
le marché genevois intéressant.
Et l’autre moitié des biens, dans
quelle région se trouve-t-elle ?
Le reste de la Suisse romande,
moins cher que Genève, demeure
primordial dans la stratégie de
Valres. La société possède des
immeubles dans les cantons de
Vaud, Fribourg, Neuchâtel et du
Jura. Cet attachement à la région
se traduit par un changement
de nom en septembre 2018 : le
nom VSRF devient l’acronyme de
Valres Suisse Romande Fonds.
Qu’en est-il de votre politique de
loyers ?
Notre but est de proposer des
loyers à des prix intéressants
pour la classe moyenne. Nous ne
souhaitons pas traiter des biens
de luxe et privilégions, dans la
mesure du possible, des critères
de durabilité dans nos acqui-
sitions et dans nos activités de
rénovation. L’entreprise vise à
appliquer des loyers attractifs
Pourriez-vous me décrire votre
société en quelques mots ?
Un portfolio diversifié, une
équipe dynamique qui dépasse
désormais les dix collaborateurs
et une croissance annuelle à deux
chiffres : la société Valres se posi-
tionne comme un acteur majeur
de l’immobilier romand, et cela
grâce au fonds d’investissement
VSRF. Rien qu’en 2017, notre
fonds a effectué des acquisitions
pour près de CHF 150 millions et
projette un investissement équi-
valent d’ici la fin de 2018. Quant à
son rendement, il se monte à 39%
sur les trois dernières années.
Valres est la contraction de
« valeurs responsables ». En quoi
consiste ce concept ?
Les échanges réguliers entre les
différents acteurs constituent
un des piliers du modèle Valres.
Depuis les premières acquisi-
tions, un dialogue en direct est
instauré avec les locataires. En
collaboration avec eux, l’entre-
prise met en œuvre une politique
de rajeunissement constant des
immeubles. Cela permet d’amé-
liorer les appartements en même
temps que les rendements.
Cela veut dire que vous êtes pré-
sents sur chaque site ?
Notre responsable des travaux
est presque quotidiennement
sur place dans la période qui suit
une acquisition. Parfois, il nous
arrive de proposer à tous les
locataires d’un immeuble de visi-
ter un appartement récemment
rénové. Suite à cela, les locataires
demandent spontanément,
contre une légère augmentation
de loyer, des interventions dans
leur logement.
Cette approche apporte-t-elle
des résultats ?
Oui, cette démarche s’avère
productive car le nombre de
demandes de rénovation est en
constante augmentation selon
les derniers chiffres de notre
département des travaux.
Sur quel autre pilier repose le
concept de Valres ?
Le terme de responsabilité, Valres
l’utilise aussi pour désigner les
relations de longue durée que la
société entretient avec les inves-
tisseurs. Près de 75% d’entre eux
sont des acteurs institutionnels et
ont suivi la société depuis le début
du fonds jusqu’à aujourd’hui, en
passant par l’entrée en bourse en
2017. L’entreprise les rencontre une
à deux fois par année. Profession-
nels de l’immobilier avant tout,
nous avons eu l’idée de lancer un
produit financier tel le VSRF en dis-
cutant avec nos investisseurs. Un
choix qui s’avère avisé : de mi-2017
à ce jour, l’entreprise a quasiment
doublé la taille du fonds, tout
comme celle de l’équipe.
Quelle est la vision de Valres
Fund Management pour les pro-
chaines années ?
Notre métier est d’aller cher-
cher des immeubles qui néces-
sitent des améliorations, ce qui
représente un vrai défi en Suisse
romande. Ces dernières années,
nous avons analysé des biens pour
un montant de plusieurs milliards
de francs suisses. Au final, moins
de 4% ont été achetés. Dans un
marché immobilier saturé comme
celui de la Suisse romande, la
proactivité est un élément crucial
du développement de Valres.
Cherchez-vous d’autres opportu-
nités de développement ?
Oui, l’entreprise a un autre sec-
teur dans sa ligne de mire : elle
tente de débusquer les meilleures
opportunités en matière d’im-
mobilier commercial. Nous trou-
vons que le marché des locaux
commerciaux offre actuellement
des prix qui ne sont pas surfaits.
C’est pourquoi nous avons décidé
d’investir davantage dans ce
domaine. A ce jour, le fonds inclut
quatre bâtiments entièrement
commerciaux, en plus de diffé-
rents immeubles mixtes, et sou-
haite à terme, viser un équilibre
entre résidentiel et commercial.
Membre d’associations telle
que l’association Suisse des
Professionnels en Titrisation
Immobilière (COPTIS) et men-
tor PropTech, Ralph Kattan a
obtenu sa double licence en
Finance et Business à l’Univer-
sité Georgetown de Washing-
ton, il est également diplômé
de la Harvard Business School
(Real Estate Program).
Passionné par l’immobilier, il
décide de créer VALRES Fund
Management SA, en 2013, afin
de gérer et administrer des
Fonds immobiliers en Suisse,
régulé par la FINMA. Il y prend
la fonction de CEO et d’Admi-
nistrateur Délégué. En 2014
Ralph Kattan lance le Fonds
VSRF, coté à la bourse SIX en
2017 et dirigé par une équipe
qui intègre les compétences
immobilières et financières.
www.valres.ch
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 15
Fintech & solutions financières nouvelles
un investissement dans celui-ci leur
convient. Outre les données quanti-
tatives, Fundeye traite les informa-
tions statiques et qualitatives dans
le but de fournir aux investisseurs
une description précise de chaque
fonds, de ses caractéristiques princi-
pales (dont les frais) et de ses pres-
tataires de services à des fins de due
diligence opérationnelle. Elle met
également à disposition un réper-
toire complet de documents actuels
et anciens, ce qui permet aux inves-
tisseurs de les retrouver facilement,
qu’il s’agisse de documents à teneur
juridique (prospectus, statuts, KIIDs,
etc.) ou non (factsheets promotion-
nels, présentations, rapports, etc.).
À l’heure actuelle, il n’existe pas
d’autre répertoire aussi complet sur
le marché.
Par ailleurs, il est important de sou-
ligner que les données et les docu-
ments figurant sur Fundeye pro-
viennent exclusivement de sources
primaires, à savoir les agents admi-
nistratifs et les gestionnaires de
fonds eux-mêmes. Un tel niveau de
précision est unique sur le marché.
Fundeye est une filiale de Carnegie
Fund Services SA. Elle a été déve-
loppée et est continuellement mise
à jour en interne par notre équipe
d’informaticiens professionnels
chevronnés afin que les besoins
des clients en constante évolution
puissent être satisfaits.
traiter et diffuser des données et
des documents de manière rapide,
directe et économique. Elle est
reconnue, en Suisse et dans l’Union
européenne, en tant que plate-
forme officielle de publication d’in-
formations sur les fonds d’inves-
tissement par l’Autorité suisse de
surveillance des marchés financiers
(FINMA) et par l’Autorité belge
des services et marchés financiers
(FSMA) respectivement. Elle permet
donc aux gestionnaires de fonds de
communiquer avec leurs investis-
seurs actuels et potentiels dans le
respect du droit helvétique et des
réglementations européennes (y
compris le Règlement européen sur
la protection des données (RGPD)).
Fundeye a été conçue comme une
plateforme multilingue afin d’as-
surer au mieux les besoins des ges-
tionnaires de fonds et des inves-
tisseurs. Celle-ci est disponible en
anglais, français, italien, espagnol
et en allemand. Quant aux condi-
tions d’utilisation qui s’affichent
sur la page consacrée à l’inscription
sur le site, elles sont publiées dans
douze langues différentes.
Actuellement, elle fournit des ser-
vices aux investisseurs dans 58 pays
et pourra à l’avenir ajouter des lan-
gues et des pays en fonction de la
demande. Son but est de couvrir
plus de marchés et d’être présente
dans toutes les juridictions où sont
distribués des fonds de type UCIT.
Son puissant outil d’analyse, qui lui
permet de traiter des données quan-
titatives, compte parmi ses princi-
paux atouts. En effet, les utilisateurs
peuvent analyser les performances
passées d’un fonds afin d’évaluer si
Nouvelle référence en matière
de traitement et de publication
de données et de documents
de fonds d’investissement
n Neil Carnegie, CEO, administrateur et associé fondateur de Carnegie Fund Services SA
Développée par le représentant suisse de fonds étrangers Carnegie Fund Ser-
vices SA, basé à Genève, au travers de sa filiale fund-services.com SA, la nou-
velle plateforme Fundeye (www.fundeye.com) offre désormais aux investis-
seurs un service d’informations complet. En effet, elle permet non seulement
de publier des données et des documents, mais aussi de les diffuser de manière
automatique et directe à une liste de destinataires préétablie.
Fundeye a été spécifiquement
conçue dans le but de satisfaire
les besoins complexes en matière
d’information des investisseurs
professionnels, notamment ceux
des gestionnaires chargés de la
sélection des fonds et des respon-
sables de l’allocation d’actifs. Gra-
tuite, elle est organisée de manière
à considérablement simplifier la
procédure de due diligence : toutes
les informations essentielles se
trouvent au même endroit, ce qui
libère les professionnels de la tâche
fastidieuse consistant à rechercher
tous les composants de données et
de documents statiques et dyna-
miques dans différentes sources.
Plateforme de publi-
cation et diffusion de
documents et données
Grâce à sa facilité d’utilisation et à
la publication de données, de gra-
phiques et de documents complets,
Fundeye convient parfaitement
aux investisseurs privés également,
qui peuvent obtenir des informa-
tions à jour et précises par le biais
d’une interface claire et intuitive.
Fundeye offre la possibilité de télé-
charger des documents actuels et
anciens, répondant ainsi au besoin
des investisseurs professionnels
d’étayer leur processus de sélection
des fonds. De plus, grâce à son outil
intégré de diffusion automatique de
documents, les investisseurs et les
gestionnaires, chargés de la sélection
des fonds peuvent, sur demande, être
tenus au courant des nouvelles infor-
mations publiées. Ils ne sont donc plus
obligés de consulter régulièrement
une myriade de sites Internet afin de
tenter de deviner quels changements
ont subis les fonds qui les intéressent.
L’interface intuitive de Fundeye per-
met aussi aux investisseurs non pro-
fessionnels d’accéder facilement et
rapidement à des informations de
même qualité que celles destinées aux
investisseurs institutionnels, mais dans
un environnement conçu en fonction
de leurs particularités.
Fundeye se démarque non seule-
ment par ses services de publica-
tion et de diffusion automatique
à la pointe de la technologie, mais
aussi par la possibilité, pour les
gestionnaires de fonds, de publier
du matériel de marketing numé-
rique, que ce soit sous la forme de
présentations, de brochures ou de
coordonnées régionales. Elle leur
permet ainsi de publier et de diffu-
ser des documents et des données,
ainsi que d’adapter ces publica-
tions et diffusions en fonction du
type d’investisseurs, et ce à l’atten-
tion des investisseurs profession-
nels, institutionnels et privés, soit
l’ensemble de la communauté des
investisseurs. De cette manière, les
gestionnaires de fonds peuvent
toucher le bon public au bon
moment et au prix adéquat, tout
en gagnant du temps et en éco-
nomisant des ressources. En outre,
le système leur permet de savoir
quels documents diffusés ont été
ouverts et à quel moment et donc
de faire le suivi des envois automa-
tiques adressés à leur public cible.
Hautement automa-
tisée, multilingue et
internationale
Fundeye est une plateforme haute-
ment automatisée grâce à laquelle
les gestionnaires de fonds peuvent
Neil Carnegie, CEO, administra-
teur et associé fondateur de Car-
negie Fund Services SA, bénéficie
d’une vaste expérience interna-
tionale dans le domaine bancaire,
l’industrie des fonds, les valeurs
mobilières et les instruments déri-
vés. Avant de rejoindre la Banque
Cantonale de Genève (BCGE), il a
travaillé pour Merrill Lynch, Bear
Stearns, la Banque Gutzwiller,
Kurz et Bungener SA en Suisse et
a ainsi acquis son expérience dans
les domaines du courtage, du tra-
ding et des banques d’investisse-
ment. Diplômé du Swiss Finance
Institute de l’Université de Zurich,
il a commencé sa carrière dans l’in-
dustrie des fonds en 1992 en tant
que membre du comité d’investis-
sement de Swisscanto Funds.
16	 Numéro 74 – Automne 2018 – 	
ASPECTS éCONOMIQUES ET FINANCIERS
d’euros en Turquie, soit 36,2%
de l’exposition du système ban-
caire international dans ce pays,
d’après les données fournies par
la Banque des Règlements inter-
nationaux (BRI), siégeant à Bâle.
On restera ainsi à l’écart de l’Es-
pagne, avec un nouveau point
de situation en décembre. Autre
indicateur relevant, c’est le cours
du métal jaune. Il est resté faible.
Ce qui laisse croire que personne
n’anticipe, aujourd’hui, une crise
majeure. Pour sa part, Exane du
groupe BNP Paribas précise que
les sociétés aurifères sont les
victimes collatérales de la crise
turque. Avec les explications sui-
vantes en ce qui concerne l’or :
« La crise turque a accéléré la
baisse des devises émergentes et
les rapatriements de capitaux vers
les actifs étatsuniens. On observe
ainsi que la Turquie, comme la
Russie, ont beaucoup augmenté
leurs réserves en or depuis deux
ans, sans doute pour se préparer
pour une situation de crise. »
Les valeurs techno-
logiques toujours en
verve
Dans cette constellation, les
valeurs qui se comportent encore
le mieux sur les marchés sont les
entreprises technologiques. On
notera la capitalisation stratos-
phérique atteinte par la firme
Amazon – commerce en ligne,
entre autres – 1000 milliards de
dollars ! Il est bon alors de rap-
peler que l’année 2007 avait
elle aussi été un exercice faste
pour les valeurs technologiques,
précédant la plus grande crise
boursière mondiale depuis 1929.
Déclenchée, il est vrai, par la
débâcle des subprimes et des
banques. Nous conservons un
biais neutre.
Chronique financière
Une stabilité apparente
mais un regain de tensions
géopolitiques en Europe
n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Est-ce parce que nous approchons
le terme d’un cycle économique
que nos chefs d’Etat tergiversent
entre guerre commerciale et
menaces à peine voilées par le
biais de Twitter ? Chacun cher-
chant à acquérir un gain d’enri-
chissement pour la nation qu’il
dirige au détriment de l’autre.
Pourtant, l’époque voudrait que
ces mêmes dirigeants se mobi-
lisent au profit d’une vision
commune incluant le plus grand
nombre. Qu’ils entreprennent le
changement de paradigme néces-
saire. Celui que les générations
futures nous féliciteront. Hors
rien de tel. C’est encore le court
terme et l’électoralisme qui l’em-
portent sur le sens de la grandeur.
L’Asie stabilisée
Sur le plan géopolitique, les ten-
sions entre l’Iran et l’entourage
de Donald Trump se sont momen-
tanément apaisées. Permettant
ainsi une stabilisation du prix du
pétrole. C’est positif pour la maî-
trise de l’inflation et pour conte-
nir le renchérissement des prix.
Autant d’agrégats favorables à la
bonne santé des entreprises. Par
ailleurs, la crispation avec la Corée
du Nord et en mer de Chine ne
semble plus être au menu… du
moins, jusqu’à la prochaine crise.
Foyer de crise latent en
Europe
Etonnant que cela puisse être,
c’est à nos portes que se des-
sinent les contours d’un potentiel
foyer infraguerrier. C’est celui de
l’autonomie catalane. En début
d’année, la banque Vontobel
évoquait une situation surréa-
liste. L’établissement zurichois a
vu juste. Quand les indépendan-
tistes se mobilisent ils arrivent au
nombre de deux millions d’indivi-
dus, pour une population de 7,5
millions d’habitants. Ce n’est de
la loin pas la majorité des Cata-
lans qui poussent à la sécession
d’avec l’Espagne. Mais ils sont,
aujourd’hui, suffisamment nom-
breux pour bloquer cette région
jadis prospère sur plusieurs plans.
Un exemple en est l’insécurité
qui s’est répandue au sein des
échanges entre citoyens avec une
police autonome – los Mossos
d’Esquadra – comparable à une
police cantonale, en Suisse, forte
de 17’000 membres mais qui pré-
sente la même scission au sein de
ses rangs. Bonjour l’ambiance de
travail pour ces acteurs des forces
de l’ordre. Et pour le Catalan de
jamais savoir à quelle sensibilité il
s’expose quand il appelle la police.
Pour couronner le tout, sont
apparus les Comité de défense
de la République (CDR). Ce sont
des milices d’indépendantistes
qui intimident les habitants n’ad-
hérant pas au projet de sédition.
Bref, à part calmer le jeu au sein
de cette population qui est divi-
sée comme elle ne l’avait plus été,
avant la guerre civile espagnole, il
reste à prier. D’aucuns appellent
de leurs vœux à reprendre la main
sur les deux piliers qui ont permis
la montée en puissance de l’indé-
pendantisme. A savoir l’éducation
et la sécurité.
Mauvaise augure ou non ?
Comme si une incertitude ne
pouvait arriver seule, toujours
en Espagne, les banques sont
passablement exposées à la
crise turque. Comme nous l’ap-
prend Nicolas Klein, spécialiste
de renom de la chose espagnole :
« C’est le système le plus concerné
au monde par la dégringolade de
l’économie turque avec des actifs
de plus de septante milliards
Point de départ
par Anton W. Sussland
S’il est bien un
sujet qui suscite
des débats pas-
sionnés, c’est
bien celui des
retraites ! Si les
retraites et leur
mode de finan-
cement font autant jaillir les
émotions, c’est que ce sujet
est au croisement de l’écono-
mie froide et mathématique
d’une part, et de nos valeurs
sociales d’autre part. Comment
réconcilier les chiffres et un
idéal de société qui cherche à
protéger nos ainés ? Et ce n’est
pas tout. Les taux de nata-
lité sont en baisse et on voit
un éclatement de la structure
familiale classique : les enfants
sont de moins en moins enclins
(ou n’ont pas les moyens) à
subvenir aux besoins de leurs
parents dont l’espérance de vie
ne cesse – heureusement - de
croître. En Suisse, il faut se rap-
peler que lorsque la loi fédé-
rale sur l’assurance vieillesse et
survivants (AVS) a été approu-
vée en votation populaire le 6
juillet 1947, l’espérance de vie
des hommes était de 66 ans
avec un âge de la retraite fixé
à 65 ans ! Statistiquement, un
retraité suisse ne touchait sa
rente qu’une année ! Reconnu
par tous, le système actuel de
financement des retraites n’est
pas tenable, mais le courage
politique manque pour les
réformes. Jouer la montre ne
fait qu’aggraver la situation…
La rendre de plus en plus ins-
table… Au premier plan des
victimes, on trouve les per-
sonnes actives de la tranche
des 50 à 60 ans. En effet, en
cas de changement (inévitable)
du système de financement
des retraites, cette tranche de
la population ne bénéficiera
pas des périodes de transition
(en douceur ?) dont bénéficie-
ront probablement leurs ainés,
plus proches de la retraite. Et
contrairement aux générations
plus jeunes, nos jeunes quin-
quagénaires n’auront pas le
luxe de pouvoir compter sur
de nombreuses années de tra-
vail pour pouvoir mettre plus
d’épargne de côté… Ils devront
prendre en main la planifica-
tion de leur retraite !
Numéro 74 – Automne 2018 – 	 17
Tribune libre
Fin de la garantie minimale :
une aubaine pour les entrepreneurs et les cadres
En octobre dernier, le Conseil fédéral supprimait la garantie minimale pour les assurés
dans les caisses de pension couvrant les revenus dépassant les 126'900 francs et pro-
posant plusieurs stratégies de placement (cf. modification art. 17 LFLP). En effet, lors de son départ,
l'assuré perçoit son avoir de prévoyance augmenté des rendements réalisés, liés au choix de ses inves-
tissements, tout en assumant désormais seul les éventuelles pertes.
Cette décision forte était nécessaire, comme le confirme l'attrait croissant pour les plans 1e. Le gouverne-
ment a ainsi répondu au besoin de flexibilité du 2e
pilier, en permettant aux assurés de gérer leurs avoirs de
prévoyance de manière individuelle, selon leurs propres besoins et en toute transparence, dans un esprit
d’entrepreneur. De surcroît, cette mesure est bonne pour les employeurs, puisqu'elle réduit considérable-
ment les engagements financiers de ceux qui sont soumis aux normes comptables internationales (IAS19).
Pour nuancer, regrettons tout de même que, sous couvert de respect de la collectivité, les nouvelles
dispositions limitent à dix le nombre de stratégies de placement autorisées.
Plus que tout, cette modification légale a ouvert la voie à un important changement de paradigme :
l'exécutif de notre pays a enfin admis que les fonds déposés auprès des institutions de prévoyance
sont la propriété des clients à part entière ! Malgré une certaine timidité, les autorités affirment que le
renforcement du système des trois piliers, qui croule sous le poids démographique, ne peut se passer
de liberté et de responsabilité individuelle. Espérons que la tendance se poursuivra. Par exemple, en
élargissant la flexibilité à l'ensemble de la prévoyance surobligatoire (dès 84'600 francs) ?
Libres propos
par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne
Note d’humeur
par Maurice Baudet
Fake News
La mode est aux
« fake news ». Ce
terme est devenu
l’invective favorite
de Donald Trump,
lequel en aurait
lui-même, selon le
Washington Post,
distillé une moyenne de huit par
jour depuis son investiture. Cette
nouvelle arme politique et écono-
mique ne manque pas d’efficacité :
elle a pour elle l’effet d’annonce.
A l’instar de la calomnie, même
lorsque le ballon se dégonfle, il en
reste toujours quelque chose.
Dans ce domaine, la palme de
l’été revient sans doute en Suisse
au pesant pavé dans la mare
jeté par l’Union Syndicale Suisse,
dont le président, Monsieur Paul
Rechsteiner, annonçait bruyam-
ment début août qu’il claquait
la porte des négociations sur
l’accord-cadre avec l’UE, la ligne
rouge des mesures d’accompa-
gnement de la libre circulation
des personnes ayant été franchie.
L’infortuné Johann Schneider-
Amman devait interrompre ses
vacances, dont il semblait pour-
tant avoir tant besoin, pour cla-
mer son indignation et tenter de
calmer le jeu.
Quelques jours plus tard, l’on
apprenait qu’en fait le sieur
Rechsteiner s’était livré à une sor-
tie certes spectaculaire, mais suivie
par un retour très discret dans le
bureau du Conseiller fédéral en
passant par la porte arrière, et que
les discussions se poursuivaient.
Quelle mouche a donc piqué
l’USS ? Les motivations de cette
manœuvre sont sans aucun doute
de plusieurs ordres. La première
cible était sans doute sa bête
noire attitrée, le trop libéral Igna-
zio Cassis. Puis vint une seconde
explication. Toujours heureux de
se répandre dans les médias, le
Conseiller d’Etat vaudois Pierre-
Yves Maillard s’était précipité
pour applaudir avec fracas le refus
de Paul Rechsteiner. Puis il annon-
çait peu après sa candidature à la
tête de l’USS où, tenant de la ligne
dure, il joue le rôle de favori.
Et c’est ainsi que l’USS, dont les
effectifs enregistrent une baisse
inquiétante, a brillamment con­
quis son rôle de vedette du feuil-
leton de l’été.
Point de Mire, No 74, Autumn 2018
Point de Mire, No 74, Autumn 2018
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Point de Mire, No 74, Autumn 2018

  • 1. La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance No 74 – Automne 2018 – CHF 12.– / E 12.– w w w.pointdemire.ch Revue fondée en 1995, 23e année ISSN 1662-6826 Prévoyance professionnelle et marché immobilier De nouveaux défis en perspective ! 1 Portrait Alexandre Michellod, CAIA Président du Conseil lemania-pension hub / fondation lemania de libre passage (fllp) Genève « lemania-pension hub, ­plate­forme de prévoyance, doit devenir le point d’entrée de référence pour les conseillers patrimoniaux et les courtiers en assurance » (➥ suite en page 4) ©KarineBauzin Point de situation et solutions L’évolution démographique et sociétale impose des réformes structurelles, notamment en liaison avec le financement des prestations découlant de la prévoyance vieillesse. Toute- fois, confrontées depuis plus de vingt ans à l’opposition au sein du processus politique et à la contestation systématique d’une majorité de la population, les récentes tentatives de révision du système des trois piliers n’ont jamais pu aboutir. C’est dans un tel contexte d’incertitude que la prévoyance vieillesse est devenue aujourd’hui l’une des préoccupa- tions majeures de la population. La mise en place de la structure de base du lemania – pension hub, annoncée en mai dernier, a d’ailleurs trouvé ses fondements, selon ses initiateurs, dans la phase qui a suivi l’échec en votation populaire l’an dernier du projet de réforme Prévoyance 2020, ainsi qu’en raison d’un cycle conjonctu- rel favorable à la capitalisation de l’épargne, facteur principal de l’ac- croissement des capitaux accumu- lés dans le circuit de la prévoyance professionnelle et individuelle. La plateforme lemania – pension hub souhaite ainsi pouvoir ame- ner des solutions concrètes au niveau du 2e et du 3e pilier par une gamme de prestations novatrices. Elle devrait surtout permettre aux acteurs spécialisés qui recourront à ses services d’obtenir des réduc- tions de coûts et dès lors des meil- leurs rendements d’échelle en faveur de leurs clients (approche «B2B2C»). Pour en savoir plus, nous avons rencontré à Genève Alexandre Michellod, initiateur et fondateur de lemania - pension hub. Pour les lecteurs de Point de Mire, il a bien voulu nous dévoiler les détails de ce nouveau concept. Alexandre Michellod Le 24 septembre 2018, le lancement de la marque lemania - pension hub a été officiellement annoncé, permettant à la première plateforme romande de prévoyance dédiée aux entrepreneurs de la finance (courtiers, GFI et Wealth Managers) de franchir une nouvelle étape suite à l’annonce de sa constitution au printemps dernier. Cette approche novatrice a été initiée par le rapprochement de trois fondations actives dans la prévoyance professionnelle et indi- viduelle (la fondation lemania de libre passage – fllp, la Fondation pour Cadres et Dirigeants d’Entreprises et la Fondationromandeenfaveurdelaprévoyanceindividuelle3a–frpi).Avecl’arrivéedanslehubcetétédel’Associa- tion Romande de Médecins – AROMED et en septembre du Groupe Mutuel, la plateforme lemania - pension hub se renforce et passe un cap important, avec pour objectif stratégique de devenir le point d’entrée de référence pour l’ensemble des intermédiaires financiers actifs dans le conseil lié à la prévoyance professionnelle ou individuelle.
  • 3. Numéro 74 – Automne 2018 – 3 Sommaire éditorial « Tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne veut devenir vieux. » Jonathan Swift, écrivain irlandais au XVIIIe siècle La retraite, aujourd’hui, non seulement se prépare elle s’encadre aussi. Dans un pays vieillissant comme le nôtre, ce que l’on appelle la Silver économie - la clien- tèle du troisième et du quatrième âge - constitue un potentiel d’affaires important. Premièrement, ce sont nos aînés qui ont eu le temps d’accumuler, d’épar- gner, d’hériter, de vendre leur entreprise et de pous- ser les enfants hors du nid. Deuxièmement, ce sont eux également qui ont le plus fort pouvoir d’achat. Beaucoup l’ont très bien compris. Des agences de voyages aux autres fournisseurs de loisirs en passant par les assurances des efforts considérables sont dépensés en marketing pour attirer cette population courtisée. En matière de conseil financier global, nos aînés ont un grand besoin de services et de conseils. Je dis bien de services et moins de produits. Parce que, contrairement aux plus jeunes, ils ont compris eux que la vie est essentiellement composée de temps et qu’avec l’âge c’est la denrée de plus en plus rare. À la quantité, notre clientèle senior préfère la qualité. La valeur du service ou du conseil rendu prime alors sur l’aspect stricte- ment pécuniaire. Aux côtés du médecin de famille, le gérant de fortune indépendant (GFI) est aussi un confident. Et c’est un offreur de solutions. Dans tous les cas, il est celui ou celle qui œuvre au maintien et à la transmission du patrimoine. Aussi, il est fréquent que le mandat d’exé- cuteur testamentaire soit confié au GFI. Ce dernier mandat est fixé dans le cadre d'un testament. Seul le client, de son vivant, peut prendre une telle disposition. Personne d'autre ne peut le faire à sa place. Un mandat d'exécuteur testamentaire se justifie lors d'un patrimoine/héri- tage complexe. Une mésentente palpable ou des héritiers dits compliqués. La relation de confiance entre le GFI et son client prend alors tout son sens. Soit la relation est encadrée par un mandat de gestion de fortune ou de conseils et on pourra admette que quelques services annexes soient com- pris dans la marge. Soit une tarification horaires ou, à l’instar du médecin de famille, à la prestation sera appliquée. Concernant plus spécifiquement le coût du mandat d’exécuteur testamentaire, les notaires de la place ont bien tenté, par le passé, d’élaborer une échelle de prix. Monsieur Prix s’y était opposé. À tort ou à raison, dénonçant une forme d’entente. Le mandat est suspendu tant que le de cujus - le client - est vivant. C'est une mission de très grande confiance. Il est illusoire de penser que les grandes structures bancaires, une fois de plus, avec leur turnover de personnel élevé, puissent répondre à un tel niveau d'intimité et de connaissance de la famille du client. La demande de lits dans les EMS croît plus lentement que le nombre de personnes âgées selon l’Office fédéral de la statistique. Mais la courbe s’inverse parce les personnes âgées sont toujours plus nom- breuses à finir leur vie chez elles. Alors il faut davantage de logements adaptés au troisième âge. Ces résidences doivent être assez attrayantes pour que les personnes concernées puissent envisager d’y vivre bien avant que la question de la dépendance se pose. Tel est le constat en Suisse partagé par les principaux décideurs et acteurs politiques. De l’ère « tout EMS » - qui par moment ressemblait plus à une fuite en avant et à une bonne affaire commerciale - on est en train de se réorienter vers le maintien des seniors à domicile. Pour autant, la Suisse ne serait pas pion- nière dans le domaine. Les Pays-Bas sont plus avancés. On y a décidé qu’il n’y aurait plus de EMS. Le coût du maintien des personnes à domicile est bien moindre pour l’ensemble de la collectivité que la formule EMS, selon leurs statistiques. C’est un changement de paradigme qui valorise égale- ment le gérant financier indépendant. Qui de mieux placé a la vue d’en- semble sur la chose patrimoniale ? Qui est en mesure d’entreprendre une démarche auprès de la caisse de compensation, de remplir un formulaire en vue de l’obtention d’une rente d'impotent, de revoir le portefeuille d’assurances, de prendre rendez-vous avec l’opérateur téléphonique pour l’installation de la fibre optique, de comparer les frais bancaires et d’obtenir l’optimum pour le client. C’est le GFI. François Meylan, Rédacteur associé Point de Mire Editeur : Association Point de Mire Edition, Genève | Administration, abonnements et gestion des annonces : Point de Mire – 9, rue de Candolle, CP 5340 – 1211 Genève 11, Tél. 022 550 2945, E-mail : info@pointdemire.ch – www.pointdemire.ch | Directeur de la publication : Jean-Pierre Michellod | Rédacteur en chef : Daniel Stanislaus Martel | Rédacteur associé : Maurice Baudet | Ont également participé à la rédaction de ce numéro : Norberto Birchler, Neil Carnegie, Albert Gallegos, François Meylan, Antonio Rosati, Anton W. Sussland, Pasquale Zarra | Crédit photos : Maurice Baudet, Karine Bauzin, Jean-Pierre Michellod, PayrollPlus AG, Loris von Siebenthal et divers contributeurs / Copyright 2018 | Composition, mise en page et impression : APPI Sàrl (Denise Gaillard) - Riant-Coteau 11 – CH-1196 Gland - Tél. 022 995 0252 – Fax 022 995 0257 | Diffusion postale en Suisse contrôlée par la REMP : 4-5 numéros par an | Diffusion spéciale à l’étranger : une version électronique est diffusée par la Fédération Européenne des Conseils et Intermédiaires Financiers (FECIF à Bruxelles) à ses membres francophones dans l’Union européenne. | Prix de l’abonnement (Suisse) : 1 an CHF 45.– / 2 ans CHF 80.– / Abonnement de soutien CHF 250.– / Prix au numéro CHF 12.– / E 12.– | © Point de Mire 2018 Tous les droits sont réservés. Toute réimpression, copie de texte ou d’annonce, ainsi que toute utilisation sur des supports optiques ou électroniques, sont soumis à l’approbation préalable de la rédaction. Portrait Pages • Alexandre Michellod, CAIA, Président du Conseil, lemania-pension hub / fondation lemania de libre passage (fllp), Genève « lemania-pension hub, ­plate­forme de prévoyance, doit devenir le point d’entrée de référence pour les conseillers patrimoniaux et les courtiers en assurance » 1, 4, 5 et 6 • Questions à Monsieur Patrick Féral, Président d’AROMED, Association romande de médecins 7 • Questions à Madame Marlène Rast, directrice des institutions de prévoyance du Groupe Mutuel 7 Éditorial • « Tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne veut devenir vieux. » 3 Ressources humaines – nouveaux concepts • Avoir un employeur « virtuel », un grand avantage pour l’indépen- dant ou le consultant en quête de stabilité professionnelle 9 Retraites & Prévoyance • La prévoyance et les baby-boomers 10 et 11 • Quelle prévoyance pour demain en Suisse ? 12 Association romande des intermédiaires financiers – 20 ans d’histoire • 1999 - 2019 : Bientôt 20 ans, et après ! 13 Ingénierie immobilière et fonds de placement • Valres, un fonds de placement aux valeurs responsables 14 Fintech & solutions financières nouvelles • Nouvelle référence en matière de traitement et de publication de données et de documents de fonds d’investissement 15 Aspects économiques et financiers • Chronique financière : Une stabilité apparente mais un regain de tensions géopolitiques en Europe 16 • Point de départ 16 Tribune libre • Libres propos : Fin de la garantie minimale : une aubaine pour les entrepreneurs et les cadres 17 • Note d’humeur : Fake News 17 Forum • Evénements en perspective : - Deux journées spéciales pour les professionnels RH 18 - Focus Conférence : lemania-pension hub 18 • Echos des affaires et de l’économie 19 • Point d'arrivée 19
  • 4. 4 Numéro 74 – Automne 2018 – Portrait (➥ suite de la page 1) lemania-pension hub, Genève voyance professionnelle, les assu- rés du 2e pilier réussissant à ache- ver un tel cycle en entreprise se font aujourd’hui bien rares. Cer- tains en viennent même parfois à considérer le franchissement de la limite des 58 ans, souvent asso- cié à une retraite anticipée régle- mentaire, comme un accomplis- sement dans un contexte où le financement des bonifications d’épargne des 55 ans et plus devient pour l’employeur une source de dépenses toujours plus difficile à optimiser. Observant ce phénomène, beaucoup de jeunes ne souhaitent plus jurer loyauté à une entreprise préfé- rant privilégier une vie profes- sionnelle épanouie, marquée par des expériences et parfois de longs séjours à l’étranger ou du temps partiel sans se soucier de l’impact de ces facteurs sur la constitution de leur épargne de prévoyance professionnelle, et de la « problématique des 44 années complètes » nécessaires pour obtenir des prestations à 100% de l’AVS. La transition vers une économie 4.0 foncièrement « uberisée » renforce encore plus cette tendance. PdM : Vous avez pris l’initiative de créer un hub romand de la prévoyance alors même que l’on assiste, depuis des années, à une diminution du nombre des institutions de prévoyance tout en observant une croissance du nombre des assurés. N’est-ce pas paradoxal ? Et quelles sont les rai- sons de ce phénomène ? A.M. : Il n’y a là, au contraire, aucun paradoxe. La plateforme lemania-pension hub accom- pagne justement cette tendance à la concentration des caisses de pensions. Le nombre d’insti- tutions certes diminue, mais ce sont surtout les institutions de prévoyance propres à un seul employeur qui disparaissent (une centaine par année) alors que les structures collectives sont toujours en augmentation avec en arrière-fond une hausse continue du nombre d’assurés affiliés dans le système qui frôle les 4 millions de personnes. Les fondations membres du hub lemania sont dans leur totalité des structures collectives (FCDE, AROMED1 , Mutuel Prévoyance2 ) à l’exception de la fondation lemania (fllp) spécifique au libre passage et de la fondation romande en faveur de la pré- voyance individuelle (frpi). L’ob- jectif principal de ce nouveau hub est justement de pouvoir amener des solutions à ces mil- lions de personnes qui, dans leur grande majorité, se posent des questions quant à l’évolution à terme de leur épargne de pré- voyance. Leurs préoccupations sont ramenées au niveau du hub par leurs conseillers (courtiers, GFI et Wealth Managers) que nous souhaitons pouvoir accom- pagner dans leur travail de conseiller patrimonial. En Suisse, ce travail se fait principalement par l’optimisation des structures de prévoyance. La plateforme lemania-pension hub doit deve- nir le point d’entrée de réfé- rence pour les intermédiaires financiers actifs dans le conseil patrimonial. PdM : Le « lemania-pension hub » vise donc les fonds de prévoyance placés sous une direction com- mune. Pourriez-vous nous en expliquer l’idée de base et les avantages que ce concept nova- teur offre, notamment dans le contexte actuel ? Ecoutons-le ! Point de Mire : Comme le pro- clament bien fort les médias, « la prévoyance vieillesse est aujourd’hui la préoccupation majeure des Suisses ». Pourquoi en est-il ainsi ? Alexandre Michellod : Dans un contexte de configurations de vie qui changent, d’un monde du travail qui évolue et d’un cycle conjoncturel tout à fait particu- lier (faiblesse des rendements en francs suisses), le système de prévoyance vieillesse doit désormais faire face à des défis considérables, non seulement liés à l’évolution nécessaire de ses paramètres dits techniques (comme la baisse du taux de conversion ou le calcul du taux technique), mais également au financement de ses prestations par le système de répartition pour le 1er pilier et de capitalisa- tion pour le 2e pilier. Selon moi, le peuple suisse ne souhaite clai- rement pas remettre en cause le système de financement par la capitalisation. Raison pour laquelle c’est désormais du côté du 1er pilier et de son système de financement basé sur la réparti- tion que s’orientent les priorités du politique. Le récent refus par le peuple du projet Prévoyance 2020 a probablement provoqué une prise de conscience auprès des Suisses de l’ampleur des défis que notre système dit « des 3 piliers » va devoir relever afin de pérenniser le fonctionnement de son financement basé à la fois sur la répartition et la capitali- sation. Malgré la relative com- plexité de la matière, cette thé- matique préoccupe aujourd’hui non seulement les rentiers du système, mais surtout les actifs au niveau de la prévoyance pro- fessionnelle qui, je le rappelle, représentent selon les récentes statistiques, quelque 4 millions de personnes, plaçant ainsi logi- quement et mathématiquement la prévoyance vieillesse comme l'une des principales préoccupa- tions des Suisses! PdM : Notre système de pré- voyance, basé sur trois piliers, est considéré souvent comme un modèle pour de nombreux pays et pourtant celui-ci doit faire face aujourd’hui à de grands défis. Quels sont-ils et quelles en sont les limites ? Quid notamment de la position du tiers cotisant ? A.M. : Les limites sont clairement liées au système de financement propre à chacun des éléments constituant notre système basé sur trois piliers. Alors que la pré- voyance étatique du 1er pilier repose sur un système de répar- tition qui va atteindre clairement ses limites à moyen terme, la prévoyance professionnelle du 2e pilier, quant à elle, connaît une contribution du cotisant dit tiers (les marchés financiers) relativement stable. Il apparaît ainsi comme une évidence que les causes du récent échec de la réforme globale de notre sys- tème de prévoyance vieillesse (i. e Prévoyance 2020) résulte d’avoir voulu lier le destin de ces deux systèmes de financement de prestations vieillesse dans un projet de réforme globale à la fois du 1er et du 2e pilier. Pour répondre clairement à la ques- tion, le 1er pilier atteint déjà aujourd’hui ses limites alors que le 2e pilier basé sur la capitalisa- tion de l’épargne portant sur un cycle de 40 ans est, à mes yeux, le seul système de financement adapté à la prévoyance profes- sionnelle. Le tiers cotisant appor- tera toujours une contribution plus qu’effective au système aux côtés des cotisations provenant de la part paritaire employé et employeur. PdM : Toutes les tentatives de réforme par le processus poli- tique ont jusqu’ici échoué. Com- ment en sommes-nous arrivés là ? Un autre défi est celui de l’évolu- tion démographique et la durée de vie toujours plus élevée. La transition vers l’économie 4.0 et les technologies nouvelles qui provoquent des bouleversements dans les cursus professionnels, est une autre grande contrainte. Que pouvez-vous en dire vu sous l’angle de la prévoyance ? A.M. : Sans vouloir refaire l’his- torique du débat du projet de réforme Prévoyance 2020, je crois simplement, qu’au-delà des considérations démogra- phiques, la société dans laquelle nous vivons a surtout évolué sur le plan professionnel. La LPP (Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survi- vants et invalidité) est basée sur un cycle d’épargne de 40 ans qui débute pour l’assuré à l’âge de 25 ans et qui doit s’achever en théorie 40 ans plus tard à 65 ans. Considérés sous l’angle de la pré- 2935 2770 2669 2543 2435 2351 2265 2191 2073 1957 1886 1782 1713 1465 1312 1239 1140 1067 1023 956 892 821 754 686 643 605 3,153,479 3,849,654 0 500,000 1,000,000 1,500,000 2,000,000 2,500,000 3,000,000 3,500,000 4,000,000 4,500,000 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Total des insƟtuƟons de prévoyance IP d'un seul employeur Nombre d'assurés affiliés à ces insƟtuƟons de prévoyance Évolution de la prévoyance professionnelle Renforcement des fondations collectives & importance de la prévoyance individuelle Source : lemania-pension hub©
  • 5. Numéro 74 – Automne 2018 – 5 par l’intermédiaire de la fonda- tion Lemania (fllp) dont je pré- side le Conseil. Le board a été ouvert aux représentants du hub et intègre des partenaires indé- pendants comme Me Alexandre de Boccard ou l’expert en com- munication Laurent Pittet. En outre, un Steering Committee composé de représentants issus des entreprises du hub s’occupe au quotidien de la coordination et des aspects opérationnels entre les fondations et les ges- tionnaires de fortunes (Gonet & Cie SA, Groupe Mirabaud, PLEION). PdM : Le « lemania-pension hub » vise les entrepreneurs de la finance, dans ce contexte vous englobez aussi bien les gérants de fortune indépendants (GFI) que les Wealth Managers et les courtiers en assurance. Quels sont les critères que vous retenez pour les accepter ? A.M. : La plateforme lemania vise les entrepreneurs de la finance, mais effectivement surtout l’ensemble des intermédiaires financiers comme le sont non seulement les courtiers en assu- rance-vie, mais également les GFI/ Wealth Managers qui ne sont pas au bénéfice d’une licence ban- caire/FINMA ou de l’agrément de la CHS PP (Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle). Sous cet angle, les courtiers en assurance sont proches de la prévoyance, mais éloignés de la gestion de fortune alors que les courtiers financiers (ou « consultants ») sont proches de la gestion de fortune, mais éloi- gnés de la prévoyance. En finalité, courtiers et consultants sont bien Portrait A.M. : Dans le cadre du finance- ment par la capitalisation, le libre choix des placements est au cœur de l’offre lemania. Il permet à l’assuré de retrouver un rôle actif dans la gestion de ses avoirs de prévoyance. Ce dernier point est un des avantages majeurs pour le preneur de prévoyance. Les solu- tions de prévoyance issues de la plateforme lemania incitent en effet leurs bénéficiaires à s’impli- quer de manière dynamique dans le suivi de leur épargne de pré- voyance et non pas de manière unique lorsqu’ils sont contraints de le faire, par exemple lors de la sortie d’une caisse de pen- sions. Avec les solutions fournies par les prestataires de la plate- forme lemania, l’assuré a la pos- sibilité de faire son choix à plu- sieurs niveaux, en fonction de ses objectifs et de ses contraintes qui sont souvent relayés, au niveau du hub, par les courtiers, GFI ou Wealth Managers accrédités à la plateforme. PdM : Votre nouvelle structure se concentre également sur la pré- voyance surobligatoire 1e, dite « Bel étage », proposée dans le cadre de salaires assurés dépas- sant le seuil des CHF 126'900. Au travers du « lemania-pension hub » et de par la législation qui a récemment été modifiée, vous visez donc la diminution du risque des institutions et des entreprises, tout en offrant une marge décisionnelle accrue à leurs clients finaux, qui forment la masse des assurés ? Que pou- vez-vous nous dire à ce sujet ? A.M. : L’engouement que connaît depuis peu les plans de pré- voyance dits « 1e » est effec- tivement lié à une évolution réglementaire récente de la Loi fédérale sur le libre passage dans la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (i. e article 19a LFLP). Si désormais des solutions de « derisking 1e » peuvent clairement être béné- fiques pour certaines grandes entreprises au niveau de leurs engagements comptables liés à la prévoyance professionnelle, je suis certain aussi que les plans 1e vont être également favorables à certaines PME. Dans le contexte du phénomène de consolidation des institutions de prévoyance décrit précédemment, des fon- dations de prévoyance propres à un seul employeur, qui existent encore auprès de certaines PME, vont avoir une opportunité de pouvoir ainsi pérenniser le finan- cement des engagements de leur caisse de pensions par l’in- termédiaire d’un dispositif de prévoyance scindée (« splitée ») réalisé par une affiliation à une fondation collective active uni- quement dans la prévoyance surobligatoire au sens de l’article 1e de l’OPP2 (Ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieil- lesse, survivants et invalidité). Au sein du hub lemania, la Fon- dation pour Cadres et Dirigeants d’Entreprises (FCDE) est effecti- vement active dans ce segment 1e : elle a pour but d’amener à la fois une solution pour péren- niser l’engagement financier lié au fonds de pension d’une PME et permettre simultanément à ses assurés de bénéficier du libre choix des placements pour dynamiser la constitution de son épargne de prévoyance. Une forme de compromis social en quelque sorte pour permettre à une fondation propre à une entreprise de pouvoir exister encore sous l’angle économique. PdM : La banque privée Gonet & Cie SA a été la première, en Suisse romande, à s’intéresser au concept que vous entendiez développer. Aujourd’hui, d’autres institutions financières s’associent à votre concept. Comment cette évolution s’est-elle faite ? A.M. : Je connaissais Nicolas Gonet depuis quelques années déjà et l’évidence d’exploiter ensemble un momentum favorable pour initier la mise en place de la future plateforme lemania nous est apparue très naturellement en 2017, lorsque l’actualité liée à la prévoyance professionnelle était à son zénith. Entre le projet Prévoyance 2020 et l’entrée en vigueur du nouvel article 19a LFLP cité précédemment, les sujets de réflexions ne manquaient pas. Il fallait alors simplement « oser » aller jusqu’au bout de nos envies. Le profil de banquier entrepreneur que l’on reconnait à Nicolas Gonet et mon envie d’entreprendre durant ma 40e année ont été les déclencheurs pour exploiter alors ce fameux momentum… Tout s’est ensuite très vite enchaîné, la convergence de points de vue avec les repré- sentants du groupe Mirabaud, la rencontre avec Patrick Héritier, CEO de PLEION, l’onboarding de l’Association romande de Méde- cins basée à Gland et finalement l’aboutissement très récent des négociations avec le Groupe Mutuel à Martigny. En moins d’une année, l’ensemble de ces acteurs ont démontré que les Romands sont aussi capables de se fédérer pour contribuer ensemble à faire évoluer notre système de prévoyance vieillesse. C’est là un accomplissement majeur dont nous pouvons au sein du hub Lemania être fiers ! PdM : Vous réunissez donc des entités individuelles. S’agit-il en fait de clients de vos services d’intermédiaire ou ces entités sont-elles de réels partenaires ? Élaborent-ils donc conjointement avec vous les décisions ? A.M. : Cette question est très importante sous l’angle de la gouvernance. lemania – pension hub fonctionne avec des parte- naires totalement associés au processus décisionnel. La plate- forme est actuellement pilotée (➥ suite en page 6) Source : lemania-pension hub© Source : lemania-pension hub©
  • 6. 6 Numéro 74 – Automne 2018 – Portrait (➥ suite de la page 5) lemania-pension hub, Genève est en marche et les carrières en entreprises ne sont plus les mêmes et sont surtout de plus en plus rarement un long fleuve tranquille. Les prestations de sortie d’une caisse de pensions en libre passage étaient autre- fois marginales, elles sont main- tenant devenues un phéno- mène courant en entreprise, qui impacte non seulement l’indi- vidu dans son statut d’employé, mais également le directeur des ressources humaines qui gère la sortie des collaborateurs sous l’angle administratif et aussi de la prévoyance professionnelle. Il y a ici clairement un enjeu de responsabilités individuelle et collective, qui doit être maîtrisé tant par l’employé que par son employeur. La vice-présidente du Conseil de la fondation lemania de libre passage, Mme Roxane Ecoffey, abordera cette théma- tique le 3 octobre lors d’une conférence au salon RH intitulée « La capitalisation de l’épargne de prévoyance, 40 ans de respon- sabilité commune ». PdM : Une question un peu éloi- gnée du sujet, mais liée aux res- sources humaines. Tout le monde le sait, mais on feint de le décou- vrir, que les actifs de « 50 ans et plus » sont pénalisés par le coût de la prévoyance à charge des entreprises pour cette tranche d’âge. Que pourrait-on faire pour atténuer ce handicap ? A.M. : À mon sens la problé- matique pourrait être abordée par un processus de cotisation d’épargne démarrant non pas à 25 ans, mais à 18 ans déjà comme pour les cotisations liées au risque. Il conviendrait peut-être, en parallèle à cette démarche, d’uniformiser les bonifica- tions d’épargne et d’abolir les fameuses tranches de cotisations « 7/10/15/18 » par tranches d’âge. Il me paraît quelque peu para- doxal au niveau politique de vou- loir pousser l’augmentation de l’âge de la retraite au-delà des 65 ans sans pour autant s’adap- ter à la réalité du monde de l’en- treprise où le franchissement de l’âge de 58 ans est déjà consi- déré, par certains, comme un objectif ambitieux… PdM : Enfin, à l’horizon des cinq prochaines années, comment le secteur de la prévoyance profes- sionnelle surtout va-t-il évoluer ? Peut-on simplement continuer sur la tendance actuelle ou ima- ginez-vous d’autres réformes à mettre en œuvre ? A.M. : Je crois fermement à un système de prévoyance vieillesse basé sur 3 piliers, même si nous assistons depuis quelques années à une dérive certaine entre les régimes obligatoires (1er pilier et Alexandre Michellod est titulaire d’une licence en gestion d’entre- prise de la section HEC de l’Université de Genève, de la certification Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA) et porteur égale- ment du brevet fédéral de spécialiste de la prévoyance en faveur du personnel. Il a débuté son activité professionnelle en 2000 comme économiste auprès de la société de gestion institutionnelle IAM, à Genève. En 2002 il a rejoint, à Lausanne, le siège de la Banque Cantonale Vaudoise avant d’intégrer, en 2005, Wegelin & Co. Ban- quiers Privés dont il fut membre du Comité Exécutif pour la Suisse romande. Au sein du groupe Edmond de Rothschild, pour lequel il fut actif de janvier 2012 à octobre 2017, il a créé l’offre de pré- voyance professionnelle pour le marché suisse et les stratégies OPP2 siam permettant une gestion sous contrainte OPP2 et fiscalement efficiente de l’épargne de prévoyance. Il y dirigea dans ce contexte les solutions collectives et individuelles proposées par la banque aux particuliers et aux entreprises. Depuis le 1er novembre 2017, il dirige le département Wealth Solutions de la banque Gonet & Cie SA et siège, comme représentant de l’employeur, au Conseil de fondation de la caisse de pensions du groupe Gonet. Depuis mars 2018, il est Président du Conseil de la fondation lemania de libre passage (fllp) qui dirige les activités de la plateforme lemania-pension hub, et est également Président du Conseil de la Fondation romande en faveur de la prévoyance individuelle 3a (frpi). des intermédiaires financiers. Avec une approche B2B2C, l’ambition de la plateforme lemania est de pouvoir toucher en finalité d’une part les assurés au sein du 2e pilier par l’intermédiaire des PME qui les affilient à la prévoyance pro- fessionnelle et d’autre part les épargnants volontaires au sein du 3e pilier via la prévoyance 3a. Les intermédiaires financiers accrédi- tés lemania - pension hub peuvent être des intermédiaires courtiers en assurance avec un numéro FINMA ou des conseillers non-ges- tionnaires de fortune appartenant à une organisation d’autorégula- tion (OAR) reconnue par la FINMA ou être placés sous la FINMA dans le cadre de la Loi fédérale sur le blanchiment d’argent (LBA). PdM : À moyen et plus long terme comment le « lemania-pension hub » devrait-il évoluer ? Quelle est votre vision et plus spécifique- ment les objectifs visés en matière du volume géré, du nombre de vos partenaires en prévoyance ? Pour l’heure vous jouez la carte de la Suisse romande et votre enraci- nement sur ce marché ? Mais il est relativement étroit, qu’en est-il de la Suisse alémanique ? A.M. : Nous revendiquons une expertise romande pour une ambition suisse. La plateforme lemania – pension hub a claire- ment l’ambition d’occuper une place de choix au niveau natio- nal. Dans le domaine des solu- tions de prévoyance profession- nelle et individuelle proposant le libre choix de placement, la volonté des 3 fondations actives dans ce segment au niveau du hub lemania est d’arriver, d’ici 2026, à passer le cap du milliard de francs en supervision d’ac- tifs. Pour y parvenir, nous allons devoir effectivement franchir la Sarine. La marque «lemania» se prononce, semble-t-il, aussi faci- lement dans les différents dia- lectes de la Suisse alémanique… PdM : Le « lemania-pension hub » participera justement au Salon RH 2018 à Genève. Quelles sont les motivations qui vous ont amené à y prendre part ? Il est un fait qu’une approche cohérente de la prévoyance fait partie d’une gestion optimum des ressources humaines. Comment allez-vous vous présenter à ce salon ? A.M. : Comme précédemment expliqué, l’évolution sociétale régime obligatoire du 2e pilier) et hors obligatoires (2e pilier surobligatoire et 3e pilier indi- viduel). L’échec des dernières tentatives de réforme en est lar- gement l’illustration. Par corol- laire, aucune solution concrète avant 5 ans, voire même 10 ans, ne sera proposée par le politique au niveau de la prévoyance pro- fessionnelle. Ce dernier donne désormais en effet la priorité à la prévoyance étatique du premier pilier qui doit en effet de toute urgence trouver des solutions en ce qui concerne son financement. Dans ce contexte, la prévoyance individuelle - hors obligatoire en particulier - va prendre toujours plus d’importance. À titre per- sonnel, je suis convaincu de l’ap- port pérenne du tiers cotisant permettant ainsi à notre épargne constituée dans le circuit de la prévoyance professionnelle et individuelle de s’accroître. Interview réalisée pour Point de Mire par Daniel Stanislaus Martel, Rédacteur en chef Note : 1 Concernant AROMED voir ci-après les propos de son président Patrick Féral. 2 Concernant Mutuel Prévoyance, voir ci-après les propos de Madame Madeleine Rast, directrice des institutions de pré- voyance du Groupe Mutuel.
  • 7. Numéro 74 – Automne 2018 – 7 lemania-pension hub, Genève Portrait Suite & Fin Questions à Monsieur Patrick Féral, Président d’AROMED, Association romande de médecins Point de Mire : Comment avez- vous eu connaissance de la nou- velle plateforme romande de pré- voyance « lemania-pension hub » ? Patrick Féral : Je connais de longue date l’ensemble des intervenants pour leur profes- sionnalisme, leur reconnaissance sur le marché et c’est naturelle- ment qu’ils m’ont contacté il y a quelques mois pour me faire part du projet. PdM : Qu’est-ce qui vous a amené à la rejoindre dans le cadre d’AROMED ? P.F. : Aujourd’hui, certains membres de l’association souhaitent trou- ver une solution de gestion individualisée des actifs pour leur pré- voyance, et avant tout, une solution romande. En effet, d’autres acteurs existent principalement en Suisse alémanique et sont recom- mandés par l’ensemble des conseillers du marché. Notre démarche est de clairement nous démarquer en étant partie prenante du « lemania-pension hub ». PdM : Sur le plus long terme quels avantages comptez-vous en tirer ? P.F. : C’est une évidence que les médecins qui souhaiteront adhérer à cette solution, devront assurer une partie de leur salaire dans une fondation de base. La fondation de prévoyance professionnelle en faveur d’AROMED, première caisse de pensions romande pour les médecins, semble toute indiquée pour remplir cet office. Nous visons de pouvoir développer par cette offre le nombre d’affiliés, la notoriété et la solidité de notre caisse à la pointe de la pré- voyance n’étant plus à faire. PdM : La profession que vous représentez est très concernée par la bonne gestion de ses avoirs de retraite, mais les médecins n’ont pas forcément le temps ou l’envie de s’en occuper pleinement. Comment vous et les membres de l’AROMED voient-ils l’évolution des prestations de prévoyance à l’horizon des cinq prochaines années. Peut-on, selon vous, continuer sur la tendance actuelle ou imaginez-vous d’autres réformes à mettre en œuvre pour les professions libérales comme celle de médecin ? P.F. : Dès le début, notre caisse s’est inscrite sous le label de l’innova- tion et de la créativité. En effet, le risque majeur et le défi de toutes les caisses de pension est la capacité à financer à long terme les rentes de vieillesse, et bon nombre ont et auront de grosses difficultés sur ce financement ; ce n’est pas pour rien si la base des réformes fédérales porte sur les taux de conversion qui, à long terme, sont intenables. AROMED n’est pas concernée par ce risque : En effet, nos rentes de vieillesses sont entièrement réassurées par les Retraites Populaires avec différentes possibilités. Cette solution est unique actuellement mais prendra en importance dans le futur. Pour accompagner les jeunes médecins nous avons mis en place une solution de prévoyance sur-mesure ; En effet, selon la LPP, en cas de prestations (invalidité, décès), le revenu considéré est celui des 3 années précédant l’ouverture du cas. Aussi le Conseil de fondation a décidé d’assurer des prestations de risques fixes ; AROMED est la seule caisse de pensions à proposer une telle solution. Les médecins travaillant au-delà de l’âge de 65 ans majoritairement, nous avons adapté nos prestations pour fournir un plan senior avec des couvertures de risques décès pouvant être maintenues jusqu’à 70 ans, encore une exclusivité. Par ces points non exhaustifs, nous sommes déjà en avance sur le mar- ché et en résonance avec lui. Propos recueillis par Daniel Stanislaus Martel pour Point de Mire Questions à Madame Marlène Rast, directrice des institutions de prévoyance du Groupe Mutuel PdM : Comment avez-vous eu connaissance de la nouvelle plate- forme romande de prévoyance « lemania-pension hub » ? Marlène Rast : Le Groupe Mutuel réfléchit depuis toujours à une approche avant-gardiste pour les entreprises. L’objectif actuel, c’est vraiment de coller le plus proche possible au profil particu- lier de chaque entreprise en leur proposant des solutions person- nalisables en fonction de la struc- ture des âges et du niveau des salaires. Et comme notre parte- naire, Gonet Conseils Finances SA était lui aussi en train de réfléchir à ce type d’approche avec « lema- nia-pension hub », nous avons entamé des discussions car nous avons été séduits par ce projet. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, le projet a mûri et nous sommes prêts à le dévoiler aujourd’hui. Il correspond parfaitement à notre volonté de placer l’assuré au cœur de nos préoccupations et à lui offrir les meilleurs rendements pos- sibles, tout en conservant un niveau de sécurité approprié. Nos solutions de prévoyance offrent à nos assurés des rendements figurant parmi les meilleurs de Suisse depuis 10 ans. Il était donc logique de rejoindre une plateforme dédiée à une prévoyance per- formante. Nous avons entamé cette réflexion en 2017, car le constat que nous vivons de plus en plus longtemps est incontestable. En parallèle, les placements sans risques n’offrent plus de rendement permet- tant d’accroître le capital initial de manière signi- ficative. Dans un environnement des retraites qui se complexifie, les éléments qui participent à la constitution du capital de prévoyance doivent donc faire l’objet d’une attention toute particulière, pour n’en négli- ger aucun, à tous les stades de la vie. PdM : Pourquoi le GM a-t-il choisi le « lemania-pension hub » ? M.R. : Le hub, c’est une vision de la prévoyance à 360 degrés : de l’ins- titution de prévoyance traditionnelle telle que la nôtre, ouverte à l’ensemble des collaborateurs, à la fondation permettant de couvrir de manière différente les très hauts salaires, en passant également par les portes de sortie en cas de réalisation d’un cas de libre passage ou la constitution individuelle d’un 3e pilier lié. Le Hub lemania offre une solution dans chaque segment, pour chaque étape de la vie, dans une perspective de prévoyance performante. PdM : Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre cette plateforme avec votre statut d’assureur généraliste ? M.R. : Nous offrons une solution de prévoyance professionnelle tradi- tionnelle, pour compléter la vision à 360 degrés offerte par les autres acteurs. Mais nous proposons aussi une couverture de risques sur les solutions de 3e pilier lié. Notre métier de base, au Groupe Mutuel, c’est l’assurance et c’est avec nos compétences pointues, dans ce domaine, que nous avons rejoint le Hub. PdM : Sur le plus long terme quels avantages comptez-vous en reti- rer et de votre côté qu’est-ce que votre groupe peut-il apporter au « lemania-pension hub » ? Notre position d’assureur romand nous place en position d’outsider sur le marché national. La mise en commun de forces romandes per- met de se détacher des limites géographiques, dans une offre d’en- vergure nationale destinée en priorité, mais pas exclusivement, au marché que nous connaissons le mieux, la Suisse romande. Patrick Féral Marlène Rast ©GroupeMutuel
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  • 9. Numéro 74 – Automne 2018 – 9 Ressources humaines – nouveaux concepts Avoir un employeur « virtuel », un grand avantage pour l’indépendant ou le consultant en quête de stabi- lité professionnelle En pleine 4e révolution industrielle, notre monde est entré dans une période de pro- fondes mutations. En conséquence, les entreprises doivent en permanence adapter leurs effectifs aux fluctuations des marchés et des commandes. Il s’ensuit pour elles des pressions constantes sur les prix et des perspectives beaucoup moins prévisibles. Cela étant, de nombreux employés, qui voient leur poste de travail disparaître, éprouvent de la peine à retrouver une situation adéquate. L’employeur, quant à lui, à court terme, en tire un avantage, puisqu’en réduisant ses effectifs il voit ses coûts diminuer, cequiluipermetaussisouventd’allégersescontraintesadministratives.C’estlàqu’une société comme PayrollPlus, connue sous son nom actuel depuis 2013, peut interve- nir efficacement entre le chercheur d’emploi, qui souvent aspire à l’indépendance et l’entrepreneur qui, lui, souhaite pouvoir continuer à réduire ses charges financières et administratives. Comme le définit son fondateur Edgar Weber, c’est le caractère « d’employeur virtuel » de PayrollPlus qui rend cette double attente possible. préféré, pour des raisons de coûts et de flexibilité, notamment lors- qu’une contrainte particulière se fait sentir ou lorsqu’il s’agissait de lancer un projet spécifique, de ne plus embaucher du personnel fixe supplémentaire, mais de faire appel à des spécialistes pour des missions temporaires. C’est là que peut intervenir PayrollPlus dans la mesure où les deux parties se ren- contrent et se mettent d’accord. A ce jour nous avons rendu possible ainsi quelque 17’000 partenariats. Chaque année, environ 1000 nou- veaux contrats sont conclus. Parmi nos clients se trouvent les plus grandes sociétés suisses, des PME et des microentreprises. Même des entités publiques s’appuient sur les prestations de PayrollPlus. L’idée de base est toujours la même : l’entreprise et la personne se retrouvent d’eux-mêmes d’un commun accord et nous devenons l’employeur externe ou virtuel. PdM : D’autres acteurs proposent des prestations similaires sur ce marché. Quels sont les « plus » que vous offrez par rapport à ces concurrents ? E.W. : En fait, le nombre de concur- rents est relativement faible. Notre premier atout est en effet notre transparence que notre calculatrice sur www.payrollplus.ch illustre fort bien. Par ailleurs, nos coûts sont très modestes. Ils s’élèvent à CHF 2.- pour un salaire à l’heure, à une base minimum de CHF 16.- pour un salaire journalier et, pour une rémunération mensuelle, à un forfait qui commence à CHF 200.-. Ce sont là des chiffres imbattables. Nous entendons dès lors rester le numéro un et, dans cette optique, nous misons sur la confiance. Notre société qui existe depuis 1989 a toujours été entièrement autofi- nancée. Nous sommes conscients que la « bonne idée » attire des concurrents. A notre connaissance toutefois, nul autre concurrent n’est en mesure d’offrir des coûts aussi avantageux que nous. PdM : Vous vous adressez plus parti- culièrement à la génération des 50+. Comment voyez-vous l’avenir de ces gens sur le marché du travail suisse ? E.W. : Effectivement, leur situation est plutôt difficile. La génération 50+ doit convaincre par son savoir- faire et ses capacités. Son approche est souvent plus efficiente car cette génération peut souvent s’appuyer sur une expérience plus large. Un grand nombre de personnes de cette tranche d’âge doit toutefois revoir ses prétentions salariales à la baisse. L’expérience acquise dans une société ne peut pas forcément être « transplantée » dans une autre. Sont en revanche contreproductifs des régulateurs, notamment des protections contre les licenciements. Propos recueillis par Daniel Stanislaus Martel Le désir d’indépendance est propre à beaucoup d’individus. Toutefois, au plan professionnel, entre le rêve et la réalité il y a souvent un très grand fossé. Peu de gens parviennent à le franchir. Ou alors, ce sont les cir- constances de la vie, par exemple la perte d’un emploi, qui vont obliger certains à tenter l’aventure de l’indé- pendance, quitte à risquer de perdre les avantages sociaux qu’offre un emploi salarié traditionnel. C’est dans un tel contexte que Pay- rollPlus peut jouer un rôle déter- minant, pour sauvegarder à la fois les intérêts du futur consultant en ce qui concerne la sécurité de sa situation, et ceux de son mandant en devenir et ce, selon le principe du portage salarial. Pour en savoir davantage, Edgar Weber, le fonda- teur, a eu l’obligeance de répondre à quelques questions. PdM : Quelle est l’idée de base de PayrollPlus et comment fonctionne votre organisation ? Edgar Weber : PayrollPlus donne l’opportunité à ceux qui le veulent de travailler comme le ferait un véritable indépendant, tout en conservant le statut plus avanta- geux d’employé. PayrollPlus éta- blit, dans cet objectif, un contrat de travail et devient l’employeur de la personne. Un contrat de man- dat est par ailleurs signé entre Pay- rollPlus et la société ou l’institution qui bénéficiera des prestations de cette personne. Au niveau adminis- tratif, y compris en matière d’assu- rances sociales, PayrollPlus s’occupe de tout. Dès lors, la personne qui travaille sur mandat et l’entreprise qui en bénéficie sont l’une et l’autre libérées des démarches administra- tives et des contraintes usuelles liées au droit du travail. Il n’y a donc pas d’ambiguïté possible en matière de « fausse indépendance ». PdM : Plutôt que de parler de por- tage salarial, vous préférez l’expres- sion « employeur virtuel ». Qu’en- tendez-vous par là et où sont les différences par rapport aux agences de travail temporaire classiques ? E.W. : Chez nous, les coûts de recru- tement élevés sont éliminés car le contact entre le collaborateur et la société se fait généralement spon- tanément. Les deux parties nous confient la gestion des salaires, ce qui permet à nos consultants de se concentrer sur les mandats. PdM : Comment l’idée de Pay- rollPlus vous est-elle venue, com- ment l’avez-vous mise en œuvre et comment s’est-elle dévelop- pée ? Pourriez-vous l’illustrer par quelques chiffres ? E.W. : Pendant 25 ans nous avons travaillé dans la location de ser- vices classiques. Il y cinq ans envi- ron nous avons ressenti que le marché demandait de plus en plus d’indépendants disponibles sur appel. Beaucoup de sociétés ont Edgar Weber, un serial entrepre- neur, a fondé sa première société, Fairplay conseils en recrutement, à l’âge de 22 ans. Il y a cinq ans il l’a transformée en PayrollPlus SA. Dès 1990, Edgar Weber a lancé le service de restitution de clés égarées, Keyfinder SA, en partenariat avec la Poste. Quant à Fairplay Immobilien AG, égale- ment fondée par Edgar Weber, elle pilote des constructions à Zurich et à Schwyz. Notre serial entrepreneur s’investit d’ailleurs en faveur de l’organisation Save- 50Plus, qui encadre la génération des 50+ sur le marché du travail. ©PayrollPlusAG
  • 10. 10 Numéro 74 – Automne 2018 – Retraites & Prévoyance rence fondamentale avec l’AVS : la prévoyance professionnelle est financée par capitalisation. Cela signifie que les cotisations de l’employé, ainsi que celles ver- sées par l’employeur, permettent de constituer un capital qui est versé, au moment de votre retraite, sous forme de rente ou de capital. Ceci dit, du fait qu’il y aura de moins en moins d’actifs par retraité et qu’en moyenne les nombres de personnes âgées ne cesse de croître, il faudra verser des rentes beaucoup plus long- temps en Suisse. Au moment de l’entrée en vigueur de la pré- voyance professionnelle, l’es- pérance de vie après la retraite était calculée à 14,9 ans pour un homme et de 19 ans pour une femme. Aujourd’hui elle est de 19.8 ans pour les hommes et de 22.6 ans pour les femmes3 . Pour cette raison, et compte tenu de la volatilité des rendements, le taux de conversion de la rente LPP ne cesse de diminuer. Quelles La prévoyance et les baby-boomers n Albert Gallegos, Directeur, Responsable Conseil patrimonial et prévoyance, Banque Cantonale de Genève (BCGE) Les baby-boomers représentent un marché à fort potentiel qui va continuer à se développer ces prochaines années. Cible très convoitée, elle requiert des propositions spécifiques qui tiennent compte des besoins et du cycle de vie, une segmentation mieux affinée et une communication adaptée pour fidéliser ce marché. La prévoyance en général et plus particulièrement la planification de la retraite est un des besoins à traiter dans cette tranche de la vie. Le « marché » des baby-boomers (nés entre 1946 et 1965)1 est constitué de personnes dont les parents ont fondé leur famille après la Seconde Guerre mon- diale et au cours des années 1950. La taille considérable de cette classe d’âge a eu comme conséquence de nombreux chan- gements tant culturels qu’écono- miques. Les défis des baby-boomers De nombreux baby-boomers ont choisi de se marier et d’avoir des enfants plus tard, vers le début de la trentaine, ce qui a eu comme conséquence la diminution d’en- fants par famille. En Suisse, en 1950, le taux de natalité était de 2,4 naissances par mère avec un pique de 2,67 en 1963, pour se retrouver aujourd’hui à 1,48. Et selon le scenario moyen, ce taux sera de 1,42 en 2050. Pour assu- rer le renouvellement des géné- rations, il faudrait 2,1 enfants par femme ! Lorsque l’on sait que l’AVS est financée selon le système de répartition - c’est- à-dire que les salariés cotisent pour payer les rentes de ceux qui sont à la retraite aujourd’hui, en attendant que les futurs salariés fassent de même -, on s’aperçoit qu’à moyen terme il y aura un problème. La solidarité entre les générations diminue très forte- ment ; chacun a donc intérêt à prendre en main, en fonction de ses moyens, la planification de sa retraite ! L’accroissement de l’espérance de vie est un autre défi pour les baby-boomers. En effet, en 1950 celle-ci était de 66,4 ans pour un homme et de 70,9 pour une femme. En 2006 celle-ci était de 79,1 pour un homme et 84 pour une femme. Ce risque, que l’on appelle « risque de longévité », n’a pas seulement des conséquences pour l’AVS. La prévoyance professionnelle doit également s’adapter. Mais, il existe néanmoins une diffé- Albert Gallegos est juriste en droit suisse avec un Master en droit international de l’univer- sité de Lausanne, avocat en droit péruvien, titulaire d’un MBA de HEC Lausanne, d’un Certificat d’entrepreneurs hip de l’Université de Neuchâtel et porte le titre de « Certified Wealth Management Advi- sor » (SAQ Swiss Association for Quality). Il est au bénéfice d’une grande expérience dans le domaine de la planification financière développée auprès de la BCGE, en tant que directeur respon- sable du département Conseil patrimonial et prévoyance, d’une autre banque cantonale et de deux compagnies d’assu- rances de dimension nationale et internationale. Par ailleurs, il est Vice-président du Conseil de fondation de la caisse de pensions de la BCGE. Albert Gallegos est égale- ment chargé de cours en fis- calité suisse et en planification financière à l’Institut supérieur de formation bancaire (ISFB) et Kalaidos HES (Haute Ecole Supérieure) pour le diplôme postgrade HES en banque et finance. Il est également expert aux examens pour la Suisse romande pour le brevet fédéral de conseiller financier. Albert Gallegos publie régu- lièrement des articles traitant des questions financières et anime des séminaires et des conférences. Il est également co-auteur de l’ouvrage « Le guide de votre prévoyance ». Pyramide des âges, en 2017 - Selon le sexe et l'état civil ©LorisvonSiebenthal
  • 11. Numéro 74 – Automne 2018 – 11 Retraites & Prévoyance Notes : 1 Source : le Senior marketing, Jean-Paul Tréguer, 4e édition, Dunod 2007 2 Source : Office fédéral de la statistique, 28.09.2017. ESPOP, BEVNAT 3 Source : Espérance de vie selon l’âge, 31.03.2017. Office fédéral de la statistique (OFS) 4 Source : L’activité professionnelle des personnes de 50 ans et plus. OFS, février 2008 5 Source : OFS, 2005 6 Source : Heidi Stutz, Tobias Bauer et Susanne Schmugge, Bureau d’études de politique du travail et de politique sociale (BASS) sont les mesures à envisager pour pallier ce problème ? Mise à part la diminution des rentes, élever l’âge de la retraite est dans l’air du temps. Mais la flexibilisation de la retraite semble la meilleure solution. Les plus de 50 ans – un marché intéressant D’un point de vue économique, la classe d’âge des plus de 50 ans croît au point de devenir presque majoritaire au milieu de ce siècle. En effet, la population âgée de 50 à 64 ans représente un groupe d’âge intéressant pour les éco- nomistes et les sociologues, en raison des défis qu’elle suscite en termes de retraite. Ainsi, comme conséquence de l’arrivée à la cin- quantaine des premières généra- tions du baby-boom, la part des travailleurs âgés de 50 ans et plus est passée de 24,9% de la popu- lation active4 , en 1996 à 27,7% en 2007. En 2030, elle sera d’environ 32%. On compte aujourd’hui 1,2 mil- lions de personnes de plus de 65 ans. Elles n’étaient que 550’000 en 1960 et 200’000 en 1900. Elles seront 1,5 millions en 2020, et représenteront un quart de la population suisse en 2030 ! L’Of- fice fédéral de la statistique est formel : le vieillissement de la population active, amorcé depuis le milieu des années 90, va s’am- plifier au cours des prochaines décennies. Notre continent mérite plus que jamais son quali- ficatif de « Vieille Europe ». La domination financière et patri- moniale de 50+ ans ne fait que commencer et elle va s’intensifier dans les années à venir. Ceci sera dû à plusieurs facteurs : d’abord les femmes « seniors » arriveront à la retraite, ce qui signifie deux pensions au lieu d’une seule. En effet, leur taux d’activité est passé de 33% en 1960 à 50% en 20055 . Donc, une part non négligeable aura droit à la rente d’une caisse de pensions. Ensuite, les retraites seront plus élevées dû au fait que la LPP arrivera à maturité (en vigueur depuis 33 ans) et que les salaires des 50+ d’aujourd’hui auront été plus importants pen- dant leur carrière que ceux des retraités actuels. En effet, ils sont arrivés dans le marché du travail au moment de la croissance écono- mique et ils ont profité de bonnes conditions financières. Chaque année, plus de 7 milliards de francs sont prélevés sous forme de capital des caisses de pensions et une par- tie de ces fonds alimentent le Pri- vate Banking. Finalement, la Suisse est un pays d’héritiers, où deux tiers de la population touchent un héritage en cours de vie, les classes moyennes étant en première ligne. Selon différents études6 , 63 milliards sont légués par année et 64% des bénéficiaires ont plus de 50 ans ! Conseillers financiers et gérants de fortune indé- pendants – soyez prêts ! Les baby-boomers constituent donc le segment le plus puis- sant du fait de leur nombre et leur pouvoir économique. Par rapport au marché de l’assu- rance, les grands groupes ont lancé des produits de rente dite « flexible » où le bénéfi- ciaire peut fixer le niveau de sa rente en fonction de son âge et de son besoin particulier. Il peut même modifier sa rente en cours de route. Les assureurs, développent également des produits dit de « dépendance » dont le but et de couvrir le risque de « longévité ». En effet, le séjour en maison de retraite ou en établissement médico-so- cial (EMS) occasionne des frais considérables. Selon l’Associa- tion suisse des homes pour per- sonnes âgées, les frais annuels peuvent rapidement atteindre entre Fr. 50’000 et 100’000 pour la personne concernée en fonc- tion de l’importance des soins et de la prise en charge, ainsi que du standard d’héberge- ment. Dans le cas où une per- sonne âgée n’arrive pas à assu- mer la totalité des coûts d’un séjour en maison de retraite et en EMS avec la rente AVS, les montants versés par la caisse de pensions et l’assurance mala- die obligatoire, la loi autorise en principe le recours à la for- tune des enfants. D’ailleurs, aux articles 328 et 329 du Code civil, le législateur a stipulé que les descendants directs sont en principe tenus à une assistance financière. Les enfants et même les petits-enfants de personnes ayant besoin de soins doivent dès lors prendre en charge, dans la mesure de leurs possibilités, les montants non couverts. La pyramide financière des ménages suisses est dominée largement par les 50+. Pour cette raison, les banques déve- loppent des prestations qui tiennent compte de l’ensemble du patrimoine du client : place- ment, prévoyance, financement et les aspects liés à la succession, voire le divorce (en 1950 12% des couples divorçaient. En 2017 ce taux est de 50% !) Une des clés pour capter la clien- tèle des baby-boomers est l’ac- cueil, l’écoute et la réponse à leurs besoins spécifiques grâce à des gestionnaires formés et avi- sés. L’approche du client « 50+ » requiert un grand doigté, car il est un consommateur exigeant, est relativement bien informé, pose des questions précises, compare volontiers avec d’autres solutions et a pleinement conscience de son pouvoir ! 99+ 1950 ■ Hommes ■ Femmes 1970 1990 2017 90 80 70 60 50 40 30 20 10 80 60 40 20 0 20 40 60 80 99+ 90 80 70 60 50 40 30 20 10 80 60 40 20 0 20 40 60 80 99+ 90 80 70 60 50 40 30 20 10 80 60 40 20 0 20 40 60 80 99+ 90 80 70 60 50 40 30 20 10 80 60 40 20 0 20 40 60 80 Pyramide des âges - Nombre de personnes en milliers Source : OFS – RFP, STATPOP © OFS 2018
  • 12. 12 Numéro 74 – Automne 2018 – Retraites & Prévoyance PdM : A défaut, quelle solution nouvelle préconiseriez-vous ? J.C. : Il faut s’unir derrière des prin- cipes fondamentaux, largement acceptés, et en décliner ensuite les conséquences. Par exemple, il me semblerait normal que les actifs et les retraités bénéficient du même rendement sur leurs avoirs de vieillesse. Cela implique- rait certainement à court terme une baisse du taux de conversion. Mais inversement, si les rende- ments devaient remonter, il fau- drait que les retraités puissent en profiter aussi par le biais d’un bonus annuel, une sorte de trei- zième salaire dépendant de la performance de la caisse. Propos recueillis par Daniel Stanislaus Martel pour Point de Mire vail pour plusieurs employeurs à la fois), et l’apparition de formes hybrides de contrat de travail, à mi-chemin entre l’activité salariée et l’indépendance (on pensera aux chauffeurs Uber). PdM : Concernant la partie surobligatoire de la prévoyance professionnelle, pensez-vous qu’il est sage et correct de vouloir don- ner davantage d’autonomie aux assurés que nous sommes tous, pour intervenir dans la gestion de leurs capitaux de prévoyance ? J.C. : Aujourd’hui, les biographies individuelles et les préférences des assurés varient toujours plus. La prévoyance profession- nelle ne permet pas suffisam- ment de tenir compte de cette diversité. Il faut donc offrir aux assurés plus de possibilités pour mieux prendre en main leur pré- voyance. Cette approche serait aussi le meilleur garant pour rap- peler aux assurés que l’argent du 2e pilier leur appartient, et non pas à la caisse, ni à l’employeur, ni à l’Etat. Cela les encouragerait à se battre pour éviter des finan- cements croisés toujours plus importants et contraires au sys- tème de capitalisation. Quelle prévoyance pour demain en Suisse ? Jérôme Cosandey est le nouveau Directeur romand d’Avenir Suisse depuis le 1er septembre 2018. A plu- sieurs reprises, ce spécialiste en prévoyance a par- tagé ses idées dans nos colonnes. Lors d’une ren- contre destinée à la presse économique spécialisée du 4 septembre 2018, il a proposé un « update ». Dialogue Point de Mire : Vous avez à plu- sieurs reprises fait part de vos remarques et critiques à propos de notre système de prévoyance. En bref, quels sont les principaux griefs que l’on peut faire à l’ap- proche suisse dite des trois piliers ? Jérôme Cosandey : Je suis encore et toujours un grand adepte du concept des trois piliers, car il per- met de diversifier les risques. Dans l’AVS, ce sont des risques démogra- phiques et associés à l’économie locale (par le biais des cotisations salariales des actifs), et dans la pré- voyance professionnelle, il s’agit surtout de risques de volatilité des marchés suisses et internationaux. Les défis liés à ces deux formes de financement sont connus et des réformes sont en cours. Ce qui demanderait plus d’attention de la part du politique sont les muta- tions du marché du travail : à savoir l’importance accrue du tempspar- tiel et de la multi-activité (le tra- www.salon-seta.ch 3 octobre 2018 | Palexpo | Genève 3ème Salon de l’Evénementiel et du Tourisme d’Affaires facebook.com/SETASalon twitter@SalonSETA_Swiss | #SalonSETA PARTENAIRES SPONSORSPARTENAIRES MÉDIAS SETA18_Anzeige_210-144_dk_final.indd 1 08.08.18 15:07 Jérôme Cosandey
  • 13. Numéro 74 – Automne 2018 – 13 Association romande des intermédiaires financiers – 20 ans d’histoire parmi les professionnels, tout comme ceux qu’elle dispense à ses membres soumis au CoD. En outre, même si la présidence est restée stable depuis près de 13 ans, le Comité, composé actuel- lement de 16 personnes, n’a pas manqué de recruter de nou- veaux talents, maintenant ainsi la riche palette de compétences et d’expériences nécessaires à la conduite d’un OAR générique. Un chemin considérable a donc déjà été parcouru et permet- tra sans aucun doute possible à l’ARIF de relever les défis de ces prochaines années, notamment le passage à l’Organisme de sur- veillance. Ce dernier, mais sure- ment pas ultime défi implique de nombreux changements qui seront communiqués au fur et à mesure aux membres de l’ARIF. Bénéficiant de son savoir-faire acquis au cours de deux décennies de surveillance concrète, dont une spécifiquement dans la surveil- lance des Règles cadres pour les GFI, un Comité réunissant des per- sonnes qualifiées, ainsi que d'un secrétariat aussi engagé qu’ef- ficace, l’ARIF continuera de veil- ler aux intérêts de ses membres actuels et futurs tout en assurant le respect des obligations de dili- gence, que ce soit pour ceux des membres qui resteront soumis uniquement à la LBA ou pour ceux qui seront soumis dès janvier 2020 aux LSFin / LEFin. 1999 - 2019 : Bientôt 20 ans, et après ! n Norberto Birchler, Directeur et membre du Comité de l’ARIF Née le 15 mars 1999 à Genève, l’ARIF (Association romande des intermé- diaires financiers) a reçu le 24 décembre de la même année son agrément de l’Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (ACLBA). Elle a donc entamé en mars 2018 sa vingtième année d’existence. Son origine remonte toutefois au 10 octobre 1997, date de l’approbation par le Parlement Fédéral de la Loi fédérale concernant la lutte contre le blanchi- ment d’argent dans le secteur financier (LBA).1 rique » en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terro- risme, celui d’un régulateur dans le secteur de la gestion de fortune. En franchissant ce pas, l’ARIF relevait un challenge de taille. Aujourd’hui, la nature des défis qui attendent l’ARIF, notamment avec la création d’un Organisme de sur- veillance selon les nouvelles LSFin / LEFIN est comparable. Nos GFI serontbientôt,deparlaloi,soumisà une surveillance de type prudentiel, laquelle dépassera sensiblement l’application des principes établis de respect de l’intégrité des marchés financiers, de garantie d’une ges- tion irréprochable, du devoir d’in- formation (sur les prestations et la rémunération), de conclusion d’un contrat de gestion de fortune écrit et de confidentialité. Ce nouveau type de surveillance s’inscrira cepen- dant dans la lignée de ce qui a été fait jusqu’à maintenant et nul doute que les années « CoD » passées à l’ARIF s’avèreront comme ayant été une excellente préparation. Durant les dix dernières années, l’ARIF s’est engagée, comme le prévoient ses Statuts, à contri- buer « à maintenir et améliorer la réputation et la compétitivité de la place financière suisse »4 . A ce jour, l’ARIF est donc devenue un partenaire reconnu et estimé dans la lutte contre la blanchi- ment d’argent et le financement du terrorisme. La qualité des cours LBA qu’elle propose est reconnue Cette loi est entrée en vigueur le 1er avril 1998 et un délai de deux ans avait été alors imparti aux intermédiaires financiers (IF) du secteur non-bancaire pour s’affi- lier à un organisme d’autorégula- tion (OAR), ou faire une demande d’autorisation auprès de l’ACLBA et devenir ainsi un IFDS (Intermédiaire financier directement assujetti). Alors qu’un certain nombre d’associations professionnelles constituaient leur OAR dit « de branche » (ASG, FSA-FSN, SSL, etc.), il est apparu très vite qu’un certain nombre d’IF ne pouvaient, ou ne voulaient, s’affilier à aucun de ces OAR en constitution. A Genève, des discussions ont alors eu lieu dès octobre 1998 pour, soit créer un OAR romand générique (c’est- à-dire ouvert à tous les IF du sec- teur non-bancaire), soit rejoindre un OAR générique alémanique et ouvrir une antenne à Genève. C’est la première solution qui a été rete- nue, en raison du nombre impor- tant de demandes de diverses professions tendant à la création d’un OAR générique en Romandie. En décembre 1999, l’ARIF décide, suite à l’arrivée de Josef Bollag au Comité, de s’ouvrir également aux IF de toute la Suisse. Au 1er avril 2000, date butoir pour l’affilia- tion, l’ARIF, compte 355 affiliés. L’année 2000 voit la consolidation des travaux effectués durant l’an- née 1999, l’arrivée de nouveaux membres et la nomination de plu- sieurs membres au Comité, ainsi que l’installation du secrétariat au 8 rue de Rive, où, au gré de son développement, l’ARIF « prendra de la hauteur », du 1er étage au 5e , en passant par le 3e . C’est tou- jours à cette adresse, que le secré- tariat, vingt ans après, est logé. En octobre 2001, c’est Jacques Vernet, ancien Conseiller d’Etat genevois, qui est élu président. Le président actuel, Julien Blanc, lui a succédé en novembre 2005 et préside encore à l’heure actuelle aux destinées de l’Association. L’ARIF atteint sa vitesse de croi- sière en 2003, après la nomina- tion de Norberto Birchler, en tant que directeur et responsable du secrétariat. En regard des tâches à accomplir ce dernier se com- pose aujourd’hui de six personnes (représentant 5,9% EPT). En 20 ans, l’ARIF a dû adapter réguliè- rement ses textes à l’évolution législative (2010 / 2011 / 2012 / 2014 / 2015 / 2018), et a même réussi, malgré un carcan légis- latif de plus en plus restrictif, à assouplir certaines obligations de ses membres (introduction d’une révision biennale, puis triennale, allongement du délai pour la for- mation continue, réduction de la durée de formation de base, etc.). En ce qui concerne les membres, leur nombre a augmenté réguliè- rement jusqu’en 2011 à un pic de près de 500 affiliés, pour ensuite se stabiliser autour des 450-460. A l’heure de fêter son dixième anniversaire, l’ARIF, s’apprêtait à relever les défis de la décennie sui- vante, à savoir, dès le 1er janvier 2009, apprendre à collaborer avec la nouvelle Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA)2 , prendre influence sur les modi- fications 2010 de la LBA, entrées en vigueur en 2010, ou encore de mettre en œuvre ses nouvelles règles-cadres concernant la sur- veillance des gérants de fortune, suite à l’adoption de son Code de déontologie (CoD)3 : L’ARIF obtenait ainsi,outresonstatutd’OAR« géné- Norberto Birchler est direc- teur de l’ARIF depuis 2003. Il est également conseiller muni- cipal PLR à Collonge-Bellerive. Notes : 1 Nommée aujourd’hui : Loi fédérale du 10 octobre 1997 concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. 2 Entrée en vigueur complète de la Loi sur l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Loi sur la surveillance des marchés financiers, LFINMA) le 01.01.2009. 3 23 février 2009. 4 STATUTS DE L’ASSOCIATION ROMANDE DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS (ARIF), ch. 5., et selon approbation par l’AG du 10.11.2014.
  • 14. 14 Numéro 74 – Automne 2018 – Ingénierie immobilière et fonds de placement et cohérents avec le marché, en proposant par exemple une mai- sonnette au prix de CHF 2400. Quatre-vingt pourcent de nos propriétés ont des loyers compris entre CHF 1000 et 3000, ce qui nous permet de tout louer très rapidement. Comment Valres se distingue- t-elle des autres directions de fonds ? Valres Fund Management est la seule direction de fonds indé- pendante basée à Genève. Grâce au fait de contrôler en même temps le fonds et la direction de fonds, nous pouvons garantir à nos investisseurs une maîtrise totale de la chaîne de valeur, une grande transparence quant aux coûts, ainsi qu’une importante rapidité d’action. Interview par Antonio Rosati Valres, un fonds de placement aux valeurs responsables En moins de cinq ans, la société VALRES Fund Management a réuni une fortune de CHF 450 millions dans le cadre de son fonds d’investissement immobilier qui devient le Valres Suisse Romande Fonds. Décryptage avec Ralph Kattan. Quelle est votre approche des nouvelles technologies de l’im- mobilier ? Valres se distingue également au travers du marché des « Prop- Tech », les technologies de l’im- mobilier. Je suis d’ailleurs men- tor dans ce domaine au sein de l’accélérateur genevois Fusion : chaque start-up sélectionnée bénéficie de l’accompagnement de deux à trois mentors. C’est un moyen de plus pour nous d’aug- menter nos chances d’être réac- tifs dans le marché. Nous souhai- tons sur le long terme intégrer les PropTech dans notre propre fonctionnement. Quel est votre rapport avec Genève ? C’est un autre atout de Valres : être solidement ancrée en Suisse romande et dans le can- ton de Genève, où elle a son siège et près de la moitié de ses immeubles. La forte demande en logements ainsi que l’attractivité du domaine commercial rendent le marché genevois intéressant. Et l’autre moitié des biens, dans quelle région se trouve-t-elle ? Le reste de la Suisse romande, moins cher que Genève, demeure primordial dans la stratégie de Valres. La société possède des immeubles dans les cantons de Vaud, Fribourg, Neuchâtel et du Jura. Cet attachement à la région se traduit par un changement de nom en septembre 2018 : le nom VSRF devient l’acronyme de Valres Suisse Romande Fonds. Qu’en est-il de votre politique de loyers ? Notre but est de proposer des loyers à des prix intéressants pour la classe moyenne. Nous ne souhaitons pas traiter des biens de luxe et privilégions, dans la mesure du possible, des critères de durabilité dans nos acqui- sitions et dans nos activités de rénovation. L’entreprise vise à appliquer des loyers attractifs Pourriez-vous me décrire votre société en quelques mots ? Un portfolio diversifié, une équipe dynamique qui dépasse désormais les dix collaborateurs et une croissance annuelle à deux chiffres : la société Valres se posi- tionne comme un acteur majeur de l’immobilier romand, et cela grâce au fonds d’investissement VSRF. Rien qu’en 2017, notre fonds a effectué des acquisitions pour près de CHF 150 millions et projette un investissement équi- valent d’ici la fin de 2018. Quant à son rendement, il se monte à 39% sur les trois dernières années. Valres est la contraction de « valeurs responsables ». En quoi consiste ce concept ? Les échanges réguliers entre les différents acteurs constituent un des piliers du modèle Valres. Depuis les premières acquisi- tions, un dialogue en direct est instauré avec les locataires. En collaboration avec eux, l’entre- prise met en œuvre une politique de rajeunissement constant des immeubles. Cela permet d’amé- liorer les appartements en même temps que les rendements. Cela veut dire que vous êtes pré- sents sur chaque site ? Notre responsable des travaux est presque quotidiennement sur place dans la période qui suit une acquisition. Parfois, il nous arrive de proposer à tous les locataires d’un immeuble de visi- ter un appartement récemment rénové. Suite à cela, les locataires demandent spontanément, contre une légère augmentation de loyer, des interventions dans leur logement. Cette approche apporte-t-elle des résultats ? Oui, cette démarche s’avère productive car le nombre de demandes de rénovation est en constante augmentation selon les derniers chiffres de notre département des travaux. Sur quel autre pilier repose le concept de Valres ? Le terme de responsabilité, Valres l’utilise aussi pour désigner les relations de longue durée que la société entretient avec les inves- tisseurs. Près de 75% d’entre eux sont des acteurs institutionnels et ont suivi la société depuis le début du fonds jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’entrée en bourse en 2017. L’entreprise les rencontre une à deux fois par année. Profession- nels de l’immobilier avant tout, nous avons eu l’idée de lancer un produit financier tel le VSRF en dis- cutant avec nos investisseurs. Un choix qui s’avère avisé : de mi-2017 à ce jour, l’entreprise a quasiment doublé la taille du fonds, tout comme celle de l’équipe. Quelle est la vision de Valres Fund Management pour les pro- chaines années ? Notre métier est d’aller cher- cher des immeubles qui néces- sitent des améliorations, ce qui représente un vrai défi en Suisse romande. Ces dernières années, nous avons analysé des biens pour un montant de plusieurs milliards de francs suisses. Au final, moins de 4% ont été achetés. Dans un marché immobilier saturé comme celui de la Suisse romande, la proactivité est un élément crucial du développement de Valres. Cherchez-vous d’autres opportu- nités de développement ? Oui, l’entreprise a un autre sec- teur dans sa ligne de mire : elle tente de débusquer les meilleures opportunités en matière d’im- mobilier commercial. Nous trou- vons que le marché des locaux commerciaux offre actuellement des prix qui ne sont pas surfaits. C’est pourquoi nous avons décidé d’investir davantage dans ce domaine. A ce jour, le fonds inclut quatre bâtiments entièrement commerciaux, en plus de diffé- rents immeubles mixtes, et sou- haite à terme, viser un équilibre entre résidentiel et commercial. Membre d’associations telle que l’association Suisse des Professionnels en Titrisation Immobilière (COPTIS) et men- tor PropTech, Ralph Kattan a obtenu sa double licence en Finance et Business à l’Univer- sité Georgetown de Washing- ton, il est également diplômé de la Harvard Business School (Real Estate Program). Passionné par l’immobilier, il décide de créer VALRES Fund Management SA, en 2013, afin de gérer et administrer des Fonds immobiliers en Suisse, régulé par la FINMA. Il y prend la fonction de CEO et d’Admi- nistrateur Délégué. En 2014 Ralph Kattan lance le Fonds VSRF, coté à la bourse SIX en 2017 et dirigé par une équipe qui intègre les compétences immobilières et financières. www.valres.ch
  • 15. Numéro 74 – Automne 2018 – 15 Fintech & solutions financières nouvelles un investissement dans celui-ci leur convient. Outre les données quanti- tatives, Fundeye traite les informa- tions statiques et qualitatives dans le but de fournir aux investisseurs une description précise de chaque fonds, de ses caractéristiques princi- pales (dont les frais) et de ses pres- tataires de services à des fins de due diligence opérationnelle. Elle met également à disposition un réper- toire complet de documents actuels et anciens, ce qui permet aux inves- tisseurs de les retrouver facilement, qu’il s’agisse de documents à teneur juridique (prospectus, statuts, KIIDs, etc.) ou non (factsheets promotion- nels, présentations, rapports, etc.). À l’heure actuelle, il n’existe pas d’autre répertoire aussi complet sur le marché. Par ailleurs, il est important de sou- ligner que les données et les docu- ments figurant sur Fundeye pro- viennent exclusivement de sources primaires, à savoir les agents admi- nistratifs et les gestionnaires de fonds eux-mêmes. Un tel niveau de précision est unique sur le marché. Fundeye est une filiale de Carnegie Fund Services SA. Elle a été déve- loppée et est continuellement mise à jour en interne par notre équipe d’informaticiens professionnels chevronnés afin que les besoins des clients en constante évolution puissent être satisfaits. traiter et diffuser des données et des documents de manière rapide, directe et économique. Elle est reconnue, en Suisse et dans l’Union européenne, en tant que plate- forme officielle de publication d’in- formations sur les fonds d’inves- tissement par l’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) et par l’Autorité belge des services et marchés financiers (FSMA) respectivement. Elle permet donc aux gestionnaires de fonds de communiquer avec leurs investis- seurs actuels et potentiels dans le respect du droit helvétique et des réglementations européennes (y compris le Règlement européen sur la protection des données (RGPD)). Fundeye a été conçue comme une plateforme multilingue afin d’as- surer au mieux les besoins des ges- tionnaires de fonds et des inves- tisseurs. Celle-ci est disponible en anglais, français, italien, espagnol et en allemand. Quant aux condi- tions d’utilisation qui s’affichent sur la page consacrée à l’inscription sur le site, elles sont publiées dans douze langues différentes. Actuellement, elle fournit des ser- vices aux investisseurs dans 58 pays et pourra à l’avenir ajouter des lan- gues et des pays en fonction de la demande. Son but est de couvrir plus de marchés et d’être présente dans toutes les juridictions où sont distribués des fonds de type UCIT. Son puissant outil d’analyse, qui lui permet de traiter des données quan- titatives, compte parmi ses princi- paux atouts. En effet, les utilisateurs peuvent analyser les performances passées d’un fonds afin d’évaluer si Nouvelle référence en matière de traitement et de publication de données et de documents de fonds d’investissement n Neil Carnegie, CEO, administrateur et associé fondateur de Carnegie Fund Services SA Développée par le représentant suisse de fonds étrangers Carnegie Fund Ser- vices SA, basé à Genève, au travers de sa filiale fund-services.com SA, la nou- velle plateforme Fundeye (www.fundeye.com) offre désormais aux investis- seurs un service d’informations complet. En effet, elle permet non seulement de publier des données et des documents, mais aussi de les diffuser de manière automatique et directe à une liste de destinataires préétablie. Fundeye a été spécifiquement conçue dans le but de satisfaire les besoins complexes en matière d’information des investisseurs professionnels, notamment ceux des gestionnaires chargés de la sélection des fonds et des respon- sables de l’allocation d’actifs. Gra- tuite, elle est organisée de manière à considérablement simplifier la procédure de due diligence : toutes les informations essentielles se trouvent au même endroit, ce qui libère les professionnels de la tâche fastidieuse consistant à rechercher tous les composants de données et de documents statiques et dyna- miques dans différentes sources. Plateforme de publi- cation et diffusion de documents et données Grâce à sa facilité d’utilisation et à la publication de données, de gra- phiques et de documents complets, Fundeye convient parfaitement aux investisseurs privés également, qui peuvent obtenir des informa- tions à jour et précises par le biais d’une interface claire et intuitive. Fundeye offre la possibilité de télé- charger des documents actuels et anciens, répondant ainsi au besoin des investisseurs professionnels d’étayer leur processus de sélection des fonds. De plus, grâce à son outil intégré de diffusion automatique de documents, les investisseurs et les gestionnaires, chargés de la sélection des fonds peuvent, sur demande, être tenus au courant des nouvelles infor- mations publiées. Ils ne sont donc plus obligés de consulter régulièrement une myriade de sites Internet afin de tenter de deviner quels changements ont subis les fonds qui les intéressent. L’interface intuitive de Fundeye per- met aussi aux investisseurs non pro- fessionnels d’accéder facilement et rapidement à des informations de même qualité que celles destinées aux investisseurs institutionnels, mais dans un environnement conçu en fonction de leurs particularités. Fundeye se démarque non seule- ment par ses services de publica- tion et de diffusion automatique à la pointe de la technologie, mais aussi par la possibilité, pour les gestionnaires de fonds, de publier du matériel de marketing numé- rique, que ce soit sous la forme de présentations, de brochures ou de coordonnées régionales. Elle leur permet ainsi de publier et de diffu- ser des documents et des données, ainsi que d’adapter ces publica- tions et diffusions en fonction du type d’investisseurs, et ce à l’atten- tion des investisseurs profession- nels, institutionnels et privés, soit l’ensemble de la communauté des investisseurs. De cette manière, les gestionnaires de fonds peuvent toucher le bon public au bon moment et au prix adéquat, tout en gagnant du temps et en éco- nomisant des ressources. En outre, le système leur permet de savoir quels documents diffusés ont été ouverts et à quel moment et donc de faire le suivi des envois automa- tiques adressés à leur public cible. Hautement automa- tisée, multilingue et internationale Fundeye est une plateforme haute- ment automatisée grâce à laquelle les gestionnaires de fonds peuvent Neil Carnegie, CEO, administra- teur et associé fondateur de Car- negie Fund Services SA, bénéficie d’une vaste expérience interna- tionale dans le domaine bancaire, l’industrie des fonds, les valeurs mobilières et les instruments déri- vés. Avant de rejoindre la Banque Cantonale de Genève (BCGE), il a travaillé pour Merrill Lynch, Bear Stearns, la Banque Gutzwiller, Kurz et Bungener SA en Suisse et a ainsi acquis son expérience dans les domaines du courtage, du tra- ding et des banques d’investisse- ment. Diplômé du Swiss Finance Institute de l’Université de Zurich, il a commencé sa carrière dans l’in- dustrie des fonds en 1992 en tant que membre du comité d’investis- sement de Swisscanto Funds.
  • 16. 16 Numéro 74 – Automne 2018 – ASPECTS éCONOMIQUES ET FINANCIERS d’euros en Turquie, soit 36,2% de l’exposition du système ban- caire international dans ce pays, d’après les données fournies par la Banque des Règlements inter- nationaux (BRI), siégeant à Bâle. On restera ainsi à l’écart de l’Es- pagne, avec un nouveau point de situation en décembre. Autre indicateur relevant, c’est le cours du métal jaune. Il est resté faible. Ce qui laisse croire que personne n’anticipe, aujourd’hui, une crise majeure. Pour sa part, Exane du groupe BNP Paribas précise que les sociétés aurifères sont les victimes collatérales de la crise turque. Avec les explications sui- vantes en ce qui concerne l’or : « La crise turque a accéléré la baisse des devises émergentes et les rapatriements de capitaux vers les actifs étatsuniens. On observe ainsi que la Turquie, comme la Russie, ont beaucoup augmenté leurs réserves en or depuis deux ans, sans doute pour se préparer pour une situation de crise. » Les valeurs techno- logiques toujours en verve Dans cette constellation, les valeurs qui se comportent encore le mieux sur les marchés sont les entreprises technologiques. On notera la capitalisation stratos- phérique atteinte par la firme Amazon – commerce en ligne, entre autres – 1000 milliards de dollars ! Il est bon alors de rap- peler que l’année 2007 avait elle aussi été un exercice faste pour les valeurs technologiques, précédant la plus grande crise boursière mondiale depuis 1929. Déclenchée, il est vrai, par la débâcle des subprimes et des banques. Nous conservons un biais neutre. Chronique financière Une stabilité apparente mais un regain de tensions géopolitiques en Europe n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne Est-ce parce que nous approchons le terme d’un cycle économique que nos chefs d’Etat tergiversent entre guerre commerciale et menaces à peine voilées par le biais de Twitter ? Chacun cher- chant à acquérir un gain d’enri- chissement pour la nation qu’il dirige au détriment de l’autre. Pourtant, l’époque voudrait que ces mêmes dirigeants se mobi- lisent au profit d’une vision commune incluant le plus grand nombre. Qu’ils entreprennent le changement de paradigme néces- saire. Celui que les générations futures nous féliciteront. Hors rien de tel. C’est encore le court terme et l’électoralisme qui l’em- portent sur le sens de la grandeur. L’Asie stabilisée Sur le plan géopolitique, les ten- sions entre l’Iran et l’entourage de Donald Trump se sont momen- tanément apaisées. Permettant ainsi une stabilisation du prix du pétrole. C’est positif pour la maî- trise de l’inflation et pour conte- nir le renchérissement des prix. Autant d’agrégats favorables à la bonne santé des entreprises. Par ailleurs, la crispation avec la Corée du Nord et en mer de Chine ne semble plus être au menu… du moins, jusqu’à la prochaine crise. Foyer de crise latent en Europe Etonnant que cela puisse être, c’est à nos portes que se des- sinent les contours d’un potentiel foyer infraguerrier. C’est celui de l’autonomie catalane. En début d’année, la banque Vontobel évoquait une situation surréa- liste. L’établissement zurichois a vu juste. Quand les indépendan- tistes se mobilisent ils arrivent au nombre de deux millions d’indivi- dus, pour une population de 7,5 millions d’habitants. Ce n’est de la loin pas la majorité des Cata- lans qui poussent à la sécession d’avec l’Espagne. Mais ils sont, aujourd’hui, suffisamment nom- breux pour bloquer cette région jadis prospère sur plusieurs plans. Un exemple en est l’insécurité qui s’est répandue au sein des échanges entre citoyens avec une police autonome – los Mossos d’Esquadra – comparable à une police cantonale, en Suisse, forte de 17’000 membres mais qui pré- sente la même scission au sein de ses rangs. Bonjour l’ambiance de travail pour ces acteurs des forces de l’ordre. Et pour le Catalan de jamais savoir à quelle sensibilité il s’expose quand il appelle la police. Pour couronner le tout, sont apparus les Comité de défense de la République (CDR). Ce sont des milices d’indépendantistes qui intimident les habitants n’ad- hérant pas au projet de sédition. Bref, à part calmer le jeu au sein de cette population qui est divi- sée comme elle ne l’avait plus été, avant la guerre civile espagnole, il reste à prier. D’aucuns appellent de leurs vœux à reprendre la main sur les deux piliers qui ont permis la montée en puissance de l’indé- pendantisme. A savoir l’éducation et la sécurité. Mauvaise augure ou non ? Comme si une incertitude ne pouvait arriver seule, toujours en Espagne, les banques sont passablement exposées à la crise turque. Comme nous l’ap- prend Nicolas Klein, spécialiste de renom de la chose espagnole : « C’est le système le plus concerné au monde par la dégringolade de l’économie turque avec des actifs de plus de septante milliards Point de départ par Anton W. Sussland S’il est bien un sujet qui suscite des débats pas- sionnés, c’est bien celui des retraites ! Si les retraites et leur mode de finan- cement font autant jaillir les émotions, c’est que ce sujet est au croisement de l’écono- mie froide et mathématique d’une part, et de nos valeurs sociales d’autre part. Comment réconcilier les chiffres et un idéal de société qui cherche à protéger nos ainés ? Et ce n’est pas tout. Les taux de nata- lité sont en baisse et on voit un éclatement de la structure familiale classique : les enfants sont de moins en moins enclins (ou n’ont pas les moyens) à subvenir aux besoins de leurs parents dont l’espérance de vie ne cesse – heureusement - de croître. En Suisse, il faut se rap- peler que lorsque la loi fédé- rale sur l’assurance vieillesse et survivants (AVS) a été approu- vée en votation populaire le 6 juillet 1947, l’espérance de vie des hommes était de 66 ans avec un âge de la retraite fixé à 65 ans ! Statistiquement, un retraité suisse ne touchait sa rente qu’une année ! Reconnu par tous, le système actuel de financement des retraites n’est pas tenable, mais le courage politique manque pour les réformes. Jouer la montre ne fait qu’aggraver la situation… La rendre de plus en plus ins- table… Au premier plan des victimes, on trouve les per- sonnes actives de la tranche des 50 à 60 ans. En effet, en cas de changement (inévitable) du système de financement des retraites, cette tranche de la population ne bénéficiera pas des périodes de transition (en douceur ?) dont bénéficie- ront probablement leurs ainés, plus proches de la retraite. Et contrairement aux générations plus jeunes, nos jeunes quin- quagénaires n’auront pas le luxe de pouvoir compter sur de nombreuses années de tra- vail pour pouvoir mettre plus d’épargne de côté… Ils devront prendre en main la planifica- tion de leur retraite !
  • 17. Numéro 74 – Automne 2018 – 17 Tribune libre Fin de la garantie minimale : une aubaine pour les entrepreneurs et les cadres En octobre dernier, le Conseil fédéral supprimait la garantie minimale pour les assurés dans les caisses de pension couvrant les revenus dépassant les 126'900 francs et pro- posant plusieurs stratégies de placement (cf. modification art. 17 LFLP). En effet, lors de son départ, l'assuré perçoit son avoir de prévoyance augmenté des rendements réalisés, liés au choix de ses inves- tissements, tout en assumant désormais seul les éventuelles pertes. Cette décision forte était nécessaire, comme le confirme l'attrait croissant pour les plans 1e. Le gouverne- ment a ainsi répondu au besoin de flexibilité du 2e pilier, en permettant aux assurés de gérer leurs avoirs de prévoyance de manière individuelle, selon leurs propres besoins et en toute transparence, dans un esprit d’entrepreneur. De surcroît, cette mesure est bonne pour les employeurs, puisqu'elle réduit considérable- ment les engagements financiers de ceux qui sont soumis aux normes comptables internationales (IAS19). Pour nuancer, regrettons tout de même que, sous couvert de respect de la collectivité, les nouvelles dispositions limitent à dix le nombre de stratégies de placement autorisées. Plus que tout, cette modification légale a ouvert la voie à un important changement de paradigme : l'exécutif de notre pays a enfin admis que les fonds déposés auprès des institutions de prévoyance sont la propriété des clients à part entière ! Malgré une certaine timidité, les autorités affirment que le renforcement du système des trois piliers, qui croule sous le poids démographique, ne peut se passer de liberté et de responsabilité individuelle. Espérons que la tendance se poursuivra. Par exemple, en élargissant la flexibilité à l'ensemble de la prévoyance surobligatoire (dès 84'600 francs) ? Libres propos par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne Note d’humeur par Maurice Baudet Fake News La mode est aux « fake news ». Ce terme est devenu l’invective favorite de Donald Trump, lequel en aurait lui-même, selon le Washington Post, distillé une moyenne de huit par jour depuis son investiture. Cette nouvelle arme politique et écono- mique ne manque pas d’efficacité : elle a pour elle l’effet d’annonce. A l’instar de la calomnie, même lorsque le ballon se dégonfle, il en reste toujours quelque chose. Dans ce domaine, la palme de l’été revient sans doute en Suisse au pesant pavé dans la mare jeté par l’Union Syndicale Suisse, dont le président, Monsieur Paul Rechsteiner, annonçait bruyam- ment début août qu’il claquait la porte des négociations sur l’accord-cadre avec l’UE, la ligne rouge des mesures d’accompa- gnement de la libre circulation des personnes ayant été franchie. L’infortuné Johann Schneider- Amman devait interrompre ses vacances, dont il semblait pour- tant avoir tant besoin, pour cla- mer son indignation et tenter de calmer le jeu. Quelques jours plus tard, l’on apprenait qu’en fait le sieur Rechsteiner s’était livré à une sor- tie certes spectaculaire, mais suivie par un retour très discret dans le bureau du Conseiller fédéral en passant par la porte arrière, et que les discussions se poursuivaient. Quelle mouche a donc piqué l’USS ? Les motivations de cette manœuvre sont sans aucun doute de plusieurs ordres. La première cible était sans doute sa bête noire attitrée, le trop libéral Igna- zio Cassis. Puis vint une seconde explication. Toujours heureux de se répandre dans les médias, le Conseiller d’Etat vaudois Pierre- Yves Maillard s’était précipité pour applaudir avec fracas le refus de Paul Rechsteiner. Puis il annon- çait peu après sa candidature à la tête de l’USS où, tenant de la ligne dure, il joue le rôle de favori. Et c’est ainsi que l’USS, dont les effectifs enregistrent une baisse inquiétante, a brillamment con­ quis son rôle de vedette du feuil- leton de l’été.